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27/07/2006

Minables

Le Tour de France est à peine terminé que son vainqueur est mis sur la selette, par les résultats d'un test antidopage, effectué au soir de la 17ème étape (celle de Morzine où il a réalisé une échappée stupéfiante), qui l'a reconnu positif à la testostérone.

 

medium_Floyd_lent_bis.jpgFranchement, je sais bien que ça fait commentaire bas du ventre, mais voir Landis caracoler 130 kilomètres tout seul alors que la veille il s'effondrait, c'était un brin suspect. Ce qui est surprenant toutefois, c'est qu'il se soit fait choper avec un truc tout vieux que je croyais encore n'avoir jamais été réservé qu'aux gymnastes et nageuses chinoises et d'allemagne de l'est. Il a vraiment fallu qu'il soit très vexé la veille pour faire un choix aussi con.

 

Maintenant, ce qui va être difficile à avaler, ce sera le résultat de la seconde expertise, que ne va pas manquer de demander le tricheur coureur, et qui donnera probalement un résultat vierge. On ne va quand même pas salir l'image du Tour en répudiant le vainqueur pour dopage. Surtout pour Jean-Marie Leblanc, ça ferait tâche pour son dernier Tour, alors qu'il n'a cessé ces dernières années de lancer des campagnes de comm pour convaincre tout le monde que si si, j'vous jure, cette année ils n'ont que de la Cristaline dans leurs besaces.

 

Et vous aller voir l'an prochain on aura droit à la même mascarade quelques jours avant le départ. Quelle bande de nuls.

 

Add 28/07: et si vous souhaitez lire plus qu'un simple beuglement, vous pouvez voir chez versac.

26/07/2006

Dodo sous la canicule

En ce moment, c'est indéniable, il fait chaud. Si, si, pas la peine de nier ni de faire semblant, il fait chaud, voire même très chaud (osons). Et quand il fait chaud un des trucs les plus difficile à faire, c'est de dormir. On s'agite, on enlève la couette, on la remet, on la met à moitié, on l'enlève à nouveau, bref on dort mal et peu. Et rapidement ça agace, car le problème avec la chaleur, c'est qu'elle est plus difficile à combattre que le froid (enfin quand on a un niveau de vie décent).

 

Mais voilà, heureux fripons, j'ai une astuce à vous proposer pour parvenir à trouver le sommeil rapidement et profiter de vraies nuits pleinement réparatrices: vous endormir en faisant une relaxation. Pour ceux qui n'en connaissent pas, vous pouvez vous reporter à cette ancienne note ou à la relaxation qui est proposée sur mon site de gestion du stress dans la rubrique particuliers/friandises.

 

La relaxation est en effet très indiquée dans ce type de situation puisque son rôle est d'apaiser la personne en diminuant son niveau d'activité et en l'amenant à un état de "conscience modifiée" qui est très proche du sommeil. D'ailleurs, l'une des conséquences physiques de la relaxation est une faible diminution de la température corporelle, ce qui coincide bien avec l'effet recherché ici.

 

Pour vous convaincre de l'efficacité de cette méthode, je vous dirai simplement que j'avais donné ce conseil il y a quelques années à un ami qui devait se rendre au Cameroun en plein été pour y retrouver sa famille expatriée. Là-bas me dit-il, la température tutoie les 50° dans la journée, et ne descend guère dans le courant de la nuit. Et bien à son retour, il m'a dit avoir appliqué mon conseil, et que hop, ça avait magnifiquement fonctionné et qu'il avait ainsi pu profiter de vraies nuits.

 

Et pour continuer ma distribution de dragibus, j'en offre un vert à celui qui me donnera, sans s'aider du dictionnaire ni d'Internet, l'origine du mot canicule.

 

P.S: au fait, je m'aperçois que j'ai totalement oublié de fêter son anniversaire à mon blog. Dites-lui un petit mot, sinon il est fichu de me faire encore la tête pendant une semaine.

19/07/2006

Déménagements et projet de société

Lorsque j’étais en terminale, notre professeur de philosophie, qui portait le cheveu savamment bouclé, et qui avait l’habitude de nous regarder avec un petit sourire supérieur en coin lorsqu’il citait un grand philosophe, pour nous épater, et nous montrer l’écart qu’il y avait entre nous, pauvres béotiens, et lui, le philosophe, qui savait voir les choses avec une oreille humant l’air du temps dégagée des carcans de pensée traditionnels, et ainsi ouverte à une vraie réflexion, nous gratifiait parfois de remarques qu’il voulait aussi marquantes qu’elles étaient censées aller à contre-courant de l’air du temps (Gustave Labarbe, sort de mon corps ! *).

