10/07/2008
L'usage délicat des croyances (reloaded)
Nos croyances se forment au fur et à mesure des expériences que nous vivons, selon les émotions que nous ressentons alors. Nous rattachons alors ces émotions à ces expériences. C’est ce mécanisme qui constitue la plus grande part sans doute de notre apprentissage de la vie. Lorsque nous sommes bébé par exemple, nous apprenons que lorsque nos parents nous tiennent dans leurs bras, nous sommes heureux, alors que leur absence prolongée nous est douloureux. Les répercussions de ces expériences d’enfances, en particulier celles de la très petites enfance, sont immenses je crois (et les livres qui en parlent sont très nombreux). Un enfant qui n’aura pas reçu de tendresse et n’aura pas été pris dans les bras par ses parents étant petit pourra ainsi former le raisonnement suivant : « lorsque je pleure, ou même en temps normal, personne ne vient à mon aide et personne ne s’intéresse à moi », d’où découle plus tard la croyance : « dans la vie, on ne peut compter que sur soi-même ! », croyance qui va influencer lourdement nos comportements : tendance à s’isoler, méfiance envers les gens et le monde en général, pensées négatives sur ce que l’on peut attendre de la vie, etc.
A contrario, un bébé qui recevra l’affection et l’amour de ses parents grandira avec des émotions positives et une plus grande confiance en lui et en ce que le monde extérieur peut lui apporter. Cela lui paraîtra normal d’être protégé par ceux qui sont à la place de le faire, d’oser affirmer ses convictions devant les autres, etc. Dans Le cri primal, Arthur Janov, découvreur de la thérapie primale, explique même qu’une personne qui aura reçu l’amour de ses parents lorsqu’il était bébé, l’aura intégré à son expérience personnelle comme un élément tellement normal et naturel qu’il ne se posera même pas la question de savoir ce qu’est l’amour ou encore comment l’obtenir. Un enfant grandissant dans un tel climat aimant ne se poserait pas plus de questions existentielles, avance-t-il. Pas besoin de s’inquiéter de la vie et de ce qu’elle apporte lorsque nos croyances nous amènent à considérer naturellement, instinctivement je dirais même, que le bonheur va de soi.
Dans L’homme qui voulait être heureux, un livre très apaisant que je recommande, Laurent Gounelle présente plusieurs aspects de l’influence de nos croyances sur nos comportements. Il note en particulier que celles-ci nous font progressivement transformer la réalité conformément à ce que nous croyons qu’elle est. Par exemple, quelqu’un dont la croyance sera que le monde d’une manière générale lui est hostile, qu’il faut se méfier des gens et de ce qui nous entoure, par son comportement, va effectivement pour partie transformer son environnement proche et le faire devenir ce qu’il croit qu’il est.
Un exemple pourra éclairer ce point.
Si je crois que le monde autour de moi me menace et que je dois m’en méfier, comment vais-je me comporter ? Et bien je vais avoir une attitude défiante vis-à-vis des gens, je me mettrais probablement plus en retrait lorsque des groupes se formeront, je ne dirais pas tout de peur qu’on l’utilise contre moi, etc. Comment les gens vont-ils réagir à ce comportement ? Et bien ils vont percevoir cette méfiance que j’ai vis-à-vis d’eux, se dire que je ne suis pas franc avec eux, pas ouvert, bref ils vont ressentir eux aussi de la méfiance en retour. Et ce qui est terrible, c’est qu’avec mon schéma de pensée je me dirais alors : « leur comportement vis-à-vis de moi est bien la preuve que j’ai raison ! » Ma croyance s’auto-alimente ainsi et renforce des comportements négatifs.
Au contraire, si je vis en percevant le monde de façon positive, je serais naturellement ouvert aux autres, confiant dans mes relations. Les autres le ressentiront et seront donc à l’aise pour s’ouvrir à moi en retour et me donner leur confiance. Là aussi la croyance s’auto-alimente, mais de façon positive.
