Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/09/2005

Drame à la Nouvelle-Orléans

medium_new_orleans_bush_detourne.5.jpg

 

Et ça risque de pas s'arranger ...

And the kathégorieu !

Comme je m'ennuie toujours autant au boulot, je m'occupe en allant de blog en blog ou en surfant sur quelques sites Internet (non blog eux). Et via ce site  que j'ai trouvé très amusant, j'ai trouvé ça où j'ai bien rigolé aussi, et qui m'a donné des idées. Du coup je crée la catégorie "Détournements" (oui je sais ce nom ne fait preuve d'absolument aucune imagination, mais bon, tant pis), et hop ! je vais vous proposer juste après un piti détournement lié à l'actualité.

 

Aaaah, c'est bon de glander parfois ...

 

Edit du 17 Novembre 2005: la catégorie Détournements à disparue. Les billets qui y figuraient sont désormais dans la catégorie "c'est pour de rire"

01/09/2005

Imprécis de téléologie

Il y a bientôt un mois, sous ce billet , Raphaël avait indiqué que selon lui mon texte laissait entière la question principale qu’il fallait dénouer à savoir: quels sont nos gros cailloux, et donc, selon lui, quel est le sens de notre vie ? Un peu précipitamment je lui avais répondu que je tenterai de répondre à cette question (j’en rougis désormais tellement cela me paraît avoir été vaniteux de ma part). Et bien ce jour est venu où je vais tenter d’esquisser une réponse (aargh oui je sais ma vanité est donc revenue, mais j’ai promis) à Raphaël. Ce n’est vraiment qu’une esquisse toutefois, car si j’étais capable de répondre entièrement à une telle question, j’aurais déjà atteint le panthéon des grands hommes de mon vivant, ce qui, je le crains, n’arrivera jamais.

 

Mon idée vient d’abord d’une observation générale sur la nature. La plante semble toute entière orientée vers le développement de ses tiges, de ses feuilles, de ses pétales, bref de tout ce qui fait qu’on lui reconnaît la qualité de fleur, la fourmi passe son temps à construire la fourmilière ou à chercher de la nourriture pour sa communauté, permettant ainsi le développement de celle-ci, le singe se nourrit, dort, joue à la coinche (pour les plus développés d’entre eux). Bref, la nature et tous les éléments qui la constituent semblent répondre à une règle simple, qui est de réaliser ce pour quoi ils sont programmés, leur essence. Ce programme peut quasiment se résumer à la perpétuation de l’espèce (reproduction donc, et aussi mise en place des conditions qui lui permette de se protéger raisonnablement des autres et d’assurer un certain développement).

 

medium_pieta_de_michel_ange.5.jpgConcernant l’homme, l’idée est assez similaire, mais elle est complexifiée car notre nature est justement bien plus complexe que celle d’une simple plante (je ne m’attarde pas sur le cas des mammifères qui pourraient mériter une étude plus approfondie, mais après tout, le sens de leur existence m’intéresse moins que le nôtre).

Dans l’Ethique à Nicomaque Aristote développe cette idée d’un programme pour lequel les choses sont faites. Il en vient à ce sujet en distinguant les différents types de causes qui existent.

  • La cause matérielle, comme le marbre qui constitue une statue (sans le marbre la statue ne serait pas une statue de marbre, donc il en est une cause).
  • La cause formelle : le plan, la forme de la statue dans l’esprit du sculpteur avant qu’il ne la crée, l’idée de la statue en quelque sorte.
  • La cause efficiente : le sculpteur et ses coups de burin sur le marbre.
  • La cause finale enfin, c’est-à-dire l’objectif poursuivi : sculpter une jolie statue (vous l'avez reconnue?).

 

Aristote montre que si on méconnaît cette dernière cause dans l’analyse d’une chose, alors on appréhende celle-ci bien mal. Si je considère un gland (non pas vous), je ne le connais bien qu’en sachant qu’il deviendra plus tard un chêne. Cette fin, ce programme contenu dans l’être et qui le pousse en quelque sorte à « devenir ce qu’il est », Aristote le nomme le télos, et de là naît la téléologie, c’est-à-dire la philosophie qui en gros dit qu’il y a un principe directeur, une fin qui agit dans la nature et qui la fait réaliser ce qu’elle est. Et Aristote remarque l’extraordinaire universalité de ce principe. Rien ne semble s’en écarter, et tout ce passe comme si une main invisible agissait en tout pour orienter ce processus (attention : Aristote ne considère pas que cette main est nécessairement Dieu).

 

medium_tu_seras_un_geek_mon_fils.4.jpgAinsi, l’homme bon est celui qui réalise bien sa fonction, son télos. Pour résumer cette idée, et la formuler avec mes propres mots, il s’agit de devenir véritablement un homme, c’est-à-dire de faire valoir ce qui est propre à notre nature humaine, et j’ajouterais, à notre nature individuelle. Je dois donc devenir un homme, c’est-à-dire développer ce qui en moi fait qu’on peut me reconnaître comme faisant partie de la communauté des hommes, et également devenir moi, c’est-à-dire développer ce qui en moi fait qu’on me reconnaît comme un individu original. C’est un peu la formule « deviens qui tu es » (à manier avec prudence cependant, comme toutes les formules toutes faites).

 

Maintenant que j’ai dit ça, Raphaël pourrait toutefois me rétorquer qu’il n’est pas beaucoup plus avancé. Comment on le trouve notre télos ? D’après ce que j’ai dis au paragraphe précédent, on va devoir répondre à deux questions : qu’est-ce qui fait que je suis un homme ? et quelle est, au-delà de ma nature d’homme, ma nature propre qui me fait être un individu original? On comprend clairement que répondre à ses deux questions est un exercice très complexe, et je n’aurais pas la prétention d’y répondre vraiment, surtout pour ce qui est de la deuxième question pour laquelle il appartient à chacun d’investiguer. Mais je ne voudrais pas vous laisser en plan comme ça malgré tout, et je vous propose quelques « indices ».

 

Qu’est-ce qui fait que je suis un homme ? Aristote pour sa part répond à la question « en quoi consiste la fonction de l’homme » en disant que c’est ce qui est irréductiblement et exclusivement humain. Ce qui nous est propre et à nous seul. Cherchons donc ces caractéristiques irréductiblement humaines. Il y a tout d’abord des critères biologiques que l’on peut dégager pour répondre à cette question, critères qui dévient progressivement vers la sociologie : nous sommes les champions des bipèdes (quoique cette bipédie reste partiellement inachevée chez l’homme, ce qui est notamment une cause du mal de dos), nous parlons et pouvons donc avoir des échanges complexes, et nous nous distinguons également par certaines « activités » ou comportements qui nous sont propres : le culte des morts, le rire, l’art, la philosophie.

 

J’introduis une parenthèse concernant l’art car c’est un sujet qui m’intéresse particulièrement. En effet, l’art fait partie des activités qui ne répondent à aucune nécessité pratique (c’est aussi le cas de la philosophie, ou du rire) mais qui ne nous sont pas moins nécessaires d’un point de vue spirituel. L’art est à mon sens une des activités les plus nobles, et par laquelle on exprime le plus intensément notre humanité. Dans Du spirituel dans l’art Kandinsky analyse ce qui constitue l’art, et il dégage trois critères principaux pour cela. L’œuvre d’art exprime à la fois :

  • La vérité intérieure de son créateur (sa vérité individuelle).
  • La vérité du temps dans lequel il s’inscrit, de sa période et de son environnement considérés de façon générale.
  • Une vérité universelle à l’homme.

 

Toute œuvre dans laquelle on retrouve ces éléments est une œuvre d’art selon Kandinsky. Cette vision est très intéressante et rejoins je crois tout à fait notre préoccupation dans ce billet. Car l’art tel que Kandinsky le définit est alors bien une activité par laquelle l’homme réalise se qui le fait homme, et également ce qui l’identifie en tant qu’individu original.

 

Pour donner une réponse synthétique à cette première question je dirais donc que ce qui nous fait homme ce sont tous les éléments par lesquels nous nous sentons faire partie de la communauté des hommes, tout ce qui nous rattache à eux comme à des semblables. La communication donc, l’échange sous toutes ses formes (l’art en est une), mais aussi l’entraide par laquelle on ressent que l’autre est aussi une part de nous-même. Je ressens de la tristesse lorsque j’apprends un drame à l’autre bout du monde parce que je reconnais en celui qui souffre de ce drame quelqu’un qui m’est semblable et avec qui fondamentalement je partage une même nature.

 

Comme je l’ai déjà indiqué, il est beaucoup plus difficile de répondre d’une façon générale à la deuxième question : « quelle est ma nature propre ?» car nous entrons là dans la dimension qu’il revient à chacun d’explorer, et qui est en partie inaccessible aux autres. C’est ici un travail d’introspection qu’il faut mener, et ce travail est rendu encore plus ardu par deux aspects :

  • Nous ne sommes pas des êtres figés, et ne pouvons donc pas envisager de découvrir qui nous sommes en espérant faire une photo à un instant T et nous baser sur cette photo pour fonder notre comportement jusqu’à la mort. Ce travail d’introspection et de découverte de soi est donc un chemin qu’il nous faut mener durant toute notre vie. Il y a donc une part un peu insaisissable ici.
  • Cette nature individuelle que nous cherchons à découvrir est en partie transcendantale, c’est-à-dire qu’elle n’emprunte pas tous ses éléments à nos expériences, ou en tout cas d’une façon tellement détournée qu’il nous est impossible de distinguer ce qui, dans nos expériences, nous a amenés à être ceci ou cela. C’est donc une réflexion complexe qu’il faut mener sur nous-même pour découvrir ce qui nous meut personnellement.

 

Pour aider un peu à y voir plus clair sur ce dernier point en incarnant plus cette question, j’indique certaines pistes que je pense avoir entrevues pour moi-même.

 

medium_etoiles.jpgQuand j’étais petit garçon, j’avais deux grandes passions : l’astronomie, et la musique (surtout classique). En été je passais des heures le nez tendu vers les étoiles, j’apprenais le nom des constellations, je lisais des revues, je parcourais des livres de photos. Et j’écoutais en boucle Piccolo et Saxo (encore aujourd’hui je pourrais vous sortir plusieurs répliques de tête), ainsi que d’autres disques de musique que je découvrais progressivement (je ne me suis pas jeté sur l’opéra à 6 ans, je vous rassure). Et j’ai compris que mon goût pour l’astronomie était en fait surtout un goût esthétique, lié aux photos, à l’observation des étoiles, etc, car dès qu’il s’est agit de plus de technique je m’en suis très vite détourné.

 

Je comprends donc que l’esthétique (le beau si vous voulez, mais j’hésite à employer ce terme tant ce billet doit déjà paraître prétentieux) occupe une part importante chez moi. J’aime aussi bien réfléchir à divers sujets, et en particulier je prends un très grand plaisir à échanger, que ce soit sur des questions de fond ou plus simplement entre amis, de nos vies, de nos goûts, etc. Si je trouvais une activité professionnelle qui me permette d’allier ces différents intérêts, ce serait le pied ! Mais déjà je perçois qu’exercer une activité artistique (simplement jouer du piano, en tant que hobby par exemple) me permettrait de me sentir plus en harmonie avec moi-même. Mais avant tout ça il y a quelque chose que je sens de façon assez aigue. En fait moi mon truc, ce qui me plairait vraiment, ce serait de devenir un jour père, et de fonder une famille heureuse. Je ne dis pas ça juste comme une tarte à la crème. Non, c’est vraiment quelque chose pour quoi je me sens fait.

 

J’en termine ici avec ce billet déjà long. La question mériterait bien sûr des approfondissements, mais j’espère avoir esquissé quelques idées pas trop farfelues. Je reviendrai peut-être sur ce sujet plus tard.