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14/12/2006

Le surfer d'argent III: Galactus ressuscité !

medium_Galactus.jpgIl ya une idée que je n’ai probablement pas bien traduite, ni dans mon premier billet sur le surfer d’argent, ni dans le second, mais là c’est plus normal, car ça n’était pas vraiment le sujet. C’est que le syndrome du surfer d’argent crée les dictateurs (à force de répéter cette expression du syndrome du surfer d’argent, les gens vont bien finir par l’adopter, et je deviendrai alors universellement connu pour en être le créateur, youpi).

 

Dans le BD de Moebius (le traite, le fourbe, le sournoi, seuls les fans de BD comprendront), le surfer d’argent après avoir battu Galactus est acclamé par la foule qui réclame que le héros règne sur eux pour un monde meilleur. Le surfer d’argent se lamente alors de cette réaction du peuple, et résume sa déception en disant : « ils ne se rendent pas compte que ce qu’ils demandent, c’est un nouveau dictateur ».

 

C’est l’ironie ultime. Le peuple a été sauvé, par un autre que lui-même d’ailleurs, mais à peine est-il sorti du joug du tyran qui l’opprimait qu’il en redemande, et qu’il fonce tête baissée dans le même piège. Car la remarque du surfer d’argent est juste : élever des champions plus haut que terre, en les parant de mille vertus, est le processus par lequel on construit les tyrans. Parce qu’on crée ainsi les bases du culte de la personnalité.

 

C’est en fait le plus grand défaut que j’avais à l’esprit en rédigeant mon premier billet sur ce sujet et que je voulais dénoncer. Nous avons trop tendance, lors des différentes élections qui émaillent la vie politique française, et en particulier lors de l’élection présidentielle, à rechercher un champion que les militants décrivent comme une sorte d’être suprême apte à résoudre tous les problèmes existants, et même ceux qui n’existent pas encore.

 

Ce faisant, on fixe à l’échéance électorale un rôle qu’elle ne doit pas avoir. En effet elle n’est en aucune façon une fin en soi. Elle ne peut être qu’une étape, une petite étape même, car après avoir choisit qui va faire, il faut encore qu’il (ou elle) fasse. Le fait d’élever la personne choisie au rang de héros national, et de lui abdiquer, parce qu’on lui attribue toutes les qualités, nos propres responsabilités, est de nature à créer les conditions d’un gouvernement totalitaire.

 

Qu’on me comprenne bien. Je ne pense évidemment pas que la campagne électorale actuelle, qui joue à plein régime sur la personnalité des candidats, aboutisse à une dictature en France. Mais je m’inquiète tout de même du résultat final de tout ceci, et surtout de l’aveuglement total de la population quant aux chances d’obtenir dés le lendemain de l’élection la solution à tous leurs problèmes. Le seul fait que les camps se montrent déjà aussi braqués les uns contre les autres, et aussi partiaux, est pour moi le signe d’une erreur de perspective. Car au lendemain du 6 mai, tout sera à faire. Personne ne doit en douter.

 

J’ai entendu Attali faire une remarque très similaire l’autre soir sur le plateau du Grand Journal. Il disait qu’il était toujours assez inquiet lorsqu’on désignait une personne comme un sauveur. Parce que selon lui, c’était bien ainsi qu’on faisait les tyrans. Je le suis complètement dans cette idée, et je remarque que nous ne faisons vraiment rien d’autre à l’approche des présidentielles que de désigner, dans nos camps respectifs, des sauveurs, des personnes qui devraient par la seule force de leur charisme relever tout un pays du marasme dans lequel il s’enfonce nécessairement avant toute élection (sinon à quoi bon élire quelqu’un ?).

 

Quand j’observe l’étendue de ce comportement chez les politiciens eux-mêmes, mais également chez leurs observateurs, je ne peux m’empêcher de penser que décidemment, nous ne sommes toujours pas dans des démocraties adultes.

Commentaires

Sur le même sujet quoique traité fort différemment, un billet en forme de "notes de lecture" chez janu, pourrait t'intéresser :

http://sylvainjanu.canalblog.com/archives/2006/12/09/3382618.html

Écrit par : samantdi | 14/12/2006

Oui pas mal en effet.

Écrit par : pikipoki | 15/12/2006

Il me semble voir un certain rapport avec les thèses d'Hayek, sommairement résumées ici :

http://www.mises.org/TRTS/09.jpg
http://www.mises.org/TRTS.htm

Écrit par : Hiiii | 19/12/2006

Les commentaires sont fermés.