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29/03/2007

La légende des comportements: l'éloge de la fuite

medium_fuite.gifMobilisé que j’étais sur ma série sur le libre arbitre, j’ai un peu délaissé celle sur les travaux de Laborit, alors qu’il me reste quelques billets importants à écrire sur le sujet. Aujourd’hui, poursuivant ma synthèse sur les réponses comportementales apportées à une agression, celle-ci étant comprise dans un sens large (agressions physiques, mais également agressions corporelles telles que la faim, la soif, etc. i.e tout ce qui attaque l’équilibre de l’organisme), je vous propose d’aborder la question de la fuite.

Mais avant cela, faisons un petit rappel sur les principaux types de comportement mis en jeu dans une situation d’agression. Laborit indique qu’il en existe trois : l’agression (la contre attaque pourrait-on dire), la fuite, et l’inhibition de l’action.

L’agression, la lutte, qui est ici une agression défensive, c’est-à-dire mise en jeu en réponse à une autre, est la réponse par laquelle l’individu tente de faire disparaître la cause de l’agression qu’elle subit. D’une certaine façon, si cette réponse obtient le résultat voulu, elle est la réponse la plus efficace (à court terme au moins, car il peut exister des représailles) à l’agression subie.

L’inhibition de l’action, par laquelle l’individu empêché de lutter ou de fuir, se met en situation d’attente en tension, espérant l’arrêt de l’agression qui s’exerce contre lui. J’ai développé dans un billet précédent de cette série, toutes les conséquences qui peuvent exister à l’inhibition de l’action, et quelles interprétations sociétales peuvent être faites de ce type de réponse comportementale. Dans nos sociétés marchandes, nous n’avons pas fini de devoir faire face aux conséquences de l’inhibition de l’action à laquelle trop de gens sont contraints.

Et donc la fuite, dont Laborit a développé toute la description dans un de ses livres les plus lus : L’éloge de la fuite. La fuite est le comportement d’évitement par lequel nous l’individu va se soustraire à la cause de l’agression qu’il subit. C’est une réponse en quelque sorte « facile », car elle évite d’avoir à se mettre en jeu en choisissant plutôt de lutter, et elle a des conséquences bien moins néfastes pour la santé que l’inhibition de l’action.

La fuite toutefois n’est pas forcément aisée à bien cerner, car elle a de multiples facettes. C’est la course à pied ventre à terre devant un agresseur physique, mais c’est aussi la fuite onirique face à une réalité insupportable, ou l’exercice de simples divertissements le soir pour oublier les soucis du boulot. Tous ces comportements relèvent en gros de la même opération de fuite, d’évasion si l’on veut utiliser un terme plus métaphorique, qui revient à soustraire l’individu, corporellement ou spirituellement, à la situation qui s’oppose à la satisfaction de ses désirs et qui génère un déséquilibre.

Je voudrais donner quelques exemples simples, pour mieux cerner les enjeux de la fuite. Le premier concerne « l’onirisme » comportemental, par lequel l’individu refuse la dureté de la réalité dans laquelle il est plongé, et trouve un terrain spirituel plus positif, quitte à ce que celui-ci soit totalement imaginaire. On comprend bien sûr aisément que ce type de fuite peut renfermer un piège redoutable pour celui qui devra bien un jour ou l’autre affronter ses difficultés pour les résoudre, s’il ne veut pas se trouver un jour à un point de non retour.

Mais allumons un petit contre-feu toutefois sur ce point, pour remettre un peu en perspective cette idée. Une étude réalisée il y a quelques années par un groupe de chercheurs a montré qu’un échantillon d’individus qui refoulaient leurs problèmes présentait en réalité un équilibre organique et même un bonheur plus grand qu’un autre groupe d’individus qui choisissaient eux d’affronter bille en tête le même type de difficulté. D’autres études ont également montré que le nombre de cancers est plus faible que la moyenne chez les fous (beaucoup plus faible même si ma mémoire est bonne), ce qui là aussi est dû à l’évasion qu’ils offrent à leur cerveaux.

Deuxième exemple que je voudrais donner : celui des hobbies. Pour une grande part de la population au travail, les hobbies constituent une fuite nécessaire face au rythme temporel aliénant dans lequel ils sont plongés : le célèbre métro-boulot-dodo (ou tout rythme similaire). Ces hobbies présentent un avantage important : ils permettent à la personne de se consacrer du temps, de se recentrer sur elle-même, de retrouver ainsi une cohérence interne avec ce qu’elle souhaite vivre et éprouver. Cela apporte donc la part d’équilibre que l’esprit réclame et dont il ne saurait se passer bien longtemps sans que l’individu n’en souffre réellement.

Alors évidemment, le problème qui subsiste lorsque l’on a dit tout cela, c’est que les gens n’ont pas tous le même accès aux loisirs. Par exemple tout le monde n’a pas Internet et la possibilité grâce à cet outil de bloguer irrégulièrement sur des sujets intéressants à titre personnel et qui les font sortir pour quelques heures du métier prétentieux et superficiel qu’ils exercent.

 

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