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16/02/2007

La non directivité

Il y a quelques jours déjà, j’ai suivi une formation menée par une personne qui travaille apparemment sur différentes disciplines proches de la psychologie appliquée, dont notamment la gestion du stress. L’occasion était intéressante pour moi de lui parler un peu de mes travaux, et d’en obtenir de sa part un petit retour. Je lui ai donc indiqué l’existence de mon blog, discrètement toutefois car je ne souhaite pas que mon employeur tombe sur cet espace.

 

Je n’ai pas été déçu, car ses critiques sont vite tombées. Notamment concernant cet ancien billet, sur la question du stress abordé sur un forum Yahoo. Ce billet avait plutôt reçu un accueil positif lorsque je l’avais publié ici. J’ai donc d’abord été surpris que ce soit celui-ci qu’elle attaque, quand j’en voyais bien d’autres qui me semblaient plus douteux.

 

Son argument principal fut de me dire en gros : « pour qui vous prenez vous pour distribuer ainsi les bons et les mauvais points aux gens qui indiquent leur vision personnelle de la gestion du stress ? » Bref, le prétentieux qui se croit arrivé à la compréhension ultime du sujet, et qui se permet de juger les uns et les autres, de façon plutôt péremptoire. Pas très agréable à lire.

 

Après coup, je m’aperçois que son commentaire voit juste pour une certaine catégorie de lecteurs, dont j’ai compris, sans qu’elle me le dise ouvertement, qu’elle faisait partie : ceux qui se trouvaient compris dans l’un ou l’autre type de comportement face au stress que j’indiquais et évaluais dans mon billet. En fait, en rédigeant celui-ci, je m’adressais plutôt à vous comme si vous n’aviez pas vous-même réfléchis sur une quelconque démarche sur le stress, ni choisi quelque méthode que ce soit. Mais pour ceux qui, comme elle, avait choisit par exemple, de s’engager dans des démarches de méditations, de sport, etc. je comprends tout à fait que mon discours était excessif, culpabilisant et trop définitif pour leur apporter quoi que ce soit.

 

Car je crois beaucoup à une idée clé lorsque l’on tente d’aider des personnes dans leur démarche personnelle de gestion du stress : la non directivité. Je me suis un peu trompé en voulant dire aux uns et aux autres où ils pêchaient et où ils voyaient juste. Bien sûr, je n’en pense pas moins que certaines choses sont à faire valoir plus que d’autres : chercher à gérer ses priorités reste à mon avis plus  malin que devenir alcoolique. Mais j’ai oublié quelque chose en écrivant mon billet : il est impossible d’aider quelqu’un en prétendant lui donner la lumière. Car cela fige les positions, ça les cadenasse, ça désigne les bons et les mauvais, ça décide du blanc et du noir. Bref, ça ajoute pour ceux qui ne pourront peut-être pas tout de suite adopter les meilleures idées, le stress d’une forme de culpabilité vis-à-vis de cette incapacité. Et l’on aboutit là au résultat inverse de celui recherché. C’est quand même ballot.

 

La non directivité, donc, l’idée de laisser libre, d’alléger le poids du choix. Notre formatrice d’ailleurs, avait une façon de faire que j’ai bien aimée lorsqu’elle évoquait certains points de comportements. Elle « mettait au milieu » ses idées, puis libre à nous de les prendre pour nous, de les tester, ou de ne pas les utiliser. On met à jour une idée, on ouvre une perspective, on libère une vanne en décloisonnant des raisonnements tout faits ou trop habitués, mais sans pour autant imposer sa vision, en laissant le champ libre. Les personnes peuvent alors aller piocher ce qu’elles veulent dans ce qui a été proposé, sans avoir à rendre de compte sur leur sélection, sans être d’ailleurs obligées d’en parler. Vraiment chouette.

 

Et puis cette démarche non directive à un autre grand avantage : elle joue à plein sur l’idée que dans le fond, aider l’autre c’est le mettre dans les meilleures dispositions possibles pour que ce soit lui qui s’aide. Pour que ce soit lui qui fasse son choix et résolve ses difficultés. On évite ainsi le biais de tout comportement paternaliste, qui n’est qu’une forme subtile de domination. On ne prend pas la main sur sa vie, on ne se pose pas en position de dominant. On n’est pas un « sachant » d’où doit provenir la lumière divine. On se met au même rang que l’autre, on reste dans une relation d’égal à égal. Et ce faisant, on met l’autre dans la situation de faire ses propres choix, en adulte, tout en le positionnant dans un cadre serein.

 

Ce n’est pas forcément facile d’agir ainsi. On a souvent envie de s’exprimer de façon directive, ou en tout cas  de faire valoir de façon exclusive sa vision des choses. Mais dans ce type de domaine, ce sont les autres l’important, et pas l’importance ou la grandeur que leurs louanges pourraient nous apporter. Il vaut donc mieux établir sa démarche en envisageant ses conséquence et ses impacts pour les éventuels lecteurs, que d'imaginer l'aura qu'elle peut nous donner. Il reste à remplacer nous par me, et je serais presque parvenu à une auto-critique honnête.

Commentaires

"aider l’autre c’est le mettre dans les meilleures dispositions possibles pour que ce soit lui qui s’aide. Pour que ce soit lui qui fasse son choix et résolve ses difficultés"

Un aspect qui me semble la base de la notion d'accompagnement, mais je n'utiliserai pas "aider" car je pense que c'est le groupe (humain) qui est affecté, il a besoin de l'ensemble de ses membres pour être.

Écrit par : Bruno | 17/02/2007

Bonjour Bruno,
Un commentaire qui voit juste en quelques mots, comme je les aime. C'est vrai que la terme d'aide n'est probablement pas le meilleur. Je l'ai utilisé un peu comme un réflexe. J'aime bien celui d'accompagnement que vous utilisez.

Écrit par : pikipoki | 17/02/2007

Les commentaires sont fermés.