19/04/2007
La légende des comportements: l'agressivité d'angoisse ou d'irritabilité
Dernier type d’agressivité dont je voudrais parler ici, avant probablement de revenir de façon synthétique sur tout ce que j’ai pu dire jusqu’à maintenant sur la notion d’agressivité : l’agressivité d’angoisse ou d’irritabilité.
Dans la situation où un individu est agressé par un autre, la lutte peut ne pas s’avérer être la meilleure solution. S’il perd, cela peut se faire par sa propre disparition. C’est la raison pour laquelle la fuite est souvent l’attitude privilégiée. Mais lorsque celle-ci n’est pas possible, et dans le milieu social, les cas d’impossibilité de fuite sont nombreux, il ne reste à l’individu comme seule possibilité que l’inhibition de l’action.
Nous avons vu que celle-ci stimule la production de glucocorticoïdes, qui elles-mêmes stimulent à leur tour le système inhibiteur de l’action (ou SIA). L’inhibition de l’action est donc un cercle vicieux dans lequel il est parfois bien difficile de sortir. Il en résulte une attente en tension de l’individu, un peu comme le hérisson qui s’arrête net au milieu du jardin lorsqu’on se fait entendre près de lui. Cette attente en tension, dans l’angoisse de l’instant d’après, crée un déséquilibre biologique important, dont j’ai déjà rapporté quelques unes des conséquences les plus importantes.
Pour sortir du comportement inhibiteur de l’action, l’individu n’a pas d’autre solution que de se mettre à nouveau en action, soit par la fuite, soit par la lutte. S’il choisit la lutte, c’est l’intensité de la tension d’attente dans laquelle il se trouvait précédemment, qui va souvent influencer l’intensité de l’agressivité qu’il va alors dégager. Certaines situations d’attente en tension peuvent ainsi aboutir à de véritables explosions de violence. C’est ce que l’on nomme familièrement un « pétage de plomb » lorsque cela intervient à un niveau individuel, et au niveau collectif cela se traduit par certaines émeutes ou révoltes.
Cette agressivité née d’une situation d’angoisse, n’est pas liée à l’inné. En effet, pour avoir lieu, elle suppose que l’individu ait préalablement appris quels « bénéfices » il peut tirer de l’inhibition de l’action, à savoir l’évitement du pire pouvant survenir dans un comportement de lutte : il faut qu’il ait compris que parfois l’action est inefficace voire nuisible. C’est donc un comportement acquis. Que l’agressivité en elle-même puisse être liée à l’inné ni change pas grand-chose, l’agressivité d’angoisse ou d’irritabilité ne pouvant intervenir que si l’individu perçoit qu’il perd moins en s’inhibant qu’en luttant.
Mais comme dans le cas de l’agressivité défensive, l’agressivité liée aux situations d’inhibition de l’action n’est elle aussi qu’un chapitre de l’agressivité de compétition. C’est en particulier le cas concernant l’expression sociale de cette agressivité, puisque l’inhibition de l’action en situation sociale provient quasiment exclusivement de l’ascendant exercé par les dominants sur les dominés.
L’exemple le plus simple, et nombreux sont ceux à l’avoir connu, intervient dans le cadre professionnel, lorsque l’individu est pris entre un responsable hiérarchique tyrannique et l’obligation de conserver son emploi afin de nourrir sa famille. Cette obligation interdit tout comportement de révolte et de lutte face au supérieur hiérarchique. Et puisque l’individu ne peut fuir (puisqu’il doit garder son travail), il entre alors bien souvent en inhibition de l’action. Ce n’est pas un hasard si ce sont les populations les plus pauvres qui remplissent le plus souvent les cabinets des médecins (enfin, oui, quand ils en ont les moyens, c’est vrai).
Il faut bien comprendre, encore une fois, que cette agressivité d’inhibition de l’action, n’est pas une agressivité gratuite. Elle ne sort pas d’elle-même, par un caractère inné chez les individus mis en situation de soumission, qui ne serait dans le fond que des agresseurs en puissance. Elle répond, comme les autres types d’agressivité que j’ai abordés ici, à un besoin de l’individu de sortir d’une position comportementale qui le mène à sa perte. Elle est une réponse. La lutte présente bien sûr un risque, mais lorsque ce risque semble moins fort qu’est sûre le malaise de la soumission, l’individu fait le choix de l’agressivité.
Je voudrais terminer ce billet par une rapide considération sur un phénomène qui me paraît grandissant dans les sociétés modernes : le développement des comportements auto-destructeurs. Lorsque l’agressivité de l’individu en situation d’angoisse ne peut s’orienter vers les autres individus, il va parfois choisir de l’orienter vers lui-même. Il me semble que c’est en partie le cas dans les comportements suicidaires. Je vois également un fondement similaire dans tous les comportements auto-destructeurs liés de près ou de loin à la toxicomanie. L’alcool, la cigarette, toutes les formes de drogues sont des produits dont le niveau de consommation constitue peut être un indicateur significatif de l’agressivité sociale générée dans une société donnée. Je ne veux pas être catégorique sur ce point, mais cela me semble être une piste pas tout à fait ridicule.
