27/07/2007
Mentir comme un cycliste
00:29 Publié dans Un peu d'analyse comportementale | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
25/07/2007
Sur le Tour de France, les perfs se succèdent ...
Il n’y a que lui pour faire ça. Sur une autre planète un jour. Redevenu le plus commun des mortels le lendemain. Pour retrouver les sommets 24 heures plus tard. En l’espace de trois jours, Alexandre Vinokourov a tout connu" Ah ben oui en effet, en trois jours il a déjà fait mieux que Landis l'an dernier. C'est merveilleux quand même !
N’empêche. Il y a à peine dix jours, Alexandre Vinokourov sortait de l’hôpital avec quinze points de suture aux genoux, après sa chute dans l’étape d’Autun" Ouais, n'empêche.
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21/07/2007
Un peu de pikipoki
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20/07/2007
Apprendre la flexibilité
Un certain Yog a publié un article récemment sur Naturavox un article qui me laisse mi-figue mi-raisin qu'il a intitulé : Désapprendre. Son idée centrale, comme ce titre l'indique, est qu'il nous faut parvenir à désapprendre afin de retrouver qui nous sommes (?) et d'avoir un regard neuf sur les choses. Il y a des choses que je trouve intéressantes dans son article, notamment lorsqu'il aborde la notion de conditionnements, et de la forme d'emprisonnement auquel ceux-ci aboutissent.
Mais il y a trop d'imprécisions et de confusion dans ce qu'il écrit pour que son article puisse vraiment apporter quelque chose d'utile à ceux qui le lisent. Lorsqu'il aborde le processus de connaissance notamment, présentant cela comme un processus d'accumulation, qui naturellement semble nous conduire plus tard à accumuler des possessions: "Plus de connaissances, plus d’expériences, plus d’argent, plus de réussites, etc." écrit-il. Je ne vois pas bien comment le lien logique entre ces éléments peut être justifié, tant le glissement d'un élément à un autre est léger.
Mais surtout, bien que son idée de départ, se défaire de ses conditionnements, ne soit pas fondamentalement mauvaise, Yog se trompe dans la formulation qu'il en produit, et aboutit à de vrais non-sens. Car désapprendre ne veut pas dire grand-chose. Le mot, par la démarche qu’il appelle, porte même en lui sa propre contradiction.
Car de quoi s’agit-il exactement ? Yog présente cela comme le fait de désapprendre tout ce que nous avons appris depuis notre naissance, nos connaissances, comme nos automatismes culturels et sociaux. Pour appuyer cette idée, il fait appel à quelques grands noms, comme Krishnamurti, qui selon lui avait une vision favorable au désapprentissage. Certains savent déjà le piège de ces références qui se suffiraient à elles-mêmes pour donner de la profondeur à une idée, alors qu’elles peuvent être utilisées à mauvais escient voire à contresens, simplement à cause d’une trop grande légèreté d’approche ou par manque de réflexion. Le billet de Yog me semble malheureusement tomber dans ce piège. J’y reviendrai un peu plus loin dans ce billet.
Mais comment envisage-t-on de désapprendre ? Comment fait-on pour oublier, puisqu’il doit bien s’agir de cela à un moment ou à un autre, sinon ce n’est pas de désapprendre dont il s’agit, mais de faire mine de ne plus savoir ? Voyons cela pour les deux types d’éléments qu’il nous faudrait désapprendre : nos connaissances et nos automatismes culturels.
Désapprendre des connaissances c’est parvenir à les oublier, pour ne plus être affecté par les réponses qu’elles nous portent à mettre en œuvre dans les situations que nous vivons. Pour oublier, de telles choses, on ne peut envisager que de se forcer à ne plus faire usage de ces réponses que nous connaissons, pour petit à petit en perdre l’usage. Plus qu’un processus de désapprentissage, c’est d’un processus de démémorisation, si l’on me passe ce barbarisme, dont il est en réalité question. Techniquement, cela semble certes possible, mais s’il s’agit de tout oublier, combien de temps cela peut-il prendre ?
Désapprendre des automatismes culturels, automatismes que l’on pourrait appréhender comme des connaissances pour certains d’entre eux, mais les aborder séparément me semble être plus clair, les désapprendre donc, voilà qui pour le coup pose un problème assez complexe. Puisque l’on touche là à deux éléments sensibles : les automatismes qui nous permettent d’être insérés dans le groupe social dans lequel nous sommes, qu’il nous sera difficile de rejeter étant donné ce qu’ils nous apportent, et les automatismes inconscients du quotidien, qu’il nous sera difficile d’identifier et donc également, de rejeter. Entre désagrément à perdre un gain perçu et quasi impossibilité de détecter certains éléments, l’individu se trouve en grande difficulté pour désapprendre ces automatismes.
On comprend donc, même si cette analyse reste très courte, que désapprendre est une démarche quasiment impossible, et on suspecte déjà sans doute, que cela n’est en réalité pas souhaitable. Et puisque j’ai lu un peu Krishnamurti, je vais moi aussi me hisser sur ses épaules pour éclairer un peu notre sujet et commencer à entrevoir quelle démarche Yog aurait pu proposer en lieu et place de celle de désapprendre. Krishnamurti, me semble-t-il, ne parlait pas de désapprendre. En revanche, l’une des idées qu’il martelait était celle de l’indépendance d’esprit, c’est-à-dire de la faculté de l’individu à s’extraire des automatismes de pensée l’environnant afin d’être en mesure de développer une vision réellement personnelle des choses, qui serait donc plus riche que de simples redites plus ou moins bien régurgités.
Son idée principale, me semble-t-il, était donc de parvenir à lutter contre nos propres automatismes culturels, intellectuels, sociaux, de nous en affranchir pour produire une pensée originale et neuve. Il n’est pas question pour autant de désapprendre, ce qui paraît être un objectif absurde. Mais plutôt d’apprendre à gérer nos connaissances et nos automatismes d’une nouvelle manière, afin de mieux les exploiter et de ne pas en devenir esclaves. Il s’agit donc essentiellement d’appréhender ce que l’on sait autrement que nous sommes habitués à le faire, de prendre du recul vis-à-vis de certains de nos automatismes et de nos réflexes (certaines valeurs de politesse, pour donner un exemple, peuvent être remises en cause pour mieux comprendre ce qu’elles apportent et ne pas en dévoyer l’usage – appliquer ces règles coûte que coûte, parce que c’est « comme ça qu’on fait » - pour les essentialiser en quelque sorte).
Il s’agit donc d’apprendre à apporter de la flexibilité à notre pensée et à nos comportements, de les dérigidifier (encore un barbarisme – c’est la marque des prétentieux apprentis philosophes que voulez-vous ;o) ). Qu’on ne se méprenne pas sur cette notion de flexibilité. Il ne s’agit pas ici de devenir adaptable à toute situation, devenant en cela un individu caméléon sans personnalité réelle, mais d’apprendre à déceler les connaissances et les automatismes qui nous enferment dans des comportements standardisés privés de sens. L’objectif n’est pas de devenir une anguille, mais de redonner un vrai sens à nos actes, afin que ceux-ci ne soient plus seulement la réponse de celui qui réagit ainsi parce qu’il a grandit dans tel groupe social (j’écris « seulement », parce qu’il me semble absurde de prétendre ne pas réagir au moins en partie à cause de cela), mais plus parce que « c’est lui ».
Il ne s’agit pas non plus ici de refuser d’être en partie ce que les autres font de nous. Ce refus serait lui aussi absurde puisqu’il reviendrait à exister dans un groupe et à en refuser tout ce qu’il apporte, à ne pas être un individu social, ce qui n’existe tout simplement pas. En revanche, cela signifie que l’on reste critique vis-à-vis du comportement de ce groupe et des chemins vers lesquels il nous oriente (cela nous permet d’ailleurs d’y apporter quelque chose à ce groupe).
Il reste alors à découvrir comment on peut acquérir cette flexibilité de pensée et de comportement. C’est un sujet long à traiter, on s’en doute, et je ne ferai donc ici que l’effleurer en donnant quelques pistes, surtout sur l’aspect comportemental.
La difficulté dans cette démarche est que l’on intervient en fait sur la mémoire. Les connaissances, les automatismes, tout cela est lié à la mémoire. Or le travail sur la mémoire comportementale et sur la flexibilité qui peut en découler est beaucoup plus aisé dans les premières années de la vie que lorsque l’on est adulte. En gros, si vous avez déjà la vingtaine passée et que vous n’êtes pas flexible, ça ne va pas être simple de le devenir. C’est pour cette raison que dans les premières années de l’éducation d’un enfant, il est intéressant de lui proposer des expériences variées. On suggère ainsi, par exemple, que les plus jeunes puissent dormir dans des pièces différentes sans être trop cantonnés à leur seule chambre attitrée. Et de ne pas brider leur curiosité par peur de ce qui va arriver, même si s’inquiéter est naturel (bon ça se mesure hein, vous n’allez pas non plus laisser un enfant mettre la main au feu sous prétexte qu’il va ainsi vivre une expérience nouvelle).
Pour le reste, je dirai qu’en grande partie il faut être attentif à tout ce que nous faisons de façon automatique et répétée, en détectant les impacts réels qu’auraient des comportements différents, afin d’identifier d’abord quels sont nos prisons comportementales, et ensuite où nous pouvons agir afin de modifier notre comportement. Il faut savoir ouvrir les yeux sur des idées répandues, être vigilant face aux effets de mode, et se demander si dans un autre contexte, à une autre époque, dans un autre pays, avec d’autres personnes, etc. on agirait de la même façon, pourquoi ? pourquoi pas ? qu’est-ce qu’on peut y trouver qui semble généralisable ? au contraire de très particulier ? des tas de questions en perspective… Pour faire court, je dirais, en imaginant que chacun de nous est une armoire (une image chouettement poétique non ?), qu’il s’agit de savoir laisser nos connaissances et nos automatismes dans leurs tiroirs, de n’ouvrir ceux-ci qu’à bon escient, et de ne pas les laisser devenir l’armoire toute entière.
Dernière chose rapide. Yog semble contester la logique d’accumulation des connaissances, comme si cette accumulation nous était nuisible. La aussi cela me semble trop simpliste et au final erroné. Il ne s’agit pas de ne pas accumuler ou de se désemplir et de devenir ainsi une coquille vide. Ce qui compte c’est de savoir gérer et organiser en soi ce que l’on emmagasine. D’identifier ce qui nous pollue et le séparer de ce qui nous construit.
Désapprendre donc, me semble être une fausse bonne idée. Cela apparaît proche des idées de décroissance, de déconstruction. Celles-ci rencontrent un franc succès chez certaines populations déçues, à juste titre ou non, par leur mode de vie actuel. Mais autant je peux saisir une certaine logique dans la décroissance (je ne dis pas une certaine justesse, juste qu’il y a une cohérence dans le raisonnement à mes yeux), autant désapprendre m’apparaît seulement flirter avec ces idées à la mode en dé- et ne pas avoir de contenu réel, tant la démarche s’avère absurde quand on la décortique. Tant et si bien que là aussi on est dans un effet de mode, et donc dans la situation inverse de celle qu’on souhaitait obtenir.
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18/07/2007
Crever l'abcès des secrets
"Un secret, c'est comme de l'or. Ce qui est beau dans l'or, c'est que ça brille. Pour que ça brille, il ne faut pas le laisser dans une cachette, il faut le sortir dans le plein jour. Un secret, c'est pareil. Si on est seul à l'avoir, ce n'est rien.Il faut le dire pour que cela devienne un secret."
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16/07/2007
Un petit ajout
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A Bercy, où l'on mange et boit sous les platanes
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06/07/2007
La pression de nécessité
La question principale qui se pose sur le changement est de savoir ce qui peut en être la cause, ce qui le permet, voire ce qui le facilite. On peut à ce titre évoquer maintes techniques et méthodes qui poussent les individus à changer, notamment dans le cadre professionnel. La plupart du temps il me semble, ces techniques vont devoir s’appuyer sur l’identification d’un avantage que l’individu va pouvoir trouver au changement : si celui-ci lui apporte du mieux par rapport à sa situation présente, il sera enclin à accepter le changement voire à en devenir un acteur. Sinon, il risque plutôt de s’y opposer.
Mais il n’y a pas que l’intérêt personnel découvert sous la couverture du changement qui peut mener une personne à l’adopter. Un autre ressort important, et qui me semble même être le plus clairement en jeu dans la modification de nos comportements les plus profondément enracinés, est la pression de nécessité.
Celle-ci désigne la contrainte exercée par un élément extérieur qui s’avère nécessaire, c’est-à-dire indispensable, ou au moins perçu comme tel, pour l’individu, et qui oblige la personne à modifier sa façon de faire afin de ne pas subir les désagréments liés au non respect de cette contrainte. Elle s’exerce par exemple contre celui qui vit dans la misère et qui en est réduit à devoir voler pour assurer sa survie. Même si cela le conduit à aller contre les règles comportementales qu’il a pu établir pour lui-même pendant des années, la nécessité de se nourrir l’emporte assez évidemment sur le respect de ces règles et l’oblige donc à voler.
On retrouve cette pression de nécessité dans une très grande partie des événements qui ont guidés l’évolution des hommes. Lorsque les premiers hominidés ont commencé à se déplacer sur terre et à changer de région d’habitation, ils l’ont fait notamment en étant poussés par la nécessité de trouver de nouveaux terrains de chasse et un climat plus aisé. Ce n’est d’ailleurs que lorsqu’ils ont pu maîtriser suffisamment leurs conditions de vie en inventant l’agriculture et en réduisant leur vulnérabilité face au climat qu’ils ont pu cesser d’être des nomades et qu’ils sont devenus des sédentaires. Ils avaient alors supprimé la pression de nécessité qu’ils subissaient avant.
Je crois pas mal pour ma part que ce n’est que par elle que nous sommes capables de modifier certains de nos comportements. D’une façon générale, je nous crois naturellement assez peu enclins en changement. Ce que nous recherchons c’est un niveau de stabilité et de sécurité dans lequel on se sent à l’aise, et dans lequel souvent l’habitude joue un grand rôle. Cela signifie que même une situation peu confortable pour nous sembler difficile à quitter dés lors qu’on s’y est habitué et qu’on a trouvé les clés pour s’y faire sa place. Si je ne me trompe pas, cela signifierait que la notion de stabilisation de niveau de satisfaction utilisée notamment dans certaines études sur le bonheur, dont j’ai rapporté un exemple ici il y a quelques temps, joue autant à la hausse qu’à la baisse.
En effet, on a vu que lorsqu’un individu atteint un niveau de satisfaction supérieur à celui qu’il avait à une certaine période, ce bien-être, ce bonheur, suit une évolution qui ressemble à une courbe logarithmique. Elle augmente d’abord puis elle se stabilise : l’individu s’habitue à sa nouvelle situation et le bonheur intense qu’il ressentait d’abord s’atténue et se transforme en normalité. C’est en partie ce qui explique que l’augmentation forte du niveau de vie constaté dans les pays modernes ne s’accompagne pas de la même courbe d’augmentation du bonheur des individus.
Il me semble que ce procédé fonctionne également en sens inverse, à savoir que notre niveau d’insatisfaction s’il s’accentue sur une période donnée, finit lui aussi par se stabiliser avec le temps et la situation dans laquelle on est plongée devient alors une normalité pour nous. Dés lors, cela expliquerait la réticence au changement que nous manifestons même devant ce qui vu de l’extérieur peut sembler parfois clairement plus bénéfique.
D’autre part, la pression de nécessité me semble également intervenir d’une façon prépondérante dans le changement des comportements addictifs. Un très bon exemple de ceci me semble être celui de la cigarette, que nombres de fumeurs ne parviennent à quitter que lorsqu’ils se retrouvent confrontés à des situations qui exercent une pression forte contre leur habitude de fumer : un enfant qui va naître, la menace d’être quitté par son partenaire, une maladie intense, quand ils n’attendent pas le début de leur cancer. Je l’ai vu récemment chez une personne qui est tombée fortement malade, qui toussait beaucoup, et qui a du coup arrêté de fumer … pendant 3 semaines, le temps de se remettre d’aplomb et d’oublier la peur de la maladie grave.
Il y a là quelque chose d’ironiquement paradoxal : on entend souvent cette maxime qui dit qu’il faut profiter des instants présents, soulignant ainsi notre incapacité chronique à le faire. Mais ce constat est d’autant plus amer que nous constatons également combien nous vivons englués dans le présent et comme nous avons du mal à nous projeter dans le futur. Peu aptes à envisager nos vies d’une façon globale et à préparer un bonheur futur lorsque cela nous coûte un tant soit peu à court terme, nous en restons pourtant également inaptes à profiter du présent.
Le changement, donc, nécessite à mon avis, pour devenir possible sans attendre que s’exerce une pression de nécessité sur nous, une démarche sur soi assez importante, qui s’attarde notamment sur la notion de la flexibilité. Je reviendrai sur ce dernier point dans quelques temps.
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03/07/2007
Correction sur le libre arbitre et les déterminismes
Dans l’un de ces billets notamment, j’ai insisté sur le poids de nos déterminismes, biologiques notamment, dans nos comportements d’aujourd’hui. Pourtant, on aura lu, sur ce même blog, et seulement quelques mois plus tard, mon opposition à cette vision de déterminismes biologiques qui nous avait valu la ridicule sortie de Sarkozy au sujet de la prédestination des pédophiles et des suicidaires. Cette opposition n’a pas changé. En revanche je vois la nécessité d’amender ce que j’avais dit préalablement au sujet des déterminismes biologiques, pour apporter un peu de précision sur ce point.
Lorsque je parlais alors de ces déterminismes, j’avais principalement une idée en tête : celle de notre déterminisme majeur, énoncé par Laborit, que notre organisme tout entier est orienté vers sa conservation, et que l’être n’a pas d’autre raison d’être que d’être. En aucune manière je n’y voyais une quelconque notion de prédestination comportementale de l’ordre de l’orientation sexuelle, morale, ou de quoi que ce soit qui puisse un jour faire l’objet d’un jugement de valeur. Personne à mon sens ne naît voleur, bon, mauvais, tennisman, artiste, ou philosophe. C’est d’ailleurs ce que j’ai beaucoup martelé en insistant à plusieurs reprises sur l’importance à mon avis prépondérante de l’éducation comprise au sens large, c’est-à-dire de l’acquis, sur l’inné, dans le développement personnel des individus, prépondérance qui me semble démontrée par quelques expériences que j’ai utilisées dans certains exemples.
En revanche, il existe à mon sens bel et bien un déterminisme premier qui est guidé par ce besoin de notre être de travailler à sa conservation et à son homéostasie. Ce qui signifie que pour une part majeure, et sans doute trop souvent sous-estimée, cette sous-estimation étant probablement ce qui m’a porté à exagérer mon propos, nos comportements sont liés à cette nécessité biologique. Qu’ils sont principalement une réponse stratégique pour parvenir à nous faire plaisir et à nous gratifier. Et que de ce déterminisme là, on ne saurait sortir, en tout cas pas vivant, puisque c’est bien lui qui est le premier, et même le seul, en œuvre, dans notre survie.
La deuxième idée, moins liée à la notion de déterminisme, mais assez proche en ce qu’elle rappelle elle aussi la faiblesse de notre liberté comportementale, est celle des automatismes culturels, que nous acquerrons tout au long de notre existence. Ce que nous nommons libre arbitre aujourd’hui n’est parfois rien d’autre que l’expression de notre rattachement à certains automatismes culturels, à notre environnement proche, notre famille, nos amis, l’endroit où nous vivons, etc. et les « choix » que nous réalisons ne sont dans le fond bien souvent que l’expression de notre conformisme social, c’est-à-dire qu’ils ne sont que des appels que nous envoyons pour être perçus comme conformes. On ne peut clairement pas parler ici de libre arbitre tant ces comportements sont peu libres, mais sont plutôt des réponses pratiques à des nécessités engrammées en nous par notre milieu et nos expériences passées.
On le comprend à cette lecture, ces automatismes culturels agissent finalement en nous d’une façon très proche de celle des déterminismes biologiques, en ceci qu’ils nous obligent et que nous savons bien peu nous en extraire et donc nous en libérer. L’absence de liberté et donc de libre arbitre est pour moi principalement comprise dans ces deux blocages. J’espère que ce point est désormais plus clair, du moins pour ceux qui se sont un peu intéressés à ce que j’avais alors écrit. Je reviendrai sans doute prochainement sur la notion de liberté comportementale, en évoquant ma vision des limites de l’intelligence telle qu’on la perçoit aujourd’hui dans nos sociétés modernes.
15:03 Publié dans Un peu d'observations | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |