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23/08/2006

Le matin

medium_matin_froid.jpg

 

 

Une fraîche brise coule dans le dos

     réveillant un frisson.

 

Les premiers pas sont indécis, hésitants, bancals.

 

L'habitude fait tout

         en guide sûr,

et creux.

21/08/2006

Yahoo! veut savoir comment éviter le stress

Yahoo nous demande comment faire pour éviter le stress de la vie.

 

Rentrant de deux semaines de vacances (non annoncées ici, mes problèmes informatiques n’étant toujours pas résolus), je redécouvre petit à petit l’univers Internetien et bloguien qui m’entoure (et que je n’étais pas fâché de quitter, je ne vous le cache pas, j’aime bien couper les habitudes). Et que vois-je en tombant sur le portail de Yahoo ! ce matin ? (hin, que vois-je ?). En gros, en haut, à gauche (non, je n’ai rien perdu de ma précision descriptive) une question sur le stress, visiblement posée par une internaute en proie au taraudement (taraudage ? taraudation ? hem bref ,ça la taraude quoi) : Comment faire pour éviter le stress de la vie ?

 

Evidemment attiré par le sujet, mon sang ne fait qu’un tour, et je me rue sur le clic gauche de ma souris, et puis finalement non, je me dis que le droit fera bien l’affaire, et qu’il m’offrira l’avantage d’avoir deux fenêtres Internet ouvertes pour le prix d’une, alors je vais pas me priver (misère, ça commence bien ce billet, avec des incises pareilles on n’est pas rendus). Evidemment (derechef), les courtes visites déjà faites sur les forums Yahoo ! m’ayant instruit de niveau de débat qu’on pouvait y trouver, je m’attends à des commentaires un peu bas de plafond. Et là, paf ! (non pas le chien), que nenni, y’en a des biens. Pas que, mais quand même y’en a. Suffisamment en tout cas pour me donner l’occasion de réveiller mon blog et pour vous en entretenir le temps de ce post, qui je vous préviens, s’annonce long, car je compte reprendre un certain nombre des commentaires y lus (y lus, waouh, c’est la grande forme !), les commenter chacun à leur tour, en les organisant en catégories, des plus intéressants aux moins conseillés.

 

Allons-y les amis, les garçons passent devant les filles, sinon va encore y avoir du chahut.

 

 

Les sages  - Conseils à retenir et sur lesquels réfléchir !

 

« On ne peut pas l'éviter, mais on peut le gérer.

 J'ai, pour des raisons de santé, dû un jour décider de mettre des priorités. Il y a plusieurs catégories de problèmes dans la vie: ceux qui sont suffisamment importants pour "mériter" mon stress, ceux qui ne sont pas suffisamment importants pour "mériter" mon stress, et ceux qui ne sont pas vraiment de mon ressort.
Je m'occupe des premiers (quitte a stresser) sans délai, je traite les seconds quand cela m'arrange et j'ignore les troisièmes.

De cette manière, je limite l'impact du stress sur ma santé. »

 

Mon avis : bravo ! En peu de mots, voilà l’essentiel résumé. D’abord il n’est pas question d’éviter le stress (ou alors je vous souhaite bonne chance), mais de le gérer. Et surtout quand on parvient à gérer les choses en posant des priorités, une très grande partie du chemin est faite. Je dois ajouter que j’éprouve un respect particulier pour ces personnes qui en ont bavé et sont sortis de leurs épreuves avec cette sagesse en plus, qui fait qu’enfin on traite ce qui est à traiter et qu’on remet tout le superflu à sa juste place : l’anecdotique. Il y a peu de chose qui m’agace autant que ces gens qui ne vivent que sur le mode du quotidien banal en lui accordant une valeur excessive ou pire, qui passent leur temps à se  noyer dans un verre d’eau et qui attendent des autres qu’ils les en plaignent.

 

« AIMER..... »

 

« Bonjour,

c'est facile, écrire un mail ou téléphoner à celui ou celle que l'on aime ou s'investir dans une mission comme par exemple travailler pour la paix au Moyen-Orient. »

Amitiés »

 

Mon avis : j’aime bien ces deux messages. Ils peuvent paraître un peu hors-sujet, ou passe-partout, mais si on y réfléchit bien, je crois qu’ils voient très juste. Je me souviens d’un échange avec François du Swissroll, qui me disait qu’il avait découvert dans une lecture sur le stress cette idée qu’aider les autres était une des méthodes les plus efficaces pour lutter contre son stress. Je crois que c’est également le cas lorsque l’on se rattache au sentiment d’amour qu’on peut avoir pour les autres. Ces actions, ces sentiments, nous fondent d’une façon profondément positive. Ils orientent notre comportement sur ce qui compte vraiment, et donc sur nos priorités, même si celles-ci ne sont pas conscientisées. Ils nous font vivre en harmonie avec nous-même et avec les autres. Qui dit mieux ?

 

 

Les recettes « pratiques » - des trucs utiles sur le moment, pas plus.

 

Petit mot en préambule à cette rubrique. Les méthodes pratiques pour gérer le stress sont nombreuses : sport, yoga, musique, danse, méditation, sophrologie, blog, etc. Il s’agit toujours de proposer une activité au corps et/ou à l’esprit pour lui permettre d’évacuer et de s’évader. Le piège qui peut exister dans ces activités est qu’elles deviennent des fins en soi, et qu’elles finissent pas nous empêcher de régler les problèmes que nous avons en nous entraînant dans une fuite permanente (au hasard, le mari qui passe ses soirées devant son ordinateur et qui ne parle plus à sa femme). Avoir des activités extérieures au travail est à mon avis une très bonne chose, car cela diversifie nos centres d’intérêts, et, presque tout le temps, nous permet de faire une activité qui nous procure un vrai plaisir. Mais cela ne doit pas devenir un refuge d’autiste.

 

« Pourquoi vouloir éviter le stress? Le stress peut être un moteur pour bien des choses dans la vie professionnelle et même personnelle! Le tout est de savoir le canaliser! La meilleure chose est de prendre du recul par rapport aux choses.

Première étape:

- Repensez à une situation stressante que l'on a vécue. Que vous inspirent aujourd'hui cette situation? Cela vous fait peut être sourire, rire ... dans tous les cas vous avez aujourd'hui du recul sur cette situation et vous vous dîtes que cela n'en valait pas la peine.

Deuxième étape:

- Pensez à ce qui vous stresse aujourd'hui et dîtes vous que dans quelques temps, tout sera oublié! Vous aurez du recul par rapport à la situation présente et vous en sourirez probablement. Le fait de vous projeter dans le futur vous permettra de mieux gérer votre stress sans le faire disparaître car comme je l'ai dit, le stress vous permettra d'avancer et il serait dommage de le faire disparaître totalement. »

 

Mon avis : yup ! Nous fonctionnons trop le nez dans le guidon, et ne savons souvent plus réagir qu’à sang chaud aux situations, et ainsi nous les montons en épingles. C’est un truc simple et assez astucieux que d’imaginer dans une situation difficile ce que nous pourrons en penser un an plus tard. Souvent cela permet de faire retomber notre stress d’un étage.

 

« Le repos est primordial, il faut prendre le temps de se reposer, le sommeil est un facteur essentiel, après une journée chargée rien de tel qu'une bonne sieste. L'alimentation est également importante, se concocter quelques bons petits plats, sortir dans des endroits conviviaux aident à diminuer le stress de la vie quotidienne! Sans oublier les contacts avec les amis proches. »

 

Mon avis : re-yup ! Et même cette réponse aurait bien pu figurer dans la catégorie des sages. Des propositions simples : une bonne hygiène de vie par le repos et l’alimentation, et une idée clé : les contacts, les amis, bref, le lien social.

 

« Il faut essayer de faire des activités qu'on aime et qui détende.
Moi par exemple, j'aime bien faire une petite randonnée dans un belle forêt (ou de beaux paysages) ou alors m'allonger dans l'herbe la nuit et regarder les étoiles.

