Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2006

Kant et l'euthanasie

Avertissement: ce texte, comme la plupart de ceux que je poste dans la catégorie Réflexions et débats, est une tentative, l'expression de ma vision des choses. Mais en aucun cas je ne prétends être capable de répondre de façon définitive sur des sujets parfois ardus. J'essaie simplement d'apporter ma pierre à certains débats.

 

Chez Paxatagore, un débat intéressant (de ceux qui reviennent de façon récurrente sur la place publique) a lieu autour du sujet de l’euthanasie. Parmi les débatteurs, Bodpa argumente en s’appuyant sur la philosophie morale de kant et notamment sur son fameux impératif catégorique qui, dit-il, doit conduire à la conclusion qu’on ne peut en aucun cas vouloir la mort de quelqu’un et qu’il nous revient en toute circonstance de préserver sa vie. Pour appuyez l’argument de Bodpa, le mieux est encore de citer l’illustre philosophe, qui écrivit dans la section 2 des Fondements de la métaphysique des mœurs :

 

« Ainsi je ne puis disposer en rien de l’homme en ma personne, soit pour le mutiler, soit pour l’endommager, soit pour le tuer. »

 

Mes fidèles lecteurs le savent, j’ai lu ce livre de Kant avec beaucoup d’attention et d’enthousiasme, et j’ai d’ailleurs déjà utilisé la citation que je relève ci-dessus dans un ancien billet traitant du dilemme entre peine de mort et prison à perpétuité. J’y avançais que la peine de mort allait précisément à l’encontre de la philosophie morale de Kant, et que c’était un des arguments qui devait permettre de comprendre pourquoi elle devait être rejetée. Il semblerait donc très logique que je me rallie à l’opinion exprimée par Bodpa.

 

Il n’en est rien. Je voudrais proposer une réfutation de l’utilisation qu’il fait de la philosophie morale de Kant en deux parties. La première, que certains jugeront probablement peu argumentée, qui est si j’ose dire, celle du cœur. Et la deuxième dans laquelle je tenterais de montrer en quoi Bodpa va trop vite dans son utilisation de l’impératif catégorique comme argument nécessairement contre l’euthanasie, et quels éléments de la philosophie de Kant me semblent aller à l’encontre de cette interprétation.

 

Première partie.

Pour commencer, et afin de ne tout de même pas trop livrer le flanc à une critique trop forte de ma démarche dans cette première partie, je voudrais indiquer quelques éléments en faveur de cette démarche d’une réponse qui se base plus sur l’intuition personnelle, et sur ce qu’on pourrait appeler nos « intimes convictions » que sur une raison logique pure. J’introduis donc une parenthèse un peu longue, mais qui me semble en valoir la peine.

 

Un ami avec qui je discutais il y a quelques mois me rapportait le grand trouble qu’il avait vécu pendant plusieurs années lorsqu’il était dans sa phase de questions existentielles dont notamment : Quelle place/valeur accorder à la vie des hommes ? A la mienne ? Pourquoi tuer un homme ou au contraire choisir de ne pas le faire ? Il lui fut très difficile de répondre à ces questions, tout du moins il ne parvint pas à mettre dessus des mots et des idées claires qui lui permette de se positionner. Mais il trouva tout de même une réponse que j’ai trouvée tout à fait excellente et qu’il me rapporta en ces termes : « Je me sentais vraiment dans le brouillard, et puis à un moment je me suis dit : « mais après tout, pourquoi me poser ces questions dans ces termes-là ? Tuer quelqu’un, est-ce que j’en ai envie ? Voilà la seule question à laquelle j’ai besoin de répondre ! Que je parvienne à expliquer par a+b pourquoi mon choix est le bon, peu importe. Ce qui compte c’est qu’au fond de moi je sens que c’est la bonne réponse, que je me sens en paix avec ce choix. Le reste… »

 

Excellente réponse oui. Chercher en tout à répondre par la raison ou par des éléments argumentés et balisés par la logique n’est pas nécessairement une bonne démarche. Elle peut être une pure perte de temps, si ce n’est parfois même contre-productive. Et c’est avec un zeste d’ironie que je rappelle ici que Kant lui-même indiquait dans la première section des Fondements de la métaphysique de mœurs, que l’intuition était à n’en pas douter un bien meilleur guide que la raison dans la poursuite du bonheur, et donc dans la prise d’une grande partie de nos décisions. Proposer une opinion de cet ordre ne me semble donc pas ridicule, et peut-être même y trouvera-t-on au final les arguments les plus justes. Fin de la parenthèse.

 

Mon opinion intuitive sur la question de l’euthanasie est qu’elle est un recours qu’on doit pouvoir envisager pour soulager une personne qui souffre de façon excessive et pour laquelle on n’a pas de solution raisonnable pour soulager ses souffrances. Bodpa avance, et en cela il est cohérent, qu’il faut développer les soins palliatifs afin d’atténuer la douleur des patients. Evidemment si ce développement est tel que les gens peuvent être maintenus en vie dans des conditions satisfaisantes, le problème est résolu pour une grande partie. Mais est-ce le cas aujourd’hui ? Que fait-on en attendant que ces soins soient suffisamment développés ? C’est à ces questions qu’il faut répondre. Dire aujourd’hui qu’il faut les développer, et qu’en attendant on doit « à tout prix préserver la vie » c’est en fait botter en touche. Oui il faut développer ces soins. Mais cela ne résout en aucun cas la situation des malades qui aujourd’hui expriment le désir de faire cesser leurs souffrances par la mort.

 

En fait ma réponse est différente de celle de Bodpa car nous n’abordons pas la question avec la même priorité en tête. Dans sa vision, la vie et sa défense intervient avant tout autre considération, tandis que ma priorité c’est le refus de toute forme de maltraitance. Je trouve intéressant de souligner ces priorités car on voit bien que fondamentalement nous avons tous les deux une intention de départ relativement similaire et au moins aussi louable l’une que l’autre. Mais ce sont les conséquences de ces intentions qu’il convient d’analyser pour comprendre ce qu’elles signifient véritablement. Faire cette distinction permettrait d’ailleurs bien souvent à des débatteurs de s’apercevoir par surprise qu’ils ont beaucoup plus de choses en commun que ce que les apparences de leurs discours peuvent laisser à penser.

 

Je me place simplement dans la position d’une personne qui aurait à affronter les plaintes répétées d’un malade, son désarroi, et l’impuissance du centre hospitalier ou de la clinique dans lesquels je serais à répondre à ces appels. Le dilemme est énorme. Je ne crois d’ailleurs pas que ce soit une décision simple, et encore moins un geste simple pour un médecin ou une infirmière, que de décider l’arrêt des appareils qui maintiennent une personne en vie. Ils doivent en avoir gros sur la patate lorsqu’ils en arrivent à de telles extrémités, qui sont en elles-mêmes des aveux d’échecs, presque des dénis du métier qu’ils exercent. Mais quelle douleur que de faire durer la douleur ! Et ce serait un seul principe, moral me dit-on, qui devrait m’interdire de soulager mon patient ? Admettons que ma tête ne sache pas quoi répondre. Mon cœur lui dit non, pas d’accord pour suivre ce principe aveuglément et quoi qu’il en coûte. Surtout pas quoi qu’il coûte.

 

Seconde partie.

L’utilisation par Bodpa de l’impératif catégorique de Kant me semble pour le moins partielle et rapide. Trop manichéenne pour être vraiment juste. Car il ne suffit pas de citer une phrase de Kant comme je l’ai fais plus haut pour dire « boum, voilà la vérité à laquelle on doit se rattacher ». L’argument est tout de même un peu plus subtil que ça.

 

Que dit l’impératif catégorique ? « Toujours se conduire de telle sorte que je puisse vouloir que ma maxime s’érige en loi universelle. » Si on lit bien ceci, on s’aperçoit que brandir l’impératif catégorique, comme argument définitif que l’euthanasie doit être refusée, est en fait parfaitement factice. Parce que la question qu’on a à se poser une fois cet impératif brandit est : « la possibilité de l’euthanasie peut-elle donc devenir une loi universelle ? » Et on en revient donc tout bonnement à la question de départ : faut-il légaliser l’euthanasie ? L’impératif catégorique n’a rien résolu du tout. L’utiliser revient donc dans le fond à répondre « Il ne faut pas, parce qu’il ne faut pas. »

 

Cependant, il est plus ardu de répondre à la citation de Kant que j’ai relevée en premier. Si l’on ne peut user en rien de l’homme pour le tuer, comment tolérer l’euthanasie ? Ce que Bodpa ne perçoit pas, ou de façon partielle il me semble, c’est que cette idée de Kant  est une balise certes essentielle, mais qu’elle ne se situe pas moins dans un contexte de réflexion qu’il ne rappelle pas. Kant ici en est à démontrer en quoi l’homme est une fin en soi, et doit toujours être considéré en tant que tel, et non comme un moyen. Il ne doit donc en aucune circonstance être instrumentalisé, que ce soit par les autres ou par lui-même, sans être en même temps considéré comme une fin (en entreprise par exemple il est bien normal qu’on « utilise » la main d’œuvre, mais les individus qui la compose doivent (devraient) toujours être considérés comme des fins).

 

Mais que signifie précisément que l’homme est une fin en soi ? Qu’est-ce que cela implique ? Pour ma part, je le comprends ainsi : il s’agit essentiellement de préserver notre humanité, notre caractère humain. De faire vivre ce qui en nous est propre à l’homme. C’est ainsi que Kant critique la position du paresseux, qui s’il conserve sa vie, n’est pas moins en contradiction avec l’expression pleine de celle-ci. La paresse est compatible avec la conservation de la vie, mais pas avec son accomplissement. Dans cette mesure, le paresseux corrompt son humanité, partant, ne la préserve pas, et donc ne répond pas à l’impératif moral de Kant.

 

La question à laquelle il faut désormais répondre est donc : maintenir une personne en vie contre sa volonté et en dépit de ses souffrances est-il compatible avec la préservation de son humanité ? Bodpa me répondrait peut-être immédiatement qu’en le privant de sa vie on ne peut certainement pas préserver son humanité puisque précisément il n’en a plus l’usage. Humm… Qu’on ne préserve pas sa vie, certes, mais qu’il en aille de même concernant son humanité, voilà qui mérite une analyse plus approfondie.

 

Tout d’abord répondons à l’anglaise. Quid de la préservation de l’humanité d’une personne qu’on conserve ici à l’état de légume, et là en état de perpétuelle souffrance ? Est-ce bien son humanité que l’on préserve ainsi ? L’image que certains s’en font peut-être, mais si le patient lui-même pouvait répondre je ne suis pas sûr qu’il émettrait le même avis. Pour être clair, j’ai même l’impression que c’est souvent la sensation de cette perte définitive du caractère humain de la personne qui constitue l’argument final en faveur de l’euthanasie. On voit déjà à ce niveau qu’il y a un conflit entre l’exigence de conservation de la vie et l’exigence de conservation de l’humanité de la personne. Ce seul conflit montre bien à mon sens qu’il est trop caricatural de brandir Kant comme argument définitif censé démontré que l’euthanasie est immorale.