Susan Jeffers, dans son livre « Tremblez mais osez » raconte une expérience menée fréquemment avec ses groupes de thérapie. Elle sélectionne parmi les personnes présentes un homme plutôt fort pour faire l’expérience. Elle lui demande de se tenir droit et de lever le bras devant lui et de le maintenir ainsi fermement. Il faut préciser que Susan Jeffers est une femme normale, pas bodybuildeuse pour un sou, et que sa force naturelle est bien inférieure à celle de ces hommes qu’elle sélectionne pour leurs muscles. Elle leur demande alternativement de se répéter dans leur tête d’abord qu’ils sont forts, puis qu’ils sont faibles. Après quelques instants où l’homme s’est répété « je suis fort, je suis fort », Susan Jeffers tente de leur faire abaisser le bras. En s’aidant du sien. Elle pousse, appuie, insiste. Mais rien n’y fait. Ils restent de marbre. Mais lorsque dans la deuxième phase de l’exercice elle intervient après qu’ils se soient répété en eux « je suis faible, je suis faible », miracle, elle parvient à leur faire abaisser le bras. Ce résultat est tout de même marquant, d’autant plus qu’elle rapporte dans son livre qu’il est systématique et qu’elle n’a pas observé d’exception. Pour corser l’affaire elle propose même de sortir de la pièce lorsque l’homme se répète son mantra, sans qu’elle sache celui qu’il choisit, pour faire en sorte aussi qu’on ne croit pas qu’elle effectue un effort différent dans un cas et dans l’autre. Et quand elle revient pour faire baisser le bras du costaud, invariablement si elle y arrive c’est qu’il s’est répété qu’il était faible, et si elle n’y arrive pas c’est qu’il s’est répété qu’il était fort.
Mais l’impact des croyances va encore plus loin. Non seulement nos croyances peuvent influencer notre environnement extérieur en le transformant en ce que nous croyons au départ qu’il est, mais elles peuvent même changer les personnes elles-mêmes ! Toujours dans L’homme qui voulait être heureux, Laurent Gounelle relate une expérience menée auprès d’élèves qui avait tous le même QI. Ceux-ci ont été séparés en deux groupes, et présentés différemment auprès du même professeur qui devait les suivre pendant une année scolaire complète. Lorsqu’on amena à ce professeur les élèves du premier groupe, on lui indiqua pour information, que ces élèves étaient plus intelligents que la moyenne. Mais inversement, lorsqu’on lui présenta les élèves du second groupe, on lui indiqua que ceux-ci présentaient un QI inférieur à la moyenne. A la fin de l’année scolaire, les élèves des deux groupes firent à nouveau un test de QI, et on constata que les élèves du premier groupe avaient vu leur QI augmenter, alors que ceux du second groupe avaient un QI en baisse.
Autre exemple encore, et qui va lui aussi encore plus loin si l’on y songe bien (décidemment jusqu’où nous emmène-t-il vous dites-vous alors que le suspens est franchement à son comble ?) : les placebos. Lorsqu’un médicament est fabriqué, pour démontrer son efficacité, il est nécessaire de réaliser des tests cliniques dont l’objectif est de détecter une efficacité notable du médicament par rapport notamment à un placebo. Si l’effet du médicament est effectivement supérieur à celui du placebo, alors son efficacité est prouvée. Cela permet parallèlement de constater l’effet des placebos, et l’impact qu’ils peuvent avoir sur la guérison de personnes dont les maladies sont parfaitement réelles. Globalement aujourd’hui, on considère que le taux d’efficacité des placebos se situe autour de 30%. C’est ce que j’ai lu dans le livre de Laurent Gounelle, mais on peut retrouver ce chiffre également chez d’autres sources.
Il faut comprendre que puisque les placebos ne sont pas des molécules actives, ce qui intervient le plus dans leur efficacité est la croyance du malade qui l’ingère quant-à son efficacité. Ainsi donc, dans 30% des cas, le seul fait de croire qu’une substance peut nous guérir, alors que celle-ci est parfaitement neutre, suffit à nous faire effectivement guérir. Si l’on y songe bien ce chiffre est tout de même étonnant, surtout si l’on considère que les maladies qui sont parfois guéries ainsi ne sont pas que de simples rhumes mais sont parfois des maladies lourdes comme le cancer.
Nos croyances donc peuvent nous servir positivement pour influer sur nos vies. En développant des croyances positives, que ce soit sur nous-mêmes, sur nos capacités, sur les autres et d’une manière générale l’environnement qui nous entoure, nous pouvons nous donner de meilleures chances d’être heureux. Cependant, les croyances peuvent aussi être un élément de fragilité lorsqu’elles sont utilisées par des manipulateurs. On arrive là sur un terrain plus meuble que celui évoqué jusqu’ici dans ce billet.
Samantdi dans un billet récent, rapporte une expérience récente lors de laquelle une de ses amie a soigné son mal de dos simplement en y posant ses mains, un peu à la façon d’un magnétiseur. Je dois dire que pour ma part, ayant confiance en Samantdi, j’ai confiance aussi en son récit. Il me semble d’ailleurs possible d’expliquer cette guérison, au moins pour partie, par la croyance qu’a son amie de pouvoir effectivement guérir les gens en faisant ce genre de choses. Ca rejoint tout à fait ce que j’ai décrit jusqu’ici sur le rôle des croyances et l’impact qu’elles peuvent avoir sur nous. Samantdi rapporte d’ailleurs la façon dont son amie a accueilli cette faculté « Elle m'a dit que ce don lui était venu il y a environ un an, sans qu'elle s'explique vraiment pourquoi, qu'elle avait ainsi soigné un membre de sa famille après avoir ressenti l'intime conviction qu'elle pouvait soulager la douleur ponctuelle qu'il éprouvait ». Elle sentait qu’elle pouvait le faire, sans savoir pourquoi. Et visiblement elle n’en fait pas commerce ce qui est plutôt gage d’honnêteté.
Bien évidemment, nombreux sont ceux qui émettent des doutes sur la validité de telles pratiques. Et personnellement si je me tords le dos, je préfère allez chez mon médecin traitant que chez un magnétiseur. Et je donnerai ce même conseil à n’importe lequel de mes amis s’il me le demandait. Malheureusement, il reste encore de nos jours beaucoup de charlatans et de malhonnêtes qui font profession d’utiliser la crédulité des autres, et qui s’intéressent moins à la guérison prétendue de leurs clients qu’aux portefeuilles de ceux-ci.
Ces activités se multiplient d’ailleurs. Entre l’astrologie, la voyance, les tarots, la numérologie, le magnétisme, etc. le filon est largement exploité. En faisant une petite recherche sur Internet, j’ai trouvé un site apparemment bien documenté et sérieux sur tous ces sujets, que je vais prendre pour exemple dans la suite de ce billet, un site qui entend combattre le charlatanisme. Son auteur y recense les principales disciplines qui relèvent selon lui du charlatanisme, opinion qu’il explique dans un article dédié pour chaque cas. Globalement son approche me semble intéressante, notamment lorsqu’il propose des clés pour détecter les discours trompeurs. En effet, le risque le plus grand dans ces disciplines est la manipulation qui peut émerger de croyances en des pratiques dont l’efficacité et le sérieux ne sont pas démontrés.
Toute la difficulté ici est donc de parvenir à éclaircir les choses et à trouver ce qui peut être bon et ce qui doit être repoussé. Il n’y a pas de méthode simple à mon sens pour y arriver. Ce qui veut dire notamment qu’à mon sens l’approche du tout scientifique excluant les pratiques exotiques n’est pas suffisante non plus. Elle souffre en effet d’une faiblesse majeure : ces pratiques, aussi exotiques soient-elles, et malgré l’usage malhonnête que certains pratiquants en font, sont parfois efficaces. Evidemment la réponse des partisans du tout scientifique, dont l’auteur du site susnommé fait partie, répondront : « Prouvez-le ! ». Pour ma part je m’appuie sur des témoignages pour répondre à cela. Celui de Samantdi par exemple. Ou celui encore d’une personne à qui je tiens et qui m’a dit récemment qu’elle avait fait une séance de Reiki qui l’avait grandement aidée.