Comme dit plus haut, il y a aussi la musique (plutôt douce) qui détend. Moi je me rappelle à l'époque du bac (ça remonte a 6/7 ans), je regardais un jour avant pleins d'épisode de la série "Friands" pour me détendre et me déstresser. Car ça me faisait rire. Donc rire est important aussi dans la lutte contre le stress. »

 

Mon avis: de bonnes idées. En gros, c'est faire des choses qui plaisent et qui génèrent des émotions agréables. Ok.

 

« Bonjour,

Le stress de la vie est inévitable. Toutefois, pour atténuer ses effets il est possible d'utiliser des techniques de cohérence cardiaque. Dès que vous sentez le stress commencer à vous envahir:

- Concentrez vous sur la région du coeur et imaginez que vous inspirez et expirez à travers votre coeur

- Inspirez et expirez lentement et profondément pendant une trentaine de secondes

- Tout en continuant la respiration à travers le coeur essayez de vivre ou de revivre un sentiment positif: un endroit que vous aimez particulièrement, une expérience positive pendant laquelle vous vous êtes senti bien et en accord avec vous mêmes etc... »

 

Mon avis : la respiration et son contrôle, très bon pour apprendre à se maîtriser et retrouver le calme après un énervement. Ici il est assez proche de ce qu’on dirait lors d’une relaxation.

 

« Ma recette contre le stress : réciter NAM MYOHO RENGUE KYO pendant le temps dont j'en ai besoin. Je suis bouddhiste depuis 9 ans, et expérimente toujours plus les bienfaits apparents et inapparents procurés par cette pratique. Cela permet notamment de se mettre en harmonie avec soi-même, donc si l'on change, notre environnement change. Cette pratique m'apporte plus de sagesse, de force et de courage, donc de calme face aux événements déstabilisants de la vie.  J'ai donc, par expérience, un espoir immense quant à transformer positivement tout problème se présentant dans ma vie, ce qui me permet ensuite d'être plus forte ! »

 

Mon avis : la méditation est une méthode reine dans la gestion du stress. Mais tout de même ce message me laisse un peu perplexe. Cette récitation ressemble trop à un refuge que la personne utilise de façon systématique lorsqu’elle se sent stressée. Ces activités, aussi bienfaisantes soient-elles, ne doivent pas devenir des mécanismes qu’on ne sait plus remettre en cause. Il faut parvenir à rester maître d’elles.

 

« Perso je me pose devant une feuille blanche, je note tous les soucis et ensuite je trouve une solution à chaque problème et très souvent le fait de tout voir posé ça aide à trouver des solutions. Ensuite il suffit de rayer les soucis, dès la solution trouvée. Perso je fais ma petite fiche chaque matin et cela m'aide à ne rien oublier et à tout faire dans l'ordre. »

 

Mon avis : pas idiot. Ecrire son stress noir sur blanc, puis prendre les problèmes un à un. Pragmatique, lucide, sans doute efficace. Mais j'espère tout de même qu'il n'a pas vraiment tous les matins une liste complète à remplir. Ou il va finir par déprimer!

 

« Pratiquer le sexe, à volonté, pour moi c'est le remède efficace contre tout stress. »

 

Mon avis : si vous préférez cette activité physique à la course à pied, je vais pas vous l’interdire quand même.

 

 

Les demis ou faux sages – parfois du bon, mais des pièges à éviter

 

« Le stress? hmm grand et pressant problème.

J'ai à peu près les mêmes réponses que les autres.

Méditer: je suis croyante donc pour moi la méditation c'est de faire une prière; mais je pense que toute pensée positive: à la lumière, à un endroit de détente idéale, à l'être aime peut nous calmer

Réfléchir: ne jamais cesser de discerner entre les vrais problèmes et les problèmes mineurs; trouver des solution en accord avec soi même pour les premiers, se détacher des derniers

Music, danse, sport promenades et randonnées dans la nature

se dire: rien n'est vraiment si grave que cela a l'air »

 

Mon avis : bon début, mais la chute montre une erreur de perspective. La méditation et la prière ne traitent pas le fond, mais sont de bonnes méthodes. Je ne rejette pas la prière bien qu’étant non croyant, car je comprends tout à fait que pour des croyants cela soit quelque chose de très bénéfique, et je ne vois aucune bonne raison de les en priver au prétexte d’un quelconque cartésianisme. Le discernement devant les événements, les méthodes pratiques pour évacuer le stress, tout cela est également bon à prendre. Mais pas la fin. Il est mauvais de chercher à tout prix à se persuader que « rien n’est vraiment si grave… ». Parfois on peut être coupable d’angélisme.

 

« Relativiser en se disant qu'il y a pire à chaque épreuve rencontrée. Prendre du recul, sur soi et sur les autres, aide à ne pas se laisser atteindre par les problèmes que nous rencontrons, mais au contraire à en rire, pour mieux les appréhender! »

 

Mon avis : bon, ok, l’idée de prendre du recul peut être pas mal. Mais attention aux discours creux et trop faciles. Car qui comprend bien ce que ça signifie prendre du recul ? Combien, en fait de prendre du recul, ne font en réalité qu’esquiver les événements, les ignorer comme s’ils n’arrivaient pas ? Relativiser, ok, mais jusqu’à quel point ? Je me méfie de ce type de réponse car pour le coup je la trouve trop imprécise et que chacun va pouvoir y faire son marché d’une façon parfois efficace, parfois pas. La question n’est d’ailleurs pas de parvenir à ne pas être atteint par les problèmes, il ne s’agit pas de devenir un légume qui ne réagit plus à rien, mais plutôt de mettre les événements dans leur juste perspective, pour y apporter une réponse adaptée. Si un jour un parent est gravement malade, vous n’allez pas vous mettre à en rire pour mieux appréhender la situation, vous allez courir l’emmener à l’hôpital pour qu’on s’occupe de lui, et vous ferez bien.

 

« Il faut avant tout éviter de se prendre la tête sur tout et sur rien. Regarder ce qui est prioritaire et qui en vaut vraiment la peine. Bref relativiser car tout à une solution, peut être pas immédiate mais elle finira par surgir. Et au final toujours garder le sourire, pour soi et pour les autres car autrui n'a pas à connaître vos soucis qui sont d'ordre privé. »

 

Mon avis : en gros, idem que précédemment. Non, tout n’a pas une solution. Ces phrases toutes faites sont à bannir car elles poussent à des réactions et des comportements mécaniques qui, dans ces situations éminemment « humaines » sont parfaitement inadéquates.

Add du mardi 22/08: j'ai oublié de parler de la fin de ce commentaire. C'est un égarement total. Autrui n'étant pas nécessairement un intru, il n'y a aucun mal à lui faire part de notre vie privée. Si c'est un proche, cela peut même être fortement recommandé, tant que cela ne se fait pas en phagocytant son propre espace personnel.

 

« être insouciant, voila le secret, à moins d'avoir une maladie incurable tout le reste n'est que détail, regardons en bas, beaucoup n'ont même pas à manger, alors que pour notre majorité dans le pire des cas on ira pas au cinéma ce mois ci... »

 

Mon avis : dans les réponses des internautes, il y en a plusieurs qui appellent ainsi à la sagesse quant aux malheurs des autres, en particuliers des pauvres et des opprimés. Bon, sur le fond, je ne peux que souscrire, et appuyer encore sur l’idée qu’il y a un certain scandale dans nos complaintes de riches. Mais ces commentaires lointains des problèmes dont ils font mention me laissent toujours méfiant. Ca ressemble trop à des postures. D’autant que, s’il est vrai que nous ne souffrons pas tous de malnutrition ou de manque de liberté, il n’en reste pas moins que nous pouvons avoir d’autres difficultés à affronter, et que celles-ci ne doivent pas être ignorées sous prétexte qu’il y a pire. Il ne faut pas tomber dans l’excès inverse aux lamentations précédemment dénoncées.

