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03/01/2006

Retour sur l'écoute avec Will Hunting

Hier soir j'ai regardé, un peu en pointillés parce que je l'avais déjà vu deux fois, Will Hunting à la télévision. J'aime bien ce film, pas vraiment pour son côté "ah vous avez vu ce génie" que je trouve un peu trop appuyé (quand même il explique à un lauréat de la médaille Fields que tel théorème de maths, il "a pas idée à quel point c'est facile"  pour lui le petit génie, alors que l'autre est incapable de n'y rien comprendre ... ), mais pour tous les dialogues entre le personnage principal et son psy.

 

Ces passages sont sans doute un peu simplistes pour les psychologues professionnels (dont je ne suis pas, je le rappelle, même si ça m'aurait beaucoup plût), mais on en retire tout de même une démarche qui me plaît vraiment. Et qui me fournit la petite matière d'un premier billet aux aspects très psychologie de comptoir, j'en conviens, sans pour autant être tout à fait à mépriser.

 

Ce qui m'intéresse c'est la façon dont le contact se noue entre Will et le psychothérapeute (joué admirablement par Robin Williams, sans doute un de ses meilleurs rôles, en tout cas à mon goût). Will fait plusieurs tentatives avec d'autres psys avant de rencontrer Sean. Ces essais se soldent par un échec car il rejette la démarche de la thérapie psychologique et son intelligence exceptionnelle lui permet même de se payer la tête de chacun des médecins qu'on lui propose. C'est d'ailleurs un peu ce qu'il fait lors de sa première rencontre avec le personnage de Robin Williams. Il inverse les rôles, fait la psychanalyse du psy, le pousse dans les cordes, montre son mépris pour son travail, etc.

 

Puis le contact se fait lors de la séance suivante. La scène a lieu dans un parc, devant un étang dont l'objet est probablement de rappeler la mer sur laquelle tangue la barque du tableau peint par Sean, et que Will a disséqué. Que fait alors Sean? Et bien il parle de lui-même. Il révèle en quelques phrases quelles furent certaines des grandes douleurs de sa propre vie: la perte de sa femme après une longue bataille contre sa maladie, la guerre et les amis perdus au combat.

 

Il ne pose pas de question à Will, et celui-ci ne lui a pas demandé de se dévoiler ainsi. On pourrait d'ailleurs avoir une lecture de ce passage plus comme une mise en question du comportement de Will que comme un dévoilement personnel: "Si je te demande ce qu'est la guerre, tu me citeras peut-être Shakespeare, mais tu ne sais pas ce que c'est d'avoir dans ses bras son ami à l'agonie, haletant" (je cite de mémoire). Pourtant je crois que la part de dévoilement personnel est ce qui domine dans cette démarche. Bien sûr pour la première fois Will a trouvé quelqu'un qui a vu clair en lui, et il ne peut plus se cacher. Mais Sean en se dévoilant opère un changement important de méthode par rapport à ce que les autres thérapeutes ont proposé jusque là.

 

En agissant ainsi il ouvre la porte à Will. Il se met au même niveau que lui et ce n'est pas une relation univoque qu'il propose, dans laquelle Will devrait révéler les blessures de son enfance et du reste de sa vie, mais un échange d'égal à égal, dans lequel la confiance (notion que Sean aborde avec sa classe au moment où le professeur qui a pris Will sous son aile intervient) repose sur l'interdépendance qui se noue entre les deux personnages. C'est parce qu'il donne quelque chose d'intime de lui-même que le psychothérapeute parvient à abaisser la garde de Will et à gagner sa confiance.

 

Voilà un très bel exemple d'écoute et d'attention je crois. C'est un peu cette démarche que j'avais cherché à décrire dans cet ancien billet. Sans du tout prétendre indiquer quelle doit être l'attitude d'un thérapeute en général (quelle prétention ce serait !) je crois toutefois que cet exemple est à suivre pour ceux qui cherchent un moyen d'aider un ami ou un proche qui aurait besoin de se confier. En se livrant soi-même on allège la charge que peut ressentir l'autre à se livrer. Il ne craint plus de se mettre dans une situation de dépendance et/ou de vulnérabilité vis-à-vis de soi car d'emblée on s'est mis à son niveau, on a rompu la hiérarchie entre celui qui écoute (le supérieur) et celui qui est écouté (l'inférieur).

 

J'aime bien redécouvrir ainsi le sens d'une idée souvent galvaudée: "c'est en donnant qu'on peut recevoir".

Commentaires

Non non, non vous ne pouvez pas pas être psychologue-iatre-pédopsychiatre ou logue, non cela n'aurait pas été possible ! vos origines certainement mais n'ayez pas de regrêéèts s'il n'y a qu'un seul métier qui ne soit pas pour vous que je crois bien c'est celui-là !!!

Écrit par : langui | 05/01/2006

Tiens? Vous le pensez vraiment Langui ? Parce que sincèrement je persuadé qu'il n'y a pas de métier qui m'eût plus convenu et pour lequel j'aurais été plus fait.

Écrit par : pikipoki | 05/01/2006

non, non, non. Intelligent oui mais peut être quelque peu trop plein de bonnes intentions, d'idées presque dejà faites, de concepts trop gravés dans un marbre antique .... non ?

Écrit par : langui | 06/01/2006

Ben mince alors... en bref bourré de certitudes, LE truc que j'ai toujours détesté et contre lequel j'essaie, et notamment ici sur ce blog, de combattre... :o(

Écrit par : pikipoki | 06/01/2006

Le fait même d'avoir un blog avec les commentaires ouverts est la meilleure thérapie à ce jour contre les certitudes faciles :).

Bonne année,

Laurent

Écrit par : guerby | 07/01/2006

Tiens Laurent, on vous a moins vu sur les blogs ces derniers temps. Merci et bonne année à vous aussi !

Écrit par : pikipoki | 09/01/2006

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