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03/07/2007

Correction sur le libre arbitre et les déterminismes

a538a31920f7ae6d0fa28bcfa93a8505.jpgIl m’arrive de relire les billets que je produis ici, pour évaluer avec un peu de recul ce que j’en perçois et si j’en suis satisfait ou non. C’est ce que j’ai fais récemment concernant certains billets écris au sujet du libre arbitre (je ne mets qu'un seul lien, je suis un peu flemmard aujourd'hui). Cette série est probablement celle qui m’a posé le plus de difficulté depuis le début de l’existence de ce blog, notamment parce que pour parvenir à faire passer certaines idées, et surtout celle de la force de nos automatismes culturels, j’ai voulu alors forcer le trait, peut-être jusqu’à l’excès, excès avec lequel je n’étais pas très à l’aise.

 

Dans l’un de ces billets notamment, j’ai insisté sur le poids de nos déterminismes, biologiques notamment, dans nos comportements d’aujourd’hui. Pourtant, on aura lu, sur ce même blog, et seulement quelques mois plus tard, mon opposition à cette vision de déterminismes biologiques qui nous avait valu la ridicule sortie de Sarkozy au sujet de la prédestination des pédophiles et des suicidaires. Cette opposition n’a pas changé. En revanche je vois la nécessité d’amender ce que j’avais dit préalablement au sujet des déterminismes biologiques, pour apporter un peu de précision sur ce point.

 

Lorsque je parlais alors de ces déterminismes, j’avais principalement une idée en tête : celle de notre déterminisme majeur, énoncé par Laborit, que notre organisme tout entier est orienté vers sa conservation, et que l’être n’a pas d’autre raison d’être que d’être. En aucune manière je n’y voyais une quelconque notion de prédestination comportementale de l’ordre de l’orientation sexuelle, morale, ou de quoi que ce soit qui puisse un jour faire l’objet d’un jugement de valeur. Personne à mon sens ne naît voleur, bon, mauvais, tennisman, artiste, ou philosophe. C’est d’ailleurs ce que j’ai beaucoup martelé en insistant à plusieurs reprises sur l’importance à mon avis prépondérante de l’éducation comprise au sens large, c’est-à-dire de l’acquis, sur l’inné, dans le développement personnel des individus, prépondérance qui me semble démontrée par quelques expériences que j’ai utilisées dans certains exemples.

 

En revanche, il existe à mon sens bel et bien un déterminisme premier qui est guidé par ce besoin de notre être de travailler à sa conservation et à son homéostasie. Ce qui signifie que pour une part majeure, et sans doute trop souvent sous-estimée, cette sous-estimation étant probablement ce qui m’a porté à exagérer mon propos, nos comportements sont liés à cette nécessité biologique. Qu’ils sont principalement une réponse stratégique pour parvenir à nous faire plaisir et à nous gratifier. Et que de ce déterminisme là, on ne saurait sortir, en tout cas pas vivant, puisque c’est bien lui qui est le premier, et même le seul, en œuvre, dans notre survie.

 

La deuxième idée, moins liée à la notion de déterminisme, mais assez proche en ce qu’elle rappelle elle aussi la faiblesse de notre liberté comportementale, est celle des automatismes culturels, que nous acquerrons tout au long de notre existence. Ce que nous nommons libre arbitre aujourd’hui n’est parfois rien d’autre que l’expression de notre rattachement à certains automatismes culturels, à notre environnement proche, notre famille, nos amis, l’endroit où nous vivons, etc. et les « choix » que nous réalisons ne sont dans le fond bien souvent que l’expression de notre conformisme social, c’est-à-dire qu’ils ne sont que des appels que nous envoyons pour être perçus comme conformes. On ne peut clairement pas parler ici de libre arbitre tant ces comportements sont peu libres, mais sont plutôt des réponses pratiques à des nécessités engrammées en nous par notre milieu et nos expériences passées.

 

On le comprend à cette lecture, ces automatismes culturels agissent finalement en nous d’une façon très proche de celle des déterminismes biologiques, en ceci qu’ils nous obligent et que nous savons bien peu nous en extraire et donc nous en libérer. L’absence de liberté et donc de libre arbitre est pour moi principalement comprise dans ces deux blocages. J’espère que ce point est désormais plus clair, du moins pour ceux qui se sont un peu intéressés à ce que j’avais alors écrit. Je reviendrai sans doute prochainement sur la notion de liberté comportementale, en évoquant ma vision des limites de l’intelligence telle qu’on la perçoit aujourd’hui dans nos sociétés modernes.

Commentaires

"celle de notre déterminisme majeur, énoncé par Laborit, que notre organisme tout entier est orienté vers sa conservation, et que l’être n’a pas d’autre raison d’être que d’être."

C'est faux. Pour opposer Dawkins a Laborit, si l'etre a un but, c'est la reproduction - la transmission des genes. Voit par exemple le male de la mante religieuse dans le regne animal. Pour l'Homme, la situation est differente, en ce qu'il peut s'arracher a ce determinisme genetique - dans l'abstinence, l'homosexualite, la contraception, le suicide... Il vaut peut etre mieux parler de cette liberte que du libre arbitre, dont nos discussions precedentes ont montre la limite

"C’est d’ailleurs ce que j’ai beaucoup martelé en insistant à plusieurs reprises sur l’importance à mon avis prépondérante de l’éducation comprise au sens large, c’est-à-dire de l’acquis, sur l’inné, dans le développement personnel des individus,"

La tu marque un point. La genetique fournit les cables et les branchments de base, mais tout le travail de cablage se fait dans l'acquis - en particulier a l'enfance.

Pour le reste, je ferai la critique habituel : tu te bases sur des comportements "determines" - par les genes, comme la faim, ou par l'education, comme les us et coutumes - pour en deduire que le libre arbitre est une illusion. C'est tres exagere, d'une part car nous pouvons rejeter ce carcan (meme si d'habitude nous ne voulons pas le faire), d'autre part car meme si nos decisions sont prises a l'interieur de ce cadre, cela ne leur enleve pas moins leur legitimite de "decision". Cela me fait penser, sans que ce soit une analogie parfaite, a dire qu'un patineur ne sait pas patiner car il reste dans la patinoire, ou qu'un pilote ne sait pas piloter car il reste sur le circuit de F1.

Écrit par : Matthieu | 03/07/2007

Chic, je retrouve mon pote de discussion ;o).

Laborit avait écrit une critique de la vision de Dawkins. L'ayant lu, vraiment je me sentais plus proche de Laborit. Il faudrait que je la retrouve, et peut-être en ferai-je un petit billet court ici pour reposer quelques bases sur ce point de discussion.

Sur ton premier paragraphe, oui, l'homme s'arrache de ce déterminisme génétique dans l'abstinence, le suicide, etc. Cependant on retombe là dans l'automatisme culturel dont j'ai parlé également, et qui pour moi nous laisse aussi peu de liberté que nos déterminismes biologiques (bon un petit peu plus, mais pas beaucoup).

Sur la fin de ton commentaire, oui je te rejoins et c'est ce que je disais dans mon dernier billet sur le libre arbitre si je me souviens bien. Mais comme je le disais alors, cette légitimité à voir ces éléments comme des décisions ne rétabli pas, à mon sens, l'existence du libre arbitre, puisqu'elles ne sont pas issues d'une notion de "vouloir vouloir", qui serait la seule vraie liberté.

Écrit par : pikipoki | 04/07/2007

"C'est faux. Pour opposer Dawkins a Laborit, si l'etre a un but, c'est la reproduction - la transmission des genes. Voit par exemple le male de la mante religieuse dans le regne animal. Pour l'Homme, la situation est differente, en ce qu'il peut s'arracher a ce determinisme genetique - dans l'abstinence, l'homosexualite, la contraception, le suicide... Il vaut peut etre mieux parler de cette liberte que du libre arbitre, dont nos discussions precedentes ont montre la limite"
Le male est il cablé pour anticiper le fait de se faire dévorer? Je ne crois pas, que il ne faut pas confondre but de l'être et adaptation évolutive. Le mâle a une pulsion sexuelle qui l'amène à copuler, dans l'ignorance totale de ce que va être son sort et de l'effet autre que son plaisir. Il essaie de se gratifier en copulant c'est tout. Que la femelle en profite pour faire un casse-dalle ne remet pas en cause que s'il pouvait éviter d se faire dévorer il le ferait, le mâle ne se sacrifie pas. Si on passe au niveau supérieur d'organisation cad l'espèce, alors là oui la reproduction de ses membres fait partie de l'aspect conservation de l'homéostasie de l'espèce mais du coup cela ne contredit pas Laborit ;)

Concernant le libre-arbitre qui je le rapelle est à la base une notion religieuse ayant pour principal intérêt de dédouaner Dieu de la responsabilité du mal. Il n'y a aucun, je dis bien aucun élément démonstratif qui tienne la route 10s (ces arguments ont, me semble-t-il été rappelé dans le sujet d'origine). Le libre-arbitre est une croyance.
Rejeter le carcan? Le carcan conscient, la belle affaire, en quoi cela libère-t-il de tout ce qui est inconscient qui est très certainement l'immense majorité de notre comportement?
Cela ne prouve strictement rien, sinon, qu'il y a différents niveaux de conscience.
"d'autre part car meme si nos decisions sont prises a l'interieur de ce cadre, cela ne leur enleve pas moins leur legitimite de "decision" " Euh sans vouloir être désobligeant, c'est juste une affirmation en l'air car comme l'a rappelé pikipoki, ce qui fonderais la liberté c'est le choix de la motivation hors cette motivation n'est que le reflet d'un déterminisme à la fois biologique et acquis qui vise à au maintien de l'homéostasie. On ne choisit pas son vécu, son lieu de naissance, son éducation, sa culture etc... tout ce qui fait que nous sommes nous, tout ce qui fonde notre motivation de choix. Dans ce cas quel choix pourrait on bien avoir?
La seule "alternative" est de l'ordre de la foi et se résume à : ce n'est pas prédictible donc il y a quelque chose qui nous échappe et par une pirouette logique dire bah ben c'est forcément le libre arbitre... ben voyons, moi j'ai envie de penser que c'est le spaghetti volant qui contrôle nos actes, je vois pas pourquoi c'est moins réaliste que de croire qu'il y a une volonté en nous qui sort de nulle part et qui échappe à la causalité ou du moins qui est sa propre cause.
Mais plus pragmatiquement ça peut être tout simplement qu'il s'agit d'un système chaotique. Et des systèmes chaotiques on en connait qquns, ils sont parfaitement déterminés mais pas prédictibles.
Je dis tout ça sans aucune agressivité hein ;)

Écrit par : Olivier | 24/04/2009

Olivier,
J'aime beaucoup votre proposition du spaghetti volant :o). Ca me rappelle une proposition que j'avais faite dans un billet bien vieux qui abordait la question des inférences. Autour d'une table de spiritisme les gens ont tendances à penser que si la table bouge, c'est dû à l'action des esprits. Il s'agit d'une inférence, parfaitement indémontrable, et donc pas plus raisonnable que de dire que c'est en réalité la conséquence de l'action d'aliens à poils courts ou... du spaghetti volant !

Écrit par : pikipoki | 25/04/2009

Le spaghetti volant n'est pas de moi malheureusement XD. Voir Pastafarisme sur wikipédia ;)

Écrit par : Olivier | 25/04/2009

Bonjour,

Souhaitant écrire un petit mot sur toutes les portes de l'établissement où je travaille, je ne me souvient plus de quoi sont composés les déterminismes de Sartres.
Si c'était possible de m'éclairemer.
Respectueusement.
Thibaut Courtel

Écrit par : Courtel | 04/08/2009

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