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31/05/2006

Journée mondiale sans tabac

L’OMS organise aujourd’hui sa journée mondiale sans tabac. C’est l’occasion de revenir sur quelques réalités et sur quelques chiffres importants (les données que j’indique sont principalement extraite du Tobacco Atlas (pdf ) publié en 2002).

 

Nombres de fumeurs

 

Près d’un milliard d’hommes (âgés de 15 ans et plus) fument dans le monde, soit 35% de la population dans les pays industrialisés et 50% dans les pays en développement. La tendance des dernières années est baissière, mais comme le rappelle très bien l’OMC, le rythme de cette baisse reste assez lent, surtout comparée au nombre de morts du tabac. La Chine se distingue en particulier puisqu’elle compte à elle seule 300 000 fumeurs masculins, soit près d’un tiers du total mondial (mais avec un pourcentage de la population totale qui n’est pas le plus élevé).

 

Dans les pays développés, on notera que le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis comptent parmi les états dont le pourcentage de fumeurs est le plus faible (alors que les Etats-Unis sont de loin le premier producteur mondial de produits liés au tabac). La France semble dans la moyenne européenne (entre 30% et 40% de fumeurs), l’Espagne étant le mauvais élève, avec un taux compris entre 40% et 50% de fumeurs, comme la Pologne, la Hongrie, et les pays baltes (d’une manière générale les pays de langue russe ou proche du russe ont de très importants contingents de fumeurs – le tabac serait-il une ancienne valeur communiste ?).

 

En revanche, « seulement » 250 millions de femmes (âgées de 15 ans et plus) fument, soit 22% des femmes des pays développés et 9% dans les pays en développement. Fumer reste donc principalement un comportement masculin (y attache-t-on une image de virilité ? Si c’est le cas, c’est tout à fait stupide car les études sont nombreuses à montrer que le tabac entraîne des troubles sexuels), en tout cas à l’échelle mondiale. En France par exemple, la proportion d’hommes et de femmes qui fument est quasiment à parité.

 

A noter que la très grande majorité des fumeurs ont commencé à fumer avant d’atteindre l’âge adulte, et que 40% des jeunes dans le monde sont soumis au tabagisme passif chez eux (!).

 

L’impact du tabac sur la santé

 

On comptabilise aujourd’hui dans le monde près de 14000 décès dus au tabac par jour, soit 5 millions par an. Pour donner une petite idée de ce que ça représente, ça correspond à peu près à la disparition totale de pays comme la Finlande, le Danemark ou encore l’Irlande. En France, on compte 65 000 morts du tabac par an, et 12% des morts de maladie le sont du fait du tabac (chiffres 2000). L’OMS prévoit qu’on risque d’atteindre 10 millions de morts au niveau mondial d’ici 2020, du fait de l’augmentation de la population qui ira plus vite que la baisse du pourcentage de fumeurs.

 

Par ailleurs, 95% des cancers du poumon sont dus au tabac, ainsi que 75% des bronchites chroniques et des emphysèmes, et 25% des insuffisances cardiaques.

 

Pour terminer ce paragraphe, à l’échelle mondiale, on constate que le fait de fumer entraîne une diminution de l’espérance de vie… de moitié ! En moyenne, on compte qu’une cigarette fumer raccourci l’espérance de vie de 7 minutes ! En France, l’espérance de vie des fumeurs est de 16 ans inférieure à celle des non fumeurs (chiffre 2000).

 

L’impact économique du tabac

 

Au-delà de l’impact sur le portefeuille des fumeurs, le tabac a également un coût pour l’économie mondiale, du fait de son impact sur la santé. En effet, il représente une part très importante des coûts de santé : 6% aux USA en 1999, soit 157 milliards de dollars, dont 82 milliards dus à la perte de productivité liée à la mortalité, et 75 milliards dus à l’augmentation des dépenses médicales. En Chine, en 1998, plus de 500 000 personnes sont mortes du tabac, ce qui représente une perte de productivité d’environ 1,146 millions d’années-personnes.

 

Par ailleurs, la culture du tabac participe d’une façon significative à la déforestation, notamment dans certains pays pauvres, entraînant de vraies catastrophes écologiques, du fait de l’utilisation du bois pour effectuer le séchage du tabac. On pourrait ajouter à cela les feux de forêt engendrés par la cigarette, mais ce doit être plus anecdotique.

 

Pour lire des éléments complémentaires et plus précis, je recommande fortement la lecture de l’article de l’OMS sur le sujet, publié en 2004, très complet, et d’où j’extrait les données de ce paragraphe.

 

En guise de conclusion, je note que la prise de conscience du problème créé par le tabac grandit. 124 pays ont ratifié le traité international destiné à réduire la consommation de tabac qui est entré en vigueur l’an dernier. En Europe notamment (on est passé de 33% de fumeurs à 27% en trois ans), mais aussi aux USA ou au Japon, le nombre de fumeurs à diminué de façon significative (passant respectivement de 52% à 26% et de 81% à 54% de 1965 à 1999 pour les USA et de 1960 à 2000 pour le Japon). D’autre part, une grande majorité de la population des pays européens se déclare favorable à l’interdiction de fumer dans les lieux publics (voir notamment cet article du Nouvel Obs).

 

Il faut profiter de ces opinions favorables pour avancer encore dans la lutte anti-tabac, et faire en sorte que sa consommation devienne un jour un phénomène marginal.

Commentaires

Cette manière de moraliser est parfaitement absurde et immorale en elle-même, puisqu'elle utilise des fonds publics pour faire la promotion d'un mode de vie "sain" qui ne concerne que la sphère privée. Et c'est quelqu'un qui a cessé de fumer il y a plus d'un an qui le dit.

Il était juste de faire campagne pour soustraire les lieux publics, tels que les administrations communales et autres (les cafés et les restaurants étant par définition des lieux privés où les clients ne sont pas obligés d'y venir consommer, ni les employés d'y travailler), mais il y a réellement quelque chose de stalinien à vouloir "éduquer" les gens.

Aussi effrayant que criminel, vu la provenace de fonds.

Écrit par : Pan | 01/06/2006

Pan
Vous noterez tout d'abord que sur mon blog je n'utilise aucun argent public.
Et surtout, prétendre que c'est stalinien de vouloir éduquer les gens me semble totalement absurde. Ou alors l'école est d'essence stalinienne ? Et l'éducation parentale, vous la placez où ?

Dans la mesure où cette "éducation" comme vous l'appelez, fait partie d'un programme politique annoncé, pour lesquels des gens ont voté, et surtout, surtout, que vouloir protéger les gens contre une pratique qui met leur santé, et donc leur vie en danger, n'a strictement rien de comparable avec les déportations au goulag, je ne vois pas ce que sa mise en oeuvre a de stalinien.

L'utilisation de cette comparaison est donc particulièrement exagérée, et pour tout dire à mon sens, absolument déplacée.

Écrit par : pikipoki | 01/06/2006

Tout à fait ! l'éducation à la santé n'a rien de stalinien...
Voir les images anti-tabac sur http://europe.tiscali.fr/index.jsp?section=Galeries&level=preview&content=260836

Écrit par : polluxe | 05/06/2006

Je suis effectivement opposé au principe de l'école publique. Les parents doivent pouvoir choisir et payer l'école de leurs enfants.
C'est également aux parents de mettre en garde leurs enfants contre les méfaits du tabac.

Enfin, non, l'état n'a pas la vocation de dire/imposer aux gens ce qui est bon pour eux. S'ils veulent se détruire, ce n'est finalement que leur problème.

Écrit par : pan | 06/06/2006

Pan
Vous noterez tout de même qu'il y a une différence entre être contre l'école publique, et déclarer que l'éducation nationale fonctionne sur un principe stalinien.

Pour ma part, je ne partage pas votre point de vue. Je crois qu'il est bon que l'état ait un rôle plus important que celui que vous lui donnez, pour orienter et contraindre des individus qui, laissés à eux-mêmes, n'ont jamais montré une grande capacité à vivre en société.

En particulier, lorsque vous écrivez que si les gens veulent se détruire, c'est leur problème et que ça ne regarde pas l'état, je ne partage pas votre avis. Un parent, lorsqu'il voit son enfant prendre de la drogue, a pour devoir d'apprendre à son enfant pourquoi ce choix est mauvais, et si besoin est, de mettre en place les moyens contraignants qui vont l'empêcher d'en consommer. Pour moi, c'est un peu le même rôle qui incombe à l'état lorsque ces citoyens montrent des comportements qui leur nuisent.

D'ailleurs, sur ce point précis, que les fumeurs mettent à mal leur santé n'est pas que leur propre probème. C'est aussi celui des personnes qui respirent la fumée de leurs cigarettes et qui deviennent ainsi des fumeurs passifs. Rien que pour ça, j'estime que l'état est dans son rôle en régulant le comportement des fumeurs et en instaurant des interdictions dans les lieux publics.

En fait, il me semble que votre vision serait juste si l'on était dans un monde idéal, dans lequel les individus sauraient mieux gérer leurs intérêts personnels pour concourrir à l'intérêt général. Mais je crois qu'on en est encore aujourd'hui très loin. Et que ça risque de ne pas s'arranger avant un moment. Dans l'intervalle, il est normal qu'on mette en place les outils qui suppléent à certains errements.

Si vous souhaitez débattre plus de cette question, je vous indique un billet ancien que j'avais écris sur la question de la place de l'état (je n'y abordais que quelque points de principe, rien en détail, et il y a donc certainement des critiques à y apporter): http://piki-blog.blogspirit.com/archive/2005/09/17/l-etat-c-est-la-civilisation.html

Écrit par : pikipoki | 06/06/2006

Personne ne sait ce qui est bon pour quelqu'un d'autres. Certains pensent qu'il vaut mieux s'amuser et mourir tôt, etc.
J'encourage naturellement les parents à éduquer leurs enfants à ne pas fumer : ça les concerne, eux, contrairement à l'état. De plus, l'idée de "société" est un concept bien abstrait. Cette "société" que vous imaginez n'a pas à imposer ses normes à qui ne s'y reconnaît pas. Si quelqu'un que je ne connais pas veut sauter du pont, la seule chose que j'y vois de gênant, c'est l'atteinte à la propriété privée de la personne dont le terrain se situe au point d'impact. Dans la mesure où les fumeurs fument dans des lieux dont les propriétaires sont d'accords (maisons, cafés, cinémas, rues, etc : bref, propriétés privées), cela ne me dérange pas non-plus.

Je reconnais cependant que je ne souhaite pas être exposé à la fumée dans les endroits où la violence des hommes de l'état me contraint à me rendre tels que les administrations. Une loi est justifiée dans ce cas parce qu'il y a contrainte.

Enfin, je ne suis pas contre le principe de la prévention, pourvu qu'elle se fasse avec de l'argent privé, et qu'elle ne viole pas la propriété privée, ainsi que le font les lois qui confondent "propriété privée ouverte au public" et "lieu public".

Écrit par : pan | 06/06/2006

Pan
Vous écrivez:
"Cette "société" que vous imaginez n'a pas à imposer ses normes à qui ne s'y reconnaît pas"

Si. C'est la définition d'une société.
Je m'explique (vous avez dû sursauter là, non?).

La société, ce n'est pas un objet impalpable, une vague idée abstraite comme vous dites, qui ne sert guère qu'à augmenter le nombre d'arguties d'individus en mal de débats. Elle est le rassemblement d'individus, qui ont manifesté par l'érection de celle-ci leur volonté de vivre ensemble.

Et afin que cette société puisse vivre convenablement, ils lui donnent des règles (lois) qui sont le reflet des valeurs qu'ils entendent mettre en avant dans leur mode de vie. Et ils le font évidemment avec la conscience que ces règles qu'ils choisissent, ne seront pas toutes le reflet exact de leurs envies personnelles. Mais celles-ci, ils se doivent néanmoins de les respecter parce que les autres les ont voulus. La société n'existe qu'à partir du moment où l'on accepte de faire des sacrifices sur ses désirs propres afin de la faire vivre (on accepte un mal pour un plus grand bien). Sinon, il n'y a pas de société.

Et si un individu ne se reconnaît pas dans une société et dans ses règles, il n'en reste pas moins que tant qu'il y vit, il se doit de suivre ces règles. Même si ça ne lui fait pas plaisir. Il a bien sûr le droit de les contester, de les combattre, mais tant qu'il y vit, il se doit de les respecter. Si cette règle là n'est pas suivie, la société cesse d'exister.

Ce dont vous parlez, c'est donc un fonctionnement hors société, où chacun au final à les droits qu'il s'octroit lui-même. Vous allez me trouvez un peu brutal, mais si j'en crois ce que vous dîtes, il n'y a que sur une île déserte que vous pourrez trouver votre bonheur.

Je voudrais vous poser une question pour finir. Au final quel rôle réservez-vous à l'état ?

Écrit par : pikipoki | 06/06/2006

"""Elle est le rassemblement d'individus, qui ont manifesté par l'érection de celle-ci leur volonté de vivre ensemble. """

Justement. Cela concerne ces individus qui ont choisis de vivre ensemble, pas les autres, ni les enfants des premiers. Cela n'a rien à voir avec le territoire.
Si vous vous faites des illusions sur une éventuelle "légitimité de l'état, je ne peux que vous recommander la lecture de Spooner dont voici un court extrait :

"""
La Constitution n'a nulle autorité ou obligation qui lui soit inhérente. Elle n'a nulle autorité ou obligation quelle qu'elle soit, si ce n’est comme contrat entre un homme et un autre. Or, elle ne prétend même pas être un contrat entre personnes actuellement vivantes. Au plus, elle prétend être un contrat conclu entre des personnes qui vivaient il y a quatre-vingts ans. Encore ne peut-on lui supposer alors la qualité de contrat qu’entre des personnes qui avaient déjà atteint l'âge du discernement, de manière à être aptes à faire des contrats raisonnables et qui les obligent. En outre, l'histoire nous l'apprend, seule une faible portion des personnes qui vivaient alors ont été consultées sur le sujet, ou interrogées, ou autorisées à exprimer leur accord ou leur désaccord de façon quelque peu formelle. Les hommes, s'il y en eut, qui donnèrent bien leur accord formel sont tous morts aujourd'hui. Pour la plupart, lis sont morts depuis quarante, cinquante, soixante ou soixante-dix ans. Et la Constitution, parce qu'elle était leur contrat, est morte avec eux. Ils n'avaient ni le pouvoir naturel ni le droit naturel de rendre cette Constitution obligatoire pour leurs enfants. Non seulement il est absolument impossible, selon la nature des choses, qu'ils lient leur postérité, mais ils ne tentèrent même pas de le faire."""

"""Et afin que cette société puisse vivre convenablement, ils lui donnent des règles (lois) qui sont le reflet des valeurs qu'ils entendent mettre en avant dans leur mode de vie."""

Tout à fait.
Pour reprendre le sujet de votre post, avant que je cesse de fumer, je devais tout de même m'abstenir de fumer lorsque j'allais chez mes parents. D'autres gens me le permettaient. C'est ce qu'on appelle des règles, des contrats, précisément. Et cela n'a rien à voir avec la législation étatique qui va bien souvent à l'encontre du Droit, constituant ainsi une source de chaos.

"""Sinon, il n'y a pas de société."""

Justement, il n'y en a pas. Même une politicienne (Thatcher) célèbre l'avait compris :

"""
I think we've been through a period where too many people have been given to understand that if they have a problem, it's the government's job to cope with it. 'I have a problem, I'll get a grant.' 'I'm homeless, the government must house me.' They're casting their problem on society. And, you know, there is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families. And no government can do anything except through people, and people must look to themselves first. It's our duty to look after ourselves and then, also to look after our neighbour. People have got the entitlements too much in mind, without the obligations. There's no such thing as entitlement, unless someone has first met an obligation.
"""


"""Je voudrais vous poser une question pour finir. Au final quel rôle réservez-vous à l'état ?"""

Il est probablement souhaitable de confier à l'état la police et l'armée (il en a été ainsi en Suisse et aux USA pendant longtemps), bien qu'il soit peut-être possible que ces tâches soient plus judicieusement effectuées par des sociétés privées.

Écrit par : pan | 06/06/2006

Intéressant, même si vos arguments montrent que nous ne parviendrons pas à un accord.

Pour ma part j'estime que non seulement la société existe bel et bien, mais surtout qu'elle est souhaitable, voire même d'une certaine façon inévitable, car il est dans notre nature de nouer des liens, de communiquer, etc. Je crois donc que le schéma que vous avancez est en fait tout à fait contre nature, mais qu'il permet simplement de justifier une vision du monde égocentrée et où l'on ne cherche que la satisfaction de son plaisir personnel.

C'est sur le dernier point de votre commentaire surtout que je voudrais revenir. Vous semblez presque souhaiter la disparition pure et simple de l'état. Dans ce cas, quelle place accordez-vous à la loi? Doit-elle exister? Si oui qui doit en être garant?

Écrit par : pikipoki | 07/06/2006

Il semble que vous ignorez quelques fondamentaux à propos de ce dont je parle. Si le sujet vous intéresse, je vous encourage à vous penchez sur cette brève introduction : http://liberpedia.org/Lib%C3%A9ralisme

Ensuite, il est évident que l'homme est fait pour communiquer, c'est pourquoi la libre coopération (contractualisme) doit prévaloir sur le violence et l'arbitraire (l'état).
En ce qui me concerne, je tiens pour moralement louable le fait de refuser l'agression, et j'ai une vilaine opinion de la violence. Enfin, l'hédonisme se situe plutôt du côté de ceux qui vivent de la violence (les hommes de l'état) que du côté de ceux qui coopèrent pacifiquement.

Écrit par : pan | 07/06/2006

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