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30/12/2008

Qu'est-ce qu'une bonne année pour vous ?

bonne-annee.jpgChaque année à la même période les voeux de bonheur nous envahissent, et nous les rendons aussi largement. Mais que souhaite-t-on au juste ? D'être heureux, soit. Mais qu'entend-on par là ? C'est quoi être heureux ? Et on s'y prend comment ?

 

Avant de souhaiter à tous une bonne année 2009, je serais curieux d'avoir une idée de ce qu'est pour vous le bonheur, en quelques mots. Les commentaires vous sont donc largement ouverts.

 

Pour ma part j'ai bien une réponse qui me vient immédiatement en tête, mais je ne souhaite pas la dire. Je pense à autre chose qui me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà, qui est sans doute incomplet mais qui me plaît beaucoup. Etre heureux pour moi, c'est me sentir plein de vie. Et vous ?

15/12/2008

Un décryptage du petit pont massacreur (Milgram et Zimbardo dans la cours d'école)

preau.jpgJ'ai regardé hier soir un reportage sur un récent fait divers, où un enfant de 12 ans avait été victime d'un "jeu" de ses camarades consistant à passer à tabac celui qui ne parvient pas à rattraper le ballon qu'on fait passer entre ses jambes. On appelle ça le petit pont massacreur. Il porte bien son nom. C'est la première fois que j'entends parler d'un tel jeu, mais je me souviens d'autres faits divers concernant le jeu du foulard où l'un des protagonistes se fait étrangler par un de ses camarades, aussi longtemps que possible. Evidemment, dans les deux cas ou comprend aisément que cela  termine parfois mal.

 

Et puisqu'on le comprend aisément, on ne comprend pas que des jeunes puissent se livrer à pareils divertissements entre eux. Comment peut-on à des âges aussi bas avoir l'idée de s'amuser en risquant sa vie aussi stupidement ? Cela choque clairement le sens commun et peut apparaître à juste titre comme le signe d'un mal à identifier.

 

En voyant ce reportage une idée m'est venue qui pourrait expliquer en partie l'existence de ces jeux. Je me suis souvenu de l'expérience de Stanley Milgram, rapportée brillamment dans le film I comme Icare. Cette expérience qu'on ne décrit plus démontre de façon éclatante la soumission potentielle de chacun d'entre nous à l'autorité. Une autre expérience intéressante est celle de Philip Zimbardo de l'université de Stanford. Zimbardo cherchait à expliquer le niveau d'agressivité particulièrement élevé qui régnait dans les prisons des Etats-Unis. Il construisit avec plusieurs collègues une prison dans les sous-sols de leur université et fit appel à des cobayes qui furent répartis en deux groupes : les gardiens, et les prisonniers. Dès la première nuit les mauvais traitements infligés aux prisonniers ont commencés. Ils étaient aspergés à l'aide d'extincteurs, on leur passait les menottes sans raison, ils devaient se déshabiller, etc. Au bout de six jours l'expérience fut arrêtée alors qu'elle devait initialement durer deux semaines, parce que certains prisonniers étaient en dépression nerveuse.

 

Ces deux expériences me semblent apporter des explications aux jeux destructeurs indiqués plus haut. L'expérience de Zimbardo montre que nous portons tous en nous une certaine dose de violence. Celle-ci est canalisée par la société (c'est son rôle premier), mais si elle ne l'est plus, elle s'exprime et d'une façon qui peut être extrême. L'expérience de Milgram complète cette vision en montrant que dans un cadre où la violence est en quelque sorte permise, c'est-à-dire définie par des règles et encadrée par une autorité alors elle peut également s'exprimer d'une façon choquante. Bien que la société soit là pour la réprouver.

 

Dans le cas des jeux qui nous intéressent, je crois qu'on retrouve ces mécanismes pour partie. Pour les suiveurs, ceux qui participent sans être leaders, voilà comment les choses peuvent se passer. Les individus les plus brutaux définissent les règles du jeu (par exemple du petit pont massacreur). Les autres agissent alors avec une culpabilité et un sentiment de responsabilité amoindris pour deux raisons : d'abord parce qu'ils ne sont pas leaders et n'ont pas défini les règles, et parce que justement en jouant, ils ne font que suivre les règles, exactement comme dans l'expérience de Milgram. Je me demande combien seraient prêts à dire après s'être fait arrêtés par la police : "mais j'ai respecté les règles!". Cet encadrement du comportement par des règles qui existent hors de soi soustrait une partie du sentiment de responsabilité : on ne tabasse plus quelqu'un, on joue à un jeu. La vision qu'on construit de ce que l'on fait s'en trouve modifiée.