 

« Pour moi, la seule façon de lutter contre les petits stress de la vie (petits ou grands d'ailleurs...) c'est d'adopter une philosophie grecque, très égoïste et très égocentrique... le stoïcisme! C'est simple : "rien ne peut m'atteindre"! Je me dis que si je ne laisse pas m'atteindre, ça me stressera beaucoup moins, et ça marche effectivement. Certes, ce n'est pas efficace à 100%, mais ça permet de diminuer la dose de stress! »

 

Mon avis : la philosophie stoïcienne propose quelques idées très intéressantes pour appréhender les événements, et donc parallèlement, pour gérer son stress. Notamment celle d’identifier ce qui dépend réellement de nous pour savoir sur quoi nous pouvons agir et sur quoi nous ne pouvons pas. C’est en partie ce qui est repris dans le premier commentaire cité dans ce post. Mais quel mauvais détournement celui-ci propose-t-il ! L’égoïsme ? « Rien ne peut m’atteindre ». Le premier est destructeur, et le deuxième est inapplicable.

 

 

Les mauvaises idées, les fuites

 

« Faites comme si rien ne se passe »

 

Mon avis : la fuite écrite noir sur blanc. En fonctionnant ainsi, on ne règle rien. Je voudrais tout de même évoquer une idée pour m’auto-critiquer sur ce coup. Je me souviens d’un article un peu ancien d’un numéro du Courrier International où il était question d’une étude faite par des psychologues pour évaluer l’impact des comportements d’évitement. L’étude cherchait à établir s’il existait un lien entre le niveau de stress des personnes étudiées et leur comportement qui était principalement d’ignorer les problèmes et d’être constamment en « fuite ». Et bien le résultat de cette étude était surprenant, puisqu’il indiquait que ces personnes montraient un niveau de stress bien inférieur aux autres, et que globalement elles étaient donc plus heureuses. Tout le problème est que cela ne me semble tenir que tant que ces personnes choisissent de poursuivre dans cette voie. Si un jour elles décident d’affronter enfin la réalité, rien ne garantit qu’elles ne fassent pas une bonne grosse crise.

 

« La meilleure manière de vaincre le stress c'est de s'occuper ne jamais rester seul, et sans rien faire surtout. Dès que vous être libre, le stress vous agresse et s'installe au fur et à mesure ; il vous branche sur des questions qui vous tiennent à coeur : problèmes conjugaux, problèmes professionnels, sentimentaux, problèmes avec les enfants, etc.

Lisez, faites du sport, travaillez... »

 

Mon avis : idem. Plus argumenté à la première lecture, mais le fond est en réalité identique et passe en un message : n’affrontez pas vos problèmes, ignorez-les. Jusqu’à quand ?

 

« LA P.P.P. est la seule solution à notre vie tourmentée
Alors qu'est-ce que la P.P.P.?
???
??
La Pensée Positive Permanente »
(et je vous ai épargné quelques dizaines de points d'interrogation)

 

Mon avis : aaaaah, Candy… le déni de réalité qui se donne des allures de vertus. Franchement je préfère encore le « faites comme si de rien n’était ».

 

« Augmenter ses divertissement!! »

 

Mon avis : l’hyperactivité est une réponse au stress qui a une réelle efficacité… pendant un certain temps. Après, le corps s’effondre, et il faut tout ramasser à la petite cuillère. Pourtant, c’est un mode de vie de plus en plus répandu.

 

« Avoir des projets, des projets, encore des projets ... Et bien sûr, s'y "projeter" quand le stress arrive. En ce moment, je prépare minutieusement un voyage qui n'aura lieu que dans 7 mois, je note dans un carnet tout ce qui s'y rapporte, les adresses de boutiques, les lieux que je veux voir etc. ... Et quand une contrariété arrive, je m'y plonge et ajoute un "bonus" à réaliser une fois sur place. »

 

Mon avis : l’hyperactivité dans l’onirisme. La fuite et l’aveuglement. Ca ne doit pas être facile de sortir d’un piège pareil quand on y est entré.

 

 

Les pires

 

« Un petit skiwy tous les soirs (juste un doigt) ça relaxe ! »

 

« Meilleur solution contre le stress, fumer des pétards!!! »

 

« La meilleure solution, de loin, c'est de fumer un bon pétard après la journée, juste avant de se coucher. Je suis certain qu'après les sportifs, un maximum de français optent pour cette solution. Qui en est vraiment une. Fini les médicaments, les remèdes soit disant médicaux et certifiés. »

 

Mon avis : est-il besoin de l’exprimer ? Oui, probablement, car ces « solutions » restent malheureusement très en vogue. C’est l’exemple extrême du comportement de fuite et de non responsabilité. Ces pièges sont redoutables, car aux mécanisme du comportement, qui sont déjà souvent très durs à défaire, ils ajoutent (parfois) la dépendance aux produits ingérés. D’ailleurs ces consommations, dans de nombreux cas, deviennent rapidement une source de stress, pas forcément pour les consommateurs, mais de façon très sûre pour leurs proches !

 

 

Les rigolos – pour le plaisir.

 

« Pour éviter le stress, faire de l'apnée afin de décompresser. »

 

Mon avis : jeu de mot très rigolo. Bon, il faut juste trouver une piscine pas loin de chez soi pour pouvoir le faire régulièrement. Sinon, se pincer le nez devant ses collègues, ça doit faire un effet moyen. Ceci dit, c’est personnellement quelque chose que j’apprécie beaucoup lorsque je nage, de pouvoir rester sous l’eau quelques temps. J’ai alors l’impression d’être très libre, un peu dans un autre monde.

 

« D'temps en temps, j'me mets à l'envers... »

 

Mon avis : huhu, j’adore ! Je me demande s’il fait le poirier souvent …

27/07/2006

Minables

Le Tour de France est à peine terminé que son vainqueur est mis sur la selette, par les résultats d'un test antidopage, effectué au soir de la 17ème étape (celle de Morzine où il a réalisé une échappée stupéfiante), qui l'a reconnu positif à la testostérone.

 

medium_Floyd_lent_bis.jpgFranchement, je sais bien que ça fait commentaire bas du ventre, mais voir Landis caracoler 130 kilomètres tout seul alors que la veille il s'effondrait, c'était un brin suspect. Ce qui est surprenant toutefois, c'est qu'il se soit fait choper avec un truc tout vieux que je croyais encore n'avoir jamais été réservé qu'aux gymnastes et nageuses chinoises et d'allemagne de l'est. Il a vraiment fallu qu'il soit très vexé la veille pour faire un choix aussi con.

 

Maintenant, ce qui va être difficile à avaler, ce sera le résultat de la seconde expertise, que ne va pas manquer de demander le tricheur coureur, et qui donnera probalement un résultat vierge. On ne va quand même pas salir l'image du Tour en répudiant le vainqueur pour dopage. Surtout pour Jean-Marie Leblanc, ça ferait tâche pour son dernier Tour, alors qu'il n'a cessé ces dernières années de lancer des campagnes de comm pour convaincre tout le monde que si si, j'vous jure, cette année ils n'ont que de la Cristaline dans leurs besaces.

 

Et vous aller voir l'an prochain on aura droit à la même mascarade quelques jours avant le départ. Quelle bande de nuls.

 

Add 28/07: et si vous souhaitez lire plus qu'un simple beuglement, vous pouvez voir chez versac.

26/07/2006

Dodo sous la canicule

En ce moment, c'est indéniable, il fait chaud. Si, si, pas la peine de nier ni de faire semblant, il fait chaud, voire même très chaud (osons). Et quand il fait chaud un des trucs les plus difficile à faire, c'est de dormir. On s'agite, on enlève la couette, on la remet, on la met à moitié, on l'enlève à nouveau, bref on dort mal et peu. Et rapidement ça agace, car le problème avec la chaleur, c'est qu'elle est plus difficile à combattre que le froid (enfin quand on a un niveau de vie décent).

