06/12/2005
Où l'on reparle de Finkielkraut
C'est amusant, il y a des moments comme ça où les évènements semblent se focaliser, se réunir autour d'un ventre chaud comme on se blottit autour du feu en hiver. Et ces temps-ci, c'est un peu Finkielkraut qui fait l'âtre. On en viendrait presque à croire qu'il pilote cette activité qui l'entoure, un peu à la façon d'un Sarkozy (ça y est, j'ai écris Sarkozy dans mon blog, je suis virtuellement (auto)-adoubé parmi les blogs d'actualité) hyperactif pour faire entendre parler de lui au moindre battement d'aile des papillons.
Hier c'était une déclaration de notre ministre de l'intérieur (vous avez vu, là je me retiens) qui se félicitait que l'on ait encore en France des philosophes commes Finkielkraut. Je me suis demandé toutefois si l'intéressé aurait vraiment ratifié la suite des propos de Sarkozy, et notamment son passage expliquant que c'était la bien-pensance qui avait porté le Front National à 24% (24%? c'était quand qu'ils ont fait ce score?) ce qui est pour le moins "rapide".
Quelques jours auparavant (samedi 4) un article très dur de Mona Chollet (via le Big Bang Blog) qui revient sur d'anciens écrits du philosophes et qui tente de démontrer que ses récentes déclarations n'ont rien d'étonnantes. Lecture intéressante, mais que je trouve tout de même caricaturale et teintée d'un a priori néfaste à une vraie analyse.
Et enfin aujourd'hui, une nouvelle interview (via Pierre Assouline) qui pourrait faire dresser les cheveux des blogueurs convaincus (et espérant) que leur outil est une révolution en passe de dérouter les médias traditionnels. C'est un avis que je partage peu car je crois qu'il surestime l'argement l'impact actuel d'Internet en France, même si je trouve tout de même que les blogs présentent, parfois, un grand intérêt dans leurs contenus et la possibilité de dialogue qu'ils offrent (sinon ça ferait longtemps que je ne serais plus ici).
P.S: je n'ai pas terminé ma lecture de La sagesse de l'amour mais espère vous livrer mes dernières notes sur celle-ci avant la fin de la semaine. Pfou, va falloir me mettre au boulot maintenant!
16:50 Publié dans Un peu du nombril des blogs | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
Commentaires
"gestion du stress" !!! J'auraid dû faire ça comme troisième cycle. Pour devenir Directeur de la Sérénité Intérieure, et pourquoi pas Ministre de la Zénitude.
OK, you're in my flux !!! Pikipoki !!! (on dirait un cri de guerre lapon)
Écrit par : Vinvin | 07/12/2005
Rooooh, y'a même vinvin dans la place, ça devient carrément bath ici !
Écrit par : pikipoki | 07/12/2005
C'est la seconde "prise de parole" de M. Chollet qui me fait "bondir". La première, c'était au sujet d'un livre que j'ai particulièrement apprécié et dont je suis en train de finir la chronique pour mettre sur mon blog "je suis noir et je n'aime pas le manioc".
Là, la seule phrase: "«L’antiracisme est l’idéologie de notre temps». Comment cette assertion pourrait ne pas revenir, de fait, à trouver certains charmes au racisme, c’est ce que j’attends toujours qu’on m’explique", suffit à illustrer à merveille ce qu'essaie de théoriser et dénoncer Finkielkraut. A savoir que, d'une part, raciste est en passe de devenir l'insulte suprême, qui disqualifie d'emblée l'interlocuteur, détronant même en cela fasciste ou nazi. D'autre part, que tout discours "racial" devient interdit dans le champ intellectuel et médiatique. Ainsi donc, dire que la menace antisémite principale en ce début du 21 siècle semble provenir de la radicalisation grandissante d'une part importante de la population musulmane arabe, ce qui me semble un fait relativement réel, cette constatation suffit à vous faire passer pour un horrible raciste.
On peut même aller plus loin, car dans cette logique de pensée, toute critique de l'islam devient suspecte de racisme anti-arabe (et il faut d'ailleurs noter le glissement entre musulman, champ religieux, et arabe, champ ethnique). N'est-ce pas insidieusement le retour à une interdiction du blasphème par l'idéologie anti-raciste? Et n'est-ce pas justement ce que Finkielkraut veut dénoncer?
Écrit par : Krysztoff | 07/12/2005
@Kryztoff
J'ai réagi en partie dans mon dernier billet.
Écrit par : pikipoki | 07/12/2005
Pikipoki, je saisis votre billet pour ce qu'il m'évoque et rebondir à la lecture de celui de Krysztoff.
http://schlomoh.blog.lemonde.fr/schlomoh/2005/11/la_feuille_de_c_21.html
ça c'est l'adresse où j'ai pu trouver l'interview complète de finkelkraut, pour m'en faire une idée, après tout ce tapage. D'abord à la radio et dans la rue même(c'est souvent dans la rue que je ressens ce qui veut tenter de s'imposer/capter ma compréhension immédiate), avec un titre comme celui de l'express , sur les "néo con".
Aviez vous lu complètement l'article de finkelkraut?
J'ai voulu aller à la source de l'affaire pour me faire ma propre idée.
Je ne suis pas d'accord sur tout ce qu'y a dit Finkelkraut. A première vue, cela paraît trés violent. Mais son postulat sur la honte "curative" que ces adolescents et jeunes adultes ne ressentiront pas de leurs actes destructeurs(une telle limite franchie est un point de non retour souvent) , voilà ce qui a fait sens à mes yeux, dans ce à quoi j'assiste dans mon quotidien et sur la société que l'on me présente . J'abonde dans son sens lorsqu'il dénonce la perte du sens de l'esprit républicain à faire vivre des valeurs exigeantes pour instituer des personnes de droit et de culture, à travers une structure scolaire dégagée des "affects" de la société, et que beaucoup enrobent sous la justification de l'anti racisme ou de la générosité sans limite, ou l'adaptation à la vie réelle.
Petite histoire.
Par curiosité un jour j'ai assisté à un forum sur l'éducation organisé par le PCF. Début novembre. (peut être irai je un jour chez les socialistes et à l'ump...je précise que je ne suis d'aucun parti). Deux courants s'opposaient. L'un soutenait qu'en matière d'éducation , la seule voie possible était de partir de la culture inhérente aux enfants issus des "communautés", (système scolaire inadapté à leur culture d'origine, explicant leur échec, donc rejet de l'école républicaine ), alors que l'autre, à travers la voix de Jean Pierre Terail(sociologue je crois, car je ne le situe pas encore) prônait l'importance de la culture écrite et ce qu'elle renvoit de notre héritage culturel et républicain. (qui rejoignait quelque peu ce que Vidal exprimait pour le MRC ).
Par confrontation d'expériences et d' idées différentes avec des personnes trés soucieuses de la question soulevée par FinkelKraut notament l'importance de la structuration des citoyens par la culture et la structure scolaire, il est ressorti que je ressentais moi aussi le poids de cette dérive anti rasciste(quand elle n'est pas économique) martelée à toute les sauces dans mon quotidien .
Médias, fréquentations, sphère professionnelle qui l'a beaucoup commentée, nouvelle loi... Insidieusement, il y a donc des choses à se garder de dire. Censure individuelle pour raison d'anti rascisme. Et pendant ce temps , on efface tranquillement le sens de la culture républicaine, le contenu de son école, derrière une terminologie et argumentaires emplis de bons sentiments, propre aux courants pédagogistes de gauche. "SOS racisme", c'est aussi la gauche. L'anti racisme ne doit pas couvrir toutes les autres analyses possibles. C'est ce que je reproche à la gauche actuelle. Se masquer derrière cette posture émotionnelle.
Et bien , c'est dans ce qu'en dit Finkelkraut que j'y trouve des échos dans le quotidien. (Je ne partage pas son analyse de la justification ethno religieuse des émeutes .)
Même si je ne suis pas fanatique de Finkelkraut, tout ce qu'il a dit n'était pas faux . Quand donc je vois l'acharnement dont il fait l'objet, je ne peux penser à autre chose qu'à la censure intériorisée et propagée , qui masque mal à mes yeux ce dont on ne parle pas, c'est à dire le recul de l'institution des sujets par la culture de la société dans laquelle ils s'inscrivent . Le recul donc du sens de l'institution publique devant les attermoiements d'intérêts privés divers et variés .
C'était peut être éviter , en France, de poser d'autres questions sur le système tel qu'il fonctionne aujourd'hui, non?
Communautarisme , affaires privées et individualisme ou République?
Cela m'apparaît comme un choix de société en confrontation à l'heure de la question d'une organisation économique concurrentielle européenne et internationale avec des règles nouvelles pas toujours admises, déliées pour l'instant de l'idée d'une institution solidaire, spécificité culturelle française , à l'origine(mutualisme, sécurité sociale,retraites par répartition,etc... ) Ce que je peux saisir de ce qui se passe me semble être le signe d'un grondement souterrain propre à la gestation d'un choc culturel , dû à cette remise en cause opérée par la suppression des frontières de tout genre, financières d'abord et entre le sens institutionnel propre à chaque Etat, la fondation d'une Europe qui ne fait pas unanimité pour l'expérience que les citoyens en ont, et la mise en avant des intérêts privés devant ceux de la collectivité.
Personnellement, je me sens trés mal dans le sens où nous allons, sauf à décider de consommer sans réfléchir , me battre pour mon peit pré carré et ne plus vouloir voir ce qui se passe autour de moi.
Trentenaire et pessimiste je suis, de l'expérience de mon quotidien et de mes quelques années d'investigations citoyennes, et désir de comprendre.
En parler est une façon comme une autre de le faire entendre. Je ne me plains pas de ma situation , je crains pour notre sens à vivre ensemble, à la lumière de ce que j'ai déjà recensé.
Écrit par : dg | 07/12/2005
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