Comment s'établissent nos convictions ?

carrefour-des-choix-de-societe.jpgLes Econoclastes ont proposé récemment un petit test de probabilité amusant. Il s'agit en gros de dire quelle est la probabilité qu'un magicien trouve parmi un paquet de 52 cartes celle qui a été choisie par une personne de son public. Le test révèle apparemment que dans la plupart des cas les personnes interrogées répondent 1 chance sur 52, c'est-à-dire qu'ils se réfèrent à la probabilité mathématique de trouver en effet la bonne carte. Mais ils négligent alors le contexte qui pourrait suggérer, notamment du fait qu'il s'agit d'un magicien, que la probabilité qu'il trouve la bonne carte est en réalité de 1. Et l'expérience semble montrer que même lorsque ce contexte est rappelé aux personnes interrogées elles rechignent à abandonner la réponse mathématique. Alexandre indique que cela révèle "la fascination qu'exerce le chiffre sur notre façon de raisonner".

 

J'y vois une autre explication plausible : dans la mesure du possible nous rejetons l'indétermination.  Nous préférons nous tourner vers des solutions simples et qui ne laissent pas de place au doute plutôt que vers des propositions incertaines qui nous obligent à rester dans une position intellectuelle instable. Les solutions proposées au test présenté par Alexandre sont très intéressantes lorsqu'elles prennent en compte le contexte. Le fait que ce soit un magicien qui fasse tirer la carte et que l'exercice soit en fait un tour de magie qu'il est en train de faire permet en effet d'imaginer qu'il a toutes les chances de trouver la bonne carte, même si un individu normal n'aurait qu'une chance sur 52 de trouver la bonne. Et l'idée de raffiner la réponse en évaluant le niveau de maîtrise du magicien pour minorer la probabilité qu'il trouve la bonne carte rajoute une complexité au problème. Mais cette démarche à un défaut évident : elle ne permet pas d'apporter une réponse claire à la question posée. En fait de réponse on ne fait ici que poser des hypothèses, toutes très intéressantes, mais qui nous laissent un peu au milieu du gué. La réponse mathématique, elle, a l'avantage majeur d'être compréhensible par tous et facile à argumenter. Elle est claire, nette et ne laisse pas place au doute.

 

Je crois que c'est la raison pour laquelle cette réponse est préférée : elle permet à notre esprit de fonctionner sur un élément bien déterminé, non mouvant. Au contraire la réponse prenant en compte le contexte nous laisse dans une situation non tranchée où l'esprit doit fonctionner sur un terrain meuble. Qui va évaluer la compétence du magicien ? Et s'il était simplement en mauvaise forme ce jour là ? Beaucoup de questions peuvent être posées pour préciser la réponse. On peut n'en jamais sortir. Mon idée est que cette indétermination est un inconfort pour notre cerveau et que nous allons naturellement chercher à l'éviter. J'insiste sur le terme naturellement car je crois en effet que cela relève en grande partie d'un processus biologique.

 

D'une manière générale nous recherchons la stabilité, l'équilibre tant physique que psychologique. Cela me semble correspondre exactement à notre recherche d'homéostasie qui est une démarche entièrement guidée vers notre sauvegarde personnelle, et à une échelle plus grande à notre perpétuation en tant qu'espèce. Pour nous maintenir en bonne santé nous avons besoin de cet équilibre biologique. C'est à mon sens exactement le même phénomène qui entre en jeu dans nos positions intellectuelles. Nous recherchons celles qui nous offrent une bonne stabilité émotionnelle car elles participent de notre équilibre psychologique (je crois qu'il ne s'agit ici que de stabilité émotionnelle recherchée et non de stabilité intellectuelle, car en tant que telle, je ne vois pas bien ce que serait une stabilité ou instabilité intellectuelle, les conséquences de nos pensées s'expriment en nous en termes d'émotions et de sentiments et c'est donc cela qui nous fait juger de notre équilibre intérieur).

 

Le fondement de nos convictions est donc probablement là. Nous concevons des convictions sur tel ou tel sujet parce que nous avons besoin de donner une stabilité à notre esprit sur les sujets qui nous concernent. Cela participe à notre recherche naturelle d'homéostasie.

