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05/12/2006

La tristesse

medium_laure_-_tristesse.jpgLa tristesse fait partie des émotions simples. Elle se suffit à elle-même pour être décrite au contraire des émotions mixtes qui additionnent plusieurs émotions différentes entre elles. (je reprends ces terminologies d’émotions simples et mixtes directement du site de redpsy déjà indiqué hier dans mon billet sur la crise émotionnelle)

Petit arrêt sur les émotions mixtes d’abord, car leur compréhension éclaircit déjà beaucoup de choses. Celles-ci comme leur nom l’indique bien, mélangent en même temps plusieurs émotions simples entres elles, les font cohabiter chez la personne dans une même unité de temps. Certaines de ces émotions simples étant la cause des autres, et d’autres parfois s’entrechoquant entre elles. On comprend aisément que ce mélange de plusieurs émotions simples est une source de confusion, qui peut être profonde dans certains cas.

D’ailleurs il est probable que dans de nombreux cas, et c’est bien indiqué chez redpsy, une ou plusieurs des émotions intervenant dans l’émotion mixte, soit présente précisément pour en camoufler une autre. Parce que nous avons peur de cette autre émotion, que la seule idée de la ressentir génère une appréhension forte qui nous pousse à tout faire pour l’éviter. Comme si cette émotion risquait de s’emparer de nous, de nous faire perdre le contrôle de nous même, et de nous entraîner dans un mécanisme de crise émotionnelle.

Mais éviter ses propres émotions n’est pas chose aisée. Je crois pour être franc que c’est même parfaitement impossible. Elles s’infiltrent quoi que nous tentions pour les repousser, et malgré tous nos efforts elles finissent par occuper un espace, quelque part dans notre cerveau. Dés lors, puisque nous ne pouvons les repousser tout à fait, nous cherchons à minimiser leur importance et leur impact. C’est ce mécanisme qui est à l’œuvre dans la construction de nombreuses émotions mixtes.

En ce qui concerne la tristesse, celle-ci sera souvent accompagnée de frustration, ou encore de colère. Dans ce dernier cas, bien souvent, elle ne visera pas véritablement la cause de notre tristesse mais plutôt un facteur perçu comme étant cette cause. Pour bien comprendre ce point, tentons d’abord d’identifier ce que peuvent être les sources de la tristesse.

En y réfléchissant un peu, nous serions tentés de lister des événements qui ont pu nous causer de la peine : la disparition d’un proche, une déception sentimentale, le désespoir face à une situation spécifique, etc. Je crois qu’on peut regrouper les causes de tristesse dans deux catégories principales : le manque affectif (probablement la cause la plus importante de la tristesse), et l’abandon (j’entends ici, sur des aspects plutôt matériels comme l’incapacité à se financer, la non reconnaissance dans son travail, etc.).

Or la colère, en s’additionnant à la tristesse, va chercher un coupable à notre manque affectif, ou à notre sentiment d’abandon. Puisqu’elle est présente pour camoufler la tristesse, elle détourne notre attention de l’objet sur lequel elle devrait se porter. C’est en cela qu’elle se porte sur un facteur de la cause de notre tristesse et non sur la cause elle-même.

Cela pose à mon avis deux problèmes. Le premier, évidemment, c’est que cela nous empêche de résoudre notre difficulté puisque la colère nous en détourne. Le fait de trouver un coupable à nos déboires et de reporter sur lui l’intensité de notre tristesse ne permet probablement pas souvent de traiter notre malaise. Le deuxième, qui est quasiment inclus dans le premier, mais je préfère séparer les deux pour être plus clair, c’est que cette colère nous empêche d’exprimer notre tristesse et donc de la gérer convenablement.

Car je crois que très souvent, il faut accepter ses propres émotions, si l’on veut parvenir à les gérer véritablement et même à les utiliser pour notre propre développement personnel. Les émotions sont quasiment exclusivement ce par quoi nous nous construisons. Nous ne le percevons souvent pas car la plupart du temps elles restent à des niveaux d’intensité assez faibles, mais nous sommes aujourd’hui le résultat de nos émotions d’hier, et ce sont elles qui guident notre comportement à tout moment (ce sont bien elles qui construisent nos représentations, ainsi que nos automatismes).

Je n’ignore pas que la tristesse est une émotion difficile à accepter. Que chez certaines personnes, l’intensité qu’elle risque d’avoir peut engendrer un vrai blocage comportemental, et que celui-ci n’est pas souhaitable. Mais je crois que si la personne a accepté à l’avance l’idée de recevoir son émotion telle qu’elle vient, elle va déjà être en mesure de ne pas la vivre d’une façon trop pathologique. Parce qu’en comprenant qu’elle doit accepter l’arrivée d l’émotion, elle comprend simultanément que cette émotion est un élément extérieur, qui arrive à elle, et qui n’est donc pas elle-même. Cette seule conscience de la non identité d’une émotion à soi, permet à mon avis de la remettre en perspective, et constitue le premier pas, sans doute le plus important, pour parvenir à gérer cette émotion.

Et dans ce cas encore plus que dans les autres, il est bon de s’entourer de proches, d’amis, de personnes à qui l’on tient et qui nous offrent cette affection ou cette attention dont nous pensons manquer. Le lien social, vraiment, c’est la clé d’énormément de nos soucis.

Je voudrais terminer ce billet par une dernière suggestion, qui me vient de mes propres expériences sur la question spécifique des cas de manque affectif du fait d’une rupture ou d’une déception sentimentale. Personnellement, je n’ai jamais nourri la moindre colère contre les filles que j’ai aimées et avec lesquelles je n’ai pas pu nouer les relations que j’espérais. Sans doute parce que je me méfie de la haine vers laquelle la colère fait parfois pencher, surtout dans une situation aussi forte émotionnellement.

Mais aussi, parce que, malgré les événements, je continuais à vouloir les aimer. Parce que je sais que je me donne plus de chances de me construire de façon positive en cultivant ce sentiment en moi plutôt qu’en nourrissant des ressentiments. Alors aujourd'hui, quand je repense à ces filles, j’ai toujours un sourire qui me vient, accompagné d’un sentiment apaisé, comme une forme de tendresse qu’elles m’auraient, malgré elles, léguée. Il m’arrive même souvent de les en remercier intérieurement, ou de m’adresser à elles lorsque je me lève le matin. Je ne veux pas perdre ça.

 

P.S: l'image en illustration est une création d'une certaine Laure (une homonyme de ma double, je ne pouvais donc pas choisir autre chose!)

Commentaires

Bonjour Pikipoki

Juste un petit complément que m'inspire votre billet, par ailleur intéressant.

Les proches peuvent aussi amplifier l'émotion dans une sorte d'hystérie collective, on assiste souvent à ce phénomène car l'émotion est "contagieuse". Il me semble qu'il faut un important "travail" personnel pour gérer, dépasser ses émotions et résister à la contagion en chaîne.

Certaines sociétés ont d'ailleurs une gestion autre, elle renforce au contraire ce phénomène. Je ne suis pas compétent pour expliquer cela, mais peut-être qu'il y a un besoin d'aller au bout de "la chose" pour passer à autre cnose ?

Écrit par : Bruno Corpet (Quoique) | 07/12/2006

Terrible! Vous êtes de retour! Et avec deux blogs maintenant si je suis bien ?

Écrit par : pikipoki | 07/12/2006

Désolé pour "cnose" il fallait lire chose dans mon commentaire !

Pour mes blogs, le deuxième axé sur la "démocratie participative locale" a vocation a devenir collectif. Mais pour l'instant je me heurte au manque de pratique des personnes intéressées. Il va me falloir un peu de temps de "formations" pour que cela devienne une réalité...

Écrit par : Bruno Corpet (Quoique) | 07/12/2006

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