Désormais, pour clore cette série, il reste à étudier quelques exemples qui illustrent les points importants que j’ai relevé en m’appuyant sur Laborit. Cela nécessite toutefois un travail un peu conséquent et ce billet de synthèse pourrait ne pas arriver très vite. En tout cas il y a peu de chance que je le rédige demain.
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16/04/2007
La bonté gratuite rend plus heureux
Laurent a laissé un commentaire qui me rappelle un peu aux premières amours de ce blog, que j'ai, je dois le reconnaître,h un peu laissées de côté pour m'adonner de plus en plus à de l'analyse comportementale parfois un peu rude. Mon objectif initial était plus d'apporter aux lecteurs de ce blog quelques outils et quelques pistes fertiles pour être plus heureux, pour mieux gérer leur stress notamment.
Pour être tout à fait honnête, certains de mes textes récents ne sont en fait pas tellement éloignés de cette volonté première. Ceux sur Laborit notamment, car mon intention en les écrivant est, en débroussaillant tout ce qui fausse la vision que nous avons de nous-même, des autres et de nos relations avec eux, de revoir avec clarté qui nous sommes, d'où nous venons, où nous allons, et d'éviter en quelque sorte de se perdre en route. Mais tout cela prend beaucoup de temps, car certaines bases qui me semblent importantes méritent d'être posées avant de revenir aux éléments positifs que nous pouvons y trouver pour nous-mêmes.
Mais bref, revenons à nos moutons. Laurent donc, m'indique en lien un court article qui mentionne les résultats d'une étude menée par Sonja Lyubomirsky, selon lesquels il est en notre pouvoir d'augmenter notre bonheur, de devenir par nos actes plus heureux dans notre vie. Elle mentionne notamment le rôle des actes de bontés gratuits, effectués au hasard, dans cette démarche de recherche du bonheur. Je la cite moi aussi :
"it is possible to lastingly increase your happiness, but this takes work. Through consistent application of intentional activities, such as “random acts of kindness”, we can become happier and stay that way"
Je dois dire que lire cela comme le résultat d'une étude spécifique me réjouit particulièrement. Il est difficile de parfois faire ressentir combien ce type de démarche un peu atypique peut apporter aux gens qui s'y engage. Et nombres de personnes ayant la tête bien ordonnée ne le comprennent pas toujours bien, ou ont du mal à comprendre ces propositions. Pourtant pour ma part je sens intimement tout le bien que cela peut apporter. Agir avec bonté au petit bonheur la chance, de façon anonyme, en se dépossédant de tout ce que l'action peut contenir de soi en tant que tourné vers soi-même, et ne laissant en cette action que la démarche d'un pur don est probablement l'une des choses qui nous fait le plus nous sentir en harmonie avec nous-même, avec notre environnement, avec les autres hommes qui nous entourent.
On ne le fait pas parce qu'on se sentirait stupide, bizarre, un peu "drôle". Mais ces gestes ne coûtant littéralement rien, nous apportant autant, à nous et à ceux envers qui ils sont orientés, il est dommage de s'en priver. J'ai trop souvent le nez dans le guidon, sans doute comme beaucoup d'entres vous. Le travail malheureusement a parfois tendance à nous déposséder de nous-même, de nous écarter de la part de nous que nous aimerions le plus voir grandir. Ce ty pe de geste nous permet de nous recentrer sur ce que nous sommes et sur ces aspirations personnelles qui nous développent plus sûrement que bien d'autres choses.
Ce soir, grâce à Laurent, je sais un partie de ce à quoi mon prochain week-end sera occupé. Qu'il en soit remercié.
23:40 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
En gosse
J’étais tout furibond
Qu’il m’ait poussé dans l’herbe.
Plein d’insultes et jurons,
Rien n’arrêtait mon verbe
Il me poussa encore
Mais je résistai mieux.
Et la lutte des corps
Survint entre nous deux.
Un premier coup parti,
Un bruit sourd sur son crâne.
Un deuxième, puis un cri,
Le tambour et les larmes
Dés alors nous jurions
De ne nous plus parler.
Désormais nous serions
A jamais séparés.
Un instant, un regard
Un silence apaisé
Et le sel de nos larmes,
Sur nos joues, asséché,
Nous fit baisser les armes,
Nos colères calmer
Nous rappelons souvent
Ce souvenir d’enfance,
Regrettant maintenant
Notre tendre insouciance.
Nous étions deux gamins
Chamailleurs enfiévrés,
Lors nous faisions chemin
Vers une longue amitié.
