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06/03/2007

Le libre arbitre et la question du caractère chez Schopenhauer

medium_caract.htm_cmp_arcs110_vbtn.gifJe reviens donc comme prévu sur la question de la connaissance, par un biais assez différent de celui abordé plus tôt aujourd’hui, puisque je vais revenir un peu sur l’Essai sur le libre arbitre de Schopenhauer.

 

Dans son livre, Schopenhauer revient notamment sur un élément clé de sa démonstration contre le libre arbitre : celui du caractère. Son idée en effet, est que nos comportements résultent à la fois de notre caractère, sorte de noyau identitaire par lequel on pourrait définir notre être, et des circonstances, dans lesquelles ce caractère qui est le nôtre nous fait mettre en œuvre telle ou telle réponse comportementale aux situations que nous vivons.

 

Schopenhauer, adversaire de cette illusion qu’est le libre arbitre, avance dans son argumentation qui me semble toutefois étrange, sinon erroné : celui que ce caractère que nous avons, ce noyau, est chez chacun de nous parfaitement immuable, et qu’en conséquence, mis en face des mêmes situations, nous ne pourrions guère agir d’une façon différente entre une période et une autre. Il écrit ainsi :

 

« Le caractère de l’homme est invariable. Il reste le même pendant toute la durée de sa vie. Sous l’enveloppe changeante des années, des circonstances où il se trouve, même de ses connaissances et de ses opinions, demeure, comme l’écrevisse sous son écaille, l’homme identique et individuel, absolument immuable et toujours le même. » Pour Schopenhauer donc, l’idée qu’un homme peut réellement évoluer, et se changer lui-même, n’est qu’une illusion. Il laisse toutefois, après ce paragraphe, la porte un peu ouverte pour que quelques détails en nous puissent se mouvoir, mais si jamais nous parvenons, dit-il, à modifier une fois notre comportement, ce n’est que pour replonger bien vite dans ce que nous sommes fondamentalement et qui jamais n’a réellement bougé.

 

La seule chose que nous puissions réellement changer en nous, ce n’est dans le fond pas notre caractère, mais seulement notre connaissance. C’est-à-dire qu’il nous est possible d’apprendre à utiliser de meilleurs moyens, plus efficaces, de parvenir à nos fins, mais que cet apprentissage ne change rien à notre caractère qui nous fait toujours vouloir la même chose, peu importe que nous ayons appris une nouvelle manière de l’obtenir.

 

On peut tenter un exemple simple pour illustrer ce point : celui des divers moyens de motivation dont on peut être amené à user pour influencer une personne à agir conformément à nos souhaits. Les plus célèbres sont la carotte et le bâton n’est-ce pas ? Traditionnellement nous serions assez portés, après avoir vu une personne user de menace, puis promettre telle ou telle gratification en remerciement de l’action souhaitée, à estimer que celle-ci s’est donc bien adoucie, et qu’en ceci, elle a changé. Alors que son fond reste parfaitement identique, puisque l’objet de sa quête n’a varié en rien, et que si ses moyens pour y parvenir nous sont moins odieux, elle n’en est peut-être pas moins prête à tout, mais sous une nouvelle forme, pour obtenir son gain.

 

Ainsi donc, la connaissance modifiée des choses, est un facteur susceptible de nous faire changer de comportement. Pour ma part, je crois même, comme je le disais ce matin, que c’est elle qui est fondamentalement en cause dans notre façon de réagir à telle ou telle situation.

 

Mais ce redressement qui a lieu ne concerne, selon Schopenhauer, que notre connaissance. Notre caractère ne s’en trouve lui aucunement modifié, et il reste invariablement identique.

 

Je trouve cet argument de Schopenhauer assez étrange. Sa démonstration d’ailleurs m’apparaît assez embrouillée, lorsqu’il s’embarque dans l’explication de certaines de nos croyances populaires, comme celle d’un mal rattaché pour toujours à un homme, lorsqu’une seule fois il a commis un méfait : « voleur un jour, voleur toujours », rappelle-t-il, ou encore lorsqu’il indique que trahis par un proche nous disons toujours que celui-ci nous a abusé, plutôt qu’il a changé.

 

Schopenhauer me semble ériger ici un simple biais subjectif en principe universel. Et ceci sur une seule base : celle que notre caractère n’est en réalité que ce noyau ontologique qui nous définit, et qui jamais ne saurait changer.

 

Ce que je ne vois vraiment pas dans cette démonstration qu’il fait, c’est d’où sort ce moi mystérieux et immuable qui, selon lui, nous définirait. A part à l’expliquer par la magie ou le paranormal, je ne vois aucune façon d’en rendre compte. Et on ne saurait en aucun cas dire que ce caractère évoqué par Schopenhauer est constitué par notre capital génétique puisque celui-ci n’est qu’un potentiel, lors qu’un caractère renferme en lui la notion d’une chose qui a déjà émergé, qui s’est réalisée.

 

Schopenhauer ignore en fait totalement le rôle joué par la mémoire dans la constitution de ce que nous sommes. Il s’égare à mon avis dans une vision formatée de l’être, qui voudrait que l’homme soit constitué d’un noyau individuel incorruptible qui constituerait son identité propre et à nul autre pareil. Quand notre « personnalité » n’est en réalité issue que des expériences qui parcourent notre vie, des émotions que nous leur rattachons, et des moyens comportementaux que notre éducation aura mis à notre portée pour atteindre nos objectifs. Il n’y a en nous aucun noyau, aucun caractère primordial qui persisterait en nous et ferait de nous des rocs immuables et répétant inlassablement les mêmes choses dans les mêmes situations. Nous sommes avant tout autre chose des cerveaux qui sentent, ressentent, et travaillent ces matières premières que sont les sensations et les sentiments pour les transformer en actions (la pensée étant à mon sens un mode d’action). Des éponges si vous préférez, plus ou moins absorbantes d’un individu à l’autre.

 

D’une certaine façon, on doit d’ailleurs considérer alors que nous n’avons pas réellement de caractère. Ce terme ne nous sert en fait qu’à enfermer les autres dans la compréhension que nous cherchons à nous faire d’eux. Et à ce qu’ils s’enferment eux-mêmes dans la représentation qu’ils se font de l’image que les autres se font d’eux (ce n’est pas dit très simplement, mais je ne vois pas comment faire mieux). Le caractère est lui aussi un terme par lequel nous simplifions et réduisons les autres aux limites qui sont les nôtres de les comprendre.

 

J’en termine donc sur cette question de la connaissancen en espérant ne pas avoir être trop confus et nébuleux. Il me reste le dernier billet de cette série sur le libre arbitre à écrire, par lequel, je tenterai en effet de sauver la notion de responsabilité, en dépit du sort que je me serai acharné à faire au libre arbitre. Pour cela, nous devrons, comme certains l’ont pressenti, passer par la question de l’identité. Et rappeler un fondement de gestion du stress : la différence irréductible qui existe entre être, faire et avoir.

 

P.S: il y a une sorte de petite plaisanterie dans ce billet. Un peu à trois bandes, donc sans doute plutôt ratée. Je me demande tout de même si l'un de vous la verra. 

 

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05/03/2007

Le libre arbitre et l'ignorance

medium_point-d-interrogation.jpgLe 5ème billet prévu dans ma série sur le libre arbitre doit aborder la question de la connaissance. Pour être franc, ayant maintenant un peu de recul sur ce que j’ai produit sur le sujet du libre arbitre, je ne suis pas sûr que ce que je voulais dire sur ce point spécifique de la connaissance soit franchement déterminant et mérite plus qu’un court détour. Mais je vais tout de même me tenir au programme que je me suis fixé, et vous entretenir durant quelques courts paragraphes de cette question.

 

Mon idée sur ce point est que nos actions sont souvent bien plus le reflet de notre ignorance que de notre volonté. Dit autrement, si nous en savions plus sur les événements dans lesquels nous nous trouvons, sur les causes qui les provoquent, sur celles qui peuvent conduire aux effets que nous souhaitons, et bien nous agirions souvent d’une façon toute autre que celle que nous mettons en œuvre.

 

Dit encore d’une autre façon, il me semble que si l’on y réfléchit bien, en supposant que chaque homme ait une connaissance parfaite en toute chose, je ne vois pas de raison pour que ceux-ci, plongés dans des situations identiques, agissent de façons différentes. Car je prends pour acquis que fondamentalement nous aspirons tous à la même chose : le bonheur. Si donc, nous avions tous acquis une connaissance parfaite des moyens d’y parvenir, des comportements qui y donnent accès, je ne vois pas de bonne raison qui pourrait expliquer la si grande diversité de nos comportements d’un individu à l’autre.

 

On m’objectera probablement que cette vision des choses ignore totalement la notion de caractère. Et que Jean n’ayant pas le même caractère que Sophie, il est incorrect de prétendre que, tous deux placés dans une situation identique, agiraient de la même façon. Car notre comportement est bien la résultante de la façon dont nous (en fonction de notre caractère) interprétons et interagissons avec notre environnement. Et que leurs causes ne peuvent donc être réduites aux influences des circonstances, ce que mon paragraphe précédent pourrait laisser croire.

 

Mais même sur ce point, mon idée me semble valide. Car une connaissance parfaite des choses, par définition, ne peut être qu’une. C’est-à-dire qu’il ne peut en exister plusieurs. C’est l’essence de la notion de perfection que d’interdire la diversité. Puisque tout écart, tout changement vis-à-vis de cette perfection, quand bien même celle-ci ne serait qu’une hypothèse d’école, ne peut qu’être une dégradation, une corruption de cette perfection. Ou alors c’est que l’élément dont on s’est écarté n’était pas la perfection.

 

La diversité de nos caractères n’indique donc que leur imperfection. Ce qui signifie in fine, qu’ayant une connaissance parfaite des choses, on doit probablement supposer que nos caractères eux-mêmes seraient identiques, bien qu’on les perçoit toujours comme étant en nous comme des noyaux identitaires intouchables. D’ailleurs pour enfoncer le clou, nos caractères ne sont en réalité que la résultante de notre éducation, de ce que notre environnement à mis en nous. Or ces éducations, si elles étaient imprégnées d’une connaissance parfaite de ce qui vaut le mieux pour nous, n’auraient pas de raison d’être différentes. Et partant, elles formeraient probablement en nous les mêmes caractères.

 

Qu’on ne se trompe pas sur mon compte toutefois. Cette analyse n’est bien évidemment qu’un cas d’école, qu’un point de vue théorique pour montrer en quoi notre ignorance entre en jeu dans nos comportements. Je ne cherche ici qu’à montrer en quelque sorte que c’est plus la question de la connaissance que celle de la volonté, qui permet d’expliquer et de rendre compte de nos actions. Rien d’autre. Et en aucun cas je ne prétends qu’il serait souhaitable que nous ayons tous une connaissance parfaite des choses, et que nous ayons tous les mêmes comportements dans une situation donnée. Tout d’abord je ne crois pas une seconde qu’une connaissance parfaite de toute chose, et même d’une seule, soit un jour possible à quiconque, et l’éventualité que nous nous mettions à tous agir de la même façon dans des situations identiques ne m’enthousiasme guère.

 

Je vais revenir rapidement sur cette question de la connaissance, en refaisant un petit tour par l’ouvrage de Schopenhauer que j’ai indiqué dans mon billet précédent, en partant d’un angle très différent, qui critique une des positions qu’il tient dans son livre.

 

 

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01/03/2007

L'âne de Buridan et le dilemme du choix

medium_buridan1.jpgCe qu’il y a de terrible avec les séries, c’est qu’on les lance guilleret, en songeant à tout ce qu’on pourra y écrire d’intéressant et d’indispensable à la vie des gens, mais qu’une fois qu’elles sont entamées, on n’en voit pas la fin. C’est un peu le cas actuellement de ma série sur le libre arbitre, qui devait pourtant initialement être « courte ». D’aucun penseront sans doute que c’est le signe que je suis à court d’argument. Mais en fait, durant les précédentes semaines j’ai surtout été à court de temps, et, je dois bien l’avouer, à court d’envie d’écrire sur ce blog.

 

Mais mes lectures me relancent un peu sur le sujet, et j’en profite donc.

 

Aujourd’hui, le point que je voudrais donc aborder est celui du choix. La thèse centrale des tenants de l’existence du libre arbitre est que dans le fond, nous sommes capables d’exercer notre volonté librement, ce qui est selon eux prouvé par notre aptitude à effectuer des choix aléatoire, dénués de liens d’intérêt. On résume cela par une formule simple : la liberté d’indifférence, à savoir la faculté de rester indifférent à tout motif censé influencer nos actes, et de n’effectuer nos choix que mus par une volonté purement libre.

 

Cela présuppose donc la possibilité d’exercer notre volonté sans que celle-ci ne dépende de rien. Comme si elle était en quelque sorte sa propre cause. Un billet n’est pas très approprié pour rentrer dans tous les détails de cette question, mais il me semble relativement clair que cette supposition d’une volonté cause d’elle-même est pour le moins douteuse.

 

Dans le fond, l’argument qui fonde cette idée est que dans toute situation nous sommes aptes à choisir de multiples voies, différentes les unes des autres, et ce seul fait montre bien que nous sommes libre de nos actions. Lorsque le soir je quitte le travail, je peux très bien rentrer directement chez moi, ou partir me promener, ou aller boire un verre avec des amis, ou même encore partir pour l’aéroport et un faire voyage impromptu, entamer une traversée de la France à pied, ou en faisant des roulades tout le long du trajet. Bref, tout cela, je le peux.

 

Mais on voit bien, et j’ai pris exprès des exemples improbables pour que l’on s’en aperçoive clairement, qu’il y a là un petit problème dans l’usage que nous faisons de ce mot : pouvoir. Car le fait qu’un scenario entre dans le champ des possibilités qui me sont ouvertes à un instant t ne dit absolument rien sur la capacité qu’à ma volonté à s’extraire des motifs extérieurs qui m’influencent lorsque j’établis mes choix. Autrement dit, oui, je peux faire tout cela, mais pourtant, dans la très grande majorité des cas, je vais « choisir » de rentrer directement chez moi car je suis fourbu.

 

Et là encore, le fait que je ne sois parfois pas capable de distinguer clairement quels sont les motifs qui interviennent dans l’influence de ma volonté ne dit rien non plus quant-à l’indépendance de celle-ci vis-à-vis de ces motifs.

 

Schopenhauer a écrit un petit livre très instructif sur cette question, l'Essai sur le libre arbitre, d’où je tire la conclusion qui me paraît la meilleure quand à cette question du choix : dans une situation donnée, le choix que nous faisons est le strict reflet de l’importance des motifs qui interviennent en nous. Le plus fort l’emportant globalement sur les autres (mais lisez le reste, là c’est vraiment très, très partiel comme compte-rendu).

 

La question à résoudre est donc plutôt de comprendre d’où proviennent nos choix. De quoi sont-ils le fruit ?

 

Pour répondre à cette question, et comme je me l’étais proposé en introduction de cette série, je propose de séparer l’analyse en deux cas distincts : les choix portant sur des alternatives sans importance, et celui portant sur des alternatives importantes.

 

Le premier cas est le moins clair puisque c’est celui où l’on ne saura pas identifier les motifs de nos actions. Mais dans le fond la réponse n’est pas très complexe pour autant et elle est même quasiment déjà contenue dans la première phrase du ce paragraphe : c’est l’inconscient qui intervient principalement à ce niveau. Sinon, nous saurions identifier ces motifs qui interviennent. Ce sont donc nos mécanismes inconscients, nos habitudes comportementales ancrées en nous, qui font que nous allons par exemple démarrer la journée en posant le pied droit plutôt que le gauche. D’ailleurs, j’ai déjà remarqué sur ces pages que si nous parvenions à prendre un peu de recul sur ce moment d’absence que nous avons presque tous au lever, nous nous apercevrions que nous posons toujours le même pied en premier par terre.

 

Le deuxième cas n’est pas très compliqué à résoudre non plus. Lorsque les alternatives nous paraissent d’importances différentes, il est bien évident que c’est l’alternative la plus lourde de conséquence, que ce soit en plaisir ou en déplaisir, qui est prise en compte en priorité. En fait le seul vrai cas qui pose problème est celui du type du dilemme de l’âne de Buridan.

 

La petite histoire de ce dilemme est que l’âne de Buridan, se trouvant à égale distance d’un picotin d’avoine et d’une écuelle d’eau, attribuant la même valeur à l’un et à l’autre, ne sait vers lequel se diriger en premier. Et ainsi perdu dans les méandres d’une alternative insoluble, il finit par mourir entre les deux, en n’ayant pas pu esquisser le moindre pas. La thèse du libre arbitre dit ici que l’homme se distingue en ceci de l’âne du Buridan qu’il est lui bien capable d’effectuer un choix, au hasard entre le picotin et l’écuelle, ce qui va lui permettre au final de goûter aux deux et dons de ne  pas mourir.

 

Mais il y a deux erreurs dans ce raisonnement. La première c’est qu’un cas où deux alternatives seraient de très exacte importance à nos yeux ne restera jamais qu’un cas d’école, qu’une expérience théorique, et que la réalité ne nous proposera jamais rien de tel. Si nous estimons à tel ou tel moment que c’est le cas, c’est là encore uniquement le signe que nous sommes aveugles quant-à l’impact des motifs qui nous influencent. Le seul fait que deux choses soient différentes suffit pour que leurs caractères nous soient eux aussi différents. Peut-être n’est-ce pas toujours très marqué, mais cette différence suffit à rendre inopérante l’analyse par l’âne de Buridan.

 

La deuxième erreur que l’on commet ici est que l’on transforme une anecdote pour l’esprit en expérience réelle, en supposant qu’il existe bien un âne incapable de déterminer un mode d’action lui permettant d’accéder à la fois au picotin et à son eau. En fait, on évoque trompe le cours du raisonnement en positionnant une conclusion (l’âne de sait pas choisir) en hypothèse. Et comme par enchantement, on conclut par l’idée même qui nous a servi de point de départ. Quelle surprise. On voit bien là dans quels pièges nous sommes parfois susceptibles de nous emmener nous-mêmes si nous ne prenons garde à l’usage que nous faisons des mots. L’anecdote de l’âne de Buridan, donc, n’est dans le fond qu’une imposture, une manipulation de l’esprit (mais probablement une manipulation sincère, car faite en toute inconscience de ce qu’elle est).

 

Pour conclure, je dirai en quelques mots que ce qui guide nos actions, c’est, comme le disait Schopenhauer dans le petit livre indiqué plus haut, la combinaison des motifs extérieurs qui existent au moment où nous avons à choisir (l’espace dans lequel nous nous trouvons, le temps, etc.), et de nos motifs intérieurs (notre éducation, nos habitudes, nos goûts, etc.). Mais à aucun moment notre volonté ne peut agir en étant dégagée de ces motifs. Il n’est donc pas interdit de se demander s’il s’agit bien là d’une volonté. En quelque sorte, il ne pourrait y avoir de volonté que celle qui consisterait à vouloir vouloir.

 

Je ne m’aventure pas plus loin sur cette question, bien que je sois conscient que ce billet porte sans doute plus de questions que de réponses. Je renvoie toutefois encore au petit bouquin de Schopenhauer qui est à la fois clair et bien écrit. Il y a toutefois un point sur lequel je ne suis pas d’accord avec lui. Celui qui veut que nos motifs intérieurs, nos déterminismes propres, ne changent jamais et ne peuvent produire, à toute époque, que les mêmes résultats. Cela me semble ignorer complètement le rôle de l’apprentissage et de la mémoire dans notre construction personnelle. J’y reviendrai peut-être plus tard.

 

 

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28/02/2007

Ah tiens ?

Via Paxa, je trouve un petit test rigolo qui m'apporte enfin une lueur sur le choix que je devrai faire en avril prochain. 

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Dominique, sincèrement, je n'y avais pas pensé. Remarquez, si j'en crois le site, les candidats suivants auxquels je ressemble le plus, et qui se tiennent dans un mouchoir de poche, sont Marie-George Buffet, Ségolène Royal, et Nicolas Miguet. C'est plutôt épatant de ressembler au même point à toutes ces personnes en même temps non?

 

Si vous voulez tester vous aussi, c'est ici.

27/02/2007

Un ou deux trucs sur la récente enquête de l'IFOP

medium_Graphique2.JPGComme le disait Le Monolècte récemment avec justesse, le premier parti de France reste aujourd'hui encore, et c'est bien navrant, l'abstentionnisme. C'est en tout cas ce qui ressortait clairement des résultats du premier tour lors de la dernière élection présidentielle. J'ai repensé à cette information lorsque j'ai lu la dernière enquête de l'IFOP qui témoignait entre autres choses de la montée en puissance du candidat Bayrou dans les intentions de vote.

 

Evidemment, je prends tout ça un peu en retard, mais après tout c'est déjà une habitude bien ancrée ici, et puis je peux faire chic en disant que j'ai ainsi pris le temps de prendre du recul face aux chiffres présentés.

 

L'info principale de ladite enquête donc, c'est que Bayrou, l'emporterait tant face à Royal que face à Sarkozy s'il était présent au second tour de l'élection. Ce résultat constitue tout de même une vraie surprise lorsqu'on constate simultanément qu'au premier tour, le même Bayrou serait devancé de 10 points ou plus par les deux mêmes candidats. Il me semble que l'on peut tirer quelques informations intéressantes de cet apparent paradoxe. Et même si je suis en retard sur ce coup, et qu'on ne m'attend franchement pas sur ce terrain, hop, je les tire.

 

Tout d'abord, on sait que le premier tour est celui de l'adhésion. C'est-à-dire celui où les électeurs se positionnent vers le candidat qui répond réellement de la façon la plus proche à leurs aspirations. Le deuxième rempli moins cette fonction et constitue plus un choix par défaut. C'est là où réside pour moi la véritable information des chiffres de l'IFOP. Bayrou ne réunit pas un nombre de votes d'adhésion suffisants pour prétendre au deuxième tour, et pourtant il l'emporterait dans toutes les configurations s'il y était. Le second tour ne serait donc pas pour Bayrou non plus un vote d'adhésion. Mais il serait bel et bien un vote de rejet de l'autre candidat.

 

Ce résultat montre que les personnes qui feraient alors pencher la balance en faveur de Bayrou sont clairement dans une stratégie d'opposition au candidat "mainstream" opposé, plus que dans une stratégie d'adhésion au leur. Ce qui n'est guère réjouissant et montre encore une fois, s'il était besoin, qu'il existe une vraie désaffection des personnes envers la politique telle qu'elle est menée dans notre pays. L'enquête du CEVIPOF de l'an dernier avait montré cela de façon très cru puisque 2/3 des personnes interrogées disaient alors leur divorce avec les deux grands partis. Cela conforte à mon avis le fait que leur position n'est pas une adhésion à celui pour lequel ils se déclarent favorables mais plus un rejet de celui d'en face.

 

 

Il me semble aussi que l'écart fort que l'on constate au premier tour entre Bayrou et les autres est dû pour une part significative à l'application du vote utile par une certaine frange d'électeurs: celle qui ne défend pas de façon militante l'un ou l'autre, et est encore sujette à un changement d'humeur, celle donc, qui au final décide du résultat de l'élection.

 

Les chiffres de l'enquête IFOP montrent visiblement que sur l'ensemble des personnes se prononçant, la grande majorité entend établir son choix sans prendre en compte le vote utile. Mais il me semble qu'une lecture fine indique que cette majorité est principalement constituée des électeurs ayant déjà fait un choix définitif de candidat, et que ceux qui restent en partie indécis, sont eux plus prêt à utiliser le vote utile. Ce qui signifie in fine que le vote utile aura bien un impact important sur cette élection.

 

C'est probablement là que se situe la limite des chances de Bayrou, et en passant également de Le Pen, puisqu’ils vont bien devoir affronter l'obstacle de ce vote utile s'ils veulent être au deuxième tour.

 

 

Et pour en finir là dessus, je ne crois pas du tout à la présence de Le Pen au second tour cette année. Mais dans le fond, savoir qu'il fera encore un score d'environ 15%, même si cela est insuffisant pour créer un nouveau séisme, suffit déjà bien assez à m'assombrir.

 

 

 

 

 

aaah, ben nous voilà plus avancés là. On dit merci qui?

26/02/2007

Deux idées sur l'accompagnement

Bruno, Quoique pour ses anciens lecteurs, a réagi à quelques reprises sur mon blog lorsqu’il m’est arrivé de parler de la notion d’aide. Il en a proposé une reformulation que j’aime bien : plus qu’une aide, c’est un accompagnement qu’il s’agit d’apporter aux personnes en difficulté. Cette façon d’envisager les choses me semblent effectivement apporter beaucoup à la relation que l’on entend alors nouer.

 

Cela permet d’abord de rester dans une relation d’égal à égal avec la personne accompagnée, ce qui est un des points qui me semblent les plus importants. J’avais indiqué dans mon étude sur ces questions qu’en effet la relation de dépendance, entre ce que j’appelais alors aidant et aidé, faisait prendre un double risque : celui d’humilier la personne aidée, et donc de prendre le risque qu’elle refuse cette aide qui l’abaisse, et également qu’en créant une dépendance trop forte on la privait de ces propres armes, de la maîtrise de son propre chemin qu’il lui faudra pourtant bien retrouver un jour si l’on entend que l’aide qu’on lui a apportée soit réellement efficace. Car au bout du compte ce sera bien à elle, dans la plus grande mesure possible, de reprendre les rennes.

 

La notion d’accompagnement donc, permet d’appréhender ces relations d’une façon probablement plus sereine pour les personnes y intervenant, plus riches aussi, car elle par de l’idée d’un échange entre les personnes.

 

Je voudrais aujourd’hui proposer deux idées qui me sont venues au sujet de l’accompagnement, et sur la façon dont il me semble possible de le mettre en place : d’abord ce que j’appelle l’exemplarité comportementale, puis une notion qui me tient de plus en plus à cœur, et sur laquelle je prévois d’ici quelques temps de revenir de façon approfondie sur ce site : la proximité humaine.

 

L’exemplarité comportementale est je crois une notion clé dans certaines démarches de psychothérapie. Elle signifie que le « patient » peut être plus secouru par le comportement du thérapeute que par ses mots. J’ai déjà dis une ou deux fois quelles peuvent être les limites des conseils adressés à une personne qui va mal. Les « tu verras ça ira mieux, «  les « si j’étais toi », tout cela est parfois non seulement inefficace, mais pire, contre productif dans la démarche que l’on entend avoir. Parce que l’on tente souvent, naturellement, par nos conseils d’enfermer l’autre dans la compréhension que nous avons de lui, ce qui non seulement l’humilie, mais le laisse surtout encore un peu plus seul, puisqu’encore un peu moins écouté, un peu moins compris.

 

En revanche, il est possible d’apporter beaucoup par son comportement. En vivant sa propre sérénité, on peut l’offrir en même temps à ceux qui nous entourent. On joue pleinement ici sur le jeu de miroir qui existe dans toute relation interpersonnelle, sur le mimétisme que nous avons tous appris depuis notre plus jeune âge. C’est désormais sans doute un poncif, mais ce mimétisme existe bel et bien. Il est en grande partie le reflet de notre besoin de reconnaissance et d’appartenance à un groupe. Et ainsi, en laissant s’exprimer notre paix intérieure, il nous est possible de l’insuffler un peu mieux à ceux que nous souhaitons soutenir. C’est une méthode qui me semble particulièrement faire ses preuves en psychothérapie car dans ce domaine le langage non verbal, corporel en particulier, joue un rôle primordial.

 

C’est cela pour moi l’exemplarité comportementale. Inviter librement l’autre dans un cadre serein et apaisé, en le créant soi-même par son attitude. Le terme est peut-être un peu mauvais d’ailleurs car la notion d’exemplarité peut faire croire à la prétention d’être un modèle, de se hisser au-dessus des autres pour distribuer la bonne parole. C’est tout le contraire.

 

La deuxième idée donc, c’est la proximité, celle exactement dont parlait Levinas dans le reportage que j’ai commenté ici il y a quelques mois. Cette proximité qui n’est surtout pas une façon de phagocyter et parasiter l’espace intime de l’autre, cette bulle qui nous entoure, qui  est plus ou moins grande chez les uns et les autres, et qui constitue les limites de notre espace vital, de notre intimité, qui dessine les contours de notre pudeur. Surtout pas une tentative de s’imposer donc, mais simplement l’expression d’une attention, d’une écoute sincère, d’une présence pour dire à l’autre que s’il le veut, il n’est pas seul.

 

C’est, pour reprendre les termes de Lévinas, donner la paix sans foutre la paix. En étant là, vraiment là, et pas simplement en docteur paternaliste qui s’oublie dans ses propres conseils. Et en laissant aussi l’autre être là, prendre la place qu’il souhaite, en l’aidant peut-être à l’agrandir un peu.

 

Cette proximité, on le comprend aisément, n’est pas qu’un outil thérapeutique. Elle est aussi à mon avis l’objectif que doit se donner une société si elle veut être unie, et ne pas se résumer à un pacte de non agression et à la régulation des échanges marchants. J’espère y revenir bientôt.

16/02/2007

La non directivité

Il y a quelques jours déjà, j’ai suivi une formation menée par une personne qui travaille apparemment sur différentes disciplines proches de la psychologie appliquée, dont notamment la gestion du stress. L’occasion était intéressante pour moi de lui parler un peu de mes travaux, et d’en obtenir de sa part un petit retour. Je lui ai donc indiqué l’existence de mon blog, discrètement toutefois car je ne souhaite pas que mon employeur tombe sur cet espace.

 

Je n’ai pas été déçu, car ses critiques sont vite tombées. Notamment concernant cet ancien billet, sur la question du stress abordé sur un forum Yahoo. Ce billet avait plutôt reçu un accueil positif lorsque je l’avais publié ici. J’ai donc d’abord été surpris que ce soit celui-ci qu’elle attaque, quand j’en voyais bien d’autres qui me semblaient plus douteux.

 

Son argument principal fut de me dire en gros : « pour qui vous prenez vous pour distribuer ainsi les bons et les mauvais points aux gens qui indiquent leur vision personnelle de la gestion du stress ? » Bref, le prétentieux qui se croit arrivé à la compréhension ultime du sujet, et qui se permet de juger les uns et les autres, de façon plutôt péremptoire. Pas très agréable à lire.

 

Après coup, je m’aperçois que son commentaire voit juste pour une certaine catégorie de lecteurs, dont j’ai compris, sans qu’elle me le dise ouvertement, qu’elle faisait partie : ceux qui se trouvaient compris dans l’un ou l’autre type de comportement face au stress que j’indiquais et évaluais dans mon billet. En fait, en rédigeant celui-ci, je m’adressais plutôt à vous comme si vous n’aviez pas vous-même réfléchis sur une quelconque démarche sur le stress, ni choisi quelque méthode que ce soit. Mais pour ceux qui, comme elle, avait choisit par exemple, de s’engager dans des démarches de méditations, de sport, etc. je comprends tout à fait que mon discours était excessif, culpabilisant et trop définitif pour leur apporter quoi que ce soit.

 

Car je crois beaucoup à une idée clé lorsque l’on tente d’aider des personnes dans leur démarche personnelle de gestion du stress : la non directivité. Je me suis un peu trompé en voulant dire aux uns et aux autres où ils pêchaient et où ils voyaient juste. Bien sûr, je n’en pense pas moins que certaines choses sont à faire valoir plus que d’autres : chercher à gérer ses priorités reste à mon avis plus  malin que devenir alcoolique. Mais j’ai oublié quelque chose en écrivant mon billet : il est impossible d’aider quelqu’un en prétendant lui donner la lumière. Car cela fige les positions, ça les cadenasse, ça désigne les bons et les mauvais, ça décide du blanc et du noir. Bref, ça ajoute pour ceux qui ne pourront peut-être pas tout de suite adopter les meilleures idées, le stress d’une forme de culpabilité vis-à-vis de cette incapacité. Et l’on aboutit là au résultat inverse de celui recherché. C’est quand même ballot.

 

La non directivité, donc, l’idée de laisser libre, d’alléger le poids du choix. Notre formatrice d’ailleurs, avait une façon de faire que j’ai bien aimée lorsqu’elle évoquait certains points de comportements. Elle « mettait au milieu » ses idées, puis libre à nous de les prendre pour nous, de les tester, ou de ne pas les utiliser. On met à jour une idée, on ouvre une perspective, on libère une vanne en décloisonnant des raisonnements tout faits ou trop habitués, mais sans pour autant imposer sa vision, en laissant le champ libre. Les personnes peuvent alors aller piocher ce qu’elles veulent dans ce qui a été proposé, sans avoir à rendre de compte sur leur sélection, sans être d’ailleurs obligées d’en parler. Vraiment chouette.

 

Et puis cette démarche non directive à un autre grand avantage : elle joue à plein sur l’idée que dans le fond, aider l’autre c’est le mettre dans les meilleures dispositions possibles pour que ce soit lui qui s’aide. Pour que ce soit lui qui fasse son choix et résolve ses difficultés. On évite ainsi le biais de tout comportement paternaliste, qui n’est qu’une forme subtile de domination. On ne prend pas la main sur sa vie, on ne se pose pas en position de dominant. On n’est pas un « sachant » d’où doit provenir la lumière divine. On se met au même rang que l’autre, on reste dans une relation d’égal à égal. Et ce faisant, on met l’autre dans la situation de faire ses propres choix, en adulte, tout en le positionnant dans un cadre serein.

 

Ce n’est pas forcément facile d’agir ainsi. On a souvent envie de s’exprimer de façon directive, ou en tout cas  de faire valoir de façon exclusive sa vision des choses. Mais dans ce type de domaine, ce sont les autres l’important, et pas l’importance ou la grandeur que leurs louanges pourraient nous apporter. Il vaut donc mieux établir sa démarche en envisageant ses conséquence et ses impacts pour les éventuels lecteurs, que d'imaginer l'aura qu'elle peut nous donner. Il reste à remplacer nous par me, et je serais presque parvenu à une auto-critique honnête.

14/02/2007

Recroquevillé

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Il m’en avait tiré.

Ensembles nous fîmes quelques pas.

Trop neufs pour être bien assurés. Mais souriants.

 

Et puis je n’ai pas voulu. J’ai résisté.

 

J’ai soufflé long. J’ai laissé passer.

J’ai poussé devant pour ne pas voir les franges mordues.

Ni les couleurs rares qui tenaient.

 

J’ai arpenté le chemin long, sans plus rien regarder.

Sans sentir les brises autour de moi.

En ignorant les lueurs autant que les ombres.

 

Le temps tirait parfois la longe des refrains vieux.

Trop seul.

Bien mal armé.

 

J’étais parti il y a trop longtemps.

Et malgré tous ses efforts,

Je n’allais pas le laisser reprendre la main.

 

 

Je ne voulais plus tracer, au dernier jour, qu’un maigre livre

 

Où l’on trouverait en filigrane

 

 

Traînées lentes …

 

Reliures écorchées…

 

Des fêlures à tous les doigts.

 

 

 

L'image vient d'un ancien billet de Kozlika, qu'elle m'a sympathiquement retrouvé. 

Deuxième tonte

medium_laine.jpgAvant qu’on ne m’en fasse ouvertement la critique, je voudrais revenir rapidement sur mon billet d’hier soir. Il ne s’agissait pas pour moi d’y exposer une méfiance définitive envers tout ce qui touche à la politique et à la gestion du pouvoir. La position de l’ignorant qui tente de se dresser au dessus de la mêler en balançant à l’emporte pièce son dédain pour la chose publique ne m’attire pas. Mais depuis que la campagne présidentielle a démarré, j’ai vraiment du mal à y trouver de l’intérêt. C’est de cet agacement que je voulais témoigner.

 

Du côté des candidats d’abord, les choses sont plutôt décevantes. Ségolène Royal ne m’enchante guère, même si je dois reconnaître que je suis plutôt porté à voter à gauche. Je trouve qu’elle a trop tardé à apporter du fond à sa démarche, qu’elle a trop cherché à surfer sur la vague de l’image. Il y avait bien quelques souffles dans son discours de dimanche dernier, mais enfin j’en suis sorti sans vraiment savoir clairement où elle comptait aller. On trouvera peut-être la formule un peu méprisante, mais j’ai trouvé que ça faisait un peu programme de ménagère : un peu de sel par ci, un peu de laurier par là. Pas trop d’idée directrice, et donc un peu creux.

 

Sarkozy n’est pas franchement meilleur à mes yeux (sans doute en partie parce que comme je l’ai dit je suis plutôt naturellement tourné vers la gauche de l’échiquier politique). Il parvient au même sentiment de vide, mais avec des moyens inverses : la profusion de prises de position et de proposition, qui donne tellement l’image d’un package intenable et irréalisable qu’il s’effondre de lui-même. Il me semble être constamment dans la surenchère, il joue trop au monsieur plus. Bien sûr c’est le jeu de toute élection, mais qu’on ne me demande pas d’y croire.

 

Bayrou, bof aussi. Il a quelques idées c’est vrai, et peut-être plus de sincérité que les deux autres, absence de pouvoir et d’espoir de pouvoir oblige. Mais à trop jouer la carte du perdant magnifique, il se rend un peu inaudible. Je ne parle pas des extrêmes en sûr, ni des petits candidats qui dans le fond sont surtout là pour jouer le rôle d’apporteurs d’idées plus que pour se faire élire. Donc vous voyez, au final, il n’y a pas de quoi pavoiser.

 

Et puis (il y a Frida ?), ce qui me désole le plus dans le fond, ce sont les militants. Je sais, je sais, être militant, c’est donner de son temps pour une cause en laquelle on croit, c’est avoir des convictions et les défendre en donnant son sel à la démocratie. Et blablabla. Mais être militant, c’est aussi choisir un camp, s’y assimiler, se mettre en jeu soi-même, et donc se fermer les portes, naturellement ajouterais-je, au reste. C’est cadenasser son positionnement. Pour moi c’est très clair, je n’irai pas former mon opinion sur les blogs militants, car je sais qu’ils ne sont pas capables d’être vraiment honnêtes dans leur présentation des choses. Quasiment par principe. Sinon ils ne seraient pas militants.

 

Vous dirais-je maintenant, qui sont les moutons ? Qui cherche à tout prix à se trouver un surfer d’argent, un champion magnifique, incarnant à la fois leurs prétendues valeurs et leur désir de soumission à l’être supérieur ? (ok j'en rajoute, je me défoule un peu que voulez-vous)

13/02/2007

Avant d'aller dormir, comptons les moutons

"[…] L’homme de troupeau se donne aujourd’hui en Europe l’air d’être la seule espèce d’homme autorisée : il glorifie les qualités qui le rendent doux, traitable et utile au troupeau, comme les seules vertus réellement humaines : telles que la sociabilité, la bienveillance, les égards, l’application, la modération, la modestie, l’indulgence, la pitié. Mais dans les cas où l’on ne croit pas pouvoir se passer des chefs, des moutons conducteurs, on fait aujourd’hui essais sur essais pour remplacer les maîtres par la juxtaposition de plusieurs hommes de troupeau intelligents, c’est, par exemple, l’origine de toutes les constitutions représentatives. Quel bien-être, quelle délivrance d’un joug insupportable malgré tout, devient, pour ces Européens, bêtes de troupeau, la venue d’un maître absolu."

 

Nietzsche, Par delà le bien et le mal

 

Le troupeau bêlant vers son surfeur d’argent, son sauveur ultime, celui qu’il veut le voir l’asservir comme dans un rêve. Comme le champion de ses valeurs qui ne sont plus que des gants sans main.