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12/12/2005

Stress et croyances

Nos croyances interviennent à plein dans le niveau de notre stress face à telle ou telle situation. Parce qu’elles influencent notre manière de réagir face à ces situations, elles nous conditionnent à les recevoir de telle ou telle manières. Ainsi, un contrôle policier pourra-t-il engendrer des réactions différentes selon la façon d’appréhender le rôle des policiers. Quelqu’un qui aura été éduqué d’une façon très protégée, et n’ayant vu des uniformes que dans Julie Lescaut pourra ressentir un stress important lors d’un banal contrôle d’identité, alors que pour le d’jeun de banlieue ayant la chance d’appartenir aux « minorités visibles » ce sera là l’occasion d’une bonne rigolade et du renouvellement du lien de franche camaraderie qui l’unit aux gardiens de l’ordre public.

 

Il en va de même au travail. Pour celui qui perçoit l’entreprise comme un lieu d’oppression et d’exploitation de l’homme, le stress lié au travail sera très important. En revanche le jeune issu d’école de commerce qui verra dans l’entreprise l’outil par lequel il va enfin pouvoir montrer tout ce qu’il vaut et qui a tant manqué au monde pendant tout le temps de ses études sera beaucoup moins stressé : pour lui l’entreprise n’est pas un lieu d’oppression mais au contraire celui qui va lui donner sa chance, celui par lequel il va se réaliser et s’épanouir.

 

C’est parce que nos croyances ont un impact fort sur notre stress qu’un travail de fond sur soi-même est nécessaire si l’on veut réellement apprendre à gérer son stress. Parce que nos croyances, bien souvent, presque tout le temps même, nous viennent d’expériences lointaines, de conditionnements, d’éléments profonds de notre éducation (ou de notre construction pour reprendre un terme intéressant de Quoique). Travailler sur nos croyances, ce n’est pas pour autant les déconstruire complètement, sous peine de prendre le risque de défaire tout à fait nos repères, ce qui engendrerait sans doute un stress bien plus grand. Il s’agit en revanche de savoir les mesurer pour leur donner leur juste place, et permettre des remises en cause lorsque cela est nécessaire, afin d’acquérir une plus grande fléxibilité.

 

Et bien sûr les croyances religieuses figurent parmi les plus importantes. Une étude étonnante coréalisée en 2000 par David Larson et compilant les données de 42 recherches a d’ailleurs montré que « avoir la foi et pratiquer sa religion prolongerait l’espérance de vie de 29% » ! La prière apparaît notamment comme un très bon « médicament » anti-stress. Elle agit sur l’hypothalamus qui influe sur le rythme cardiaque et la tension artérielle, ainsi que sur la production d’hormone comme le cortisol (le niveau de cortisol est directement en relation avec notre sensation de stress). Qu’on comprenne bien : ce qui importe ici ce n’est évidemment pas les signes extérieurs de la foi, mais l’enracinement de celle-ci pour la personne. Quelqu’un qui vivra pleinement sa foi aura un outil de plus pour gérer son stress. (Je précise que personnellement je suis non croyant).

 

On voit ici qu’en introduisant les croyances dans nos sources de stress, on va pouvoir formuler une critique de l’échelle de Holmes et Rahe, proposée en 1967 et dont voici le détail (mis sous forme Excel). L'échelle Holmes-Rahe est utilisée pour calculer le niveau de stress et déterminer la probabilité que la santé soit affectée au cours de l'année qui vient. Ne tenez compte que des événements qui se sont produits au cours des 24 derniers mois et calculer votre niveau de stress en additionnant les points qui correspondent aux différents évènements listés.

 

medium_echelle_holmes_rahe.4.jpg

Si d'autres événements ou situations stressantes se sont produits au cours des 24 derniers mois, vous devez les noter en leur accordant une valeur identique à celle d'événements comparables (ex: grève et modification des conditions de vie, conflit avec des collègues de travail et problèmes avec les beaux-parents, etc.). Vous ajouterez leur valeur à celle du total de vos points.

Résultats

Moins de 150 points: stress modéré

Entre 150 et 300 points : stress élevé

Plus de 300 points : stress très élevé

 

Quand on lit certains évènements listés sur l’échelle de Holmes et Rahe on peut être surpris. Personnellement, je suis étonné que le mariage figure parmi ceux-ci, et encore plus les voyages ou les vacances. Mais je comprends que ma manière d’appréhender ces évènements peut être différente pour d’autres. Ceux qui n’ont jamais voyagé dans leur vie doivent effectivement se sentir peu à leur aise le jour du départ, et pour ceux qui vivent leur ont une vie privée décevante ou stressante, la venue des vacances n’est pas forcément une bonne nouvelle. Mais on se rend bien compte ici qu’il est nécessaire d’intégrer ces éléments pour bien juger de l’impact de ces évènements. Et c’est la première limite de l’échelle de Holmes et Rahe, que certains relèvent avec humour.

 

Mais à mon sens, il y a un deuxième défaut dans cette échelle, et qui est peut-être encore plus grave, parce qu’il ne concerne pas la méthode de celle-ci, mais son projet. Imaginez quelqu’un qui ne parvient pas à se sortir de ses problèmes et qui va rechercher fiévreusement une solution pour réduire son stress. Si cette personne applique au premier degré la solution implicite de la méthode Holmes et Rahe que va-t-elle faire ? Et bien elle va très logiquement se mettre en situation d’éviter tous les évènements de la liste. Et comment peut-elle réussir ce pari ? En limitant au maximum l’apparition d’évènement dans sa vie, en balisant son environnement et son quotidien de sorte qu’aucune surprise (bonne ou mauvaise si l’on suit la logique de l’échelle) ne vienne « perturber «  la course de sa vie. Bref, en ne vivant plus. On comprend immédiatement que cette logique est néfaste. Quel stress ressentira cette personne lorsqu’à 40 ans elle se retournera sur sa vie et qu’elle ne verra rien ! Le problème n’est donc pas de limiter les facteurs de stress, mais d’apprendre à les gérer, à les accepter pour ce qu’ils sont, et seulement pour ce qu’ils sont.

Commentaires

Le stress est une nécessité qu'il ne faut surtout pas collectionner

Écrit par : FdM | 13/12/2005

Pour ma part, je fais exploser la grille, mais peut importe. J'avoue que je suis déçue, je viens de lire dans votre blog votre non croyance en matière religieuse, que ne le dites vous plus tôt, je vous rappelle vous avoir chargé d'âme ! de religiosité même. tite nièce, votre filleule à l'église devra-t-elle vivre dans l'ignorance et l'incroyance ?
message perso : remplacement affectif lojib necessaire auprès actrice partie de bille.

Écrit par : langui | 14/12/2005

Aah ! Mais Langui ce n'est pas parce que je ne suis pas croyant (tu es tout de même au courant de ça depuis un bout de temps) que je considère l'éducation religieuse pour partie négligeable et surtout que j'envisage de convertir coûte que coûte tite nièce à mes "croyances". Je compte donc bien remplir à plein mon rôle de parrain !
Pour le message perso: no pb !

Écrit par : pikipoki | 14/12/2005

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