 

Mais voilà, heureux fripons, j'ai une astuce à vous proposer pour parvenir à trouver le sommeil rapidement et profiter de vraies nuits pleinement réparatrices: vous endormir en faisant une relaxation. Pour ceux qui n'en connaissent pas, vous pouvez vous reporter à cette ancienne note ou à la relaxation qui est proposée sur mon site de gestion du stress dans la rubrique particuliers/friandises.

 

La relaxation est en effet très indiquée dans ce type de situation puisque son rôle est d'apaiser la personne en diminuant son niveau d'activité et en l'amenant à un état de "conscience modifiée" qui est très proche du sommeil. D'ailleurs, l'une des conséquences physiques de la relaxation est une faible diminution de la température corporelle, ce qui coincide bien avec l'effet recherché ici.

 

Pour vous convaincre de l'efficacité de cette méthode, je vous dirai simplement que j'avais donné ce conseil il y a quelques années à un ami qui devait se rendre au Cameroun en plein été pour y retrouver sa famille expatriée. Là-bas me dit-il, la température tutoie les 50° dans la journée, et ne descend guère dans le courant de la nuit. Et bien à son retour, il m'a dit avoir appliqué mon conseil, et que hop, ça avait magnifiquement fonctionné et qu'il avait ainsi pu profiter de vraies nuits.

 

Et pour continuer ma distribution de dragibus, j'en offre un vert à celui qui me donnera, sans s'aider du dictionnaire ni d'Internet, l'origine du mot canicule.

 

P.S: au fait, je m'aperçois que j'ai totalement oublié de fêter son anniversaire à mon blog. Dites-lui un petit mot, sinon il est fichu de me faire encore la tête pendant une semaine.

19/07/2006

Déménagements et projet de société

Lorsque j’étais en terminale, notre professeur de philosophie, qui portait le cheveu savamment bouclé, et qui avait l’habitude de nous regarder avec un petit sourire supérieur en coin lorsqu’il citait un grand philosophe, pour nous épater, et nous montrer l’écart qu’il y avait entre nous, pauvres béotiens, et lui, le philosophe, qui savait voir les choses avec une oreille humant l’air du temps dégagée des carcans de pensée traditionnels, et ainsi ouverte à une vraie réflexion, nous gratifiait parfois de remarques qu’il voulait aussi marquantes qu’elles étaient censées aller à contre-courant de l’air du temps (Gustave Labarbe, sort de mon corps ! *).

 

Mais parfois, il arrivait que ces sorties originales nous donnent l’occasion d’entendre quelque chose de vraiment intéressant. Ou plutôt, qu’il nous donne quelques idées pour démarrer nous-même notre réflexion, ce qui, dans le fond, est probablement une bonne manière d’enseigner la philosophie.

 

Ainsi, nous avons abordé un jour la question du sens qu’on pouvait donner à ce qu’est une société de consommation. En se basant très simplement, et comme souvent d’ailleurs, sur le sens des mots, et donc en particulier sur celui du mot consommer. Je recopie ici la définition qu'on trouve dans le dictionnaire de l'académie française: v. tr. XIIème siècle, au sens de « détruire, anéantir ». Emprunté du latin consummare, « faire la somme de », d'où « accomplir, achever », mais, sous l'influence, dès le latin chrétien, de consumere, « consumer, manger », d'où « détruire ». Ce dictionnaire suggère même de se reporter au mot consumer pour en savoir plus ...

 

Consommer un produit, c’est l’utiliser, et ainsi l’user, ce qui conduit à plus ou moins long terme à sa destruction. Consommer de la nourriture ou une boisson même, cela ne veut rien dire d’autre que la détruire de façon immédiate lorsqu’on l’ingère. De sorte qu’il n’est pas ridicule à ce stade d’estimer qu’une société de consommation est par conséquent aussi une société de destruction, une société qui, puisqu’elle rappelle si souvent sa nature consommatrice, semble par conséquent assumer que sa principale activité est d’utiliser, transformer puis consommer et donc détruire, les produits et les matières qui sont mis à sa disposition par la nature.

 

Cette perspective inspire le pessimisme à deux titres. D’abord parce que comprendre que la société à laquelle on participe, tend vers une fin bien éloignée des grands idéaux dont on aurait voulu pouvoir la draper, a quelque chose d’assez déprimant pour nos égos. On peut toutefois estimer que cet objectif, n’en est pas vraiment un, mais qu’il n’est en réalité que la conséquence éloignée, et il faut bien l’admettre, pas si évidente que ça à identifier, de notre comportement naturel de recherche de confort et de richesses. Mais alors ceci laisse supposer que l’érection de cet « objectif » s’est faite de façon quasi inconsciente, ce qui n’a rien pour nous rassurer quant à notre capacité à le remettre en cause, puisque il est alors en grande partie lié à des éléments que nous contrôlons mal voire pas du tout.

 

Ensuite et surtout, parce qu’intuitivement on comprend bien qu’il n’est pas possible de détruire éternellement, et qu’il existe nécessairement une limite qui ne peut pas être dépassée. Certes il apparaît d’emblée très compliqué d’identifier où se situe cette limite, et pourtant on perçoit bien que cela constitue un des défis les plus importants qu’il nous revient de relever dans les décennies à venir. Car si nous n’y parvenons pas il se pourrait que l’on franchisse cette limite sans s’en apercevoir, avec à la clé les conséquences irréversibles que cela suppose.

 

Mais bien sûr on comprend que ce tableau reste caricatural et simpliste. Je ne vais pas m’avancer trop loin dans cette réfutation, je la laisse plutôt aux économistes, qui seraient le plus à même d’indiquer les limites de ces remarques. Tout juste puis-je subodorer que les circuits économiques ne sont pas purement linéaires, partant d’une production pour aller jusqu’à la consommation, qui serait la fin de vie du produit, mais qu’ils fonctionnent souvent en cycles, dans lesquels la consommation n’est qu’une étape dans un processus plus long, voire procède d’une transformation du produit initial pour en faire autre chose. Il me semble qu’il existe des types de « consommations » qui ne résultent pas dans la disparition du bien consommé mais qui peuvent participer à son renouvellement ou à la régulation de sa « population » (je pense à la chasse par exemple), ou encore que cette consommation peut entraîner un développement sur un autre plan (une personne qui mange se donne les forces nécessaires pour se développer, travailler, etc.). Qu’en bref, c’est une question complexe et que donc ma première impression reste insuffisante pour bien la cerner.

 

Pourtant je ne peux m’empêcher d’y percevoir une vérité. Vérité qui apparaît de façon très frappante lors d’un évènement personnel courant et dont je deviens un habitué ces temps-ci: un déménagement. Il suffit d’avoir à vider une maison dans laquelle furent entassés plusieurs années d’achats de bric et de broc pour s’apercevoir du volume que l’on « consomme » et que l’on se voit obligé de jeter ledit jour du déménagement, et saisir ainsi à quel point cette consommation peut se transformer en une destruction pure et simple. Vraiment tout y passe : des meubles qui servirent un jour et qui sont devenus inutilisables tant ils sont rongés par le temps, aux vêtements qui déjà à l’époque devaient faire rire nos camarades (quoi qu’ils ont dû porter les mêmes), en passant par les gadgets achetés sur un coup de tête, qu’on n’a jamais utilisés, et qui ont pris la poussière en restant dans leurs emballages. Les déménagements s’apparentent ainsi fréquemment à de grands coups de balais qui alimentent les décharges presque plus sûrement que nos futures habitations.

 

Et ce phénomène est d’autant plus étrange lorsque l’on doit pourtant passer ses week-ends à refaire les magasins pour s’équiper en mobilier et en matériel de tous les jours…

 

 

* : j’offre un dragibus jaune au premier qui comprend cette parenthèse.

