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03/08/2005

Murmure

Murmure à l’oreille, comme un baiser inaccompli, écho ténu de son regard incrédule,

et soupir profond venu d’une tendresse, de ce regard neuf, accueillant.

30/07/2005

Nouvelles photos

J'ai ajouté dans mon photoblog quelques unes des plus belles photos que j'ai pu prendre lors de mon récent voyage aux Etats-Unis (c'était en mars dernier).

Dans l'ordre on trouvera 3 photos de New York, puis les parcs: Grand Canyon, Monument Valley, Antelope Canyon, Bryce Canyon, Yosémite, et enfin San Francisco.

Il y aura beaucoup plus de photos sur le site de mon voyage qui présentera également mon carnet de voyage. Le site devrait être prêt prochainement, mais pour patienter, allez donc jeter un coup d'oeil à ces quelques clichés, vous y verrez des paysages de rêve... (moi même j'ai encore du mal à en revenir)

28/07/2005

Pour être heureux, prendre un pot et quelques cailloux

Voici enfin, impatients lecteurs, le billet annoncé précédemment et tant attendu par vous (statcounter m’apprend que certains semblent avoir planté leur tente chez moi).   

 

J’ouvre donc aujourd’hui une nouvelle catégorie sur la gestion du stress. Tout d’abord il convient de faire une petite introduction concernant cette catégorie pas comme les autres et où j’espère développer quelques idées qui me sont chères mais aussi, et même surtout, vous proposez quelques outils intéressants pour vous aider à mieux gérer votre stress propre (si tant est que vous soyez stressé, mais vous verrez que même ceux qui ne se sentent pas stressés pourront y trouver leur compte, voire même qu’ils découvriront certaines failles inconnues jusqu’alors) et ainsi à aller vers un bien-être plus grand.

 

J’ai découvert ce sujet il y a quelques années en suivant la formation accélérée d’un expert dans ce domaine. Je me suis associé quelques temps à cette personne pour mettre au point le site de gestion du stress qui se trouve en lien dans la colonne de droite sous la rubrique sites personnels. Le contenu que je souhaite donc vous proposer viendra en grande partie de ce site, mais aussi de certaines lectures annexes et de sites découverts sur Internet (certains sont absolument excellents). 

 

Il me faut en premier lieu vous expliquer un peu ce qu’est la gestion du stress (c’est indiqué sur le site, mais je vous résume ça rapidement).

 

Il s’agit d’apprendre d’abord à reconnaître ses propres stresseurs, à mesurer leur impact sur notre comportement, notre humeur, notre bien-être général, puis, ces stresseurs étant identifiés, d’apprendre à les gérer. Les gérer et non pas lutter contre eux. La différence est importante. Car il y a un bon stress, celui qui nous motive, qui nous rend dynamique, qui nous fait agir de façon positive. C’est pourquoi il s’agit bien d’apprendre à mesurer ce que produit le stress en nous, et d’en faire un outil positif pour avancer au lieu de chercher à l’éradiquer. Le fondement de ce travail vient tout d’abord d’un profond travail sur soi. Car si vous imaginez que la source principale de votre stress c’est votre patron qui vous donne trop de travail ou vos professeurs qui vous donnent trop de contrôles, et bien vous vous trompez. Ce qui est en cause c’est moins ce que les autres font vis-à-vis de vous que ce que vous faites de leurs comportements. Nous nous lançons donc dans une découverte passionnante de nous-mêmes pour découvrir ce qui nous fait agir, quelles sont les valeurs, les évènements auxquels nous réagissons, quelles sont enfin les priorités que nous avons dans notre vie et comment nous les mettons en ordre.

 

Pour commencer ce sujet je vous propose un premier texte tiré du site qui le tirait déjà lui-même d’un livre mis en référence à la fin (si vous souhaitez vous servir de ce texte, merci de citer la référence, par respect pour les auteurs).

 

La sagesse par les cailloux

 

Un jour, un vieux professeur de l'Ecole Nationale d'Administration Publique (ENAP) fut engagé pour donner une formation sur la planification efficace de son temps, à un groupe constitué d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies nord-américaines.

Ce cours constituait l'un des cinq ateliers de leur journée de formation et le vieux professeur n'avait donc qu'une heure pour "passer son message".

Debout devant ce groupe d'élite, le vieux prof les regarda, un par un, lentement, puis il leur dit : "Nous allons réaliser une expérience".

Il sortit de dessous le bureau un immense pot en verre qu'il posa délicatement en face de lui. Puis, il sortit encore une douzaine de cailloux gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot.

Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers les élèves et leur demanda :

"Est-ce que ce pot est plein ?"

Tous répondirent : "OUI".

Il attendit quelques secondes et ajouta : "Vraiment ?"

Alors, il se pencha à nouveau et sortit de dessous le bureau un récipient rempli de petits graviers. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s'infiltrèrent entre les cailloux… jusqu'au fond du pot.

Le vieux prof leva a nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda :

"Est-ce que ce pot est plein ?"

Cette fois, ces brillants élèves commençaient à comprendre son manège.

L'un deux répondit : "Probablement pas !"

"Bien !" répondit le vieux prof.

Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table un petit récipient rempli de sable fin. Il versa le sable dans le pot.

Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier.

Encore une fois, il demanda : "Est-ce que ce pot est plein ?"

Cette fois, sans hésiter et en chœur, les brillants élèves répondirent : "NON"

"Bien !" répondit le vieux prof.

Et comme s'y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d'eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu'à ras bord.

Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe et demanda : "Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?"

Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondit : "cela démontre que même lorsque l'on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire."

"Non" répondit le vieux prof. "Ce n'est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante :

Si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous ensuite." Il y eu un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces propos.

Le vieux prof leur dit alors : "quels sont les gros cailloux dans votre vie ?

Est-ce votre santé ?, votre famille ?, vos amis ?, réaliser vos rêves ?, faire ce que vous aimez ?, apprendre ?, défendre une cause ?, vous relaxer ?, prendre du temps pour vous ?, ou… tout autre chose ?

Ce qu'il faut retenir c'est l'importance de mettre ses gros cailloux en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir… sa vie.

Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier, le sable) on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie. Alors n'oubliez pas de vous poser à vous mêmes la question :

"Quels sont les gros cailloux dans ma vie ?"… ensuite, mettez les en premier dans votre pot (vie)"


D'un geste amical de la main, le vieux prof salua son auditoire et lentement quitta la salle.


Covey, Stephen R., Merrill, A. Roger et Merrill, Rebecca R. Priorité aux priorités. Paris, Éditions générales F1RST, 1995, p. 112-113. 

 

Petit commentaire après ce texte. Il ne s'agit évidemment pas de quitter son travail et de consacrer 100% de son temps à sa famille ou aux loisirs qui nous tiennent le plus à coeur. Ce n'est pas une vision infantile et naïve d'un monde triste et que nous aurions pour devoir de changer par des actions fortes et en rupture avec ce que font les autres juste pour montrer qu'on nage à contre-courant. Encore une fois il faut mesurer les choses, c'est-à-dire apprendre à leur donner leur juste place, et peut-être redonner de la place à des éléments qu'on ressent comme essentiels mais qu'on peut avoir tendance à oublier. Etre adulte dans sa vie, selon moi (là j'avance seul devant vous et votre jugement aiguisé), c'est d'abord savoir gérer ses priorités.  

 

Une petite remarque pour ceux d’entre vous qui ne se sentent pas concernés, pas touchés par ce genre de sujet. Bien sûr on ne peut obliger personne à adhérer à l’idée du texte, ni même à la démarche qu’il propose, mais prenez un peu de temps pour retourner ce texte dans votre tête, mesurez exactement ce qu’il signifie, peut-être en retirerez-vous quelque chose d’intéressant. Bien sûr il n’est pas question de prétendre que tout le monde est malade, seulement de découvrir certaines choses auxquelles on ne pense pas toujours, qu’on oublie un peu faute de temps, ou parce qu’on est trop pris dans l’horloge mécanique de la vie quotidienne. C’est pour vous.

Waouh et Cliffhanger

Hier fut une journée mémorable pour ce blog. En effet, inactif que je suis au boulot (boutchave va falloir que ça change!), j'ai passé la journée sur la blogosphère et j'ai pu constaté l'impact publiien sur la fréquentation de mon site. Le gros pic de la journée fut consécutif au billet d'Emmanuel concernant un petit moment de flottement dans notre discussion d'avant-hier. Je vois là toute l'humilité qui doit être la mienne devant le succès que connaissent des blogs de grande qualité, alors que le mien reste encore une ébauche.

 

Mais cela ne m'empêche pas de goûter la joie d'avoir soudain quelques lecteurs, invalidant ainsi ma prévision de départ, et même des lecteurs qui viennent de l'étranger: Belgique, Suisse, Italie, et même USA (en provenance de Ceteris-Paribus). Plaisir mais aussi frustration car si Statcounter, installé sur les conseils de Versac, me permet de savoir d'où viennent mes visiteurs, en revanche il ne me permet pas d'entrer en contact avec eux. Certains ont apparemment lu quelques-uns de mes billets: qu'en ont-ils pensé? J'espère maintenant, au-delà des visites, avoir quelques commentaires qui me permettent d'approfondir certains débats et de créer quelques contacts sympathiques.

 

Mais pour cela peut-être me faut-il travailler à la qualité de mes billets. Dans cet objectif, je vous annonce (et là je vous sens déjà subjugués, langue pantelante devant votre écran: "quoi, quoi, qu'est-ce qui va se passer? hin, quoi?) un billet à venir ce jour qui va changer vos vies chers lecteurs (rien que ça!), et ouvrant une nouvelle catégorie sur la gestion du stress. Comme dirait Hugues, si ça c'est pas du Cliffhanger !

27/07/2005

Dîner avec Publius et recherche de job

Je suis un âne.

 

Lundi soir je m'inquiétais d'une annulation possible de ma recontre avec Versac et Emmanuel. Saleté de parano qui me fait toujours croire que les autres se foutent de moi ou pensent simplement que je n'ai aucun intérêt (ça c'était pour le ouin). Et comme il se doit, la rencontre à bien eu lieu. Nous avons diné tous les trois au Coude fou, un petit resto fort sympathique proche de la place du Bourg-Tibourg, que j'ai découvert il y a déjà quelques temps avec un ami. Ils ont notamment de très bons vins (je recommande particulièrement leur Pinot noir de Bourgogne, c'est une merveille).

 

Cependant, et s'ils lisent ce post j'espère qu'ils n'en prendront pas ombrage, Versac et Emmanuel m'ont semblé en fait assez peu intéressés par la rencontre. Je crois qu'ils étaient surtout curieux de voir ma tête (curiosité qu'on a souvent quand on est limité à des échanges écrits via internet), mais sans plus. Ils ont d'ailleurs discuté seuls pendant la première heure et demie ce qui m'a un peu déstabilisé. J'ai mesuré qu'effectivement nous n'avons pas vraiment les mêmes centres d'intérêts, ce qui ne veut pas dire que leurs idées ne m'intéressent pas, mais ils s'impliquent dans certains débats à un niveau qui n'est pas le mien. Une petite remarque concernant Versac. C'est quelqu'un qui semble très actif, entreprenant, le cerveau en ébullition. Il doit être très intéressant de discuter avec lui plus avant que je n'ai pu le faire. Emmanuel a une approche plus prudente (plus encore que je ne l'aurai imaginé), et on sent chez lui un souci particulier de précision dans ce qu'il dit.

 

[Edit: c'est rigolo de faire un edit sur une note perso avec donc peu de fond :o). Suite au commentaire d'Emmanuel, je confirme, je suis un âne. Voilà c'était tout. :o) ]

 

Sinon d'un point de vue plus personnel, j'ai été contacté par une nouvelle boîte pour devenir consultant... la même boîte pour laquelle R. m'a demandé ce matin des conseils ! Elle m'a appelé 1/4 heure après que j'ai raccroché le téléphone avec R. je ne me souvenais même pas que je leur avais envoyé mon dossier. Que faire? R. a clairement un meilleur dossier que moi, et je pense qu'il mérite le poste. Faut-il appliquer la règle de la concurrence libre et non faussée et dire: que le meilleur gagne? :o)

25/07/2005

Comme ça

Ce soir j'écoute pour la première fois depuis bien longtemps des concertos pour piano de Mozart. Le 23, et le 21 surtout qui est une merveille de douceur, avec je trouve un esprit assez enfantin dans le premier mouvement. Vous allez trouver ça étrange mais depuis que je suis petit (je me suis mis à la musique classique très tôt avec Piccolo et Saxo), j'ai associé cette musique à Chapi Chapo....

 

Sinon ce soir je suis un peu déçu parce qu'un petit pressentiment me fait penser que le rendez-vous initialement prévu demain soir avec Versac et Emmanuel ne va pas avoir lieu. Paxatagore ne répond plus à mes messages sur son blog et il s'est soudain remis à me vouvoyer ... J'ai dû gaffer, je sais pas trop en fait ... Enfin c'est un peu dommage, ça m'aurait vraiment intéressé de les rencontrer (Emmanuel notamment est particulièrement brillant je trouve).

 

Bah, pas grave, de toute façon c'est vrai que je ne suis pas trop au niveau et que nous ne nous intéressons pas tout à fait aux mêmes choses.

 

Bon maintenant que Mozart est fini, je passe à ... mmm... Beethoven ou Schubert? Schubert allez ! Vous ai-je parler de Schubert ?

Premiers pas

Ils découvrirent l'amour sous la chaude couverture de l'amitié,

puis derrière l'hésitation d'un pas, d'un sourire,

la fébrilité d'une main ou d'une joue tendue,

d'une lèvre pincée en doute.

23/07/2005

Nouvelles photos

Petit post rapide pour vous informer que trois nouvelles photos prise hier soir à Paris sur les quais ont été ajoutées au photoblog.

21/07/2005

Peut-on rire de tout?

Je propose aujourd’hui un billet qui me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà, sur le sujet : peut-on rire de tout ?

 

J’ai récemment eu une discussion avec des amis sur ce sujet. Notre débat tournait principalement autour de deux cas. Celui de Dieudonné et de son sketch de faux rabbin dans l’émission ONPP, qui fut très fortement critiqué, et également un sketch récent des Guignols de l’Info concernant le nouveau pape Benoît XVI, à qui ils faisaient dire : « au nom du père, du fils et du troisième Reich » et qu’ils avaient rebaptisé Adolf II.

 

Je vais tenter de répondre en analysant la question comme si j’étais au tribunal (c'est pour de rire rassurez-vous), avec une première partie à charge contre les empêcheurs de rire en rond, puis une deuxième partie à décharge où j’essaierai de comprendre les limites de l’humour.

 

Tout d’abord, la charge.

 

Desproges disait, « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ». Ce qui, en clair, veut dire qu’il n’y a pas de sujet sur lesquels on ne peut pas rire, mais seulement qu’il existe des gens qui n’ont pas d’humour, et que ce sont ces grincheux-là qui voudraient empêcher que l’on puisse rire de tout. Cette phrase  de Desproges désigne en fait à mots cachés les censeurs qui interdisent aux autres de rire (parce qu’eux même de savent pas rire ?). Les censeurs gardiens du dogme moral, un peu façon inquisition, ces gens à l’âme grise qui n’aime rien tant que d’obliger les autres à porter le même gris sur leurs visages.

 

En effet, lorsqu’on suggère qu’on ne peut pas rire de tout, c’est bien une forme de censure qu’on réclame, que celle-ci soit imposée de l’extérieur ou qu’elle soit une autocensure. Et la censure est un outil qui peut s’avérer dangereux. Historiquement, elle est systématiquement utilisée par les régime autoritaires afin d’empêcher l’expression d’une opposition, quelque soit la forme de celle-ci.

 

Dans des régimes qui restent démocratiques, comme le nôtre, la censure, si elle n’exerce pas une fonction aussi tyrannique que dans des dictatures, soulève toutefois des inquiétudes que je trouve légitimes. On parle un peu ces temps-ci d’une forme de retour d'un ordre moral puritain, ce qui se voit notamment dans les grands médias. L’ère des humoristes insolents comme purent l’être Desproges, Coluche, Le Luron, ou d’autres encore, semble révolue et ceux d’aujourd’hui paraissent plus politiquement corrects. Cette tendance peut faire craindre le développement des opinions bien pensantes fades et soumises, menant à plus ou moins long terme à une pensée unique aseptisée, où tous le monde est en rang de bon gré. Sans originalité, la créativité en berne, la société serait alors à mon avis susceptible d’un déclin non négligeable. Et au-delà, on peut même s’inquiéter d’un glissement de ce nouvel ordre moral vers une diminution progressive de la liberté d’expression. Et face à ce risque il est bon d’être vigilant. 

 

De plus, pour revenir plus précisément au sujet qui m’occupe (et qui vous occupe aussi je l’espère !), que des dirigeants acceptent de se faire brocarder par des caricaturistes me semble le signe d’une démocratie saine. On peut d’ailleurs généraliser ceci, car cette capacité à rire de soi permet de prendre une certaine distance avec les évènements quotidiens, qui pour beaucoup n’ont pas une bien grande importance, et donc d’une certaine façon d’essentialiser les choses, c’est-à-dire de les remettre dans la perspective juste et mesurée de ce qu’elles sont. Savoir rire et ne pas se prendre trop au sérieux est essentiel et sain pour tous.

 

[Edit: petit rajout à cette partie qui me semble insuffisante. Je crois qu'il est bon de pouvoir, a priori, rire de tout. Je dis bien de pouvoir rire de tout, et non pas de rire de tout. Cela signifie que l'on doit pouvoir, par principe, se dire qu'il n'y a pas de sujet qui limite le rire: qu'on peut rire aussi bien des juifs, des arabes, des noirs, des catholiques, du pape, de Bush, des femmes, des hommes, de soi, des suisses allemands et même des belges. Le sujet ne doit pas être là où se limite le rire.] 

 

Voilà pour la charge. Passons à la décharge, qui va être plus longue.

 

Je commence par une idée très simple. Mes amis m’ont rétorqué (j’étais l’avocat du « non, on ne peut pas rire de tout » lors de notre discussion, et eux tenaient la position contraire) que parce les Guignols est une émission d’humour, alors par principe ils peuvent se permettre de rire de tout. Suffit-il dès lors d’avoir le label officiel d’« humoriste » pour pouvoir dire ce que l’on veut et se draper ensuite derrière la bannière de l’humour pour se défendre des attaques contre d’éventuels dérapages ? Parce que les Guignols exercent la fonction d’amuseurs publics, cela leur laisserait toute latitude pour dire ce qu’ils veulent de qui ils veulent ? Si c’est le cas, alors demain je m’inscris à l’association des nouveaux-humoristes-non-encore-reconnus-mais-qui-vont-bientôt-l’être, et hop ! Je pourrai dire ce que je veux ! (et je rajouterai, et toc!) Je suis volontairement provocateur ici et je grossis exagérément le trait, mais l’idée tout de même est qu’on se trompe en disant que parce que untel ou untelle est un(e) humoriste alors il/elle peut dire ce que bon lui semble. Car ce n’est pas la personne qui est en cause, mais ce qu’elle dit. En d’autres termes, ce qui est nécessaire, ce n’est pas que la chose soit dite par un humoriste reconnu, mais qu’elle soit drôle. Ou dit encore autrement, pour pouvoir rire de tout, encore faut-il savoir être drôle sur tout. Et ce n’est pas donné à tout le monde. Les sujets les plus sensibles ne sont abordés avec humour que par quelques rares personnes au talent à part. Comme disait Himmler en quittant Auschwitz pour aller visiter la Hollande, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin. C’est de Desproges. Tout le monde n’est pas Desproges.

 

Mais là se pose en fait la difficulté la plus grande sur ce sujet. Comment dire si une chose est drôle ou pas ? Comment faire la différence entre un sketch comique et une tribune polémiste ? Qu’est-ce qui sépare le trait d’esprit de la remarque désobligeante raciste ou antisémite ?

 

J’avance à pas très prudents sur ce point, qui est celui qui m’intéresse le plus. Je tire l’essentiel de mon idée de la lecture du Rire de Bergson. Evidemment je suis bien loin de la capacité d’analyse d’un tel personnage, et ce n’est vraiment qu’une tentative que j’espère esquisser.

 

Lorsqu’on cherche à expliquer ce qui fait rire, très souvent on utilise le terme de décalage dans une situation, entre ce qu'elle est et ce qu'elle devrait être. Un journaliste sérieux fait un reportage animalier, lorsque soudain un animal lui saute dessus et le renverse. Le rire vient du décalage entre l’attitude sérieuse du journaliste, et le ridicule de la situation dans laquelle l’animal le met. Une réception mondaine accueille un homme connu pour ses traits d’esprit et ses bons mots. Une femme, désireuse de se montrer demande à cet homme : « faites donc un bon mot sur moi monsieur ! » « Attendez donc qu’il y soit. » rétorque un quidam. La situation se retrouve renversée, et la pauvre bourgeoise qui espérait tant faire parler d’elle et avoir sa minute de gloire se retrouve raillée de tous. Le décalage entre la situation qu’elle espérait et celle dans laquelle l’a plongé la remarque du quidam provoque le rire de l'assemblée. L’humour des jeux de mots peut aussi s’expliquer assez clairement par le décalage qu’il crée entre la signification première des mots et celle qu’il leur donne.

 

Mais Bergson utilise une description que je trouve plus juste et plus précise de ce qui crée le rire. Pour lui, le rire naît de ce que l’on trouve « du mécanique dans du vivant ». L’homme qui glisse sur une peau de banane en est une très bonne illustration. Au moment où il glisse, son comportement corporel devient celui d’un pantin désarticulé, ses gestes sont désordonnés et créent un sentiment de ridicule. C’est cette naissance du pantin dans le vivant qui est la source du rire. On retrouve le même mécanisme de façon claire dans les caricatures et les imitations. Celles-ci mixent le portrait humain d’une personne avec sa part de pantin, ses mécanismes d’automates (les tics de langage ou de comportement). Pareil pour le comique de répétition qui justement par la répétition crée l’automatisme, la part mécanique du vivant. Et il faut bien trouver cet aspect mécanique dans du vivant  (et pas dans de l'inerte) pour que naisse le rire : un paysage n’a rien de drôle en lui-même, sauf si un oiseau apparaît (le vivant) et vient s’écraser contre un arbre (il devient alors pantin mécanique).

 

Nous y voilà (c’est une analyse très courte mais il est assez ardu de développer et ce billet est déjà long). Pour en revenir précisément au cas de l’humoriste (Dieudonné ou Les Guignols), son rôle pour faire rire, est donc de faire apparaître du mécanique dans du vivant, et ensuite de le maintenir. Sinon, il sort de son rôle d’humoriste. C’est très précisément la critique qui fut faite à Dieudonné sur son sketch dans l’émission ONPP. Il a démarré sur un ton qui était humoristique, avec des accents exagérés, des mimiques corporelles, tout cela augmenté du déguisement. Mais après quelques instants ce ton a disparu et Dieudonné a parut alors lire une tribune plus qu’un texte humoristique. Le pantin s’en est allé, est le rire avec lui. C’est à ce moment là, lorsque l’humoriste sort de son rôle d’humoriste, même s’il conserve l’étiquette d’en être un, que la tolérance qu’on doit avoir pour l’humour en général fait place à la vigilance nécessaire devant des discours tendancieux. C’est la même analyse que je fais du sketch des Guignols concernant Ratzinger. Les Guignols ont une place un peu particulière dans le paysage humoristique français, un peu comme la bande de CNN international menée par Moustique. Parce qu’ils ont rajouté à l’humour un positionnement politisé, plutôt à gauche (c’est surtout visible pour CNN International), au moins sur certaines questions de société. Ce positionnement les fait déjà sortir un peu du simple rôle d’humoristes. C’est ce qui diminue la force comique des marionnettes des Guignols qui font désormais partie du paysage quotidien, qui n’étonnent plus en quelque sorte (je parle ici uniquement des marionnette). L’humour des Guignols ne vient plus des marionnettes. Ils ont perdu un peu la force comique de leurs pantins. Leur défi est donc de conserver le mécanique dans le ton de leurs sketches. Et c’est là aussi ce qui peut être reproché dans celui concernant Ratzinger. Le ton n’était pas décalé, il manquait le mécanique.

 

Je rajouterai une dernière chose. Bergson reconnaît à la fin de son livre que le rire est fondamentalement cruel. Il y a toujours quelqu’un dont on se moque dans le rire. On retrouve toujours cette petite attaque où l’on tourne quelqu’un en ridicule. Mais je crois pour ma part qu’on ne peut rire de tout que si l’on sait tempérer cette cruauté, notamment lorsqu’on aborde les sujets les plus difficiles (l’holocauste, le viol, etc.). On ne sort pas la dernière blague sur les handicapés à son fils qui vient d’avoir un accident de voiture, qui se retrouve paraplégique et qui est visiblement abattu par sa situation. Et je ne crois pas que Desproges aurait fait la boutade citée plus haut en accueillant les survivants des camps un soir de 1945. En d’autres termes, l’humour doit aussi s’accompagner de sensibilité, surtout quand il cherche à désamorcer des situations dramatiques. S’il ne se porte que sur des sujets bénins, alors qu’il se déchaîne, on n’en rira que plus. Mais quand on a devant soi une personne triste et touchée par un évènement particulier, on ne peut faire d’humour sur le sujet que si l’on sait montrer à la personne qu’on reste sensible à sa situation. Et l’humour remplit alors d’autant mieux son rôle de pansement, de guérisseur, car il devient lui-même une démarche sensible.

 

[Edit: pour revenir sur mon edit plus haut, ce n'est donc pas le sujet qui peut limiter le rire. C'est la situation.]

19/07/2005

Sueurs

La peur du mépris surpris dans un sourcil haut, une grimace ténue,

 

la grande peur.