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18/04/2006

Pause du langage

Il y a déjà quelques mois, Damien a produit une note très intéressante évoquant certaines pistes envisageables pour réinstaurer une situation sociale qui nous garderait de revivre les évènement de l'automne dernier dans nos chères banlieues. Au-delà des constats habituels il était effectivement bon de se pencher sur le fond des choses et de proposer une analyse précise et des solutions concrètes au problème posé.

 

D'autant que l'on a vu à l'occasion des manifestations contre le CPE les mêmes individus reproduire exactement les mêmes comportements, toujours aussi effrayants. La casse pour la casse, la bagarre pour la bagarre, bref la logique de chaos total à l'oeuvre. Mais ce qui inquiète surtout dans ces évènements, au-delà de leurs conséquences directes, c'est qu'ils laissent d’abord désarmés, parce qu'ils détruisent tous les fondements logiques de nos comportements habituels. On agit presque toujours en vue de quelque chose, pour atteindre un objectif.

 

La logique de destruction sort de ces schémas, puisque les casseurs ne rapportent aucun gain de leurs casses (si ce n'est à travers quelques vols, certes, mais je ne crois pas que la majorité agissait avec le but final de voler). Ils ont détruit, c'est tout, et personne n'y gagne au final, il n'y a pas de gratification derrière cela. C'est pour cela que cette logique inquiète tant: parce qu'elle est dans le fond parfaitement illogique et déraisonnable. Dès lors que faire pour convaincre ces personnes de changer de comportement puisque précisément elles refusent d'agir de façon raisonnable ? Quelle maîtrise peut-on prétendre avoir sur des personnes aux comportements insensés et imprévisibles?

 

C’est cette question qu’il faut notamment parvenir à résoudre pour trouver une solution pérenne : qu’est-ce qui peut pousser les gens à agir de telle façon ? Comment faire en sorte que ces causes disparaissent ? Damien dans son billet, abordait notamment, au milieu d’autres propositions concrètes, une idée que je crois très juste : la solution passera notamment par la maîtrise du langage, qui est une des clés de « l’embourgeoisement des barbares ».

 

Il doit exister des études qui démontrent une corrélation entre maîtrise du langage et réussite sociale, et sans doute également (et c’est forcément une conséquence) entre non maîtrise et dérive sociale (combien de prisonniers sont illettrés ?). Je n’ai pas encore trouvé de telles études, mais si un lecteur en connaît je suis preneur. Ensuite, il faut bien sûr préciser mieux quels sont les enjeux du langage. Ce ne sera pas encore l’objet de ce billet, mais j’indique tout de même deux idées simples qui sont à mon avis de bonnes pistes de départ :

 

1. La maîtrise du langage, permet la maîtrise de la pensée. La pensée, c’est le verbe, elle ne peut exister sans celui-ci. Et moins le langage est maîtrisé, plus la pensée est confuse et trouble (et vice versa). Et une pensée confuse entraîne naturellement des comportements confus. Il me semble donc très important de réhabiliter le langage et d’accorder une meilleure place au français dans les écoles, notamment en se fixant des objectifs forts concernant la maîtrise de la lecture et de l’écriture à la sortie de la primaire. Attention, je ne dis surtout pas qu’il faille formater le langage, mais l’acquisition d’un vocabulaire riche et d’une syntaxe propre me semble être des choses importantes (quoi l’orthographe ? hum, oui aussi, mais j’ai bien peur que mes pages n’en soient pas toujours le meilleur exemple…).

 

2. Le langage pose aussi la question de l’identité. Parce qu’il est un outil qui construit l’identité d’une personne. Mais cette construction de l’identité par le langage présente aussi le risque, simultanément en fait, d’ostraciser et d’exclure. C’est tout le sens du billet que j’avais écrit il y a plusieurs mois au sujet de l’adhésion de la Turquie dans l’UE : plus on définit une identité de manière forte, moins cette identité laisse de place à l’ouverture. Et inversement, plus les limites qui définissent une entité sont floues, « ouvertes » en quelque sorte, moins l’identité de celle-ci est précise et donc moins cette entité est identifiable (la chose a moins d’identité).

 

On voit bien ce schéma se construire parmi les populations des « jeunes des banlieues ». Ils se sont construit un langage qu’eux seuls pratiquent, par lequel ils se reconnaissent comme appartenant au même groupe, et qui leur permet en même temps de reconnaître ceux qui n’y appartiennent pas. En dehors de la compréhension et de la pratique de ce langage, les personnes sont rejetées. C’est un peu « casse-toi tu pues, t’es pas d’ma bande ». Pour bien s’en apercevoir il suffit d’imaginer quelqu’un utilisant un langage d’aristocrate pour établir le contact avec les autochtones de Bondy. On rigolerait. Mais lui peut-être pas longtemps. (je trace l’idée en gros là).

 

Le défi est donc ici de trouver comment faire en sorte que le langage ne devienne pas un outil de clivage. Je ne poursuis pas plus sur ce billet. Il faudrait consacrer un travail assez conséquent pour dégager des éléments plus intéressants. Cela demande du temps, et j’espère m’y mettre un de ces jours, mais pas tout de suite.

 

En effet (et c’est un peu l’explication du titre de ce billet), je risque de consacrer moins de temps à mon blog dans les semaines à venir. D’abord pour des raisons pratiques qui vont m’en éloigner un peu. Mais aussi parce que j’ai un peu besoin de reprendre un second souffle pour produire des choses convenables. Ce que j’ai proposé ici depuis mon dernier billet sur l’aide début mars m’a peu satisfait, voire très peu, et je ne crois pas intelligent de continuer si c’est pour écrire des choses sans intérêt. Personne n’y gagnerait, et vous sans doute encore moins que moi.

 

A moins qu’une actualité particulière ou une inspiration nouvelle ne me rappelle dans ces parages, je risque donc de me faire plus discret. J’espère toutefois que ça n’éloignera pas tout le monde de ces pages.

 

Add du 19.04: je suis vraiment un mufle. J'ai complètement oublié de parler du travail engagé par Aymeric sur son blog au sujet de Jean Gagnepain (que je ne connais pas). On lira certainement avec profit sa série de billets sur la linguistique.

Commentaires

"Il n'y a pas de pensée sans mot", c'est du Hegel dans le texte.
Je comprends ta décision de prendre un "certain recul" par rapport à ton blog. Je me suis aussi engagé à moins écrire sur le mien pour publier des contenus de meilleures qualités. Nous avons fait des études, nous savons ce que signifie dévoiler un travail, une réflexion... cela prend du temps. La pensée est affaire de vitesse : elle nécessite un délai, mais aussi elle produit de la vitesse (des vitesses différentes).
Ta dernière inquiétude ("J’espère toutefois que ça n’éloignera pas tout le monde de ces pages") est aussi compréhensible, et témoigne du fait aujourd'hui que "les gens" préfèrent la fréquence à l'amplitude (je manie mal ce genre de concepts), on va dire : que ça bouge plutôt que ce qui bouge !
Bonne route à toi et à bientôt.

Écrit par : Moinesha | 18/04/2006

Je vais dire des choses très convenues, mais on peut voire le problème de la façon exactement inverse: le langage des cités n'accède pas à l'espace politique (c'est la définition même de l'exclusion) car il est sans cesse récupéré. Tout le monde "galère", tout le monde à la "haine", tout le monde aime se penser comme un exclu, ce qui rend tout discours politique des exclus intenable. D'autant plus que le monde politique ne cesse de parler en son nom.
Ce sont de très vieilles questions, ainsi dans "City of Quartz", propos des émeutes de Watts, Davis montre qu'une fois qu'on a accepté de recevoir une délégation d'émeutiers considérés comme des toxicomanes et des fous, on découvrit que ceux-ci avaient des revendications tout à fait compréhensibles qui portaient sur le travail, le logement, etc. Il y a bien un lien entre langage et violence, mais ce n'est pas l'absence de langage qui produit la violence, c'est l'absence d'écoute... (la meilleure preuve est sans doute que certains politiques ont cru, en redécouvrant les textes de NTM que ceux-ci appellaient à la violence... on en fit les sources de la violence, sans vouloir reconnaître une parole que personne ne voulait entendre)

Écrit par : clic | 18/04/2006

"Il me semble donc très important de réhabiliter le langage et d’accorder une meilleure place au français dans les écoles, notamment en se fixant des objectifs forts concernant la maîtrise de la lecture et de l’écriture à la sortie de la primaire."

D'accord avec vous. Sauf que l'Education nationale semble aller dans le sens inverse. Il n'y a qu'à voir la place accordée à la filière littéraire.

Il me semble que la voie à suivre (en premier lieu à l'école primaire), serait de se concentrer sur les fondamentaux: lire, écrire, compter. Cela peut sembler basique, mais si les bases ne sont pas acquises, inutile de vouloir construire quoi que ce soit.

