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06/04/2006

Les effets de la prière sont impénétrables

Ce soir en ouvrant Le Monde, j'ai voulu lire l'article sur les 15 blogs censés être les plus influents dans la blogosphère française, ou en tout cas parmis les plus lus. Je l'ai parcouru un peu amusé et intrigué de découvrir dans ce grand quotidien un papier qui tente d'analyser le poids que peuvent prendre certains blogs dans les débats actuels. Il y a quelques coquilles dedans (Eolas aurait commencé son blog seulement en avril 2005?) mais bon, c'est sympa.

 

On y voit des noms attendus, d'autres moins, et puis le papier cherche à définir un peu ce qui fait qu'un blog est considéré comme influent, en récusant la simplicité du nombre de pages lues (ouf j'ai encore une chance alors), et en s'attachant un peu à la qualité et à l'expertise tant du blogueur (mince...) que de ses lecteurs (aaaah :o) ). Mais bon, en fait, je dois vous avouer, que cet article m'a moins intéressé qu'un autre que j'ai trouvé plus insolite !

 

En effet, celui qui retint le plus mon attention, c'est celui-ci, intitulé: "la prière serait dangereuse pour la santé". Il rapporte une expérience assez cocasse effectuée par seize praticiens dirigés eux-mêmes par deux docteurs, pour évaluer le bénéfice que la prière aurait sur des personnes malades devant subir un pontage coronarien. ll s'agit donc de contrôler expérimentalement si le fait de faire une prière pour une personne mal en point contribue au rétablissement de celle-ci.

 

Ainsi, trois groupes de malades ont été formés, deux qui ne savaient pas si l'on priait ou non pour eux, et le troisième auquel on avait révélé qu'en sus des soins médicaux, il profiterait d'une mobilisation spécifique auprès du divin. Parmi les deux premiers, l'un bénéficierait toutefois de prières, mais donc, celles-ci seraient faites à l'insu des patients qui le constituaient. Comme on pouvait s'y attendre, les résultats des interventions effectuées sur les deux premiers groupes furent très similaires, d'où il ressortait que la prière n'avait pas d'impact particulier sur le déroulement des choses.

 

Mais, chose intrigante, il s'avéra que dans le troisième groupe, le taux de complication post-opératoire fut supérieur aux autres, s'élevant à 59% des cas, et que la fréquence des nouveaux infarctus y était aussi plus élevée.

 

Les auteurs de l'étude avancèrent comme explication que cela provenait probablement du fait que les personnes composant le troisième groupe, ayant été averties que des prières seraient dites pour elles, auraient pu s'en trouver plus stressées en songeant que si des prières étaient dites, c'est que leur état devait être très sérieux. (Où serait-ce que, songeant à l'intervention divine, ces patients se sont vus devoir rendre compte de leurs fautes devant le tribunal du Très Haut ?)

 

Mais, et là je redeviens sérieux quelques instants, la prière peut également avoir un effet bénéfique sur les personnes, non pas sur celles pour lesquelles on la dit, mais sur celles qui la disent. Elle serait en effet un moyen plutôt efficace pour éloigner les stresseurs en agissant un peu de la même façon que la méditation. Une étude menée en 2000, notamment par l'épidémiologiste David Larson, est ainsi arrivé à la conclusion étonnante que le fait d'avoir la foi et de pratiquer sa religion augmenterait de 29% l'espérance de vie !

 

L'explication de ce phénomène est en fait assez facile à comprendre. La religion, ou plutôt la foi, si celle-ci est véritablement enracinée chez l'individu (c'est bien l'enracinement de la foi qui constitue le fondement de la religion), est une croyance qui éloigne certaines difficultés, ou tout du moins qui les allège en faisant peser une partie de leur poids sur des épaules divines. Cela contribue donc tout naturellement à un allégement du stress.