 

13/07/2006

Le complexe du blogueur !

medium_homme_perche.jpgParmi les affections qui peuvent toucher les blogueurs, outre la smsite aigue, qui transforme nos bons vieux azerty en kits à raccourcis, et la baronite espagnole (je mets cet adjectif juste parce qu’il fait joli, je ne vise personne, surtout pas un certain maître), qui pousse ceux qui en sont touchés à user d’un verbiage sentencieux pour annoncer qu’ils ont croisé leur concierge deux fois de suite en sortant les poubelles, il y a aussi le complexe du blogueur, un complexe qui n’épargne pas votre serviteur.

 

Mais d’abord, le complexe du blogueur, c’est quoi ?

 

A mon sens, c’est le sentiment d’être élevé de façon injustifiée à un rang qu’on ne pense pas mériter, et sentir que ce rang nous met dans une position où les attentes sont aussi fortes que les risques de les décevoir. Et surtout, que portés par ce rang, qui pour certains blogs ou collectifs de blogs est particulièrement élevé, ceux-ci étant parfois même perçus comme des institutions (je pense clairement que c’était le cas de Publius, et sans vouloir nous jeter des fleurs injustifiées, je crois que c’est la place que certains lecteurs donnent à lieu-commun), que portés par ce rang disais-je, et parfois contre notre gré, on se retrouve en haut d’une tour dont bon nombres de lecteurs finiront bien un jour par s’apercevoir qu’elle est en carton.

 

C’est donc craindre que les lecteurs finissent par percevoir dans notre démarche une forme d’imposture, d’usurpation de position, et que, après l’avoir porté haut, ils s’aperçoivent, comme me le disait François du Swissroll en mail, que le roi est nu. Ainsi, la reconnaissance qu’il aurait acquis auparavant se retournerait soudain contre lui pour fournir à ses détracteurs les armes les plus puissantes pour détruire son travail, en mettant en cause sa démarche même.

 

Car qui sont-ils ces blogueurs pour oser s’exprimer plus haut que les autres et se poser en références du débat sur Internet ? Pourquoi eux ? N’y a-t-il pas une injustice dans la formation de ces collectifs dont on peut soupçonner qu’une part importante des participants est là par cooptation et copinage plus que grâce à de réelles compétences ? Ces questions, les lecteurs se les posent certainement parfois, et on le voit d’ailleurs au travers de certaines réactions qui, je le dis sans sarcasme car je peux le comprendre, semblent parfois empruntes d’une certaines jalousie.

 

Réponses sur ce paragraphe: pour la plupart nous ne sommes pas des personnes plus élevées que qui que ce soit, certains ont des compétences particulières pour aborder des sujets spécifiques (c’est évidemment le cas des juristes), d’autres pas. Et très peu des blogueurs qui participent aux débats de société se sont autoproclamés cerveaux d’or. Les meilleurs le plus souvent ont gardé une approche au contraire très humble, et ouverte à la critique, mais ce sont leurs lecteurs, reconnaissants leurs qualités, qui les ont élevés au rang de références. Qui les en blâmeraient ?

 

Pour illustrer cela, je voudrais aborder le cas de mon blog. C’est très clairement cette crainte, relevée plus haut, d’être perçu comme une sorte d’imposteur, qui a guidé la décision dont j’ai fait part avant-hier. Ce sentiment que les lecteurs qui passent sur lieu-commun, voyant mon blog et mes billets, ont un grand « pfff » intérieur en songeant à la vacuité de mes billets, un pfff qui signifierait en gros : « bon sang, mais qu’est-ce qu’il fiche ici celui-là ? ».

 

Plusieurs choses ont contribué à cette impression. D’abord la pression de participer à un collectif dans lequel j’admire quasiment tous les participants (je dis quasiment uniquement parce que certains me semblent au-dessus des autres et qu’en conséquence le degré de cette admiration varie un peu), et qui engendre la crainte d’être comparé à ces autres blogueurs, ce qui me semblerait difficilement pouvoir tourner à mon avantage.

 

En effet, figurent dans ce collectif quelques une des figures les plus respectées de la blogosphère : Eolas bien sûr, mais aussi Ceteris-Paribus, Econoclaste, Versac, je ne les cite pas tous, mais il y en a peu qui ne soient pas des pointures. Me trouver à leurs côtés est forcément intimidant car il est clair que je n’ai pas leur impact (ce dont je ne blâme évidemment personne).

 

Enfin, cela s’explique aussi par la place que certains internautes, de plus en plus nombreux, accordent aux blogs pour s’informer et réfléchir, place qui reste encore aujourd’hui, à mon avis, un peu surestimée. Je le vois parfois dans mes statistiques, j’ai des lecteurs qui viennent de ministères, de l’Assemblée Nationale, d’écoles prestigieuses comme Normale Sup ou Sciences Po, et à chaque fois je me dis « misère, que vont-ils penser de ce que j’écris ? Combien ont un sourire en coin en parcourant mes pages et hésitent à me brocarder en direct en pointant du doigt mes égarements ? »

 

Pour finir sur mon cas personnel, je suis revenu sur ma décision, plutôt rapidement d’ailleurs, car les commentaires que m’ont envoyé presque tous les participants de lieu-commun m’ont immédiatement fait remettre en perspective la vision que j’avais de ma place dans le collectif. J’ai compris que je m’étais fait une fausse image de la situation, et cela a suffit à me faire changer d’avis car c’était cette interprétation erronée des choses qui me faisait partir.

 

Alors maintenant, comment guérir de ce complexe, ou plutôt, comment faire en sorte de le gérer pour qu’il n’empêche pas le blogueur d’intervenir sur ce qui l’intéresse lorsqu’il en a envie ?

 

Oh pas de grande recette. En fait il s’agit juste de savoir trouver sa place, par rapport à ce que l’on veut pour soi, et par rapport à ce que l’on espère produire pour les autres. Cela passe par ne pas hésiter à dire quelles sont ses propres limites, sans pour autant les dramatiser. Et il faut sans doute accepter l’idée que ce sont les lecteurs en très grande partie qui font d’un blog ce qu’il est, en lui accordant une plus ou moins grande importance, et que c’est bien ainsi.

 

medium_Plus_ca_rate_....jpgJe crois que dans cette idée il y a le fait de ne pas chercher le succès à tout prix. L’enjeu est ailleurs : produire du contenu, analytique, ou plus simplement humain et qui apporte en cela quelque chose aux autres. Ce contenu sera reconnu pour sa qualité s’il en a. Et si jamais malgré les efforts fournis il ne reçoit pas l’estime que l’on souhaite, et bien on peut garder en tête la « phrase magique » qu’on utilise en relaxation, pour prendre du recul face à cette situation : « Ce n’est pas grave, ça n’a aucune importance ». Ou faire sienne, une célèbre devise Shadock...

11/07/2006

Lieu-commun perd un membre

Moi. Je viens d'en faire part au collectif lieu-commun, j'ai décidé de quitter l'aventure. Je ne me suis pas fait aggresser par un membre, je vous rassure, c'est juste qu'à mon avis il était temps, et peut-être même aurais-je dû le faire plus tôt. Si j'ai tardé c'est probablement qu'il n'est pas très évident de laisser comme ça une expérience qui me permettait de cotoyer des gens d'un très bon niveau, et par laquelle je me sentais moi-même tiré vers le haut.

 

Mais voilà, ce que j'ai proposé ici depuis le lancement du collectif n'a que peu souvent eu le niveau que je me fixais pour que ma participation ne soit pas ridicule. Il y a trop de décalage entre ce que je propose et ce que les autres font, et je crois d'ailleurs que ça affaiblit le blog lieu-commun, ce qui est dommage. Ce qui me dérange le plus, c'est le sentiment de passer pour un usurpateur, comme si ma participation était un peu volée. Ca me donne une impression de malhonnêteté intellectuelle que je ne veux pas faire perdurer.

 

Sans doute les questions que je me pose sans cesse sur moi-même et sur le regard des autres interviennnent-elles dans cette décision, mais pourtant je ne crois pas qu'elle soit mauvaise. Bien sûr je vais perdre en fréquentation, mais la raréfaction de mes billets a de toute façon déjà très largement entamé mon petit lectorat, et après tout l'objectif n'est pas de battre des records d'affluence.

