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20/11/2009

En viendrons-nous tous aux mains ?

Main d'Henry.jpgMercredi soir nous avons assisté à un bien triste match entre la France et l'Irlande. Triste par la faiblesse du jeu proposé, et aussi bien sûr par la façon dont son dénouement s'est dessiné.

 

Authueil aujourd'hui, et d'autres commentateurs avant lui, regrettent et fustigent même les regrets de certains supporters. A le lire, il faut savoir filer avec la caisse quand on n'a pas été pris. Ce comportement serait celui des gagneurs, des gens qui savent aller de l'avant. Tandis que les regrets et les scrupules seraient les caractéristiques des faibles. Il s'agit de "bouffer ou d'être bouffer".

 

Je ne partage pas sa vision des choses et veux espérer qu'il y a autre chose qui nous attend que cette désespérante bataille de loups qu'il nous promet (et dans laquelle nous serions déjà d'ailleurs). Sinon, alors très franchement, je ne vois aucun intérêt à vivre.

 

Il s'agit en fait ici de divergences de croyances. Des croyances de base qui fondent le comportement. Il se trouve que je trouve la sienne néfaste (aux autres comme à lui en passant), fondée sur une vision horrible des choses. Personnellement je suis souvent très pessimiste sur nos facultés à être autre chose que des machines à broyer les autres. J'en ai d'ailleurs largement fait écho ici en abordant notre propension si insatiable à chercher le pouvoir et la domination sur les autres. Mais pourtant je n'ai pas envie de croire qu'il est impossible que des gens puissent se comporter en fonction d'une morale qui leur est propre, et que des joueurs de foot pour revenir à l'exemple de la semaine, ne puissent pas respecter les règles et valeurs de leur sport et ne fassent que s'en remettre aux autorités autorisées pour décider du cours des choses. Ils ne sont pas des pantins, et comme tous les autres ils sont responsables de ce qu'ils font.

 

En psychologie et en développement personnel il y aurait pas mal de choses à dire sur ce point. Sur la responsabilité d'abord. Une personne qui s'appuie sur les autres pour rendre compte de ses actes n'agit pas de façon responsable. Qu'est-ce qu'elle perd ? L'estime de soi. En agissant par soi-même et en reconnaissant la responsabilité de ses actes on participe à la construction de l'estime de soi. Sur les valeurs ensuite. Agir de façon conforme à ses valeurs renforce également l'estime de soi. Tandis que les actes faits en dépits ou contre ses valeurs personnelles affaiblissent l'estime de soi. C'est cette prise de conscience qui m'a décidé à ne plus accepter sans broncher certaines décisions de mon ancien employeur. Et j'ai senti clairement le gain que j'en retirais.

 

Ceci dit, pour en revenir au foot, la prochaine fois que nous nous rendrons à Dublin pour jouer un match il ne faudra pas s'étonner si le fond de l'Eire effraie... (^^).

 

(Ok c'est en grande partie un copyright Gothlib - tu vois Samuel, j'aurais été gêné de tirer toute la couverture à moi)

10/11/2009

Euthanasie et dignité

Lit d'hôpital.jpgEn prévision des débats prévus le 19 novembre sur la proposition de loi N°1960 relative au droit de finir sa vie dans la dignité Koz a produit aujourd'hui un billet sur le sujet dans lequel il affirme à nouveau sa position contre l'euthanasie. Koz argumente notamment sur la question de la dignité, et martèle que tout homme est et reste toujours digne. C'est ce qui constitue selon lui l'égarement de la proposition de loi, celle-ci inscrivant en creux l'indignité humaine comme une possibilité qu'il conviendrait d'atténuer par la légalisation de l'euthanasie.

 

Cette question de l'euthanasie à travers le prisme de la dignité, je me la suis posée suite à la lecture du livre de deux psychiatres, François Lelord et Christophe André, intitulé La Force des émotions. Leur ouvrage n'a pas pour but d'analyser ce point de façon spécifique, mais ils s'y arrêtent au détour du chapitre qu'ils consacrent à la honte, d'une façon que je trouve intéressante car ils permettent de préciser la notion de dignité, et donc les présupposés sur lesquels la question de l'euthanasie peut être traitée.

 

Car c'est selon moi la première et la plus importante erreur que Koz commet dans son article : il ne définit pas ce qu'est selon lui la dignité. Elle naît dans son argumentation de façon désincarnée, comme créée de façon divine et détachée de toute réalité. Elle semble dans ses mots se rattacher aux humains de façon absolue, parce que c'est comme ça. A proprement parler je crois que l'on doit considérer qu'il s'agit là de sa part d'une pure idéologie. La dignité selon lui se présente comme un préalable qui existe quoi qu'il arrive, et qui semble ne pouvoir jamais s'éroder, comme un phare inébranlable face aux vents.

 

L'intérêt de l'approche de Lelord et André est qu'ils étudient les émotions en les replaçant dans le vivant. En indiquant leurs sources, les facteurs qui les favorisent, ceux qui les éteignent, les méthodes et les techniques pour les gérer, etc. Leur vrai sujet d'analyse dans le fond, ce ne sont pas les émotions, ce sont les hommes et les femmes qui les vivent. On m'objectera peut-être que la dignité n'est pas une émotion. C'est vrai. Mais le sentiment d'être digne, lui, est au coeur de notre vécu. Il fonde notre confiance en nous-même lorsqu'il est présent, et creuse le lit de la honte et du sentiment d'humiliation lorsqu'il s'efface. Et lorsque l'on se pose la question de l'euthanasie, c'est bien des hommes et de leur sentiment de dignité qu'il nous faut traiter, et non de la dignité envisagée toute seule. Parce que la dignité toute seule, ça n'existe pas.

 

Dans leur livre, Lelord et André abordent la question de la dignité et de la fin de vie en reprenant à leur compte une phrase extraite des archives médicales titrées Shame and humiliation in the medical encounter de A.Lazare, phrase qui vise à mon avis très juste. La voici :

 

"Quand les malades parlent de mourir avec dignité, ils expriment ce besoin d'autonomie et de contrôle que la maladie grave met en danger. D'où l'intérêt de préserver leur dignité en soulageant leur douleur, en leur laissant le plus d'autonomie possible, en leur évitant des situations humiliantes d'attente, de nudité ou de malpropreté, ou en évitant de désigner leurs symptômes ou handicaps par un vocabulaire dévalorisant."

 

Un terme m'apparaît comme central dans cette citation : l'autonomie. C'est la faculté de se sentir autonome qui fonde pour l'essentiel le sentiment de dignité d'un homme, qui qu'il soit, et où qu'il vive. La possibilité de rester maître de soi, de son corps et de son esprit avant tout. C'est à travers cette faculté que l'on se sent humain et digne. La retirer à quelqu'un n'est rien d'autre que de lui signifier sa mort sociale, je devrais même dire malgré la force du terme, sa mort au sein de l'humanité. C'est tuer en lui ce qui le fait être à ses yeux un participant de l'humanité.

 

C'est ce terme qui m'a fait profondément réagir lorsque j'ai lu ce livre. Parce que j'y ai vu toute l'injustice de la position anti-euthanasie se dessiner. Car quoi ? Nous passons notre temps à chercher les moyens de contrôler nos vies et ce qui les entoure. A vouloir asseoir notre emprise sur les événements, afin de nous en rendre mâîtres. L'homme n'accepte pas de vivre dans le doute et l'incertitude, et toujours essaie d'accroître ses connaissances et sa domination sur le monde. C'est par la recherche de domination, de pouvoir, que nous espérons apaiser nos craintes sur un avenir incertain. Depuis les temps des premiers chasseurs-cueilleurs ce mode de fonctionnement ne s'est jamais démenti.

 

Et cette autonomie que nous, gens encore valides, recherchons par tous les pores de notre anatomie,, parce que nous sommes biologiquement programmés pour cela, tout corps vivant cherchant toujours à déployer les meilleurs moyens de survie à sa portée, cette autonomie disais-je, nous la refuserions à ceux qui ont le malheur d'être mourrants ?

 

Deux choses me viennent à l'esprit en conclusion.

 

Tout d'abord que le langage n'a décidemment pas fini de nous tromper sur nous-mêmes. Sur un simple mot, interprété de façon désincarnée, nous pouvons parvenir à des raisonnements et des argumentations qui sont "beaux" au premier abord, mais qui, une fois décortiqués, montrent leurs errements. Il est souvent très difficile de manier de façon convenable les concepts abstraits sans s'y perdre soi-même entre lyrisme des paroles et réalité des choses, et je ne suis pas le dernier à m'y faire prendre.

 

Ensuite que ces errements du langage révèlent bien à mon sens que la vérité de nos orientations spirituelles et intellectuelles est souvent à  chercher ailleurs qu'au bout de notre langue. Comme je l'avais indiqué lors du dernier débat sur l'usage des préservatifs, sur des sujets de ce type il y a bien plus à voir que la seule défense du sujet précis qui est abordé. C'est un mode de vie que l'on cherche à défendre derrière, c'est nous dont il est question dans nos discours, pas des personnes dont on prétend parler (ici les personnes en fin de vie qui manifeste leur souhait de mourir, là les utilisateurs ou non du préservatifs), qui ne sont finalement que des alibis, des instruments. Koz, je crois, devrait s'interroger sur les véritables fondements qui font que cette question, parmi tant d'autres tout aussi crûment d'actualité, le fait réagir si fortement. Et moi aussi.

05/11/2009

Internaute, lance ta Lefebvrinade !

Frédéric Lefebvre.jpgJ'arrive tout juste de chez Jules dont le dernier article sur une récente sortie de l'inénarrable Frédéric Lefebvre m'a fait réagir. Jules rapporte des propos du porte-parole de l'UMP au sujet du débat sur l'identité nationale. Je les recopie à nouveau ici pour que mon article soit clair :

 

"La question de l’identité nationale, c’est en réalité la question de la langue française. C’est la question de notre culture, de notre identité culturelle. Le texte Hadopi, moi je considère qu’il faut aller plus loin sur certaines questions pour défendre l’exception culturelle française (…)."

 

L'argument est tellement ridicule que je le trouve drôle. Il donne le sentiment que le terme Hadopi lui est venu dans la bouche comme un réflexe myothatique tant il est incohérent avec le sujet abordé. Donnez un coup de pied dans la chaise de Lefebvre endormi et il criera "Hadopi ! "en se réveillant en sursaut. Du coup j'ai eu une idée, que j'ai indiqué en commentaire chez Jules mais que je reprends ici. Pourquoi ne pas créer des variations sur la phrase de Frédéric Lefebvre et proposer nous aussi des défenses absurdes du texte Hadopi ? Et dans la mesure justement où l'on part sur un humour absurde je pense qu'avec un peu de talent on doit pouvoir aller assez loin.

 

Pour ma part je me contente de deux propositions de départ sans doute pas super drôles, mais pour lancer le mouvement, dans l'éventualité où certains soient tentés (qui sait, après tout Lefebvre est coutumier des sorties hors-sujet, quelques-uns ont peut-être envie de le prendre au jeu).

 

Voici mes propositions :

“La présidence de l’EPAD, c’est en réalité la question de la place de la jeunesse dans notre société. Le texte Hadopi moi je considère qu’il faut aller plus loin sur certaines questions pour défendre les jeunes talents.”

“La question de la taxe professionnelle, c’est en réalité la question du rayonnement de la France dans le monde, de notre place dans le concert des nations. Le texte Hadopi moi je considère qu’il faut aller plus loin sur certaines questions pour défendre les artistes français.”

 

 A vous ?