Bon, bof, j'ai pas mal hésité avant de poster. En fait je m'aperçois que je ne suis plus très à l'aise avec les poèmes en rime. Je trouve que ça donne un côté mécanique qui nuit à la valeur poétique du texte, ce qui tout de même est plutôt dommage pour un poème. Je poste parce que je l'ai écris, mais je ne peux pas dire que j'en sois ravi...
15:04 Publié dans Un peu de poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
14/04/2007
La légende des comportements : l'agressivité défensive
L’agressivité défensive est mise en œuvre par l’individu afin de détruire l’agent agresseur qu’il subit. A bien y réfléchir, cette stratégie est, au moins à court terme, la plus efficace pour assurer la conservation de la stabilité de l’individu. En effet, fuir ne garantit pas dans l’absolu que l’agent agresseur ne refasse surface et nous oblige à nouveau à fuir. Alors qu’une fois détruit, il ne saurait à l’évidence plus nous créer aucun dommage. Mais évidemment, cela ne prend pas en compte les représailles qui peuvent parfois survenir par la suite.
Laborit indique que cette agressivité défensive est d’abord un comportement inné, puisqu’il met en jeu ce que l’on appelle le « periventricular system » ou PVS qui met en jeu une batterie de voies cérébrales faisant appel à l’acétylcholine comme médiateur chimique (on dit que le PVS est « cholinergique »). Elle ne devient une agressivité relevant d’un comportement appris que si son résultat a été bénéfique à l’individu qui aura alors mémorisé l’expérience positive vécue suite à cette l’utilisation de cette agressivité défensive. L’activité de sa mémoire pourra alors lui permettre d’effectuer du réenforcement, en faisant appel à la même stratégie pour obtenir le même résultat positif.
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Aparté : j’ai hésité à mentionner dans le court paragraphe qui précède le PVS et son fonctionnement cholinergique, car je ne pense pas que ce point puisse réellement être bien compris, et qu’il apporte quelque chose à la discussion. Finalement, je l’inclus pour expliquer un point comportemental auquel je tiens :
Si je le laissais tel quel, sans cet aparté, il ferait très bel effet dans mon billet, et lui donnerait un caractère savant qui en augmenterait très probablement la crédibilité aux yeux des lecteurs, et partant mon aura auprès de vous. Mais je trouve en fait ce procédé parfaitement factice et trompeur.
Que se passe-t-il à la lecture de ce passage ? Et bien en quelque sorte je donne des gages de ma crédibilité sur cette question, je balise le terrain en intimidant en partie le lecteur, ce qui inhibe la propension qu’il aura à répondre et notamment à s’opposer. En revanche, puisque je suscite son admiration par l’étalage d’un prétendu savoir, j’augmente les chances qu’il s’aligne sur mon discours, utilisant ici à plein le processus de miroir des valeurs qui existe chez chacun de nous : approuver le discours d’une personne savante et reconnue pour ses qualités, et augmenter ainsi sa propre valeur aux yeux des autres (du moins c’est ce qu’on espère). Vous comprenez qu’on est là en plein processus de manipulation. La difficulté est que celle-ci est particulièrement subtile, puisque cachée derrière un discours qui est peut-être réellement savant, et surtout qu’elle est quasiment une auto-manipulation, issue du besoin de reconnaissance que nous avons tous.
Mais ce processus me semble relativement répandu. On le voit notamment dans la propension de certains à constamment citer de grands noms pour exprimer des idées somme toute pas bien compliquées (franchement, citer Voltaire pour dire que quelqu’un qui n’a pas notre avis a tout de même le droit de s’exprimer, j’ai toujours trouvé ça étrange), parce que ces grands noms apportent une grandeur et un caractère inattaquable au discours tenu (« quoi, tu oses t’opposer à Voltaire ? tu te prends pour qui ? »).
Tout ce que je dis ici ne signifie pas que je pense qu’il faut se méfier des discours savants. Ce dont il faut se méfier c’est de nous-mêmes et de notre besoin de reconnaissance qui se traduit parfois par des prises de position à l’aveugle, uniquement faite sur l’aura, sur l’apparence du discours ou du comportement que nous observons. C’est là que le risque d’être trompé se situe. Et il est d’autant plus redoutable que puisque nous nous serons trompés nous-mêmes, il nous sera plus difficile de revenir dessus et de changer d’attitude.
Par exemple, pour ce qui concerne ce billet, je n’ai fait que recopier presque mot pour mot quelques lignes de la Colombeassassinée, déjà abondamment citée ici. Ne vous sentez donc pas en situation d’infériorité de savoir, vous auriez tranquillement pu en faire autant que moi.
Fin de l’aparté
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Cependant, plusieurs expériences montrent qu’en réalité c’est encore la place de l’acquis qui est la plus importante dans l’expression de l’agressivité défensive. Un bébé naissant dans un milieu apaisé montre rarement un comportement agressif. Ce n’est que par l’apprentissage et la mémorisation du succès de ses colères qu’il développera un comportement réellement agressif envers son entourage. Mais on retombe là dans les explications fournies par Xavier chez lui et que j’ai déjà évoquées.