Bien sûr, dans une vision scientifique, ces seuls témoignages sont insuffisants. Ces personnes peuvent mentir d’abord. J’écarte pour ma part cet argument car les deux témoignages que je rapporte ici proviennent de personnes en qui j’ai confiance et qui n’ont aucune raison de me mentir lorsqu’elles abordent ce sujet. Mais il est possible aussi qu’elles s’illusionnent elles-mêmes sur la cause réelle de leur mieux être, que leur maladie n’ait été que psychosomatique et que leur réflexe de rejet des sciences dures venant des mauvaises notes reçues dans leur enfance en mathématiques les ai poussé à développer des croyances favorables aux médecines parallèles, croyances qui seraient fortement intervenues dans leur guérison. Bref, un jeu de dupes.
Mais un simple jeu de dupes suffit-il à guérir un cancer ? On peut retourner la chose dans le sens qu’on veut, certaines personnes vont mieux, physiquement et mentalement mieux, après une séance de Reiki ou d’acupuncture. En ce cas, je ne vois pas de bonne raison de dire à ces personnes qu’elles se font avoir et devraient opter pour des pratiques plus conventionnelles. Je trouve une logique juste dans le fait de suivre une voie non conventionnelle si l’on a pu y trouver un mieux-être réel (et non fantasmé bien sûr). Et toutes les argumentations scientifiques resteront inefficaces pour convaincre du contraire des personnes qui constatent personnellement que ces pratiques les aident réellement. Cela ne signifie pas qu’il faille par défaut se ruer sur ces méthodes, et je n’en ferais pas la publicité ici, mais vouloir à tout prix imposer une approche conventionnelle me semble inadapté.
Dans Madame Bovary, Flaubert présente ainsi l’opposition entre l’abbé Bournisien, qui croit bien sûr en Dieu, et M.Homais qui est un fervent défenseur de la science. Tandis que l’abbé voudrait soumettre l’humanité à la loi divine, M.Homais lui, cherche à imposer une administration du monde basée sur la seule raison et la loi scientifique. Ce dont M.Homais ne s’aperçoit pas, c’est que ça vision des choses n’est rien d’autre qu’un nouveau catéchisme, qui s’oppose à un autre, un ensemble de croyances qui se présente lui aussi comme un absolu visant à encadrer tout le reste.
Sur le site présenté plus haut, on voit clairement cette dérive, lorsque son auteur traite comme du charlatanisme des approches comme la PNL, qui a pourtant déjà largement fait ses preuves il me semble, et plus fort encore, lorsqu’il raille les travaux de Freud. On s’en aperçoit au final, ce site dont l’intention de départ est sans doute louable, dérive vers la présentation des croyances propres à son auteur, qui met dans son esprit sur le même plan le fondateur de l’essentiel des sciences psychologiques (auquel on peut s’opposer sur certains points, mais qui a tout de même été le précurseur de découvertes importantes sur le fonctionnement du psychisme humain) et la voyance. En bref il n’y a plus que les équations qui soient justes, tout le reste pouvant faire l’objet de critiques serrées quant à leur validité. Et pour cause, une science humaine comme la psychologie aura bien du mal, et ce pendant encore quelques siècles, gageons-le, à proposer des solutions universelles aux sujets sur lesquels elles se penchent, la vie et la construction d’un homme n’entrant pas précisément dans une équation.
Il est important de savoir détecter les risques de ces démarches originales et les dérives qu’elles peuvent avoir pour ne pas, alors que l’on va mal, glisser dans un mal-être encore plus profond. C’est le risque des sectes, auxquelles aboutissent parfois certaines de ces disciplines (le Reiki n’y échappe d’ailleurs pas). On peut aussi y ajouter certaines psychanalyses qui s’éternisent pendant des années sans résultat probant (mais qui créent une accoutumance certaine et vident le portefeuille). D’une certaine manière, cela signifie qu’elles sont plus indiquées et moins risquées pour des personnes qui ont déjà un fond personnel solide, et qui ne sont pas trop influençables. Et qui savent donc déjà faire un usage prudent et mesuré de leurs croyances.
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03/07/2008
Rendez-leur Ingrid !
Lu ce matin dans la boîte de messagerie d'un collègue (oui je fouine partout) :
"Je vis comme un deuil la disparition annoncée du poster géant qui m'a facilité tant de rendez-vous à l'hôtel de ville."