 

Mais parfois, il arrivait que ces sorties originales nous donnent l’occasion d’entendre quelque chose de vraiment intéressant. Ou plutôt, qu’il nous donne quelques idées pour démarrer nous-même notre réflexion, ce qui, dans le fond, est probablement une bonne manière d’enseigner la philosophie.

 

Ainsi, nous avons abordé un jour la question du sens qu’on pouvait donner à ce qu’est une société de consommation. En se basant très simplement, et comme souvent d’ailleurs, sur le sens des mots, et donc en particulier sur celui du mot consommer. Je recopie ici la définition qu'on trouve dans le dictionnaire de l'académie française: v. tr. XIIème siècle, au sens de « détruire, anéantir ». Emprunté du latin consummare, « faire la somme de », d'où « accomplir, achever », mais, sous l'influence, dès le latin chrétien, de consumere, « consumer, manger », d'où « détruire ». Ce dictionnaire suggère même de se reporter au mot consumer pour en savoir plus ...

 

Consommer un produit, c’est l’utiliser, et ainsi l’user, ce qui conduit à plus ou moins long terme à sa destruction. Consommer de la nourriture ou une boisson même, cela ne veut rien dire d’autre que la détruire de façon immédiate lorsqu’on l’ingère. De sorte qu’il n’est pas ridicule à ce stade d’estimer qu’une société de consommation est par conséquent aussi une société de destruction, une société qui, puisqu’elle rappelle si souvent sa nature consommatrice, semble par conséquent assumer que sa principale activité est d’utiliser, transformer puis consommer et donc détruire, les produits et les matières qui sont mis à sa disposition par la nature.

 

Cette perspective inspire le pessimisme à deux titres. D’abord parce que comprendre que la société à laquelle on participe, tend vers une fin bien éloignée des grands idéaux dont on aurait voulu pouvoir la draper, a quelque chose d’assez déprimant pour nos égos. On peut toutefois estimer que cet objectif, n’en est pas vraiment un, mais qu’il n’est en réalité que la conséquence éloignée, et il faut bien l’admettre, pas si évidente que ça à identifier, de notre comportement naturel de recherche de confort et de richesses. Mais alors ceci laisse supposer que l’érection de cet « objectif » s’est faite de façon quasi inconsciente, ce qui n’a rien pour nous rassurer quant à notre capacité à le remettre en cause, puisque il est alors en grande partie lié à des éléments que nous contrôlons mal voire pas du tout.

 

Ensuite et surtout, parce qu’intuitivement on comprend bien qu’il n’est pas possible de détruire éternellement, et qu’il existe nécessairement une limite qui ne peut pas être dépassée. Certes il apparaît d’emblée très compliqué d’identifier où se situe cette limite, et pourtant on perçoit bien que cela constitue un des défis les plus importants qu’il nous revient de relever dans les décennies à venir. Car si nous n’y parvenons pas il se pourrait que l’on franchisse cette limite sans s’en apercevoir, avec à la clé les conséquences irréversibles que cela suppose.

 

Mais bien sûr on comprend que ce tableau reste caricatural et simpliste. Je ne vais pas m’avancer trop loin dans cette réfutation, je la laisse plutôt aux économistes, qui seraient le plus à même d’indiquer les limites de ces remarques. Tout juste puis-je subodorer que les circuits économiques ne sont pas purement linéaires, partant d’une production pour aller jusqu’à la consommation, qui serait la fin de vie du produit, mais qu’ils fonctionnent souvent en cycles, dans lesquels la consommation n’est qu’une étape dans un processus plus long, voire procède d’une transformation du produit initial pour en faire autre chose. Il me semble qu’il existe des types de « consommations » qui ne résultent pas dans la disparition du bien consommé mais qui peuvent participer à son renouvellement ou à la régulation de sa « population » (je pense à la chasse par exemple), ou encore que cette consommation peut entraîner un développement sur un autre plan (une personne qui mange se donne les forces nécessaires pour se développer, travailler, etc.). Qu’en bref, c’est une question complexe et que donc ma première impression reste insuffisante pour bien la cerner.

 

Pourtant je ne peux m’empêcher d’y percevoir une vérité. Vérité qui apparaît de façon très frappante lors d’un évènement personnel courant et dont je deviens un habitué ces temps-ci: un déménagement. Il suffit d’avoir à vider une maison dans laquelle furent entassés plusieurs années d’achats de bric et de broc pour s’apercevoir du volume que l’on « consomme » et que l’on se voit obligé de jeter ledit jour du déménagement, et saisir ainsi à quel point cette consommation peut se transformer en une destruction pure et simple. Vraiment tout y passe : des meubles qui servirent un jour et qui sont devenus inutilisables tant ils sont rongés par le temps, aux vêtements qui déjà à l’époque devaient faire rire nos camarades (quoi qu’ils ont dû porter les mêmes), en passant par les gadgets achetés sur un coup de tête, qu’on n’a jamais utilisés, et qui ont pris la poussière en restant dans leurs emballages. Les déménagements s’apparentent ainsi fréquemment à de grands coups de balais qui alimentent les décharges presque plus sûrement que nos futures habitations.

 

Et ce phénomène est d’autant plus étrange lorsque l’on doit pourtant passer ses week-ends à refaire les magasins pour s’équiper en mobilier et en matériel de tous les jours…

 

 

* : j’offre un dragibus jaune au premier qui comprend cette parenthèse.

 

13/07/2006

Le complexe du blogueur !

medium_homme_perche.jpgParmi les affections qui peuvent toucher les blogueurs, outre la smsite aigue, qui transforme nos bons vieux azerty en kits à raccourcis, et la baronite espagnole (je mets cet adjectif juste parce qu’il fait joli, je ne vise personne, surtout pas un certain maître), qui pousse ceux qui en sont touchés à user d’un verbiage sentencieux pour annoncer qu’ils ont croisé leur concierge deux fois de suite en sortant les poubelles, il y a aussi le complexe du blogueur, un complexe qui n’épargne pas votre serviteur.

 

Mais d’abord, le complexe du blogueur, c’est quoi ?

 

A mon sens, c’est le sentiment d’être élevé de façon injustifiée à un rang qu’on ne pense pas mériter, et sentir que ce rang nous met dans une position où les attentes sont aussi fortes que les risques de les décevoir. Et surtout, que portés par ce rang, qui pour certains blogs ou collectifs de blogs est particulièrement élevé, ceux-ci étant parfois même perçus comme des institutions (je pense clairement que c’était le cas de Publius, et sans vouloir nous jeter des fleurs injustifiées, je crois que c’est la place que certains lecteurs donnent à lieu-commun), que portés par ce rang disais-je, et parfois contre notre gré, on se retrouve en haut d’une tour dont bon nombres de lecteurs finiront bien un jour par s’apercevoir qu’elle est en carton.

 

C’est donc craindre que les lecteurs finissent par percevoir dans notre démarche une forme d’imposture, d’usurpation de position, et que, après l’avoir porté haut, ils s’aperçoivent, comme me le disait François du Swissroll en mail, que le roi est nu. Ainsi, la reconnaissance qu’il aurait acquis auparavant se retournerait soudain contre lui pour fournir à ses détracteurs les armes les plus puissantes pour détruire son travail, en mettant en cause sa démarche même.

 

Car qui sont-ils ces blogueurs pour oser s’exprimer plus haut que les autres et se poser en références du débat sur Internet ? Pourquoi eux ? N’y a-t-il pas une injustice dans la formation de ces collectifs dont on peut soupçonner qu’une part importante des participants est là par cooptation et copinage plus que grâce à de réelles compétences ? Ces questions, les lecteurs se les posent certainement parfois, et on le voit d’ailleurs au travers de certaines réactions qui, je le dis sans sarcasme car je peux le comprendre, semblent parfois empruntes d’une certaines jalousie.

 

Réponses sur ce paragraphe: pour la plupart nous ne sommes pas des personnes plus élevées que qui que ce soit, certains ont des compétences particulières pour aborder des sujets spécifiques (c’est évidemment le cas des juristes), d’autres pas. Et très peu des blogueurs qui participent aux débats de société se sont autoproclamés cerveaux d’or. Les meilleurs le plus souvent ont gardé une approche au contraire très humble, et ouverte à la critique, mais ce sont leurs lecteurs, reconnaissants leurs qualités, qui les ont élevés au rang de références. Qui les en blâmeraient ?

