03/11/2006
Mariage gay et équilibre social
François, du Swissroll a relayé hier un article intéressant sur l’impact qu’a le mariage gay sur le mariage hétérosexuel, et sur la famille. Pour faire très court, l’idée est que, loin de remettre en cause la sacro-sainte organisation de la famille avec le père, la mère et les enfants, le mariage gay est en fait un facteur de renforcement de la valeur du mariage et de la notion de famille.
Les commentaires à l’article de François sont assez intéressants aussi, notamment celui d’Authueil, qui dit en substance que c’est parfaitement logique puisque les gays en se mariant, montrent l’attrait que le mariage (tout court) représente pour un couple, quelque soit son orientation sexuelle, et un autre commentateur (au nom trop long) indique qu’il s’agit en fait là de l’illustration de la démarche mimétique des gays vis-à-vis de ce qu’il appelle « l’esthétisme bourgeois ».
Ces deux commentaires m’intéressent beaucoup, j’adhère complètement à celui d’Authueil, et le second, bien qu’un peu dur, voit quelque chose d’assez juste. Mais ils ne vont pas assez loin dans leur idée pour tout dire, et il passe à côté de l’analyse la plus intéressante qu’on peut faire de ce phénomène (enfin ce n’est que mon avis remarquez…). Je ne vais pas faire un billet trop long ici, mais plus tracer quelques lignes de réflexion qui méritent à mon avis plus d’attention.
La première, et ici j’avance prudemment car pour produire quelque chose d’un peu clair je suis obligé de caricaturer, rejoins une idée que j’ai déjà évoquée il y a quelques temps sur ce blog. En gros cette tendance provient de la nécessité d’équilibrage de la position sociale que les gays pensent avoir.
Ils ont encore bien malheureusement raison lorsqu’ils disent qu’ils font encore l’objet de discriminations. Par discrimination j’entends le fait qu’une personne, en parlant d’eux, ou encore plus simplement en pensant à eux, va inclure dans les éléments de sa réflexion l’orientation sexuelle des gays comme un élément d’analyse parmi d’autres. Je remarque sur ce point que ce processus est plus ou moins conscient chez la personne, et surtout, plus ou moins assumé. La discrimination naît dés cet instant où ce paramètre entre en jeu dans « l’évaluation » de la personne homosexuelle et de ses actes.
Je crois moi aussi que ce type de réaction reste très répandu, et pour être franc je ne suis pas surpris que l’évolution soit lente dans les sociétés de tradition patriarcale. Mais donc, cela génère un sentiment de discrimination bien compréhensible chez les gays. Cette discrimination peut d’ailleurs prendre des détours très sinueux. Il me semble assez évident qu’il existe une discrimination passive non négligeable qui est elle aussi une source de mal-être chez les gays. On la désigne couramment sous l’expression « la pression de la société », mais c’est plus précisément l’ensemble des apprentissages fait par un individu, qui vont à l’encontre de l’expression de sa sexualité comme une expression neutre d’un point de vue moral.
Pour être plus clair, c’est le gosse dont le père exerce une autorité mâle et virile sur la famille et qui ne s’abstient pas de quelques rires sarcastiques lorsqu’il croise un homme peut-être efféminé. L’enfant grandit avec une image salie de l’homosexualité, comme s’il s’agissait là d’une anormalité, d’une déviance à laquelle il aura rattaché une valeur sociale, et plus généralement, morale, négative. Le dilemme de la sortie de l’adolescence et de la découverte de sa sexualité dans un cadre sain est alors immense. Nombreux sont ceux qui adoptent alors une attitude de déni, afin de ne pas « tromper » l’image « saine » que leur entourage a construit d’eux. Le drame de l’étiquette collée au front et dont on ne veut pas soi-même prendre le risque de se séparer.
Mais je bifurque là. Revenons à nos moutons (…). La difficulté, face à cette situation, est de rétablir une situation d’équilibre social. Je l’ai déjà indiqué dans le billet référencé plus haut, nous cherchons tous à tout moment à maintenir notre équilibre, notre homéostasie, on pourrait même dire : nous cherchons tous à maintenir à tout moment l’image de normalité que pensons-nous les autres se sont fait de nous (je remarque rapidement ici, que dans le fond, on se sent « normal » lorsqu’on se sait accepté).
Les gays font face à une situation particulière. Leur orientation sexuelle dit-on, ne leur ouvre pas de voix « naturelle » au mariage. Ce serait contre nature. Ce raisonnement est évidemment une erreur profonde. Car en quoi le mariage procède-t-il d’un quelconque processus « naturel » ? Peut-on me dire ce que l’établissement d’un contrat moral entre deux personnes (tu me seras fidèle, je te serais fidèle) et d’un contrat civil a à faire avec la nature ? Le mariage est exclusivement affaire de culture sociale. Rien d’autre. Et une culture sociale comme son nom l’indique, n’est pas naturelle, elle est culturelle, c'est-à-dire construite, fabriquée sur la base de jugements de valeur valables pour un groupe donné, à une époque donnée, dans un environnement donné. Si le mariage était réellement d’essence naturelle, alors son mécanisme pourrait avoir valeur d’universalité. On se rend bien compte à la lueur de la courte analyse qu’on vient de produire (et qui est bien suffisante) qu’il n’en est rien.
Mais je bifurque encore. Pour répondre donc à ce déséquilibre, les gays ont besoin de compenser d’une certaine façon. Je n’aime pas beaucoup ce terme parce qu’il est souvent accompagné de mauvais sous-entendus, mais je n’en trouve pas vraiment d’autres. Afin donc de rétablir leur orientation sexuelle dans le champ d’une orientation « normale », les gays font comme beaucoup d’entre nous dans d’autres situation : ne pouvant agir sur la substance de la chose (et pour cause, on ne peut pas demander à quelqu’un de « décider » de changer d’orientation sexuelle !), ils agissent sur les signes extérieurs qui, aux yeux de trop nombreuses personnes, et ça va durer encore des siècles comme ça, rendent compte de la substance. Dans cette démarche, vouloir accéder au mariage est évidemment une étape reine. C’est un des signes de normalité sociale les plus forts. Et ce n’est pas qu’une question pour les homosexuels d’ailleurs, les célibataires endurcis, quelque soit leur sexe, ressentent très certainement une « pression sociale » assez proche.
Je voulais poursuivre ce billet avec une deuxième réflexion sur la notion de conformisme, mais je ne vais malheureusement pas avoir le temps. La semaine prochaine, promis.
19:21 Publié dans Un peu d'analyse comportementale | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook |
Commentaires
Je vais vous dire mon sentiment à la lecture de votre billet . Il ne traite aucune des questions dérangeantes que soulève réellement le sujet de l'homosexualité chez ceux qui ne la vivent pas ou ne la connaissent pas de près ou de loin . Vous sous-entendez par le silence fait sur les autres attitudes possibles à côté de celles de mépris que vous avez pris en exemple , la fermeture de l'esprit de ceux qui grandissent en ayant des représentations familliales ou le père désire la mère et vis et versa et que cela semble les rendre plutôt satisfaits et qu'en sus cela permet même de faire naître la personne qui les regarde de si près... .Et en plus elles peuvent être des relations heureuses....
Pourquoi cette présentation faite sur les seuls cas négatifs pour penser que cela justifierait d'une évolution des pensées
de la société à l'egard de l'homosexualité ?
Je ne vois pas pourquoi il faudrait attendre de voir changer ce qui fait sens symbolique pour la majorité des hommes ou des femmes dans notre société , de se désirer et de trouver cela normal pour expliquer leur venue au monde . C'est déjà rendu assez difficile du fait du problème du sida, alors si en plus on doit culpabiliser de ne pas être assez ouverts sur une revendication à caractère homosexuel qui pour le moins se présente sur la base d'une différence sexuelle ...
Que des hommes s'aiment, ou que des femmes s'aiment, cela ne me gêne absolument pas. Mais que l'on affiche des petits drapeaux arc en ciel pour revendiquer des lieux réservés, ou que l'onse permette de mépriser ouvertement ceux qui n'ont pas le même sexe , et ensuite décréter que les institutions ne sont pas assez ouvertes, je trouve que c'est assez problématique .( pour moi ça l'est )
De même , le mariage n'est pas toujours le choix de la plupart des hommes et des femmes qui s'aiment, justement de se penser libres en dehors des codes de reconnaissance sociale.
Votre discours pousse à donner mauvaise conscience à ceux qui justement ne partagent pas les positions bien pensantes soit disant d'ouverture d'esprit, comme cela est le cas aujourd'hui dans le traitement des sujets de société , sur les minorités ethniques, sur le racisme, sur la sexualité...
Il ne faudrait presque plus discuter en argument contre ces sujets, qui le doivent cependant , car rien n'est indiscutable , sous prétexte de porter atteinte à des groupes qui se présentent sous le statut minoritaire donc victimes , de crainte de ne passer pour un vil extémiste , ou bourreau empli de haine . C' est justement de présenter ce statut victimaire en premier lieu qui empêche toute discussion. C'est un piège grossier et trés désagréable pour aborder un tel sujet.
Qui plus est , votre exemple sur ce qu'un enfant entend dire des homos par son "viril" de père, ne donne pas un statut de souffrance plus important qu'un enfant tout court qui voit son père battre sa mère(ou l'inverse) , ou que sais je d'autre.
Pourquoi ne parle t'on pas de discriminations dans ces cas là?
D'ou vient cette propension à mettre de la discrimination partout en lieu et place de réflexions ?
Écrit par : dg | 05/11/2006
Tout à fait : l'accession des gays au mariage en dit beaucoup sur le besoin d'acceptation des gays et sur le mariage en tant que norme.
Cela fait penser à la phrase de Proust : "Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme."
Écrit par : polluxe | 05/11/2006
Polluxe
Exactement. Mais on verra (dans mon deuxième billet) que cet épiphénomène peut mener encore plus loin.
DG
Votre commentaire est complètement hors-sujet. Vous semblez penser que je DEVAIS traiter toute la question de l'homosexualité et non pas qu'un de ses aspects (une forme de conformisme et sa cause). Et pourquoi donc?
Vous m'inventez ensuite des intentions que je n'ai pas: cacher des points de vue qui dérangeraient mon argumentation par exemple. Sachez que j'ai en horreur les discours implicites, dans lesquels on serait supposer comprendre à demi-mot ce que l'auteur ne dit pas. En vertu de quoi je n'utilise pas ce type de procédé, et lorsque je ne parle pas de quelque chose, cela ne présume en rien de ce que j'en pense.
Ensuite, mon billet n'essaie en rien de donner mauvaise conscience. Si vous en ressentez une à sa lecture, c'est que vous avez un problème personnel avec ce sujet. Mais cela n'est pas de mon fait. Ma seule intention, et sur laquelle j'insiste et vais continuer d'insister, est de parvenir à faire comprendre à mes lecteurs que ces canons comportementaux ne sont en rien des idéaux. Qu'ils ne sont que le reflet de circonstances: d'une période, d'une éducation, d'un milieu géographique, etc. Et que ces circonstances auraient fort bien pu être différente, et du coup, leur vision de la morale, du bien, du mal, de tout ce fatras de valeurs auxquelles ils donnent trop souvent valeur d'absolu, auraient été bien éloignée de ce qu'elle est dans leur condition présente. Cela ne signifie pas que je suis contre le mariage. Bien au contraire. Simplement je n'accorde aucune valeur supérieure de quelque forme que ce soit au fait de choisir cette voie plutôt qu'une autre.
Mais vous savez pourquoi la remise en question est perçue par certains comme une forme de culpabilité? Précisément parce qu'ils adossent à leurs comportements des notions de valeur morale qui n'ont rien à faire là.
Écrit par : pikipoki | 06/11/2006
Pikipoki,
Excusez moi si je vous ai énervé, mais je ne pense pas être hors sujet.
Je relève à la lecture de votre billet ce que vous avez choisi comme sujet , le mariage homosexuel, la revendication de ces personnes d'accéder à cette institution et également l'angle que vous avez "choisi" pour le traiter à la lecture de vos propos . C'est une remarque que je me suis faite.
Vous dites étudier l'angle du conformisme des gays.
Mais d'étudier cet angle vous fait prendre des positions comme acquises , car affirmées par vous même.
Vous avez avancé sans aucun détour que les gays font l'objet de discriminations . Je vous cite :
"Ils ont encore bien malheureusement raison lorsqu’ils disent qu’ils font encore l’objet de discriminations. Par discrimination j’entends le fait qu’une personne, en parlant d’eux, ou encore plus simplement en pensant à eux, va inclure dans les éléments de sa réflexion l’orientation sexuelle des gays comme un élément d’analyse parmi d’autres."
Vous étudiez un aspect , certes, mais doit on rester sans commenter ce qui vous amène à construire cet angle par des affirmations qui sont votres, et partir du principe que vos observations sont indiscutables ?
Donc si je comprends ce que vous écrivez, tenir compte de la sexualité de personnes qui par ailleurs se revendiquent par une sexualité différente , dans l'analyse, c'est d'emblée opérer une discrimination.? Vous n'avez pas dit autre chose, non ? Mais le mariage ne comporte t'il pas aussi l'idée de la sexualité en implicite ? Si vous parliez de discriminations à l'embauche, je n'aurais rien eu à dire à ce sujet. Mais là le sujet c'est le mariage non ? On ne doit donc pas penser les homosexuels par rapport à la sexualité ? C'est interdit ?
C'est discriminant à leur égard pour le sujet du mariage et pour ce qu'il signifie aussi symboliquement aux yeux de ceux qui ne sont pas homosexuels ?
Vous dites plus loin " je ne suis pas surpris que l’évolution soit lente dans les sociétés de tradition patriarcale." comme si c'était pour vous un fait acquis que l'évolution soit necessaire et donc lente : laquelle, que les gays accèdent à l'institution du mariage et que tout le monde trouve cela indiscutable , acquis , que cela ne soulève pas de questions adjacentes, de gêne, ni que l'on essaye de comprendre cette gêne ? Car si vous dites que l'évolution est lente, c'est qu'il y a des freins, non ? Et par quoi justifiez vous que l'évolution doit se faire ?
Vous dites encore :"Le mariage est exclusivement affaire de culture sociale. Rien d’autre. "
Vous êtes trés affirmatif , je vous le signale .Vous êtes d'accord ?
Et si le mariage, institution culturelle , sociale, religieuse, portait une symbolique qui est aussi celle d'aimer un autre et s'unir à cet autre de "nature" différente ?(on est d'accord sur la nature différente d'un homme et d'une femme, psychique et physique ?) Croyez vous que cela ne pose pas la question de la symbolique de ce qu'est l'autre dans une relation homosexuelle et donc aussi au niveau des représentations sociales ? Croyez vous qu'il faille passer dessus d'un revers de la main sans questionner cet aspect ?.
C'est vous qui êtes affirmatif, pas moi, sauf pour questionner ce que justement vous considérez comme acquis pour vous dans votre manière d'en parler.
Je n'invente pas que vous cachiez quoi que cela soit , j'affirme que ce que vous ne discutez pas, parce que pour vous catégoriquement tranché, est justement ce qui dérange les gens qui essayent d'en parler sans penser tout de suite que c'est un fait acquis que la société doit évoluer sur cette question ou que les homosexuels sont forcément discriminés
ne serait ce que dés la construction de la sexualité . Pour évoluer sur cette question, il me semble à moi qu'il faut fouiller et discuter beaucoup de tous les aspects, et beaucoup plus ouvertement , non ? . Apparaissait donc ce qui n'est pas discuté à travers vos affirmations et vos exemples choisis sont discutables à mes yeux pour ce que je vous ai expliqué dans le message précédent .
Je ne sais pas si votre discours était implicite. Sur ce point je n'en juge rien , je remarque ce qui me manque à l'argumentation ou opinion, je ne sais, qui est votre, et qu'au fond je discute. Et si j'ai dit que votre texte pousse à donner mauvaise conscience(pas la mienne puisque je vous dis ce que je pense sans détour ) c'est juste parce que vous tenez pour acquises les positions que vous avez prises et que j'ai cité plus haut. Si je devais penser les homosexuels par rapport à leur sexualité et ce qu'elle implique aussi à mes yeux du rapport à l'autre , comme vous dites que le faire c'est forcément exercer une discrimination, voyez en quelle situation de personne discriminatoire vous me mettez. Alors que vous pourriez avoir la curiosité peut être de comprendre ou appronfondir pourquoi les personnes pensent les homosexuels par rapport à leur sexualité , non ?
Est ce que l'on se réunit par rapport à une sexualité commune mais différente , oui ou non, dans une gaypride ?
Je n'ai pas de problème personnel pour justement parler ouvertement de ce qui fait question chez moi. Pourquoi devrais je avoir de la culpabilité.? Je me mets à la place de ceux qui peuvent l'être , d'être réduites à des personnes discriminantes par leur manière de penser cet aspect que vous relevez.
Et je considère que vous me renvoyez un peu trop sèchement dans les cordes. Je n'ai pas de valeur morale particulière à affirmer , je n'ai que des questions gênantes à poser , apparement.
Et si vous connaissiez mon intérêt pour la psychanalyse , vous sauriez qu'en ce domaine , le propre est bien la mise en question de soi, comme de tout ce qui est extérieur à soi. Donc de certaines de vos affirmations ou points de vue aussi.
Mais nullement n'était dans mon intention de vous faire violence par mes commentaires. J'apprends des choses grâce à vous. Et comme je me sens plus proche de la psychanalyse pour réfléchir les sujets, il est évident que l'analyse des comportements ne me suffit que trés rarement et que j'essaye de la comprendre et de la mettre en question , puisque cela a l'air d'être l'un de vos centres d'intérêt que vous partagez publiquement .
Si je vous ai gêné, j'en suis désolée. Votre réponse ne me gêne pas du tout. Bien au contraire. Je savais que je prenais le risque de dire ce que votre billet m'évoque, de créer de la gêne . Je l'assume totalement. C'est pour moi au moins le signe que discuter au delà de ce que vous dites ou ne dites pas est possible ici .
Écrit par : dg | 06/11/2006
DG
Je vais essayer de répondre à tous vos points de façon organisée.
1. Sur la question de la discrimination. Je ne suis pas rentré dans le détail sur ce sujet. Je n'ai fait que noter que la sexualité des personnes était un facteur potentiel de discrimination. Cela ne signifie évidemment pas que tous les homosexuels font nécessairement l'objet de discrimination. Je ne me suis intéressé ici qu'à ceux qui en font l'objet, pas aux autres, et c'est pour ça que je n'ai pas parlé de ces autres. Je ne peux pas tout détailler dans chaque billet, sinon c'est infaisable. J'espère à chaque fois que ma démarche soit bien comprise par les lecteurs mais je comprends que ce ne soit pas évident.
2. Vous dites "Donc si je comprends ce que vous écrivez, tenir compte de la sexualité de personnes qui par ailleurs se revendiquent par une sexualité différente , dans l'analyse, c'est d'emblée opérer une discrimination.?" Si cela sert dans la prise de décision, oui. Cela n'empêche pas d'inclure cet aspect pour comprendre les gens, mais ce sont deux choses différentes, et je ne parlais pas de la seconde dans mon billet.
3. Le mariage pose la question de la sexualité de façon implicite? Pas sûr. C'est ce que notre société nous apprend. Mais cette notion n'a rien d'absolu. Le mariage n'est qu'un contrat, moral et civil, entre deux individus, qui a été forgé pour répondre à certains besoins de construction sociale. C'est une structure si vous voulez. Et bien je crois qu'on peut mettre ce que l'on veut dans cette structure, et que la question de la sexualité n'est que culturelle, c'est-à-dire qu'elle ne relève en aucun cas d'une quelconque nature que nous aurions, mais uniquement d'éléments acquis, appris, construits par nous-mêmes ou nos prédécesseurs. Notre culture associe la question de la sexualité au mariage. Les autres pourraient en faire ce qu'elles veulent.
4. La lenteur de l'évolution. Je n'émets là que mon avis. Je trouve effectivement que l'évolution est lente au regard de ce qu'elle pourrait être. Puisque la mariage n'est qu'affaire de culture et n'est donc ne rien un absolu (et ça DG, c'est un fait, pas une opinion, je ne vois donc pas bien en quoi il se discuterai), il n'y a pas de raison de tergiverser des décennies pour laisser des homosexuels se marier. Et bien sûr qu'il y a des freins à cette évolution: ils sont culturels, ou pour dire ça de façon plus directe, ils sont dans la tête des gens qui ne parviennent pas à comprendre que LEUR choix de vie et de société n'a pas à faire l'objet d'un culte de l'absolu.
5. "Et si le mariage, institution culturelle , sociale, religieuse, portait une symbolique qui est aussi celle d'aimer un autre et s'unir à cet autre de "nature" différente ?" Vous comprenez à la lecture de mes réponses précédentes que ceci ne désigne que votre propre vision du mariage. pour ma part je ne comprends pas bien votre vision de "nature différente". Il n'y a que la sexualité qui différencie les personnes? Ne croyez-vous pas que deux homosexuels sont différents? J'ai l'impression que vous ne faites ici que "copier" le modèle qu'on vous a appris, sans vraiment prendre de recul. Cette une vision très restrictive du mariage que vous faites là je trouve.
6. "Croyez vous que cela ne pose pas la question de la symbolique de ce qu'est l'autre dans une relation homosexuelle et donc aussi au niveau des représentations sociales ? Croyez vous qu'il faille passer dessus d'un revers de la main sans questionner cet aspect ?." Ces questions sont intéressantes, mais ce n'était pas l'objet de mon billet de les traiter. Si je devais toujours être exhaustif je ne serais tout simplement plus en mesure de tenir ce blog. Il faudrait que je devienne écrivain à plein temps en espérant pouvoir en vivre. C'est sur ces points que je vous ai jugée hors-sujet.
8. J'imagine que la question du sentiment de culpabilité provenant du fait d'être "une personne disccriminante" est résolue par point 2. Que vous preniez en compte la sexualité des personnes pour les comprendre ne me paraît nullement être une forme de discrimination. Toute la difficulté en revanche est de savoir ce qu'on en ressort!
9. Ne vous inquiétez pas, que vous fassiez des remarques ne me dérange pas. J'ai toutefois une requête pour m'aider à vous répondre, en espérant que vous ne le prendrez pas comme une pique: faites plus court et plus organisé. J'ai déjà du mal à trouver du temps pour maintenir mon blog, je ne peux malheureusement pas lire tous les commentaires lorsqu'ils sont aussi longs.
Écrit par : pikipoki | 07/11/2006
soyons un peu plus radical (c'est pour la posture, il n'y aura rien de vraiment radical dans ce que je vais dire...) cher pikipoki (d'ou vient ce pseudo au fait?). La plupart des gens vont se marier parce qu'ils s'aiment. Avant cela avait quelque chose à voir avec le fait de fonder une famille, mais aujourd'hui, les enfants naturels sont reconnus aussi bien que les enfants "légitimes" (je ne suis même pas sûr que le droit utilise encore ces termes). Donc les gens se marient parce qu'ils sont content: ils font la fête, invitent leurs amis, réunissent leur famille. Une mairie, mieux encore, une église, ça a de la gueule. Par exemple, l'un de mes amis radicalement athé et bouffeur de curé dans le civil s'est marié à l'église. Je comprends que ça désole certains, mais c'est la vie... alors il y a peut-être du conformisme là dedans, mais probablement pas une envie "d'imiter" ou "d'avoir la même chose que" les hétéros. Le mariage a tellement perdu de son sens traditionnel (pas pour tout le monde, bien sûr, mais il n'y a qu'à assister à deux ou trois mariages pour comprendre que les curés ont totalement accepté ces transformations) que l'on peut penser que les gays n'imitent personne: ils participent de transformations que nous connaissons tous.
Écrit par : Clic | 10/11/2006
Clic,
Je vois ce que vous voulez dire mais pourtant j'insiste sur mon point. Il y a bien à mon avis une recherche de normalité, et d'une normalité reconnue, qui offre une forme de reconnaissance sociale, parce qu'elle donne un visage facilement identifiable à un couple, et que ce visage est celui déjà accepté dans une certaine organisation sociale, et qu'il la renforce. D'ailleurs, il y aurait beaucoup à dire sur l'amour, un mot utilisé à beaucoup de sauces, et qui valide et justifie un grand nombre de nos comportements, sans que l'on ait toujours (je devrais presque dire jamais) une conscience bien claire de ce qu'il recouvre.
Bon, et puis quand même, parlons de choses plus sérieuses, qu'est-ce que ça veut dire d'avoir arrêté votre blog ?
Écrit par : pikipoki | 13/11/2006
pas vraiment mort en fait... disons que j'écrirais vraiment de façon très irrégulière. Cela me permet de passer du temps à lire et à commenter les textes des autres.
Bon, sur ce point, ce que je me dis, c'est que le désir de reconnaissance n'est pas forcément un désir de normalité. En tout cas, je ferais la différence entre les deux. Tout le monde veut-être reconnu, même quand il s'agit dêtre reconnu dans sa différence. Vouloir être reconnu ne signifie donc pas vouloir être normal...
Bon, je dis ça, et en même temps je ne me convainc pas moi-même ;)
Écrit par : Clic | 14/11/2006
Ah mais oui, vous avez enfin repris. Chouette.
Sur la reconnaissance, j'avais écris un petit billet il y a quelques temps http://piki-blog.blogspirit.com/archive/2005/10/18/la-reconnaissance.html
C'était juste pour expliquer quelques principes de fonctionnement de la reconnaissance, rien de très approfondi. Peut-être ferai-je plus tard quelque chose de mieux sur ce sujet (patron, une promesse en l'air, une!)
Écrit par : pikipoki | 15/11/2006
La Babole (petite bonne femme de Haute Savoie) a également réagit à cette actualité : http://lababole.arviblog.com/article-104856.html
A bientôt
Écrit par : La Babole | 04/12/2006
pas mal l'analyse sur le mariage.
Écrit par : mariage | 25/12/2006
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