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08/09/2006

One Big Crunch? One Big Rush !

medium_Big_Crunch.pngLa théorie du Big Bang est complétée par certains scientifiques par une théorie inverse, qui voudrait qu’après avoir atteint la limite de sa capacité d’expansion, l’univers se mette à opérer le mouvement inverse en se contractant sur lui-même progressivement, jusqu’à revenir au néant initial d’où il a émergé. On appelle cela la théorie du Big Crunch. Le Big Crunch en gros, c’est donc la mort du Big Bang, la fin des haricots, la Grosse Katastrophe.

 

Or il semble aujourd’hui que cette théorie du Big Crunch affecte jusqu’aux sphères les plus personnelles de nos dérisoires activités humaines. Car voyez-vous, le Big Crunch, y’a des blogs qui en causent. En effet depuis quelques jours déjà, on découvre dans la blogosphère un débat étonnant au sujet des blogueurs qui ont été invités à l’université d’été de l’UMP. Plusieurs billets critiques ont été écrit au sujet du contenu produit par ces blogueurs lors de l’évènement, mais c’est uniquement de celui de Daniel Schneiderman dont je souhaiterais parler ici (d'autres l'ont déjà fait de façon très critique), parce qu’il me semble montrer une conception du Big Bang qui n’est pas celle généralement admise dans les milieux scientifiques bloguiens.

 

Daniel Schneiderman écrit dans son billet que le résultat du travail des blogueurs lors de cette université est de nature à remettre en cause le Big Bang qu’il attendait visiblement de la montée en puissance des blogs dans le débat public. Je suis un peu d’accord avec lui sur la qualité de ce qui a été écrit, même si quelques bons billets sortent du lot, mais malgré tout je reste surpris par sa réaction. L’idée qu’il montre de la révolution que les blogs devraient selon lui apporter m’étonne surtout par deux aspects.

 

Le premier, c’est que je ne comprends pas la critique que Daniel Schneiderman fait du contenu des billets postés par les blogueurs invités lors de cette université d’été. Qu’on espère un minimum de fond et pas seulement des impressions touristiques, je veux bien. Mais qu’on exige que les blogueurs révolutionnent à eux seuls l’art de l’interview et de la critique politique, voilà qui me paraît bien extraordinaire, surtout pour un journaliste professionnel.

 

Car quoi, quelle cohérence y a-t-il à réclamer que les blogueurs produisent un meilleur contenu que les journalistes ? Pourquoi serait-ce à eux, non professionnels et reconnus comme tels (souvent, ils ne s’en cachent pas), de venir bouleverser le monde des médias traditionnels et de lui fixer ses nouvelles règles ? Daniel Schneiderman semble attendre ici des blogueurs qu’ils changent eux-mêmes ce qui ne dépend pourtant que des seuls journalistes. Pas étonnant qu’à l’arrivée il soit déçu.

 

Qu’on me comprenne bien, je ne veux pas dire ici qu’il est déraisonnable d’attendre un contenu de qualité de la part des blogueurs. Mais simplement que si révolution du journalisme il doit y avoir, les premiers à devoir y mettre la main à la pâte, ce sont les journalistes eux-mêmes. Qu’ils attendent que le signal leur soit envoyé par des gens extérieurs à leur métier me semble parfaitement irresponsable. Il y a d’ailleurs quelque chose d’étrange à espérer que les blogs apportent forcément un contenu plus riche que les médias traditionnels. Certes il existe des blogueurs dont les compétences dépassent celles du vulgum blogum moyen. Mais, comme dans les médias traditionnels, à part quelques notables exceptions, ceux-là ne sont pas toujours les plus lus. Dans les journaux aussi il existe des spécialistes pointus dans tel ou tel domaine. Mais ce ne sont pas leurs articles qui font le plus parler d’eux. C’est pareil sur les blogs. L’outil ne fait pas le moine, et il est étrange d’avoir espérer qu’il le fasse.

 

Mon deuxième étonnement, c’est que justement, je n’ai pas du tout la même conception du changement que peuvent apporter les blogs dans le débat, du « Big Bang » qu’ils peuvent créer. Ma vision se rapproche beaucoup (enfin je crois) de celle que j’ai entendu ou lu chez versac. Les blogs qui participent au débat public présentent, avant toute autre chose, l’intérêt de modifier le rapport qu’entretiennent les gens avec l’information et l’actualité. Ils sont un outil nouveau qui permet de réagir, d’échanger, d’enrichir plus avant les informations brutes que diffusent les grands médias, en profitant de la construction en réseau qu’ils favorisent. Bref de devenir un peu plus acteur ou participant de ce qui se passe, et éventuellement force de proposition, et de ne plus subir autant qu’avant les nouvelles qui tombent.

 

Cette modification a ou peut avoir (les choses vont lentement dans ce domaine) des conséquences plus profondes encore. Les gens qui discutent sur les blogs de la chose publique relaient leurs informations et leurs échanges hors du cadre d’Internet. Même ceux qui ne font que commenter en parlent autour d’eux, se montrent plus intéressés, justement parce qu’ils se sentent « faire partie » de ce qui se passe. C’est cette expansion là de l’échange public qui constitue à mon sens le véritable apport des blogs aujourd’hui. On la voit d’ailleurs dans la création de certains collectifs, et il y a de bonnes chances que d’autres se créent dans les mois qui viennent.

 

medium_One_big_rush.jpgAlors bien sûr, au milieu de cette expansion on trouvera quelques pépites qui apporteront un contenu beaucoup plus riche que les autres, mais comme c’est la règle pour toutes les pépites, elles seront rares. Et ce n’est donc pas vraiment d’elles qu’il faut attendre la révolution. Il en va ici de même pour les blogueurs que pour les journalistes professionnels. D’ailleurs il me semble erroné d’attendre une quelconque forme de Big Bang en la matière. L’évolution qui peut résulter de la montée en puissance des blogs ne peut qu’être progressive, assez lente, notamment du fait que celle-ci reste encore très peu organisée, et qu’elle n’est que le résultat du travail irrégulier et bénévole de ceux qui tiennent un blog. Schneiderman se précipite donc un peu dans ses attentes vis-à-vis des blogs, il est un peu dans une logique de Big Rush, qui n’avait à mon avis dés le départ aucune chance d’avoir lieu. Peut-être constaterons-nous un jour qu’ils auront eu un apport décisif dans le débat public. Mais pour que cela soit une influence pérenne, il faudra encore à mon avis attendre quelques temps.

 

Yumi, pour une fois que je participe à une polémique (même si ok, j’arrive un peu en retard), je trouve ça rigolo !

Commentaires

Les dernières mesures de certaines constantes cosmologiques montreraient que le Big Crunch n'aura pas lieu, pour êtr remplacé par un Big Chill (expansion infini, dilution, froid). Wait and See, comme on dit.

Écrit par : Matthieu | 08/09/2006

Si c'est ça, je préférerais autant pour les blogs un gros crunch qu'un grand chill.

Écrit par : FrédéricLN | 18/10/2006

Les commentaires sont fermés.