La difficulté d’analyser l’agressivité défensive vient en fait de sa très grande proximité avec l’agressivité de compétition. En effet, il est bien peu aisé de distinguer entre eux les cas d’agressivité défensive, et ceux d’agressivité de compétition. Lorsque le peuple se soulève pour renverser ses maîtres dictateurs, on peut analyser cela comme l’expression d’une agressivité de défense en réponse au joug autoritaire subit, mais également comme l’expression d’une volonté de devenir soi-même dominant, ce qui revient alors à une agressivité de compétition. Pour soutenir ce deuxième angle de vue, je rappelle que ces braves gens mis en capacité à devenir eux-mêmes tyrans à la place des tyrans seraient bien peu nombreux à s’en priver.
C’est toute l’ambigüité du « jeu social » qui s’exprime dans la difficulté à établir cette séparation. Et une partie non négligeable de l’enjeu des réponses que l’on peut donner à l’agressivité des révoltes. Car si celle-ci est une agressivité défensive, l’analyse qui la déculpabilise détient alors une part de vérité qu’on aurait tort de négliger, tandis que dans le cas contraire, il apparaît plus difficile de défendre ces comportements, l’agressivité de compétition pouvant s’exprimer autrement que par des destructions physiques. Mais je compte revenir de façon plus spécifique sur ce point dans mon prochain billet sur l’agressivité d’angoisse et d’irritabilité, celle faisant suite notamment aux situations d’inhibition de l’action. Il me semble qu’une grande partie de l’enjeu social d’unité d’un peuple se trouve là.
P.S: il y a un article intéressant, ici, qui revient en détail sur le fonctionnement biologique du cerveau dans le cadre d'une réponse au stress et à l'agressivité.
13:30 Publié dans Un peu d'analyse comportementale | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
12/04/2007
Prédisposition et déterminisme : court retour sur les propos de Nicolas Sarkozy
"J’inclinerais pour ma part à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie-là. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense"
"1200 ou 1300 jeunes [..] se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité"
23:45 Publié dans Un peu d'actualité et de politique | Lien permanent | Commentaires (16) | Facebook |
La légende des comportements: l'agressivité de compétition
Ce rappel à la prudence étant fait, venons-en au fond. L’agressivité de compétition est un sujet que j’ai déjà évoqué de façon assez détaillée sur ce blog, dans un billet ancien sur la notion de concurrence dans lequel j’avais pour la première fois abordé la question de la gratification, et des comportements, des stratégies que nous mettons en œuvre afin d’obtenir ces gratifications.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez tout simplement aller relire ce billet ancien, et vous contenter de la conclusion de celui-ci. Sinon, voici ce dont il était question.
Nous l’avons déjà abondamment vu précédemment, la première chose à laquelle nos comportements concourent, c’est au maintien de notre équilibre organique, à la perpétuation de la structure vivante que nos différents niveaux d’organisation constituent. C’est ce que Cannon désignait par le terme d’homéostasie, et Freud par l’expression « principe de plaisir ».
Or la recherche de plaisirs passe par la réalisation d’actions gratifiantes, c’est-à-dire par l’obtention de gratifications identifiées dans un espace donné sur lequel nous pouvons agir, et que nous pourrons appeler par la suite le territoire. L’homme lorsqu’il découvre un espace se met d’abord en quête de ce que celui-ci pourra lui apporter pour subvenir à ses besoins et pour répondre à ses désirs. Si le territoire en question ne détient aucune gratification, ou en tout cas que l’homme ne les distingue pas, alors ce territoire ne sera pas défendu, il sera plutôt fuit au profit d’un autre.
Mais lorsque l’homme découvre un territoire contenant les gratifications qu’il souhaite pour lui-même, il élabore par la suite les stratégies nécessaires à la défense du territoire en question, afin de s’assurer l’accès à ces gratifications. Car après avoir fait l’expérience de ce qui le gratifie, sa mémoire engramme dans son cerveau les informations de plaisir et de satisfaction de ses besoins liées à l’obtention de ces gratifications, et il cherche ensuite à reproduire ces expériences gratifiantes, à faire du réenforcement.
La compétition intervient si un autre individu situé sur le même territoire entant s’adjuger les mêmes gratifications que le premier. Lui aussi cherche alors à défendre ce territoire et ces gratifications pour s’en assurer le bénéfice. Dès lors un affrontement va s’engager entre les deux individus, affrontement dont l’objectif est pour chacun d’obtenir une situation de dominance sur l’autre qui lui assurera à lui la part la plus grande et la plus certaine du gâteau. C’est le principe de la compétition.