 

La suite? J'aimerais vraiment trouvé le temps et le courage de faire ma série sur Laborit. Pour l'instant pour être franc, je ne l'ai même pas entamée, mais je tiens beaucoup à un billet dont l'idée principale est déjà très claire dans ma tête. Cela devrait nous mener jusqu'à la fin de l'été. Ensuite, nous verrons.

 

D'ores et déjà je voudrais dire merci à ceux qui me lisent toujours et qui peut-être, s'impatientent déjà de l'avenir de mon blog. C'est chic :o)

10/07/2006

Quelle frustration !

medium_Zidane_sans_la_coupe.jpgLa fête a été gâchée hier soir, malgré un beau match de foot, plus vif et plus engagé que ce qu'on avait vu dans les deux demi-finales. Gâchée par ce carton rouge sanctionnant un geste insensé de Zidane, alors que même avec une défaite, tout le monde du football s'était préparé à lui faire une haie d'honneur. Gâchée aussi, mais là c'est exclusivement personnel, par une bordée aussi cinglante qu'inattendue d'un ami, juste avant le coup d'envoi du match, bordée qui est partie se figer directement dans le ventricule gauche, en passant par l'arrière.

 

Quelques mots sur le match tout de même.

 

La première mi-temps est franchement italienne, malgré le penalty (qui à mon avis est injustifié) en panenka de Zidane. Ce geste, très rare et franchement étonnant en finale de Coupe du Monde montre que Zidane était entré sur le terrain avec l'intention de faire quelque chose lors de cette finale, de la marquer de sa patte, avec toute l'orgueil que cela suppose. Mais après ça, plus rien du côté des français pendant les 40 minutes suivantes. Ce sont les italiens qui se sont montrés les plus dangereux, en particuliers sur les premiers corners de la partie, très bien tirés par Pirlo, et sur lesquels Barthez fut sans doute un peu trop attentiste. Sur le but de Matterazzi, il y a une erreur de la défense car il n'est pas marqué avant de débouler sur Vieira et celui-ci ne peut donc forcément pas rivaliser dans les airs.

 

Mais en deuxième mi-temps, et jusqu'à la fin du match, c'est l'équipe de France qui domine les débats. De façon presque étonnante tant elle avait semblée dominée par les italiens durant la première période. Le jeu est vif, créatif, Malouda apporte beaucoup sur son côté, Ribéry aussi est très actif et Zidane réalise quelques gestes dont il a seul le secret. Même à la fin, alors qu'on joue à 10 contre 11, c'est encore la France qui attaque et qui fait frissonner les spectateurs. Mais rien n'y fait, la réussite n'est pas là, et on doit se départager aux tirs aux buts. Comme souvent dans ce cas là, l'équipe qui entame la séance des tirs se retrouve naturellement favorite, l'autre étant obligée à chaque fois de courir après le score. Ca ne manque pas. L'Italie gagne en enquillant tous ses tirs au but, ce qui doit être la première fois pour elle dans une grande compétition.

 

Les joueurs:

 

Barthez:

Pas grand chose à faire pendant le match, sauf sur les coups de pied arrêtés au début de la partie. A probablement été trop statique sur les corners italiens. Sur l'ensemble de la compétition, a montré que sa place n'était pas volée, et qu'il est un joueur des grandes occasions.

 

Sagnol:

Un bon match, avec quelques débordements et ce qui failli être la dernière passe décisive pour Zizou. Très bon sur l'ensemble de la compétition, Sagnol a été l'un des meilleurs éléments français. L'euro 2008 pourrait être sa dernière compétition internationale. Si la France se qualifie.

 

Thuram:

Immense bonhomme, très grand footballeur, un coeur et une envie énormes, Thuram aura été exemplaire du début à la fin de la compétition, en sortant au bon moment ses meilleures prestations. Il a notamment été très présent pour mobiliser l'équipe, pour la diriger avec les autres anciens. Le voir pleurer hier soir était un crève-coeur tant il a donné à ce groupe et à ce maillot. Il est rentré dans la légende du foot français, par la grande porte.

 

Gallas:

Gros match encore, Gallas a vraiment bien trouvé son rythme avec Thuram. Sur la compétition il aura définitivement gagné ses gallons en défense centrale. Reste le plus dur. Trouver celui qui lui servira de double...

 

Abidal:

Encore un peu de déchet et quelques fautes de débutant. Mais sur l'essentiel de son rôle Abidal a été présent. Il n'a pas vraiment de concurrent à son poste et devrait, avec l'expérience engrangée lors de cette Coupe du monde, faire les beaux jours de la défense française.

 

Malouda:

Très clairement son meilleur match de la compétition. Malouda a beaucoup avancé et créer de jeu en attaque. C'est lui qui est à l'origine du penalty tiré par Zidane, et qui aurait pu être à l'origine de celui de la seconde mi-temps si l'arbitre en avait décidé autrement. Décevant pourtant sur le reste de la compétition. Doit rester dans l'inspiration de ce dernier match. Aucun concurrent à son poste.

 

Makélélé:

Enorme, surtout en deuxième période et à la fin des prolongations où il semblait être le dernier joueur à courir encore. A réalisé un grande Coupe du monde, même s'il restera probablement toujours l'homme de l'ombre, celui dont on parle si peu, à tort.

 

Vieira:

Encore un match très solide. A eu du mal en début de rencontre, mais a attaqué la deuxième période avec une faim insatiable qui a totalement mis les italiens en sourdine. Vieira a été l'élément clé du renouveau français. Il a enchaîné deux buts et deux passes décisives, dans ses deux matchs face au Togo et à l'Espagne. Il s'est un peu moins mis en valeur par la suite, mais l'équipe lui doit beaucoup sur cette compétition. Il a encore un Euro et peut-être une Coupe du monde à jouer.

 

Ribéry:

Pour une fois il a démarré son match sans douter. Il a beaucoup courut, créer des situations dangereuses, bref il fut encore très présent et sa place de titulaire est amplement méritée. On lui prédit un grand avenir en bleu. Je pense qu'on en fait un peu trop. Car malgré son volume de jeu (83 ballons hier en ne faisant pas un match complet !!), il lui manque encore une marche pour devenir un grand meneur international. N'aura jamais le niveau de Zidane.

 

Henry:

Très bon match hier. On a d'abord eu franchement peur en le voyant hagard suite à la charge de Canavarro. Mais Titi s'est vite relevé et a constamment dérangé la défense italienne. Un petit bémol pour ma part sur son impact sur la compétition. On a beaucoup parlé de lui comme le dépositaire du jeu français après le départ de Zidane. Je crois que ça n'arrivera jamais car il reste trop timoré avec l'équipe de france. Dommage car il a le talent.

 

Trézéguet:

N'a eu aucune occasion. A raté son tir au but. On ne peut pas vraiment lui reprocher grand chose tant sa position était difficile. Et rien ne garantit qu'il trouve vraiment sa place dans l'équipe à l'avenir.

Diarra:

Très agréable surprise dans son remplacement de Vieira. Diarra a pesé sur le milieu comme son illustre aîné et a d'entrée rassuré l'équipe. Certainement futur titulaire à la place de Makélélé.

 

Wiltord:

Idem que Trézéguet. N'a eu presque aucun ballon intéressant à négocier. Wiltord aura été une déception dans cette compétition. Et il a peut-être bien perdu sa place dans l'équipe.

 

Je l'ai gardé volontairement pour la fin - Zidane:

Que dire ? Misère, que dire ? Zidane, sur les 4 matchs du deuxième tour aura écrasé la compétition de toute sa classe. Il aura surpassé les trois galactiques auxquels il a été confronté (Raul, Ronaldo, Figo), illuminé le football sur un match digne des plus grands et dont on parlera encore longtemps, contre le Brésil, marqué 3 buts, donné 2 passes décisives, été omniprésent dans la construction du jeu. Il aura montré une dernière fois qu'il était bien, ballon au pied, le meilleur joueur du monde depuis Maradonna. Mais ce geste, ce carton rouge en guise de sortie, quel crève-coeur, quel dépit il a jeté sur tous ses supporters qui, quoiqu'il arrive, l’auraient porté aux sommets des légendes du sport, même avec une défaite! Cette dernière mauvaise note, montre que le génie avait aussi ses coups de folie, impardonnables, et qui l'avait déjà privé du ballon d'or en 2000 au profit de Figo alors qu'il lui était promis.

 

On ne voudrait pourtant retenir de lui que le meilleur. Le bonhomme d'abord, discret et respecté en dehors des terrains, et le joueur bien sûr, qui a suscité la plus grande admiration même chez les meilleurs, tant il a su élever ce sport à un niveau qu'on risque de ne plus voir avant plusieurs années. D'ailleurs, malgré son déraillement inexcusable d'hier, Zidane a été élu par la FIFA meilleur joueur de la Coupe du monde. Sans doute le salut d'honneur d'un sport à son plus bel ambassadeur ces dernières années. Mais quelle tristesse qu’il ait quitté les terrains sur ce vilain geste.

 

Voilà, la Coupe du monde est terminée. Le football retourne à une place plus mesurée. Il y a malheureusement fort à parier que l’équipe de France mettra des années à se remettre des retraites des Zidane, Thuram, Makélélé. Et que pendant des années on se repassera leurs matchs chez soi, pour se souvenir de tout ce que ces joueurs nous ont donné depuis 1996 et leur naissance au niveau international. Merci les bleus pour les espoirs que vous avez fait renaître lors de cette compétition. Et vivement qu’on revoit certains d’entre vous aux postes d’entraîneurs (Thuram j’en suis sûr ferait un très bon sélectionneur…).

06/07/2006

En finale !

Je cède. Trop envie de parler du match d'hier soir, et surtout d'écrire ces mots auxquels personne ne croyait avant le début de la Coupe du Monde, et encore moins après les deux premiers matchs de poule: ON EST EN FINALE !!

 

Incroyable, extraordinaire, il faut se pincer les joues pour y croire. On est en finale. Les retraités qu'étaient encore il y a moins d'un an Zidane, Thuram, Makélélé, sont parvenus d'abord à nous qualifier pour cette phase finale de la plus belle épreuve sportive et ils sont même en train d'écrire l'une des plus belles pages du sport français en nous faisant à nouveau vibrer, comme il y a 8 ans.

 

Mais chaque chose en son temps, et d'abord le match.

 

Il faut bien le reconnaître, ce n'était pas un beau match de foot. On s'y attendait, tant à ce niveau de la compétition les équipes sont en général frileuses et les confrontations aussi rugueuses que fermées. Et de fait il n'y a pas eu grand chose de joli à se mettre sous la dent. Et s'il y a bien eu quelques jolis gestes de Zidane côté français, ce sont surtout les lusitaniens qui ont montré de belles choses.

 

Ils ont par moments pu développer un jeu d'équipe de grande qualité, en une touche de balle, avec de beaux gestes techniques des Déco, Figo et autres Christiano Ronaldo (qui n'a je crois perdu aucun duel et qui m'a fait frémir pendant tout le match, en dépit de ses simulations). Et surtout, ils ont eu un placement tactique sur le terrain terriblement dérangeant pour l'équipe de France. Ils jouaient haut et toute l'équipe semblait se déplacer comme un seul homme, soit pour avancer sur la balle, soit pour défendre. Pendant tout le match c'était vraiment impressionnant.

 

medium_Thuram.2.jpgEt pourtant, on est en finale. Grâce bien évidemment à une défense de fer, fabuleusement représentée hier soir par un Thuram des très très grands jours. Dés le début de la partie, le Guadeloupéen s'est mis en évidence et à sorti quelques ballons très propres pour dégager l'équipe. Pendant tout le match il n'a pas baissé de rythme et est resté la tour de contrôle qui a rassuré tout le monde.

 

Les autres grands joueurs (côté français) de ce match, sont à mon sens Vieira qui a continué sur sa lancée depuis le match du Togo en abattant encore un boulot énorme au milieu, Makélélé, même s'il a fait quelques relances hasardeuses, et forcément Zidane, qui marque le but de la victoire avec une étonnante confiance (tirer un penalty de si près en général, ce n'est pas très bon), et qui a su en fin de match conserver quelques ballons importants.

 

Les joueurs sans en revanche, il y en a eu, sont à mon avis Abidal et Malouda. Etonnant de voir ces deux joueurs qui semblaient les plus prometteurs lors des matchs de préparations, s'éteindrent à ce point et commettre autant d'erreurs. Malouda notamment a été complètement absent, ce qui explique en partie la domination portugaise au milieu de terrain. Et Abidal a commis quelques fautes de débutant qui font peur à ce niveau.

 

Côté fairplay, j'ai été plutôt content du match. Ok, Ronaldo a plongé une fois ou deux, mais grosso modo le match s'est déroulé dans un bon état d'esprit, avec deux équipes respectueuses l'une de l'autre et l'on n'a pas vu de vrai mauvais geste. Je regrette d'autant plus la mauvaise campagne faite par la presse française à l'encontre de l'équipe du Portugal qui méritait un autre traitement. J'ai d'ailleurs vu quelques supporters portugais dans les rues pour faire la fête avec les français après le match. Je les remercie très sincèrement de cet état d'esprit qui est tout ce que j'aime voir dans le sport.

 

Maintenant il reste à affronter l'Italie en finale, en espérant que l'histoire soit belle.

 

Je termine sur un mot à l'adresse des anti-foot, qui pour certains démontrent ces derniers temps une haine et un mépris qui méritent un vrai carton rouge. Je ne sais pas si je suis privilégié, mais je n'ai pour l'instant vu aucun supporter obliger qui que ce soit à regarder un match contre son gré, ou à klaxonner avec lui pour fêter une victoire. Les manifestations que l'on voit sont bruyantes certes, mais se déroulent dans un esprit de joie bon enfant. Il y a des casseurs qui se mêlent au manifestations, et c'est déplorable, mais il ne faut pas les mélanger aux supporters qui se comportent plutôt mieux avec l'équipe nationale que lorsqu'ils défendent des clubs.

 

Pourtant on lit ça et là (je ne fais pas de lien car vraiment je n'ai aucune envie de recevoir chez moi les thuriféraires de la polémique footballistique) des billets proprement ulcérants, qui sous couvert de critique pseudo psycho-sociale, multiplient les insultes. Où l'on apprend que les gens qui aiment le foot sont bien évidemment  des bovins, des imbéciles (quel rapport entre le goût pour un sport et l'intelligence? Quelqu'un peut-il me dire?), des sauvages (car tout de même un homme qui crie sa joie, vraiment, ça fait penser au temps des cavernes), et même pire des fascistes en puissance, puisqu'il suffit bien évidemment de participer à un évènement collectif pour être un mouton potentiellement collabo.

 

Le pire étant que ces textes se drapent dans une prétendue hauteur de vue, l'isolement de ceux-là constituant à l'évidence une marque de supériorité face à ceux qui ont la bêtise de se regrouper pour fêter une victoire sportive. Il y en a quand même qui ont du mal à comprendre ce qui est constitutif d'une vertu et qui affectent des valeurs morales à des choses fort improbables...