Un élément, à mon sens, ne doit pas être négligé: l'élève est soumis, en dehors de l'école, à des flux continus d'information (tél, pub, langage de la "tribu"...) qui entrent en concurrence directe avec le discours des enseignants. Par conséquent, le langage est déjà là, même si c'est un langage bradé, sponsorisé, humilié...

Écrit par : Eric | 18/04/2006

très humblement : oui le langage qu'ils se forgent les coupe du reste de la société, d l'emploi - oui sa pauvreté ? peut les couper de la réflexion, mais la question n'est elle pas : pourquoi se forgent-ils un langage à part ?

Écrit par : brigetoun | 18/04/2006

Moinesha
Merci pour ce commentaire sympathique. Mais vous n'avez pas indiqué quel était l'adresse de votre blog ?

Clic
Intéressant commentaire. Certainement l'absence d'écoute est-elle une cause de la violence. Mais je ne dirais pas pour autant que la maîtrise du langage n'a aucun impact. C'est, en tout cas à mon avis, l'absence de bonne maîtrise du langage qui fait que certains s'expriment par la violence, qui est une méthode simple et directe (donc perçue comme "efficace"?)

Eric
Très d'accord avec tout ce que vous dites, autant sur la réhabilitation des matières littéraires que sur le problème du langage "bradé" dans les canaux d'informations que sont la télévision, la radio, etc. qui véhiculent d'ailleurs de plus en plus le vocabulaire sms. Et les skyblogs se font largement le relai de ce type d'expression.

Brigetoun
A mon sens la réponse à votre question est: pour se forger une identité nette, qui tranche vis-à-vis du monde qui a hégémonie sur eux (on pourra revenir ici aux idées de Gramsci), et auquel ils perçoivent peu de chance d'avoir accès. Ils agissent donc en réaction, en rejettant ce monde et en se forgeant donc une identité qui établisse une rupture forte avec celui-ci. Il y a certainement des choses très intéressantes à développer sur ce point... (arrgh j'avais dit que je me ferais plus discret!)

Écrit par : pikipoki | 19/04/2006

Bonjour Pikipoki,
Je vais commencer par une réflexion de puriste, mais c’est moins une affaire de langage que de langue, c'est-à-dire d’idiome dépendant de l’histoire, du lieu et du milieu dans lequel on baigne. L’étude de William Labov, « Le Parler Ordinaire » démontrait il y près de trente ans maintenant, que d’un point de vue strictement linguistique le parler des ghettos, est « parfait ». Il s’agit donc davantage d’un problème sociologique que linguistique et je suis, sur ce point, en accord avec la réflexion de Bridgetoun. Que tend à prouver la non maîtrise du français ? A mon avis essentiellement que nous sommes face à une communauté se construisant de plus en plus en réaction contre une autre, ce qui en soi n’est pas anormal (le problème de l’identité que vous pointiez) mais qui prend ici la forme du rejet pur et simple et conduit aux actes destructeurs, « barbares » en somme, auxquels nous assistons. Nous en somme au point où, ce rejet actionnant un mécanisme pervers ou le symptôme s’auto entretient (la non maîtrise de langue et des usages entraîne de fait un mécanisme de non acceptation de la part des « autres », de la « société » et légitime in fine le rejet initial) le risque est grand de voir cette « barbarie » perdurer.
Nous somme donc essentiellement face à un problème d’adaptation (que Gaston Kelman met en avant, à mon sens avec raison, dans ses ouvrages) et d’enfermement (je pense à cette phrase, citée de mémoire, donc très approximativement, de Pierre Jakez-Helias dans le Cheval d’Orgueil : « si tu ne connais que le Breton, tu seras court, comme un animal attaché à un piquet ») qui ne se résoudra que par la construction de « ponts ». C’est là que l’enseignement du français, en tant que sésame à la fois pour l’insertion et pour l’évasion (songez à ce qu’une lecture rendue plus facile ouvre comme horizons) prend toute sa valeur. Mais, ne nous leurrons pas, « l’embourgeoisement des barbares » (idée qui me séduit, vous pensez bien) devra jouer sur bien d’autres ressorts que le langage auquel on résume un peu trop souvent la raison humaine.

P.S. : Une annonce de pause n’est pas une très bonne nouvelle, j’espère que le manque vous fera reprendre bientôt.
Sinon, les « raisons pratiques » que vous évoquez étant, je le suppose d’ordre professionnel, est-ce à dire que votre travail vaille enfin pour vous suffisamment le coup pour que vous vous y investissiez davantage ?

Écrit par : aymeric | 19/04/2006

P.S. 2 : Je ne me pose pas en linguiste de la blogosphère ; ce serait de l'escroquerie pur et simple. Votre non-citation n'avait donc absolument rien de mufle.

Écrit par : aymeric | 19/04/2006

Aymeric
Très intéressant commentaire (décidemment, parfois je me demande si je n'aurais pas intérêt à ouvrir un sujet et à laisser les gens débattre). Je ne rebondis pas sur le fond qui me semble très juste, et qui je crois complète plus qu'il ne contredit les éléments que j'ai pu avancer. Il faudrait vraiment un travail long pour aboutir à quelque chose de complet.

Sinon sur ma pause, elle vient surtout de ce que je ne suis pas content de ce que j'ai fait ici depuis un mois et demi. Les raisons pratiques en revanche ne sont pas celles auxquelles vous pensez, mais je viens d'acheter un appartement, et j'ai des travaux à y faire ce qui étant donné mon aptitude à la chose va prendre du temps.

Sur votre 2è P.S, ne vous en faites pas trop, je ne suis moi non plus expert en rien du tout. Nous ne faisons que tenter de réfléchir sur des sujets qui nous intéressent, non? En tout cas pour vous rassurer sur l'avenir de ce blog, je peux vous dire que j'ai tout de même un plaisir grandissant à "travailler" sur ces sujet, et je ne compte donc pas m'arrêter, simplement faire attention à ne pas écrire de choses trop médiocres. Au fait, il faudra qu'on prenne un verre un de ces 4.

Écrit par : pikipoki | 19/04/2006

Avec plaisir.

Écrit par : aymeric | 19/04/2006

L'utilisation du langage par les médias et par la pub est assez inquiétant : la simplicité des mots est infantilisante : on s'adresse au "peuple" comme s'il était dans son ensemble adolescent. Ce qu'on pert beaucoup, c'est l'écrit. On ne sait plus ce que c'est qu'écrire et du coup, on lit très mal et pas qu'en banlieue, mais dans toutes les couches de la société. L'écrit devient source de malentendus parce qu'on ne fait plus attention à la syntaxe et à la ponctuation (combien d'embrouilles avec des textos mal écrits et mal lus ?). On pourrait presque saluer la créativité du "langage de jeunes" par rapport à la pauvreté du "langage bourgeois" même si malheureusement les profs peuvent s'arracher les cheveux.
Le mauvais usage de la langue (son igorance) est un problème social évident : des difficultés pour trouver du travail (ne serait-ce que pour écrire une lettre de motivations) et pour communiquer entre concitoyens ;
C'est aussi un problème psychologique : le langage structure, je crois, une partie importante de notre univers mental. Moins on a de mots et plus notre univers mental est étroit. Les mots sont une bouffée d'air pour aller vers les autres, pour découvrir, apprendre...
C'est peut-être aussi un problème "du devenir de la langue" : il suffit de regarder des copies (même en section Littéraire) de français au lycée pour se demander comment ces élèves une fois adultes vont pouvoir enseigner la langue à leurs enfants...
L'ignorance de la richesse du langage (syntaxe et vocabulaire) pousse le langage dans ses limites strictes de la communication et celui-ci devient je trouve de plus en plus violent. Un idiot dirait "donc moins hypocrite", mais non simplement moins subtile, moins juste, moins poétique et donc de moins en moins utiles : même un langage proprement communicationnel a besoin de posséder des composants non communicationnels pour fonctionner.
A+

Écrit par : L'encreblogueur (Moinesha) | 19/04/2006

Pour faire avancer la réflexion , je signale un blog qui traite du sujet:http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2006/03/09/l-invasion-des-barbares.html

Écrit par : dg | 19/04/2006

Sans pouvoir faire un relevé autre que simpliste de certaines connaissances que j'ai de cette question et que j'ai hérité de mes lectures , recherches sur l'école, et réflexions:


Je pense que lorsqu'on n'accède pas aux nuances de la langue, ou à la maîtrise de sa langue maternelle tout court, aux savoirs qui la construisent, on ne peut ouvrir facilement sa pensée et son raisonnement, ni élargir sa culture et ses savoirs , ni créer du sens et de l'échange avec l'autre. L'école ne fait plus si bien son boulot sur ce point.
Voir l'historique des réformes sur les programmes et l'institution scolaire, depuis plus de 30 ans que l'on délaisse les savoirs disciplinaires, ainsi que le site de Krysztoff qui traite bien des enjeux de l'école.
2)L'identité se construit essentiellement par la reconnaissance du sujet qu'est l'enfant par les parents. C'est de l'ordre des théories psychanalytiques et chacun peut en mesurer la justesse fondamentale, qui d'avoir souvenir d'avoir été désiré ou au contraire. On apprend dans sa famille à construire sa place de sujet et reconnaître et respecter la place de l'autre. L'encouragement et l'attention familliale sont facteur de construction. Le delaissement , l'indifférence, le mépris,la maltraitance , non.
3) Quand on est en échec scolaire , désoeuvré, délaissé par l'institution publique et par une politique d'inscription au monde sans l'accés aux savoirs fondamentaux pour raisonner , on est marginalisé, on se reconstruit des codes , des signes de reconnaissance par d'autres biais.
On façonne l'apparence à défaut de l'intériorité. On se nourrit d'auto-stimulations essentiellement affectives et non raisonnées. On crée un univers exclusif, parfois pathologique, en réaction ou par conséquence d' un délaissement , une absence de place dans l'institution collective(la famille est une collectivité de personnes). On construit sa place lorsqu'on accède à la reconnaissance de son existence de sujet , que la loi donne automatiquement, mais moins les choix politiques en matière scolaire qui réduisent la part de la construction de la raison des personnes.
Voilà ce que l'on gagne, et c'est dit de manière trés tendancieuse de ma part, à réfléchir le primat de notre société sur la base de valeurs économiques et utilitaristes, essentiellement . Les enfants, les élèves, appelés à devenir personnes sujets de droits, ne sont pas des objets, ni de la main d'oeuvre. Ils sont plus que cela, comme nous même devons nous le rappeler. Et de s'en rappeler demande de réfléchir davantage sur un plan humaniste que sur un plan consommateur. Le raisonnement étant à l'opposé de l'auto satisfaction primaire ou pulsionnelle.

Pikipoki,

Je note que vous allez prendre du recul. Quelles sont les questions qui vous y poussent sans indiscrétion ?

Écrit par : dg | 19/04/2006

dg
J'ai expliqué les raisons qui me font ralentir mon rythme plus haut, dans mon billet, et en commentaire également.

Écrit par : pikipoki | 20/04/2006

euh..... sans vouloir être désagréable, vous savez que je vous aime beaucoup.
n'est-ce pas un peu simpliste tout cela ? et assez partial ou trop ciblé ?

Écrit par : langui | 20/04/2006

Raaah, la joie d'être trollé par sa famille...

J'ai bien écrit que ce billet ne prétendait pas aborder le sujet de fond en comble (c'est impossibe en un seul billet de toute façon) et que je ne souhaitais évoquer que deux idées, que je crois centrales, mais de façon courte (donc partielle), plus pour lancer le débat qu'autre chose.

En revanche, pourquoi le partial ou trop ciblé? Je ne vois pas vraiment à quoi tu penses ici ?

Écrit par : pikipoki | 20/04/2006

Pikipoki,

Oui j'avais bien vu que vous étiez peu satisfait sur un sujet précis(l'aide, d'ailleurs c'est parmi vos sujets celui que je lis le plus rarement, en raison de son titre, qui me semble trop général et vaste)en sus d'une absence . Au fond, je me posais la question du retour sur vos billets. N'est ce pas difficile l'expérience du blog lorqu'on donne de son temps à réfléchir et écrire ?

Écrit par : dg | 20/04/2006

dg
Vous avez mal compris. C'est ce que j'ai écris après ma série sur l'aide qui m'a peu satisfait, mais pas la série elle-même, bien qu'il soit évident qu'elle a des manques sans doute importants, tant le sujet et vaste et complexe à analyser.

Concernant l'expérience du blog, je dois dire que le démarrage est plutôt aisé, on a des idées en tête, et surtout aucune pression, donc on commence facilement. Mais la suite est plus ardue, surtout quand on essaie de produire un blog d'analyse. Tenir sur la longueur est en soi une chose difficile, mais je dois aussi avouer que ma participation à Lieu-commun est une pression supplémentaire, pas évidente à gérer. Les autres participants sont vraiment excellents, et j'ai parfois un peu l'impression d'être comme un cheveu sur la soupe au milieu d'eux. C'est pour ça que je veux recharger mes batteries.

En fait j'ai quelques projets pour ce blog, des sujets qui m'intéressent vraiment et qui apporteraient je crois un vrai plus dans certains débats. Mais j'ai besoin de temps et de travail à nouveau pour mettre tout ça en forme. Pas facile, pas facile ...

Écrit par : pikipoki | 20/04/2006

Je reprends, pour éclairer votre lanterre sur le partial et ciblé.
Sans critique aucune, vous êtes nous le savons, nous sommes issus de familles correctement pour ne pas dire confortablement installées, cultivées, ayant accès aux rêves par des voyages, vacances, évenements culturels de toutes sortes. Aussi et si je n'en disconviens pas la question du langage est d'importance, je me demande, tel que je l'avais fait lors d'autres billets, si nous sommes bien autorisés à réflechir sur des sujets avouons le, fort éloignés de notre quotidien. Et ainsi que je l'avais dit ne sommes nous pas en train de nous permettre des analyses faciles, faite de notre tour d'ivoire et d'argent ?
En dehors du langage, qui je le répète est essentiel à la socialisation, ne sommes nous pas face à un pays dont les sphères des uns et des autres s'éloignent de plus en plus.
La démagogie post-soixant huitarde agissant, pensez vous qu'il nous appartienne réellement de traiter sur des sujets aussi lours qu'est celui de l'exclusion de générations entières d'un système sociale qui ne peut qu'aller dans le sens du plus fort ?
Regarder bien, vous n'existez que par un titre sur une carte de visite, par un montant sur un compte bancaire.. Alors qu'offrons nous à ceux qui déjà dépourvus des codes linguistiques ne possède comme choix que celui de dealer ou d'être au chomage ?
80 % d'une classe d'âge au BAC ? pourquoi faire ? nous manquons de ceux même que nous décrions, de plombiers, d'infirmières, tant que la différence ne sera pas un moteur positif, pensez vous que seul le langage soit une question référente.
qui sommes nous pour nous autoriser ces analyses ? Avons nous vécu ce type de contrainte. Nous posons nous les mêmes questions ? Comment serions nous, si nous aussi nous avions à vivre au quotidien la maladie du père, le chomage de la mère et la prison du grand frère idole idéale des plus jeunes.
Le langage, oui, bien sur, mais l'acceptation de la différence et le refus du jugement hatif ne sont-ils pas également des éléments fondamentaux ?
Allez vous n'êtes pas Cassé par la famille, ne vous inquiètez pas.

Écrit par : langui | 24/04/2006

Langui,

C'est sûr qu'il y a un risque que ces "analyses" ne restent que des échanges faciles entre bourgeois initiés et qui ne s'inquiètent en fait pas beaucoup des gens dont ils parlent. Et c'est vrai aussi que quelqu'un qui ne vit pas dans telles ou telles conditions se heurtent forcément à la difficulté de décrire une situation qu'il ne connaît pas d'expérience.

Pour autant, s'il faut s'interdire de réfléchir à tous les sujets pour lesquels on n'a pas vécu d'expérience concrète alors il ne sera plus possible à grand monde de réfléchir sur grand chose. Ne pas être minier n'a pas empêché Zola d'écrire Germinal et d'avoir un ton et une vision justes. D'ailleurs nos politiques qui sont loin de partager la condition des pauvres de notre pays devraient-ils abdiquer leur responsabilité politique envers ces personnes et la laisser aux associations sous prétexte qu'ils ne vivent pas dans des conditions de misère?

Au-delà de ces exemples qui montrent des limites, que je crois fortes, à votre raisonnement, le problème principal qu'il pose c'est que si seules les personnes qui partagent de près ces conditions peuvent être autorisées à en parler, alors au final on va construire un monde encore plus cloisonné, où chacun ne parlera que du pré-carré qu'il connaît et où plus aucun pont ne sera possible. En fait le problème n'est pas qu'il faille s'interdire ou non de réfléchir. Il ne le faut évidemment pas se l'interdire. Ce qu'il faut en revanche c'est reconnaître les limites de ce que l'on dit, avancer avec humilité et prudence, et savoir dire qu'on ne sait pas quand on ne sait pas.

J'espère que je ne donne pas le sentiment d'avoir la science infuse quand j'écris mes billets ici ?

Écrit par : pikipoki | 24/04/2006

attention, c'est toujours plus facile de parler que d'agir, et.... confrontée dans mes années antérieures a vivre des choses dont j'aurai pu aussi d'être only spectatrice et rédactrice me font avoir beaucoup d'humilité face aux sujets qui ne pourraient être abordés qu'intellectuellement, où comme vous le constatez des solutions sont toujours trouvées, et les analyses toujours possibles....

Écrit par : langui | 25/04/2006

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