18/07/2005
Parti pris
Dernière copie en provenance de blogger, ce poème de Colette Nys Mazure, extrait du recueil Feux dans la nuit, édité chez La renaissance du livre.
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Parti pris
Je sais la mort, le vide, l'angoisse suante.
Je pourrais hurler au mal, à la nuit.
Crier le temps à l'oeuvre en moi:
la lente corruption des sources,
la chair qui se défait
et le coeur qui s'effrite.
Les pans d'ombre dévorant le soleil
et la vie s'échappe et fuit par toutes les issues.
Les espoirs mort-nés,
les soifs mal étanchées.
Les folies douces et noires,
les suicides rêvés
et l'usure de l'être,
la solitude, le gel de l'âme,
les illusions fânées,
les amours avortées.
Je dis la beauté du monde toujours offerte,
là sous mes doigts, sous mes yeux.
La joie pudique et la fête sans lendemain.
L'espérance apprise,
la sève obstinée,
la chanson patiente.
Les instants d'éternité et l'éternité entrevue.
L'aventure inouïe d'un réveil,
le jaillissement de la création
et l'invention de l'amour.
Le bonheur surpris et la mort apprivoisée.
Je ne maudirai pas les ténèbres,
je tiendrai haut la lampe.
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