:o)
14:24 Publié dans Un peu de rire | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
19/06/2008
Transi
La légèreté de ses gestes,
L'intermittence de ses mouvements,
Comme un feu dans l'âme de l'amoureux,
Attisant la crainte éperdue, affolée, de son absence.
00:36 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Alternatives ... libérales ?
Parcourant distraitement les blogs ce soir j'ai trouvé chez Embruns un test curieux, conçu apparemment par Alternatives Libérales. Il s'agit de tester si nous sommes des libéraux qui s'ignorent ou pas. Histoire de passer le temps, un test de plus ou de moins sur Internet, j'y suis allé. Et le moins que l'on puisse dire est que la chose est édifiante.
Le test se présente d'emblée comme un étalon de notre vision du libéralisme, vite assimilé à notre vision de la liberté d'une façon générale, économie, politique, et domaine social y étant tous abordés. Le décor est planté (et il y a de jolies fleurs violettes sur la bannière en haut pour montrer qu'on est chez des gentils qui aiment la liberté).
Dès la première question le sourcil se fronce. En effet dans les réponses possibles on ne trouve que 3 possibilités : Tout à fait d'accord, plutôt d'accord, pas d'accord. Pas de "plutôt pas d'accord" à l'horizon. De fait donc, 2 réponses sur 3 possibles vont dans le sens d'un accord avec le libéralisme, et une seule dans le sens contraire. Celle-ci étant d'ailleurs une formulation définitive, elle pousse plutôt à ne pas la choisir (les gens sensés savent que sur ces questions "c'est plus compliqué que ça" et ne répondent à mon avis pas souvent d'une façon définitive sur ces points). Premier biais donc.
Enfin, les questions sont formulées d'une façon non neutre, incitant par leurs énoncés à choisir plutôt des réponses allant dans le sens du libéralisme que le contraire. Elles sont toutes exprimées dans le même sens, opinion libérale mise en avant et à partir de laquelle il faut se positionner, et cette formulation est toujours présentée de façon positive. Toute personne qui a un jour construit un test vous dira que pour obtenir des résultats sérieux, il est nécessaire que les réponses fournies n'aillent pas toutes remplir la colonne du même résultat, sans quoi l'attitude du testé est faussée. D'autre part, il est évident que l'enfilement de ces énoncés positifs influence les réponses en créant un halo positif autour des opinions lues par le testé.
Bref, ce test remplit les conditions nécessaires pour être qualifié de manipulation. La chose est encore plus nette lorsque l’on lit les conclusions du test. Pour ma part j’ai obtenu un commentaire disant : « Vous êtes assez libéral mais pas complètement […] Libérez-vous ! ». D’autres obtiennent : « Attention, vous n’êtes pas un ami de la liberté ! Non seulement vous n’êtes pas libéral, mais vous êtes même, par bien des aspects, franchement anti- libéral. Il s’agit de remonter la pente camarade ! ». Les meilleurs eux sont encensés : « Vous êtes un libéral accompli ! ! ! On vous envie cet excellent score, qui reflète une très bonne adéquation à l’idéal de la Liberté. » (Vous aurez noté de vous-même le L majuscule à Liberté). En clair, libéralisme étant associé sans autre commentaire à liberté, le libéralisme c’est bien, le contraire c’est mal, convertissez-vous !
Le plus étonnant c’est qu’au final ce test par sa démarche contredit son objectif. Car qu’est-ce qu’un manipulateur sinon quelqu’un qui cherche à imposer ses opinions de façon sournoise ? Ce que ce test démontre ici c’est que la démarche de ses concepteurs n’est pas de favoriser la liberté, valeur dont ils se drapent superficiellement et qui ne leur sert que de faire valoir, mais bien de favoriser leurs intérêts personnels par des méthodes proches de l’embrigadement intellectuel. Tout le contraire de ce que la liberté suppose réellement.