L’actualité télévisuelle me permet de rebondir sur ce point. Peut-être avez-vous pu regarder hier soir Le sacre de l’homme sur France 2 ? Je n’en ai vu pour ma part qu’une partie, et j’ai été plutôt surpris de voir que le documentaire s’arrêtait longuement sur les jeux de pouvoirs qui étaient nés entre les hommes habitant sur un même territoire, détaillant comment ceux qui avaient pu obtenir les places de dominants mettaient dés lors les autres sous leur joug autoritaire. L’explication se poursuivait jusqu’à la période des premières écritures, montrant comment la connaissance de l’écrit avait pu être utilisée comme une arme de domination, en conservant via les scribes l’exclusivité de ce savoir, qu’ils avaient ordre de ne pas enseigner.
Je ne suis pas paléontologiste, mais cette description me semble effectivement très proche de ce qu’à pu être la réalité du quotidien à ces époques reculées. Tout au plus pourrais-je reprocher au reportage le caractère miraculeux et définitivement rédempteur qu’il semblait associer à la démocratisation du savoir qui aurait suivi l’établissement des premiers régimes autocratiques. On pourrait remarquer que cette démocratisation fut bien lente à s’opérer, et qu’aujourd’hui encore, elle est loin d’avoir aboutit. Mais le documentaire était aussi un exercice de style qui cherchait à retracer quelques grandes lignes, sans être forcé de rentrer dans tous les détails, et il n’est donc sans doute pas très indiqué de lui adresser cette critique.
Revenons à nos moutons. L’homme donc, va chercher à conquérir une position de dominance dans le groupe auquel il appartient, afin de s’assurer l’accès le plus large et le plus sûr possible aux gratifications que contient le territoire. On comprend que cette façon de procéder s’est accompagnée de la sédentarisation de l’homme. En effet, à partir du moment où celui-ci a trouver le moyen de cultiver, de stocker, et donc de trouver sur un territoire donné les gratifications qui satisfaisaient ses besoins et ses désirs dans le temps, il n’eût plus besoin de se déplacer, et ceci d’autant moins que cette sédentarisation facilitait l’obtention de ces gratifications, elle supprimait un facteur de risque et d’incertitude et concourrait ainsi à mieux assurer la survie de l’homme.
En conséquence, Laborit montre que la propriété n’est pas du tout un instinct comme on le dit souvent. Elle est un apprentissage, comme le sont toutes les stratégies et tous les comportements mis au point pour satisfaire nos besoins. La propriété n’est rien d’autre qu’une des tactiques mises au point pour aboutir à ce même résultat.
Il faudrait sans doute quelques développements de plus pour bien faire comprendre l’étendue de l’influence exercée par la notion de compétition sur notre agressivité. J’ai moi-même mis quelques temps pour bien le comprendre. Mais désormais cela me semble quasiment évident : l’essentiel des comportements agressifs vient de la notion de compétition, et s’expriment notamment sous deux formes très nettes : soit un individu en situation de dominé exerce son agressivité afin d’obtenir un statut de dominant qu’il n’a pas soit deux individus de même statut s’affrontent pour décider qui d’entre eux va devenir le dominant. Retournez tous les schémas d’agressivité que vous connaissez, et vous verrez qu’à chaque fois vous tombez dans l’un ou l’autre cas.
Bien sûr, on comprend que cette agressivité de compétition ne s’exerce pas uniquement d’une façon physique, avec un bon pugilat à la mano entre deux ennemis jurés. Elle s’exerce également sous le mode social, plus subtil, dans lequel la mise à mort est parfois plus rude encore que lorsque l’on prend simplement un gnon dans la figure.
Deux exemples permettront d’illustrer ce point. Le premier est celui de la compétition professionnelle, exemple que j’avais d’ailleurs déjà indiqué dans le billet rappelé plus haut. Mettez deux amis d’enfance en situation de compétition professionnelle, c’est-à-dire qui rendent compte au même patron d’un travail similaire, et qui aspirent tous les deux aux mêmes gratifications (reconnaissance du travail effectué, promotion, salaire, etc.). Laissez mijotez quelques mois. Vous retrouverez deux ennemis. J’évoque cet exemple avec d’autant plus de facilité que je vis actuellement cette situation. Je travaille dans la même société qu’un ami de longue date, sur la même mission, avec les mêmes responsables au-dessus de nous. Et bien même avec toute notre bonne éducation et le fait que je sois moi-même particulièrement alerté sur les risques encourus, la situation est loin d’être détendue. Nous ne nous sommes jamais parlé comme des amis le font depuis que nous travaillons sur la même mission, et je pense clairement qu’à ce rythme d’ici quelques semaines il ne restera définitivement plus rien de notre ancienne amitié. Des hommes, ce sont des hommes, et ça n’agit jamais qu’en fonction de sa biologie et de ses apprentissages.
Deuxième exemple, qui va me permettre d’aborder plus particulièrement le cas de l’agressivité spécifiquement masculine : la conquête du partenaire sexuel, et notamment de la femelle. Des expériences scientifiques nombreuses ont montré que les hormones mâles comme la testostérone étaient directement impliquées dans les comportements agressifs. Ainsi, un individu castré soumis à des injections de testostérone se montre beaucoup plus agressif que les autres. De même, une femelle androgénisée puis ovariectomisées, et placées dans un milieu masculin se montre considérablement plus agressive que les autres femelles. Cependant, on remarque que ces éléments hormonaux n’expliquent pas tout, et des expériences ont montré que l’expérience sociale, et notamment l’apprentissage des hiérarchies au sein du groupe avaient plus d’impact sur l’établissement des dominances que les hormones sexuelles.
Je remarque sur ce point qu’historiquement ce sont bien les hommes qui se sont attribués les places de dominants dans la société. Cela vient d’abord, c’est parfaitement évident, de l’héritage de l’établissement des dominances par la force physique, héritage qui n’est sans doute toujours pas dissipé si l’on en croit la violence que les femmes doivent encore subir de notre fait à travers le monde. Celle-ci prend d’ailleurs un nombre de forme qui laisse songeur : violences physiques multiples que l’on constate encore jusque dans les pays les plus développés : violences psychologiques et humiliations dans certains pays musulmans, et d’une façon plus générale, tout le côté très patriarcal de nos sociétés modernes.
Et ces violences ont une particularité importante aujourd’hui : elles s’accompagnent quasiment toutes d’une justification logique, d’un discours expliquant pourquoi il est normal qu’il en soit ainsi : c’est le coran, honteusement détourné par les islamistes ; ce sont les railleries bourgeoises qui fleurissent encore au sujet des femmes au pouvoir ou de leurs compétences politiques. Tout ce langage utilisé désormais dans un but qu’il n’avoue jamais : asseoir une dominance sur l’autre. Je reviendrai sans doute sur son usage lorsque j’aborderai la question de l’agressivité d’angoisse ou d’irritabilité.
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09/04/2007
La légende des comportements: de l'innéité de l'agressivité et de l'agressivité prédatrice
J’ai déjà indiqué dans mon introduction un élément qui permet de bien comprendre ce point. Je le reprends car il me semble important de bien l’intégrer : notre organisme est fondamentalement programmé pour sa propre survie, pour la conservation de son homéostasie, ou encore, pour reprendre l’expression chère à Freud, pour répondre autant qu’il le peut au principe de plaisir. Sa principale raison d’être, c’est de poursuivre dans son être, et ce que nous appelons convictions ou valeurs ne sont trop souvent que les modalités sucrées de notre prise de pouvoir sur les autres et sur notre environnement, afin de nous assurer l’accès aux gratifications qui nous permettent de répondre à ces besoins que nous avons.
Il en résulte que nos comportements, c’est-à-dire nos actions, ne sont rien d’autres que les réponses que nous apportons à ces besoins. Ils constituent les stratégies que nous mettons en œuvre pour nous assurer la possession, ou l’accès privilégié à nos gratifications, à nos objets de plaisir, à tout ce qui nous permet - eau, nourriture, partenaire sexuel, etc. – de nous sentir au sens propre du terme, comblés.
L’agressivité n’échappe nullement à cette analyse. Elle n’est pas un comportement à part, née d’elle-même pour aboutir à elle-même. Pas plus que le reste de nos comportements, elle n’est gratuite. Elle aussi est une réponse aux situations conjoncturelles dans lesquelles nous nous trouvons, réponse le plus souvent mise en œuvre « faute de mieux ». Comportement qui n’est qu’une réponse, avant peut-être, mais nous le verrons plus tard, d’être un appel.
Dés lors, on comprend sans mal que l’agressivité de l’homme a bien peu de chance de puiser ses causes dans l’inné. Car les besoins que nous avons, qu’en tout cas nous nous sentons avoir, n’ont eux que très peu de lien avec l’inné. Reprenez pour vous en convaincre la pyramide de Maslow, et demandez-vous dans les besoins qu’il identifie lesquels peuvent être liés à l’inné. Le besoin de reconnaissance ? Le besoin d’accomplissement ? Ceux-là sont très évidemment des besoins appris, hérités de notre environnement culturel, de l’histoire humaine dans laquelle nous nous inscrivons, mais en aucun cas ils ne résultent de quelque innéité que ce soit.
Mais vous avez sans doute le sourcil levé en songeant que la base de la pyramide de Maslow mentionne avant le reste, les besoins naturel, manger, boire, etc. et que ceux-ci sont probablement peu liés à la culture puisqu’ils sont à l’évidence présent chez chaque être vivant, qu’il soit grec, australien, loup, amibe, ou fougère. Vous avez raison sur ce point, ces besoins là, et l’agressivité qui peut en résulter pour y répondre à quelque chose à voir avec l’inné.