 

Il faut bien admettre toutefois qu’il n’est pas aisé de résoudre ce conflit. Pour moi la réponse réside dans la priorité avec laquelle j’aborde ce type de problématique : toujours faire en sorte qu’un homme se sente homme, qu’il soit traité comme tel (donc qu’il ne soit pas maltraité), et qu’il conserve la possibilité de l’accomplissement de son humanité. Je crois que tous les grands arguments, même ceux issus de la lecture des philosophes les plus admirables, s’ils ne sont au final que des mots sur du papier, mais ne tiennent pas compte des réalités des personnes, de leur vécu, perdent complètement leur force. Ce ne sont plus que des lettres mortes, sans aucune vérité. Et ils peuvent alors devenir dangereux. C’est la raison pour laquelle il m’apparaît en fait tout à fait indispensable d’inclure ses intimes convictions, ses idées du cœur, dans ce type de réflexion.

Commentaires

Voilà une trés importante réflexion. Je me sens concernée.

Plusieurs questions me viennent:

-Quand donc un collège de personnes, représentatives du milieu médical et familial, directement et premièrement touché par la question de l'euthanasie, constateraient médicalement l'état végétatif d'une personne connue et ne verraient plus le signe de son humanité par l'expression de sa conscience éclairée , où se situerait clairement leur lecture du choix de cette personne de mourrir qu'elle ne pourrait de fait, exprimer? Cela me semble donc appartenir davantage à la réflexion de l'entourage humain de la personne concernée dans ce cas précis, sur la base de nombreuses observations, convictions et raisons, toutes trés fortements différentes.(vous n'avez pas évoqué l'idée de la religion dans cette question) Il faut aussi situer cette réflexion à une époque où l'on peut maintenir la vie que l'on dit artificielle, alors qu'avant, cela ne se pouvait pas. Il y avait donc d'autres rapports avec la mort.

-Dans un autre cas, celui où la situation de santé ne permettait que trop douloureusement le maintien de la vie mais n'altérerait point la conscience de la situation, difficilement supportable pour la personne concernée, comment ne pas éviter pour l'entourage la réfléxion sur l'origine du choix d'une personne souffrante, qui peut être altérée du fait de cette situation ? Je pense par analogie, à l'idée du suicide, qui devant le sentiment et la représentation d'une insurmontable souffrance, représente( à mes yeux) l'acte qui veut d'abord mette fin à cette souffrance, et donc par conséquence à la vie. Enlever la souffrance est une solution pour protéger et donner sens à la vie .
A cette question sur une conscience liée à une incapacité dite incontournable, pas de réponse simple et évidente à mes yeux, cela devant rester du cas par cas et non une règle.

A cela j'ajoute qu'il faut être trés vigilant, car existe aussi une subjectivité que ressent l'entourage de sa propre difficulté à supporter cette situation, en tant que tiers humains concernés. D'où le risque de l'interprétation des désirs de l'autre.

Il y a donc cette question selon moi. Comment déterminer et accepter comme viable le choix et le désir de mourir d'une personne concernée par cette situation? Si le désir est légitime, est il souhaitable pour ce qu'il implique de notre conscience commune de l'humanité et de la valeur de la vie et de ce que nous mettons en oeuvre pour lui donner sens?

Il y a aussi la question de la limite de nos représentations de la mort et du prolongement de la vie. Dans notre environnement actuel, les recherches sur les conditions de fin de vie sont elles à leur terme ou à leur début? N'aurions nous pas des choses à découvrir, qui sur un plan médical ou sur un plan humain, apporteraient des réponses différentes que celle de la légalisation de l'euthanasie ? Cette question pourrait être répoussée plus en amont . L'idée de préparer la fin de vie ne devrait elle pas faire l'objet d'une réflexion différente de la part de ceux qui s'en sentent loin ?

L'idée de la mort n'est pas un concept facile pour l'humanité.
Elle peut être niée par les efforts constants propres à notre société à reculer l'image de la vieillesse, le sentiment de dépérissement,d'altération physique, donc de la sensation de sa propre fin et cela en déplaçant ainsi la saveur et valeur de la vie de son âge à chaque étape de sa conscience de soi, par des substituts tant matériels que psychologiques.
J'ajoute aussi ma conscience de vivre une époque où ce qui est véhiculé est le vieillessement de la population. Des questions politiques sociales et économiques s'y greffent. Quelle place donnons nous aux personnes agées dont la symbolique est renvoyée davantage à la charge qu'à la richesse ou la participation, par l'exemple même de ce que le concept de concurrence économique renie quant à l'âge et l'aptitude?

Au risque de paraître cynique, à l'époque où la vieillese et l'inactivitée représentent une charge pour notre société libérale, que représente en terme d'économie la possibilté de légiférer sur l'euthanasie quand on lie à cela l'idée angoissante véhiculée du vieillessement de la population?


Ma position: je suis contre le principe juridique pour toutes les questions que j'ai posé, mais pas radicalement devant la réalité d'une situation humaine spécifique pour laquelle je devrais me prononcer, ou d'autres, si tel était le cas. Sans pouvoir présager d'une telle situation, je ne pourrais donc jamais choisir de me prononcer pour une loi par anticipation de ce que je ne connais pas ni ne peut établir comme un système pour le ressenti des personnes touchées par cette question. Je ne peux nier qu'une personne souhaite mettre fin à sa souffrance et je pense que c'est à la souffrance que l'on doit mettre un terme, pas à la vie . Mais je ne pourrai jamais, et là c'est une conviction personnelle, mettre en acte le fait d'ôter ce à quoi je donne un sens premier, la vie de l'autre. Cela ne peut m'appartenir, cela appartient qu'à cette personne par ce dont aussi elle n'a pas la maitrise absolue.
Car c'est une violence faite aux vivants, de mon point de vue, que de demander la mort.
S'il s'agit de mon souhait, je penche plutôt pour l'idée de voir se développer les soins palliatifs, comme la personne que vous citiez. A cela, j'attendrais aussi que les représentations évoluent sur l'idée de la vie humaine et de la mort, et du deuil de la perte de l'autre, non comme un système établi auquel nous devrions nous adapter, mais comme une réflexion , sans poursuites juridiques systématiques , et toujours au cas par cas, et dans le respect de l'humanité qui est propre à chacun.

Mon expérience personnelle, comme tout autre personne est d'avoir été confrontée à la mort d'un proche. Cela n'est pas forcément explicable sur le plan du ressenti. Cela reste
une question propre à chacun . Et cela me semble plus juste ainsi. Légiférer sur cette question me semble évincer le travail que nous aurions à faire individuellement sur notre conscience de la fin de vie et de son sens. Si nous avons conçu les techniques pour maintenir la vie coûte que coûte, avons nous parrallèlement avancé dans notre réflexion sur le deuil ? Et si nous l'avons fait , est ce uniquement en raison de notre difficulté à faire le deuil de la fin de notre propre vie, ou parce que la valeur que nous accordons à la vie est un sens qui a le droit de nous échapper?

Écrit par : dg | 13/01/2006

Comme vous le notez bien l'un et l'autre, quel vaste problème, et en un sens, n'est-ce pas le questionnement ultime de l'humanité depuis qu'elle l'est, humanité, la relation à la mort.

Il faut selon moi distinguer deux cas très différents.

Celui où la personne concernée avait, en pleine conscience, émis la volonté d'être euthanasiée si le cas se présentait à ses proches ou au corps médical. Dans ce cas alors, il me semble que, et c'est toute la demande autour du droit de mourir dans la dignité, il faut respecter la volonté de la personne. C'est une question de rapport à la liberté de l'individu, en particulier celle de choisir sa mort. L'euthanasie devient ici quelque chose comme un suicide médicalement assisté.

Dans le cas où les volontés de la personne n'ont jamais été clairement exprimées, le choix appartient alors aux proches en relation avec le corps médical. La première question est alors le rapport à la souffrance, à la douleur. De la personne concernée d'une part mais aussi des proches. En ce sens, les soins palliatifs d'un côté et l'accompagnement psychologique de l'autre sont deux voies à explorer pour soulager cette souffrance. Et je rejoins en ce sens la position de DG. Ceci dit, il est des situations où, par exemple dans le cas d'un coma végétatif, la personne peut survivre "indéfiniment" avec ou sans assistance médicale. Ne doit-on pas alors permettre une fin de "survie" décidée par un tiers? DG encore note que, selon elle, "c'est une violence faite aux vivants que de demander la mort". Mais quand considère t-on être encore en vie?

Quoi qu'il en soit, il me semble que la seule raison pour légiférer sur cette question est celle de la responsabilité pénale des personnes qui vont faire l'acte d'euthanasie, et en particulier le corps médical, qui se trouve aujourd'hui en porte-à-faux par rapport à des situations bien réelles et qui se règlent dans le huis-clos des salles de réanimation.

Écrit par : Krysztoff | 16/01/2006

Krysztoff,

Je comprends tout à fait que l'on veuille éviter des poursuites aux médecins, mais n'oublions pas aussi que l'on branche des personnes/patients sur des systèmes techniques pour leur éviter une fin radicale,(n'est ce pas aussi pour conforter l'entourage?) soit les prolonger, sans pour autant les sauver et leur rendre leur autonomie. Regardez en ce qui concerne le 1er ministre d'Israël...sans la technique médicale, sa mort naturelle aurait peut être eu lieu.(je m'avance un peu , mais qui peut le savoir...?)
Je pense pour ma part qu'il vaut mieux réfléchir à un délai maximum de recours aux soins techniques pour que les médecins puissent affirmer en connaissance de cause, à la fin de ce délai, la mort du patient incapable de vivre par lui même , sans crainte d'être poursuivis et en travaillant sur et avec les familles et leur acceptation de la mort et sans parler pour autant d'euthanasie.
Concernant le cas d'une personne qui a une conscience lors d'un état "inerte" par exemple , je ne pense pas que l'on puisse penser sans doute aucun, que celle ci ait pu choisir un destin à travers l'euthanasie sans douter elle même et sans que son environnement ne se réintérroge sur la validité de son choix devant sa situation réelle. Une chose dite en bonne santé n'est pas forcément la même dans une autre situation.... tjs en cas de conscience saine... En cas de coma et état végétatif , on en revient plus ou moins au cas précédent que j'imagine, pour ma part.

Cette idée de liberté de choix d'une personne de mourir me paraît sans aucun sens . Cela me semble même être l'extrême de cette idée de liberté sans limite de notre époque à penser vouloir et pouvoir contrôler sa vie et sa mort , jusqu'à anticiper celle que l'on pourrait avoir en tel ou tel cas....et pouvoir sereinement légiférer la dessus. Je crois que l'humanité à des ressources de complexités supérieures à ce que l'on voudrait faire dire de l'idée de sa propre mort ou de celle des autres.
Pour une fois je ne suis pas d'accord avec vous, Kryzstoff.

