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22/11/2006

Vous avez dit verbiage ?

Lu à l'instant, dans un document de consulting que je dois amender (accrochez-vous à vos baskets) :

 

"[...]Décliner les objectifs stratégiques de l'entreprise pour chacun des domaines fonctionnels pour les [NDLR: les clients] aider à décliner leurs attentes et objectifs vis-à-vis du projet, en cohérence avec la stratégie globale de l'entreprise."

 

Bon, je vais être honnête, là ça se voit tellement qu'à mon avis ce n'était qu'un premier jet qui tentait de définir des axes d'approche et qui attendait d'être corrigé. Mais tout de même, ça fait franchement princes du pipotron.

Le gêne égoïste, c'est chez Matthieu

Xavier a entamé une critique intéressante et construite du petit lexique que j'ai réalisé afin de simplifier l'approche des travaux de Laborit, en s'appuyant notamment sur les réflexions de Richard Dawkins et en particulier sur un de ses livres les plus connus: Le gêne égoïste.

 

Coïncidence, depuis quelques jours déjà, Matthieu propose des notes de lecture détaillées de ce livre, , , et aussi . Je recommance ces lectures à ceux qui sont intéressés par ce petit débat de biologie comportementale. J'essaierai moi-même de revenir dessus, après avoir pris le temps de lire les trois articles de Matthieu (pour l'instant je n'ai lu que le premier).

20/11/2006

Brève légende des comportements

Je l’avais promis il y a longtemps, il est temps de vous le proposer. Petit lexique de biologie comportementale, afin de mieux appréhender les questions que l’on a déjà abordé, et que nous continuerons d’aborder dans de prochains billets, au sujet de Laborit. Ce lexique se veut assez concis, tout en fournissant les grands traits qu’il faut comprendre clairement pour poursuivre cette étude.

Niveau d’organisation : la biologie se construit par niveaux d’organisation. La matière vivante se construit d’abord à partir des briques élémentaires que sont les quarks, puis les électrons, neutrons, protons, puis les atomes. On trouve ensuite les molécules, qui assemblées d’une certaine façon produisent telle ou telle cellule. Ces cellules organisées entre elles vont constituer différents organes, qui à leur tour vont constituer un corps, une chose vivante, végétale, animale ou humaine.

A chaque niveau d’organisation, les éléments qui agissent travaillent à la fois pour leur propre conservation et pour celle de l’ensemble plus grand dans lequel ils sont intégrés. En bref, chaque élément participe par son activité à la conservation de la structure dans laquelle il est intégré. Par exemple, la cellule met en œuvre un certain nombre de mécanismes, notamment pour maintenir la polarité de sa membrane, garante de sa survie, et elle concoure ainsi simultanément à la conservation stable de l’ensemble dans lequel elle est englobée : l’organe. Ce mécanisme est un mécanisme dicté par la nature biologique des choses.

Au niveau humain, il n’est pas déraisonnable de considérer, et c’est en particulier vrai dans les sociétés modernes dites civilisées, que les hommes sont tous des constituants d’un niveau d’organisation supérieur : la société qu’ils ont créée. Ainsi, leur activité est orientée vers leur propre conservation (sur tous les plans), ainsi que vers la conservation de la société. Déjà de nombreuses questions sont soulevées sur ce dernier point : quel est le degré de conscience de l’homme de sa participation à un niveau d’organisation supérieur ? En conséquence quel attention peut-on espérer qu’il y porte et dans quelle mesure va-t-il savoir réguler son activité pour effectivement répondre à cette nécessité de maintenir la structure dans laquelle il est intégré (c’est le problème de l’écologie, c’est-à-dire de la gestion des moyens, naturels ou fabriqués, qui nous sont donnés pour répondre à nos besoins) ? Quelle est la véritable dimension de cette structure supérieure ? Est-ce le quartier dans lequel on habite ? Est-ce la région ? Est-ce le pays ? Est-ce le monde ? Quels moyens l’homme peut-il mettre en œuvre pour participer à la conservation de cet ensemble ? Doit-il être conformiste ? Révolté ? Je m’arrête là.

Système régulé : un effecteur à pour fonction de produire un certain effet, c’est-à-dire de faire atteindre une certaine valeur à l’élément sur lequel il agit. Cet effecteur est fonction de facteurs qui agissent sur lui et déterminent son activité. Dans un système régulé, un tel système comprendra en plus une rétroaction venant de l’effet produit, et qui va agir sur les facteurs de l’effecteur pour modifier leur action. Un schéma aidera à mieux comprendre tout cela.

medium_regulateur.GIF

Si la rétroaction agit en sens inverse des facteurs, on a alors un système régulé en constance. Cela signifie que l’effet de ce système va constamment varier autour d’une valeur moyenne, jamais atteinte de façon stable. Cela existe de nos jours dans nos cuisines. Lorsque le système atteint et commence à dépasser une certaine température, il s’éteint. En se refroidissant il va retomber sous la température recherchée, ce qui va réenclencher sa mise en route, et ainsi de suite. En revanche, si la rétroaction agit dans le même sens que celui des facteurs, on a alors un système en tendance. Le système recherche alors une valeur maximale de l’effet.

Servomécanisme : c’est une commande extérieure qui vient influer sur l’activité d’un système régulé. Cette commande intervient au niveau de la boucle de rétroaction du système régulé pour en modifier la valeur. Au niveau physiologique, c’est la commande qui agit sur un niveau d’organisation, et qui vient du niveau d’organisation supérieur. Au niveau humain, on pourrait considérer qu’un bon exemple de servomécanisme est celui des lois. Celles-ci en effet, viennent agir sur la régulation que l’individu apporte lui-même à son comportement social, de façon extérieure à lui-même (il y aurait en fait beaucoup à dire sur ce caractère extérieur, mais je suis obligé de caricaturer pour rester clair). Il en va de même de l’état de la nature qui nous entoure, lorsque celui-ci finit par contraindre notre comportement, par une forme de pression de nécessité. On comprend donc que le servomécanisme est le processus qui réalise la liaison fonctionnelle entre les différents niveaux d’organisation biologiques.

medium_servomecanisme.GIF

Note : les premières pages de L’homme et la ville abordent de façon précise et claire le sujet des systèmes régulés et des servomécanismes.