00:04 Publié dans Un peu de caractère | Lien permanent | Commentaires (16) | Facebook |
18/06/2008
Valeur des compliments
Pendant longtemps j'ai eu quelques soucis avec les compliments, avec ceux qu'il pouvait m'arriver de recevoir pour être exact. Je les écoutais avec un air dubitatif, peu convaincu, méfiant souvent même. Comme s'ils étaient la manifestation d'un avis dépourvu de réalité et derrière lequel il me fallait comprendre quelle opinion réelle la personne qui les émettait avait de moi. La chose était je pense un peu excessive même, tant il était rare qu'ils puissent me toucher, alors qu'à l'inverse des personnes qui m'en disaient pouvaient m'apparaître subitement suspectes au point que je m'éloigne d'elles de façon parfois rédhibitoire. Le sommet fut atteint il y a déjà longtemps, lorsqu’un cousin proche me dit un jour que j’étais quelqu’un qui comptait d’une façon particulière pour lui. Du jour au lendemain j’ai cessé tout contact avec lui. Il m’avait menti, ce n’était pas possible autrement, il s’était moqué de moi. Et il l’avait fait d’une façon si sérieuse que je trouvais cela inacceptable.
Etrange n’est-ce pas ? Mauvais signe même, disons-le, sur ce que cela révélait de ma confiance en moi. Il n’est d’ailleurs pas aisé de revenir de réflexes si profondément ancrés. En gestion du stress heureusement on apprend à accueillir les compliments avec joie et simplicité. Ce n’est que l’interprétation que je faisais de ces compliments qui les rendait suspects, ils ne contenaient rien en eux-mêmes qui justifie mes réactions. Bien sûr lorsqu’une personne nous connaît peu en émet on peut se demander « comment peut-elle me dire un compliment si elle ne me connaît pas ? », mais après tout, même dans ce cas il n’y a pas de raison vraiment valable de le refuser. Cela ne signifie pas qu’on ne peut pas rester humble devant ses manifestations de sympathie, mais rejeter un compliment sans savoir sur quoi la personne le fonde et en inventant soi-même l’interprétation la plus négative possible est déraisonnable.
Revenu donc, enfin encore très partiellement, de mes réflexes anciens, j’accepte désormais plus facilement les compliments lorsqu’ils viennent. Mais pourtant en y songeant à nouveau il y a quelque temps je leur ai vu une vraie limite, ou plutôt une imperfection. C’est que les compliments ne disent que de façon très floue, il me semble, ce qu’une personne pense de soi. Ou, pour être encore plus précis, ils peuvent dire avec une certaine justesse ce qu’une personne pense de soi, c’est-à-dire exprimer la « mise en mot » de l’opinion de la personne sur soi-même mais, las, cette « mise en mot » est un vecteur très imparfait pour dire la profondeur de la relation qui se noue avec l’autre. La vérité la plus proche de ce qu’est une relation, ou de ce qu’elle peut devenir, n’est peut-être pas à chercher dans ces mots, mais plus dans le ressenti intérieur extériorisé par le comportement, et qu’on exprime souvent très peu par des mots car il peut rester essentiellement intuitif et donc aussi inconscient.
Un exemple permettra sans doute de mieux comprendre ce que j’écris d’une façon si ampoulée (le ressenti intérieur extériorisé par le comportement, ça pourrait pas se simplifier par « le comportement » ? Bref.). Imaginons 3 individus qui se côtoient régulièrement. Pour notre exemple, l’un des 3 se pose en juge des 2 autres. Envers le premier il exprime souvent un respect fort, presque teinté d’admiration. Ils peuvent par exemple travailler ensemble, discuter, et toujours d’une façon courtoise et respectueuse l’un de l’autre. Envers le deuxième il n’exprime pas de compliment, mais une complicité naît naturellement, les deux parlent facilement ensemble, s’amusent, font des soirées, finissent amis. Il n’y a pas derrière cette relation de grande admiration éprouvée l’un pour l’autre, mais en revanche une amitié réelle s’est nouée.
Bien sûr cela n’enlève sans doute rien à la sincérité de l’admiration que le premier larron aura pu susciter, mais au final je me pose la question suivante : que valent cette admiration et les compliments qui l’expriment s’ils ne peuvent être la source d’une relation de proximité ? Dit autrement, à quoi bon être admiré et complimenté si l’on ne devient pas ami avec l’autre ? Il reste quoi dans les mains à part le vent des mots ? C’est une situation terriblement frustrante vous ne trouvez pas ?
