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28/03/2006

Des trucs bizarres sur le CPE

Un vrai billet où que je change de ton sur le CPE, juste parce que.

 

Franchement, je sais pas vous, mais moi je trouve de plus en plus que de chaque côté des barbelés on dit et on fait des choses étranges, voire bizarres.

 

D’abord du côté pro-CPE, y’a deux arguments qui me gratouillent :

 

Le premier c’est celui qui dit que certes, sur le CPE y’a marqué que l’employeur n’avait pas à indiquer un motif lorsqu’il licencie, mais pourtant si, il faut qu’il en ait un sinon c’est lui qui va perdre aux prud’hommes. Quand je lis ça, c’est plus fort que moi, je me demande si on n’est pas en train de me faire un truc à l’insu de mon plein gré.

 

Mais bon, en fait c’est parfois vachement bien argumenté, surtout et . Alors quid, commodo, quando ? En fait c’est pas si compliqué que ça : l’employeur n’a pas l’obligation d’indiquer au salarié le motif de son licenciement, comme il devait le faire notamment pour le CDI, mais cela ne signifie pas qu’il puisse faire ce qu’il veut. L’employé conserve la faculté de dénoncer un licenciement abusif et il faudra alors bien que l’employeur donne une explication à sa décision.

 

Mais alors puisque l’employeur au final peut bien être contraint de justifier le licenciement, pourquoi diable avoir écrit un texte qui l’en exonère en premier chef vis-à-vis de l’employé? Ben si j’ai bien tout compris, en fait il ne s’agit que de simplifier la paperasse de la procédure de licenciement. Et en fait (à nouveau) c’est en arrivant à ce point là que le truc continue de me gratouiller. Parce que si on compte sur une réduction de paperasse pour créer des emplois, c’est pas un peu faible comme mesure ?(oui je sais, là c’est partiel, y’a pas que ça, mais bon on présente souvent ce point comme l’un des grands avantages du CPE, alors quand même).

 

Le deuxième argument qui me chiffonne, c’est celui de la flexibilité. Là, j’ai tilté notamment en lisant le chouette compte-rendu de débat publié récemment par Dimitri Houtcieff (et qui a déjà fait l'objet d'une grande campagne publicitaire), et au milieu de ce débat, c’est une remarque de Yannick L’Horty qui montrait en substance que le CPE créerait en fait une situation moins flexible qu’actuellement qui m’a fait réagir.

 

Effectivement, une des premières parades des pro-CPE aux critiques formulées par les lanceurs de pavés fut que la situation actuelle est déjà une situation de grande précarité, et la nier sous prétexte qu’elle n’est pas écrite sur le papier est ridicule (là je dis oui). En fait, si l’on regarde la situation actuelle, entre les CDD et les interims, les jeunes, si l’on en croit M.L’Horty, sont aujourd’hui soumis à une instabilité, et donc une flexibilité, très grande, plus grande même qu’aux Etats-Unis (eolas-like – murmures dans l’assemblée).

 

Ben oui mais donc, puisqu’il est démontré que le CPE est un outil susceptible de combattre la vilaine flexibilité, pourquoi nous dit-on en même temps que le CPE il est beau parce qu’il est un pas vers plus de flexibilité, chemin qu’emprunteraient joyeusement tous les pays qui ont compris comment marche l’économie mondiale ? Vous faites comme vous voulez, mais moi j’ai un sourcil interrogateur qui monte.

 

Passons maintenant du côté des pro-barricades, mais là je vais probablement pas passer en revue tous les trucs bizarres, parce que sinon ça fait trop et déjà souvent je fais des billets longs, alors bon.

 

Le premier truc que il faudrait quand même qu’on me l’explique pour que je comprenne mieux, c’est la justification des blocages d’écoles et d’universités. En quoi bloquer une fac serait-il un moyen pertinent pour protester contre un projet qui ne concerne pas l’éducation mais l’emploi ? Par quel détour de réflexion peut-on en venir à adopter des méthodes aussi absurdes et donc contre-productrives à des combats qui par ailleurs peuvent mériter la mobilisation ?

 

Je ne parle évidemment même pas des dégradations scandaleuses qui ont eut lieu dans plusieurs écoles et facs, qui je l’espère ne sont que le fait de casseurs sans lien avec les manifestants, mais déjà le principe du blocage me semble tout à fait abscons. Evidemment, je vois bien d’où son idée vient : de l’éternelle logique du rapport de force, par laquelle on s’imagine que si l’on ne montre pas les crocs on n’a aucune chance d’être écouté. Mouais, pas sûr.

 

Et puis surtout, la dérive inadmissible de ce comportement, c’est le totalitarisme qu’il finit par mettre en œuvre. Qu’est-ce que c’est que ces AG non démocratiques où le moindre contradicteur est hué ou accusé de fascisme ? Qu’est-ce que c’est que cette université dont le où un proviseur doyen-recteur-directeur-un truc en eur mais pas proviseur président-, qui avait tenté de calmer les esprits et d'éviter des dérapages en proposant que le vote se fasse dans des urnes improvisées et de façon anonyme (un peu comme de vrais votes démocratiques quoi...), a dû faire marche arrière face aux comportements menaçants des étudiants pro-blocage ? Qui sont les fascistes là ?

 

Bref, on marche un peu sur la tête dans toute cette histoire, et je crois bien que c’est parce que trop peu de choses sont claires dans l’esprit des gens qu’on en est arrivé à une telle situation. Tristes conséquences d’idées confuses...

 

P.S: j'ai corrigé après coup quelques coquilles.

Commentaires

Vous avez raison de mettre le souligner les incohérences des uns et des autres, qui plus est, avec pas mal d'humour. ça détend l'atmosphère, qui en a besoin de temps en temps.
Pour ce qui concerne les blocages et comportements d'AG, je crois bien que l'on revit cela à chaque mouvement, ou presque. cela me rappelle 1986 (mince, c'est là que je m'aperçois que je vieilli), sauf que c'est vrai qu'à l'époque, l'université était concernée. Mais bon, à mon avis, des blocages ont toujours été contreproductifs finalement.

Écrit par : somni | 28/03/2006

Bonjour Somni

J'ai une théorie fumeuse sur les blocages d'universités et les manifestations étudiantes: c'est une forme de rite initiatique par lequel ils se sentent devenir des adultes engagés, qui auront au moins une fois participé à un combat social et montré de façon spectaculaire le poid qu'ils pouvaient avoir.
Je me demande parfois si ce n'est pas un certain ennui qui crée ce besoin. Comme si les parcours scolaires n'étaient désormais plus vécu par beaucoup que de façon subie, sans enthousiasme, sans vrai projet de vie derrière. Alors on s'invente un projet, un combat à travers lequel on se sent vivant, déchaîné (au sens proposé par astérix dans l'album des goths), jeune quoi. On se sent acteur de sa vie et pas simplement consommateur de formation et de diplômes.

Bon il va falloir que je vous ajoute dans mes liens aussi.

Écrit par : pikipoki | 28/03/2006

Bonjour Pikipoki,

Devant les positions rigides de part et d’autre, les crispations et l’agressivité dont on peut faire preuve face aux contre arguments (voir à ce propos les commentaires laissés chez Maître Eolas) je pense souvent à ces phrases : «On voit donc s’exprimer ici les symptômes classiques de l’orgueil blessé : position de plus en plus difficile à soutenir par le refus de l’erreur et de l’acceptation de la limite de sa propre vision, transfert des critiques des idées sur soi-même, et on peut ajouter le ton. En effet, moins on se sent à l’aise dans sa position, plus on se sent bancal, plus on a tendance à devenir agressif, cette agressivité remplaçant l’argumentation et la force de la voix servant à enfoncer les clous plus fortement que par la seule pensée. »
En connaîtriez-vous l’auteur par hasard ?

Sinon, votre « théorie des AG » est assez proche d’une tribune de Bertrand Alliot parue dans le monde du 14 mars (« Sous le CPE, la plage ! ») et me parait tout à fait pertinente.

Écrit par : aymeric | 28/03/2006

@Aymeric
Quel merveilleux texte que celui que vous rapportez.
Quel en est l'auteur? Ma foi certainement un bien grand homme, hum voyons, deux idées me viennent en tête: High Lord Pikiwise, the Pure, ou bien The Great (prononcer Gréét) Master Poki, the First .
;o)

Écrit par : pikipoki | 28/03/2006

Bonjour Pikipoki,
"Bon il va falloir que je vous ajoute dans mes liens aussi." ne vous y sentez surtout pas obligé :-)
Sinon, votre théorie du mouvement étudiant comme ryte initiatique, je la trouve pas idiote du tout.
"On se sent acteur de sa vie et pas simplement consommateur de formation et de diplômes. " Possible que cela naisse d'un décalage entre l'autonomie intellectuelle, censée être développée par le développement des études, et le manque d'autonomie économique et sociale des étudiants.
Diable, un goupe social avantgardiste qui n'a pas de position dans le processus de production !

Écrit par : somni | 28/03/2006

Piki, je te taquine un peu: "cette université où un proviseur" était manifestement égaré, cela devait être un président, un doyen, peut-être un recteur, mais certainement pas un proviseur :-)

Écrit par : GroM | 28/03/2006

@Somni
Oh je ne me sens pas obligé, mais cela fait quelques temps que j'apprécie vos commentaires sur les différents blogs que je lis (et que je tente de comprendre...)

@Grom
Ah oui tiens, je devais inconsciemment attribuer un age mental un peu bas à ces jeunes ... ;o) je corrige (je sais pas trop ce que je vais mettre remarque, je ne suis plus sûr de l'intitulé exact de son poste)

Écrit par : pikipoki | 28/03/2006

Il s'agissait du de Marc Gontard, président de l'université Rennes-II, qui, le 13 mars, a du annulé le vote qu'il avait programmé.
Annaïg Piederrière, responsable du syndicat UNEF à Rennes avait alors déclaré : "Les grévistes ont réaffirmé le caractère souverain de l'assemblée générale et leur volonté de reconduire les modalités du vote à main levée sauf si aucune majorité claire n'était dégagée".

Écrit par : aymeric | 28/03/2006

@Aymeric
Merci pour ces précisions. Mais c'est malin il va encore falloir que je corrige ! (ça va finir par faire désordre...)

Écrit par : pikipoki | 28/03/2006

au moins l'humour fait du bien. Pour le blème côté pro CPE je crois avoir compris que c'était une des raisons de l'opposition de l'UDF enfin de Bayrou : manque en fait de sécurité pour l'entreprise. Pour les blocages c'est en effet stupide. Il y a quand même un lien : l'enseignement supérieur est dans un état qui ne favorise pas l'embauche des gosses qui en sortent avec un papelard

Écrit par : brigetoun | 28/03/2006

Il y a un autre "truc bizarre" dans le débat actuel (enfin pas si bizarre que ça mais un peu quand même):
Les mêmes personnes qui affirment que 'la rue ne gouverne pas' que 'les députés sont élus pour faire la loi' et qu'ils ont donc la 'légitimité nécessaire' pour le faire même contre la rue (et contre les français si on en crois les sondages), ont du mal a accepter que les étudiants et salariés aussi ont des représentants élus qui ont donc la même légitimité à parler en leurs noms et ce sans forcément refaire des élections à chaque décision.
Imposer aux élus syndicaux de revenir aux urnes à chaque décision importante revient dans un certain sens à demander aux députés un référendum chaque fois qu'une de leur décision semble impopulaire.
Il est certain que la faiblesse des syndicats est pour beaucoup dans ce constat, mais les syndicats resteront faibles tant qu'on ne leur reconnaitra pas la légitimité qu'ils ont à parler au nom de ceux qui les élisent.

Écrit par : JaK | 29/03/2006

Le lâche, le saboteur et le traître

Le CPE nous dévoile une certaine vérité sur des hommes et femmes politiques, des bandes organisés pour détruire la France et non pour la diriger.

Parmi eux il y a ceux et celles qui veulent s’inspirer du programme de Tony Blair, sans dire aux Français que ce n’est qu’un bouquet de CPEs sans protections qu’on y trouve ; ils sont des simples saboteurs d’un petit pas dans la direction qu’ils considèrent bonne. Il y a aussi ceux à droite qui n’ont cessé d’appeler à faire bouger les choses dans le sens du CPE, mais qui le lâchent lâchement. Et il y a enfin celui qui loue le libéralisme et qui veut faire la guerre au CDI mais qui fuit lâchement la première petite bataille (celle du CPE) en face des étudiants et lycéens, et combat même son propre camp pour ne pas dire le trahit!

Je vous laisse déterminer qui est le ou la lâche, le saboteur et le traître, même qu’un certain cumule les trois rôles.

Tous utilisent la même arme : les médias qui sont étrangement leurs complices. Des médias tenus par des groupes d’intérêts mystérieux dont la mission serait :
- empêcher tout gouvernement d’expliquer sa politique…et saboter les projets qui aident à renforcer la France
- diviser les français entre eux et avec l’Europe et le reste du monde
- assassiner à leur manière les hommes politiques et hommes d’affaires patriotes, de gauche comme de droite, pour laisser le champ libre aux ennemis d’une France unie et forte.

Il est regrettable qu’il n’y ait pas assez d’hommes ou femmes politiques qui seraient prêts à risquer un de leurS posteS (qu’ils cumulent!) en disant la vérité qui pourrait donner à des dizaines de milliers de jeunes un accès à un vrai emploi et un bon départ dans la vie.

Raymond Hiresh
Paris, France

Notes :
1) Face à l’efficacité du CDI et de la stabilité/rigidité des emplois qu’il crée il n’y a que le CPE qui peut faciliter l’entrée des jeunes dans des vraies emplois. C’est comme si dans un jeu de chaises musicales certains pouvaient rester assis pendant que d’autres doivent tourner autour d’une ou deux chaises. Oui on peut refuser et rejeter le CPE, mais dans ce cas il faut être cohérent et refuser et rejeter le libéralisme …et ceux des hommes et femmes politiques qui le défendent, de gauche comme de droite!

2) Le vrai problème n’est pas la précarité, mais l’absence de solidarité et de patriotisme. N’attendez pas de ceux qui vous vendent le libéralisme de promouvoir une France unie et forte, car ils préfèrent la diviser pour mieux la vendre et partir en laissant des caisses vides. Pendant ce temps ils vont nous occuper avec le terrorisme ou communautarisme et en promenant les jeunes et moins jeunes dans les rues.

Écrit par : Raymond | 29/03/2006

@Jack
Franchement je ne comprends pas bien votre commentaire: quelqu'un à imposé aux syndicaux de revenir aux urnes avant de défiler? Et depuis quand la légitimité d'un syndicat est la même que celle d'un gouvernement pour exprimer les attentes d'un pays? Ca n'a rien à voir enfin !

Je vous rejoins sur le fait qu'il y a bien un problème de représentation syndicale, mais le problème n'est pas que les syndicats soient faibles, mais plutôt qu'ils sont peu représentatifs ce qui biaise donc les débats.

Ne prenez pas trop mal cette réponse un peu brut de décofrage, je crois que sur certains points nous devons nous rejoindre.

@Raymond
Allez lire mon billet sur les conséquences d'avoir un esprit embué et arrêtez de sortir des bêtises à la pelle comme vous le faites. "bandes organisées"... et puis quoi encore ...

Écrit par : pikipoki | 29/03/2006

J'ai quand même l'impression qu'il y a un antagonisme entre le libéralisme et le patriotisme (économique tout au moins) même si je comprends bien qu'on peu aménager l'un et l'autre pour inventer un libéralisme assez mou pour pouvoir concerver le patriotisme.
Blair n'a jamais mis en place le CPE (il a même fait passer de 2 à un an la période d'essai en Angleterre).
1) Face à l’efficacité du CDI et de la stabilité/rigidité des emplois qu’il crée il n’y a que le CPE qui peut faciliter l’entrée des jeunes dans des vraies emplois
Imaginer qu'il n'y a QU'UNE mesure face à un problème donné me semble un raccourci très très simpliste. Si chaque problème n'a qu'une seule réponse possible, il faut arrêter d'organiser des élections; mettons un prix nobel quelconque aux commande et tout ira bien.

Écrit par : JaK | 29/03/2006

Ce que je voulais dire, c'est que j'ai beaucoup entendu (et lu) des réflexions sur les 'poignées d'étudiants' qui décidaient contre la majorité de leur corelégionnaires. Et je trouve que regréter que les représentants élus puissent représenter leurs électeurs a quelque chose de troublant.

Écrit par : JaK | 29/03/2006

Du podcast sympa et drôle sur le CPE, les manifs, les merguez, ceux qui cassent...

http://larsen.blog.lemonde.fr/

Au fait, sympa votre blog.

LP

Écrit par : grand Fou | 30/03/2006

BON ANNIVERSAIRE PIKIPOKI

Écrit par : langui | 30/03/2006

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