Empreinte : dans les premières années de sa vie, un enfant, de même d’ailleurs que tout autre être vivant muni d’un cerveau, doit construire en premier lieu une chose : lui-même. Pour cela, il va engrammer dans son cerveau toutes les informations qu’il recevra, pour constituer ainsi une première mémoire, qui influencera par la suite ses comportements. On appelle cette mémoire, l’empreinte. Son rôle est très important car sa marque est indélébile. Elle ne s’efface pas. C’est la raison pour laquelle les premières années sont décisives dans la construction individuelle des hommes. J’ai déjà développé quelques notions sur ce sujet.

Notre cerveau est composé de trois structures principales

Cerveau reptilien : c’est le système nerveux primitif, qui existe également chez les animaux dont le cerveau est le moins développé, comme par exemple les reptiles. Ce système nerveux a pour fonction de répondre aux stimuli transmis par l’organisme, aux informations internes de celui-ci donc, en rapport avec son environnement. Si par exemple notre dernier repas date de quelques heures, l’organisme va produire les signaux internes d’un déséquilibre naissant. Le cerveau reptilien va répondre à ces signaux en déclenchant un comportement de recherche de nourriture. Lorsque la faim sera assouvie, on verra alors le retour d’un comportement de satiété. Le cerveau reptilien est donc celui qui commande les comportements de réponse à la faim, la soif, le sommeil, ainsi que le rut. Son objectif est donc de maintenir la structure de l’organisme en répondant aux vitaux de celui-ci. Notons pour terminer que la mémoire de ce système nerveux est une mémoire à court terme, qui n’excède pas quelques heures (et non, le souvenir du plaisir que vous avez pris la semaine dernière en buvant votre vin ne relève pas du cerveau reptilien, mais du système limbique : le cerveau reptilien n’engramme que les instincts qui vous permettent de répondre à vos besoins fondamentaux, pas les émotions que vous ressentez lorsque ceux-ci sont satisfaits).

Système limbique : c’est le cerveau des mammifères (on l’appelle d’ailleurs aussi cerveau mammalien), celui de la mémoire à long terme et de l’affectivité. Le système limbique, en effet, est celui qui enregistre les informations qui arrivent à notre organisme lorsqu’il vit une expérience (en fait, nous somme constamment en train d’en vivre). Il agit notamment en mémorisant le caractère agréable ou désagréable des expériences que nous vivons, ce qui va par la suite permettre, parce que nous les avons mémorisés, de répéter les expériences agréables (ou gratifiantes), et d’éviter les expériences désagréables, ces deux comportements ayant pour but, eux aussi, de contribuer au maintien de l’équilibre biologique et de la structure de l’organisme. Pour n’en donner qu’un petit exemple, c’est parce qu’il est doté de ce système limbique que le chien de Pavlov peut saliver lorsqu’on fait sonner la cloche qui a annoncé tant de fois auparavant la venue de son repas.

Cortex (ou néocortex) : c’est le cerveau associatif. Le cerveau de l’imagination, qui est capable de créer des combinaisons neuves à partir des briques d’informations fournies par le système limbique. C’est essentiellement ce cerveau qui différencie l’homme du règne animal. Son activité recouvre entre autre l’utilisation du langage. On a déjà vu sur ce blog, qu’un des pièges du langage est que son utilisation se fait sans qu’on n’ait plus la conscience de l’activité des deux premiers cerveaux évoqués ici, le cerveau reptilien et le système limbique. Inconscient de la part primitive de sa biologie et de l’influence de ses émotions sur son comportement, l’homme se comporte désormais comme si toute son activité n’était dirigée que par son cerveau le plus noble, son cortex. Malheureusement l’utilisation de ce cortex reste minoritaire chez l’homme, bien qu’il faudrait souhaiter qu’il en soi autrement.

Les trois réponses comportementales à une agression. Petit préambule rapide sur ce point. On entend ici par agression tout événement extérieur menaçant la structure de l’individu et agissant vers sa destruction. Dans cette perspective, la faim, par exemple, est une agression, puisqu’elle génère un déséquilibre intérieur qui, s’il n’est pas résolu, peut mener à terme à la mort.

L’action : c’est le premier mode de réponse à une agression, et le plus efficace s’il aboutit au résultat qu’il s’est fixé. L’action vise à supprimer la source de l’agression, afin d’annihiler son action nocive sur notre organisme. Dans l’exemple de la faim, c’est le fait de préparer à manger ou d’aller au restaurant. Dans le cas d’une agression physique, ce peut être le fait de répliquer et de tenter ainsi d’annihiler le potentiel d’attaque de l’agresseur (soit en lui mettant la pâtée, soit en le mettant en fuite, voire en lui opposant une réaction de transfert de référentiel).

La fuite : la fuite est sans doute le mode de réaction qui a les formes les plus variés. On peut soit prendre ses jambes à son cou pour fuir devant Terminator, soit se comporter en évitement des problèmes survenant, un comportement extrêmement répandu notamment en milieu urbain, soit fuir dans l’onirisme, soit tomber en psychose, soit…. Notons concernant la psychose que de nombreuses études comparatives ont montré de façon tout à fait convaincante que les psychotiques ont un caractère souvent plus calme et « heureux » que les gens normaux, et en particulier que leur taux de stress est largement inférieur à celui des autres. Un dernier point, la fuite peut prendre une forme plus douce, notamment dans l’exercice de hobbys, qui permettent à l’esprit une forme d’évasion sans que celle-ci relève d’une quelconque pathologie.

L’inhibition de l’action : l’inhibition de l’action intervient lorsque ni l’action ni la fuite ne peuvent être utilisés. C’est un peu la réaction du hérisson qui se met en boule et ne bouge plus en attendant que l’orage passe. L’inhibition de l’action engendre dans le cerveau la production de certaines substances qui l’attaquent, et qui touchent également l’organisme. C’est pour cela qu’elle est des causes les plus importantes des maladies. L’inhibition de l’action par exemple, c’est ce que connais l’ouvrier coincé par un supérieur tyrannique, mais qui ne peut pas quitter son travail à cause d’un marché du travail trop dur, ni rentrer dans le lard de son bourreau, de risque d’être licencié. Des données médicales globales montrent d’ailleurs que c’est dans cette population que l’on trouve le plus grand nombre d’ulcères ou d’autres maladies dues au stress.

L'agressivité : j’en donne ici la définition donnée par Laborit, à titre d’information théorique pour compléter ce lexique, sachant toutefois qu’elle n’est pas utilisable très facilement. Laborit définit l’agressivité comme la quantité d’énergie nécessaire pour augmenter l’entropie d’une structure (notamment d’une structure vivante).

 

 

P.S: j'inscrit ce billet en lien juste après la biographie que j'avais faite de Laborit. Pour redonner un peu de structure à cette série qui en manque beaucoup.

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17/11/2006

Funambule d'un soir

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Je déambule, marchant au hasard, porté par le rythme des autres,

Son regard appuyé du dernier instant reste ancré, là, au profond,

Il ne me quitte pas

 

Son geste pour recueillir l’eau de cette petite fontaine qu’on a croisée,

Le mouvement de ses cheveux quand elle marchait devant moi,

Sa voix haut perchée, et discrète en même temps,

 

Son regard,

encore,

 

Il faut tout oublier…

 

Je ne pourrai pas.

16/11/2006

Mon opinion sur le premier tour au PS

On ne me l’a pas demandé, donc comme c’est d’usage dans une telle situation, je vais donner mon avis sur le premier tour du vote des militants socialistes qui les invite à désigner leur champion. Comme il est d’usage sur ce blog, je commente tout cela un peu tard, mais bon. J’ai mon verre en main, le bistrotier semble d’accord pour me laisser sa dernière bouteille de Cognac, donc allons-y.

 

D’abord je dois dire que je trouve que la démarche adoptée par le parti socialiste pour désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle est plutôt positive. Le principe d’une primaire me plaît bien car elle donne une meilleure clarté et une meilleure transparence sur la démarche suivie par le PS, ce que la tenue des débats a encore renforcé. Evidemment on pourrait gloser des heures pour savoir si les débats, dont le fonctionnement amène naturellement à soulever des divergences parfois importantes, n’ont pas contribué à affaiblir dès le départ la position du candidat qui sera au final choisi. Mais si l’on accepte ce raisonnement, et que l’on craint un affaiblissement trop fort de nos différents favoris, alors il faut tout de suite cesser de débattre de quoi que ce soit et aussi oublier tout principe de vote dans nos élection. Ce n’est pas tant le problème de la qualité de nos candidats que cela poserait, mais bien plus celle de notre profondeur politique, à nous qui sommes appelés à voter.

 

D’ailleurs dans le fond, ces débats n’auront pas été bouleversifiants d’agressivité. Ils ont bien comporté leur lot de piques et de petites phrases vinaigrées, mais rien de vraiment regrettable, et la tenue de tout cela aura été à mon avis très correcte. En tout cas il n’y a là rien qui pourrait être insurmontable lorsqu’il sera question pour les uns et les autres de se rallier au choix des militants en abandonnant leur champion sur son strapontin.

 

Maintenant les candidats

 

Fabius

Franchement pour moi c’est le plus mauvais choix. Fabius ne m’inspire absolument aucune confiance, et je ne lui trouve aucune stature de chef d’état. Aucune confiance d’abord, parce que Fabius me fait l’impression du type qui s’est réveillé un jour en se disant : « je vais faire comme les autres, je vais être hypocrite et démago, il n’y a que ça qui marche », mais qui ne sait pas vraiment faire. Du coup il me semble toujours être en porte-à-faux, double. J’ai systématiquement le sentiment en l’écoutant qu’il n’est pas franc du collier, qu’il en cache la moitié, et qu’il n’a suivi que la moitié de ses cours du « sourire pour les nuls », ce qui expliquerait qu’ils soient toujours faits en décalage avec ses propos.

 

Et puis, c’est un détail, mais qui m’a vraiment agacé, il y a sa proposition sur le SMIC à 1500 euros. Je ne suis pas opposé, bien au contraire, à réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de vie des gens à faibles salaires. Mais présenter une telle mesurette, comme un mantra majeur de son programme, est à mon avis une stupidité. L’augmentation des minima sociaux ne peut à mon avis pas être une mesure majeure, elle ne peut être qu’une mesure de correction, à vocation temporaire. Parce que l’objectif final que doit se donner une économie, n’est pas d’augmenter les minimas sociaux, mais bien de faire sortir le maximum de personnes de la nécessité de ces minimas. Que ces minimas existent est à mon avis une bonne chose, mais se focaliser dessus montre une erreur de perspective majeure, et une vision politique à très courte vue.

 

Royal

Je me souviens qu’avant que Ségolène Royal n’occupe le devant de la scène politique, ou plutôt des sondages hebdomadaires dans la presse qui n’a rien à dire, eviv avait annoncé sur un blog, je crois que c’était chez versac, que le PS s’apprêtait à mettre la belle du Poitou en première ligne. Sur le moment  je n’avais accordé aucun crédit à cette information, tant Ségolène Royal m’apparaissait n’être qu’un second couteau de la famille socialiste, incapable de soulevé les foules. Mais quelques semaines seulement après l’annonce d’eviv, Ségolène occupait tous les médias, et semblait intouchable par les éléphants.

 

Je suis assez partagé la concernant. D’un côté, et à ce sujet on me trouvera probablement naïf et creux, mais en fait je trouve que le fait qu’elle soit une femme est un point positif. J’aime bien l’idée que mon prochain président soit une femme. Je trouve que ça aurait une certaine gueule, notamment à l’étranger, et puis, ce n’est peut-être qu’une apparence, mais tout de même pas si stupide que ça pour juger de l’ouverture d’esprit d’un peuple et de son niveau de démocratie. Evidemment ça ne constitue pas un argument en soi, mais enfin moi ça me plairait.

 

Mais d’un autre côté, je dois dire que je n’ai guère été convaincu par ses différentes interventions, et que comme à beaucoup d’autres, elle m’a laissé jusqu’ici une impression de flou, comme si elle ne faisait que survoler les sujets sans vraiment les connaître ni être capable de proposer autre choses que quelques formules de consultant pour les appréhender. Je ne la sens pas compétente pour traiter concrètement les problèmes à venir. Cependant, je crois bon d’ajouter quelque chose sur ce point de la crédibilité qu’on lui accorde. Nous sommes en France très habitués à un discours politique tenu par des hommes. Les femmes commencent certes à occuper une place grandissante dans les débats et les décisions, mais tout de même, les grandes figures des gouvernements que nous avons connu ces dernières décennies sont très majoritairement des hommes, et lorsqu’on évoque ceux qu’on aime à décrire comme des grands hommes, il n’y a pas de noms féminins qui soient évoqués. Les femmes politiques se sont intégrées à ce moule masculin, elles ont calqué leurs discours sur le mode d’expression des hommes. C’était leur seule façon d’exister politiquement. Mais il reste à certaines d’entre elle, et on ne peut que s’en réjouir, un mode d’expression qui n’est pas encore totalement formaté aux automatismes dont nous avons désormais l’habitude. Dès lors, et c’est bien normal, elles surprennent, elles décontenancent et donc elles suscitent la méfiance. Peut-être est-ce à nous de nous ouvrir à un nouveau type de discours ? Je ne dis pas que Ségolène Royal soit la meilleure représentante de ce que pourrait être un discours politique féminin, en fait je n’en sais rien, mais je me méfie de ma propre tendance à l’aveuglement face à une chose à laquelle je sais ne pas être habitué.

 

DSK

C’est mon candidat préféré. Le plus brillant intellectuellement, le plus didactique lorsqu’il s’exprime en public, le plus apte à avoir une vision claire et à la faire partager. Et à mon avis le plus fort dans l’exercice du débat politique, en particulier en face à face. On l’a déjà vu étriller Sarkozy, je ne doute pas qu’il soit capable de rééditer le même type de performance, même si le ministre de l’intérieur se sera très probablement très bien préparé pour les débats de la campagne officielle.

 

Mais DSK souffre à mon avis d’un défaut mortel à ce niveau : il n’a pas l’image d’un chef d’état. DSK c’est le bon opérationnel, le type de bureau travailleur qui résout les problèmes et qui sait ne pas sacrifier l’efficacité à l’idéologie. Mais voilà, il n’a pas la stature nécessaire pour accéder à la marche supérieure, et on l’imagine mal enfiler le collant du surfeur d’argent. Malheureusement pour lui, en France c’est d’abord ça que les électeurs attendent d’un candidat. Malheureusement aussi pour nous. Car peut-être le véritable changement serait-il d’accepter enfin un bonhomme qui ne casse pas la baraque par des déclarations fracassantes, mais qui n’en applique pas moins un vrai programme, modeste mais cohérent, qui donne quelques résultats tangibles, quitte à oublier nos rêves de danse du feu autour de la Bastille.

 

Je dois dire qu’au final aucun de ces trois candidat n’emporte réellement mon adhésion, en tout cas aucun ne soulève chez moi un grand enthousiasme. Et que je serais bien embêté au moment de glisser mon bulletin dans l’urne. Serais avec un s.

 

P.S :  au fait, je pronostique des résultats plus serrés que prévu lors du premier tour, Ségolène Royal ne crevant pas les plafonds comme annoncé, DSK étant son second, et Fabius réalisant un score faible qui l’affaiblira beaucoup par la suite. Puis SR sera désignée au second tour.

14/11/2006

Service client Free, après le déluge et les calendes grecques, ne quittez pas s'il vous plaît

Comme vous avez pu vous en apercevoir depuis déjà quelques temps, j'ai de menus problèmes avec Internet. La raison en est toute bête, je n'ai pas Internet chez moi depuis que j'ai déménagé. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir envie de surfer et de bloguer, mais voilà, le fournisseur que j'ai contacté, oui celui indiqué dans le titre, ne semble pas pressé de me compter parmi ses nouveaux clients.
Comme vous je trouve ça bizarre, d'autant que non, je ne figure pas dans le fichier du grand banditisme, ou alors c'est qu'on m'aura dénoncé. M'étonnant donc de la lenteur de réaction d'une société n'épargnant rien en communication grand public, je lui ai envoyé plusieurs mails pour tenter de faire bouger la bête. Mais rien à faire, elle hiberne toujours (elle a commencé en été d'ailleurs, je suis inquiet).
Du coup, je vous livre le dernier mail que je leur ai envoyé, juste parce que comme je vous l'ai déjà expliqué, ça détend.
"Salut Xav' (tu permets que je t'appelle Xav' hin, ça fait un mois qu'on est en contact par mail, et trois que tu as mon dossier entre les mains, on commence à être des intimes tout de même),

Je t'écris aujourd'hui pour te demander si tu as des nouvelles concernant mon inscription à la freebox. Vous m'avez envoyé un mail il y a 10 jours pour me dire que ça y est, vous aviez tout ce qu'il fallait pour que les choses avancent, et que vous n'attendiez plus qu'une réponse de FT pour m'envoyer mon collissimo.

Or j'ai appris en testant ma ligne chez un de tes concurrents, que c'était bon, tout fonctionnait. Je me suis dis chic, je vais bientôt recevoir un mail de Xav' pour m'annoncer la bonne nouvelle, et ma freebox va bientôt, incessamment sous peu (comme plein de trucs chez free), m'être envoyée.

Mais je ne comprends pas, je suis surpris, je ne reçois rien. Pas de mail, pas de coup de fil, rien. Tu m'aurais quand même pas oublié hin ? Non, dis moi pas que c'est pas vrai !

Surtout que maintenant je me sens gêné, je sais pas quoi faire avec la neufbox que j'ai reçue trois jours après l'avoir demandée. Je la branche, je la branche pas. Avoue qu'il y a du suspens tout de même, non?

Surtout hésites pas à me contacter hin, t'as toutes mes coordonnées pour ça, je te fais confiance.

Et dans l'attente de ta réponse, veuillez agréer madame, monsieur, l'expression de mes salutations distinguées et de ma chaleureuse tape dans le dos.

Marc Gauthier

P.S: au fait, tu as retrouvé les derniers mails que je t'avais envoyé, tu t'y retrouves là?

P.S2: je copie ce mail sur mon blog, mes lecteurs aiment bien rigoler.
Donc ça , c'est fait.

10/11/2006

Du mariage homosexuel au conformisme de soumission

medium_moutons.jpgComme promis la semaine dernière je poursuis ma petite réflexion issue du billet du Swissroll sur le mariage des homosexuels. J’avais indiqué dans mon premier billet qu’il s’agissait notamment pour eux de rétablir une forme d’équilibre social perdu par l’interdit qui leur était fait d’accéder à ce qui reste aujourd’hui une forme standard d’organisation des relations d’un couple dans nos sociétés modernes.

Ce standard conserve une valeur de « normalité » forte, même s’il faut bien reconnaître que l’évolution industrielle et la pression grandissante de la concentration urbaine, aggravant notre tendance individualiste(*), remettent de plus en plus en cause cette valeur qu’on lui attribue. Mais il la conserve tout de même, et c’est dans cette mesure que l’interdiction de son accession peut être ressentie comme une forme de violence chez ceux qu’on en écarte: puisqu’on m’interdit d’avoir accès à la normalité, on fait de moi un anormal, on me stigmatise, et de façon discriminatoire puisqu’on m’écarte à partir d’un élément indépendant de ma volonté.

Petite incise le temps de prendre un peu de recul. Vous comprenez bien que cette analyse n’a rien de spécifique au cas des homosexuels. Elle est tout à fait généralisable, et c’est à mon avis tout son intérêt. Les mécanismes de rejet ont tous la même source, et les ressentiments qu’en éprouvent les personnes rejetés, ainsi que les fondements de leur comportement réactif à cette situation sont très similaires. On comprend aisément qu’il n’existe aucune bonne raison pour qu’il en soit autrement. Le billet du Swissroll n’est donc pour moi qu’un prétexte pour aborder un sujet qui me semble très important et que je vais maintenant essayé de développer plus avant.

Si vous avez lu les commentaires faits chez François et Guillaume sous leur billet, vous aurez vu que l’un deux affirme que le mariage gay ne s’inscrit dans le fond que dans un mouvement de mimétisme social, un mimétisme que l’on désigne couramment sous le terme de conformisme. Ce commentaire, bien qu’un peu rugueux, voit finalement assez juste. Car l’observation la plus intéressante que l’on peut faire sur le sujet du mariage homosexuel d’un point de vue comportemental est qu’en réalité les homosexuels sont bien comme les autres, comme la grande majorité des autres, ils ont besoin de conformisme.

On parle très souvent du conformisme, et bien souvent on en dit un peu tout et n’importe quoi. Le plus amusant, ou dramatique, c’est selon l’humeur, ce sont les comportements et les discours de plus en plus répandus sur l’anti-conformisme, qui ne font en réalité que créer un nouveau conformisme, quand ils ne restent pas ridiculement dans celui qu’ils dénoncent. On en voit une excellente illustration avec les pseudos rebelles dont la télévision est friande.

Ces apprentis provocateurs dont le rôle est de gesticuler et d’égratigner là où ça chatouille, mais surtout pas de cogner là où ça fait mal. Ceux-là remplissent un rôle important car tout en préservant la structure même de la société, puisque fondamentalement ils ne la remettent pas en cause, ils effectuent le minimum de catharsis nécessaire pour qu’on puisse se sentir différent et s’auto-attribuer une plus grande hauteur de vue que les autres, puisque nous, on a rit à leurs plaisanteries, on sait bien ce qu’il en retourne de tout ça, on est des leurs.

Pour bien comprendre la question du conformisme, je crois qu’il faut d’abord comprendre qu’il n’y a pas un mais des conformismes. J’en vois d’ores et déjà deux principaux, et qu’il convient d’analyser séparément, même s’ils ont des points communs : le conformisme que je qualifierais d’agression, celui dont l’utilité est de conserver la structure sociale dans son état et d’écarter les sources de remises en questions ; et le conformisme de soumission, celui qui permet à ceux exclus de la normalité et/ou qui sont parmi les dominés de répondre au conformisme d’agression et, là aussi, de conserver la structure du groupe.

Le conformisme d’agression est celui qui sert à la classe dominante à conserver sa situation de domination. C’est celui par lequel elle renforce, par la répétition, les règles sociales qu’elle a elle-même établies, les rendant petit à petit de moins en moins contestables. Le nec plus ultra est atteint lorsque celles-ci sont tellement ancrées dans les mœurs que plus personne n’en parle et qu’elles ne font plus partie que du magma inconscient qui oriente notre activité de tous les jours. Ces règles sont alors à ranger parmi les automatismes acquis que l’on retrouvera chez tous les individus d’un même groupe.

Sans aller jusqu’à prétendre qu’il s’agit là d’un automatisme acquis dont le fonctionnement et les sources sont parfaitement inconscient, je crois tout de même qu’on peut trouver un exemple assez juste de ce conformisme d’agression avec le mythe de la réussite sociale. Je comprends que le terme de mythe puisse paraître exagéré à certains, voire qu’il me fasse passer pour un dangereux communiste. Mais il me semble relativement juste car il y a autour de la notion de réussite sociale pas mal d’éléments qui me semblent proches d’un mythe : il est entouré de toute une imagerie populaire, on raconte fréquemment entre nous les histoires de tel ou tel individu « qui a réussi » et qui nous fait arborer un grand sourire ravi, comme on pouvait parler des aventures des Dieux auparavant, etc.

Mais surtout, ce mythe est remarquablement partagé. Autant par les dominants qui continuent de s’inspirer et de citer ces « grands hommes » dont on devrait prendre modèle, que par les dominés qui peuvent en s’en référant, s’attribuer, dans un savant jeu de miroir que j’ai plusieurs fois dénoncé sur ce blog, le mérite de ceux qu’ils louent (puisqu’ils les louent, c’est qu’ils ont les mêmes valeurs, et donc fondamentalement, du moins pensent-ils et espèrent-ils que leurs interlocuteurs pensent, le même mérite moral). A ceux-là également, ce mythe de la réussite sociale sert à rêver. Pourquoi, si cette fonction n’existait pas, les émissions de télé-réalité auraient-elles un tel retentissement ?

Ce mythe on le retrouve partout, à l’école, par exemple à travers le standard bourgeois qui veut qu’un bon parcours passe nécessairement par une prépa et une grande école, au travail où un bon employé est celui qui grimpe les échelons de la hiérarchie, et même dans le cadre privé. Partout on se voit arborer les signes extérieurs de cette réussite : les costumes sérieux de ces messieurs, la toilette élégante de ces dames, la belle maison du voisin, notre voiture, etc. Tous ces éléments font partie de cette forme de communication non verbale par laquelle nous envoyons un message à nos semblables sur le niveau social que nous nous attribuons et que nous voulons les voir reconnaître afin qu’ils nous respectent.

Ces temps-ci par exemple je remarque qu’avec les gens de mon âge nous sommes nombreux à nous vanter de notre achat immobilier. « Et tu as vu la taille de ma chambre, et la vue qu’on a depuis mon salon ? » Le must étant pour ceux qui ont pu acheter une maison, dont on parle avec un respect et un sourire en coin qui signifie « alors t’as vu, y’en a qui sont doués hein ? ».

Qu’on ne se trompe pas sur l’opinion que j’ai sur ce sujet. Je n’émets pas réellement de jugement de valeur sur la justesse de ce mythe de la réussite sociale. Je pense d’ailleurs qu’il a contribué pour une part certainement importante au développement de nos sociétés modernes et à un mieux-être général. Je subodore, il est vrai, qu’érigé en absolu, il présente un risque, et qu’il est probablement bon de savoir le regarder avec un certain recul, pour au moins se laisser la possibilité de trouver d’autres solutions. Mais je ne dis pas qu’il doit nécessairement être jeté à la poubelle. Je n’ai tout simplement pas aujourd’hui les outils de réflexion qui me permette de vraiment bien le juger, et ne souhaite donc pas m’y aventurer. Je ne fais donc ici que remarquer son existence et l’étendue de sa dissémination parmi les populations dites civilisées.

Passons désormais au conformisme de soumission, qui est en fait le véritable point d’aboutissement que j’avais envisagé à la lecture du billet du Swissroll. Celui-ci est à mon avis particulièrement intéressant car il défait un préjugé facile et apprend à observer les choses avec précision. Ce conformisme est celui des populations soumises (c’est pour cela que je lui donne cet épithète, quelle surprise n’est-ce pas), celui des dominés. Il est intéressant car il présente un paradoxe qui n’est en réalité qu’apparent.

En effet, on aurait facilement tendance à estimer que le dominé ne se plie pas de bonne grâce aux règles établies par les dominants, et qu’à la moindre occasion qui lui sera donnée de s’en affranchir, il s’empressera de le faire. Le raisonnement est cohérent certes. Mais il est aussi dénué de réflexion. Car les dominés, au contraire, ont souvent, eux aussi, intérêt à agir de façon conformiste, par mimétisme avec le reste du groupe, quand bien même celui-ci les opprime.

Pour bien comprendre pourquoi, il faut à nouveau faire un peu de biologie comportementale avec Laborit. En effet, les dominés d’un groupe social donnés, tout dominés, exploités et aliénés qu’ils peuvent être par ce groupe, ne dépendent pas moins de lui que les autres. On retrouve ici la notion de niveaux d’organisation si chère à Laborit. Revenons rapidement dessus.

Un organisme, animal ou humain, est composé en différents niveaux d’organisation biologiques : la molécule, puis la cellule, puis l’organe fonctionnel, puis l’organisme tout entier. Chacun de ces éléments travaille chaque jour à sa propre conservation. Mais en tant qu’il participe au fonctionnement des niveaux d’organisation supérieurs, il travaille également à la conservation de ces niveaux d’organisation, et ceux-là travaillent également à la conservation de leurs constituants, les niveaux d’organisation inférieurs. C’est ainsi que la molécule, si elle n’agit pas pour que la cellule puisse se perpétuer ne remplira pas convenablement sa fonction, et mourra en même temps que la cellule, et identiquement à chaque niveau.

Laborit passe des niveaux d’organisation biologiques à la sociologie en expliquant qu’il en va pour ces derniers de mêmes que pour notre fonctionnement biologique. Autrement dit, à partir du moment où l’homme s’est organisé avec les autres pour former un groupe social, il a constitué un niveau d’organisation qui englobe celui de sa seule personne, et qui conditionne sa survie autant que lui-même participe à la survie du groupe. Or le conformisme est un facteur de conservation de la structure du groupe, ou en tout cas il est perçu comme tel (être conservateur, d’un point de vue politique, dans le fond, ce n’est rien d’autre que ceci, vouloir conserver la structure du groupe intacte).

Le dominé a donc un intérêt direct à la conservation du groupe, car celui-ci lui assure sa propre survie. Sans le groupe, il disparaît, et il lui est donc nécessaire de participer, au même titre que les autres à sa perpétuation. Un dominé aura ainsi intérêt à combattre avec le groupe pour conserver la structure du groupe, alors même que c’est cette structure qui est la source de son aliénation. Il serait d’ailleurs intéressant pour compléter cette analyse de trouver la répartition de l’électorat conservateur par niveau social. Je suis pour ma part assez convaincu qu’il est en grande partie constitué de gens de faible niveau social, mais je n’ai pas vraiment de chiffres pour le confirmer.

Arrivé à ce point j’en ai à peu près terminé avec l’objet de cette petite recherche. Je voudrais juste indiquer ici qu’il me semble important lorsqu’on aborde un sujet de société, d’essayer de ne pas s’arrêter aux analyses superficielles qu’on entend si couramment et qui ne font en réalité que traiter que des apparences, des stigmates des comportements, en utilisant presque toujours un vocabulaire qui les fait passer pour de véritables réflexions, alors qu’elles n’explorent jamais vraiment le fond des choses. Il faut savoir s’extraire de la facilité, même si ce n’est pas forcément plaisant (quoique moi je prends vraiment mon pied sur ces sujets, mais ce n’est là qu’une affaire de goût).

Une piste maintenant, pour poursuivre plus avant. J’ai indiqué dans les derniers paragraphes que le conformisme était un facteur de conservation de la structure d’un groupe. Mais si celui-ci n’est pas challengé par d’autres formes de réponses aux besoins sociaux, et si aucune révolution, même petite, n’apparaissait jamais dans l’organisation d’une société, il y a fort à parier que cette société finirait dans le déclin. Les exemples de l’histoire à ce sujet sont nombreux. On observe donc, qu’à long terme, les mouvements de destruction du conformisme deviennent à leur tour des facteurs de conservation du groupe, en lui permettant de dépasser ses schémas et d’en inventer de nouveaux, par un processus imaginatif qui dans le fond, est le véritable propre de l’homme.

* : il faudra que je revienne plus tard sur ce point. Mais ce sera pour un autre billet.

09/11/2006

La grapho de Ségo

Il y a quelques années déjà, lorsque j'étais en école de commerce, j'avais voulu faire un petit travail spécifique sur la graphologie. Non pas que cette discipline m'intéressait vraiment, au contraire, je la plaçais plus volontiers parmi les techniques des gourous autoproclamés. Mais je voulais en avoir le coeur net et comprendre quels étaient les fondements "scientifiques" que les graphologues donnaient à leur démarche.
 
Je n'avais pas été déçu puisque lisant un livre de synthèse dans ce domaine, j'avais vite compris que de démarche scientifique, il n'y avait point, et que tout cela se résumait à une liste de : "si il écrit comme ça, ça veut dire que". Aucun fondement, aucun appui aux interprétations fournies, elles étaient justes balancées de façon gratuites, avec plus ou moins de talent et de cohérence. Mais peu m'importait, car après tout, je trouvais tout ça assez rigolo.
 
 
A tel point que l'envie me vient de tenter une petite analyse graphologique de l'écriture de Ségolène Royal, après avoir découvert chez Guillermo un encart que je trouve très amusant. Je vous laisse tout d'abord le lire.
 
medium_Segolene_royal_graphologie.2.jpg
 
Ca y est? Bon allons-y alors. Tout d'abord, on remarque que Ségolène n'écrit pas droit. Son écriture à plutôt tendance à monter progressivement. Certains mots mêmes, semblent presque devoir changer de ligne. C'est le cas du mot "Amitiés" par lequel elle signe, ou de "novembre" un peu plus haut. Ceci est le signe d'une personne dynamique, orientée vers l'avenir. L'exagération qu'on observe parfois de cette tendance indique aussi une forme de prétention et d'arrogance. Probablement une propension à ne pas tenir compte de l'avis des autres et à ne s'en remettre qu'à soi. Toutefois, on peut tempérer  cette analyse en observant sa signature. En effet elle n'utilise pas de majuscule pour son prénom, et la taille de son "s" n'est pas très importante, comme c'est pourtant souvent le cas lorsque l'on signe.
 
Deuxième remarque, son écriture, bien que marquant une tendance générale vers le haut, est irrégulière. On trouve dans un même mots des lettres qui vont vers les haut et d'autres qui au contraire vont vers le bas. Sur "invite" notamment ou encore sur "demain". On le voit même pour certains mots, par exemple quand elle écrit "13 novembre". C'est ici le signe d'une personne sournoise, truqueuse, qui ne dit pas les chose de façon franche et sincère mais qui louvoie en cherchant à tromper les autres.
 
Troisième et dernière remarque, sur son type d'écriture. Ségolène Royal écrit tous ses mots de façon liée, sans saut entre les lettres, ou alors ils sont très rares. C'est le signe d'une personne qui n'a pas encore acquis son indépendance intellectuelle et qui se repose encore sur les autres pour tenir son discours. C'est l'écriture d'un enfant. Ceci est d'ailleurs renforcé par la forme de ses lettres. En effet, ses "p" ou encore ses "m" et ses "n" sont écrit comme on apprend à les écrire en classe primaire. C'est encore le cas pour ses o liés notamment sur son dernier "vous".
 
Il se dégage de cette analyse une personnalité probablement joyeuse et dynamique, mais aussi immature, peu responsable et probablement fortement influençable. Un besoin d'avoir un cadre posé par d'autres pour pouvoir organiser sa vie et ses idées.
 
Ou pas?
 

07/11/2006

24 heures contre la censure sur Internet

medium_huJintao.jpgJe relaye l'information de la campagne lancée aujourd'hui par Reporter sans frontières contre la censure sur Internet.Un lira un bon billet concernant les détails de cette opération chez Versac.

 

Les blogs me semblent être un excellent endroit pour relayer ce type de démarche. Parce que précisément ce qui fait leur intérêt est l'ouverture au dialogue et au débat qu'ils permettent. C'est je crois l'intention principale que partagent les blogs de lieu-commun. Nous avons des opinions similaires sur certains sujets, différentes sur d'autres. Mais nous nous retrouvons toujours dans l'intention affichée de rester ouvert aux opinions contradictoires et d'admettre la remise en question. Evidemment, parfois c'est difficile.

 

On trouvera sans doute que ce petit commentaire que je fais est ridicule au regard de l'enjeu de la démarche de RSF. Ce qui est en cause ici ce sont des gens menacés ou emprisonnés pour leurs opinions, des pays où la liberté d'expression reste un horizon lointain. Mais que ferons-nous demain, après que soient terminées ces 24 heures? J'aurais posté mon billet tranquillou, obtenu quelques messages de soutien ou de remerciement, et puis zou.

 

On peut faire quoi concrètement, au quotidien, pour faire vivre ces idées? A notre niveau, en France, et malgré le bien vilain classement que nous donne RSF, nous avons la chance de ne pas vraiment souffrir de l'absence de liberté d'expression, que ce soit sur Internet ou ailleurs. On aura du mal à s'impliquer vraiment dans une action concrète qui aide à changer cette réalité. Mais elle existe pourquoi? Parce que certains hommes, qui ont le pouvoir, n'acceptent pas la remise en cause, la contestation, le défi.

 

Demandons-nous ce nous ferions nous-même avec notre propension à refuser le dialogue, si nous avions le pouvoir. Sommes-nous si sûrs que nous ne voudrions pas détourner celui-ci? Il n'est peut-être pas inutile, à notre petit niveau comme on dit, de réflechir avec un peu de sincérité sur ce problème, pour donner un peu plus de corps à ce type d'idées.

06/11/2006

Le bout de la corde

medium_corde.jpgLe verdict est donc tombé pour Saddam Hussein: il sera pendu. Après un an de procès, le jugement prononcé n'étonne pas tant il était prévisible depuis le début.
 
Comme tout le monde je m'étais évidemment préparé à cette issue. Mais pourtant, je ne peux m'empêcher aujourd'hui d'en ressentir un sentiment de déception. Il n'y a rien à faire, pour moi ce verdict est une très triste défaite et il ne pouvait pas y avoir pire décision que de tuer Saddam, malgré tout ce qu'il a fait. J'ai déjà expliqué en détail mon opinion sur la peine de mort. Je ne vais pas revenir dessus. Mais je veux simplement rappeler que c'est probablement dans ce type de situation qu'il est le plus important de se battre contre cet acte barbare.
 
Evidemment, je mesure à quel point il est comfortable de tenir cette belle parole depuis mon siège de bureau. Les irakiens dont les familles ont été assassinées par leur ancien dictateur ont forcément un sentiment très différent du mien après ce verdict. D'ailleurs si j'apprenais qu'ils allaient manifester pour sauver leur bourreau j'en serais proprement stupéfait.
 
Mais il n'en reste pas moins que terminer un procès qui se voulait exemplaire, qui s'était donné comme objectif de démontrer les bienfaits de la justice et d'en inculquer la culture aux irakiens, par une pendaison, est pour moi un terrible aveu de défaite. Comme Paxa, je trouve évidemment difficile de devoir défendre cette idée face à un tyran d'une telle espèce. Je sais quelle schizophrénie cela impose, entre ce que feraient notre raison bourgeoise et protégée et nos mains baignants dans le sang d'un enfant tué par Saddam.
 
Mais si cette schizophrénie est l'expression entière de mon humanité, dont je ne cherche à renier ni l'un ni l'autre flanc, je sais aujourd'hui que l'Irak a perdu sa bataille la plus symbolique.
 
Add 14h20: je n'avais pas vu, mais Guillaume Barry du Swissroll a écrit un bon billet hier sur le sujet. Son argumentation semblera certainement aller à l'encontre de la mienne pour beaucoup de lecteurs. Je crois pourtant que ce serait une erreur de le penser car je suis très d'accord avec sa colère quant-à la séléctivité des états dans l'objet de leurs indignations. Et dire cela n'enlève, à mon avis, rien au drame que constitue l'application de la peine de mort.