24/04/2008
Avant la présence
Vous, frères humains, hommes, femmes, enfants de fortune,
Approchez-vous et voyez,
Voyez et tendez les bras, tendez,
Tendez les bras et les mains,
Qu'ils jaillissent de vos corps engourdis,
Qu'ils jaillissent,
et crient enfin la douleur, la crainte de ne pas être assez.
Voyez et puisez en vous la source de l'attachement.
La présence de l'âme partagée,
L'ouverture du coeur déjà uni.
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15/04/2008
Caresse
Les caresses évoluent, tendres et sereines, sur le corps de l'être aimé, et fournissent à la peau ses habits les plus chauds.
Ariane Angeloglu, Petit dictionnaire de l'amour, Caresse
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09/04/2008
Enfin
Il tendit le bras, la paume vers le haut,
lent,
Rien ne vint avant le crépuscule.
Doux, attendri,
Il lécha sa joue,
Puis sa main remonta jusqu'au cou dégagé,
s'y attarda,
Ils fermèrent alors les yeux,
Et s'enlacèrent
en songeant chacun qu'ils tenaient dans leurs bras
La tendresse nouvelle
qui n'était encore jamais venue au monde.
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05/01/2008
L'étreinte
Il peut y avoir loin des arbres à la tempête,
Des roseaux à la rivière,
De la mer à l’écume,
Il peut y avoir loin des rêves à l’aube,
Des espoirs vifs aux soirs conquis,
Des emballements gamins aux rires gosses,
Il peut y avoir loin de toute la marmaille de nos mémoires à l’avenir radieux,
De la main caressante à la joue donnée,
De la parole réconfortante au cœur attentif,
Il peut y avoir loin du cœur au coeur
Du regard au regard,
Et de la main à la main,
Il peut y avoir loin de soi à elle.
Tendresse, bronze, par Marie-Odile Roux
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31/12/2007
Le tremble est blanc
Le temps irrévocable a fui. L'heure s'achève.
Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
Tes yeux plus clairs.
A travers le passé ma mémoire t'embrasse.
Te voici. Tu descends en courant la terrasse
Odorante, et tes faibles pas s'embarassent
Parmi les fleurs.
Par un après-midi de l'automne, au mirage
De ce tremble inconstant que varient les nuages,
Ah! verrai-je encore se farder ton visage
D'ombre et de soleil ?
Paul-Jean Toulet, Les Contrerimes, 1921
(J'ai souhaité finir l'année sur un poème, pour avoir quelque chose de joli quand on arrive ici)
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07/10/2007
Devant
Les quelques échanges,
Les yeux aux images qui dansent,
Les matins souriants, toujours,
Après son passage.
Les pieds en première,
Pour rire,
Et la rappeler à soi,
Pour ancrer peut-être.
Les inquiétudes persistantes, aussi,
Et le ventre noué.
D’abord par surprise,
Puis tellement évident.
Les histoires inventées en chemin,
Pour soi, à oublier vite,
Mené avec certitude désormais,
Par l’aura.
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07/06/2007
Sans répis
Il s’en est fallu de peu.
J’aurai pu ne pas la voir, ne pas y repenser
S’il n’y avait pas eu cet arbre.
Ni ce parfum, encore.
Tout est revenu d’un coup,
Aussi frais qu’hier.
Les lisières du lit, chargées de mains crispées,
Et ce couteau si dur à voir. Tout.
Puis la musique.
Elgar, et ce chemin fait en arrière,
La tête entre les barreaux.
Et la fièvre de l’apaisement.
Interminable, rouge,
Insensé, indispensable.
Il faut tout arrêter.
Mais comment fait-on ?
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30/04/2007
Nostalgie d'enfance
Sous le nez de la maîtresse
on trafiquait en langage codé
On arpentait le monde
entre les pages de l'atlas;
on le redessinait
L'entaille à nos poignets
dénonçait l'alliance : à la vie à la mort.
Parfois le vent soufflait
ses sauvages secrets, de fauves violences.
L'aile morte nous effleurait :
- Jure que tu ne me laisseras jamais sans nouvelles !
- Si je mens, je vais en enfer.
Où marches-tu maintenant ?
Il fait froid de ce côté-ci du monde.
Dis-moi : qui es-tu devenu ?
Où sont les lisières d'Eden ?
Il fait très seul au pays des hommes
Un nouveau poème de Colette Nys Mazure, extrait de Feux dans la nuit, que j'ai lu aujourd'hui et que j'ai beaucoup aimé.
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16/04/2007
En gosse
J’étais tout furibond
Qu’il m’ait poussé dans l’herbe.
Plein d’insultes et jurons,
Rien n’arrêtait mon verbe
Il me poussa encore
Mais je résistai mieux.
Et la lutte des corps
Survint entre nous deux.
Un premier coup parti,
Un bruit sourd sur son crâne.
Un deuxième, puis un cri,
Le tambour et les larmes
Dés alors nous jurions
De ne nous plus parler.
Désormais nous serions
A jamais séparés.
Un instant, un regard
Un silence apaisé
Et le sel de nos larmes,
Sur nos joues, asséché,
Nous fit baisser les armes,
Nos colères calmer
Nous rappelons souvent
Ce souvenir d’enfance,
Regrettant maintenant
Notre tendre insouciance.
Nous étions deux gamins
Chamailleurs enfiévrés,
Lors nous faisions chemin
Vers une longue amitié.
Bon, bof, j'ai pas mal hésité avant de poster. En fait je m'aperçois que je ne suis plus très à l'aise avec les poèmes en rime. Je trouve que ça donne un côté mécanique qui nuit à la valeur poétique du texte, ce qui tout de même est plutôt dommage pour un poème. Je poste parce que je l'ai écris, mais je ne peux pas dire que j'en sois ravi...
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13/03/2007
La vie nous joue toujours des tours
Quelques souvenirs anciens,
Réveillent parfois l'enfant qui sommeille.
Ils profitent de chaque faille,
Et s'infiltrent en garnements.
Ils agrippent nos sourires.
Nos soupirs aussi.
On rejoue les grimaces gosses
On refait les yeux étourdis.
On rappelle les détails, et tout le cirque autour.
On rit plus doucement.
Les années qu'on ne prévoyait pas sont passées.
Cet enfant ressurgi, qu'il est dur de le laisser partir à nouveau.
J'ai retrouvé en fin de semaine dernière, tout à fait par hasard, tous les épisodes d'un dessin animé que je regardais en rentrant d'un travail de nuit que j'avais trouvé lorsque j'étais encore étudiant. Je regardais ce dessin animé chaque matin, juste avant de m'endormir. J'avais passé cette année là un de mes meilleurs été.
Depuis vendredi, je baigne à nouveau dans la chaude torpeur où me laissaient à l'époque ces images. Je me retrouve un peu plus rêveur que d'habitude, un peu plus absent. Et j'adore ça.
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