Oui mais voilà, cette agressivité, d’une certaine façon, n’en est pas une, ou pour être plus précis, elle n’a rien à voir avec l’agressivité comportementale telle qu’on la comprend généralement, celle qu’une société se donne pour but de juguler.
Il s’agit ici de l’agressivité prédatrice, celle notamment, qui donne au lion son repas de midi, par la mise à mort de la gracile antilope. Cette agressivité, si nous reprenons la définition que j’ai donné précédemment, porte bien son nom : elle détruit l’objet sur lequel elle se porte, et en ceci son action constitue bel et bien une agression. Mais ce qui ici est fondamentalement différent de l’agressivité humaine sur laquelle notre étude se penche, c’est que cette agressivité ne s’accompagne en rien d’affectivité. C’est une agressivité exercée en quelque sorte en tout oubli de l’objet sur lequel elle se porte, et en réponse pure au besoin du lion de se sustenter.
Je me souviens à cet égard d’un reportage télévisé, dont j’ai d’ailleurs déjà dû parer ici je ne sais plus quand, où l’on voyait lions, zèbres, zèbres et gazelles boire autour de la même mare, sans qu’aucun ne semble s’émouvoir de la présence de l’autre. Bien sûr les gazelles et les zèbres restaient sur leurs gardes, prêts à bondir au cas ou leur prédateur aurait retrouvé l’appétit, mais tout de même la scène était marquante, et tout à fait significative de ce que je souhaitais ici relever : l’agressivité de prédation n’est pas accompagnée d’affectivité, et lorsque la lionne abat ses crocs sur la gazelle, ce n’est pas après celle-ci qu’elle en veut réellement, pas plus que la ménagère n’en veut au bœuf lorsqu’elle va quérir chez le boucher ses entrecôtes.
On remarquera d’ailleurs que dans la très grande majorité des cas, cette agressivité est interspécifique, c’est-à-dire qu’un prédateur l’exerce toujours envers un individu d’une autre espèce que la sienne. Il n’attaque pas ses semblables. Il n’y a que pour conquérir une femelle que des animaux peuvent exercer une agressivité intra-spécifique. Hormis ce cas particulier sur lequel je reviendrai, il n’y a que chez l’homme que l’on trouve un exercice aussi répandu d’agressivité intra-spécifique. Ceci est dû en particulier à la façon dont nous construisons nos sociétés, dont nous nous assemblons, à ce besoin que nous manifestons si souvent d’être les individus dominants du groupe, et à l’usage malheureusement encore bien trop inconscient et mensonger que nous faisons du langage. Mais nous verrons tout cela une prochaine fois.
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05/04/2007
Nicolas Sarkozy et les singes de Delgado
Il y a deux choses qui me semblent intéressante à relever dans son compte-rendu. D’abord, et c’est certainement ce point qui sera principalement repris par la presse, les propos tenus par Nicolas Sarkozy concernant la prédestination génétique des individus.
Je reprends pour en rendre compte de façon synthétique, le même extrait que Le Monde
"J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense."
Cette vision, contredit une grande partie des recherches tant dans le domaine génétique que dans les disciplines de sciences humaines. Sarkozy peut donc s’attendre ici à recevoir une petite volée de la part du monde scientifique. Je ne compte pas revenir de façon détaillée sur l’impact génétique sur nos comportements. Il me semble avoir déjà démontré à mainte reprise que celui-ci était minime.
Il me suffit de rappeler succinctement, que jamais un bébé laissé à l’abandon sans la moindre possibilité d’expérimenter ce qui fait le monde humain (le rapport avec les autres essentiellement) ne se construira d’une façon que nous jugerions « humaines ». Il ne pourrait au mieux que devenir une sorte de sauvage, totalement inapte à la civilisation, mais les comportements humains de sociétés lui seraient parfaitement étrangers. L’inné encore une fois n’est qu’un potentiel, bien difficile à évaluer d’ailleurs. C’est l’apprentissage qui peut lui donner sa valeur. Il suffit pour s’en convaincre de remarquer qu’un enfant né de bonne famille mais élevé dans une famille pauvre n’aurait que très peu de chance de « réussir » socialement, alors qu’un enfant né d’une famille pauvre mais élevé dés son plus jeune âge dans une famille aisée suivrait exactement le chemin inverse. Mais je ne vais pas réécrire le scenario de La vie est un long fleuve tranquille, n’est-ce pas ?
