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07/06/2007

La proximité : (ré)apprendre à toucher

medium_toucher.jpgUn billet léger pour commencer cette série sur la proximité. La semaine prochaine c'est vacances, j'ai l'humeur à m'amuser. Si j'ai beaucoup de courage et que je vous aime vachement, y'aura un autre billet demain presque sur le même sujet, un truc un peu original. Sinon, non.

 

Il y a quelques années déjà, j’avais lu une série de petits articles que j’avais bien aimé sur le site Internet du magasine Psychologies. Elle avait été conçue sur tout le mois de janvier, et constituait un petit vade mecum pour construire le changement dans nos comportements. Chaque jour une nouvelle idée était avancée, avec souvent un petit exercice concret à la clé pour la mettre en pratique. Je me souviens que j’avais alors enregistré l’intégralité des articles sur mon disque dur afin de les retrouver plus tard, lorsque j’en aurai envie.

 

Parmi les idées proposées, la première m’avait beaucoup plût, autant d’ailleurs qu’elle m’avait gêné au premier abord. Il s’agissait de toucher trois personnes dans la même journée. Sur le bras, l’épaule, dans le dos, ce qu’on voulait ; afin d’aborder les personnes de notre entourage quotidien d’une façon nouvelle, moins distante.

 

A première vue la chose semble un peu étrange, et difficile à réaliser, surtout pour les hommes. Etrange car c’est un mode d’approche personnelle qui me semble avoir été largement abandonné, les rapports interpersonnels s’en tenant de plus à plus à des comportements polis et distants. Difficile à réaliser du coup, car cela nous fait remettre en cause une habitude comportementale bien ancrée, qui veut que l’on ne touche pas les autres, tout contrevenant pouvant vite être assimilé à un drôle, surtout s’il est un homme et qu’il s’aventure à toucher un autre homme. N’est-ce pas ? Aaah, le sacro-saint besoin de montrer une image virile de soi… Un homme qui touche le bras d’un autre homme ? Mais que fait-il le bougre ? Voilà une autre revanche des femmes sur nos sociétés masculines. Bref.

 

J’avais fait l’exercice, comme cela était suggéré. Au travail j’avais saisi quelques occasions pour poser ma main sur le bras des personnes avec qui j’avais discuté, hommes ou femmes, ou sur leur épaule, voir dans le dos. Les femmes, comme je m’y attendais, ont immédiatement réagit positivement, sans exprimer cela à haute voix, mais plutôt par un large sourire. Les hommes furent un peu plus étonnés, et discrets dans leurs réactions, mais j’avais senti là aussi que d’une certaine façon, cette proximité leur plaisait aussi, dans la mesure où ils sentaient que cela provenait d’une démarche amicale.

 

Pour ceux qui ne se sentent pas le courage de faire cela, ils peuvent peut-être commencer par réfléchir à leur façon de dire bonjour le matin à leurs collègues. Font-ils la bise aux femmes ? Comment serrent-ils la main ? Sur ce dernier point, la façon de serrer la main aux personnes que l’on rencontre n’est pas tout à fait anodine. Une poignée de main franche et sincère donne de l’énergie à celui qui la reçoit. En général, c’est quelque chose que l’on apprécie pour soi-même. En revanche, quelqu’un qui donne des mains molles pompe l’énergie des autres, il prend sans donner. Et on a je crois tous un sentiment un peu désagréable lorsqu’on reçoit ce type de poignée de main.

 

Mais je trouve intéressant d’essayer d’aller au-delà de ces approches qui restent assez simples à réaliser. Le sens du toucher est un sens qu’on oublie un peu. Je crois, même si ce n’est là qu’une pure supposition sans vraiment d’informations objectives pour la fonder, que c’est en particulier vrai dans les milieux urbains, où l’on cherche plus à se recréer un espace vital mis en péril par le nombre de personnes autour de nous (c’est en particulier vrai dans le métro par exemple), qu’à entrer en contact avec les gens. Et ce réflexe s’étend à des situations où  il n’est peut-être plus très adapté. Au final nous en devenons plus distants, moins chaleureux. Peut-être le toucher est-il un sens à redécouvrir ?

 

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Commentaires

Vraiment sympathique.

Écrit par : edgar | 07/06/2007

"Si j'ai beaucoup de courage et que je vous aime vachement, y'aura un autre billet demain presque sur le même sujet, un truc un peu original. Sinon, non."

Mais comme vous êtes courageux (parce que pour lire Spinoza il en faut beaucoup...) et puisque vous aimez vachement vos lecteurs (sinon vous n'auriez jamais lu Spinoza...), alors je suis sûr que l'on aura un second billet demain.

Sinon, tout comme Edgar.

Écrit par : odanel | 08/06/2007

Voila un billet fort sympathique, comme dit edgar, et qui fait echo d'un sentiment de malaise diffus mais bien present que j'ai (et que je sais partagé par de nombreux francais) aux Etats-Unis, ou les gens ne se serrent pas la main, ne font pas la bise. Je me souviens aussi d'avoir vu une comparaison entre deux photos, l'une montrant deux "petits vieux" francais s'etreignant, l'autre ces memes petits vieux, mais japonais, se saluant tres formellement à trois metres de distance.

Écrit par : Matthieu | 08/06/2007

Je vois où tu veux en venir, évidemment, mais je suis moi-même agacé par la bise aux filles et le serrage de main aux gars en arrivant au boulot (puis tout le reste de la journée d'ailleurs, au fur et à mesure des rencontres avec ceux qu'on n'avait pas encore vus le matin).

Je trouve ça un peu fabriqué, plein de codes absurdes sur, justement, la manière dont on fait ceci ou cela... Et trouver ça agaçant (je dis ça pour Matthieu) ne signifie pas qu'on trouve plus agréables les petits vieux japonais de la photo que les pépés qui s'embrassent : à mon avis, ces pépés n'étaient pas des collègues de bureau arrivant le matin dans leur tour de La Défense.

Maintenant, je suis presque aussi réticent à l'idée de toucher les gens pendant qu'on leur parle, en tout cas les gens qui ne sont que des relations de travail. Pour leur toucher le bras, il y a des chances que l'on soit déjà trop près et certains close-talker sont vraiment flippants (surtout lorsqu'ils ont mauvaise haleine).

D'ailleurs, je dirais que les gens qui te prenne le bras dans le cadre professionnel le font généralement lorsqu'ils veulent te dire quelque chose de "confidentiel" et il y a souvent du calcul et de l'hypocrisie dans cette attitude que l'on perçoit comme faussement chaleureuse. Ce n'est pas le cas à 100% mais c'est fréquent.

Écrit par : Hugues | 08/06/2007

Comme Hugues, il me semble qu'il faut être prudent à propos des contacts dans le cadre professionnel.
En tant que fille j'avoue que je ressens la bise du collègue comme une agression pure et simple, et il est très délicat de faire comprendre à l'interlocuteur de s'abstenir.
Il me semble que l'on peut faire passer un message par un langage corporel moins explicite; par exemple dans la façon de s'exprimer et de regarder notre interlocuteur.

Écrit par : planeth | 08/06/2007

Comme Hugues, il me semble qu'il faut être prudent à propos des contacts dans le cadre professionnel.
En tant que fille j'avoue que je ressens la bise du collègue comme une agression pure et simple, et il est très délicat de faire comprendre à l'interlocuteur de s'abstenir.
Il me semble que l'on peut faire passer un message par un langage corporel moins explicite; par exemple dans la façon de s'exprimer et de regarder notre interlocuteur.

Écrit par : planeth | 08/06/2007

Odanel, Edgar et Matthieu ont tout compris ! Bravo

Hughues et Planeth, rah là là... Non je plaisante.
Je comprends vos remarques. Ce que vous n'intégrez pas il me semble c'est la démarche de la personne. Il y a mille façon de faire la bise, de serrer une main, etc. La démarche dont je parle, en tout cas celle que j'ai en tête si à l'écrit ce n'est pas clair, est détachée de celle qui peut faire naître un doute. Lorsque j'ai essayé moi-même de toucher quelques personnes, je l'ai fait d'une façon très naturelle, sereine, joyeuse en quelque sorte, mais rien leur prendre de leur espace intime. Ni entourloupe ni intrusion là dedans.

Écrit par : pikipoki | 08/06/2007

@Hugues et Planeth : je comprends que l'on puisse etre derangé par le fait de devoir faire la bise, ou que l'on apprécie pas forcement les contacts répétés du vendeur "dynamique et charismatique". Je pense que tout le monde est différent, j'apprends lentement et difficilement à décoder les signaux corporels montrant la préférence de chacun. Mais dans mon cas personel, c'est quelque chose que j'apprecie, auquel j'accorde beaucoup de valeur. Une habitude francaise qui me manque physiquement !

(au passage, Hugues, quel dommage que tu veuilles arreter cette série sur les petites habitudes francaises ! C'est elle et quelques billets de maitre eolas qui m'ont accroché dans les blogs).

Écrit par : Matthieu | 09/06/2007

Ben, et le second billet ?

Cela veut-il dire que vous n'aimez pas vos lecteurs ?

Écrit par : odanel | 09/06/2007

Odanel,
Attention, il va te toucher !

Écrit par : Hugues | 09/06/2007

Hugues,
Génial, j'adore les contacts humains...

Écrit par : odanel | 09/06/2007

dac

Écrit par : charly | 11/06/2007

Je reprends le fil de la discussion un peu tard !
Ce que je voulais exprimer propos de faire la bise à une fille sur un lieu de travail, c'est que je ne vois pas comment on ne peut pas interpréter cela comme une tentative de séduction.
Je me place évidemment du point de vue de la fille, vous aurez compris !
On a déjà du mal à se faire une place et à faire passer notre compétence professionnelle, la dernière chose dont on ait envie c'est que les rapports professionnels se déplacent vers la sphère privée. C'est une question de respect mutuel.
Au boulot, je ne vais pas me jeter sur le premier type venu pour l'embrasser sous prétexte qu'il est joli à regarder, ou qu'il faut développer l'empathie.

Écrit par : planeth | 14/06/2007

Ca gazouille en mon absence dites donc...

Planeth
Je comprends votre point de vue.

En fait, tout est affaire de circonstances dans cette histoire. Votre vision de cette proximité est influencée par votre vécu actuel et passé. Il en va de même pour moi. C'est pour cela que probablement mon idée passe mal pour vous.

Mais je la maintiens tout de même, car fondamentalement je ne vois pas pourquoi il faudrait se méfier du toucher, ou de faire la bise. En fait, il me semble que si l'on en arrive à s'en méfier, c'est qu'il y a, avant qu'elle n'intervienne, un autre problème à régler. Un patron "collant", un collègue encombrant, une expérience ancienne désagréable, etc?

Pour ma part, pour revenir sur ce point spécifique de votre commentaire, je dois faire la bise à toutes les dames le matin lorsque j'arrive au travail. Je le fais un peu mécaniquement, et avec un peu de plaisir pour celles avec lesquelles j'entretiens une bonne relation. Mais rien me semble-t-il qui puisse véritablement s'assimiler à de la séduction. Du moins j'espère qu'elles ne le prennent pas ainsi

Écrit par : pikipoki | 16/06/2007

le toucher est un sens ...vital , en ce qui me concerne
et je me suis reconvertie , il y a 8 ans dans un métier manuel(tout dans les doigts, les mains et le corps participe)
aujourd'hui je l'enseigne(en cours de loisir) et le contact physique est très présent;lorsqu'il faut aider un geste pour l'apprendre , tenir les mains , faire sentir , avec tout son corps , les gestes et mouvements appropriés.
c'est tellement plus simple que les mots!
et consoler , sans mot dire , juste en prenant dans ses bras ;même quelqu'un que l'on connaît peu, je sais que c'est afficace
redonner au mot "embrasser" ses lettres de noblesse , prendre dans ses bras

Écrit par : 1Femme | 29/06/2007

Tiens, tu liras ça : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/06/17/AR2007061701179.html

Je ne soucris pas : je t'alerte !

Écrit par : Hugues | 05/07/2007

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