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20/11/2006

Brève légende des comportements

Je l’avais promis il y a longtemps, il est temps de vous le proposer. Petit lexique de biologie comportementale, afin de mieux appréhender les questions que l’on a déjà abordé, et que nous continuerons d’aborder dans de prochains billets, au sujet de Laborit. Ce lexique se veut assez concis, tout en fournissant les grands traits qu’il faut comprendre clairement pour poursuivre cette étude.

Niveau d’organisation : la biologie se construit par niveaux d’organisation. La matière vivante se construit d’abord à partir des briques élémentaires que sont les quarks, puis les électrons, neutrons, protons, puis les atomes. On trouve ensuite les molécules, qui assemblées d’une certaine façon produisent telle ou telle cellule. Ces cellules organisées entre elles vont constituer différents organes, qui à leur tour vont constituer un corps, une chose vivante, végétale, animale ou humaine.

A chaque niveau d’organisation, les éléments qui agissent travaillent à la fois pour leur propre conservation et pour celle de l’ensemble plus grand dans lequel ils sont intégrés. En bref, chaque élément participe par son activité à la conservation de la structure dans laquelle il est intégré. Par exemple, la cellule met en œuvre un certain nombre de mécanismes, notamment pour maintenir la polarité de sa membrane, garante de sa survie, et elle concoure ainsi simultanément à la conservation stable de l’ensemble dans lequel elle est englobée : l’organe. Ce mécanisme est un mécanisme dicté par la nature biologique des choses.

Au niveau humain, il n’est pas déraisonnable de considérer, et c’est en particulier vrai dans les sociétés modernes dites civilisées, que les hommes sont tous des constituants d’un niveau d’organisation supérieur : la société qu’ils ont créée. Ainsi, leur activité est orientée vers leur propre conservation (sur tous les plans), ainsi que vers la conservation de la société. Déjà de nombreuses questions sont soulevées sur ce dernier point : quel est le degré de conscience de l’homme de sa participation à un niveau d’organisation supérieur ? En conséquence quel attention peut-on espérer qu’il y porte et dans quelle mesure va-t-il savoir réguler son activité pour effectivement répondre à cette nécessité de maintenir la structure dans laquelle il est intégré (c’est le problème de l’écologie, c’est-à-dire de la gestion des moyens, naturels ou fabriqués, qui nous sont donnés pour répondre à nos besoins) ? Quelle est la véritable dimension de cette structure supérieure ? Est-ce le quartier dans lequel on habite ? Est-ce la région ? Est-ce le pays ? Est-ce le monde ? Quels moyens l’homme peut-il mettre en œuvre pour participer à la conservation de cet ensemble ? Doit-il être conformiste ? Révolté ? Je m’arrête là.

Système régulé : un effecteur à pour fonction de produire un certain effet, c’est-à-dire de faire atteindre une certaine valeur à l’élément sur lequel il agit. Cet effecteur est fonction de facteurs qui agissent sur lui et déterminent son activité. Dans un système régulé, un tel système comprendra en plus une rétroaction venant de l’effet produit, et qui va agir sur les facteurs de l’effecteur pour modifier leur action. Un schéma aidera à mieux comprendre tout cela.

medium_regulateur.GIF

Si la rétroaction agit en sens inverse des facteurs, on a alors un système régulé en constance. Cela signifie que l’effet de ce système va constamment varier autour d’une valeur moyenne, jamais atteinte de façon stable. Cela existe de nos jours dans nos cuisines. Lorsque le système atteint et commence à dépasser une certaine température, il s’éteint. En se refroidissant il va retomber sous la température recherchée, ce qui va réenclencher sa mise en route, et ainsi de suite. En revanche, si la rétroaction agit dans le même sens que celui des facteurs, on a alors un système en tendance. Le système recherche alors une valeur maximale de l’effet.

Servomécanisme : c’est une commande extérieure qui vient influer sur l’activité d’un système régulé. Cette commande intervient au niveau de la boucle de rétroaction du système régulé pour en modifier la valeur. Au niveau physiologique, c’est la commande qui agit sur un niveau d’organisation, et qui vient du niveau d’organisation supérieur. Au niveau humain, on pourrait considérer qu’un bon exemple de servomécanisme est celui des lois. Celles-ci en effet, viennent agir sur la régulation que l’individu apporte lui-même à son comportement social, de façon extérieure à lui-même (il y aurait en fait beaucoup à dire sur ce caractère extérieur, mais je suis obligé de caricaturer pour rester clair). Il en va de même de l’état de la nature qui nous entoure, lorsque celui-ci finit par contraindre notre comportement, par une forme de pression de nécessité. On comprend donc que le servomécanisme est le processus qui réalise la liaison fonctionnelle entre les différents niveaux d’organisation biologiques.

medium_servomecanisme.GIF

Note : les premières pages de L’homme et la ville abordent de façon précise et claire le sujet des systèmes régulés et des servomécanismes.

Empreinte : dans les premières années de sa vie, un enfant, de même d’ailleurs que tout autre être vivant muni d’un cerveau, doit construire en premier lieu une chose : lui-même. Pour cela, il va engrammer dans son cerveau toutes les informations qu’il recevra, pour constituer ainsi une première mémoire, qui influencera par la suite ses comportements. On appelle cette mémoire, l’empreinte. Son rôle est très important car sa marque est indélébile. Elle ne s’efface pas. C’est la raison pour laquelle les premières années sont décisives dans la construction individuelle des hommes. J’ai déjà développé quelques notions sur ce sujet.

Notre cerveau est composé de trois structures principales

Cerveau reptilien : c’est le système nerveux primitif, qui existe également chez les animaux dont le cerveau est le moins développé, comme par exemple les reptiles. Ce système nerveux a pour fonction de répondre aux stimuli transmis par l’organisme, aux informations internes de celui-ci donc, en rapport avec son environnement. Si par exemple notre dernier repas date de quelques heures, l’organisme va produire les signaux internes d’un déséquilibre naissant. Le cerveau reptilien va répondre à ces signaux en déclenchant un comportement de recherche de nourriture. Lorsque la faim sera assouvie, on verra alors le retour d’un comportement de satiété. Le cerveau reptilien est donc celui qui commande les comportements de réponse à la faim, la soif, le sommeil, ainsi que le rut. Son objectif est donc de maintenir la structure de l’organisme en répondant aux vitaux de celui-ci. Notons pour terminer que la mémoire de ce système nerveux est une mémoire à court terme, qui n’excède pas quelques heures (et non, le souvenir du plaisir que vous avez pris la semaine dernière en buvant votre vin ne relève pas du cerveau reptilien, mais du système limbique : le cerveau reptilien n’engramme que les instincts qui vous permettent de répondre à vos besoins fondamentaux, pas les émotions que vous ressentez lorsque ceux-ci sont satisfaits).

Système limbique : c’est le cerveau des mammifères (on l’appelle d’ailleurs aussi cerveau mammalien), celui de la mémoire à long terme et de l’affectivité. Le système limbique, en effet, est celui qui enregistre les informations qui arrivent à notre organisme lorsqu’il vit une expérience (en fait, nous somme constamment en train d’en vivre). Il agit notamment en mémorisant le caractère agréable ou désagréable des expériences que nous vivons, ce qui va par la suite permettre, parce que nous les avons mémorisés, de répéter les expériences agréables (ou gratifiantes), et d’éviter les expériences désagréables, ces deux comportements ayant pour but, eux aussi, de contribuer au maintien de l’équilibre biologique et de la structure de l’organisme. Pour n’en donner qu’un petit exemple, c’est parce qu’il est doté de ce système limbique que le chien de Pavlov peut saliver lorsqu’on fait sonner la cloche qui a annoncé tant de fois auparavant la venue de son repas.

Cortex (ou néocortex) : c’est le cerveau associatif. Le cerveau de l’imagination, qui est capable de créer des combinaisons neuves à partir des briques d’informations fournies par le système limbique. C’est essentiellement ce cerveau qui différencie l’homme du règne animal. Son activité recouvre entre autre l’utilisation du langage. On a déjà vu sur ce blog, qu’un des pièges du langage est que son utilisation se fait sans qu’on n’ait plus la conscience de l’activité des deux premiers cerveaux évoqués ici, le cerveau reptilien et le système limbique. Inconscient de la part primitive de sa biologie et de l’influence de ses émotions sur son comportement, l’homme se comporte désormais comme si toute son activité n’était dirigée que par son cerveau le plus noble, son cortex. Malheureusement l’utilisation de ce cortex reste minoritaire chez l’homme, bien qu’il faudrait souhaiter qu’il en soi autrement.

Les trois réponses comportementales à une agression. Petit préambule rapide sur ce point. On entend ici par agression tout événement extérieur menaçant la structure de l’individu et agissant vers sa destruction. Dans cette perspective, la faim, par exemple, est une agression, puisqu’elle génère un déséquilibre intérieur qui, s’il n’est pas résolu, peut mener à terme à la mort.

L’action : c’est le premier mode de réponse à une agression, et le plus efficace s’il aboutit au résultat qu’il s’est fixé. L’action vise à supprimer la source de l’agression, afin d’annihiler son action nocive sur notre organisme. Dans l’exemple de la faim, c’est le fait de préparer à manger ou d’aller au restaurant. Dans le cas d’une agression physique, ce peut être le fait de répliquer et de tenter ainsi d’annihiler le potentiel d’attaque de l’agresseur (soit en lui mettant la pâtée, soit en le mettant en fuite, voire en lui opposant une réaction de transfert de référentiel).

La fuite : la fuite est sans doute le mode de réaction qui a les formes les plus variés. On peut soit prendre ses jambes à son cou pour fuir devant Terminator, soit se comporter en évitement des problèmes survenant, un comportement extrêmement répandu notamment en milieu urbain, soit fuir dans l’onirisme, soit tomber en psychose, soit…. Notons concernant la psychose que de nombreuses études comparatives ont montré de façon tout à fait convaincante que les psychotiques ont un caractère souvent plus calme et « heureux » que les gens normaux, et en particulier que leur taux de stress est largement inférieur à celui des autres. Un dernier point, la fuite peut prendre une forme plus douce, notamment dans l’exercice de hobbys, qui permettent à l’esprit une forme d’évasion sans que celle-ci relève d’une quelconque pathologie.

L’inhibition de l’action : l’inhibition de l’action intervient lorsque ni l’action ni la fuite ne peuvent être utilisés. C’est un peu la réaction du hérisson qui se met en boule et ne bouge plus en attendant que l’orage passe. L’inhibition de l’action engendre dans le cerveau la production de certaines substances qui l’attaquent, et qui touchent également l’organisme. C’est pour cela qu’elle est des causes les plus importantes des maladies. L’inhibition de l’action par exemple, c’est ce que connais l’ouvrier coincé par un supérieur tyrannique, mais qui ne peut pas quitter son travail à cause d’un marché du travail trop dur, ni rentrer dans le lard de son bourreau, de risque d’être licencié. Des données médicales globales montrent d’ailleurs que c’est dans cette population que l’on trouve le plus grand nombre d’ulcères ou d’autres maladies dues au stress.

L'agressivité : j’en donne ici la définition donnée par Laborit, à titre d’information théorique pour compléter ce lexique, sachant toutefois qu’elle n’est pas utilisable très facilement. Laborit définit l’agressivité comme la quantité d’énergie nécessaire pour augmenter l’entropie d’une structure (notamment d’une structure vivante).

 

 

P.S: j'inscrit ce billet en lien juste après la biographie que j'avais faite de Laborit. Pour redonner un peu de structure à cette série qui en manque beaucoup.

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Commentaires

"A chaque niveau d’organisation, les éléments qui agissent travaillent à la fois pour leur propre conservation et pour celle de l’ensemble plus grand dans lequel ils sont intégrés."

C'est extrêmement curieux, comme présentation des choses. Dans une perspective darwinienne, une cellule ne travaille à sa propre conservation QUE dans la mesure où cela contribue à la "conservation" (survie + reproduction) de l'organisme auquel il appartient.

"Au niveau humain, il n’est pas déraisonnable de considérer, (...) que les hommes sont tous des constituants d’un niveau d’organisation supérieur : la société qu’ils ont créée. Ainsi, leur activité est orientée vers leur propre conservation (sur tous les plans), ainsi que vers la conservation de la société."

La phrase précédente était problématique, celle-ci l'est encore davantage. On ne peut en rien comparer la cellule d'un organisme à l'individu d'une société. L'individu n'est orienté en rien vers la conservation de la société. La psychologie dont l'a doté la sélection naturelle en a fait un animal social parce que la "socialité" a constitué un avantage adaptatif pour les individus humains (ou pré-humains).

Sur ces questions, je vous suggère modestement de relire Le gène égoïste, de Dawkins.

Écrit par : Xavier | 21/11/2006

Xavier
D'abord, merci de ce commentaire intéressant, qui me permet de préciser certains points.

Sur votre première remarque, je suis d'accord, mais votre méfiance me surprend car je n'ai pas l'impression de dire autre chose dans mon billet. Serais-je confus?

Sur votre deuxième remarque, je comprends très bien ce que vous voulez dire, et pour être honnête, j'ai été un peu embêté en écrivant ça dans ce billet, car je sais que c'est caricatural et grossier. Mais c'était la seule façon que j'ai trouvé pour ne pas tomber dans des explications interminables et rester tout de même cohérent avec le reste.
Evidemment, il est bien compliqué de se représenter en quoi l'activité d'un homme est orientée vers la conservation du groupe auquel il appartient. Au premier abord, en partant de notre observation quotidienne de la vie, on a plus l'impression que chacun va son chemin sans vraiment se préoccuper des autres, et on rejoins donc ici une vision sollipciste de la vie.

Pourtant je trouve que vous allez bien vite en décrétant que l'homme n'agit en rien pour la conservation de la société. Si tel était le cas d'abord, il est bien évident que plus aucune société n'existerait. On voit mal en effet part quelle force magique elles auraient pu rester debout si tous les individus qui la constituent n'avaient pas un peu oeuvré pour sa conservation. En fait on retrouve ici, et j'ai failli l'indiquer dés mon billet, "l'insociable sociabilité" si chère à Kant, ce mouvement dual par lequel l'homme, pourtant si prompt à faire valoir en premier lieu ses propres aspirations, n'en vient pas moins à vouloir vivre en société, pour son propre bien, et même parfois, à agir en contradiction avec ses pulsions individuelles pour un bien collectif plus grand. Cela existe.

Sur la comparaison homme/cellule, prenez le temps de découvrir la notion de niveaux d'organisation chez Laborit. Je vous concède volontiers qu'il fait le saut de la biologie à la sociologie un peu rapidement. Mais il me semble tout de même présenter une idée très intéressante pour aborder l'analyse de nos comportements. Et pour ma part, il me semble assez évident que l'homme n'est un niveau d'organisation ni autosuffisant, ni ultime. Il s'inscrit dans un cadre, un environnement, et ceux-ci agissent sur lui exactement comme le fait tout servomécanisme au niveau cellulaire.

Écrit par : pikipoki | 21/11/2006

Merci pour votre réponse. Je suis tout à fait d'accord pour dire que l'homme agit souvent EN APPARENCE pour la conservation de la société. Mais ce que je souligne, c'est que la raison pour laquelle les êtres humains possèdent une psychologie qui les fait agir de la sorte est qu'il leur a été INDIVIDUELLEMENT plus avantageux (dans l'histoire évolutive de notre espèce) de ne pas agir comme un égoïste radical. Par exemple, ceux qui refusaient systématiquement de partager leur nourriture ont disparu, parce que la chasse est aléatoire (on peut ne rien attraper certains jours) et que ce qui est attrapé ne pouvait être stocké (pas de frigidaire chez l'homme des cavernes). D'où la tendance humaine au partage sous condition de réciprocité.

Sur la comparaison homme/cellule, j'y suis vraiment très opposé, car elle obscurcit les choses. Si j'ai critiqué votre première remarque, c'est que les raisons pour lesquelles la cellule et l'homme semblent se préoccuper à la fois d'eux-mêmes et du niveau supérieur sont RADICALEMENT différentes, et ne doivent surtout pas être mises sur le même plan, dans un même schéma de "niveaux d'organisations".

Écrit par : Xavier | 21/11/2006

Décidément, de tous les blogs que je peux lire, le votre (avec celui d'eolas) est celui qui me fait découvrir et apprendre le plus de choses.
J'espère qu'avec le temps, je finirais par trouver un sujet de niche qui me soit propre pour rendre mon blog aussi intéressant.
Promis, je lirais ce blog jusqu'à sa mort virtuelle... en lui souhaitant l'éternité.

Écrit par : odanel | 21/11/2006

Xavier
Sur votre premier paragraphe, je crois que nous nous rejoignons.

Sur le deuxième, je dois dire que je ne vois pas bien pourquoi "il ne faut surtout pas" procéder à l'analogie que je propose. Ce n'est qu'une analogie, qui permet d'envisager les choses sous un certain angle, et d'aborder la question de nos comportements d'une façon qui me semble intéressante. Ce qui compte pour moi, c'est la crédibilité des observations qu'on peut en tirer. Et sincèrement, je crois que crédibles et sérieuses, elles le sont.

Odanel
Merci merci !

Écrit par : pikipoki | 22/11/2006

J'ai un peu du mal, effectivement, avec le saut qualitatif qui compare l'action chimique/biologique des gènes dans le corps, et avec l'action plus ou moins rationelle de l'humain dans la société.

Notre cerveau, notre conscience, produit de bien étranges résultats, et notre comportement individuel dans la société n'est pas, par nature, l'analogie de celui du gène dans le corps humain , c'est le "libre-arbitre". De plus, vous écrivez que l'individu se préoccupe de sa survie et de celle de sa société en même temps, je ne suis pas d'accord, il y a pas mal d'occasions ou les deux sont antithétiques (ne serait-ce que les guerres). Je comprends parfaitement les réticences de Xavier.

Mais néanmoins, je commence à comprendre ou veut en venir Laborit et Pikipoki. J'ai d'ailleurs réécrit trois fois ce commentaire. Si l'on veut parler des effets visibles des comportements des gènes dans le corps et des humains dans la société, et à la condition de garder à l'esprit que les causes et les mécanismes sont fondamentalement différents, on peut effectivement voir une analogie. C'est d'ailleurs pour cela que trop de gens mécomprennent et/ou refusent la théorie de Darwin et de Dawkins en pensant qu'il s'agit de donner une conscience rationnelle aux gènes. ou d'imaginer une conscience supérieur, un Dieu, derrière leurs actions.

Écrit par : Matthieu | 22/11/2006

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