Je rattache ça un peu à ce que j’ai dû écrire ici il y a déjà pas mal de temps sur l’opportunité de « qualifier » les gens autour de nous, c’est-à-dire de leur attribuer des qualités, des caractéristiques qui les définissent. J’avais rapporté un extrait que je vais reproduire de façon imparfaite pour en rendre juste la teneur (mais je n’ai pas envie de chercher dans mes archives pour retrouver le texte exact) : un père écoute son fils lui parler d’un tiers dont il fait une critique acerbe. « Pas de blasphème ! » s’écrit le père, énervé des paroles de son fils. Puis le fils évoque une autre personne, mais cette fois-ci de façon positive, avec force compliments. Et le père de réagir à nouveau en s’écriant : « Pas de blasphème ! ».
Lorsque l’on qualifie quelqu’un, d’une certaine façon, on le met à distance de nous. On le définit, on le cerne, et on crée ainsi un rempart à la proximité. Dans la philosophie de Lévinas on trouve le fondement de cette idée. Définir quelqu’un c’est réduire et même refuser son altérité, c’est-à-dire son caractère fondamentalement fuyant et insaisissable. La proximité ne s’arrange pas bien de comportements où l’on qualifie les personnes de façon trop précise et surtout trop définitive.
Les compliments sont des choses positives qu’il me semble bon de savoir accueillir avec joie et gratitude. Mais pour ma part je ne parviens pas à les préférer à un échange léger dans lequel je sens la source d’une véritable amitié.
(P.S: une "analyse" comportementale de comptoir dirait sans doute que le signe du pouce levé est le geste le plus proche du coup de poing...)
23:21 Publié dans Un peu d'observations | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
10/06/2008
Une ligne, hum, de plus au palmarès du cyclisme
"C'est un sportif de haut niveau, un jeune confronté à des tentations. C'est d'abord un problème de santé avant d'être un problème de sport. Il aurait dû faire le nécessaire pour être aidé, pour être encadré. Dans le sport et notamment dans le cyclisme, il y a la possibilité de se confier à un spécialiste, à un psychologue. Un sportif de haut niveau peut aussi être en proie au mal-être. A 25, 27 ans, on est vulnérable. Les choses sont complexes compte tenu de son statut et de sa notoriété. La situation dans laquelle il se retrouve rejaillit sur le sport qu'il pratique. Dans l'immédiat, il serait souhaitable qu'il prenne du recul"
17:18 Publié dans Un peu de caractère | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
26/05/2008
Inassouvie
Elle s'endort en rêvant,
Que l'aube ne ramène pas dans sa gorge,
Que l'ombre du connu.
22:34 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
20/05/2008
Papillon
Elle s'arrime au superflu, à l'éphémère,
Cisèle les liens en brindilles,
Pour ne pas se nouer aux autres.
01:10 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
24/04/2008
Présence
Vous qui êtes aimant, prenez-le dans vos bras,
Vous qui êtes sensible et généreux, dites lui un poème,
Vous qui savez la force de la joie, plaisantez avec lui,
Vous qui êtes attentif, cherchez son regard,
Vous qui sentez chaque jour votre force intérieure, accompagnez-le sur un bout de chemin,
Vous qui êtes présent, portez la main à son épaule, sans rien dire,
Vous qui êtes présent, ne l'abandonnez sous aucun prétexte.
(Sur une idée piochée dans le Petit dictionnaire de l'amour, d'Ariane Angeloglou)
23:43 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Avant la présence
Vous, frères humains, hommes, femmes, enfants de fortune,
Approchez-vous et voyez,
Voyez et tendez les bras, tendez,
Tendez les bras et les mains,
Qu'ils jaillissent de vos corps engourdis,
Qu'ils jaillissent,
et crient enfin la douleur, la crainte de ne pas être assez.
Voyez et puisez en vous la source de l'attachement.
La présence de l'âme partagée,
L'ouverture du coeur déjà uni.
23:30 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |