17/09/2005
L'état c'est la civilisation !
Je découvre, avec un peu de retard, un article (malheureusement accessible uniquement aux abonnés, il est extrait du Salon magazine de San Francisco) très intéressant, relevé la semaine dernière par le toujours aussi bon Courrier International, et titré : L’état, c’est la civilisation !
L’article fait partie du dossier du Courrier International sur la catastrophe du cyclone Katrina, et il l’œuvre du sociologue Alan Wolfe. Au-delà de l’analyse, que je partage en grande partie, qu’Alan Wolfe fait de l’évènement, son article me semble dépasser le seul cadre du drame qu’on vécut les américains. Il propose une réflexion sur le rôle de l’état en tant qu’élément de civilisation. Il montre en quoi l’état est bien le garant de la civilisation, et ce qui nous permet de vivre en tant qu’êtres humains, et pas justes comme des bêtes.
L’article part d’une reprise d’une idée du philosophe anglais Thomas Hobbes qui montrait que sans autorité, nous vivrions en état de guerre perpétuelle. Cela signifie en quelque sorte que livrés à nous-mêmes dans la nature, nous reviendrions à l’état de nature (pour être plus précis je dirais que nous reviendrons à l’état de notre nature primale, un peu ce que Laborit désignait sous les comportements dictés par notre cerveau reptilien). Ce phénomène s’est très largement manifesté à la Nouvelle-Orléans, et c’est en grande partie lui qui est à la base des réactions d’horreur, bien au-delà à mon avis des réactions envers l’administration américaine. On a entendu ou lu beaucoup de gens dire : comment peut-on en arriver là dans un pays dit civilisé ?
Mais en réalité nous n’avons fait que redécouvrir l’importance de l’influence de notre cerveau reptilien sur nos comportements. Importance que l’on sous-estime très largement dans notre quotidien ! Nous avons redécouvert qu’en l’absence d’autorité, nous avons tous tendance à nous conduire comme des bêtes, avec pour seul objectif de satisfaire nos besoins primaires. Rien de neuf sous le soleil dans le fond.
Que retire-t-on de cette observation ? Et bien que l’homme ne s’est extrait de son animalité qu’en se donnant des règles de vie, lui permettant une mise en commun avec les autres hommes de ce qu’il a et de ce dont il a besoin. C’est par l’érection de ces règles, par la naissance de la solidarité, que la civilisation peut naître. C’est ainsi que l’homme devient véritablement un homme et pas seulement un mammifère un peu plus développé que les autres. J’ose dire que cela rejoint en partie ce que je relevais il y a quelque temps. Etre un homme, ce n’est pas juste avoir deux bras, deux jambes, un ventre, un visage et des sens. C’est penser, c’est raisonner et se raisonner, c’est apprendre à vivre en société, et donc apprendre à échanger et enfin à s’entraider.
Et l’état (au sens large) est bien entendu le principal garant de cette civilisation que l’homme fait naître. Parce que c’est lui qui détient la règle, la fait appliquée, et sanctionne lorsque celle-ci est bafouée. Il est le gardien de la loi et le représentant des valeurs qui font que l’humanité peut s’ériger des objectifs, des horizons autres que la seule réponse à nos besoins de primates. Cette réflexion me semble très intéressante pour comprendre quelle place on peut accorder à l’état dans les domaines politiques économiques et sociaux. Il m’apparaît très clairement, que l’abandon total de l’état dans une de ces trois disciplines, serait, au moins en partie, un retour vers notre état de nature animale. C’est notamment, à mon sens, toute la limite de la logique économique libérale.
Ainsi il est bon parfois de se rappeler que si nous sommes bien issu du règne de la nature, notre nature d’hommes nous a fait nous en extraire, partiellement au moins (puisque notre cerveau reptilien est là pour nous rappeler quelles sont nos origines…). Ce sont les règles, essentiellement sociales, que nous avons établies, que nous nous sommes données à nous-mêmes, qui nous ont permis de nous en extraire, et d’accéder à notre nature d’homme. Si nous ne savons pas faire vivre ces règles, et respecter l’entité, l’état, qui en est garante, alors nous nous retirons notre nature d’homme, nous agissons en négation de ce que nous sommes.
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16/09/2005
Le miroir de nos choix
Je me souviens d’une réflexion que je m’étais faite un soir après avoir assister à un spectacle à l’opéra Bastille. A la fin du spectacle, 99% du public s’était mis à applaudir fort bruyamment son bonheur d’avoir assisté à un représentation de grande qualité. Mais dans ce concert de bravos et de claquements de mains, je ressentais comme un hic, en fait même une certaine colère, parce qu’il me semblait très clairement qu’il y avait dans ce public un très grand nombre de personne auxquelles il aurait suffit de vendre des billets dans ce même opéra, que les places aient le même prix et que le spectacle soit donné dans le même décor, mais en y faisant venir une troupe d’amateur ayant appris l’art lyrique en 3 mois sur du Cleyderman, pour que le résultat soit le même à la fin : applaudissements et bravos à qui mieux mieux.
Ce fut notamment très visible lorsque la soprano apparût et eût droit à une ovation aussi immodérée qu’imméritée. Car elle n’avait pas été terrible, loin s’en fallait. Mais voilà, c’était la soprano, et ils n’y comprenaient pas grand-chose : soprano… opéra… il ne pouvait s’agir que d’une diva voyons ! Mouais… Pressentant donc que ces gens là eussent applaudis au moindre spectacle donné dans les mêmes conditions, sans le moindre esprit critique quant à la véritable qualité de ce spectacle (mais bon sang, quand une soprano ne parvient pas à faire porter sa voix, on s’en aperçoit sans difficulté !), j’ai compris que dans le fond, ils n’applaudissaient pas véritablement le spectacle (puisqu’ils ne le jugeaient pas, ils ne l’évaluaient pas).
Mais alors, qu’applaudissaient-ils ? Et bien à mon avis la réponse est extrêmement simple, bien qu’elle puisse paraître fort étrange : ils s’applaudissaient eux-mêmes. C’est-à-dire qu’en applaudissant à tout rompre les différents chanteurs, costumiers et autres metteurs en scène, ils utilisaient ladite scène comme un miroir qui leur renvoyait le prestige qu’ils étaient en train d’attribuer au spectacle. Ils approuvaient leur choix d’être venus, qui plus est à l’opéra qui, malheureusement, continue de véhiculer chez beaucoup l’image d’un divertissement d’élite. Ils étaient donc eux-mêmes cette élite. Tout le montrait autour d’eux, ou semblait le montrer à leurs yeux. Mais cela aurait été grandement gâché s’il leur avait fallut reconnaître la médiocrité du spectacle, ou même seulement d’un de ses acteurs.
Tandis qu’en applaudissant ainsi à tout rompre en respectant la convention qui voudrait visiblement à leur yeux qu’une soprano soit nécessairement l’héritière de la Calas, et qu’un opéra donné dans un salle qui s’appelle opéra soit forcément le sommet des sommets du bon goût culturel, leur propre prestige à être spectateur dudit opéra était alors grandit vers des cieux toujours plus hauts.
Mouais vous dites-vous. Mais où tout cela nous mène-t-il ?
Et bien je crois qu’on peut faire un parallèle assez proche concernant l’essentiel de nos choix. A mon sens, ceux-ci sont guidés selon deux voies principales, antinomiques : d’un côté la voie primale, instinctive, et de l’autre celle des valeurs. C’est vrai en particuliers concernant nos choix en matière de politique.
En effet, il y a à mon sens deux éléments principaux qui rentrent en ligne de compte quand nous établissons nos choix politiques (typiquement, lors d’un vote):
- Que ce choix, comparativement aux autres, nous paraisse être celui qui répond le mieux à nos besoins personnels (dans une vision totalement égocentrée). C’est l’équivalent de la voie primale.
- Que notre choix nous donne une bonne image de nous-même. Qu’il nous permette de nous dire que notre image sociale est celle de quelqu’un de bien, quelqu’un qui a une vraie valeur humaine. C’est sur ce deuxième point que le marketing politique et la communication interviennent.
Il va s’agir pour ces disciplines de parrer le camp pour lequel elles œuvrent de valeurs. Je vais ici utiliser volontairement une caricature, pour simplifier et éclaircir mon propos. Il y a deux grandes valeurs qui s’opposent dans la vie politique française à mon sens. A gauche ce sont les valeurs morales, à droite c’est l’intelligence et la réussite qui l’accompagne. C’est très sensible ces temps-ci, notamment à gauche. A ce titre, l’accusation du groupe PS traditionnel représenté par Hollande d’être constitué de « social-traîtres » me semble très symptomatique. L’accusation porte sur un point moral. Hollande et sa clique sont des traîtres vis-à-vis de la société. Et au final, puisqu’ils sont traîtres, ils sont comme les gens de droite : misanthropes et égoïstes.
Du coup, les programmes politiques semblent se résumer de plus en plus à une simple bataille d’étendard : « je suis un homme meilleur que toi, en faisant mon choix tu feras un choix d’humaniste » « je suis plus intelligent que toi, en faisant mon choix tu feras donc forcément le bon puisque je sais mieux évaluer les choses ». Le problème principal est que ces étendards remplacent in fine les idées qu’ils sont censés soutenir. Dans certains débats on s’aperçoit qu’il suffit désormais de dire dans quel camp on se trouve pour que tout soit dit. On ne va pas plus loin que la bannière songeant que celle-ci remplace tous les discours. Et on retombe dans certains pièges en surinterprétant.
Cela pose à mon avis un problème majeur. Deux en fait. Le premier c’est qu’il n’y a plus de vrai débat, c’est-à-dire d’échange d’idée, chacun s’en tenant à essayer de faire entrer son idée dans le crâne de l’autre. Le deuxième, c’est que les idées disparaissent complètement derrière leurs étendards. Le risque existe alors que ceux-ci, utilisés à outrance, finissent par se dissocier des idées qu’ils devaient initialement représenter. Du coup, il n’y a plus de vraie réflexion critique menée sur les différentes idées politiques qui pourraient mériter d’être mises en avant. On privilégie la réaction systématique de rejet de choix qui, étant faits par un camp, ne peuvent que confirmer tout le mal qu’on pense de ce camp. Je crois que c’est surtout vrai pour les réactions que l’on voit dans les partis des extrêmes, de gauche comme de droite.
Et ces partis jouent sur ces étendards. A l’extrême gauche notamment, utilisant un vocabulaire de compassion, de souci des autres, notamment des plus faibles, on utilise la corde sensible pour dire aux gens : nous sommes des gens biens, altruistes, humanistes. Si vous vous joigniez à nous, vous ferez la preuve que vous l’êtes aussi. Les problèmes politiques et l’analyse des solutions que l’on peut y proposer sont toujours complexes. Parfois extrêmement complexes. Parce que dans des sociétés de plusieurs millions d’habitants, un problème concerne des milliers de personnes, mais pas toutes de la même façon. Il est alors bien rare que les solutions à prendre soient simples. Mais il est aussi bien difficile d’expliquer dans le détail la complexité de ces sujets. Les étendards sont alors des outils forts pratiques, servant à vulgariser, quitte à réduire.
Tout le talent consiste donc à ce que ces étendards renvoient aux gens une bonne image d’eux-mêmes. Si l’on obtient cela, une grande partie du travail est faite. Les gens se sentent rassurés. Ils pensent que leurs intérêts sont sauvegardés par leur choix, et plus encore, que leur valeur personnelle s’en trouve augmentée. Et ainsi, un peu comme à l’opéra, leur candidat dans le fond, ce sera eux-mêmes. Evidemment qu’ils vont voter pour lui !
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Tout fout le camps
Vendredi, c'est détente. (oui je sais, hier aussi c'était détente).
Je vous propose donc de jouer à ça que j'ai trouvé chez lui. J'ai toujours adoré les énigmes et casse-tête en tout genre, alors j'y ai passé un peu de temps, et j'ai fini par comprendre le truc! Je fais donc maintenant partie de la confrérie de Petals around the rose!
Et pour être sûr de vous occuper l'esprit pendant tout le week-end, voici un petit problème mathématique qui remet en cause bien des certitudes. Car lecteur impatient, je vais te démontrer infailliblement que toute la science moderne repose sur un présupposé absolument faux et qu'en fait, les mathématiques, c'est du bidon. Tiens-toi bien aux barreaux de ta chaise, laisse ton yaourt de côté, et vois donc ce nouveau théorème mettant à plat toutes les théories prétendument scientifiques, car je te l'assène cher public: 1 = 2 (si, et ça fait trop longtemps qu'on te le cache)
Démonstration.
Posons A=B=1
A=B équivaut à
A2 = AB qui équivaut à
A2 - B2 = AB - B2 soit en factorisant
(A-B)(A+B) = B(A-B)
On peut alors simplifier les termes en supprimant de chaque côté (A-B), ce qui donne
A+B = B et en remplaçant les lettres par leurs valeur on obtient bien:
2 = 1 !
Et du coup, 2+2 n'est pas égal à 4, mais seulement à 2. Pas la peine de lui ajouter 2 dans ce cas, on se fatigue pour rien.
Je posterai probablement plus tard un billet un peu plus sérieux, parce que sinon vous aller glander tout le week-end sur ces âneries.
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15/09/2005
Carburant alternatif
Face à la très forte montée des prix du pétrôle, la nécessité de trouver des sources d'énergie alternatives se fait de plus en plus impérieuse. Et dans ce défi du nouveau siècle (et qui va très certainement s'étendre sur quelques décennies), toutes les idées sont bonnes à prendre.
C'est ainsi que votre serviteur se fait aujourd'hui le relai d'une initiative originale qui allie efficacité (semble-t-il) et esprit ludique. On en trouvera le détail dans cet article lu ce matin.
C'est donc dans un réflexe purement citoyen et écologiste (ça doit pas polluer beaucoup ce carburant là) que je me propose dès aujourd'hui d'aller piquer le chat de la voisine, de le scotcher sur la route et ... taïaut !!
[Edit 16/09: apparemment l'histoire est partiellement inventée ... C'est malin... Qu'est-ce que j'en fais maintenant du chat de la voisine ? Enfin, le chat ... ce qu'il en reste. Punaise elle va me tuer. Pourvu qu'elle ne m'utilise pas ensuite en carburant.]
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13/09/2005
L'orgueil appliqué (ou mon suicide bloguesque)
La polémique enfle dans la blogosphère sur la manière d’interpréter la réponse des autorités fédérales (et aussi locales, mais enfin surtout fédérales) américaines à la catastrophe de l’ouragan Katrina. Et Hugues relève à nouveau le gant aujourd’hui pour défendre becs et ongles sa position.
L’objet de ma note n’est pas d’argumenter sur la question car je juge que d’autres l’ont bien mieux fait que je ne pourrais le faire, et produire un doublon médiocre juste histoire de générer du trafic serait ridicule. Je m’intéresse surtout à la dernière sortie d’Hugues, car à bien le lire, il me semble être un excellent exemple pour revenir de façon concrète sur ce billet là… S’il me lit j’espère qu’il ne m’en voudra pas trop, car pour ma part j’apprécie souvent la forme ironique de ses billets (même si je dois reconnaître que le fond m’a posé problème certaines fois). Mais remarquez, je ne pense pas qu’il me lise (il a bien raison, il y a plus intéressant à faire), donc…
D’abord il faut un peu planter le décor pour comprendre quelle position tient Hugues. A la lecture de son premier billet, il ne m’a pas vraiment semblé qu’il cherchait à exonérer l’administration Bush de ses responsabilités. Ce qu’il entendait fustiger, c’était une attitude qui relèverait selon lui d’une critique un peu myotatique, issue d’un anti-américanisme primaire trop répandu chez les bien-pensants. En face, on faisait valoir la responsabilité lourde de l’administration, qui, comme toute administration, se doit de réagir aux drames survenants dans son pays et d’y apporter des idées efficaces, en montrant, analyses locales et témoignages à l’appui, que cette administration avait ici failli plus que de normal (car bien sûr on n’attend pas une réponse zéro défaut).
Mais dès son premier billet Hugues, pour convaincre de la justesse de son opinion et usant de son talent d’écriture, en a rajouté pour démontrer son propos. Par exemple, d’un côté il écrivait : « situation ingérable », et de l’autre il se défend ensuite de dédouaner Bush&Co de leurs responsabilités. C’est pourtant assez contradictoire. Si une situation est ingérable alors personne ne peut se voir attribuer une quelconque responsabilité pour la gérer, non ? La première « erreur » d’Hugues réside ici : voulant parvenir à enfoncer bien profond les opinions creuses des bien-pensants (et cette intention est assez louable car à mon sens elle participe à une essentialisation des opinions – c’est-à-dire qu’elle défait les grandes paroles de leurs habits d’apparat pour en montrer l’ossature réelle, ce sur quoi on peut réellement compter et qui est bon à prendre), il en a rajouté, dans le style mais aussi dans le fond. Si l’on connaît le style (et pour ma part je l’apprécie, je le répète), et qu’on peut donc accepter son côté sarcastique, le fond en revanche porte forcément à un regard critique. Et c’est là que le propos d’Hugues s’est ouvert aux attaques.
Et ces critiques l’ont très visiblement touché. Son amour propre, et, maintenant j’ose le terme, son orgueil, en ont pris un coup. De là se sont ensuivies plusieurs réactions de sa part qui me semblent être de parfaits symptômes d’un orgueil blessé (qu’on comprenne bien ma démarche : mon intention n’est absolument pas de fustiger le comportement d’Hugues ou de critiquer son opinion, mais vraiment seulement d’apporter une illustration au sujet de l’orgueil que j’ai abordé d’un point de vue plus théorique auparavant. Ceux qui croiraient qu’ils peuvent utiliser ce billet pour aller en balancer à Hugues seraient fort mal venus).
D’abord, la contradiction voire un soupçon de mauvaise foi. Celle d’abord que je viens d’indiquer. Hugues écrit d’abord « situation ingérable » et ensuite se défend de ne pas mettre en cause la responsabilité de l’administration américaine. Et il renchérit encore dans son dernier billet en évoquant « une catastrophe de cette amplitude [qui] ne pouvait être gérée qu'à la marge ». D’autres passages peuvent être relevés : « un sans faute était inimaginable » (c’est bien évident, personne n’a parlé de sans-faute) ; « ils auraient dû faire mieux » mais suit une explication qui montre qu’ils ne pouvaient pas sauf « à la marge ».
Ensuite, la confusion entre attaque de ses idées et attaques de lui-même. Hugues, dans son dernier billet, fait une explication en trois paragraphes pour justifier ses positions personnelles et montrer (là je vais caricaturer et m’exposer moi aussi aux coups de fouet) qu’il est un « gars bien », tolérant, ouvert, progressiste. Il assimile donc visiblement des critiques de ses idées à des critiques de lui-même, puisqu’il se croit obligé de démonter à tous sa valeur en tant que personne. En voyant ses idées attaquées, il se sent attaqué personnellement. Et à l’inverse, en se présentant comme « un gars bien » il pense sans doute que ses idées vont voir rejeter sur elles l’aura de sa personne et, partant (oaah j’adore toujours autant le caser lui), se trouveront elles aussi relevées dans l’estime des gens. Pourtant ses idées ne devraient pas être jugées à cette aune là.
Il me faut préciser ce point car j’entends déjà les cris s’abattre : les gens, bien souvent dans leurs propos, ne se contentent clairement pas de juger seulement les idées des gens, mais s’attaquent bien aux gens eux-mêmes. Et d’autre part, il est très possible qu’Hugues ait reçu des mails dont nous n’avons pas eu connaissance ou ait eu des échanges que je n’ai pas vu (je ne lis quand même pas toute la blogosphère). Tout cela est juste, très juste. Oui mais. C’est justement relayer ce mode de fonctionnement que d’y réagir de façon « habituelle ». Une réaction calme et « centrée » à ce type d’attaque (tant qu’elles ne disent pas clairement qu’elles s’attaquent à la personne) à au contraire la vertu de ramener le débat sur le terrain qu’il ne devrait pas quitter : celui des idées.
On voit donc s’exprimer ici les symptômes classiques de l’orgueil blessé : position de plus en plus difficile à soutenir par le refus de l’erreur et de l’acceptation de la limite de sa propre vision, transfert des critiques des idées sur soi-même, et on peut ajouter le ton. En effet, moins on se sent à l’aise dans sa position, plus on se sent bancal, plus on a tendance à devenir agressif, cette agressivité remplaçant l’argumentation et la force de la voix servant à enfoncer les clous plus fortement que par la seule pensée. Je crois qu’on sent ce glissement chez Hugues entre ses deux billets. Le style le montre.
Pour finir, quelle est donc l’échappatoire au piège de l’orgueil ? Dans le cas présent, et comme bien souvent, il est extrêmement simple. Il suffit dès le début de savoir centrer le débat sur les idées, et de reconnaître avec ouverture les limites de son propre discours (cherchez bien dans les vôtres, avec honnêteté, vous en trouverez quasiment toujours, et en particulier sur des sujets polémiques il est extrêmement rare qu’on n’en trouve pas de part et d’autre). Ici, il aurait à mon sens suffit à Hugues de reconnaître la limite de son expression « situation ingérable » ou même de son intention de départ de fustiger les critiques simplistes anti-bush. En fait de dire qu’au fond il ne traitait pas tout à fait du même sujet que ceux qui fustigeaient la réactions du gouvernement américain : il parlait de la récupération mal à propos de la catastrophe par une certaine frange de la population, pas de la gestion en elle-même. S’il avait dès la première critique établit clairement cette séparation alors sans doute les choses auraient-elles été moins embrouillées.
NB: Ce billet est extrêmement difficile à écrire. Essentiellement parce que je m’ouvre ici aux critiques de gens qui ont très clairement des capacités bien supérieures aux miennes, tant pour réfléchir que pour coucher sur le papier le résultat de leurs réflexions. Il est possible que ma production du jour soit un peu embrouillée et mérite des ajustements. J’ai tout de même voulu la poster pour mettre à l’épreuve les éléments théoriques que j’avais indiqués dans mon billet sur l’orgueil. Qu’il soit définitivement dit qu’il ne s’agit pas ici d’une critique de la position d’Hugues mais uniquement d’un travail sur l’orgueil. Si par hasard l’illustre vaticinateur passait par ici qu’il n’hésite pas à indiquer ses propres critiques à ce billet.
Et d’ailleurs, pour revenir au fond du sujet, je dois dire que je rejoins Hugues lorsqu’il dit que le plus grand sujet d’inquiétude est en fait la fragilité de la situation socio-économique d’une frange importante de la population américaine, mise à nue froidement par le cyclone.
Et maintenant, j'attends les gifles ... pas trop fort siou plait...
15:05 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
12/09/2005
La Normandie, c'est chouette aussi
Petit week end en Normandie très sympathique. Vous en verrez quelques photos dans le photoblog.
Baignades (ben oui quoi, même que l'eau était très bonne), soleil, petite marche. Bref, un repos bien agréable. Et nous avons profité de notre petit passage à Deauville pour chercher une ou deux personnalités. Sur la plage c'est PPDA qui est venu nous rejoindre avec sa smalla (ça prend un ou deux 'l' ce mot?). Mais nous n'avons pas daigné nous retourner pour lui rendre ses regards curieux: c'est que nous tenions à notre incognito. La plus grande "star" que nous ayons vue fut Mark Wahlberg, il y eut un petit flou à un moment lorsque son nom fut crié par la foule, certains pensant que c'était de moi qu'il s'agissait (je suis demain dans Gala je crois, dommage ils ont raté mon meilleur profil ces buses).
Enjoy the pics !
22:25 Publié dans Un peu de tout | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
09/09/2005
Les massages, c'est le pied
Avec un peu de retard, voici un petit billet sur les massages, et en particulier les massages des pieds. En passant on notera le jeu de mot subtil du titre, je sais j'ai du talent, ne vous prosternez pas pour ça quand même.
Lors de la formation que j'ai suivie sur la gestion du stress, nous avons abordé les massages. Ils font partie des techniques qui permettent de se relaxer, de se détendre. Ces techniques sont d'ailleurs nombreuses: relaxations (ça c'est très chouette, si vous voulez tentez l'expérience allez sur mon site de gestion du stress dans le menu particulier et dans les "friandises" vous trouverez en téléchargement libre un fichier audio qui pourra vous permettre de faire une relaxation tout(e) seul(e) comme un(e) grand(e)), yoga, art thérapie, etc. Il en existe vraiment un bon nombre, je ne les indique pas toutes pour vous laisser vous guider par votre curiosité.
Deux petites remarques concernant ces techniques. La première c'est qu'il ne faut pas leur accorder une importance plus grande que ce qu'elle méritent. Elles ne sont que des techniques de "surface", elles ne traitent que les symptômes, une fois que ceux-ci sont apparût, mais en aucun cas elles ne peuvent agir sur les causes, ou en tout cas très peu (certaines de ces techniques contiennent un fond plus consistant, comme le yoga qui s'accompagne aussi d'une certaine "philosophie"). La deuxième c'est qu'il faut être prudents vis-à-vis de toutes les "écoles" qui enseignent ces "techniques" et qui promettent bien-être et équilibre. Certaines, sous couvert de bonnes intentions, cachent tout bonnement des sectes. Prudence et esprit critique sont donc de rigueur!
Revenons-en maintenant aux massages. La seule chose que je conseille pour que le massage soit vraiment profitable, c'est que vous le fassiez avec une vraie intention de faire du bien à celui ou celle que vous allez masser. Une très grande partie du bien-être qu'il ou elle ressentira viendra de là. Et pour un couple, je pense que ça peut être un moment privilégié, un "petit moment à part" qui permet de se retrouver et de se donner de la tendresse. Bref ça peut être très chouette!
Parmis les différentes techniques de massages qui existent (et là aussi il y a profusion de choix) il y a les massages des pieds, qu'on appelle aussi la réflexologie. Pour ne pas vous encombrer trop ici, je vous indique simplement ce lien vers le site d'Arnaud Dunand. C'est sans doute le meilleur site que j'ai trouvé sur le sujet. Vous y trouverez tout ce qu'il faut savoir: les zones des pieds qui correspondent aux différents organes du corps, des conseils pour faire votre massage, et aussi des informations théoriques intéressantes. Vraiment très bien.
Bon week end à tout le monde et bons massages !
10:15 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
08/09/2005
Cent jours plus tard
Bon, je vous avoue que j'ai pas mal hésité avant de poster ce détournement car je n'en suis pas terriblement content (c'est une sorte de scénario). Mais après tout, c'est mon blog, et je m'autorise à y être médiocre quand je veux (et pis je m'ennuie toujours alors ça m'occupe). Votre indulgence est donc demandée !
16:40 Publié dans Un peu de rire | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
06/09/2005
L'orgueil, l'écoute, et le déni
Aujourd’hui, je voudrais aborder un sujet en quelque sorte périphérique aux travaux sur la gestion du stress que j’ai déjà proposé, mais qui est complémentaire à certaines remarques que j’ai faites, notamment dans ces billets là. Mais qui fait pleinement partie du travail sur soi qui est à mener dans cette démarche de gestion du stress et de développement personnel. Il s’agit de l’orgueil. L’orgueil peut devenir à mon sens un piège dans deux situations types : la communication et la reconnaissance d’une faute.
Mais pour entamer ce billet, je voudrais d’abord indiquer en quoi, à mon avis, l’orgueil peut être bon. Il existe un premier degré d’orgueil qui est bénéfique, c’est celui où l’on s’approuve soi-même. Cette mesure là d’orgueil est bonne, et je dirais même nécessaire. C’est celle par laquelle on ose s’affirmer devant les autres, prendre toute sa place parmi eux. C’est celle par laquelle on s’accepte tel que l’on est et qui nous permet d’aller de l’avant en croyant en nous et en nos projets. Peut-être cette définition se rapproche-t-elle en grande partie de la fierté.
Passons maintenant aux pièges de l’orgueil. Et d’abord l’impact de celui-ci dans la communication. Nous avons tous, comme le montrait Maslow dans sa très pertinente pyramide des besoins, un besoin de reconnaissance (ou d’estime des autres). La satisfaction de ce besoin fait partie de ce qui nous permet d’être véritablement heureux. Ce besoin de reconnaissance passe, entre autres, par la reconnaissance par les autres de nos idées et de nos opinions, et de la justesse de celles-ci.
Et c’est ainsi que naissent les discussions de murs. L’orgueil intervient en nous empêchant d’écouter l’autre, parce qu’on n'accepte pas de faire la moindre erreur (ou plus simplement on n’accepte pas que les autres puissent penser qu’on fait une erreur), et parce qu’il nous fait poser notre besoin de reconnaissance comme une priorité absolue, supérieure au reste, ce reste étant la compréhension pleine du sujet débattu (et on a souvent bien du mal à entrevoir seul tous les tenants et aboutissants d’un sujet), mais aussi le respect pour l’autre et ses opinions (respect ne signifiant bien sûr pas nécessairement adhésion). Ainsi le message qu’on souhaite faire passer n’est plus : « les critiques contre l’administration Bush dans sa gestion des conséquences de l’ouragan Katrina sont justifiées / ou font preuve d’anti-américanisme primaire » mais « mon opinion est intelligente et pertinente, et tu dois comprendre pourquoi, et me donner ma juste valeur »
C’est-à-dire qu’on se met soi-même en jeu, au lieu de mettre seulement nos idées en jeu. Si l’autre rejette notre vision des choses, il nous rejette nous aussi en entier pensons-nous. Et nous ne le supportons pas, à cause de notre besoin de reconnaissance, vicié par notre orgueil qui l’a érigé en objectif absolu au détriment du reste. Pourtant, on obtiendrait bien plus sûrement la reconnaissance que l’on appelle de nos vœux en adoptant une attitude mesurée. Il n’y a même rien de plus efficace devant quelqu’un qui commence à s’emporter. La personne se retrouve seule à éructer, et s’aperçoit alors du décalage de son comportement avec celui que vous permettez en restant calme et posé. Parfois c’est même un peu jouissif ;o) C’est un exercice très difficile de percevoir ce qui dans son propre discours est erroné ou partiel (c’est-à-dire d’identifier que nous pensons selon un angle de vue, qui n’englobe donc pas tous les aspect du sujet). Mais lorsqu’on parvient à le faire…
Pour illustrer encore ce point, je vais prendre un autre exemple: l’expérience de Stanley Milgram, rapportée dans le film I comme Icare. Elle montre que 63 % de la population est capable d’envoyer des décharges de 450 volts à un inconnu qui n'a rien fait. Comment est-ce possible ? Il suffit de donner à la personne le sentiment d’être déchargée de responsabilité (le professeur, avec sa blouse blanche, semble garant du caractère scientifique de l’expérience, il fait autorité, et l’expérience se déroule dans un hôpital, un endroit sérieux), et de laisser faire l’orgueil. Arrivé à un certain point de l’expérience celui qui inflige les décharges se retrouve coincé entre le mal-être issu de le souffrance qu’il fait subir et son orgueil. Il a accepté jusque là le principe (complètement absurde !) de l’expérience, et arrêter là où il en est serait renier ce qu’il a fait jusque là. Ce serait admettre que depuis le début il se trompe.
C’est alors un véritable cercle vicieux qui s’engage. Plus la personne va infliger de souffrance injustifiée à l’autre, plus elle va se sentir mal, mais plus aussi il lui sera difficile d’accepter de reconnaître son tort (parce qu’elle devra admettre qu’elle a fait un mal de plus en plus grand, c’est donc plus difficile). Ce cercle vicieux connaît beaucoup « d’applications » dans la vie courante, et en particulier dans nos relations avec les autres. Nous avons commis une erreur, mais notre orgueil nous empêche de la reconnaître, alors on s’enferre dans un comportement de rejet, et parfois même, pour soutenir notre comportement, qui devient à un moment donné complètement déconnecté de la réalité de ce qui a été vécu, on en arrive à inventer, à fantasmer.
L’une des formes de ces « fantasmes » c’est le déni. Le déni c’est l’opération par laquelle on va refuser d’accepter une réalité, souvent une faute que l’on a commise, à tel point qu’on va se persuader soi-même qu’on n’a jamais commis cette faute, malgré les évidences. C’est ainsi qu’une personne alcoolique, surprise en train de boire, va maladroitement cacher sa bouteille, et devant la personne qui a vu toute la scène, déclarer, de bonne foi, qu’elle n’a pas bu, et que d’ailleurs il n’y a aucune bouteille dans la maison ! Cette personne parle sincèrement, elle croit profondément ce qu’elle dit lorsqu’elle le dit (c’est la raison pour laquelle je suis un peu méfiant vis-à-vis de la sincérité). Mais la culpabilité ressentie à cause de sa faute est telle qu’elle ne peut pas l’accepter et qu'elle se retrouve « obligée » d’utiliser le déni pour s’en défaire. La réalité est trop dure pour qu’elle la regarde en face.
Et pour finir, un petit exercice, qui sera particulièrement difficile (voire impossible) pour les hommes (et oui, nous sommes souvent bien plus orgueilleux que les femmes messieurs) : dites aujourd’hui, par téléphone ou de vive voix (c’est le mieux si vous le pouvez) à trois personnes de votre entourage que vous les aimez. Vous trouvez ça difficile, voire insurmontable ? Et bien c’est votre orgueil qui vous en empêche en grande partie, car vous ne supportez pas l’idée de vous montrer vulnérable devant les autres. Mais si vous parvenez à le faire, vous verrez tout ce que ça vous apportera et tout ce que ça apportera à ceux à qui vous le direz. Et ce sera encore plus fort pour ceux qui n’ont pas l’habitude de donner cette tendresse. Essayez. C’est pour vous.
(et toc, là ils y en a qui ne doivent pas faire les malins ;o) ).
17:20 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook |
05/09/2005
Rétention
Ses yeux bleus ont accroché mes souvenirs,
y ont tissés des lianes, posé des racines,
et désormais les retiennent,
captifs.
15:40 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |