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15/12/2008

Comment s'établissent nos convictions ?

carrefour-des-choix-de-societe.jpgLes Econoclastes ont proposé récemment un petit test de probabilité amusant. Il s'agit en gros de dire quelle est la probabilité qu'un magicien trouve parmi un paquet de 52 cartes celle qui a été choisie par une personne de son public. Le test révèle apparemment que dans la plupart des cas les personnes interrogées répondent 1 chance sur 52, c'est-à-dire qu'ils se réfèrent à la probabilité mathématique de trouver en effet la bonne carte. Mais ils négligent alors le contexte qui pourrait suggérer, notamment du fait qu'il s'agit d'un magicien, que la probabilité qu'il trouve la bonne carte est en réalité de 1. Et l'expérience semble montrer que même lorsque ce contexte est rappelé aux personnes interrogées elles rechignent à abandonner la réponse mathématique. Alexandre indique que cela révèle "la fascination qu'exerce le chiffre sur notre façon de raisonner".

 

J'y vois une autre explication plausible : dans la mesure du possible nous rejetons l'indétermination.  Nous préférons nous tourner vers des solutions simples et qui ne laissent pas de place au doute plutôt que vers des propositions incertaines qui nous obligent à rester dans une position intellectuelle instable. Les solutions proposées au test présenté par Alexandre sont très intéressantes lorsqu'elles prennent en compte le contexte. Le fait que ce soit un magicien qui fasse tirer la carte et que l'exercice soit en fait un tour de magie qu'il est en train de faire permet en effet d'imaginer qu'il a toutes les chances de trouver la bonne carte, même si un individu normal n'aurait qu'une chance sur 52 de trouver la bonne. Et l'idée de raffiner la réponse en évaluant le niveau de maîtrise du magicien pour minorer la probabilité qu'il trouve la bonne carte rajoute une complexité au problème. Mais cette démarche à un défaut évident : elle ne permet pas d'apporter une réponse claire à la question posée. En fait de réponse on ne fait ici que poser des hypothèses, toutes très intéressantes, mais qui nous laissent un peu au milieu du gué. La réponse mathématique, elle, a l'avantage majeur d'être compréhensible par tous et facile à argumenter. Elle est claire, nette et ne laisse pas place au doute.

 

Je crois que c'est la raison pour laquelle cette réponse est préférée : elle permet à notre esprit de fonctionner sur un élément bien déterminé, non mouvant. Au contraire la réponse prenant en compte le contexte nous laisse dans une situation non tranchée où l'esprit doit fonctionner sur un terrain meuble. Qui va évaluer la compétence du magicien ? Et s'il était simplement en mauvaise forme ce jour là ? Beaucoup de questions peuvent être posées pour préciser la réponse. On peut n'en jamais sortir. Mon idée est que cette indétermination est un inconfort pour notre cerveau et que nous allons naturellement chercher à l'éviter. J'insiste sur le terme naturellement car je crois en effet que cela relève en grande partie d'un processus biologique.

 

D'une manière générale nous recherchons la stabilité, l'équilibre tant physique que psychologique. Cela me semble correspondre exactement à notre recherche d'homéostasie qui est une démarche entièrement guidée vers notre sauvegarde personnelle, et à une échelle plus grande à notre perpétuation en tant qu'espèce. Pour nous maintenir en bonne santé nous avons besoin de cet équilibre biologique. C'est à mon sens exactement le même phénomène qui entre en jeu dans nos positions intellectuelles. Nous recherchons celles qui nous offrent une bonne stabilité émotionnelle car elles participent de notre équilibre psychologique (je crois qu'il ne s'agit ici que de stabilité émotionnelle recherchée et non de stabilité intellectuelle, car en tant que telle, je ne vois pas bien ce que serait une stabilité ou instabilité intellectuelle, les conséquences de nos pensées s'expriment en nous en termes d'émotions et de sentiments et c'est donc cela qui nous fait juger de notre équilibre intérieur).

 

Le fondement de nos convictions est donc probablement là. Nous concevons des convictions sur tel ou tel sujet parce que nous avons besoin de donner une stabilité à notre esprit sur les sujets qui nous concernent. Cela participe à notre recherche naturelle d'homéostasie.

 

Mais notre homéostasie ne peut pas être assurée en acquérant n'importe quelle conviction. Il ne suffit pas d'adopter un point de vue quelconque, aussi tranché soit-il, pour que nous nous sentions convenablement équilibré. Il faut encore choisir parmi les options possibles celles qui contribuent le plus à cet équilibre recherché. Et à mon avis nous les choisissons sur la base de deux critères très largement prépondérants sur les autres : notre intérêt personnel et notre souhait d'appartenir ou de renforcer notre appartenance à tel ou tel groupe social (très souvent celui dont on est issu). Ce qui signifie, et à bien y réfléchir cela peut apparaître presque tautologique, que nos convictions ne sont jamais objectives mais sont au contraire fondamentalement subjectives. Elles ne sont pas le résultat d'une réflexion pure et désincarnée à travers laquelle nous aurions aperçu la vérité nue, mais elles sont en quelque sorte la formalisation plus ou moins aboutie d'intérêts et d'orientations qui préexistaient en nous.

 

Je suis parfois gêné face aux convictions affichées par les uns ou les autres et aux argumentations parfois complexes qu'ils ont mises en place pour les justifier. J'ai souvent envie de leur demander comment il se fait que leurs opinions semblent si miraculeusement correspondre à leurs intérêts directs ou à ce que disent également les gens qui les entourent. Quel étonnement de voir ces amis élevés par des parents catholiques pratiquants reproduire si fidèlement les schémas de vie qu'on trouve traditionnellement dans ces familles : l'importance de la religion manifestée par la proximité de certaines idées avec celles de l'église, un modèle qui reste souvent patriarcal, les enfants qui deviennent scouts, etc. Qu'on me comprenne bien, je ne critique pas ces héritages. Ils sont parfaitement naturels et on les retrouverait à l'identique dans d'autres types d'éducation. Je ne fais que prendre un exemple, que j'ai un peu côtoyé et qu'il m'est donc plus aisé de décrire, pour indiquer une faiblesse qui m'apparaît ici : les personnes qui reproduisent ces schémas présentent toujours leurs convictions et leurs idées par des argumentations théoriques parfois évoluées, mais jamais comme l'héritage de leur milieu. On n'a jamais entendu son cousin bobo dire : je suis contre l'avortement parce que ma famille va à l'église depuis quatre générations et que je veux me montrer comme un fils digne d'eux. S'il le faisait le pauvre se trouverait directement discrédité.

 

Parmi les blogs, deux exemples simples me viennent en tête pour illustrer mon propos : Koztoujours et Eolas.  Le premier intervient régulièrement sur des sujets à caractère religieux en présentant fréquemment une position qui correspond de très près à celle de l'église. De telle sorte que lorsqu'un sujet de société quelconque pointe son nez dans l'actualité il est assez probable de lire chez lui une défense de la position catholique. Ce que je veux dire ici c'est que d'une certaine manière dans ces cas là je ne me dis plus en allant le lire "qu'en pense Koztoujours?" mais "Qu'elle est la position des catholiques?". Dans cette mesure je ne vois pas chez lui un positionnement équilibré pour moi son lecteur, malgré tout le talent dont il pourra faire preuve dans ses démonstrations, mais une présentation des choses biaisée par sa propre expérience et son milieu d'appartenance. De même pour Eolas, il montre un positionnement particulièrement marqué concernant la politique d'immigration de la France. Cela provient je pense de sa situation personnelle qui fait que ce sujet le concerne tout particulièrement. On est donc là probablement en partie dans l'expression d'un intérêt personnel. S'il était moins directement concerné je gage qu'il réagirait sans doute moins fortement

 

Je fais ces remarques en me positionnant comme lecteurs de ces deux blogueurs. Si je cherche à me faire une opinion objective sur l'euthanasie ou sur les méthodes de reconduite à la frontière utilisées actuellement (quoique sur ce second point, hum), il est nécessaire que je prenne en compte les biais de leurs argumentations afin de filtrer les informations qu'ils me donnent et de bien les évaluer. Cela m'oblige à une certaine prudence intellectuelle lorsque je les lis. Et ceci est particulièrement vrai du fait de leur grande force démonstrative et de l'éloignement qu'ils peuvent donc atteindre vis-à-vis de leurs intérêts personnels ou de leurs héritages.

 

Attention toutefois, ceci ne constitue en aucun cas une prime à l'analphabétisme. Ce que je dis ne signifie pas que les discours des personnes pourvues de grandes compétences rhétoriques soient a priori moins pertinents et moins fiables que ceux tenus par des personnes moins douées dans l'utilisation du langage. Les seconds ne sont pas moins affectés par ces biais personnels. Mais chez eux ils sont plus faciles à détecter et le tri est donc plus facile à faire.

 

Je trouve intéressant pour soi-même de savoir détecter ces biais de raisonnement qui influencent parfois sans que l'on s'en rende compte ses convictions et ses comportements. Et pour parvenir à faire ce tri et à y voir clair je crois qu'une piste peut être utilisée efficacement : détecter ses émotions propres et identifier leurs causes (qui en général sont simples), car elles fondent nos pensées pour une part encore trop ignorée.

Commentaires

Pikipoki, le retour. Cool.

Écrit par : Aymeric | 15/12/2008

... d'où l'importance de la question (implicite) : "d'où est-ce que je parle?"

Dans un autre d'idées, mais pas si différent, j'ai été frappée, il y a quelques semaines, par les réponses de mes lecteurs et lectrices à la question : "que proposer à de mauvais lecteurs de 12-13 ans?" Une grosse majorité proposait des ouvrages de la maison d'édition "l'Ecole des Loisirs" qui s'adressent plutôt à des filles, ayant un bon niveau scolaire, sensibles à leur prochain, intéressées par les questions sociales, désireuses de lutter contre l'injustice, le racisme... le profil de mes lectrices, mais pas tellement celui de "mauvais lecteurs de 12-13 ans". Finalement, j'ai fait mon miel des références données par d'autres, qui aimaient la SF, les mangas, qui avaient un tout autre passé scolaire.

(merci pour le mail, il mérite une réponse détaillée que je prendrai le temps de faire dans les prochains jours)

Écrit par : samantdi | 15/12/2008

Vous avez raisons à bien des égards. Il est toujours très amusant d'observer quelqu'un développer une argumentation complexe et au premier abord désintéressé et découvrir que comme par hasard, la solution l'arrange bien.


Toutefois, quelque chose me fait tiquer. Les individus sont certainement affecté par les biais. Mais je ne pense pas que vous deviez les écarter. Tout simplement parce que une vue objective n'existe pas. Certes vous pouvez établir une série de faits exacts et indiscutables mais ceux-ci sont dépourvus de valeur sans une interprétation qui, elle, sera nécessairement subjective. Koztoujours ou Eolas vous donne une solution possible; il en existe d'autres.



Ce qui est important n'est pas dans l'analyse des solutions, d'écarter un supposé biais qui détournerais d'une analyse objective du problème, c'est de dévoiler les postulats implicites sur lesquels reposent la solution proposée.


Car dire, "untel est à droite du fait de son éducation donc il pensera nécessairement ça " est faire preuve d'un relativisme qui ne nous permet pas de progresser dans l'analyse.

Koztoujours n'est pas contre l'euthanasie car il est catholique mais parce que en tant que catholique, il admet comme postulat de sa réflexion éthique la parole de Dieu ou pour parler en des termes plus laïque ( et pédant), un ordre moral transcendant.


De la même manière, Eolas discute de la politique de l'immigration en se référant implicitement à un arbitrage entre des principes éthiques(qui nous sont inconnus), l'efficacité et une définition de l'identité nationale que nous ne connaissons pas. C'est au fur et à mesure de ses billets que nous découvrons quel peut être ce nombre d'or sur lequel repose sa solution.


Il n'est donc nul question ici de biais à écarter. Bien entendu, derrière ces postulats implicites se cachent en fait des biais cognitifs mais c'est une autre histoire qui à mon avis ne nous concerne pas en tant que lecteur.


Dernier point: Vous dites que l'indétermination est un "inconfort". Je pense même que c'est un obstacle. Il est pratiquement impossible de progresser dans un raisonnement au delà d'un certain nombre de branchement. Tôt ou tard, vous avez besoin d'exclure certaines possibilités. Soit c'est un magicien, soit il ne l'est pas. Autrement c'est l'incertitude total, et vous êtes réduit à faire des paris sur l'avenir sans jamais pouvoir comprendre. La simplification est le prix à payer pour pouvoir penser.

Écrit par : AZ | 15/12/2008

Aymeric
:o)

Samantdi
Pas de souci j'attends votre réponse.

AZ
Oui vous pointez des choses justes. J'ai failli mentionner certaines de ces limites (surtout la dernière concernant l'impossibilité d'agir si l'on reste dans l'indétermination) dans mon billet mais j'ai pensé que ça le rendrait moins lisible. J'y reviendrai plus tard en commentaire ou dans un billet.

Écrit par : pikipoki | 16/12/2008

Très intéressant... et très amusant aussi: votre exemple premier me semble inadapté à la situation puisque vous prenez comme exemple de pensé "déterministe" une valeur de probabilité... qui n'est rien d'autre que la rationalisation d'une expérience indéterminée. Ce qui fait que ce type de raisonnement pourrait être appliqué à la compétence du magicien. On pourrait, par exemple, faire une étude à large échelle de ce type de numéro fait par un grand nombre de magicien et calculer la probabilité de donner, du premier coup, la vraie valeur de la carte.
Ceux qui répondent 1/52 sont ceux qui utilisent un modèle facile à élaborer mais pas particulièrement adapté à l'environnement. Pour obtenir une valeur plus réaliste il faudrait reconstruire un nouveau modèle, et ce à la suite d'une étude longue et coûteuse.
Conclusion de cette étude: les gens sont des grosses fénéasses.

PS: très content, aussi, de votre retour!

Écrit par : Spring | 16/12/2008

Oui, c'est pareil dans tous les milieux et toutes les communautés, la force grégaire du groupe est des plus puissantes.

Oui, on est conditionné par son éducation. Cela empêche-t-il pour autant un examen à peu près objectif des environnements et conséquences de telle ou telle croyance, cela empêche-t-il de faire une hiérarchie ?

Pas le moins du monde...

C'est l'évidence même que si je n'été né dans le milieu catho, je ne défendrais pas ces positions. Mais je ne vois pas en quoi ça changerait quoi que ce soit...

Écrit par : Polydamas | 18/12/2008

Spring
J'aime bien votre conclusion. Assez d'accord en fait :o)

Polydamas.
Euh. Bah relisez l'article ?

Une remarque globale, vous relevez tous en particulier la deuxième partie de mon billet. Pour être honnête je l'ai écrite pour produire quelque chose d'un peu complet, mais c'est en fait la première partie qui m'intéressait le plus, le besoin d'avoir des convictions, quelles qu'elles soient, participant ainsi de notre équilibre biologique.

Écrit par : pikipoki | 19/12/2008

C'est à dire que les convictions de tout le monde sont biaisées. C'est valable pour tout le monde, donc ça ne change pas grand-chose au final, et on en revient au rapport de force basique...

Mais le fait que nous rejetons l'indetermination est évident sur des lieux comme les marchés financiers. Le marché ne réagit pas aux bonnes ou aux mauvaises nouvelles, il réagit à un plus ou moins grand degré d'incertitude sur la situation économique des entreprises. L'exemple de la BNP ces derniers jours est criant, la certitude selon laquelle le BNP étant l'une des banques ayant réussi à échapper à la crise, a volé en éclats avec la publication de ces comptes, la faisant descendre aux enfers....

Écrit par : Polydamas | 19/12/2008

Je voulais faire un commentaire, mais c'était trop long : j'en ai fait un article !
http://verel.typepad.fr/verel/2008/12/do%C3%B9-naissent-nos-convictions.html

Écrit par : verel | 20/12/2008

Bon, moi du coup je vais commenter la première partie :-). Je ne suis pas certain que le rejet de l'indétermination liée à la prise en compte du contexte soit systématique. Parce qu'en général le contexte est suffisamment explicite pour limiter, justement, cette indétermination. Quelques exemples : supposons que le magicien du jeu soit votre enfant de 5 ans qui vient de recevoir sa boîte de magie pour noel, et l'expérimente pour la première fois. Vous êtes à un spectacle professionnel; vous êtes à un spectacle comique; etc. Dans chacun de ces cas, le contexte vous apporte toutes les informations pour savoir ce qui va se passer, y compris les possibilités ou vous ne savez pas quelle carte le magicien va sortir, mais cela n'a pas d'importance parce que c'est la composante d'un divertissement.
Le problème est intéressant appliqué à des quants parce qu'il montre que leur contexte professionnel et leur apprentissage a un impact sur leur façon de penser.

Écrit par : alexandre delaigue | 20/12/2008

@Polydamas : "les convictions de tout le monde sont biaisées. C'est valable pour tout le monde, donc ça ne change pas grand-chose au final, et on en revient au rapport de force basique"

Ben non. On a justement inventé une méthode pour rechercher une "vérité" qui soit plausible, et dégagée de la gangue de chaque biais individuel : on la trouve à l'intersection de multiples observations, inlassablement répétées et mesurées, par des humains différents, lorsque celles-ci aboutissent au même résultat. C'est ce qu'on appelle la démarche scientifique.

Il y a donc bien une voie vers des "convictions" qui soient moins biaisées et subjectives que les croyances religieuses.

Écrit par : Yogi | 21/12/2008

Faut-il croire, Yogi, que tant d'humains différents aient eu le loisir d'observer l'absence de Dieu ?

Écrit par : koz | 21/12/2008

Koz, tout d'abord mon point était de contester l'affirmation selon laquelle "toute conviction était nécessairement biaisée", en montrant que des efforts considérables, et à mon sens fructueux, étaient déployés pour trouver des convictions qui échappent à ce sort funeste.

Ensuite oui, tous les humains constatent tous les jours l'absence de Dieu ailleurs que dans leur psyché.

Pour les uns, cela suffit pour dire que "selon toute vraisemblance, il n'existe pas". Pour d'autres, à qui l'on a enseigné que croyance intime valait vérité universelle, cela suffit pour dire "il existe, je l'ai rencontré".

Écrit par : Yogi | 21/12/2008

J'ignorais déjà que l'on puisse observer une absence. Mais soit. J'épargnerai au blog de pikipoki d'entrer dans un débat sur ce qui est censé fonder l'absence de Dieu de façon certaine.

Écrit par : koz | 21/12/2008

A l'instar de Verel, j'ai rédigé un commentaire (plus qu'une réponse) qui tenait davantage du billet... http://www.koztoujours.fr/?p=2483

Écrit par : koz | 21/12/2008

@Pikipoki: Je ne suis pas d'accord avec vous mais je respecte la conviction que Dieu n'existe pas qui transparait de votre article! ;-)
Mais si j'enlève ce biais, que dois je faire, envisager que l'hypothèse que Dieu existe ne doit pas être écartée?

@Koz: Punaise t’es mal barré Koz tu vas bientôt piquer la place de Benoît XVI ou quoi? Courage je sais que tu peux résister aux forces obscures du catholicisme et revenir à la voie de la sagesse, la raison pure et objective!

Sinon pour info pour les non croyants qu'on pas eu le temps de creuser ce qu'était la foi catholique (quoi que y a des ressources en français sur le site du Vatican);
La foi ne se situe pas sur le plan émotionnel ni psychologique mais sur le plan spirituel, qu'on ne peut pas démontrer rationnellement! j'avoue que c'est un biais!
Mais bon raison et foi ne sont pas incompatibles puisque sur des plans différents...
Quoi qu’entends-je? Foi et raison ne sont pas incompatibles? Y aurait même un document secret à ce propos? ;-)

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_15101998_fides-et-ratio_fr.html

LA FOI ET LA RAISON sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18; Ps 27 [26], 8-9; 63 [62], 2-3; Jn 14, 8; 1 Jn 3, 2).

Écrit par : Blogblog | 21/12/2008

Oui, Yogi, la science est assez solide, mais sur les sujets sociaux, moraux, et autres, elle ne nous est pas d'une grande aide.

Écrit par : Polydamas | 21/12/2008

Polydamas, la "démarche scientifique" me paraît plus vaste que "la science". Bien sûr elle ne résout pas tout, mais sur elle peuvent s'appuyer des philosophies solides me semble-t-il, dans la grande tradition des Lumières.

Écrit par : Yogi | 21/12/2008

Blogblog, si on admet que la Raison gouverne le plan des faits et du réel, alors il convient que la Foi demeure sur un plan différent.

Cela laisse en effet la place, à ce jour, à la Foi en une entité à l'origine de toute chose, en "ce qui fait qu'il y a quelque chose plutôt que rien".

Mais cela prohibe la Foi qui prétendrait agir sur le réel, par exemple en prônant que la prière puisse avoir un effet au delà de l'effet placebo, que l'enfantement sans fécondation est possible, que des résurrections ont eu lieu, etc etc ...

Mais je crains qu'on s'éloigne du sujet.

Écrit par : Yogi | 21/12/2008

Pfiou ça faisait longtemps que je n'avais pas suscité tant de réactions dites. Un billet chez Vérel, un autre chez Koz...

Sinon je n'ai pas compris votre débat sur l'existence de Dieu. Mon billet parlait de ça?

Écrit par : pikipoki | 22/12/2008

L'oeuf et la poule...
Koz pense ce qu'il pense parce qu'il est catholique, ou Koz est catholique parce qu'il pense ce qu'il pense ? Et que se passe-t-il si sur un sujet ce que pense Koz n'est pas conforme à ce qu'enseigne l'Église catholique ?

L'être humain et le militant
En lisant le blog de Koz, je ne me dis pas "quelle est la position des catholiques ?" mais bien "qu'en pense Koz ?". Sinon, ce n'est pas le blog de Koz que j'irais lire, mais - à supposé qu'il existât - celui de l'Église catholique.

(l'exemple de Koz - désolé l'ami - devant bien entendu être étendu à tout blogueur se réclament de toute religion, philosophie ou doctrine)

Écrit par : Laurent | 22/12/2008

C'est quand même amusant, tout le monde a pris mon argumentation comme quelque chose de définitif de ma part et sans aucune nuance. Pourtant j'en apporte à plusieurs reprises, et notamment je n'ai pas écris que Koz était de fait la voix des catholiques, mais, je cite, "d'une certaine manière dans ces cas là je ne me dis plus en allant le lire "qu'en pense Koztoujours?" mais "Qu'elle est la position des catholiques?" d'une certaines manière, en partie quoi. Je sais qu'il est influencé par ça et donc j'ai cette idée en arrière plan, rien de plus. Et mon avant dernier paragraphe me semble aussi apporter une certaine nuance. Mais bon.

Écrit par : pikipoki | 22/12/2008

En effet, le propos est plus nuancé que mon commentaire ! J'avais surtout en tête le billet de Koz, en réponse à ce billet...

Écrit par : Laurent | 22/12/2008

Ah oki. :o)

Écrit par : pikipoki | 22/12/2008

Billet intéressant, mais qui me semble contenir une critique finalement assez paradoxale du phénomène qu'il décrit.

En effet, si je vous suis, les positions exprimées par tel ou tel, que l'on pourrait - dans votre pensée - qualifier "d'assujetti" à sa famille de pensée (catholique, socialiste, libéral, peu importe) devraient être examinées avec prudence car, même élaborées et soigneusement justifiées par une réthorique impeccable, elles seraient... quoi ?

Moins crédibles ?

Susceptibles d'avoir subi une influence extérieure à la démonstration qui prétend la soutenir et par là même, plus fragiles qu'elles n'en donnent l'apparence ?

Quelque chose comme ça - si je vous ai bien compris.

Dans le fond, tout se passe comme si, pour retourner votre argumentation, vous seriez plus à même de vous laisser convaincre par un koz favorable, par exemple, à une ouverture plus grande des possibilités d'avortement, ou à la dépénalisation de l'homicide euthanasique, car il vous apparaîtrait alors comme détaché d'un système de pensée qui, d'ordinaire, contraint ses prises de position, s'il ne les conditionne pas.

Or, ci-git un léger paradoxe.

Car, finalement, dans quelle mesure est-ce que cela ne revient pas à accorder une certaine "prime de confiance" à une incohérence logique ?

Un système de pensée, quel qu'il soit - philosophique, religieux, politique - prétend le plus souvent, d'une part fournir une grille de lecture au monde, et d'autre part, une méthode de résolution des problèmes que l'on y rencontre, au moyen de l'élaboration (toujours criticable, et, du reste, toujours critiquée) de principes fondamentaux et principes directeurs.

Suggérer que serait plus convaincante une opinion exprimée en contradiction avec un système de pensée dans lequel on prétend par ailleurs s'inscrire me semble être une erreur logique.

Non ?

Alors, bien entendu, tout le monde a le droit de se contredire. Il est parfois difficile de concilier des principes contradictoires dans leurs effets, mais auxquels on accorde du prix. De là à y attacher un crédit supplémentaire, il y a tout de même un pas qu'il ne faut pas franchir si aisément.

Peut-être pensez-vous que, malgré tout, il existe des personnes qui ne subordonnent pas leurs opinions à un système de pensée ? Ou qui, si elles se réfèrent à demi-mot à tel ou tel système, clame une indépendance ou une liberté de ton qui leur permet d'éviter de s'y sentir assujetties ?

Pour ces deuxièmes, vous conviendrez sans doute, pour en revenir à ma remarque précédente, qu'il ne saurait être tiré argument de l'incohérence de telles prises de position pour être jugé plus crédible, ou digne de se voir reconnaître une autorité morale ou intellectuelle plus haute à raison même de tels errements.

Pour les premières, leur cas de figure est plus intéressant. Je crois sincère la plupart de ces personnes qui rejettent - par principe - la subordination de leur pensée à toute logique systémique.

Il n'en demeure pas moins que l'ensemble de leurs opinions, même nuancées ou réservées, forme un tout, qui, examiné "de l'extérieur" présentera une cohérence plus ou moins grande et duquel il nous serait possible, en réalité, d'induire un système de pensée, dans lequel on retrouverait une grille d'analyse du monde, des principes directeurs et des principes fondamentaux.

AInsi, il ne me semble pas si important de savoir si telle ou telle prise de position de Koz sur des questions éthiques, ou d'Eolas sur les problèmes de politique d'immigration est ou non fondée sur leurs présupposés politiques ou philosophiques.

La relation intellectuelle susceptible de s'établir entre les lecteurs et ceux qu'ils lisent permet - notamment sur un blog ouvert aux commentaires - d'interroger suffisamment finement la logique d'une argumentation, ses fondements (admis ou supposés), ses effets (vertueux ou pervers), sa cohérence avec des opinions précédemment exprimées, etc, pour éviter ce que vous semblez craindre : l'attribution d'une autorité fallacieuse à une logique d'apparence impeccable mais dissimulant de coupables (et parfois, inavoués) intérêts personnels. Parce que cette logique-là, apparente et explicite, est toujours questionnable.

Le fond de votre propre pensée ne réside t-il pas, du reste, précisément ici : dans une sorte de crainte de trébucher rationnellement sur une opinion avec laquelle vous seriez en total désaccord, mais contre laquelle vous n'auriez aucun argument logique à opposer ?

Faut-il voir illustrée dans ce billet, un certain manque de confiance dans la raison pour invalider des opinions que vous voudriez voir rejetées, sans voir les raisons pour lesquelles elles devraient l'être ?

SI c'est le cas, vous vous sous-estimez sûrement.

:-)

Écrit par : Fantômette | 28/12/2008

Fantomette
Non non, il ne s'agit pour moi pas du tout de cela. Je le dis d'ailleurs clairement dans mon billet : les opinions savamment démontrées ne sont en aucun cas moins crédibles que les autres. Quand je dis qu'il me semble nécessaire d'aborder l'opinion des autres avec prudence lorsqu'on a détecté leurs biais je ne vois pas bien ce qu'il y a là d'extraordinaire d'ailleurs.
Ce qui me dérange n'est pas là, mais dans l'aveuglement que nous avons trop souvent quant à l'origine de nos opinions, qui sont parfois moins glorieuses qu'on ne le souhaiterait, et qui nous leur font donner auprès des autres une valeur qu'elles n'ont pas toujours. Une sorte d'arrogance parce qu'on les exprime mieux que les autres, alors que leur fondement est le même pour tous.

Pour résumer, aveuglement sur son mode de fonctionnement propre, et arrogance vis-à-vis des autres. Ce n'est peut-être qu'un détail remarquez, et quelque chose de finalement peu important. Enfin je ne suis pas sûr.

Écrit par : pikipoki | 28/12/2008

Chez Eolas vous lirez en long en large et en travers tous les détails des atrocités quotidiennes commises par les préfectures françaises (que je ne nie pas d'ailleurs, je suis, sur ce sujet, assez d'accord avec lui).

Vous n'y lirez jamais une ligne sur Frontex, l'agence européenne de contrôle des migrations, tout aussi attaquée par des associations de défense des droits de l'Homme.

Je suis très content du retour de Pikipoki, et visiblement je ne suis pas le seul !

Écrit par : edgar | 08/01/2009

Edgar
Sur votre point je pense que c'est aussi dû au métier d'Eolas qui dépend plus directement du travail des préfets que de celui de l'agence européenne de contrôle des migrations.

Et merci pour votre enthousiasme à l'idée de mon retour !

Écrit par : pikipoki | 08/01/2009

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