Cette vision que rapporte Sarkozy, et Michel Onfray le rappelle, constitue l’une des bases de divergence philosophique fondamentale entre la gauche et la droite politique. Impossible ici de faire court sans caricaturer, mais en gros la droite s’accroche volontiers à la notion de l’inné, tandis que la gauche est plus attachée à celle de l’acquis. Parce que l’inné est ce qui permet de poser de façon simple des valeurs sur les personnes, et de les juger à l’aune de principes moraux, de mérite, etc. Et également d’agir de façon pragmatique, c’est-à-dire en faisant « avec ce qu’on a », et non avec ce que l’on peut espérer. Alors que l’acquis suppose une projection dans le temps, une évolution, un changement de l’homme. C’est la base de l’idéalisme où il n’est pas question de ce que l’on est, mais de ce que l’on peut devenir.
Je ne m’attarde pas plus sur ce point. Onfray le développe plus, et bien mieux que moi dans son billet. Et une littérature sans doute riche en rend compte pour ceux qui sont curieux. Ne m’en voulez pas trop si je suis un peu fainéant, mais si je voulais faire quelque chose de convenable à ce sujet, il me faudrait des heures.
Le deuxième point qui m’intéresse, c’est le comportement général de Sarkozy lors de cet entretien : son agressivité. Evidemment, il est tout à fait possible que celle-ci soit plus le résultat d’une mauvaise journée et de circonstances désagréables pour lui que d’autre chose. Mais l’article d’Onfray confirme une impression générale que le personnage Sarkozy véhicule il me semble : celle d’un individu agressif. Sans doute pas physiquement parlant, mais verbalement. Qu’il soit à la télé, ou ailleurs, c’est souvent l’impression qui se dégage de lui. Il me semble que c’est en grande partie ce qui explique la méfiance particulière qu’on entend s’exprimer contre lui.
On aurait très certainement tort de penser que les autres candidats, en tout cas ceux qui peuvent croire à la victoire, n’expriment aucune agressivité dans leur comportement, mais Sarkozy me semble être celui chez qui cette agressivité est la plus forte, en tout cas à tout le moins la plus visible.
Je voudrais à ce titre évoquer ici, de façon un peu provocatrice je le reconnais, une expérience menée par le physiologiste Jose Delgado (eng) sur des singes. Delgado s’est rendu célèbre en posant des implants électroniques dans le cerveau d’animaux et en parvenant, à l’aide de consoles radios, à guider et modifier les comportements de ceux-ci. Son expérience la plus célèbre a eu lieu à Cordoue avec un taureau de corrida, qu’il a pu stopper net alors que l’animal se ruait sur lui.
Delgado a également réalisé des expériences sur des singes, pour étudier leur comportement agressif et trouver les moyens de le modifier. Il a ainsi montré, qu’un groupe de singes ayant appris à stimuler à l’aide d’un appareil électrique, la zone de leur cerveau qui régule leur niveau d’agressivité, utilise cet outil pour jouer à monter et descendre dans l’échelle hiérarchique du groupe. En effet, plus les singes stimulaient leur agressivité grâce à l’engin, plus ils montaient dans l’échelle hiérarchique du groupe. Les singes qui étaient normalement les dominés accédaient au statut de dominant grâce à quelques stimulations. Et ceux qui étaient normalement les dominants, se voyaient alors dépassés dans l'échelle hérarchique du groupe par les autres, pour devenir à leur tour des dominés. Ayant compris le truc, les singes l’ont apparemment abondamment utilisé pour modifier leur rang et leur statut de dominant ou de dominé dans le groupe.
La conclusion de l’expérience de Delgado est simple et claire comme de l’eau de roche : c’est l’individu le plus agressif du groupe qui en devient l’élément dominant. En tout cas c’est le cas chez les singes sur lesquels l’expérience fut conduite.
Bien sûr, il y a une limite à l’analogie de ce type d’étude éthologique avec la nature humaine. Et ceci même si les animaux étudiés sont ceux dont nous sommes les plus proches. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a dans cette étude une vérité que l’on peut rapprocher du vade mecum de l‘homo politicus. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’idée est si largement répandue que la politique, ce n’est pas le monde de Candy et des idéalistes évangéliques. Les nombreux cyniques qui officient en tant qu’analystes dans cette discipline, en sont bien pétris.
En l’état je ne vois pas bien comment ce phénomène est évitable. Les hommes politiques n'ont guère de chance d'exister aux yeux du grand public s'ils n'ont pas une forme d'agressivité comportementale qui leur fait vouloir être sur le devant de la scène, vouloir le pouvoir, vouloir être des dominants. D’une certaine façon, ce n’est là que le reflet du schéma de construction de nos sociétés modernes, qui se sont faites en grande partie à partir de l’agressivité de compétition (j’aborderai ce point plus en détail prochainement).
01:07 Publié dans Un peu d'actualité et de politique | Lien permanent | Commentaires (13) | Facebook |
04/04/2007
L'agressivité - définition
19:30 Publié dans Un peu d'analyse comportementale | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
03/04/2007
Enfin un blog qui schtroumpf sur les élections présidenschtroumpfs !
14:45 Publié dans Un peu du nombril des blogs | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |