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08/03/2007

Le monstre, c'est l'inconnu

medium_image_monster.jpgJe lance deux billets pour rebondir sur le billet de Matthieu  dans lequel il s’interroge sur le sens de la religion chez les croyants, et pour répondre, en partie, à sa perplexité devant certaines croyances qu’il juge étonnant de trouver chez des scientifiques pur jus. Le premier, celui que vous êtes en train de lire, sur la question de l’inconnu, le deuxième, sur ce que j’appellerai pour faire simple, nos dénis courants.

 

L’inconnu d’abord. Matthieu reprend dans ses premières pistes d’explication de la construction de la croyance, le principe de raisonnement cause/effet que nous utilisons tous de façon très naturelle. Celui-ci signifie simplement que lorsque nous constatons un événement, un effet donc, notre réflexe est toujours d’en rechercher la cause, de la rattacher à une chaîne causale qui permet d’expliquer et de comprendre sa survenance dans l’espace et dans le temps. C’est une coïncidence amusante pour moi de relire cette idée chez Matthieu, car j’ai lu exactement la même dans l’Essai sur le libre arbitre de Schopenhauer. Il rappelait lui aussi, à de toutes autres fins démonstratives, je le précise, l’existence de ce principe causal si ancré en nous que nous lui faisons toujours appel pour comprendre ce que nous vivons.

 

Ce principe de recherche du couple cause/effet, me semble pouvoir s’expliquer, du moins en partie, très simplement par le seul fait de l’existence du temps. C’est la notion de temps qui nous fait rattacher les événements entre eux, qui nous fait les associer, leur donner une unité, une cohérence. Si on y réfléchit bien, c’est quasiment tautologique.

 

Ce qui est plus intéressant en revanche, c’est de s’interroger sur le besoin d’expliquer, de comprendre, de chercher la cause à l’effet. On pourrait lancer un beau marronnier en répétant que c’est là le signe que l’homme est un animal curieux, avide de compréhension du monde, que dés qu’il a commencé à établir des stratégies d’utilisation d’outils pour assurer sa subsistance il est devenu un scientifique, que cette avidité de connaissance lui est intrinsèque, etc.

 

Mais le point qui m’intéresse ici surtout, c’est notre réaction vis-à-vis de l’inconnu. Pour synthétiser mon idée, l’inconnu pour nous, c’est le monstre. Ce qui nous est non compréhensible, non explicable, non saisissable par une image dans notre esprit (toujours liée à ce que nos sens physique sentent ou ont un jour ressenti) nous apparaît inquiétant, suspect, dangereux. L’inconnu nous laisse dans l’instabilité, sans repère, sans orientation sur la façon d’agir face à lui.

 

Deux exemples pour illustrer mon propos. D’abord, celui de la xénophobie. Je l’avais indiqué dans ma série sur le sujet du racisme et de l’antisémitisme, il y a donc pas mal de temps désormais, un paradoxe apparent que l’on rencontre dans les études sur le racisme est que l’on trouve souvent les populations les plus xénophobes parmi celles qui n’ont jamais rencontré le moindre étranger sur leur sol. C’est le cas en France dans certaines campagnes, où l’inquiétude manifestée vis-à-vis de l’immigration est étonnant élevée pour des régions qui ne sont guère touchées par ce phénomène.

 

Deuxième exemple, celui du monstre que nous avons dans notre placard ou sous notre lit lorsque nous sommes petits. On a tort de penser que les enfants ont peur du noir, ou en tout cas c’est là une vision trop superficielle de ce qui se joue dans leurs esprits imaginatifs lorsqu’ils s’en vont se coucher. Le noir ne fait pas peur parce qu’il est noir, mais parce qu’en masquant les choses aux yeux des enfants, il rend l’espace qui les entoure mystérieux et inconnu, alors même que la seconde avant d’éteindre la lumière ils pouvaient encore en voir tous les contours. C’est cet inconnu qui les fait imaginer un monstre soudain surgit sous leur lit.

 

D’une certaine façon donc, on peut admettre que c’est peut-être la peur de l’inconnu, plus que le goût de la découverte, qui fonde l’intérêt de l’homme pour la science et pour la recherche. Cela ne signifiant nullement pour autant que cette quête est mauvaise ou déplacée.

 

Demain, si je ne suis pas mort en rentrant du boulot, j'écrirai le billet suivant sur les dénis courants. 

Commentaires

que la peur de l'inconnu soit une composante du sentiment religieux, c'est evident, et je n'argumente que pour en limiter un peu l'importance, car il n'y a pas que ca.

Par contre, appliquer la meme chose a la recherche scientifique est une question interessante. je ne suis pas vraiment convaincu, je ne vois pas vraiment comment on peut envisager ca. peux-tu developper ?

Écrit par : Matthieu | 08/03/2007

Matthieu
Je propose une idée un peu générale, que d'une certaine façon je crois pouvoir être appliquée à peu près à tous les domaines de notre existence, un peu comme une donnée de base: nous craignons l'inconnu, et cette crainte trouve des conséquences dans toutes nos activités. Il me faudrait plus de temps pour vraiment détailler, et je n'en ai vraiment pas le temps en ce moment.

Ceci dit je crois comprendre un peu mieux au fur et à mesure comment tu fonctionnes dans tes raisonnements. J'ai le sentiment que tu fonctionnes d'une façon très "pratique", que tu analyses les choses principalement en fonction de leurs effets observables, de leurs applications en quelque sorte. Bon j'écris ça un peu tard, à moitié amorphe, et je peux être totalement à côté de la plaque. C'est juste une idée qui m'a traversé, et j'ai eu l'impression que ça collait plutôt à tes centres d'intérêt. Là il faut que je trouve un peu de courage pour rédiger un truc. Je sais pas trop juste à cet instant...

Écrit par : pikipoki | 08/03/2007

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