Écrit par : dg | 16/01/2006

"Cette idée de liberté de choix d'une personne de mourir me paraît sans aucun sens "

Là c'est moi qui ne vous comprend pas. Que faites-vous alors du suicide? Que faites-vous de Vincent Humbert? Que faites-vous de ces personnes, j'en ai connu, qui, se sachant atteinte d'un cancer qui les condamne, préfèrent se suicider que de connaitre la déchéance physique des dernières semaines d'un cancer généralisé? Que faites-vous de ma volonté, écrite et transmise à mes proches, de ne pas me maintenir artificiellement en vie si le pronostic cérébral est défavorable pour les médecins?

Mais je me suis peut-être mal fait comprendre, car au fond, je suis du même avis que vous, pas spécialement favorable à légiférer sur cette question, qui relève de l'intime. Mais si on ne légifère pas, je ne veux pas non plus qu'un médecin qui aura arrêté le respirateur artificiel qui me maintient en survie à la demande d'un de mes proches soit inculpé d'assassinat.

Écrit par : Krysztoff | 16/01/2006

hmm très d'accord sur l'ensemble de vos commentaires Krysztoff, mais avec une petite retenue sur le suicide.
La pratique de l'euthanasie y est assimilable dans la seule mesure où le patient réclame lui-même qu'on lui donne la mort (donc pas dans les cas où la famille décide pour lui).
Mais toutefois, le suicide "classique" est une démarche qui me semble assez différente, parce que ce n'est pas au même type de détresse qu'il "répond".

Écrit par : pikipoki | 17/01/2006

Il me semble bien que c'est ce que j'ai écrit précédemment. L'euthanasie peut "s'apparenter" à un suicide assisté uniquement dans le cas où la personne concernée souhaite sa mort mais n'est pas en capacité physique de se la donner. Et est-ce finalement si différent que cela? Bien souvent, le suicide est une façon de mettre fin à des souffrances, quelles soient physiques ou psychologiques.

Écrit par : Krysztoff | 17/01/2006

Oui techniquement c'est la même chose. Mais le suicide n'est je crois pas fait dans le même état d'esprit que l'euthanasie, notamment, et là la différence est importante, parce qu'il est souvent effectué via une violence physique importante (pendaison, noyade), alors que précisément l'euthanasie est un acte non-violent (en tout cas physiquement). Bon ça mériterait plus de temps pour faire cette distinction. J'y reviendrais peut-être un jour dans un billet.

Écrit par : pikipoki | 17/01/2006

La question de la violence physique lié à l'acte de suicide est, si j'en crois les statistiques et études disponibles à ce sujet, très fortement lié au sexe. Les hommes se suicident de manière violente (arme à feu, pendaison, accidents de la route) de manière plus fréquente que les femmes (médicaments).

Écrit par : Krysztoff | 17/01/2006

Kryzstoff,

Je pense que nous sommes apparement d'accord sur le fond, mais il y a des différences et des nuances pour ma part sur nos explications de certains faits. Je veux m'en expliquer pour vous montrer que cela n'est pas gratuit de ma part.
Je considère par exemple que le suicide n'est pas un choix à son origine(http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2164564&rubId=4076)
surtout lorsque cela touche la tranche d'âge où l'on n'a pas encore construit sa raison, et par ailleurs parce qu'il s'agit pour les personnes( il me semble ) concernées par le passage à l'acte, du désir de mettre fin à la souffrance, en premier lieu. Je vois mal celui qui a plaisir à vivre, mettre fin à ses jours de manière consciente. A mon simple avis, le soi disant "choix" de la mort ne peut s'opérer que dans un contexte ou la vision de la possibilité de vivre parait impossible. Ce n'est donc pas un choix entre la mort et la vie mais entre la mort et l'impossibilité de se voir vivre bien et dégagé de la souffrance subie ou endurée. Pour qu'il y ait existence d'un choix, il me semble que doit apparaître dans les possibilités offertes, un enjeu "positif" en terme de vie. ( à défaut d'un autre terme qui ne me vient pas en tête.)
Et puis comme je l'ai expliqué plus haut, je ne suis pas pour la poursuite des médecins, mais pour qu'ils puissent avoir la possibilité de déclarer la mort effective sur la base de critères qui mettent tout le monde d'accord. C'est ce que j'avais tenté d'expliquer. Peut être mal ou pas de manière assez claire. Je pense que nous maintenons en vie des personnes qui ne peuvent pas vivre naturellement et c'est là qu'il me semble que le travail de réflexion doit s'effectuer.
Pourquoi mettre du choix sur des situations "spécifiques" qui n'en demandent pas en premier lieu? Comme celle que vous décriviez de mort cérébrale effective dans l'hypothèse où cela vous arriverait.
Concernant le cas Humbert, y étiez vous pour être si sûr de vous, concernant son choix ? Quelle part accordez vous au choix qui renvoit à ce que ressent une personne lorsqu'elle voit son entourage souffrir de sa situation de "grabataire" ou d "infirme total"? Vous les voyez souffrir ?
Vous vous sentez un poids pour eux ? Cela n'entre t'il pas aussi dans leur choix et en est ce un de fait qu'elle aurait eu dans un contexte différent ? Quelle est la part que nous suggère notre entourage à vivre plutôt qu'à mourir suivant notre condition?

Pour moi , ce sont autant de questions infinies suivant les personnes, qui ne peuvent se régler qu'au cas par cas. Pas à travers une loi. Vous l'avez trés bien dit, c'est de l'ordre de l'intime. Je n'aurais pas dit mieux.

Si vous voulez d'autres questions que l'on puisse se poser devant le problème de la fin de vie, je peux encore vous en en formuler à la pelle.
Ma position simple, à toute question consciente sur le refus de vivre en "l'état", "dégradé" , il n'existe pas de "choix" synonymique à celui possible en état de vie. Il n'y a qu'un "ineluctable" que notre société peut envisager dans la mise en place des meilleures conditions pour y parvenir.
Le choix de la personne ne me semble pas avoir lieu devant l'inéluctable de la mort, mais dans ses conditions.

J'espère que vous m'avez comprise?

Écrit par : dg | 18/01/2006

@ dg

Je crois comprendre votre position. Nous sommes là dans des considérations éminemment philospophiques quant à la liberté de l'être humain, son éventuelle déterminisme, sa capacité de choix, l'inéluctabilité de son éventuel destin. Et je comprends à vos propos que vous doutez, en certaines circonstances, et en particulier face à la mort et face à une souffrance qu'on peut ressentir comme insurmontable pour de multiples raisons, que l'individu a véritablement le choix. C'est je crois d'ailleurs souvent ce qui est effectivement évoqué lors de nombreux suicides. La mort apparait alors comme la seule issue possible. Et je comprends donc que vous estimier qu'ici, on ne peut parler de choix.

Pourtant, mais peut-être, sans doute même est-ce parce que je n'ai jamais été moi-même confronté à une telle situation, ma position philosophique reste celle d'une profonde liberté de nos actes (sauf en cas de diagnostic psychiatrique et médical d'irresponsabilité). Certes, je n'étais ni dans la tête ni dans la chambre de Vincent Humbert. Mais il me semble qu'il a écrit ce qu'il ressentait. Et que, quelles qu'aient été les motivations profondes de sa demande, il a bien fait le choix en toute conscience de demander qu'on l'aide à mourir. Pour reprendre encore mon exemple d'une personne qui décide de se suicider en phase terminale d'un cancer, il fait bien le choix d'en finir avant le terme inéluctable lui. Ce chemin qu'il décide de prendre, rien, a priori, ne l'obligeait à le prendre. Je crois qu'en bien des situations, on a l'impression d'une inéluctabilité parce qu'il est parfois plus facile de s'en remettre à ce destin que d'assumer la chose la plus difficile que l'être humain n'ait jamais eu à assumer, sa liberté.

Écrit par : Krysztoff | 18/01/2006

Kryzstoff,

J'apprécie beaucoup d 'échanger avec vous. Je vous préviens par avance que je ne parle pas d'idée générale, mais les miennes simplement que je vous expose. Je n'engage que moi à les dire et je m'excuse pas avance si j'étais confuse, car cela me renvoit à des idée pas souvent retranscrites à travers les mots.

Je suis d'accord avec votre idée, qu'assumer la "liberté", concept indicible pour moi et vaste selon ce qu'on en dit, n'est pas une chose aisée pour chacun d'entre nous quand il se met à y penser . Et je comprends mieux que de votre place vous ayez à la défendre pour ce qu'elle signifie. Je pense d'ailleurs qu'il faut que des personnes qui lui donne un sens humain (qui tienne compte du sens auquel elle renvoit de l'histoire des hommes), continuent de la défendre. Sur le plan intellectuel, elle tient compte de ce que chacun peut en dire qui ne se pose pas comme une simple affirmation gratuite. Elle renvoit à chacun et à l' expérience de chacun . C'est ce qui me semble être son essence. Pourtant elle peut être aussi partagée. Notion partagée, transmise historiquement, pour la raison que chacun a réussi à partager son expérience et à en tirer un sens commun qui fasse accord.

Légiférer, c'est aussi donner un sens commun. Et peut on selon vous donner un sens commun sur de l'indicible personnel qui renvoit chacun à sa propre expérience de la mort ?

Peut être, je n'ai pas de réponse toute faîte à cette question.

Pour essayer de vous éclairer(je risque d'être confuse), la liberté est une notion qui ne m'appartient pas seulement, pour ce que pourraient aussi en dire les autres . Si je devais parler de la mienne dans le cas de l'euthanasie, car c'est le sujet de Pikipoki, je ne voudrais pas que la société des hommes m'impose de donner à la notion de "choisir sa mort" ou "mettre fin à sa vie", une place qui enlève les autres possibles , et notament le doute, comme vous l'avez bien résumé dans mes écrits.
La liberté dont vous parlez, celle qui s'assume si difficilement, c'est celle que je connais dans les actes de la vie, celle qui s'expose, celle qui s'oppose parfois, celle qui définit chacun à travers ses choix. Assumer veut dire accord de celui qui fait un choix, devant les conséquences que cela engendre pour lui et les autres. Et oui, je peux admettre que penser sa propre mort est la conséquence d'un choix qu'il faut assumer le temps qu'il reste à vivre.
Pourtant, ce choix et sa manière de s'inscrire dans la réalité me semble propice au doute, parce que rien ne me semble définitif par avance.
J'ai lu il y a longtemps de cela "le papillon et le scaphandrier" rédigé par la main d'une personne qui décryptait les battements de cil d'un ancien journaliste accidenté de la route(moto) dont le seul moyen pour communiquer était le clignement de sa paupière. (Lettres de l'alphabet et clignement de paupière) Je ne sais si vous l'avez lu et hélas je ne me rappelle pas du nom de l'auteur.
Et bien , dans sa situation, il a pu vivre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Je mets cette situation simplement sur le compte de son histoire , de sa personnalité et de son entourage. Il est parti sans que l'on sache si c'était de son choix ou parce que ses conditions de vie ne le permettaient plus.
Et ce doute me semble essentiel. Parce qu'à ne pas être définie , une situation ne perd pas de son sens à être. Mais à l'être trop, permet elle d'autres possibles? C'est là que se situe principalement ma question . Il y a d'un côté l'inéluctable de ma mort, de la votre, et il y a la liberté des situations que je vous oppose à la liberté de choix, retranscrite dans une loi, qui élude selon moi, bien d'autres questions qu'il ne faut pas enlever à notre humanité.
Car selon vous que serait le contenu d'une telle loi?

Il faudrait regarder les lois des autres pays qui le permettent et intéroger alors les questions auxquelles elles renvoient ou bien celles qu'elles éludent.

Écrit par : DG | 19/01/2006

Voilà, je vous recopie aussi assez froidement les premiers termes , lesquels renvoient au concept d'euthanasie, formulé pour la réalité de ce nouveau droit en Belgique.


*****************************
Euthanasie : déclaration anticipée

Toute personne capable, majeure ou mineure émancipée, peut à tout moment, pour le cas où elle ne pourrait plus manifester sa volonté, consigner par écrit dans une déclaration, sa volonté qu’un médecin pratique une euthanasie s’il est constaté que la personne :

*
est atteinte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable ;
*
qu’elle est inconsciente ;
*
et que cette situation est irréversible selon l’état de la science.

La déclaration peut désigner une ou plusieurs personnes de confiance majeures, classées par ordre de préférence, qui mettent le médecin traitant au courant de la volonté du patient.



La déclaration peut être faite à tout moment. Elle doit être constatée par écrit, dressée en présence de deux témoins majeurs, dont l’un au moins n’aura pas d’intérêt matériel au décès du déclarant.



Si la personne qui souhaite faire une déclaration anticipée est physiquement dans l’impossibilité permanente de la rédiger et de la signer, sa déclaration peut être actée par écrit par une personne majeure de son choix qui ne peut avoir aucun intérêt matériel au décès du déclarant.



Une attestation médicale certifiant cette impossibilité physique permanente est jointe à la déclaration.



La déclaration est valable 5 ans et elle peut être retirée ou adaptée à tout moment.

Il est conseillé d’en conserver un exemplaire et d’en remettre un à chaque personne de confiance éventuellement désignée.

*******************************

Voilà ce qui me semble faire doute chez moi, cette anticipation de l'imaginaire de sa propre mort. Le délai de rétractation me semble trés signifiant de l'impossibilité de ne pas restreindre l'imaginaire singulier de chacun à penser sa propre fin, comme si cela pouvait être réellement un choix....de même que la prudence vis à vis de l'intéret matériel d'un majeur désigné pour écrire, comme si d'autres intérêts n'existaient pas... C'est là où je trouve le non sens de la loi à exister comme de la notion de choix de mourir ou liberté de mourir...

Écrit par : dg | 19/01/2006

dg
Pardon mais j'ai vraiment un mal fou à vous lire. Que de formulations compliquées pour dire parfois des choses simples!
C'est dommage parce que certaines de vos idées mériteraient plus d'attention que je n'arrive à en porter actuellement.

Écrit par : pikipoki | 19/01/2006

@ pikipoki

Pardon de squatter ainsi votre espace privé.

@ dg

Moi aussi, je ne parle qu'en mon nom.

Mais qu'entendez vous par: "Et je comprends mieux que de votre place vous ayez à la défendre pour ce qu'elle signifie." De quelle place pensez vous que je parle? Il serait amusant un jour que vous me décriviez comment vous m'imaginez. Mais alors, faites le sur mon blog ou sur mon mail :-))

Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que "légiférer c'est donner du sens commun". Faire la loi, c'est faire la norme. Et je perçois bien votre crainte que l'euthanisie, si elle est légalisée, ne s'impose plus ou moins comme norme. Mais c'est bien précisemment pourquoi je disais dans ma première intervention que dans l'absolu, je n'étais pas spécialement favorable à légiférer sur ce sujet. Que la seule justification que je vois à passer par la loi concerne non pas tant l'autorisation de pratiquer l'euthanasie que le fait d'empêcher que l'on poursuive pénalement un proche ou le corps médical pour cet acte.

En ce qui concerne la loi belge, on voit bien combien il reste difficile de définir dans quels cas la loi autorise l'euthanasie et combien la marge d'appréciation reste large (ce qui est plutôt sécurisant en l'occurence). Que met-on derrière l'adjectif "grave" pour définir la pathologie, de même l'expression "selon l’état de la science" laisse toute évolution de la norme possible...

Écrit par : Krysztoff | 19/01/2006

Pikipoki,
Je suis désolée je n'ai pas fait une grande école "intellectuelle", et j'ai donc de véritables difficultés à écrire avec simplicité. Surtout que j'ai quitté l'école voilà longtemps. Ce n'est pas mon travail de tous les jours de me servir des mots, mais de mes mains.
J'ai conscience que cela est une gêne pour les autres.
Je m'arrête donc là.

Kryzstoff,

désolée aussi de la même chose .
Pas la peine de vous écrire le "comment" je vous vois, car je me contente de vous lire, sans rien pouvoir sentir d'autre qu'une certaine position qui se déduit du choix de vos mots et de votre ton.
Et puis je n'ai pas votre adresse.

Écrit par : dg | 19/01/2006

@DG
Je voudrais vous assurer qu'en aucun cas je ne cherche à vous éloigner de ces pages. Il serait grossier de ma part de rejeter un commentateur qui cherche à apporter du fond par ses interventions.

Ma remarque visait essentiellement à vous suggérer le choix de mots plus simples, afin de rendre tout ceci plus lisible.

Si vous partez par manque d'intérêt je ne saurais vous l'interdire, maisje ne voudrais pas que cela se fasse sur un malentendu. Et je vous adresse d'ailleurs mes excuses si je vous ai froissée.

Écrit par : pikipoki | 20/01/2006

Pikipoki,

Vous n'avez pas à vous excuser de faire une remarque juste et n'en suis pas froissée. Au contraire je vous suis grée de votre franchise et continuerai bien entendu à lire vos textes qui pour certains m'intéressent davantage que d'autres. Leur existence grâce à vous, étant aussi pour me permettre de réfléchir et parce qu'ils posent des questions. Et j'aime bien cela simplement.
Je voulais m'arrêter juste par idée de ne plus gêner ou par crainte, à cause de maladresses écrites , de perpétuer la gêne. Et aussi m'en expliquer par un niveau que je reconnais ne pas avoir.

Je tentererai d'y remédier autant que je le pourrai, mais vous êtes prévenu que ce n'est pas une maîtrise naturelle ou spontanée.

Écrit par : dg | 20/01/2006

Mieux que Kant : l'utilitarisme me paraît être la philosophie morale et politique la mieux à même de répondre au défi de l'euthanasie : http://utilitariste.canalblog.com/

Écrit par : Xavier | 23/04/2006

Xavier,

Pourriez-vous aborder en quelques points clés les idées principales de la philosophie utilitariste dans ces commentaires afin de nous éclairer mieux sur ce qu'elle apporterait ? J'ai lu votre billet chez vous maisla présentation qu'il fait reste vraiment très succinte.

Écrit par : pikipoki | 27/04/2006

OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !

Au sujet de la différence entre l'euthanasie et l'aide au suicide, il faut distinguer entre les arguments juridiques, éthiques et religieux. On ne peut pas simplement affirmer sans nuance qu'il n'existe pas de différence entre les deux : dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui la retire. Il faut d'abord préciser sur quel terrain (juridique, éthique ou religieux) on tire notre argumentation. Si l'on se situe sur le terrain de l'éthique, on peut raisonnablement soutenir qu'il n'existe pas de différence. Cependant, si l'on se situe sur le terrain juridique, il existe toute une différence entre l'euthanasie (qualifié de meurtre au premier degré dont la peine minimale est l'emprisonnement à perpétuité) et l'aide au suicide (qui ne constitue pas un meurtre, ni un homicide et dont la peine maximale est de 14 ans d'emprisonnement). Dans le cas de l'aide au suicide, la cause de la mort est le suicide du patient et l'aide au suicide constitue d'une certaine manière une forme de complicité. Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972 (et en 1810 en France), cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale. Or le suicide (ou tentative de suicide) n'est plus une infraction depuis 1972. Donc il ne peut logiquement y avoir de complicité au suicide. Cette infraction de l'aide au suicide est donc un non-sens.

En revanche, l'euthanasie volontaire est présentement considérée comme un meurtre au premier degré. Le médecin tue son patient (à sa demande) par compassion afin de soulager ses douleurs et souffrances. Il y a ici une transgression à l'un des principes éthiques et juridiques des plus fondamentaux à savoir l'interdiction de tuer ou de porter atteinte à la vie d'autrui. Nos sociétés démocratiques reposent sur le principe que nul ne peut retirer la vie à autrui. Le contrat social « a pour fin la conservation des contractants » et la protection de la vie a toujours fondé le tissu social. On a d'ailleurs aboli la peine de mort en 1976 (et en 1981 en France) ! Si l'euthanasie volontaire (à la demande du patient souffrant) peut, dans certaines circonstances, se justifier éthiquement, on ne peut, par raccourcit de l'esprit, conclure que l'euthanasie doit être légalisée ou décriminalisée. La légalisation ou la décriminalisation d'un acte exige la prise en compte des conséquences sociales que cette légalisation ou cette décriminalisation peut engendrer. Les indéniables risques d'abus (surtout pour les personnes faibles et vulnérables qui ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté) et les risques d'érosion de l'ethos social par la reconnaissance de cette pratique sont des facteurs qui doivent être pris en compte. Les risques de pente glissante de l'euthanasie volontaire (à la demande du patient apte) à l'euthanasie non volontaire (sans le consentement du patient inapte) ou involontaire (sans égard ou à l'encontre du consentement du patient apte) sont bien réels comme le confirme la Commission de réforme du droit au Canada qui affirme :

« Il existe, tout d'abord, un danger réel que la procédure mise au
point pour permettre de tuer ceux qui se sentent un fardeau pour
eux-mêmes, ne soit détournée progressivement de son but premier, et ne serve aussi éventuellement à éliminer ceux qui sont un fardeau pour les autres ou pour la société. C'est là l'argument dit du doigt dans l'engrenage qui, pour être connu, n'en est pas moins réel. Il existe aussi le danger que, dans bien des cas, le consentement à l'euthanasie ne soit pas vraiment un acte parfaitement libre et volontaire »

Eric Folot

Écrit par : Eric Folot | 10/07/2010

Pour plus d’informations, je vous invite à lire mon mémoire de maîtrise en droit de la santé (Université de Sherbrooke et Université Montpellier 1) intitulé : « Étude comparative France-Québec sur les décisions de fin de vie : le droit sous le regard de l’éthique » (2010) que vous pouvez télécharger à l’adresse suivante : https://public.me.com/ericfolot/fr/

Eric Folot

Écrit par : Eric Folot | 07/12/2010

Les commentaires sont fermés.