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25/10/2005

Réflexes et réflexions

Ce texte s’appuie en partie sur une analyse réalisée par Jean Krakowiecki, grand adepte de Laborit s’il en est et fondateur de l’I.R.S - Institut de Recherche sur le Stress. Je profite de ce prologue pour indiquer que pour ma part je ne me défini pas comme un grand adepte de Laborit. Je ne connais ses travaux que de façon (très) partielle, et si je le cite ici, c'est en grande partie pour proposer une réflexion qui a l'intérêt d'être à la fois originale et très argumentée. Concernant Jean Krakowiecki, il est l'expert avec lequel j'ai mis au point le site de gestion du stress en lien dans la colonne de droite. J'ai pris mes distances avec lui après quelques temps de collaboration pour des raisons particulières, mais ses travaux n'en restent pas moins eux aussi interpellant. Mais revenons à nos moutons.

 

Je vous propose aujourd'hui un retour un peu plus précis sur le fonctionnement de notre cerveau tel que Laborit l’a décrit. A la fois biologiste et sociologue, Laborit tenta notamment de découvrir par quelles parties de notre cerveau est commandé tel ou tel comportement. Le cerveau, rappelons-le, peut se décomposer en trois parties principales : le cerveau reptilien, le système lymbique, et le néo-cortex. Petite revue de chacun d’entre eux.

 

Le cerveau reptilien : il est le siège de nos réflexes les plus ancestraux. Cette partie de notre cerveau est essentiellement programmée sur notre instinct. Elle couvre les activités telles que le rut et l’accouplement (à ce propos j’ai toujours trouvé que la drague en boîte ressemblait fortement aux danses amoureuses développées par les animaux), la chasse (qu’on observe encore de façon détournée lorsque nos supermarchés font des « superpromos »), l’établissement de hiérarchies sociales, etc. Il est même possible que l’influence du reptilien s’étendent à d’autres comportements qu’on voudrait croire plus nobles : le respect de la tradition (parée de ses fameuses « valeurs ») qui ne serait qu’obéissance à des rites cérémoniaux, l’établissement de nos convictions, reflet de notre simple soumission au conformisme de notre époque, ou de notre volonté de reconnaissance du groupe auquel on souhaite être rattaché (en fonction des objets gratifiants qu’ils nous propose), etc. La difficulté majeure posée par le cerveau reptilien est que l’influence de celui-ci est majoritairement inconsciente. Ce sont des réflexes quasiment innés qui entrent en jeu, et il nous est bien souvent difficile de les remarquer car nous les « habillons » d’autres éléments, et parfois même nous les maquillons.

 

Le système lymbique : il est le siège des émotions, et de leur expression. Selon Laborit, le système lymbique est celui qui a pour tâche d’assurer notre survie. On a peur devant un danger alors on fuit, pour se protéger, etc.  Le système lymbique est donc ce par quoi nous allons chercher à nous protéger, à protéger notre équilibre biologique notamment. Son action est aussi principalement inconsciente. Ce par quoi nous allons parfois en prendre conscience ce sont nos tremblements de genoux, nos sueurs, nos mains moites, nos battements de cœur accélérés. Mais il est amusant de constater que ce sont ces symptômes qui nous font comprendre dans quel état nous sommes, et que si cette expression biologique de notre état ne nous donnait pas cette information, nous resterions probablement sourds aux chamboulements que nous pouvons être amenés à vivre.

 

Le néo-cortex : il englobe le cerveau reptilien et le système lymbique. Il est la partie la plus développée de notre cerveau et est le siège notamment de l’imagination, de l’anticipation. Lorsque nous réfléchissons, conceptualisons, etc. c’est à lui que nous faisons appel. Laborit souligne un vice majeur dans l’exploitation que nous faisons des capacités qu’il nous donne. C’est que nous avons tendance à l’utiliser pour interpréter et souvent pour justifier nos pulsions primitives, en mettant des explications parfois d’ordre abstrait sur des comportements « primitifs ». En agissant ainsi on va justifier entre autres nos réflexes ancestraux en les parant des habits nobles de la réflexion. Essayez de faire remarquer à un d’jeun dans le vent que lorsqu’il drague il ne fait que répondre à un instinct primal, biologique, et qu’il est alors semblable au pan qui déploie sa queue (ahem). Vous verrez comment il enrobera sa réponse (enfin s’il ne se contente pas de vous insulter).

 

En fait l’élément important que pointe Laborit c’est que cet ennoblissement de nos comportements primitifs inconscients par des explications construites au niveau du néo-cortex nous empêche de mesurer de façon juste l’influence notamment de notre cerveau reptilien sur nos actions. On se ferme alors l’accès à la compréhension de certains fondements de nos attitudes, de nos choix. Difficile d’évoluer correctement dans ces conditions. Et difficile surtout d’apprendre à moins lever la patte pour marquer notre territoire, signaler notre présence, ou être celui qui écrit l’histoire !

Commentaires

bonjour,
je suis en première année de psychologie, et j'aurais une question à vous poser.
Dans le cadre de mes cours de neuroscience, on nous est expliqué que le bulbe olfactif et une des région ou le matéiel géntique continu de se (re)construir durant toute notre vie, et j'aimerais savoir si ce bulbe olfactif se situe au niveau du système limbique?
Merci de votre réponse.

Écrit par : clélia | 11/03/2006

Clelia
Oui, le bulbe olfactif fait bien partie du système limbique.

Mais pour qu'il n'y ait aucune confusion, je n'ai pas de connaissance particulière en la matière, je l'ai appris via google.

http://www.abieducation.com/binder/French/chap1.html

Vous trouverez beaucoup d'informations intéressantes sur cette page.

Écrit par : pikipoki | 11/03/2006

Tiens, c'est amusant de se croiser à nouveau via mon blog !
C'était bien normal que je te cite, notamment du fait que plusieurs de mes articles ont été inspirés par le travail que j'ai pu faire en partie grâce à toi.

Concernant les "réflexions de Jean-Pierre Petit, je reste plus que dubitatif, et je remarque qu'actuellement la critique de la version officielle des attentats de 11 septembre semble être à la mode. Il y a aussi la version Loose Change qui circule beaucoup.

On trouve de très bonne critiques de ces documents qui permettent de s'apercevoir que les techniques de manipulations peuvent vraiment être utilisées par tout le monde.

Ceci étant, tu as parfaitement raison de dire que savoir confronter ses propres croyances à celles des autres, même (et peut-être surtout) lorsque celles-ci sont très dérangeantes, est un très bon exercice pour gérer son stress. Je note tout de même, qu'il y a bien un moment où il faut savoir prendre position et établir ses convictions, sinon, le stress ne s'arrête jamais !

Au fait, si tu es intéressé, je compte prochainement produire ici une série consacrée au travail de Laborit. Ce n'est pas exactement pour demain, car ça va me demander du travail de lecture et d'analyse, mais disons que d'ici un mois j'espère avoir entamer tout ça. Tu serais bien sûr le bienvenu pour y apporter ton regard critique.

Amicalement - Marc (c'est plus un blog, c'est ma boite mail ici ;o) )

Écrit par : pikipoki | 22/05/2006

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