 

D'ailleurs on relèvera à cette occasion la contradiction profonde qui existe dans la misanthropie de ces billets. Le misanthrope déclare qu'il hait les hommes. Pas besoin de grands discours pour comprendre qu'en aucun cas cette position ne saurait être louée. A ce stade je ne dis même pas qu'elle doive être réprimandée, mais en tout état de cause elle ne peut raisonnablement pas constituer un motif de grandeur, et certainement pas d'intelligence, celle-ci n'étant évidemment pas une question de coeur (on pourrait jouer sur les mots ici, mais je pense qu'on me comprends, je parle de capacité de raisonnement). Mais surtout, le misanthrope fournit lui-même les raisons pour que l'homme puisse être détesté. Car quoi de plus nul qu'une déclaration de haine? Quoi de plus méprisable? Il entre ainsi dans une double contradiction, en créant lui-même la situation qu'il dénonce, et même en se désignant lui-même en même temps qu'il désigne les autres (car oui haïr les hommes, c'est se haïr soi-même).

 

Alors évidemment je comprends que pour ceux qui n'aiment pas le foot, ce mois de Coupe du Monde est long et très certainement agaçant, sans compter les nuits où il est impossible de fermer l'oeil avant 1h00 du matin à cause des klaxons dans les rues. Mais il est bien évident que cela ne justifie en aucun cas des critiques aussi nauséabondes. Et qu’elles aient court en se donnant les airs de la supériorité intellectuelle est vraiment un comble. La haine, même quand elle fait semblant d’être analytique, reste le pire comportement qui soit. Dire qu'il faut encore écrire un truc aussi évident...

30/06/2006

C'est reparti pour un Tour !

J'alimente un peu ma rubrique "humeur" par ce billet au sujet du Tour de France qui devrait bientôt démarrer, dans la presque indifférence générale, comme chaque année où il entre en concurrence avec la Coupe du monde de football.

 

Je n'ai rien de particulier contre le sport cycliste, tant qu'il s'agit de sport, mais pourtant ce n'est pas moi qui irai râler contre cet état de fait, tant cette année comme les précédentes, on se prépare un nouveau spectacle de fantoches où tout le beau monde du cyclisme va surtout faire attention à laisser ses oeillères bien rabattues sur les yeux pour ne pas voir avec réalisme les ravages que continue de faire le dopage dans le joli peloton bigarré.

 

J'entends d'ici les cris des défenseurs des champions de la pédale, qui me diront que des décisions courageuses viennent tout juste d'être prises pour exclure du Tour les noms des seuls coureurs que l'on pouvait envisager comme de sérieux prétendants à la première marche du podium. Mince alors ! Le Tour ne sera plus qu'un débat d'inconnus, mais on rate l'occasion de trouver un remplaçant pas trop ridicule au grand champion qu'était Armstrong. C'est rageant.

 

Oui mais voilà, pour les lecteurs qui auraient l'idée d'aller au bout de l'article relevé plus haut, ils découvriront que le ménage n'est pas franchement total avant le Tour de cette année. Il semble en effet qu'une des équipes les plus actives dans l'animation des débats sportifs cyclistes actuels soit en mesure de passer entre les mailles du filet, et ce pour des raisons... hum. Voyez plutôt :

 

"Pour Astana, a déclaré le directeur du Tour, c'est plus complexe parce que tellement de coureurs apparaissent dans le document que ça ressemble à un système de dopage d'équipe. Nous regrettons que le document (le rapport d'instruction sur le réseau présumé de dopage sanguin) ne nous soit pas parvenu 24 heures plus tôt, avant la décision du TAS (Tribunal arbitral du sport)".

Le TAS a rejeté jeudi la récusation de l'équipe Astana, dont le leader est le Kazakh Alexandre Vinokourov, en se basant sur l'absence d'éléments officiels."

 

En gros, les organisateurs étaient tellement embêtés de devoir virer toute une équipe du Tour d'un coup, rappelant ainsi quelques anciens mauvais moments, qu'ils ont été bien contents que les "éléments officiels" du dossier arrivent avec un peu de retard, et de trouver ainsi, avec la sympathique participation du TAS, un alibi, pourtant particulièrement minable, pour ne pas prendre la seule vraie décision qui s'imposait. On va me trouver un peu vulgaire, mais dites les gars, c'est la selle qui vous les écrase ou quoi ?

 

Si j'évoque ce sujet, qui n'améliore pas franchement la qualité des publications sur mon blog et fait malheureusement partie des maronniers sportifs, c'est qu'il y a quelques années, j'ai eu confirmation par un coureur catégorie "espoirs" que les rumeurs et soupçons de dopage qui existaient déjà sur le sport cycliste étaient loin d'être injustifiés. Il faisait partie d'une équipe de jeunes (moins de 18 ans) auxquels on promettait monts et merveilles et qui envisageaient de signer chacun un contrat professionnel dans un futur assez proche.

 

Il m'expliqua que le dopage était quelque chose de parfaitement connu et accepté parmi les coureurs professionnels, et que quasiment la totalité des participants au Tour de France avaient recours à la seringue. Pire même, pour arriver à ce stade, tout amateurs que lui est ses camarades fussent à l'époque, il leur fallait eux aussi passer par la case des euphorisants musculaires. Si si. Bon pour dire toute la vérité, ils ne se voyaient pas tous proposer ce régime à base de vitamines surchargées, mais que cela figure déjà dans les pratiques au niveau amateur me paraît être une preuve évidente de l'état de pourriture avancée du fruit.

 

Ce qui était très intéressant, c'était les explications du phénomène que me donna cet ancien collègue. Le jeune âge, les flashs qui commencent déjà à crépiter, les hôtels luxueux, les revenus qui grimpent et qui annoncent une vie façon Jet-Set, la gloire sportive, etc. Dans son discours c'était très clair: l'attraction exercée par tout cela est bien trop forte pour être rejettée par ces jeunes à peine sorti de l'adolescence. Or pour y goûter et être en haut de l'affiche, le dopage reste la solution la plus simple. Tout le monde ou presque dans le cyclisme professionnel y a recours, ce qui efface la honte de l'acte malhonnête (le fameux "pourquoi pas moi?"). Et une fois qu'on a commencé...

 

Je me souviens d'ailleurs d'une interview donnée par Jalabert l'année de la fameuse affaire Festina. Il avait dit en substance: "Mais vous avez vu les côtes qu'on s'avale, les distances qu'on parcourre, la durée de l'épreuve ? Evidemment qu'on prend des produits, évidemment qu'on prend des vitamines !" J'avais été stupéfait d'entendre ceci qui résonnait très clairement pour moi comme un aveu, et de constater que quasiment nulle part ces propos n'avaient été cités. Il avait juste parlé de vitamines me dira-t-on ? J'en avais parlé à ce collègue qui m'avait dit avoir été ulcéré des différentes sorties de Jalabert cette année-là. Car dans un revirement il s'était pris à fustiger les coureurs impliqués dans l'affaire qui secouait le Tour. Et mon camarade de me dire: "Que Jalabert dise un truc comme ça, je peux te dire que parmi les coureurs ça fait rire jaune. Tout le monde sait qu'il est un des plus dopés."

 

Ce qui est le plus regrettable, c'est que ceux qui souffrent le plus de cette situation, au final ce sont surtout les coureurs, certains d'entre eux en tout cas, dont la santé ne se remet pas de ces traitements de boeufs. C'est d'ailleurs la mort d'un de ses camarades (qui n'était donc pas encore professionnel), des suites de dopage, qui a fait arrêté mon collègue l'exercice de son sport favori. On comprend que voir mourrir son pote à 16 ou 17 ans à cause d'une surdose de drogue administrée comme si c'était du petit lait, ça fasse réfléchir. Mais tant que ce milieu sera tenu par des lâches, rien ne changera, et la boucle continuera d'être, aussi vite, bouclée.

 

Add lundi 3 juillet. Finalement, l'équipe Astana a également été privé de Tour. C'est une bonne chose. Pour répondre au commentaire de Denys ci-dessous, je reste pour ma part très prudent quant-aux progrès accompli jusqu'ici en matière de lutte contre le dopage. Les précédentes années avaient également été marquées par quelques péripéties comme celle connue cette année. Pourtant, le ver continue d'exister. C'est toute une logique de la gagne coûte que coûte qui doit être réformée. Cela va prendre du temps.