 

Pour illustrer cela, je voudrais aborder le cas de mon blog. C’est très clairement cette crainte, relevée plus haut, d’être perçu comme une sorte d’imposteur, qui a guidé la décision dont j’ai fait part avant-hier. Ce sentiment que les lecteurs qui passent sur lieu-commun, voyant mon blog et mes billets, ont un grand « pfff » intérieur en songeant à la vacuité de mes billets, un pfff qui signifierait en gros : « bon sang, mais qu’est-ce qu’il fiche ici celui-là ? ».

 

Plusieurs choses ont contribué à cette impression. D’abord la pression de participer à un collectif dans lequel j’admire quasiment tous les participants (je dis quasiment uniquement parce que certains me semblent au-dessus des autres et qu’en conséquence le degré de cette admiration varie un peu), et qui engendre la crainte d’être comparé à ces autres blogueurs, ce qui me semblerait difficilement pouvoir tourner à mon avantage.

 

En effet, figurent dans ce collectif quelques une des figures les plus respectées de la blogosphère : Eolas bien sûr, mais aussi Ceteris-Paribus, Econoclaste, Versac, je ne les cite pas tous, mais il y en a peu qui ne soient pas des pointures. Me trouver à leurs côtés est forcément intimidant car il est clair que je n’ai pas leur impact (ce dont je ne blâme évidemment personne).

 

Enfin, cela s’explique aussi par la place que certains internautes, de plus en plus nombreux, accordent aux blogs pour s’informer et réfléchir, place qui reste encore aujourd’hui, à mon avis, un peu surestimée. Je le vois parfois dans mes statistiques, j’ai des lecteurs qui viennent de ministères, de l’Assemblée Nationale, d’écoles prestigieuses comme Normale Sup ou Sciences Po, et à chaque fois je me dis « misère, que vont-ils penser de ce que j’écris ? Combien ont un sourire en coin en parcourant mes pages et hésitent à me brocarder en direct en pointant du doigt mes égarements ? »

 

Pour finir sur mon cas personnel, je suis revenu sur ma décision, plutôt rapidement d’ailleurs, car les commentaires que m’ont envoyé presque tous les participants de lieu-commun m’ont immédiatement fait remettre en perspective la vision que j’avais de ma place dans le collectif. J’ai compris que je m’étais fait une fausse image de la situation, et cela a suffit à me faire changer d’avis car c’était cette interprétation erronée des choses qui me faisait partir.

 

Alors maintenant, comment guérir de ce complexe, ou plutôt, comment faire en sorte de le gérer pour qu’il n’empêche pas le blogueur d’intervenir sur ce qui l’intéresse lorsqu’il en a envie ?

 

Oh pas de grande recette. En fait il s’agit juste de savoir trouver sa place, par rapport à ce que l’on veut pour soi, et par rapport à ce que l’on espère produire pour les autres. Cela passe par ne pas hésiter à dire quelles sont ses propres limites, sans pour autant les dramatiser. Et il faut sans doute accepter l’idée que ce sont les lecteurs en très grande partie qui font d’un blog ce qu’il est, en lui accordant une plus ou moins grande importance, et que c’est bien ainsi.

 

medium_Plus_ca_rate_....jpgJe crois que dans cette idée il y a le fait de ne pas chercher le succès à tout prix. L’enjeu est ailleurs : produire du contenu, analytique, ou plus simplement humain et qui apporte en cela quelque chose aux autres. Ce contenu sera reconnu pour sa qualité s’il en a. Et si jamais malgré les efforts fournis il ne reçoit pas l’estime que l’on souhaite, et bien on peut garder en tête la « phrase magique » qu’on utilise en relaxation, pour prendre du recul face à cette situation : « Ce n’est pas grave, ça n’a aucune importance ». Ou faire sienne, une célèbre devise Shadock...

11/07/2006

Lieu-commun perd un membre

Moi. Je viens d'en faire part au collectif lieu-commun, j'ai décidé de quitter l'aventure. Je ne me suis pas fait aggresser par un membre, je vous rassure, c'est juste qu'à mon avis il était temps, et peut-être même aurais-je dû le faire plus tôt. Si j'ai tardé c'est probablement qu'il n'est pas très évident de laisser comme ça une expérience qui me permettait de cotoyer des gens d'un très bon niveau, et par laquelle je me sentais moi-même tiré vers le haut.

 

Mais voilà, ce que j'ai proposé ici depuis le lancement du collectif n'a que peu souvent eu le niveau que je me fixais pour que ma participation ne soit pas ridicule. Il y a trop de décalage entre ce que je propose et ce que les autres font, et je crois d'ailleurs que ça affaiblit le blog lieu-commun, ce qui est dommage. Ce qui me dérange le plus, c'est le sentiment de passer pour un usurpateur, comme si ma participation était un peu volée. Ca me donne une impression de malhonnêteté intellectuelle que je ne veux pas faire perdurer.

 

Sans doute les questions que je me pose sans cesse sur moi-même et sur le regard des autres interviennnent-elles dans cette décision, mais pourtant je ne crois pas qu'elle soit mauvaise. Bien sûr je vais perdre en fréquentation, mais la raréfaction de mes billets a de toute façon déjà très largement entamé mon petit lectorat, et après tout l'objectif n'est pas de battre des records d'affluence.

 

La suite? J'aimerais vraiment trouvé le temps et le courage de faire ma série sur Laborit. Pour l'instant pour être franc, je ne l'ai même pas entamée, mais je tiens beaucoup à un billet dont l'idée principale est déjà très claire dans ma tête. Cela devrait nous mener jusqu'à la fin de l'été. Ensuite, nous verrons.

 

D'ores et déjà je voudrais dire merci à ceux qui me lisent toujours et qui peut-être, s'impatientent déjà de l'avenir de mon blog. C'est chic :o)

10/07/2006

Quelle frustration !

medium_Zidane_sans_la_coupe.jpgLa fête a été gâchée hier soir, malgré un beau match de foot, plus vif et plus engagé que ce qu'on avait vu dans les deux demi-finales. Gâchée par ce carton rouge sanctionnant un geste insensé de Zidane, alors que même avec une défaite, tout le monde du football s'était préparé à lui faire une haie d'honneur. Gâchée aussi, mais là c'est exclusivement personnel, par une bordée aussi cinglante qu'inattendue d'un ami, juste avant le coup d'envoi du match, bordée qui est partie se figer directement dans le ventricule gauche, en passant par l'arrière.

 

Quelques mots sur le match tout de même.

 

La première mi-temps est franchement italienne, malgré le penalty (qui à mon avis est injustifié) en panenka de Zidane. Ce geste, très rare et franchement étonnant en finale de Coupe du Monde montre que Zidane était entré sur le terrain avec l'intention de faire quelque chose lors de cette finale, de la marquer de sa patte, avec toute l'orgueil que cela suppose. Mais après ça, plus rien du côté des français pendant les 40 minutes suivantes. Ce sont les italiens qui se sont montrés les plus dangereux, en particuliers sur les premiers corners de la partie, très bien tirés par Pirlo, et sur lesquels Barthez fut sans doute un peu trop attentiste. Sur le but de Matterazzi, il y a une erreur de la défense car il n'est pas marqué avant de débouler sur Vieira et celui-ci ne peut donc forcément pas rivaliser dans les airs.

 

Mais en deuxième mi-temps, et jusqu'à la fin du match, c'est l'équipe de France qui domine les débats. De façon presque étonnante tant elle avait semblée dominée par les italiens durant la première période. Le jeu est vif, créatif, Malouda apporte beaucoup sur son côté, Ribéry aussi est très actif et Zidane réalise quelques gestes dont il a seul le secret. Même à la fin, alors qu'on joue à 10 contre 11, c'est encore la France qui attaque et qui fait frissonner les spectateurs. Mais rien n'y fait, la réussite n'est pas là, et on doit se départager aux tirs aux buts. Comme souvent dans ce cas là, l'équipe qui entame la séance des tirs se retrouve naturellement favorite, l'autre étant obligée à chaque fois de courir après le score. Ca ne manque pas. L'Italie gagne en enquillant tous ses tirs au but, ce qui doit être la première fois pour elle dans une grande compétition.

 

Les joueurs:

 

Barthez:

Pas grand chose à faire pendant le match, sauf sur les coups de pied arrêtés au début de la partie. A probablement été trop statique sur les corners italiens. Sur l'ensemble de la compétition, a montré que sa place n'était pas volée, et qu'il est un joueur des grandes occasions.

 

Sagnol:

Un bon match, avec quelques débordements et ce qui failli être la dernière passe décisive pour Zizou. Très bon sur l'ensemble de la compétition, Sagnol a été l'un des meilleurs éléments français. L'euro 2008 pourrait être sa dernière compétition internationale. Si la France se qualifie.

 

Thuram:

Immense bonhomme, très grand footballeur, un coeur et une envie énormes, Thuram aura été exemplaire du début à la fin de la compétition, en sortant au bon moment ses meilleures prestations. Il a notamment été très présent pour mobiliser l'équipe, pour la diriger avec les autres anciens. Le voir pleurer hier soir était un crève-coeur tant il a donné à ce groupe et à ce maillot. Il est rentré dans la légende du foot français, par la grande porte.

 

Gallas:

Gros match encore, Gallas a vraiment bien trouvé son rythme avec Thuram. Sur la compétition il aura définitivement gagné ses gallons en défense centrale. Reste le plus dur. Trouver celui qui lui servira de double...

 

Abidal:

Encore un peu de déchet et quelques fautes de débutant. Mais sur l'essentiel de son rôle Abidal a été présent. Il n'a pas vraiment de concurrent à son poste et devrait, avec l'expérience engrangée lors de cette Coupe du monde, faire les beaux jours de la défense française.

 

Malouda:

Très clairement son meilleur match de la compétition. Malouda a beaucoup avancé et créer de jeu en attaque. C'est lui qui est à l'origine du penalty tiré par Zidane, et qui aurait pu être à l'origine de celui de la seconde mi-temps si l'arbitre en avait décidé autrement. Décevant pourtant sur le reste de la compétition. Doit rester dans l'inspiration de ce dernier match. Aucun concurrent à son poste.

 

Makélélé:

Enorme, surtout en deuxième période et à la fin des prolongations où il semblait être le dernier joueur à courir encore. A réalisé un grande Coupe du monde, même s'il restera probablement toujours l'homme de l'ombre, celui dont on parle si peu, à tort.

 

Vieira:

Encore un match très solide. A eu du mal en début de rencontre, mais a attaqué la deuxième période avec une faim insatiable qui a totalement mis les italiens en sourdine. Vieira a été l'élément clé du renouveau français. Il a enchaîné deux buts et deux passes décisives, dans ses deux matchs face au Togo et à l'Espagne. Il s'est un peu moins mis en valeur par la suite, mais l'équipe lui doit beaucoup sur cette compétition. Il a encore un Euro et peut-être une Coupe du monde à jouer.

 

Ribéry:

Pour une fois il a démarré son match sans douter. Il a beaucoup courut, créer des situations dangereuses, bref il fut encore très présent et sa place de titulaire est amplement méritée. On lui prédit un grand avenir en bleu. Je pense qu'on en fait un peu trop. Car malgré son volume de jeu (83 ballons hier en ne faisant pas un match complet !!), il lui manque encore une marche pour devenir un grand meneur international. N'aura jamais le niveau de Zidane.

 

Henry:

Très bon match hier. On a d'abord eu franchement peur en le voyant hagard suite à la charge de Canavarro. Mais Titi s'est vite relevé et a constamment dérangé la défense italienne. Un petit bémol pour ma part sur son impact sur la compétition. On a beaucoup parlé de lui comme le dépositaire du jeu français après le départ de Zidane. Je crois que ça n'arrivera jamais car il reste trop timoré avec l'équipe de france. Dommage car il a le talent.

 

Trézéguet:

N'a eu aucune occasion. A raté son tir au but. On ne peut pas vraiment lui reprocher grand chose tant sa position était difficile. Et rien ne garantit qu'il trouve vraiment sa place dans l'équipe à l'avenir.

Diarra:

Très agréable surprise dans son remplacement de Vieira. Diarra a pesé sur le milieu comme son illustre aîné et a d'entrée rassuré l'équipe. Certainement futur titulaire à la place de Makélélé.

 

Wiltord:

Idem que Trézéguet. N'a eu presque aucun ballon intéressant à négocier. Wiltord aura été une déception dans cette compétition. Et il a peut-être bien perdu sa place dans l'équipe.

 

Je l'ai gardé volontairement pour la fin - Zidane:

Que dire ? Misère, que dire ? Zidane, sur les 4 matchs du deuxième tour aura écrasé la compétition de toute sa classe. Il aura surpassé les trois galactiques auxquels il a été confronté (Raul, Ronaldo, Figo), illuminé le football sur un match digne des plus grands et dont on parlera encore longtemps, contre le Brésil, marqué 3 buts, donné 2 passes décisives, été omniprésent dans la construction du jeu. Il aura montré une dernière fois qu'il était bien, ballon au pied, le meilleur joueur du monde depuis Maradonna. Mais ce geste, ce carton rouge en guise de sortie, quel crève-coeur, quel dépit il a jeté sur tous ses supporters qui, quoiqu'il arrive, l’auraient porté aux sommets des légendes du sport, même avec une défaite! Cette dernière mauvaise note, montre que le génie avait aussi ses coups de folie, impardonnables, et qui l'avait déjà privé du ballon d'or en 2000 au profit de Figo alors qu'il lui était promis.

 

On ne voudrait pourtant retenir de lui que le meilleur. Le bonhomme d'abord, discret et respecté en dehors des terrains, et le joueur bien sûr, qui a suscité la plus grande admiration même chez les meilleurs, tant il a su élever ce sport à un niveau qu'on risque de ne plus voir avant plusieurs années. D'ailleurs, malgré son déraillement inexcusable d'hier, Zidane a été élu par la FIFA meilleur joueur de la Coupe du monde. Sans doute le salut d'honneur d'un sport à son plus bel ambassadeur ces dernières années. Mais quelle tristesse qu’il ait quitté les terrains sur ce vilain geste.

 

Voilà, la Coupe du monde est terminée. Le football retourne à une place plus mesurée. Il y a malheureusement fort à parier que l’équipe de France mettra des années à se remettre des retraites des Zidane, Thuram, Makélélé. Et que pendant des années on se repassera leurs matchs chez soi, pour se souvenir de tout ce que ces joueurs nous ont donné depuis 1996 et leur naissance au niveau international. Merci les bleus pour les espoirs que vous avez fait renaître lors de cette compétition. Et vivement qu’on revoit certains d’entre vous aux postes d’entraîneurs (Thuram j’en suis sûr ferait un très bon sélectionneur…).

06/07/2006

En finale !

Je cède. Trop envie de parler du match d'hier soir, et surtout d'écrire ces mots auxquels personne ne croyait avant le début de la Coupe du Monde, et encore moins après les deux premiers matchs de poule: ON EST EN FINALE !!

 

Incroyable, extraordinaire, il faut se pincer les joues pour y croire. On est en finale. Les retraités qu'étaient encore il y a moins d'un an Zidane, Thuram, Makélélé, sont parvenus d'abord à nous qualifier pour cette phase finale de la plus belle épreuve sportive et ils sont même en train d'écrire l'une des plus belles pages du sport français en nous faisant à nouveau vibrer, comme il y a 8 ans.

 

Mais chaque chose en son temps, et d'abord le match.

 

Il faut bien le reconnaître, ce n'était pas un beau match de foot. On s'y attendait, tant à ce niveau de la compétition les équipes sont en général frileuses et les confrontations aussi rugueuses que fermées. Et de fait il n'y a pas eu grand chose de joli à se mettre sous la dent. Et s'il y a bien eu quelques jolis gestes de Zidane côté français, ce sont surtout les lusitaniens qui ont montré de belles choses.

 

Ils ont par moments pu développer un jeu d'équipe de grande qualité, en une touche de balle, avec de beaux gestes techniques des Déco, Figo et autres Christiano Ronaldo (qui n'a je crois perdu aucun duel et qui m'a fait frémir pendant tout le match, en dépit de ses simulations). Et surtout, ils ont eu un placement tactique sur le terrain terriblement dérangeant pour l'équipe de France. Ils jouaient haut et toute l'équipe semblait se déplacer comme un seul homme, soit pour avancer sur la balle, soit pour défendre. Pendant tout le match c'était vraiment impressionnant.

 

medium_Thuram.2.jpgEt pourtant, on est en finale. Grâce bien évidemment à une défense de fer, fabuleusement représentée hier soir par un Thuram des très très grands jours. Dés le début de la partie, le Guadeloupéen s'est mis en évidence et à sorti quelques ballons très propres pour dégager l'équipe. Pendant tout le match il n'a pas baissé de rythme et est resté la tour de contrôle qui a rassuré tout le monde.

 

Les autres grands joueurs (côté français) de ce match, sont à mon sens Vieira qui a continué sur sa lancée depuis le match du Togo en abattant encore un boulot énorme au milieu, Makélélé, même s'il a fait quelques relances hasardeuses, et forcément Zidane, qui marque le but de la victoire avec une étonnante confiance (tirer un penalty de si près en général, ce n'est pas très bon), et qui a su en fin de match conserver quelques ballons importants.

 

Les joueurs sans en revanche, il y en a eu, sont à mon avis Abidal et Malouda. Etonnant de voir ces deux joueurs qui semblaient les plus prometteurs lors des matchs de préparations, s'éteindrent à ce point et commettre autant d'erreurs. Malouda notamment a été complètement absent, ce qui explique en partie la domination portugaise au milieu de terrain. Et Abidal a commis quelques fautes de débutant qui font peur à ce niveau.

 

Côté fairplay, j'ai été plutôt content du match. Ok, Ronaldo a plongé une fois ou deux, mais grosso modo le match s'est déroulé dans un bon état d'esprit, avec deux équipes respectueuses l'une de l'autre et l'on n'a pas vu de vrai mauvais geste. Je regrette d'autant plus la mauvaise campagne faite par la presse française à l'encontre de l'équipe du Portugal qui méritait un autre traitement. J'ai d'ailleurs vu quelques supporters portugais dans les rues pour faire la fête avec les français après le match. Je les remercie très sincèrement de cet état d'esprit qui est tout ce que j'aime voir dans le sport.

 

Maintenant il reste à affronter l'Italie en finale, en espérant que l'histoire soit belle.

 

Je termine sur un mot à l'adresse des anti-foot, qui pour certains démontrent ces derniers temps une haine et un mépris qui méritent un vrai carton rouge. Je ne sais pas si je suis privilégié, mais je n'ai pour l'instant vu aucun supporter obliger qui que ce soit à regarder un match contre son gré, ou à klaxonner avec lui pour fêter une victoire. Les manifestations que l'on voit sont bruyantes certes, mais se déroulent dans un esprit de joie bon enfant. Il y a des casseurs qui se mêlent au manifestations, et c'est déplorable, mais il ne faut pas les mélanger aux supporters qui se comportent plutôt mieux avec l'équipe nationale que lorsqu'ils défendent des clubs.

 

Pourtant on lit ça et là (je ne fais pas de lien car vraiment je n'ai aucune envie de recevoir chez moi les thuriféraires de la polémique footballistique) des billets proprement ulcérants, qui sous couvert de critique pseudo psycho-sociale, multiplient les insultes. Où l'on apprend que les gens qui aiment le foot sont bien évidemment  des bovins, des imbéciles (quel rapport entre le goût pour un sport et l'intelligence? Quelqu'un peut-il me dire?), des sauvages (car tout de même un homme qui crie sa joie, vraiment, ça fait penser au temps des cavernes), et même pire des fascistes en puissance, puisqu'il suffit bien évidemment de participer à un évènement collectif pour être un mouton potentiellement collabo.

 

Le pire étant que ces textes se drapent dans une prétendue hauteur de vue, l'isolement de ceux-là constituant à l'évidence une marque de supériorité face à ceux qui ont la bêtise de se regrouper pour fêter une victoire sportive. Il y en a quand même qui ont du mal à comprendre ce qui est constitutif d'une vertu et qui affectent des valeurs morales à des choses fort improbables...

 

D'ailleurs on relèvera à cette occasion la contradiction profonde qui existe dans la misanthropie de ces billets. Le misanthrope déclare qu'il hait les hommes. Pas besoin de grands discours pour comprendre qu'en aucun cas cette position ne saurait être louée. A ce stade je ne dis même pas qu'elle doive être réprimandée, mais en tout état de cause elle ne peut raisonnablement pas constituer un motif de grandeur, et certainement pas d'intelligence, celle-ci n'étant évidemment pas une question de coeur (on pourrait jouer sur les mots ici, mais je pense qu'on me comprends, je parle de capacité de raisonnement). Mais surtout, le misanthrope fournit lui-même les raisons pour que l'homme puisse être détesté. Car quoi de plus nul qu'une déclaration de haine? Quoi de plus méprisable? Il entre ainsi dans une double contradiction, en créant lui-même la situation qu'il dénonce, et même en se désignant lui-même en même temps qu'il désigne les autres (car oui haïr les hommes, c'est se haïr soi-même).

 

Alors évidemment je comprends que pour ceux qui n'aiment pas le foot, ce mois de Coupe du Monde est long et très certainement agaçant, sans compter les nuits où il est impossible de fermer l'oeil avant 1h00 du matin à cause des klaxons dans les rues. Mais il est bien évident que cela ne justifie en aucun cas des critiques aussi nauséabondes. Et qu’elles aient court en se donnant les airs de la supériorité intellectuelle est vraiment un comble. La haine, même quand elle fait semblant d’être analytique, reste le pire comportement qui soit. Dire qu'il faut encore écrire un truc aussi évident...