 

Mais notre homéostasie ne peut pas être assurée en acquérant n'importe quelle conviction. Il ne suffit pas d'adopter un point de vue quelconque, aussi tranché soit-il, pour que nous nous sentions convenablement équilibré. Il faut encore choisir parmi les options possibles celles qui contribuent le plus à cet équilibre recherché. Et à mon avis nous les choisissons sur la base de deux critères très largement prépondérants sur les autres : notre intérêt personnel et notre souhait d'appartenir ou de renforcer notre appartenance à tel ou tel groupe social (très souvent celui dont on est issu). Ce qui signifie, et à bien y réfléchir cela peut apparaître presque tautologique, que nos convictions ne sont jamais objectives mais sont au contraire fondamentalement subjectives. Elles ne sont pas le résultat d'une réflexion pure et désincarnée à travers laquelle nous aurions aperçu la vérité nue, mais elles sont en quelque sorte la formalisation plus ou moins aboutie d'intérêts et d'orientations qui préexistaient en nous.

 

Je suis parfois gêné face aux convictions affichées par les uns ou les autres et aux argumentations parfois complexes qu'ils ont mises en place pour les justifier. J'ai souvent envie de leur demander comment il se fait que leurs opinions semblent si miraculeusement correspondre à leurs intérêts directs ou à ce que disent également les gens qui les entourent. Quel étonnement de voir ces amis élevés par des parents catholiques pratiquants reproduire si fidèlement les schémas de vie qu'on trouve traditionnellement dans ces familles : l'importance de la religion manifestée par la proximité de certaines idées avec celles de l'église, un modèle qui reste souvent patriarcal, les enfants qui deviennent scouts, etc. Qu'on me comprenne bien, je ne critique pas ces héritages. Ils sont parfaitement naturels et on les retrouverait à l'identique dans d'autres types d'éducation. Je ne fais que prendre un exemple, que j'ai un peu côtoyé et qu'il m'est donc plus aisé de décrire, pour indiquer une faiblesse qui m'apparaît ici : les personnes qui reproduisent ces schémas présentent toujours leurs convictions et leurs idées par des argumentations théoriques parfois évoluées, mais jamais comme l'héritage de leur milieu. On n'a jamais entendu son cousin bobo dire : je suis contre l'avortement parce que ma famille va à l'église depuis quatre générations et que je veux me montrer comme un fils digne d'eux. S'il le faisait le pauvre se trouverait directement discrédité.

 

Parmi les blogs, deux exemples simples me viennent en tête pour illustrer mon propos : Koztoujours et Eolas.  Le premier intervient régulièrement sur des sujets à caractère religieux en présentant fréquemment une position qui correspond de très près à celle de l'église. De telle sorte que lorsqu'un sujet de société quelconque pointe son nez dans l'actualité il est assez probable de lire chez lui une défense de la position catholique. Ce que je veux dire ici c'est que d'une certaine manière dans ces cas là je ne me dis plus en allant le lire "qu'en pense Koztoujours?" mais "Qu'elle est la position des catholiques?". Dans cette mesure je ne vois pas chez lui un positionnement équilibré pour moi son lecteur, malgré tout le talent dont il pourra faire preuve dans ses démonstrations, mais une présentation des choses biaisée par sa propre expérience et son milieu d'appartenance. De même pour Eolas, il montre un positionnement particulièrement marqué concernant la politique d'immigration de la France. Cela provient je pense de sa situation personnelle qui fait que ce sujet le concerne tout particulièrement. On est donc là probablement en partie dans l'expression d'un intérêt personnel. S'il était moins directement concerné je gage qu'il réagirait sans doute moins fortement

 

Je fais ces remarques en me positionnant comme lecteurs de ces deux blogueurs. Si je cherche à me faire une opinion objective sur l'euthanasie ou sur les méthodes de reconduite à la frontière utilisées actuellement (quoique sur ce second point, hum), il est nécessaire que je prenne en compte les biais de leurs argumentations afin de filtrer les informations qu'ils me donnent et de bien les évaluer. Cela m'oblige à une certaine prudence intellectuelle lorsque je les lis. Et ceci est particulièrement vrai du fait de leur grande force démonstrative et de l'éloignement qu'ils peuvent donc atteindre vis-à-vis de leurs intérêts personnels ou de leurs héritages.

 

Attention toutefois, ceci ne constitue en aucun cas une prime à l'analphabétisme. Ce que je dis ne signifie pas que les discours des personnes pourvues de grandes compétences rhétoriques soient a priori moins pertinents et moins fiables que ceux tenus par des personnes moins douées dans l'utilisation du langage. Les seconds ne sont pas moins affectés par ces biais personnels. Mais chez eux ils sont plus faciles à détecter et le tri est donc plus facile à faire.

 

Je trouve intéressant pour soi-même de savoir détecter ces biais de raisonnement qui influencent parfois sans que l'on s'en rende compte ses convictions et ses comportements. Et pour parvenir à faire ce tri et à y voir clair je crois qu'une piste peut être utilisée efficacement : détecter ses émotions propres et identifier leurs causes (qui en général sont simples), car elles fondent nos pensées pour une part encore trop ignorée.

12/12/2008

Entraves à dépasser

Doute.jpgLorsque j'ai entamé la rédaction de ce blog il y a maintenant 3 ans et demi (déjà...), j'avais en tête des sujets très précis sur lesquels je souhaitais écrire. Et suffisamment de contenu à l'époque pour ne pas connaître l'angoisse de la page blanche. Pendant environ 2 ans les idées que j'avais m'ont permis d'alimenter cet espace de façon assez régulière sans avoir de vrais trous d'air.  Clairement cette situation à changé depuis de nombreux mois, et je n'écris plus ici que très irrégulièrement. J'aimerais qu'il en soit autrement mais pour être honnête je doute de ma capacité à modifier cet état de fait.

 

Il y a plusieurs raisons à cela.

 

Une certaine lassitude d'abord, en particulier après avoir rédigé ma série sur l'agressivité qui m'a demandé beaucoup d'énergie et d'investissement à une époque où mon rythme de travail était intense. J'en suis sorti très fatigué et avec un besoin important de me reposer et de retrouver du temps pour moi. A cela s'est ajoutée une usure psychologique exacerbée en raison de certains événements (rien de vraiment grave toutefois), et qui m'a marqué pendant quelques mois. Et du coup s'ensuivit la perte de l'habitude d'écrire, ce réflexe du blogueur qui se demande chaque jour ou chaque semaine de quoi il va parler.

 

Des éléments plus conjoncturels aussi, qui me bloquent un peu aujourd'hui. D'abord le fait de savoir que je suis parfois lu par certaines personnes qui me connaissent et dont je préfèrerais qu'elles ne me lisent pas. Il m'arrive ici d'écrire des choses personnelles (et notamment je sais que mes poèmes sont quasi systématiquement vus comme des dévoilements intimes, ce qui est injustifié) que je ne veux pas avoir à développer avec ces personnes. Mais d'un autre côté, je ne conçois pas aborder des sujets d'analyse comportementale, de psychologie ou de développement personnel sans m'impliquer plus ou moins personnellement dans ces travaux. Si je ne le fais pas je pense que ce que je produirai aura moins d'intérêt et de pertinence, que ce sera moins efficace. Je suis donc un peu pris entre deux eaux.

Une autre entrave conjoncturelle concerne une série que j'envisage depuis quelques temps déjà, que je souhaitais initialement dédier à quelqu'un. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée en soi.

 

Et surtout, je reste encore aujourd'hui perclu de doutes sur ce que j'écris. Lorsque je rédige quelque chose ici je passe un temps fou à reprendre certains mots, certaines lignes, des paragraphes entiers parfois, en me demandant si j'ai vraiment bien compris le sujet, si ce que je dis est vrai ou pas. Le dernier exemple en date est un billet que j'ai déjà intégralement rédigé mais que je ne pense finalement pas publier la faute à un contenu qui m'apparaît à la relecture assez discutable (Samantdi, c'était une réaction à l'histoire de Daisy et Minnie). Produire des textes qui me semblent parfois peu fiables pose forcément souci, ce d'autant plus que les sujets que j'aborde me tiennent parfois à coeur. Je n'ai pas envie d'écrire des bêtises qui pourraient nuire aux lecteurs.

 

Une des questions principales que je me pose d'ailleurs est de savoir quel est le degré d'opportunisme dans ce que je présente comme étant mes convictions. Qu'est-ce que je parviens à présenter honnêtement, sans biais, et qu'est-ce qui risque de n'être en fait que la justification plus ou moins savante de mes préjugés ? J'ai parfois du mal à faire ce tri, à identifier clairement la qualité de mes opinions et isoler celles qui ne sont que des outils de beau parleur.

 

En revanche je crois comprendre une des raisons qui nous amène si souvent à construire ce type de convictions rhétoriques ... (to be followed in the next article - what a teaser !)

04/12/2008

Prud'hommes méconnus

Les élections prudhommales ont connu cette année un très faible intérêt avec un taux d'abstention record à 74,4%. Verel en a proposé 3 billets répartis avant et après les élections, , et . J'ai eu quelques échanges sous son premier billet avec lui et ses commentateurs sur le sujet et je voulais revenir rapidement dessus.

 

Je remarquai donc qu'autour de moi l'intérêt porté à ses élections semblait a peu près nul. Mes collègues, et en particulier les plus jeunes, se contrefichent de tout ça, je n'ai trouvé personne qui avait sa carte d'électeur avec lui, et ceux qui pensait l'avoir quelque part ne savaient pas où. La personne officiellement en charge de la partie RH dans mon entreprise n'était d'ailleurs dans ce domaine pas un exemple puisque comme les autres elle n'avait pas sa carte et ignorait où elle se trouvait, et elle n'avait aucune idée du lieu où notre vote pourrait être effectué. La petite taille de mon cabinet explique sans doute une partie de ces faits, néanmoins je trouve intéressant de les relever à titre d'exemple.

 

J'ai fini par pouvoir voter hier, après pas mal de recherches sur l'endroit où cela m'était possible. Mais la journée d'hier a selon moi jeté la lumière de façon assez crue sur une carence forte du monde de l'entreprise en France. Car je crois qu'en amont du désintérêt marqué pour les élections des prud'hommes il y a une culture redoutablement pauvre du droit du travail. Je le constate autour de moi, et pas que chez mes collègues, et j'ai dans l'idée que ce manque a des impacts non négligeables sur notre façon d'aborder les choses. Il est peut-être aussi issu d'une forme de fatalisme ou de passivité vis-à-vis du travail, comme si l'on subissait ce monde là.

 

Ca ne fait guère plus de 2 centimes tout ça, mais je compte revenir ici pour d'autres choses que j'ai en tête depuis pas mal de temps déjà. Je dois juste me mettre d'accord avec moi-même sur la façon de le présenter.

27/10/2008

Bougie

nounours.jpg

Les yeux galopent en rêve
Sur la paume d'une main effacée,
Touchent l'autre bout du monde
Où un anniversaire s'est perdu.

15/10/2008

Dépoussiérage à droite

Synapse.jpgVos inférences naturelles vous conduisent déjà à croire que je vais parler de politique dans ce billet. Evidemment vous vous trompez, j'ai bien trop peu de connaissances dans ce domaine pour en parler, et mon nombril m'intéresse bien plus. En effet c'est de mon blog, et en particulier de sa colonne de droite, que je compte ici vous entretenir.

 

J'ai apporté des modifications propres, peut-être remarquez, en fait je ne suis pas sûr, à bouleverser l'ordre établi de la blogofush intergallactique, et donc bon.

 

J'ai créé d'abord une nouvelle liste (ils appelent ça comme ça chez blogspirit) regroupant les sites qui m'accueillent (quoique pour Naturavox je me demande s'il me connaissent encore). J'ai enfin modifié les adresses qui devaient l'être : le nouveau site de Damien d'abord, et celui d'Heidi.

 

J'ai supprimé quelques vieux bouzins qui avaient disparus. Concernant Clic qui tenait le blog "Tentative", je suis quand même un peu déçu. S'il me lit toujours, qu'il n'hésite pas à faire signe. J'ai aussi indiqué par une mention "end" ceux qui semblent avoir terminé leur production.

 

Enfin, j'ai fait quelques ajouts : dans le désordre il y a le blog secret d'un ancien de lieu-commun, un prix nobel (il me manquait des économistes et comme il paraît qu'il vulgarise bien, j'ai pensé que hop), le blog de Jean-Pierre Rosenczveig sur le droit des enfants, et enfin dans un tout autre genre, Maliki qui fait des choses qui me plaisent vachement.

 

Comme vous le voyez ces ajouts sont principalement des trucs d'émisphère gauche. Heureusement que Maliki est là sinon ça ferait plutôt gris tout ça. Donc j'en profite pour faire un petit appel à idées. Si vous avez des suggestions de blogs sympas, drôles, originaux, et qui changent des trucs où on donne chacun son avis devant le bar, je suis preneur.

08/10/2008

L'homme est le frère du singe...

singe2.jpg...et non pas son descendant. Bien sûr c'est caricatural, mais c'est ce que l'on peut se dire à l'observation de certains de nos comportements. Un article amusant découvert aujourd'hui enfonce le clou de cette thèse et, douceur suprême, en s'attaquant directement à ceux qui seraient les plus enclins à s'estimer au dessus de la mêlée.

Je ne résiste pas à l'envie d'en proposer ici quelques extraits (tant je connais la propension de certains à ne pas cliquer sur les liens par flemmardises).

 

"[...]les managers portent généralement des costumes sombres rehaussés par des chemises ou des cravates de couleur vive, de la même façon que les mâles dominants de diverses espèces de singes exhibent certaines parties vivement colorées de leur anatomie."

 

"[...]les dirigeants tendent à avoir de plus grands fauteuils que les autres membres de leur équipe, parlent plus fort et interrompent leurs collaborateurs plus souvent. Ils emploieraient également plus fréquemment des termes techniques et des acronymes pour embrouiller leurs interlocuteurs."

Sur le point de l'utilisation d'acronymes, c'est plus que vrai. Le plus agaçant c'est de les voir gonfler le torse en s'y prêtant alors que dans le fond ils sont effectivement en pleine régression à l'age primal.

 

"Ce que nous avons trouvé, c'est une tendance universelle à l'étalage du pouvoir, de la virilité et de l'autorité chez l'homme comme les animaux."

 

Aaaah, qu'il est doux de lire ce genre de propos dans un article émanant d'une expérience qui semble tout ce qu'il y a de sérieusement menée. Nous passons notre temps, et dans le milieu des cols blancs sans doute plus qu'ailleurs, à utiliser nos codes vestimentaires, nos codes de langage et nos gestes pour affirmer notre position sociale, et tenter de nous réhausser par rapport aux autres. Prendre conscience que cette attitude est ce qui nous rapproche du singe plutôt qu'elle nous en éloigne comme nombre d'entre nous aimeraient pourtant pouvoir le prétendre est à mon avis une bonne chose.

 

Il me semble qu'il y a aussi là quelques chose de complémentaire à ça.

 

05/10/2008

Des peurs déraisonnables

 

tourbillon.gifDe façon non exhaustive, car couvrir tous les cas existants nécessiterait plusieurs tomes, j'ai envie ce soir de vous parler de certaines peurs particulières. Elles sont incompréhensibles pour la plupart d'entre nous sans doute, mais très réelles pour d'autres, et elles peuvent dans les cas les plus difficiles se transformer en des angoisses totalement handicapantes, voire devenir de véritables terreurs. J'espère parvenir à rendre compte des troubles intérieurs qui surviennent chez les personnes qui les ressentent afin de les rendre plus compréhensibles à tous.

 

La peur de l'immobilité

Un cas concret l'illustrera peut-être de façon claire. Imaginez une jeune femme dans le métro, restée debout et près des portes du train. Celui-ci avance normalement, en cahotant un peu comme à l'habitude. La jeune femme se sent bien, respire normalement et ne laisse apparaître aucun signe de trouble. Mais à l'approche de la station suivante, elle commence à s'angoisser, sa respiration s'accélère légèrement et ses mains deviennent moites. Elle guette le quai auprès duquel le train devra stopper sa course, son appréhension augmente à la vue de la station et des premiers néons qui la surplombent. Le train s'arrête enfin. La jeune femme tremble alors de tous ses membres, les quelques instants d'attentes avant que le train redémarre lui apparaissant comme interminables. Au bout de 30 secondes elle pousse un cri de détresse qui surprend ses compagnons de voyage. Elle fond en larmes ne sachant plus que faire. Elle est perdue dans une rame de 20m2 qui ne bouge pas d'un poil pendant une minute. Elle finit alors par sortir du train et continue de pleurer sur le quai, à 6 stations de sa destination initiale. Il lui aurait été impossible de continuer le trajet et de supporter les arrêts suivants.

Cette jeune femme vient d'être sujette à une angoisse créée par l'immobilité et l'incertitude qui l'accompagne. Le train ne bouge plus et il lui est impossible par sa seule force de le remettre en marche. Elle subit, et n'a aucun moyen de faire cesser cet état de fait par elle-même. Elle ne peut qu'attendre que le train redémarre en espérant que cela arrive effectivement.

Il me semble que la peur de l'immobilité est une sorte de peur du vide, du néant qui semble surgir lorsque plus rien ne se passe.  Comme si ce qui nous entourait devenait soudain mort. La crainte que la vie et le mouvement qui la traduit ne reviennent pas génère l'angoisse. Et celle-ci est d'autant plus forte qu'on a le sentiment de ne rien pouvoir y faire. On se retrouve en position d'impuissance dans une situation de vide. Et le seul fait de savoir que cela peut arriver provoque une peur qui peut être immense.

La peur du vide est assez courante et elle connaît des variantes connues. Dans le cadre de sa thérapie primale, Arthur Janov demande à ses patients de n'utilisez aucun moyen de divertissement durant la durée de leur traitement. Il doivent rester le plus clair de leur temps hors du centre de thérapie dans leur chambre d'hôtel, sans télévision, ni Internet, ni radio, ni téléphone. La seule activité qui leur est autorisée est d'écrire, ce qu'ils font tous pour décrire leur progression au cours de la thérapie. Janov procède ainsi pour affaiblir les défenses des patients et les rendre plus réceptifs. Plus trivialement, on trouve autour de nous de nombreuses personnes qui fuient l'immobilisme. Les fêtards éternels qui ne supportent pas de rester un soir chez eux et de se sentir dans le train-train quotidien, ou les workaholics qui en font toujours plus de peur que la machine s'arrête net en sont de bons exemples (mais il y a là sans doute aussi une autre peur, celle de devoir se confronter à soi-même, ce qui est un autre sujet).

Vous pensez que le vide ne vous fait pas peur ? Essayez de programmer dans la semaine une soirée où vous ne faites absolument rien. Où vous attendez seulement que le temps passe. Comment vous sentez-vous en y songeant ? Et sinon qui d'entre vous n'a jamais allumé la télévision chez lui ou la radio alors qu'il n'y a rien à voir ou à écouter, simplement pour avoir de la compagnie ?

 

La peur des lieux où ils ne sont pas

Ce n'est pas compliqué, ils habitent Lyon et moi je suis dans un patelin à 10 kms de la ville. Cette distance est faible, mais pour moi c'est comme un gouffre insupportable. En semaine ça me pose peu de problème parce que comme la plupart je travaille sur Lyon, et le soir il est dans l'ordre des choses que chacun s'en retourne chez soi, donc j'accepte le retour dans ma maison sans trop de difficulté. Mais le week-end, lorsque chacun à la liberté d'aller et venir où bon lui semble, rester chez moi dans mon village alors qu'eux sont sur Lyon m'est devenu intolérable. J'invente des raisons pour me rendre en ville du coup, pour me sentir "là où il faut". Si je reste chez moi, ou même que je vais voir d'autres amis qui habitent eux aussi dans le village, j'ai le sentiment horrible de ne pas être là où il faut. Comme si le lieu où je restais était alors un no man's land. Il n'existe pas et moi non plus car eux n'y sont pas.

Dans cette situation, si je ne suis pas sur Lyon je n'existe plus. Il ne s'agit pas seulement de ne pas rester isolé chez moi. Il faut que je sois sur Lyon. Sinon j'ai l'impression de ne plus exister. Comme si l'éloignement m'effaçait. J'ai peur qu'il m'efface, que les autres m'oublient. En week-end je disparais de leur mémoire et ça me fiche la trouille. Je ne suis personne pour eux. Etre là où ils sont, et bien sûr de préférence avec eux, c'est vivre, tandis que ne pas y être, c'est disparaître.

Je ne sais plus dans quel livre j'ai lu la phrase suivante : "Toute prise de distance est un abandon." Je lis cela de la façon suivante : ce n'est pas un abandon de soi envers les autres, c'est un abandon consenti des autres vers soi. Lorsque l'on part s'installer et vivre loin de chez soi, la douleur intérieure que l'on ressent au moment du départ vient de là : on met les autres en situation de nous abandonner. C'est d'une certaine façon une mutilation psychologique qu'on s'impose à soi-même. Cette peur là est peut-être la plus importante chez les personnes qui ont le sentiment d'exister principalement à travers le regard des autres. Quelqu'un qui se définit en fonction de l'attention qu'il suscite et des égards qu'il reçoit des autres, et bien sûr cela est plus sensible avec les proches, ressentira cette peur plus fortement qu'une personne qui est parvenue à vivre de façon autonome, sans être dépendante du regard et de la proximité des autres.

 

La peur du calendrier

Il a suffit d'imaginer un calendrier, les jours suivants posés comme morts sur un morceau de carton, inertes. En voyant ainsi le temps figé, aussi plat que son support, ce vide qui se déroulerait de façon inarrêtable, ce rien qui avouait n'être rien en se matérialisant simplement sur son support habituel, je me suis effondré. J'étais complètement perdu et incapable de savoir quoi faire. Cela a été pire encore lorsque je suis allé au-delà de l'image du lendemain et que j'ai imaginé les semaines, puis les mois, puis les années à venir. Tout ce temps là m'est apparu soudain comme enfermé. Le calendrier que je voyais dans ma tête était une prison plus sûre que toutes les prisons faites de pierres et de barreaux. Et c'était une prison à vie, dont je ne pourrais jamais sortir. Un vide absolu dans lequel j'avancerais en pure perte. Une horreur contre laquelle on ne peut rien.

C'est une variante de la peur du temps qui passe, qui se matérialise à travers l'image d'un calendrier, même si cette image n'est que dans notre esprit et non sous nos yeux. Elle peut survenir lorsqu'on se sent perdu face aux jours qui sont à venir. Que va-t-on faire pendant ces jours-là ? Avec qui va-t-on passer son temps ? Que va-t-on réaliser qui restera ensuite et qui ne sera donc pas du vide ? Qui fera attention à soi ? Aura-t-on l'impression d'exister ? Cela durera-t-il ? Toutes ces questions, et d'autres encore se posent sur les cases du calendrier et s'y retrouvent inertes comme le calendrier lui-même. La matérialisation du temps par le calendrier lui enlève le caractère vivant qu'il recèle. Un calendrier ça ne bouge pas, il ne s'y passe rien, et pourtant c'est ce qui traduit le temps. On assimile alors le temps lui-même à son support, et on lui en donne les caractéristiques. Le temps qui est le support naturel du mouvement et de la vie devient alors parfaitement mort. Et rien ne peut y changer quoique ce soit.

Là aussi on retrouve la notion d'impuissance et de vide, d'inertie.

 

Je vais m'arrêter là, ce sont les trois peurs qui m'intéressaient et dont j'avais envie de parler. Je m'aperçois qu'elles sont toutes les trois liées à la peur du vide et de l'incapacité à modifier les choses, à agir. Il me semble à l'heure où j'écris que cela revient à la peur que le monde autour de nous ne soit pas vivant et que nous ne le soyions pas non plus. C'est une peur du néant. Ce qui fonde son intensité est la crudité de l'impression de néant qui se dégage à la personne qui ressent cette peur. Son côté palpable. On se voit tomber et n'avoir rien qui puisse nous retenir dans cette peur là.

On peut peut-être exprimer cela autrement en disant qu'il s'agit du croisement entre la peur de l'absurde et celle de l'inhibition de l'action. Non seulement on ne peut rien faire, mais en plus si l'on pouvait faire quelque chose cela ne changerait rien à rien. Un tel piège est infernal.

 

Pour ceux qui voudraient lire quelque chose d'intéressant sur la peur, je conseille le livre de Susan Jeffers, Tremblez mais osez. Il n'aborde pas la question comme je viens de le faire, mais avec une approche bien documentée et très pratique et concrète sur les manières de dominer et dépasser ses peurs.

04/10/2008

1,2,3, une peur connue

Il y a un mois, Aymeric m'a tagué pour que je poursuive une chaîne de blogs. C'est une occasion de réveiller cet endroit, pourquoi pas donc.

Il s'agit de prendre un livre qu'on a bien aimé et de reproduire un passage de la page 123. Je choisis de reproduire un passage du livre L'homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle, livre dont j'ai déjà parlé sur ce blog, en étendant l'extrait à la page 124 car l'extrait m'apparaît vraiment en valoir la peine.

 

" J'eus, une fois de plus, le sentiment qu'il posait son doigt précisément là où il fallait, si bien qu'il n'avait pas besoin d'appuyer fort pour produire un effet. Le mot "peur" avait un écho particulier en moi. Pendant quelques instants, il résonna comme un gong dans ma cage thoracique, un gong dont les vibrations descendaient profondément dans les méandres de ma personnalité. Ce qui remonta à la surface m'apparut alors comme une évidence.

- J'ai peur de me faire rembarrer, donc je préfère ne pas prendre le risque.

Rien que d'y penser, je ressentais la honte que j'aurais si mon ancien patron m'envoyait bouler.

- Votre peur provient d'une confusion, d'un amalgame entre le rejet d'une demande et le rejet d'une personne. Ce n 'est pas parce que l'on décline une requête de votre part que l'on ne vous aime pas ou que l'on n'a pas de considération pour vous.

- Peut-être.

- D'autre part, vous ne savez absolument pas si sa réaction sera négative. On ne peut pas répondre à la place des gens. C'est seulement en posant la question que vous serez fixé.

- Je ne suis sans doute pas assez masochiste.

- La plupart de nos peurs sont des créations de notre esprit. Vous ne le réalisez probablement pas, mais savoir se tourner vers les autres pour leur demander quelque chose est fondamental. Tous les gens qui réussissent ont cette compétence.

- J'en ai peut-être d'autres qui compensent celle-ci que je n'ai pas...

- Il faut absolument que vous l'acquériez. On ne fait pas grand-chose dans la vie si on ne sait pas aller vers les autres et demander un soutien, un appui, de l'aide, des conseils, des contacts."