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28/02/2007

Ah tiens ?

Via Paxa, je trouve un petit test rigolo qui m'apporte enfin une lueur sur le choix que je devrai faire en avril prochain. 

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Dominique, sincèrement, je n'y avais pas pensé. Remarquez, si j'en crois le site, les candidats suivants auxquels je ressemble le plus, et qui se tiennent dans un mouchoir de poche, sont Marie-George Buffet, Ségolène Royal, et Nicolas Miguet. C'est plutôt épatant de ressembler au même point à toutes ces personnes en même temps non?

 

Si vous voulez tester vous aussi, c'est ici.

27/02/2007

Un ou deux trucs sur la récente enquête de l'IFOP

medium_Graphique2.JPGComme le disait Le Monolècte récemment avec justesse, le premier parti de France reste aujourd'hui encore, et c'est bien navrant, l'abstentionnisme. C'est en tout cas ce qui ressortait clairement des résultats du premier tour lors de la dernière élection présidentielle. J'ai repensé à cette information lorsque j'ai lu la dernière enquête de l'IFOP qui témoignait entre autres choses de la montée en puissance du candidat Bayrou dans les intentions de vote.

 

Evidemment, je prends tout ça un peu en retard, mais après tout c'est déjà une habitude bien ancrée ici, et puis je peux faire chic en disant que j'ai ainsi pris le temps de prendre du recul face aux chiffres présentés.

 

L'info principale de ladite enquête donc, c'est que Bayrou, l'emporterait tant face à Royal que face à Sarkozy s'il était présent au second tour de l'élection. Ce résultat constitue tout de même une vraie surprise lorsqu'on constate simultanément qu'au premier tour, le même Bayrou serait devancé de 10 points ou plus par les deux mêmes candidats. Il me semble que l'on peut tirer quelques informations intéressantes de cet apparent paradoxe. Et même si je suis en retard sur ce coup, et qu'on ne m'attend franchement pas sur ce terrain, hop, je les tire.

 

Tout d'abord, on sait que le premier tour est celui de l'adhésion. C'est-à-dire celui où les électeurs se positionnent vers le candidat qui répond réellement de la façon la plus proche à leurs aspirations. Le deuxième rempli moins cette fonction et constitue plus un choix par défaut. C'est là où réside pour moi la véritable information des chiffres de l'IFOP. Bayrou ne réunit pas un nombre de votes d'adhésion suffisants pour prétendre au deuxième tour, et pourtant il l'emporterait dans toutes les configurations s'il y était. Le second tour ne serait donc pas pour Bayrou non plus un vote d'adhésion. Mais il serait bel et bien un vote de rejet de l'autre candidat.

 

Ce résultat montre que les personnes qui feraient alors pencher la balance en faveur de Bayrou sont clairement dans une stratégie d'opposition au candidat "mainstream" opposé, plus que dans une stratégie d'adhésion au leur. Ce qui n'est guère réjouissant et montre encore une fois, s'il était besoin, qu'il existe une vraie désaffection des personnes envers la politique telle qu'elle est menée dans notre pays. L'enquête du CEVIPOF de l'an dernier avait montré cela de façon très cru puisque 2/3 des personnes interrogées disaient alors leur divorce avec les deux grands partis. Cela conforte à mon avis le fait que leur position n'est pas une adhésion à celui pour lequel ils se déclarent favorables mais plus un rejet de celui d'en face.

 

 

Il me semble aussi que l'écart fort que l'on constate au premier tour entre Bayrou et les autres est dû pour une part significative à l'application du vote utile par une certaine frange d'électeurs: celle qui ne défend pas de façon militante l'un ou l'autre, et est encore sujette à un changement d'humeur, celle donc, qui au final décide du résultat de l'élection.

 

Les chiffres de l'enquête IFOP montrent visiblement que sur l'ensemble des personnes se prononçant, la grande majorité entend établir son choix sans prendre en compte le vote utile. Mais il me semble qu'une lecture fine indique que cette majorité est principalement constituée des électeurs ayant déjà fait un choix définitif de candidat, et que ceux qui restent en partie indécis, sont eux plus prêt à utiliser le vote utile. Ce qui signifie in fine que le vote utile aura bien un impact important sur cette élection.

 

C'est probablement là que se situe la limite des chances de Bayrou, et en passant également de Le Pen, puisqu’ils vont bien devoir affronter l'obstacle de ce vote utile s'ils veulent être au deuxième tour.

 

 

Et pour en finir là dessus, je ne crois pas du tout à la présence de Le Pen au second tour cette année. Mais dans le fond, savoir qu'il fera encore un score d'environ 15%, même si cela est insuffisant pour créer un nouveau séisme, suffit déjà bien assez à m'assombrir.

 

 

 

 

 

aaah, ben nous voilà plus avancés là. On dit merci qui?

26/02/2007

Deux idées sur l'accompagnement

Bruno, Quoique pour ses anciens lecteurs, a réagi à quelques reprises sur mon blog lorsqu’il m’est arrivé de parler de la notion d’aide. Il en a proposé une reformulation que j’aime bien : plus qu’une aide, c’est un accompagnement qu’il s’agit d’apporter aux personnes en difficulté. Cette façon d’envisager les choses me semblent effectivement apporter beaucoup à la relation que l’on entend alors nouer.

 

Cela permet d’abord de rester dans une relation d’égal à égal avec la personne accompagnée, ce qui est un des points qui me semblent les plus importants. J’avais indiqué dans mon étude sur ces questions qu’en effet la relation de dépendance, entre ce que j’appelais alors aidant et aidé, faisait prendre un double risque : celui d’humilier la personne aidée, et donc de prendre le risque qu’elle refuse cette aide qui l’abaisse, et également qu’en créant une dépendance trop forte on la privait de ces propres armes, de la maîtrise de son propre chemin qu’il lui faudra pourtant bien retrouver un jour si l’on entend que l’aide qu’on lui a apportée soit réellement efficace. Car au bout du compte ce sera bien à elle, dans la plus grande mesure possible, de reprendre les rennes.

 

La notion d’accompagnement donc, permet d’appréhender ces relations d’une façon probablement plus sereine pour les personnes y intervenant, plus riches aussi, car elle par de l’idée d’un échange entre les personnes.

 

Je voudrais aujourd’hui proposer deux idées qui me sont venues au sujet de l’accompagnement, et sur la façon dont il me semble possible de le mettre en place : d’abord ce que j’appelle l’exemplarité comportementale, puis une notion qui me tient de plus en plus à cœur, et sur laquelle je prévois d’ici quelques temps de revenir de façon approfondie sur ce site : la proximité humaine.

 

L’exemplarité comportementale est je crois une notion clé dans certaines démarches de psychothérapie. Elle signifie que le « patient » peut être plus secouru par le comportement du thérapeute que par ses mots. J’ai déjà dis une ou deux fois quelles peuvent être les limites des conseils adressés à une personne qui va mal. Les « tu verras ça ira mieux, «  les « si j’étais toi », tout cela est parfois non seulement inefficace, mais pire, contre productif dans la démarche que l’on entend avoir. Parce que l’on tente souvent, naturellement, par nos conseils d’enfermer l’autre dans la compréhension que nous avons de lui, ce qui non seulement l’humilie, mais le laisse surtout encore un peu plus seul, puisqu’encore un peu moins écouté, un peu moins compris.

 

En revanche, il est possible d’apporter beaucoup par son comportement. En vivant sa propre sérénité, on peut l’offrir en même temps à ceux qui nous entourent. On joue pleinement ici sur le jeu de miroir qui existe dans toute relation interpersonnelle, sur le mimétisme que nous avons tous appris depuis notre plus jeune âge. C’est désormais sans doute un poncif, mais ce mimétisme existe bel et bien. Il est en grande partie le reflet de notre besoin de reconnaissance et d’appartenance à un groupe. Et ainsi, en laissant s’exprimer notre paix intérieure, il nous est possible de l’insuffler un peu mieux à ceux que nous souhaitons soutenir. C’est une méthode qui me semble particulièrement faire ses preuves en psychothérapie car dans ce domaine le langage non verbal, corporel en particulier, joue un rôle primordial.

 

C’est cela pour moi l’exemplarité comportementale. Inviter librement l’autre dans un cadre serein et apaisé, en le créant soi-même par son attitude. Le terme est peut-être un peu mauvais d’ailleurs car la notion d’exemplarité peut faire croire à la prétention d’être un modèle, de se hisser au-dessus des autres pour distribuer la bonne parole. C’est tout le contraire.

 

La deuxième idée donc, c’est la proximité, celle exactement dont parlait Levinas dans le reportage que j’ai commenté ici il y a quelques mois. Cette proximité qui n’est surtout pas une façon de phagocyter et parasiter l’espace intime de l’autre, cette bulle qui nous entoure, qui  est plus ou moins grande chez les uns et les autres, et qui constitue les limites de notre espace vital, de notre intimité, qui dessine les contours de notre pudeur. Surtout pas une tentative de s’imposer donc, mais simplement l’expression d’une attention, d’une écoute sincère, d’une présence pour dire à l’autre que s’il le veut, il n’est pas seul.

 

C’est, pour reprendre les termes de Lévinas, donner la paix sans foutre la paix. En étant là, vraiment là, et pas simplement en docteur paternaliste qui s’oublie dans ses propres conseils. Et en laissant aussi l’autre être là, prendre la place qu’il souhaite, en l’aidant peut-être à l’agrandir un peu.

 

Cette proximité, on le comprend aisément, n’est pas qu’un outil thérapeutique. Elle est aussi à mon avis l’objectif que doit se donner une société si elle veut être unie, et ne pas se résumer à un pacte de non agression et à la régulation des échanges marchants. J’espère y revenir bientôt.

16/02/2007

La non directivité

Il y a quelques jours déjà, j’ai suivi une formation menée par une personne qui travaille apparemment sur différentes disciplines proches de la psychologie appliquée, dont notamment la gestion du stress. L’occasion était intéressante pour moi de lui parler un peu de mes travaux, et d’en obtenir de sa part un petit retour. Je lui ai donc indiqué l’existence de mon blog, discrètement toutefois car je ne souhaite pas que mon employeur tombe sur cet espace.

 

Je n’ai pas été déçu, car ses critiques sont vite tombées. Notamment concernant cet ancien billet, sur la question du stress abordé sur un forum Yahoo. Ce billet avait plutôt reçu un accueil positif lorsque je l’avais publié ici. J’ai donc d’abord été surpris que ce soit celui-ci qu’elle attaque, quand j’en voyais bien d’autres qui me semblaient plus douteux.

 

Son argument principal fut de me dire en gros : « pour qui vous prenez vous pour distribuer ainsi les bons et les mauvais points aux gens qui indiquent leur vision personnelle de la gestion du stress ? » Bref, le prétentieux qui se croit arrivé à la compréhension ultime du sujet, et qui se permet de juger les uns et les autres, de façon plutôt péremptoire. Pas très agréable à lire.

 

Après coup, je m’aperçois que son commentaire voit juste pour une certaine catégorie de lecteurs, dont j’ai compris, sans qu’elle me le dise ouvertement, qu’elle faisait partie : ceux qui se trouvaient compris dans l’un ou l’autre type de comportement face au stress que j’indiquais et évaluais dans mon billet. En fait, en rédigeant celui-ci, je m’adressais plutôt à vous comme si vous n’aviez pas vous-même réfléchis sur une quelconque démarche sur le stress, ni choisi quelque méthode que ce soit. Mais pour ceux qui, comme elle, avait choisit par exemple, de s’engager dans des démarches de méditations, de sport, etc. je comprends tout à fait que mon discours était excessif, culpabilisant et trop définitif pour leur apporter quoi que ce soit.

 

Car je crois beaucoup à une idée clé lorsque l’on tente d’aider des personnes dans leur démarche personnelle de gestion du stress : la non directivité. Je me suis un peu trompé en voulant dire aux uns et aux autres où ils pêchaient et où ils voyaient juste. Bien sûr, je n’en pense pas moins que certaines choses sont à faire valoir plus que d’autres : chercher à gérer ses priorités reste à mon avis plus  malin que devenir alcoolique. Mais j’ai oublié quelque chose en écrivant mon billet : il est impossible d’aider quelqu’un en prétendant lui donner la lumière. Car cela fige les positions, ça les cadenasse, ça désigne les bons et les mauvais, ça décide du blanc et du noir. Bref, ça ajoute pour ceux qui ne pourront peut-être pas tout de suite adopter les meilleures idées, le stress d’une forme de culpabilité vis-à-vis de cette incapacité. Et l’on aboutit là au résultat inverse de celui recherché. C’est quand même ballot.

 

La non directivité, donc, l’idée de laisser libre, d’alléger le poids du choix. Notre formatrice d’ailleurs, avait une façon de faire que j’ai bien aimée lorsqu’elle évoquait certains points de comportements. Elle « mettait au milieu » ses idées, puis libre à nous de les prendre pour nous, de les tester, ou de ne pas les utiliser. On met à jour une idée, on ouvre une perspective, on libère une vanne en décloisonnant des raisonnements tout faits ou trop habitués, mais sans pour autant imposer sa vision, en laissant le champ libre. Les personnes peuvent alors aller piocher ce qu’elles veulent dans ce qui a été proposé, sans avoir à rendre de compte sur leur sélection, sans être d’ailleurs obligées d’en parler. Vraiment chouette.

 

Et puis cette démarche non directive à un autre grand avantage : elle joue à plein sur l’idée que dans le fond, aider l’autre c’est le mettre dans les meilleures dispositions possibles pour que ce soit lui qui s’aide. Pour que ce soit lui qui fasse son choix et résolve ses difficultés. On évite ainsi le biais de tout comportement paternaliste, qui n’est qu’une forme subtile de domination. On ne prend pas la main sur sa vie, on ne se pose pas en position de dominant. On n’est pas un « sachant » d’où doit provenir la lumière divine. On se met au même rang que l’autre, on reste dans une relation d’égal à égal. Et ce faisant, on met l’autre dans la situation de faire ses propres choix, en adulte, tout en le positionnant dans un cadre serein.

 

Ce n’est pas forcément facile d’agir ainsi. On a souvent envie de s’exprimer de façon directive, ou en tout cas  de faire valoir de façon exclusive sa vision des choses. Mais dans ce type de domaine, ce sont les autres l’important, et pas l’importance ou la grandeur que leurs louanges pourraient nous apporter. Il vaut donc mieux établir sa démarche en envisageant ses conséquence et ses impacts pour les éventuels lecteurs, que d'imaginer l'aura qu'elle peut nous donner. Il reste à remplacer nous par me, et je serais presque parvenu à une auto-critique honnête.

14/02/2007

Recroquevillé

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Il m’en avait tiré.

Ensembles nous fîmes quelques pas.

Trop neufs pour être bien assurés. Mais souriants.

 

Et puis je n’ai pas voulu. J’ai résisté.

 

J’ai soufflé long. J’ai laissé passer.

J’ai poussé devant pour ne pas voir les franges mordues.

Ni les couleurs rares qui tenaient.

 

J’ai arpenté le chemin long, sans plus rien regarder.

Sans sentir les brises autour de moi.

En ignorant les lueurs autant que les ombres.

 

Le temps tirait parfois la longe des refrains vieux.

Trop seul.

Bien mal armé.

 

J’étais parti il y a trop longtemps.

Et malgré tous ses efforts,

Je n’allais pas le laisser reprendre la main.

 

 

Je ne voulais plus tracer, au dernier jour, qu’un maigre livre

 

Où l’on trouverait en filigrane

 

 

Traînées lentes …

 

Reliures écorchées…

 

Des fêlures à tous les doigts.

 

 

 

L'image vient d'un ancien billet de Kozlika, qu'elle m'a sympathiquement retrouvé. 

Deuxième tonte

medium_laine.jpgAvant qu’on ne m’en fasse ouvertement la critique, je voudrais revenir rapidement sur mon billet d’hier soir. Il ne s’agissait pas pour moi d’y exposer une méfiance définitive envers tout ce qui touche à la politique et à la gestion du pouvoir. La position de l’ignorant qui tente de se dresser au dessus de la mêler en balançant à l’emporte pièce son dédain pour la chose publique ne m’attire pas. Mais depuis que la campagne présidentielle a démarré, j’ai vraiment du mal à y trouver de l’intérêt. C’est de cet agacement que je voulais témoigner.

 

Du côté des candidats d’abord, les choses sont plutôt décevantes. Ségolène Royal ne m’enchante guère, même si je dois reconnaître que je suis plutôt porté à voter à gauche. Je trouve qu’elle a trop tardé à apporter du fond à sa démarche, qu’elle a trop cherché à surfer sur la vague de l’image. Il y avait bien quelques souffles dans son discours de dimanche dernier, mais enfin j’en suis sorti sans vraiment savoir clairement où elle comptait aller. On trouvera peut-être la formule un peu méprisante, mais j’ai trouvé que ça faisait un peu programme de ménagère : un peu de sel par ci, un peu de laurier par là. Pas trop d’idée directrice, et donc un peu creux.

 

Sarkozy n’est pas franchement meilleur à mes yeux (sans doute en partie parce que comme je l’ai dit je suis plutôt naturellement tourné vers la gauche de l’échiquier politique). Il parvient au même sentiment de vide, mais avec des moyens inverses : la profusion de prises de position et de proposition, qui donne tellement l’image d’un package intenable et irréalisable qu’il s’effondre de lui-même. Il me semble être constamment dans la surenchère, il joue trop au monsieur plus. Bien sûr c’est le jeu de toute élection, mais qu’on ne me demande pas d’y croire.

 

Bayrou, bof aussi. Il a quelques idées c’est vrai, et peut-être plus de sincérité que les deux autres, absence de pouvoir et d’espoir de pouvoir oblige. Mais à trop jouer la carte du perdant magnifique, il se rend un peu inaudible. Je ne parle pas des extrêmes en sûr, ni des petits candidats qui dans le fond sont surtout là pour jouer le rôle d’apporteurs d’idées plus que pour se faire élire. Donc vous voyez, au final, il n’y a pas de quoi pavoiser.

 

Et puis (il y a Frida ?), ce qui me désole le plus dans le fond, ce sont les militants. Je sais, je sais, être militant, c’est donner de son temps pour une cause en laquelle on croit, c’est avoir des convictions et les défendre en donnant son sel à la démocratie. Et blablabla. Mais être militant, c’est aussi choisir un camp, s’y assimiler, se mettre en jeu soi-même, et donc se fermer les portes, naturellement ajouterais-je, au reste. C’est cadenasser son positionnement. Pour moi c’est très clair, je n’irai pas former mon opinion sur les blogs militants, car je sais qu’ils ne sont pas capables d’être vraiment honnêtes dans leur présentation des choses. Quasiment par principe. Sinon ils ne seraient pas militants.

 

Vous dirais-je maintenant, qui sont les moutons ? Qui cherche à tout prix à se trouver un surfer d’argent, un champion magnifique, incarnant à la fois leurs prétendues valeurs et leur désir de soumission à l’être supérieur ? (ok j'en rajoute, je me défoule un peu que voulez-vous)

13/02/2007

Avant d'aller dormir, comptons les moutons

"[…] L’homme de troupeau se donne aujourd’hui en Europe l’air d’être la seule espèce d’homme autorisée : il glorifie les qualités qui le rendent doux, traitable et utile au troupeau, comme les seules vertus réellement humaines : telles que la sociabilité, la bienveillance, les égards, l’application, la modération, la modestie, l’indulgence, la pitié. Mais dans les cas où l’on ne croit pas pouvoir se passer des chefs, des moutons conducteurs, on fait aujourd’hui essais sur essais pour remplacer les maîtres par la juxtaposition de plusieurs hommes de troupeau intelligents, c’est, par exemple, l’origine de toutes les constitutions représentatives. Quel bien-être, quelle délivrance d’un joug insupportable malgré tout, devient, pour ces Européens, bêtes de troupeau, la venue d’un maître absolu."

 

Nietzsche, Par delà le bien et le mal

 

Le troupeau bêlant vers son surfeur d’argent, son sauveur ultime, celui qu’il veut le voir l’asservir comme dans un rêve. Comme le champion de ses valeurs qui ne sont plus que des gants sans main.

01/02/2007

Critique du mérite

medium_ordre_national_du_merite.jpgAprès avoir vu, de façon sans doute un peu courte, les questions qui pouvaient à mon avis être soulevées du point de vue de la morale quant à l’existence ou l’inexistence du libre arbitre, j’en viens maintenant à la question du mérite. J’espère que vous m’en excuserez, mais sur ce point, je ne compte pas vraiment vous ménager. Sans toutefois dépasser les bornes du respect, que je considère toujours comme une condition nécessaire du débat.

 

Mais je sais qu’à priori, mon lectorat est plutôt fait de personnes qui me ressemble un peu, ou du moins qui sont issues d’un milieu social assez proche, et que je qualifierais de petit bourgeois. Et que c’est ce milieu là, parce qu’il s’est forgé, par la force de plus grandes connaissances que beaucoup d’autres, des convictions également plus fortes, qui est le plus réticent à se remettre en cause sur ce type de sujet. Et parce que personnellement, j’ai toujours été ulcéré de voir autour de moi ceux-ci se féliciter de la qualité de leurs choix de vie, quand ils n’en étaient que des héritiers bienheureux, et à quel point ils pouvaient être aveugles quant-à l’influence qu’exerçait leur milieu de vie sur leur propre « réussite ».

 

La question du mérite dans le fond, se pose un peu comme celle de la morale. Si j’admets désormais que le libre arbitre est une notion largement faussée, et dans le fond une vraie supercherie, un simple outil de plus visant à valoriser nos actes (le rôle du libre arbitre était différent à sa création : il servait alors à maintenir l’idée d’un Dieu parfait, alors même qu’il avait créé des êtres imparfaits, ces imperfections n’étant donc que le reflet du libre arbitre dont il leur avait fait « cadeau ». Ainsi Dieu était dégagé de la responsabilité de nos méfaits, et sa superbe pouvait rester intacte), si j’admets donc que le libre arbitre n’existe pas, comment pourrais-je attribuer la moindre valeur, et donc le moindre mérite à nos actes ?

 

Comment peut-on estimer que telle ou telle action, telle ou telle position « philosophique », tel ou tel choix recouvre un quelconque mérite (morale, intellectuel, tout ce que vous voulez) si je suppose que nous n’agissons que sous la direction de nos déterminismes ? Quel méritent ces déterminismes pourraient-ils bien avoir ? Nos envies de maintenir notre équilibre intérieur, de nous sustenter, de copuler, de nous gratifier et, pour cela, de devenir des dominants, tout ceci qui constitue, la très grande majorité de nos comportements, n’est pas guidé par autre chose que par nos déterminismes. Tant par nos déterminismes biologiques (notre capital génétique pour faire court), que par nos déterminismes culturels, environnementaux, sociaux, familiaux (qui en fait, sont à mon avis les plus importants), ce que j’ai appelé il y a quelque temps, nos automatismes acquis, c’est-à-dire appris. Prétendre le contraire sur ce sujet n’est pas autre chose que faire l’aveu de son aveuglement sur soi.

 

Pour qu’il en soit autrement, il faudrait que nos comportements inconscients, qui interviennent dans tous les domaines de notre quotidien, soient moins nombreux, il faudrait que nos automatismes soient moins profondément ancrés, que nous soyons donc en quelque sorte moins éduqués, il faudrait que nous fassions travailler plus souvent notre lobe orbito-frontal, celui où nous pouvons former des associations entre les choses que nous avons apprises et en imaginer de nouvelles. Mais nous en sommes loin. En passant, j’insiste sur le vice caché que contient l’éducation, celle faite de « bons » repères, de culture bourgeoise, bref d’automatismes.

 

C’est bien parce que celle-ci est, plus que d’autres, faite de ces repères et automatismes qu’elle crée des individus moins aptes à s’extraire du cadre de pensée dans lequel ils ont grandi. Vous me rétorquerez sur ce point que ce sont pourtant, eux, les bourgeois, qui historiquement sont à l’origine des révolutions émancipatrices, et que ce sont eux qui se font les premiers chantres des valeurs de respect et de tolérance. Et que vous qui me lisez en êtes d’ailleurs un bon exemple.

 

Personnellement je suis loin d’en être aussi sûr. D’abord parce que ces grandes déclarations de valeurs, de respect, etc. ne sont trop souvent rien d’autre que des déclarations. J’entends fréquemment autour de moi ce type de personne se lancer dans des grandes tirades humanistes, rappelant, le front plissé et les sourcils sévères, le combat qui doit être le nôtre contre le racisme, et quel exemple constitue pour eux tel ou tel prix Nobel de la paix. Mais vient un jour un moment d’inattention, de relâche où le langage ne se fait pas aussi ciselé que dans ses dîners en bonne société. Et la bête sort, l’air de rien, à la fraîche. Les grandes phrases ne sont plus là pour la camoufler, et souvent, la personne ne s’aperçoit même pas de ce que révèlent ses propos.

 

Les pauvres gens sont peu susceptibles de ce type de comportement faussé. Pour une raison toute simple : la faible maîtrise du langage qu’ils ont ne leur permet pas de l’utiliser aussi bien que les bourgeois pour camoufler leurs actes. Ce point me paraît important, car il explique en partie l’usage plus important que les pauvres font de la violence. Les bourgeois en quelque sorte n’ont pas besoin de la violence. Le langage leur permet de s’assurer l’accès aux gratifications qu’ils recherchent, en maintenant les hiérarchies en place et en préservant leur statut de dominants. Pourquoi agresser qui que ce soit dans ces conditions ? En revanche, les pauvres ne disposent pas de cet outil, et pour y palier, ils ne trouvent que le langage de la violence. Je reviendrai probablement sur ce point une fois prochaine.

 

Mais surtout, ce qui fonde l’essentiel de mes doutes sur la profondeur de ces valeurs bourgeoises, et j'en ai d'ailleurs déjà fait part ici, c’est que nous oublions vraiment trop à quel point nous sommes le fruit de notre environnement familial et culturel. Et que nous avons bien trop tendance à ériger en vertus personnelles ce qui n’est que du mimétisme social. Je l’ai déjà dis il y a quelques temps, il faut nous imaginer ayant grandi dans des quartiers pauvres, dans des pays en guerre, et tenter, si tant est que nous en soyons capables, d’appréhender la capacité que nous aurions eu dans de telles conditions à faire germer ces vertus dont nous nous attribuons le mérite aujourd’hui. Je n’en donne pas cher.

 

Mais pourtant, on ne peut pas dire que cette humilité vis-à-vis du peu qui nous revient dans notre propre construction et dans notre grandeur d’âme, soit véritablement ce qui nous étouffe. Il n’est qu’à constater l’importance donnée au mythe de la réussite sociale dans les pays développés, au mantra inculqué à nos enfants dés le plus jeune âge visant à les faire grimper le long de l’échelle sociale, à utiliser pour cela à plein les automatismes culturels acquis et à brider l’usage de notre cerveau imaginatif, et à tous les mérites que nous rattachons à ces succès que nous avons, alors qu’on peut quasiment dire qu’ils sont uniquement programmés par notre milieu.

 

Je les ai vu pendant trois ans ces jeunes dans le vent qui s’auréolaient de leur succès aux concours des grandes écoles, qui se félicitaient d’en être arrivé là, à la force du poignet comme on dit. Aucun évidemment pour dire combien le portefeuille de papa était en cause dans cette réussite. Ni pour donner à sa condition sociale son vrai nom : la chance. Mais il est où le mérite dans la rencontre du spermatozoïde mâle d’un cadre et de l’ovule d’une femme de bonne famille ? Il est où le mérite dans la phase d’empreinte, pendant laquelle notre milieu favorisé engramme dans notre cerveau, sans que nous y soyons pour rien, les bases qui ont fait de nous des gens curieux, « intelligents » et bien « adaptés » ? Il est où le mérite dans l’acquisition dissimulée de tous nos automatismes culturels ?

 

Le mérite n’existe que dans nos cerveaux, par lesquels nous cherchons en permanence à nous attribuer une certaine valeur individuelle, différente de celle des autres, cette différence étant la condition nécessaire pour nous donner la possibilité de leur être supérieurs. Toute l’essence de la fumeuse (avec un u, pas un a) méritocratie qui sévit dans les entreprises qui se veulent les plus dynamiques est là.

 

 

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