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16/11/2006

Mon opinion sur le premier tour au PS

On ne me l’a pas demandé, donc comme c’est d’usage dans une telle situation, je vais donner mon avis sur le premier tour du vote des militants socialistes qui les invite à désigner leur champion. Comme il est d’usage sur ce blog, je commente tout cela un peu tard, mais bon. J’ai mon verre en main, le bistrotier semble d’accord pour me laisser sa dernière bouteille de Cognac, donc allons-y.

 

D’abord je dois dire que je trouve que la démarche adoptée par le parti socialiste pour désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle est plutôt positive. Le principe d’une primaire me plaît bien car elle donne une meilleure clarté et une meilleure transparence sur la démarche suivie par le PS, ce que la tenue des débats a encore renforcé. Evidemment on pourrait gloser des heures pour savoir si les débats, dont le fonctionnement amène naturellement à soulever des divergences parfois importantes, n’ont pas contribué à affaiblir dès le départ la position du candidat qui sera au final choisi. Mais si l’on accepte ce raisonnement, et que l’on craint un affaiblissement trop fort de nos différents favoris, alors il faut tout de suite cesser de débattre de quoi que ce soit et aussi oublier tout principe de vote dans nos élection. Ce n’est pas tant le problème de la qualité de nos candidats que cela poserait, mais bien plus celle de notre profondeur politique, à nous qui sommes appelés à voter.

 

D’ailleurs dans le fond, ces débats n’auront pas été bouleversifiants d’agressivité. Ils ont bien comporté leur lot de piques et de petites phrases vinaigrées, mais rien de vraiment regrettable, et la tenue de tout cela aura été à mon avis très correcte. En tout cas il n’y a là rien qui pourrait être insurmontable lorsqu’il sera question pour les uns et les autres de se rallier au choix des militants en abandonnant leur champion sur son strapontin.

 

Maintenant les candidats

 

Fabius

Franchement pour moi c’est le plus mauvais choix. Fabius ne m’inspire absolument aucune confiance, et je ne lui trouve aucune stature de chef d’état. Aucune confiance d’abord, parce que Fabius me fait l’impression du type qui s’est réveillé un jour en se disant : « je vais faire comme les autres, je vais être hypocrite et démago, il n’y a que ça qui marche », mais qui ne sait pas vraiment faire. Du coup il me semble toujours être en porte-à-faux, double. J’ai systématiquement le sentiment en l’écoutant qu’il n’est pas franc du collier, qu’il en cache la moitié, et qu’il n’a suivi que la moitié de ses cours du « sourire pour les nuls », ce qui expliquerait qu’ils soient toujours faits en décalage avec ses propos.

 

Et puis, c’est un détail, mais qui m’a vraiment agacé, il y a sa proposition sur le SMIC à 1500 euros. Je ne suis pas opposé, bien au contraire, à réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de vie des gens à faibles salaires. Mais présenter une telle mesurette, comme un mantra majeur de son programme, est à mon avis une stupidité. L’augmentation des minima sociaux ne peut à mon avis pas être une mesure majeure, elle ne peut être qu’une mesure de correction, à vocation temporaire. Parce que l’objectif final que doit se donner une économie, n’est pas d’augmenter les minimas sociaux, mais bien de faire sortir le maximum de personnes de la nécessité de ces minimas. Que ces minimas existent est à mon avis une bonne chose, mais se focaliser dessus montre une erreur de perspective majeure, et une vision politique à très courte vue.

 

Royal

Je me souviens qu’avant que Ségolène Royal n’occupe le devant de la scène politique, ou plutôt des sondages hebdomadaires dans la presse qui n’a rien à dire, eviv avait annoncé sur un blog, je crois que c’était chez versac, que le PS s’apprêtait à mettre la belle du Poitou en première ligne. Sur le moment  je n’avais accordé aucun crédit à cette information, tant Ségolène Royal m’apparaissait n’être qu’un second couteau de la famille socialiste, incapable de soulevé les foules. Mais quelques semaines seulement après l’annonce d’eviv, Ségolène occupait tous les médias, et semblait intouchable par les éléphants.

 

Je suis assez partagé la concernant. D’un côté, et à ce sujet on me trouvera probablement naïf et creux, mais en fait je trouve que le fait qu’elle soit une femme est un point positif. J’aime bien l’idée que mon prochain président soit une femme. Je trouve que ça aurait une certaine gueule, notamment à l’étranger, et puis, ce n’est peut-être qu’une apparence, mais tout de même pas si stupide que ça pour juger de l’ouverture d’esprit d’un peuple et de son niveau de démocratie. Evidemment ça ne constitue pas un argument en soi, mais enfin moi ça me plairait.

 

Mais d’un autre côté, je dois dire que je n’ai guère été convaincu par ses différentes interventions, et que comme à beaucoup d’autres, elle m’a laissé jusqu’ici une impression de flou, comme si elle ne faisait que survoler les sujets sans vraiment les connaître ni être capable de proposer autre choses que quelques formules de consultant pour les appréhender. Je ne la sens pas compétente pour traiter concrètement les problèmes à venir. Cependant, je crois bon d’ajouter quelque chose sur ce point de la crédibilité qu’on lui accorde. Nous sommes en France très habitués à un discours politique tenu par des hommes. Les femmes commencent certes à occuper une place grandissante dans les débats et les décisions, mais tout de même, les grandes figures des gouvernements que nous avons connu ces dernières décennies sont très majoritairement des hommes, et lorsqu’on évoque ceux qu’on aime à décrire comme des grands hommes, il n’y a pas de noms féminins qui soient évoqués. Les femmes politiques se sont intégrées à ce moule masculin, elles ont calqué leurs discours sur le mode d’expression des hommes. C’était leur seule façon d’exister politiquement. Mais il reste à certaines d’entre elle, et on ne peut que s’en réjouir, un mode d’expression qui n’est pas encore totalement formaté aux automatismes dont nous avons désormais l’habitude. Dès lors, et c’est bien normal, elles surprennent, elles décontenancent et donc elles suscitent la méfiance. Peut-être est-ce à nous de nous ouvrir à un nouveau type de discours ? Je ne dis pas que Ségolène Royal soit la meilleure représentante de ce que pourrait être un discours politique féminin, en fait je n’en sais rien, mais je me méfie de ma propre tendance à l’aveuglement face à une chose à laquelle je sais ne pas être habitué.

 

DSK

C’est mon candidat préféré. Le plus brillant intellectuellement, le plus didactique lorsqu’il s’exprime en public, le plus apte à avoir une vision claire et à la faire partager. Et à mon avis le plus fort dans l’exercice du débat politique, en particulier en face à face. On l’a déjà vu étriller Sarkozy, je ne doute pas qu’il soit capable de rééditer le même type de performance, même si le ministre de l’intérieur se sera très probablement très bien préparé pour les débats de la campagne officielle.

 

Mais DSK souffre à mon avis d’un défaut mortel à ce niveau : il n’a pas l’image d’un chef d’état. DSK c’est le bon opérationnel, le type de bureau travailleur qui résout les problèmes et qui sait ne pas sacrifier l’efficacité à l’idéologie. Mais voilà, il n’a pas la stature nécessaire pour accéder à la marche supérieure, et on l’imagine mal enfiler le collant du surfeur d’argent. Malheureusement pour lui, en France c’est d’abord ça que les électeurs attendent d’un candidat. Malheureusement aussi pour nous. Car peut-être le véritable changement serait-il d’accepter enfin un bonhomme qui ne casse pas la baraque par des déclarations fracassantes, mais qui n’en applique pas moins un vrai programme, modeste mais cohérent, qui donne quelques résultats tangibles, quitte à oublier nos rêves de danse du feu autour de la Bastille.

 

Je dois dire qu’au final aucun de ces trois candidat n’emporte réellement mon adhésion, en tout cas aucun ne soulève chez moi un grand enthousiasme. Et que je serais bien embêté au moment de glisser mon bulletin dans l’urne. Serais avec un s.

 

P.S :  au fait, je pronostique des résultats plus serrés que prévu lors du premier tour, Ségolène Royal ne crevant pas les plafonds comme annoncé, DSK étant son second, et Fabius réalisant un score faible qui l’affaiblira beaucoup par la suite. Puis SR sera désignée au second tour.

Commentaires

Avoue que si c'est pour mettre des collants, il vaut mieux que ce soit Ségolène...

Écrit par : Hugues | 16/11/2006

Madame Royal essaie d'assimiler l'incompétence que beaucoup perçoivent dans son discours (ces reformulations, ces "bêtises" a t-elle même dit),
avec un apanage de la féminité, c'est une façon pour elle d'"attiser le mythe" "Ségolène femme présidente" :
à un endroit de votre texte vous semblez accréditer cette hypothèse.

Laissez-moi vous dire que c'est entièrement faux :
madame Merkel a une façon bien à elle de faire de la politique, de négocier, une façon qu'on pourrait qualifier de "féminine" mais qui n'est aucunement marquée par cete incompétence, cette façon de lancer une ineptie provoquante, puis de la corriger parce que c'est une stupidité.

Mesdames Aubry, Guigou et bien d'autres (je pourrais parler de femmes travailant dans l'administration et non en politique) pareil.

Franchement c'est le pire message qu'elle fait passer : associer son incompétence à une marque de féminité.

Écrit par : duong | 16/11/2006

Hugues
huhu, je n'en attendais pas moins de toi

duong
Ah non je ne dis pas que Ségolène associe son image d'incompétence à sa féminité. Je trouverais d'ailleurs ça plutôt étrange comme tactique.

Écrit par : pikipoki | 16/11/2006

excellent le billet sur le surfeur d'argent, j'ai beaucoup aimé. j'aurais bien laissé un commentaire desus.

Écrit par : edgar | 16/11/2006

Ah oui, malheureusement les billets trop anciens ne permettent pas de le faire, ou plutôt à cette époque je n'avais pas choisi les bons paramètres pour que ce soit possible, et il n'est pas possible de revenir dessus. Mais il est assez probable que je revienne dans quelques temps sur le même sujet.

Écrit par : pikipoki | 17/11/2006

Je suis toujours surpris par les jugements sur les capacités intellectuelles et la "compétence" et sur l'extraordinaire surpondération de la qualité d'orateur pour un poste de sélectionneur.

http://guerby.org/blog/index.php/2006/11/17/128-primaires-au-parti-socialiste

Écrit par : Laurent GUERBY | 18/11/2006

Disons qu'en l'état, et comme pour beaucoup d'autres, je n'ai pas vraiment d'autres critères sur lesquels juger ces candidats que ceux que m'offrent leur interventions médiatiques. Je n'ai donc que des impressions récoltées à gauche et à droite, sur lesquelles me baser pour établir mon jugement. Evidemment ce ne sont que des impressions, et il est bien compliqué d'y intégrer tout ce que la communication politique y aura apporté de distorsion. Mais si je les rejette sous prétexte de leur insuffisance, même si cette insuffisance est réelle, alors je n'ai plus rien pour juger. Autant voter pour un canard dans ce cas (j'aime bien les canards).

Écrit par : pikipoki | 20/11/2006

Pikipoki : je ne dis pas que tu le dis, je dis que c'est elle qui a amalgamé volontairement les deux dans son discours récent, et que c'est très dangereux.

Écrit par : duong | 22/11/2006

Oh très dangereux, c'est peut-être éxagéré. Disons qu'elle établit peut-être un écran de fumée avec sa féminité pour camoufler certains creux. Je ne suis pas sûr que ce soit pire que ce que font d'autres, comme Sarkozy qui joue au suractif, pour qu'on ne prenne pas vraiment le temps de se pencher sur son bilan.

De toute façon, je ne crois pas que les hommes et femmes politiques puissent être compétents en tout. Ils ont donc tous besoin d'établir des tactiques pour boucher les trous, ou les rendre invisibles aux yeux des électeurs (parce qu'admettre une faiblesse est équivalent à un suicide politique, ce qui ne démontre d'ailleurs rien d'autre que notre immaturité politique, tant celle des élus que des citoyens). Ensuite ces tactiques se valent dans le fond, puisqu'aucune n'a vraiment d'importance. Ce qui compte ce n'est pas comment ils cachent les trous, mais quels trous ils cachent.

Écrit par : pikipoki | 22/11/2006

Je veux dire : c'est très dangereux pour l'image des femmes en général.

D'autant qu'elle va forcément susciter l'opprobre à un moment ou à un autre surtout si elle est élue, comme tous les présidents.

Cet amalgame de SES qualités avec celles de LA femme est selon moi très dangereux.

Pour le reste, le problème de la phrase "les hommes et femmes politiques ne peuvent être compétents en tout" c'est qu'elle alimente le nihilisme ambiant qui a clairement bénéficié à Ségolène Royal.

Par ailleurs, je suis désolé : les "trous", on les voit, notamment sur la méthode : elle n'a manifestement pas le sens de la diplomatie, ni avec les interlocuteurs étrangers ni avec les partenaires syndicaux, c'est ça le plus dangereux.
Bien que je ne sois pas d'accord avec ses idées, Sarkozy a montré qu'il en est capable de négocier avec diplomatie.

Écrit par : duong | 22/11/2006

Moi j'ai représenté DSK en section. Pour autant, c'est Ségolène et c'est pas plus mal. je voulais que DSK soit devant Fabius, et lancer une dynamique interne.

Je pense que les critiques faites à SR sont souvent exagérées : pour moi elle a mis enscène sa naïveté ou son incompétence supposée. Souvent on se rend compte que ce qu'elle a dit n'était pas aberrant. Elle a permis de soulever de vrais débats. Et elle a largement gagnée.

Je pense qu'elle est très forte. Et autour d'elle il y a des gens de qualité. D'ailleurs il est intéressant de noter que quelques uns de nos membres, à réformisme et rénovation, participent à sa campagne et ont obtenu des responsabilités. Donc Montebourg sera remis à sa juste place, les institutions et la rénovation, pas plus...

Écrit par : Jani-rah | 22/12/2006

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