 

Je me souviens, il y a maintenant plusieurs années, j'avais été surpris par un ami alors assez proche, qui étant très croyant, m'avait révélé qu'avant de décider de "sortir" avec celle qui allait plus tard devenir sa femme, il avait ressenti le besoin d'aller prier dans une église, pour demander conseil à Dieu. Sur le moment j'avais trouvé sa démarche surprenante, pour ne pas dire complètement absurde, et je m'étais dit que si son amour était si peu solide qu'il avait besoin de s'en remettre au Seigneur, c'était un bien mauvais signe pour l'avenir de leur couple.

 

Mais désormais je comprends les choses autrement. Je crois que d'une certaine manière, il a agit de cette façon pour s'enlever le stress qu'il ressentait avant de prendre une décision qui lui paraissait importante. Sans doute était-ce là quelque chose dont il n'avait pas bien conscience, et il a d'ailleurs préféré expliquer ça par la profondeur de sa foi, mais je suis maintenant presque convaincu qu'il s'agissait avant tout pour lui de se libérer d'un poids important, afin d'être d'en de meilleures dispositions au moment d'annoncer sa décision.

 

Je ne suis toujours pas croyant, mais aujourd'hui je me dis qu'après tout, pourquoi pas? Cela enlève-t-il quelque chose à la sincérité de sa foi? à l'amour qu'il portait à cette fille? Au contraire, il est évident que si ses sentiments n'avaient pas été sincères il n'aurait pas ressenti de stress et il n'aurait pas eu besoin de faire cette démarche. Donc après tout, la prière ne faisant de mal à personne, si elle procure des bienfaits à ceux qui la font, il n'y a là nulle raison de les en blâmer.

 

Bon, j'hésite un peu quant à la catégorie de ce billet: gestion du stress ou c'est pour de rire ? Hum, c'est pour de rire quand même, parce que se reposer trop sur la prière pour gérer son stress, ce serait moyen.

Commentaires

Est ce que l'on peut juger du bienfait des convictions religieuses en fonction de l'utilité qu'elles sont censées représenter pour l'individu ? Je ne pense pas qu'un croyant puisse adhérer à ce type de postulat utilitariste. car cela voudrait dire que les croyants soit sont des couards qui veulent se protéger contre les angoisses de la vie, soit des aveugles qui préfèrent fumer de l'opium. Or, je ne pense pas qu'il y ait plus de pleutres et d'opiomanes chez les croyants.

Écrit par : somni | 07/04/2006

Somni

Je vous suis tout à fait, et je n'ai jamais été adepte du pari de Pascal. En fait ma remarque sur les "bienfaits" de la foi religieuse sur le stress reste vraiment uniquement au stade de la constatation. Mais en aucun cas je ne conseillerais à quelqu'un de se convertir sous prétexte que cela lui serait bénéfique d'un point de vue pratique: ce serait un déni de foi à mon avis tout à fait absurde.

Écrit par : pikipoki | 07/04/2006

On peut tout de même imaginer une sorte de voie moyenne. Quelque chose comme "se faire confiance à soi-même" ou de "faire confiance à son humanité". En effet, croyants (la grande majorité du moins) comme non-croyants le disent : ce n'est pas un raisonnement logique qui conduit à la foi, c'est une expérience humaine.

Ce qu'on lit dans les Actes des Apôtres : "voyez comme ils s'aiment !" (ils : les chrétiens).

Bien sûr, l'expérience humaine conduira à ne pas adhérer, ceux qui auront expérimenté les chrétiens comme oppressants, hypocrites, que sais-je.

Ce raisonnement réduirait "la foi" que l'on partage ou non, à celle que partagent des gens qui vous environnent ; ce que rejetteraient sans doute croyants comme non-croyants.

Du moins rappelle-t-il que la religion est généralement collective, sociale, relationnelle.

Écrit par : FrédéricLN | 10/04/2006

Pas sûr de bien comprendre votre contribution Frédéric.
Une voie moyenne entre quoi et quoi ?

Écrit par : pikipoki | 10/04/2006

Les commentaires sont fermés.