26/11/2005
Totalitarisme, humanisme et révoltes urbaines
Billet précédent de la série
Je découvre à mon retour chez moi les différents sujets qui ont agité la blogosphère pendant ma courte absence. Et c’est avec un peu de surprise que je vois que Finkielkraut est en première ligne suite à sa récente interview dans Haaretz reprise partiellement par Le Monde. Je ne compte pas revenir sur cette interview qui a déjà été analysée notamment chez Jules, mais en continuant ma note de lecture de La sagesse de l’amour de Finkielkraut je trouve matière à apporter des éléments intéressants au débat, et également à proposer, enfin ?, mon commentaire sur les récents évènements en banlieue (puisque Diner’s room m’a très sympathiquement classé dans les commentateurs de l’actualité politique).
Tout d’abord revenons un peu à la description que j’ai déjà faite des sources du totalitarisme ici ou là. En réfutant le visage de l’autre, en lui faisant porter le masque de ma propre interprétation de ce qu’est sa personne, je néglige la responsabilité qu’il me donne de prendre soin de lui. Mais surtout, je réfute sa qualité d’humain, je ne le réduis plus qu’aux qualificatifs dont je l’ai paré. Il n’est plus homme mais représentation que je fais d’un visage, il devient une image figée, une icône représentative de ce que je veux bien qu’elle soit représentative. Je l’ai réduit à des idées reçues, j’ai transformé son territoire pour le remplacer par ma carte et je lui interdis désormais d’être autre chose que cette carte. Car s’il réaffirme la réalité du territoire qu’il représente il m’oblige à lui, ce que je refuse.
Dès lors le totalitarisme peut prendre place, « sereinement » si je puis dire. Car l’autre n’étant plus homme, il n’y a plus aucune notion morale qui saurait constituer la moindre base de jugement de ce que je vais lui faire subir. Je peux à loisir « le mutiler, l’endommager ou le tuer » sans avoir à ressentir de culpabilité pour cela. Car ce n’est pas un homme que je torture, c’est une icône, un masque de papier. Finkielkraut développe cette idée à travers une analyse de l’histoire de Germana Stefanini, retenue prisonnière par les Brigades Rouges.
Germana Stefanini est jugée par les Brigades Rouge en tant que gardienne de la prison de Rebbibia, en tant que rouage du système contre lequel les Brigades Rouges prétendent se révolter. Et lors de ce procès devant leur tribunal de la Révolution, il apparaît immédiatement que ce n’est pas Germana Stefanini qui est jugée, mais seulement le système dont ils l’ont rendue représentative. Finkielkraut rapporte une partie des minutes du procès qui montrent bien combien sa personne n’est à aucun moment prise en compte. Sa réalité, son « vrai visage » est tout entier inscrit dans l’histoire qui l’englobe. Elle n’est pas Germana Stefanini, elle n’est plus que la gardienne de la prison symbole du régime politique qu’ils combattent. C’est le ‘système’ auquel elle appartient qui parle en elle. Ses mots ne sont plus analysés que comme aveux de son appartenance à son milieu. Quoi qu’elle dise elle ne dit rien d’autre que « je suis la gardienne de la prison de Rebbibia » dans les oreilles de ses ravisseurs. Et il suffit qu’elle prenne la parole pour qu’on la lui retire simultanément, la privant de son altérité, la privant de son visage. Elle est réduite (à un point tout à fait extrême) à sa fonction et n’est plus personne. La tuer devient alors « logique », car cela participera de la grande lutte contre un régime honnis, pour un plus grand bien collectif.
Le totalitarisme c’est donc faire parler en l’autre, contre sa volonté, son origine, son passé, son environnement. C’est réduire la signification de ses paroles aux éléments externes qui ont pu influencer son parcours, et ainsi lui enlever la parole, le priver littéralement de « ses » mots. Le discours n’est plus qu’agitation de la langue et des lèvres, il est privé du logos, réduit aux éléments extérieurs qui participent de sa construction, d’une part de son déterminisme. L’individu, une fois cerné par l’interprétation faite de son « milieu », peut donc toujours pleurer et protester, rien n’y fera. Il n’est plus homme, il n’est qu’une façade de plus dans le paysage d’un système qu’il faut détruire. Ainsi, Finkielkraut écrit que la maxime du totalitarisme peut se résumer à cette phrase : « c’est la société en toi qui est coupable, tu dois donc disparaître. »
Mais Finkielkraut va encore plus loin en trouvant dans le mouvement humaniste moderne des fondements similaires à ceux du totalitarisme. Et voici où j’en viens au débat actuel sur les récents évènements de nos banlieues. Finkielkraut montre que l’humanisme moderne, et on l’a vu dans certains commentaires de responsables politiques sur les problèmes des banlieues, disculpe les fauteurs de trouble, les innocente, en faisant également parler en eux la société, leur milieu. Les jeunes qui jettent des pierres sur les casques des pompiers ne sont plus perçus comme agissant à leur compte, mais comme vecteurs d’un mouvement guidé par leur environnement. Ils ne sont plus coupables mais victimes. L’humanisme leur dit : « C’est la société en toi qui parle, donc tu es innocent. » Si la conclusion de l’humanisme est indubitablement moins destructrice que celle du totalitarisme, du moins elle se fonde sur un processus tout aussi trompeur qui fait autant oublier à ceux qui la prononcent la qualité d’homme des individus pris en compte. Et il leur enlève toute responsabilité quant à leurs actes. « Les hommes ne sont plus responsables, ils sont possédés » écrit Finkielkraut.
On doit bien admettre il me semble qu’il y a une vérité très forte dans cet argument. Disculper des individus qui cassent, brûlent, sous le seul prétexte des errements de la société dans laquelle ils sont est pour le moins léger. Cette tendance à la déresponsabilisation est un risque très grand que l’on fait prendre à un pays. Et j’ai bien peur qu’on en voit encore des avatars tant elle semble fortement ancrée dans la bouche de certains.
Mais pourtant, je crois qu’on peut formuler une critique de l’argument de Finkielkraut. A mon sens il pousse trop loin sa critique de « l’humanisme » moderne. Car il semble tenter de déraciner totalement l’homme de son milieu afin que l’on entende plus en lui que la voix qui lui est propre et que les échos, même les plus ténus, de son histoire individuelle s’effacent. Il procède ainsi à une désincarnation complète de l’individu. Celui-ci n’est plus lui au milieu des autres et du monde, et ne reste que lui-même, et c’est tout. Certes ce qu’il nous rappelle de la nature de l’altérité devrait être réintégré dans notre vision moderne des rapports humains, mais le visage n’est pas qu’une entité abstraite, une sorte d’Idée platonicienne de mon vis-à-vis. Et si celui-ci ne saurait être réduit à ses épithètes, il ne peut pour autant être déraciné de son environnement si l’on désire le comprendre (c’est-à-dire le saisir, en « faire le tour » en quelque sorte). Ainsi si son déterminisme doit être déconstruit et sa place dans l’identité de l’individu démystifiée, on ne peut pour autant nier la réalité des expériences que celui-ci a vécu, et qui ont contribué à faire de lui ce qu’il est. Certes il n’est pas ce qu’il fait, mais il reste tout de même le résultat complexe d’une construction, d’une éducation, à laquelle son environnement, son histoire participent à 100%. Et l’en extraire ainsi serait à mon avis exercer sur lui une autre forme de violence dont Finkielkraut ne parle pas dans son livre, mais qui me semble tout aussi aigue.
Je me souviens d’une phrase lue chez Albert Jacquard dans son petit livre Petite philosophie pour les non philosophes qui disait : « je suis les liens que je tisse avec les autres ». Je trouve cette idée très intéressante. A mon sens il y a en quelque sorte deux moi qui cohabitent chez un homme : le moi individuel, le moi « ontologique », et le moi collectif, le moi avec les autres. C’est à ce deuxième moi que Finkielkraut pourrait faire violence s’il déracine trop l’individu de ce qui le construit.
Et pour incarner un peu plus ce sujet, il me semble qu’il y a une notion fondamentale qui doit être analysée pour bien comprendre le phénomène des révoltes urbaines : l’espoir. J’ai vu récemment un reportage que j’ai trouvé intéressant et qui illustre cette idée. Des associations intéressantes ont vu le jour dans certaines banlieues. Elles offrent notamment leurs services pour aider les habitants de ces quartiers à trouver un travail, une activité. La jeune fille interviewé expliquait ainsi (je cite en gros) : « quand on réussit à faire évoluer positivement le parcours d’un jeune, et qu’on peut l’accompagner jusqu’à ce qu’il trouve un travail et qu’il puisse vivre une vie normale, on sait que c’est très important : parce que les autres voient que c’est possible, alors ils peuvent commencer à espérer. » Je crois pour ma part que si on ignore cet axe de réflexion et d’action on ne peut pas proposer de solution à long terme.
Pour faire (très) court je dirais qu’il faut responsabiliser (c’est-à-dire entre autres choses faire appliquer la loi) et donner espoir. Les deux sont aussi indispensables l'un que l'autre.
Edit du 30 novembre: je conseille la lecture du dernier billet de Damien qui revient de façon intéressante sur la notion d'antiracisme chez Finkielkraut.
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Commentaires
Votre sujet m'interpelle. Je vous livre simplement ce qui est la reflexion que m'inspire une grande colère personnelle. Rien à voir avec vous, donc.
Pour developper votre idée du totalitarisme, car elle me semble mériter un intérêt trés actuel.
Je reprends juste la citation suivante:
"Par totalitarisme pragmatique, il s'agit d'entendre l'autonomie prise par un système organisé autour d'une logique qui prétend rendre compte rationnellement de tout , à tel point qu'il en viendrait -sans le vouloir de manière délibérée mais sans non plus vouloir le savoir- à ne plus laisser sa place au sujet.
La disposition du discours techno-scientifique à être ce système symbolique qui prétend rendre compte du réel et à partir duquel on semble laisser croire que tout s'origine, le rend tout à fait congruent à devenir ce système"
(Jean pierre Lebrun "un monde sans limite" )
Je précise l'idée menant à cette formulation de l'auteur: l'effacement de l'"énonciateur" au profit de l'"énoncé", c'est à dire énoncé faisant autorité , fait disparaître la responsabilité du sujet qui prend la parole, observé par lui dans le discours scientifique sur 3 générations d'énonciation scientifique.
"C'est la promotion de l'exclusion de l'énonciation au profit de purs et simples énoncés transmissibles qui a permis aux nazis de se servir , comme ils l'ont fait, de la science raciale; ils ont manifestement profité de ce que les énoncés de la sciences permettent à ceux qui en usent de méconnaître la dimension de l'énonciation, légitimant des lors qu'une adhésion à un énoncé meurtrier puisse se réaliser en "toute innocence" , avec l'alibi de se soumettre à une programme scientifique de mieux être social. "
Mais d'où vient le fait d'être sujet et non un autre qui ne peut exister ?
Selon l'auteur, de la structuration familliale et de la place du père. C'est dans l'éducation et le lien à l'"autre", le père symbolique, exclu de la relation fusionnelle mère-enfant , au sein de la cellule familliale que se structure un être humain à devenir sujet. C'est parce qu'un homme père prend sa place de l'Autre extérieur, qu'il donne le statut de sujet à celui à qui il s'adresse, l'enfant . L'autre est donc celui qui nous parle et a qui l'on s'adresse. Il permet la prise de parole car il nous reconnait, étant d'origine extérieur .
A la suite de quoi l'auteur développe l'effacement de l'autorité de la parole de l'autre, à des niveaux tout aussi structurants que celui de l'institution scolaire. L'adulte ne faisant plus autorité dans ce qu'il sait et dans sa responsabilité de ce qu'il a à dire, ce que dèjà dénonçait Arendt de la société américaine dans les années 50 dans son ouvrage "la crise de la culture".
De même que l'autorité politique, de l'homme politique, sous tendue par la culture , qui prend en charge, en responsabilité le bien public, ne s'efface t'elle pas davantage au fur et à mesure que nous avançons dans notre soumission aux énoncés du libéralisme?
Je partage sans restriction l'avis de Kriztoff sur la contestabilité de la naturalité de la loi du marché dans votre billet précédent sur la notion de concurrence.
Si cette affirmation semble être un écart au sujet, elle n'est là que pour soutenir la thèse développé par Jean Pierre Lebrun. A partir de quel moment un énoncé comme la naturalité de la loi du marché ou de la concurrence et son fonctionnement s'impose t'il aux sujets, les efface t'il et élude t' il simplement l'expression de leur expérience ? De ce qu'ils ont à dire, quand ce fonctionnement s'impose à eux dans les faits les plus courants de leur quotidien ? Exclusion par échec scolaire, exclusion par origine, exclusion par statut professionnel famillial néant. Jusqu'à quel niveau de l'organisation de la société dans laquelle ils vivent ? Rejet des mesures politiques de protection contre les licenciements de délocalisation (combien cela coûte t'il en mesures sociales supplétives qui contreviennent au critères de maastricht , quelqu'un l'a t'il calculé?), restriction des statuts professionnels pour le fonctionnement des institutions publiques, etc...
Quel statut de Sujet est il donc pensable de reconnaître d'urgence aux sujets des banlieues(et nous de le reprendre aussi ) avant que leur humanité(ou la notre) ne soit déniée définitivement et que nous n'ayons plus que la formulation de "racaille" ou de "casseurs" à emettre(quand ce n'est pas déjà que consommateurs) ?
Sujets de droit? Sujets politiques? Ou bien finirons nous par les mettre dans des camps sous pretexte de ne pas défaire cette magnifique idée du fonctionnement de notre société libérale et cela sans tenir compte des conséquences du parquement social des exclus de l'économie de marché ?
Si vous ne voyez pas le rapport, je pourrais reformuler la citation ainsi:
"C'est la promotion de l'exclusion de l'énonciation au profit de purs et simples énoncés transmissibles qui a permis au marché de se servir , comme il l'a fait, de la science économique; il a manifestement profité de ce que les énoncés de sa science permettent à ceux qui en usent de méconnaître la dimension de l'énonciation, légitimant des lors qu'une adhésion à un énoncé d'exclusion puisse se réaliser en "toute innocence" , avec l'alibi de se soumettre à une programme concurrentiel de mieux être social.
Qui sont les sujets des banlieues? Quelle politique est pensée pour que des citoyens ne perdent pas leur statut et les droits qui leurs sont inaliènables?
Sont ils des sous sujets? Mais nous aussi alors.
Écrit par : DG | 27/11/2005
DG
Votre commentaire est assez embrouillé, et plusieurs de vos phrases ne se terminent pas vraiment.
Toutefois, si je vous comprends bien, les énoncés (la théorie) du libéralisme aurait créé une situation qui nous rend en quelque sorte esclaves de lui sans le savoir, et avec en plus l'alibi pour lui d'une volonté de chercher un mieux être collectif?
Et ainsi nous ne serions plus des sujets avec tout ce que ça suppose de liberté de choix et de responsabilité ?
Vous pouvez préciser ?
Écrit par : pikipoki | 30/11/2005
Pikipoki,
Oui , vous avez raison sur caractère fouilli de ce que j'ai écrit. Veuillez m'en excusez, je tente de corriger cette faiblesse d'écriture.
Je voulais simplement expliquer le constat suivant: certains énoncés s'imposent à notre réflexion et à nos expériences de sujets. Ces expériences ou réflexions sont relativement contraires ou différentes des énoncés régulièrement et inlassablement véhiculés : énoncés sur la nécessité de la concurrence, du libéralisme économique, la naturalité de la loi du marché, etc... Ces énoncés, ou théories, ou dogmes,appelez les comme vous le souhaitez, éludent ou effacent certaines réalités complexes qui appartiennent à l'ordre du vécu des individus. (pas la peine de vous citer des exemples entre ce qui est de l'ordre du souhaitable et de l'ordre de la réalité)
Cette complexité ne peut se réduire à de seuls énoncés généraux, au risque de faire disparaître la parole des sujets (leur statut en tant que tel) qui tentent d'expliquer ce qu'est l'ordre de leur réalité. La parole d'un sujet, une personne possédant le "je", que Jean pierre Lebrun nomme énonciateur, renvoit à la responsabilité d'une personne qui assume son humanité et la limite de ses énoncés. Cette parole ne peut prétendre s'étendre et parler pour les autres, ou savoir mieux que les autres, au risque de les nier; la se situe le totalitarisme. Le principe de la constitution du sujet est de parler pour soi, de se définir soi, et non les autres. Les énoncés du libéralisme, à mes yeux, s'avançent comme incontournables et participent de ce système qui tend à réduire la place des sujets et de leurs expériences. Ces énoncés se construisent par l'usage d'un vocabulaire spécifique. Chacun devrait s'y conformer, par un fonctionnement déterminé. Ex:Consommation, production, pour obtenir de la croissance.( Nul n'ose imaginer ou proposer une réflexion pour sortir de l'impasse de la consommation et de ses conséquences, au risque de passer pour un fou. Personne n'y entendrait la parole d'un sujet, et pourtant....)
Votre dernière question résume véritablement ce que je voulais dire. La responsabilité des choix que vous questionnez est évidente, à partir du moment ou des choix différents veulent se faire entendre. Il apparaît clairement qu'ils peuvent être simplement éludés, niés, effacés, derrière des énoncés voulant s'imposer à la réflexion générale . La responsabilité des choix , et des sujets, c'est peut être d'avouer ne pas être en accord avec la pensée qui ne laisse pas la place aux autres pensées.
Cela vous paraît il plus clair?
Écrit par : dg | 01/12/2005
Oui c'est en effet plus clair. Et intéressant.
En lisant un peu Laborit, j'ai constaté que celui-ci reprend un peu l'idée que des notions comme la concurrence ou la croissance ne souffrent plus aucune possibilité de remise en cause. Il faut tenter coûte que coûte de les obtenir sinon rien ne va plus. Par exemple, l'objectif final avoué de toute entreprise n'est pas de rechercher le bien-être ni de ses clients ni de ses employés, mais bien d'être compétitive et rentable (je viens d'une école de commerce, je suis bien placé pour le savoir). C'est à mon sens un errement. L'objectif de l'économie ne peut pas être de gagner de l'argent. Ca n'est pas une fin en soi. L'objectif final c'est à mon sens de contribuer à un mieux être général. A titre personnel par exemple je ne me demande pas si je pourrais gagner plus d'argent, mais si l'argent que je gagne me permet de bien vivre et s'il me donne reconnaissance de mon travail.
Toutefois, il faut bien reconnaître qu'il est extrêmement difficile de proposer un vrai système alternatif. Parce qu'une fois qu'on aurait fait table rase de la logique libérale de l'économie, des notions de concurrence et de croissance, qu'est-ce qu'on proposerait? Je suis bien incapable de répondre à cette question aujourd'hui et pourtant c'est bien cette réponse qu'il faut trouver sinon j'ai peur que déconstruire la logique économique actuelle soit porteur de bien plus de maux que de bienfaits.
Nous sommes probablement encore trop jeunes, trop immatures pour pouvoir vraiment gérer un tel projet. Mais cela ne signifie pas qu'il faut s'interdire d'y réfléchir.
Écrit par : pikipoki | 01/12/2005
Tout à l'attention de ce que vous précisez de par votre expérience et avec laquelle je ne suis pas en contradiction dans ce que je constate. Je ne sais si nous sommes de la même génération, mais cela paraît plausible. Je me reconnais à demi dans votre constat d'immaturité , tout au moins sur le plan de la culture et des savoirs, mais je me sens tout à fait mûre, de ma place de sujet et par mon expérience. Je vous trouve donc un peu frileux sur la fin de votre réflexion, car déconstruire la pensée d'un système est une responsabilité que ne ne souhaite pas laisser aux autres, mais que je souhaite m' approprier. Ma réflexion est celle ci: C'est évidement en s'appropriant la culture et les réflexions qui sont dans notre héritage, que nous pouvons espérer saisir une parcelle de la complexité de notre humanité, d'où nous venons et où nous sommes . D'ou l'importance de la transmission des savoirs, remise hélas en cause par le système du fonctionnement et d'adaptation à l'économie. (Vous montrez vous aussi d'ailleurs que vous cherchez, dans l' héritage culturel, à travers vos lectures) L'immédiateté du présent , si elle nous conduit parfois à préferer puiser avec prudence dans le passé pour donner source à notre réflexion devant les aléas de la réalité, pour tenter de la saisir, ne nous empêche nullement de nous reposer sur ce qui a été transmis de l'odre du bon sens et de notre propre expérience . Le bon sens et l'expérience sont de toute époque. Il et elle, est généralement transmis et propre à foultitude de personnes. C'est ce simple bon sens qui fait urgence, et il s'exprime par une énonciation de sujets. Il n'est donc nullement vain de déconstruire pas à pas et en toute circonstance ce qui est de l'ordre des énoncés qui s'imposent et renient nos expériences. Devant des textes écrits par d'autres, devant des discours tenus par d'autres... dans des réunions en groupe, en toute circonstance de la vie,etc. Mais cela est risqué, car cela implique de n'être pas forcément d'accord et de ne pas dire oui en toute circonstance. Cela coûte. ( pas forcément en argent, mais en condition de vie avec les autres, parfois avec des conséquences graves ).
A mes yeux, c'est vital de ne pas laisser les autres dire ce qui est bon pour nous , contrairement à notre expérience. C'est de là que peut naître une implication politique.
Et si je reviens à l'expérience des banlieues, elle semble être le signe avant coureur de ce que l'on risque à ne plus défendre de l'ordre de nos paroles de sujets et de nos expériences, et aussi ce que l'on risque à ne plus défendre de l'ordre de l'expérience des autres. Ce risque implique de dénier le statut de sujet de droit et politique de personnes dont l'expérience destructrice est une réponse aux conséquences d'un système d'exclusion, qui se produit à différents niveaux. (origine, famillial, scolaire, social, économique) A savoir aussi, dénier le notre(statut de sujet de droit) par le silence ou l'assentiment à la pensée d'un système qui ne nous fait pas sujet.
En partant sur cette base, s'affirmer sur le plan du sujet, n'empêche pas la possibilité de reconnaître les autres, n'oblige pas auxcompromis, mais davantage à une mise en commun. Ce que l'on sait être et avoir et que l'on reconnait aux autres peut s'appeler un bien commun.
Écrit par : DG | 01/12/2005
Trop jeunes et trop immatures ?
Le monde a-t-il jusque là été fait par des gens vieux et matures ? D'ailleurs que peut faire un être humain en face de plusieurs milliards d'autres. Que pouvait-il faire lorsqu'il y en avait deux cent millions ? Avec une petite vie de quelques dizaines d'années, un petit corps et un petit cerveau ?
Il est aujourd'hui désagréable au nouvel esprit du capitalisme de considérer une philosophie de l'histoire qui s'impose comme un sens. Tout se doit d'être dans l'équilibre précaire qui rend l'être humain transparent aux flux monétaires qui seuls dessinent les contours ontologiques de l'humanité. Cette humanité qui dans l'individualisme méthodologique exacerbe le libre arbitre et, comme vous le dites très bien ailleurs, désincarne ainsi les individus qui sont tissés par leurs relations aux autres, c'est un à dire par un vécu dont le présent ne peut jamais rendre 'compte'.
Cette désincarnation est une nécessité pour la rationalisation économique qui ne veut considérer que des formes abstraites permettant un calcul, une modélisation qui assure un moindre risque pour le marché.
L'économie de marché est un non-sens dans les termes. Il n'y a d'économie que de marché. Le capitalisme est, au tournant des XIIIème-XIVème siècle, l'avènement d'outils comptables et de pratiques monétaires et financières qui vont organiser des méthodes de contournement du marché. C'est à dire à manipuler les contraintes (manque/ abondance d'offre/demande de produits) pour maximiser les profits.
Celà existait depuis longtemps mais prend une ampleur nouvelle dans un basculement de valeurs que Fernand Braudel a bien mis en valeur.
L'économie capitaliste de marché est donc tout sauf une prise de risque. Elle se veut la minimisation des risques pour une maximisation des profits. L'ultra libéralisme, mal nommé, n'est que l'aboutissement actuel d'une logique de concentration du capital et de nécessité perpétuelle de diminution des risques et des coûts. Pour faire un parallèle informatique à l'heure de l'économie de la connaissance et de l'information, le capitalisme est le système embolique qui multiplie l'occupation du gigantesque disque dur qu'est notre planète. Gigantesque mais limité...
Certes ce système défragmente la planète de façon permanente, ce qui peut maintenir une illusion, ou tout du moins un flou, une incertitude. Mais son épanouissement est exponentiel, et l'illusion elle-même n'est plus possible, sauf à vouloir jouer à l'autruche.
Revenons donc au sens de l'histoire. Faut-il être Hégélien ? Marxien ?
Les données de fond ont-elles changée depuis le début du XIXème siècle ? Je ne le crois pas.
S'il n'est pas question de faire de rejouer la partition positiviste du progrès. Si cet aspect des lumières était une très compréhensible illusion de l'espérance à l’époque, vestiges de la foi se métamorphosant alors… L'histoire a pourtant bien un sens, ni positif, ni négatif. Une simple évolution, le mouvement d’une boule aveugle qui avance, mais jamais ne recule.
Ce n'est que sur cette dimension de l'humanité que se construit l'alternative qui émerge actuellement. Non pas d'un cerveau, ni même de quelques uns comme aimerait pouvoir l'appréhender l'habitude occidentale, et presque humaine, de la puissance individuelle.
Il faut comprendre pour cela le poids de la démographie dans toute évolution sociale ou de civilisation… et de la baisse à venir de la population mondiale.
Nous allons vers plus d'autonomie individuelle, de la communauté, de la coopération, l'atténuation de la compétition, de la concurrence. Ce qui n'est pas un retour au communisme pour boucler la boucle comme le croyait Marx, mais une forme de gemeinschaft dont une mesure, un équilibre, entre la participation choisi et la soumission à des contraintes nécessaires sera acceptée comme juste et équitable. Mais le chemin est long et la route est dangereuse.
Plus de 90 % de la planète n'est pas encore en mesure de l'identifier. Plus grave, celle-ci est très difficile d'accès, mentalement, à ceux qui prennent peu ou prou les décisions qui organisent la vie matérielle de la planète. Leurs intérêts étant le plus souvent la seule mesure d'intelligibilité du monde acquise dans leur formation même (cf. reproduction). Il n'est donc pas impossible que notre espèce ne survive pas à une forme 'évoluée' de surpâturage...
J'avoue être sceptique sur ce point. Et ce n'est que dans ce cadre qu'il s'agit de se bouger un peu pour tenter d'accélérer le mouvement, tout au moins de ce passage périlleux...
Même si cela n'est à faire que pour nos enfants, voire petits enfants, et pour le long voyage auquel notre espèce rêve depuis que les étoiles se sont mises en mouvement dans ses yeux.
Écrit par : Baal | 04/12/2005
Baal,
J'ai du mal à saisir tout ce que vous dites. C'est sûrement pas ce que je suis de profession manuelle. Et vous?
Écrit par : DG | 05/12/2005
DMCA - EUCD - DADVSI 7 millions de francais, des centaines de millions de personnes de par le monde sous le masque de papier du pirate, du terroriste...
PS:
DG, ce que tu écrit est connu dans les sciences de la communication et plus particulièrement par la théorie critique sous l'appellation de Gramscisme...
Écrit par : Olivier | 21/12/2005
Olivier,
Désolée, je ne vois pas ce que c'est , donc qu'est ce?
Écrit par : dg | 21/12/2005
DADVSI c'est la loi anti-p2p anti-logiciel libre discutée en ce moment au parlement. Elle implémente la directive EUCD écrite et rapportée par Jannelly Fourtou (UMP - MEP), la femme du président de Vivendi et du lobby International Chamber of Commerce, Jean-louis Fourtou, qui est le chef de la coalition BASCAP "anti-contrefacon". Quand le chef du big business fait du lobbying auprès du chef du politique qui n'est autre que ca femme, ca facilite les choses. Evidemment c'est plus trop de la démocratie. Pas grand monde le sais, forcément puisque ces gens et leur petite clique controlent, pardon possedent les medias.
Quand au gramsci, ca vient de Antonio Gramsci, un anti-capitaliste Italien des années 20-30, qui se demandait dans ses carnets de prison, pourquoi la prophétie de la révolution communiste ne marchait pas partout. L'idée c'est que le pouvoir c'est pas juste des tanks et des policiers, le pouvoir passe d'abord par une hégémonie culturelle (role des mass medias), qui permet de faire internaliser et accepter par les masses l'idéologie bourgeoise.
Si tu veut aller plus loin:
Adorno -> Kulturindustrie
Chomsky -> Propaganda Model
Stuart Hall -> Encoding / Decoding
Écrit par : Olivier | 21/12/2005
Olivier,
Et tu penses que ce que j'écrivais est gramcien? Je saisis bien les informations que tu me donnes, mais j'ai un peu de difficulté à faire le lien entre le sens de ce que j'ai pu écrire sur ce site, et le sens de ce que tu souhaites dire à travers ces informations, qui ne me saute pas aux yeux trés clairement.
Peux tu développer pour ce que tu souhaitais me dire sur ce que j'écrivais?
Écrit par : dg | 22/12/2005
Je te cite :
"certains énoncés s'imposent à notre réflexion et à nos expériences de sujets. Ces expériences ou réflexions sont relativement contraires ou différentes des énoncés régulièrement et inlassablement véhiculés."
Tu utilises "s'imposent" et "véhiculé". Il y a un rapport de force entre les Mass medias et l'audience. (Stuart Hall - Encoding /Decoding)
" : énoncés sur la nécessité de la concurrence, du libéralisme économique, la naturalité de la loi du marché, etc..."
Chomskym Propaganda Model. Le modèle scientifique le plus trivialement décrié, et pourtant simple et rigoureux. Le programme dans ta télé, il est là que si il sert la pub autour efficacement. Sinon c'est perdre des parts de marché, c'est la faillite. Dans cette mesure les mass médias peuvent servir des discours anti-capitaliste, du moment que à la fin l'audience est récupéré par la pub. D'où tout un ensemble de produits immatériels qui ont comme positionnement sur le marché d'être pseudo-subversif. C'est un système de propagande efficace, puisque qu'il intègre l'apparence de sa propre critique.
"Ces énoncés, ou théories, ou dogmes,appelez les comme vous le souhaitez, éludent ou effacent certaines réalités complexes qui appartiennent à l'ordre du vécu des individus."
Ca y est, on y est, gramscisme. Prend mes valeurs bourgeoise et développe pas tes propres idées basé sur ton expérience.
Petite question, DG et pikipoki, êtes-vous actif dans le secteur des sciences sociales ?
En allans vers mes centres d'intérêt (Mass Media et P2P) :
"Parce qu'une fois qu'on aurait fait table rase de la logique libérale de l'économie, des notions de concurrence et de croissance, qu'est-ce qu'on proposerait ?"
Lèconomie c'est pas que le matériel. C'est même de moins en mois le matériel et de plus en plus l'immatériel. Et l'immatériel ca ne fonctionne pas comme le matériel. Si je te passe une idée, je la perd pas.
C'est ce qui est fascinant et rafraichissant avec le P2P, concept qui s'oppose au pouvoir centralisé. Dans un réseau P2P comme Internet, il y a plus de partage que de concurrence. La concurrence est même super inefficace, archaique.
Ca fait du combat du P2P contre les organisations monopolistiques quelque chose de passionnant, et qui devrait, je le crois, intéresser les autres sciences sociales.
Olivier
Écrit par : Olivier | 22/12/2005
Olivier,
Intéressant ce que tu soulèves. J'essaye d'y voir plus clair et tu m'y aideras sûrement.
Pour répondre à ta question, car cela m'est pour l'instant plus facile que de suivre le gramcisme. Je ne suis pas "active" dans le domaine des sciences sociales et je comprends ce terme utilisé par "profession" ou "influence". Ce n'est ni une profession , ni un domaine d'influence. Tu as lu une réflexion inspirée de mes lectures et de mon observation de ce qui se passe dans ma vie, autour de moi, chez les autres.
Mon champ d'activité, c'est la "production" "rentable", manuelle, en tant que salariée du privé. Cela ne m'empêche pas par ailleurs d'essayer de comprendre le monde dans lequel je vis , de fouiller dans l'histoire et la culture écrite et tenter de saisir comment fonctionne mon environnement, sur quelles bases, quels sont les sytèmes dans lesquels je rentre ou au contraire, dans lesquels je ne veux absolument pas ou plus rentrer .
Pour cela encore faut il que je puisse réfléchir et comprendre pour être en mesure de poser des choix.
Ce que je n'arrive toujours pas à saisir: es tu en train de me dire que la réflexion que je formulais n'a pas de sens critique en soi en dehors du contexte que tu décrivais des médias ?
Tu utilises un vocabulaire que tu connais et tu réfléchis en pensant peut être que je suis autant au courant que toi de ce que tu avances. C'est loin d'être le cas.
Pour t'éclairer sur ce qui me questionne dans ce que tu dis. Peut être cela t'aidera t'il à mieux me faire toucher du doigts ce que tu connais et moi non.
Je dois d'abord dire que je suis une simple personne anodine , travailleuse manuelle du privé, lisant beaucoup, passionnée par les questions touchant la société, comme celles de la psychanalyse, de l'école et de la structuration des personnes par les savoirs(militante en ce domaine), et l'évolution du sens à vivre ensemble auquel j'assiste, plus généralement . Une curieuse par nature.
Je navigue sur internet et m'arrête depuis peu à y lire ce que d'autres disent ou soulèvent comme questions. Qui me donne aussi envie de participer à dire. Je ne sais rien de mieux que les autres. Je réfléchis sur la base de ce que les autres disent, et cela me donne envie de confronter aussi ce que j'ai à dire.
Donc, si tu comprends que je suis une personne anodine et immatérielle(internet oblige), propre à une représentation générale que tu te fais d'un système , tu comprends peut être aussi que, comme tu le dis, je participe de ce système que tu décris, mais que je ne reconnais pas forcément comme toi.
Je n'ai pas encore les moyens de saisir exactement ce que tu cherches à me dire. En quoi ma réflexion s'inscrit elle dans un système que du me décris, ou décries(décrier), si j'ai bien saisis le sens critique de ton intervention?
Je suis sur le site d'une personne qui avance une réflexion personnelle à laquelle je voulais ajouter des éléments que je me suis appropriée au fil de lectures et d'expériences. Je décrivais un système en étant critique de celui ci . Est ce sur ce plan que tu voulais intervenir? Voulais tu me dire que mes critiques étaient vaines et participant d'un système? Ou bien voulais tu compléter par une autre réflexion? C'est cela que j'ai eu du mal à saisir dans ton intervention. Dans le premier cas, il faut étayer ou démontrer, dans le deuxième, donner plus d'éléments , car d'une manière ou d'une autre, je ne connais pas tout.
Aussi, j'ajoute que j'ai remarqué que tu avais une vision critique d'un système auquel tu opposes des modes d'échanges différents. Cela m'a paru intéressant. J'ai appris quelque chose de toi.
Pour résumer, on est entre personnes qui ne se connaissont pas , et on échange par l'intermédiaire de nos écrits et de nos réflexions, et de connaissances propres à nos expériences. Comme écrire prends du temps et de la place, on n'a pas toujours le temps de s'expliquer, rapidement ,suffisement clairement et d'imaginer que les autres nous comprennent aussi bien que nous même.
Suis je gramcienne? Et pouquoi cela, moi qui n'y connait rien? Quel sens cela a t'il? Est ce condamnable et critiquable? Eclaires moi.
Écrit par : dg | 22/12/2005
Désolé. Je t'ai fait faire une confusion.
Tu n'es pas gramscienne, ni immatérielle, et Internet n'est pas un Média de masse.
Les médias de masses c'est la presse, l'affichage, la radio, la TV. Ils sont en position de force par rapport à leur public (Encoding / Decoding) pour transmettre les idées du néolibéralisme (Propaganda Model). Au final le public (toi, moi, les masses) internalise les idées bourgeoises, les idées de la petite aristocratie qui controle les médias de masse et les produits (films, varièt, infos, etc) qu'ils transmettent.
Cette internalisation des idées bourgeoise par les masses, c'est le gramscisme. Toi tu possède (probablement) pas un mass media, tu n'est pas en position de force, tu peut pas être gramsciste.
Tu peut juste avoir une lecture "négociée" ou "oppositionelle" (Encoding / Decoding) du discours des médias, ce que tu sembles faire.
Mon vocabulaire est spécifique, c'est celui des "cultural studies".
"es tu en train de me dire que la réflexion que je formulais n'a pas de sens critique en soi en dehors du contexte que tu décrivais des médias ?"
--> Ta description correspond à quelque chose de bien compris et identifié dans les sciences de la communication, ca m'a semblé sympa de te proposer ce vocabulaire.
"En quoi ma réflexion s'inscrit elle dans un système que du me décris, ou décries(décrier), si j'ai bien saisis le sens critique de ton intervention?"
--> Confusion Internet / mass media. C'est pas une critique de toi.
"Je décrivais un système en étant critique de celui ci . Est ce sur ce plan que tu voulais intervenir? Voulais tu me dire que mes critiques étaient vaines et participant d'un système? Ou bien voulais tu compléter par une autre réflexion?"
-->Juste répéter ce que tu dit, avec le vocabulaire des cultural studies. Ca offre l'avantage de construire sa réflexion sur d'autres, ca donne plus de poids.
Écrit par : Olivier | 23/12/2005
Olivier,
Merci, C'est plus clair ainsi.
Je ne connaissais pas les "culturals studie"s, ni son vocabulaire spécifique.( Je connais un peu mieux la culture classique.)
Pour explorer le gramcisme vis à vis du sujet de ce blog. Je remarque deux choses. D'une part cela serait le nom que portait un ancien communiste italien assez "radical" à l'époque de Mussolini, qui a évolué en période fasciste, avant la seconde guerre et dont la spécificité a été une "certaine" critique de l'Etat bureaucratique au profit de la dictature prolétarienne.(résumé trouvé sur le net)
D'autre part, le gramcism est le même terme employé par toi pour déterminer une caractéristique propre à un système de fonctionnement des médias
que tu assimiles au capitalisme .
Ainsi, le système capitaliste et le système communiste auraient des points communs quant au système mis en place , à travers la communication et son contrôle.
Cela fait quelque fois que je lis ou entends des réflexions qui vont dans ce sens. Jusqu'à une appropriation du vocabulaire spécifique aux groupes de gauche, extrêmes ou non, des années 70(maoïstes et autres), dont sont issus ceux qui aujourd'hui tiennent des postes décisifs en matière de médias.
Un livre à lire dans ce sens" mai 68 et ses vies ultérieures"de Kristin Ross.
Une question à fouiller. Pour ma part, je ne l'avais abordée que trés superficiellement, par "ouïe dire" et une ou deux lectures, sans creuser plus loin.
Merci de ces remarques.
Écrit par : dg | 23/12/2005
Olivier,
Je ne travaille pas dans le domaine social.
J'ai quelques questions à vous poser car je vous avoue mal comprendre le fond de votre intervention.
Qu'est-ce que vous entendez d'abord par gramscisme? Est-ce le fait que la bourgeoisie cherche à imposer sa culture "aux masses" d'une façon plutôt subversive ?
Ensuite, que signifie "internaliser les idées bourgeoises"? internaliser des idées? Vous vouliez écrire intégrer ?
Un petit commentaire enfin sur votre remarque sur le P2P et le fait que l'économie soit de plus en plus immatérielle.
D'abord je ne vois pas bien en quoi le fait que l'économie devienne de plus en plus immatérielle répond à mon inquiétude qui était "que propose-t-on d'autre que le modèle économique actuel?" Et il me semble que même si une tendance grandissante se dessine vers l'immatérialisation d'une partie de léconomie, celle-ci restera éternellement, et pour une part bien plus grande, matérielle (il faut bien produire ce que nous mangeons, nos maisons, nos vêtements, etc.)
Mais, ce que vous dites de l'intérêt du P2P et d'Internet est intéressant, et recoupe je crois l'intérêt que certains trouvent dans les blogs: un espace de discussion et d'échange où chacun peut avancer ses idées et qui, pour reprendre une expression chère à certains adorateurs d'anglicisme qui font vachement manager top niveau, procède sur un mode "bottom up".
On remarquera toutefois que même dans cet espace des règles naissent, d'elles-même en quelque sorte, et notamment une qui vient réguler l'impact que peuvent avoir tels ou tels blogs: la qualité de ce qui y est écrit, qui a une influence naturelle sur le nombre de lecteurs du blog (et donc sur son impact). Par exemple ici vous êtes sur un blog plutôt peu lu. A tel point que je me demande même si vous aurez l'occasion de lire ce commentaire et d'y répondre ;o)
Écrit par : pikipoki | 26/12/2005
Et si je répond, j'ai été averti par mail...
"Qu'est-ce que vous entendez d'abord par gramscisme? Est-ce le fait que la bourgeoisie cherche à imposer sa culture "aux masses" d'une façon plutôt subversive ?
Ensuite, que signifie "internaliser les idées bourgeoises"? internaliser des idées? Vous vouliez écrire intégrer ?"
-->oui. Entre internaliser et intégrer, mon coeur balance.
""que propose-t-on d'autre que le modèle économique actuel?""
--> La base du modèle économique actuel, c'est le marché.
Pour qu'il y ait un marché, il faut qu'il y ai de la rareté. Si Jésus qui multiplie les pains était ton voisin, il y aurait peu de chance pour que t'aille chez le boulanger. Or pour l'immatériel, maintenant qu'on a un réseau, il a plus de rareté. Si tout le monde veut le même fichier, pas trop de problème, c'est juste une question d'un peu de temps. Du coup pour créer un marché de l'immatériel, on est obligé de se casser le cul à créer de la rareté exprès. Là le marché est beaucoup plus dur à justifier moralement. Pour les biens matériels, on peut argumenter que le marché est un juste moyen de répartition de bien qui existent en quantité limité (en économie on appelle ca la "rivalité")
C'est toute la saveur du débat du P2P de licence légale. Vivendi-microsoft & co essayent de transformer Internet en un marché et de créer toute une architecture de contrôle que si tu la contourne tu va en prison plus longtemps qu'un tueur ou un pédophile.
De là l'intérêt d'une lecture gramsciste de Vivendi-Eddy Mitchell qui s'exprime sur les mass médias à propos de la licence légale. D'autant plus valable sur des sujets "pas intéressants à priori", pour lesquels on se fait manipuler plus facilement...
Pour revenir à matériel/immatériel. Une très grande partie de ce qui semble matériel est un réalité matériel. C'est tout le rôle des marques, de la pub etc...
Une paire de Nike vaut 5 euros dans son conteneur à marseille. Et paf, 100 euros en magasin. Dans la manip, plein d'immatériel.
Pour les produit de luxe c'est encore plus flagrant. Regarde les vieilles marques francaises. Que ce soit pour les chaussures ou les sac à main, ca correspond à aucun pseudo savoir-faire traditionnel, plus rien n'est produit en france, les fournisseurs changent régulièrement. La plus grande partie de la valeur du produit, c'est de l'immatériel.
Bottom-Up les blog ?
Oui si c'est celui de TF1, là enfin le fan peut répondre, ce que lui pemet pas la télé.
Pour pikipoki, je sais pas. Je sais pas vraiment qui tu est, et j'ai du mal à voir qui est en postion de force entre nous 2. OK, tu peux effacer les posts si tu veux, bannir mon IP, et alors ? Dans ce cas j'irai faire des remarques ailleurs c'est pas les blogs qui manquent. Bien sur faudrait une analyse plus fine, mais comparativement aux mass médias, y a pas photo, le rapport de force est nettement moindre.
J'aimerais bien que les médias du futur (proche) soit comme les blogs, sans rapport de force qui permet un gramscisme barbare.
Mais Janelly et Jean-René Fourtou sont pas d'accord, ils veulent continuer à contrôler notre culture même si c'est pour se soumettre à Bill Gates...
Écrit par : Olivier | 26/12/2005
"Et si je répond, j'ai été averti par mail..."
Yes j'ai un lecteur "abonné" ! C'est bath les blogs parfois ;o)
Bon sinon il faut que je me renseigne plus sur le gramscisme parce que là vous n'avez pas répondu à ma question sur ce point (mais je ne perds pas espoir puisqu'en toute logique vous devriez être informé que je viens de vous répondre).
Écrit par : pikipoki | 26/12/2005
C'est à dire, quelle était la question exactement ?
Écrit par : Olivier | 27/12/2005
Je vous demandais ce que vous entendez précisément par gramscisme. J'ai le sentiment (mais peut-être ce sentiment est-il mal fondé) qu'il fait partie de ces mots utilisés à plusieurs sauces et qui peuvent servir à justifier plusieurs opinions différentes. non ?
Écrit par : pikipoki | 27/12/2005
Si oui.
Les theories marxistes sont à l'origine du marxisme, en même temps c'est possible de se fonder sur elles pour critiquer le marxisme.
D'où l'utilité de comprendre le terme sans ses connotations, qui varient avec le temps, le lieu, les gens etc...
Les "ismes" c'est quand même pas clair, donc la vraie référence ca devrait être la théorie de l'hégémonie de gramsci, en même temps par gramscisme certains se réfèreront à la vie de gramsci, son contexte, etc..
Pour les "cultural studies" il me semble qu'on l'utilise surtout en relation à stuart hall et son modelle des mass média.
Écrit par : Olivier | 28/12/2005
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