Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/10/2005

Le pardon

Depuis quelques jours déjà je pense à un nouveau post à inscrire dans la catégorie gestion du stress. Un post sur le pardon. La lecture d’un article récent, encore dans le Courrier International (de la semaine dernière), concernant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale soumise en Algérie, me fournit l’occasion d’étoffer le sujet en le liant quelque peu à l’actualité.

 

L’article n’étant pas accessible aux non abonnés, et aussi pour rendre ce billet le plus clair possible, j’en reprends ici quelques extraits.

 

Interrogé sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le Rassemblement Action Jeunesse (une ONG) juge « qu’[elle] est une négation pour tous les algériens de leurs droit légitime et salvateur de connaître les raisons véritables et les différents instigateurs et acteurs de leurs souffrances, de leurs pleurs et de leur douleur. En Afrique du Sud, les personnes mises en cause reconnaissaient d’abord leurs actes, et ce n’est qu’après qu’elles étaient amnistiées, ou pas. […] » Rappelle Lyès. Pour lui, la réconciliation passe par la vérité. « On doit savoir qui a fait quoi et pour quelles raisons avant d’avancer l’idée de pardon. » […] Ce texte ne prône que l’oubli et l’impunité des coupables, au détriment de la vérité et de la justice, racines essentielles d’une société enfin unifiée. »[1]

 

Voilà qui est très intéressant et qui va nous aider à préciser ce que la démarche du pardon implique comme effort personnel. Le pardon, dans le cas évoqué dans cet article n’est envisagé qu'après la reconnaissance de la vérité notamment par les coupables eux-mêmes. Autrement dit, pour qu’une victime donne son pardon, encore faut-il que son bourreau le lui demande, reconnaissant en cela la souffrance qu’il a fait subir. Il y a bien sûr une idée très juste ici. Comment réclamer aux victimes leur pardon si aucun travail de reconnaissance de leurs peines et de leurs souffrances n’est fait? L’effort qu’on demande ici est presque surhumain. Et pour ma part je partage l’idée que le pardon le plus réparateur ne peut être donné par la victime qu’après que son bourreau lui a demandé pardon.

 

Mais il arrive, et c’est même très fréquent, que cette demande ne vienne pas. Faut-il dès lors refuser son pardon et s’enferrer dans les rancoeurs nées de notre souffrance ? La victime risque de se faire du mal à elle-même en prenant ce risque, de s’abîmer en cultivant des sentiments négatifs qui vont avoir un impact néfaste sur son comportement, et ceci à long terme. Il faut je crois être capable à un certain moment de prendre du recul et d’opérer l’arbitrage suivant en tentant de mettre de côté les émotions dues au méfait subit, au moins le temps de l’arbitrage afin d’y voir clair : entre d’une part la reconnaissance de ma souffrance et l’affirmation de la vérité, et d’autre part la chance de retrouver un équilibre que me donnerait le pardon accordé (si tant est que cet équilibre ait justement été bouleversé par le méfait en question – là on mesure l’impact de ce dernier et si on le juge acceptable alors on peut sans doute se permettre d’attendre la demande de pardon), qu’est-ce qui paraît le plus important ?

 

Car pour certains il peut y avoir urgence à retrouver l’équilibre perdu. Prendre le risque d’attendre toute sa vie une demande de pardon qui ne viendra pas c’est poursuivre l’œuvre du malfaiteur et même l’augmenter. Savoir donner alors son pardon est certes difficile, extrêmement difficile même, mais ce peut être la seule possibilité de sortir de l’ornière dans laquelle on se trouve. D’autant qu’accorder son pardon peut parfois avoir un effet inattendu, même sur les bourreaux les plus insensibles.

 

Je me souviens d’un reportage télévisé qui retransmettais le jugement d’un tueur en série américain dont les crimes avaient été particulièrement odieux. A la barre, défilaient certains membres des familles des victimes en qualité de témoins. Tous n’exprimaient que de la haine et proféraient les pires vœux quand au devenir du criminel. Tous, sauf une femme. Celle-ci, très émue, mais visiblement plus sereine que les autres personnes interrogées à la barre, s’adressa directement au criminel et lui dit qu’après plusieurs années d’incompréhension et de tristesse profonde, elle le pardonnait. Sincèrement. Et le criminel, qui avait conservé jusque là un visage incroyablement impassible devant la description de ses horribles crimes et la souffrance exprimée par les familles, se mit soudain à pleurer.

 

En lui donnant son pardon, la femme lui avait enlever son masque de monstre et redonné sa nature d’homme. C’était très net à l’image. Tant qu’il était insulté le criminel s’enfermait dans un rôle mécanique. Il était le monstre sans visage opposé aux victimes qu’il ne regardait pas. Il n’était pas un homme, il se résumait à la fonction qu’on lui assignait dans ce tribunal : être un monstre. Dès lors que cette image fut brisée par la femme, réintroduisant en lui sa part d’humanité, le masque impassible s’est rompu et on a vu l’homme ressurgir là où on pensait qu’il n’existait plus. Il ne put prononcer un mot. Mais ses pleurs étaient déjà pour les familles des victimes une première reconnaissance de ce qu’il avait fait.

 

Revenons à un niveau plus courant. A mon sens le pardon se heurte à deux barrières. D’abord celui déjà indiqué dans l’article du CI : la reconnaissance de la souffrance et la demande de pardon. Ensuite, l'orgueil, encore lui. Il intervient même doublement : chez celui qui a fait souffrir, et chez celui qui a souffert. Chez celui qui a fait souffrir car demander pardon c’est reconnaître sa faute, c’est mettre une partie de son destin (même si ça peut n’être qu’à très court terme) dans les mains de l’autre. Il paraît que chez les chinois, cela revient à perdre la face. A tel point que les autorités auraient pris des mesures pour aider les gens à pardonner en créant un « Centre d’excuses et de cadeaux » ! Et chez celui qui a souffert également car on peut être tenter de conserver une attitude de refus qui maintient celui qui demande pardon en situation « inférieure ». Il reste en notre maîtrise tant qu’on n’a pas accordé notre pardon.

 

Le pardon est un des éléments les plus importants de résolution des conflits, et ceci à tous les niveaux : autant entre deux personnes qui se sont chamaillées qu’entre des peuples opposés par des années d’affrontements et de guerre. Si l’on savait plus souvent envisager l’arbitrage que j’ai indiqué plus haut, à la fois pour retrouver son équilibre et pour redonner à celui ou ceux qu’on assimile à un (des) monstre(s) un visage humain, la résolution de certains conflits pourraient être facilitée.

 

Pour terminer cette note, et pour indiquer qu’en aucun cas je ne prétends que donner son pardon est une démarche aisée, j’indique quelques éléments personnels qui pourront justement paraître un peu contradictoires avec mes souhaits raisonnés. J’ai une difficulté un peu particulière avec le pardon. Je fais partie de cette catégorie de personne dont la confiance est longue à gagner mais peut être très rapide à perdre. Et j’ai beaucoup de mal à accepter la démarche de pardon que les autres peuvent effectuer après m’avoir blessé. Pas de donner mon pardon. Mais d’accepter qu’ils fassent la démarche. Parce qu’alors je prends cette démarche comme une reconnaissance que ce qu’ils ont fait était complètement injustifié. Et cette seule idée m’est difficilement supportable. Je prends ça un peu comme une deuxième claque. La première on me blesse, et la deuxième on m’explique que c’était bien injuste, bref on enfonce sa main un peu plus profond. Tout cela pour dire que, dans certains cas difficiles, le pardon est un chemin.

 

[1] : pour ceux qui veulent poursuivre la réflexion sur ce sujet d’actualité je signale un billet intéressant chez Gagarine.

03/10/2005

Se relaxer au bureau

Lundi. Sale journée. Une nouvelle semaine de boulot commence. Beuh sommes nous nombreux à dire en nous levant. Qu’à cela ne tienne ! Le piki-blog vole à votre rescousse pour vous aider à affronter la dureté du quotidien et vous propose quelques éléments pour vous permettre de réfléchir à vos conditions de travail, de les améliorer, et de menues mais sympathiques idées pour vous relaxer en toute discrétion.

 

 

 

On peut d’abord réduire le stress en améliorant le milieu de travail, par exemple en luttant contre le bruit, les vibrations, la poussière, la luminosité, etc. Ces éléments de confort exercent à plus ou moins long terme une influence non négligeable sur nos comportements. Par exemple personnellement j’ai une mauvaise chaise (si c’est vrai). Du coup je rentre le soir en ayant mal au dos. Et je me suis rendu compte que cet inconfort m’entraînait à une moindre concentration et parfois à une vraie mauvaise humeur. Je remue, je n’arrête pas de me remettre en place. Bref cette chaise m’agace et finit par me bouffer mon énergie. Si je la faisais remplacer je bloguerais sûrement mieux (hoho ;o)).

 

Il peut aussi se révéler très bénéfique d’agir en améliorant l'organisation du travail afin d'éviter de surcharger certains travailleurs ou certaines catégories professionnelles Aux Etats-Unis, l'étude de catégories professionnelles très diverses, des chauffeurs de camions jusqu'aux secrétaires, a montré que les travailleurs ont souvent essayé de persuader leurs employeurs que leur travail pourrait être mieux organisé mais, faute d'être écoutés, ils ont fini par renoncer et par faire juste le nécessaire pour être sûrs de recevoir leur paie en fin de semaine. Voilà qui ne contribue ni à l’épanouissement desdits employés ni à la qualité du travail.

 

Quelques axes sur lesquels les responsables d’entreprises ou simplement au niveau de services peuvent réfléchir :

La participation:

Beaucoup de recherches ont montré que les travailleurs qui participent aux décisions sont plus productifs, plus motivés et plus satisfaits de leur travail. Parce qu’ils obtiennent une reconnaissance (voir encore la pyramide de Maslow). La participation a notamment pour effet d'améliorer la circulation de l'information à l'intérieur des entreprises.

L’autonomie:

L'une des façons les plus courantes de promouvoir l'autonomie consiste à rompre avec la structure hiérarchique traditionnelle des entreprises en déléguant des responsabilités à des équipes; c'est une des caractéristiques de certaines entreprises suédoises et japonaises.

L’aménagement du temps de travail:

Des formules telles que l'horaire variable, le partage des postes ou l'étalement de la durée du travail sont de plus en plus courantes. Une étude réalisée aux Etats-Unis a montré par exemple que les travailleurs qui sont maîtres de leur temps de travail sont moins souvent absents, plus performants et plus attachés à leur entreprise.

 

Et maintenant du point de vue de celui qui travaille :

 

La gestion du temps :

C'est obligatoire pour une bonne gestion du stress. La gestion du temps oblige de savoir si l'on dispose du temps nécessaire à l'exécution d'une tâche. Si l'on accepte un travail sans disposer du temps nécessaire, alors on se retrouve coincé… et stressé ! Plutôt que d'oser dire à son supérieur hiérarchique qu'il faut plus de temps pour la bonne exécution du travail, une personne peut choisir de prendre sur le temps familial…ce qui est un bon calcul sur le court terme, mais sur le long terme…

 

Un travail épanouissant :

C'est très important puisque nous passons beaucoup de temps au travail. Ce travail devra répondre à nos valeurs profondes sous peine de se dessécher comme une plante lorsque l'eau manque ! (Par exemple, un ouvrier qui fabrique des bombes volantes qui ne correspondent pas à ses valeurs de paix, même avec un salaire motivant, ne pourra jamais trouver la sérénité pour la simple raison qu'il acceptera le viol de ses valeurs qui le structurent émotionnellement.) Par ailleurs, une bonne communication est nécessaire dans le cadre de son travail pour se faire comprendre et développer un bon relationnel.

 

L'apprentissage de la délégation :

Cela permet d'apprendre à faire confiance à l'autre et surtout de ne pas se retrouvé surchargé par les tâches, avec la frustration qui va avec… Et cela est vrai aussi bien sur le lieu de travail, qu'à la maison… Souvent on retrouve la femme qui prend sur elle de ranger la chambre des enfants, ce qui est plus rapide que de leur apprendre l'autonomie…ou de prendre en charge le mari (et ses chaussettes qui traînent) pour finir par le traiter comme un enfant de plus (pour le lui reprocher plus tard…) La difficulté de déléguer est souvent la conséquence de la façon dont on voit les autres.

 

Petite conclusion sur ces paragraphes : connaître ses valeurs, être capable de s'affirmer (par exemple pour ne pas se faire licencier injustement ! ;o)), réfléchir à l'organisation de son travail, aménager son espace de travail, éliminer les parasites sensoriels, savoir déléguer, sont des passages obligés de la gestion du stress au travail.

 

Et maintenant quelques petits trucs pour vous relaxer. Vous pouvez d’ailleurs aussi bien les mettre en application au travail que dans le métro, ou dans la plupart des endroits/ situations où vous vous sentirez stressés.

 

Enlevez vos chaussures.

Surtout pour ceux qui restent toute la journée derrière leur écran. Simple mais assez agréable je trouve.

 

 

Fermez les yeux quelques secondes.

Chaque jour, et c’est encore le plus marqué dans les grandes villes, nous recevons une quantité très grande de « messages » lumineux et sonores. Mais notre cerveau ne peut pas suivre ce rythme effréné, et donc ne parvient pas à faire le tri de toutes ces informations pour les "(ar)ranger" correctement. Pour pouvoir le faire sereinement il aurait besoin de vraies pauses où la pollution tant lumineuse que sonore soit minime. Malheureusement on trouve rarement les conditions de faire ces pauses (quoique par exemple, certaines entreprises commencent à proposer des espaces siestes à leurs employés). Un petit truc consiste alors à fermer les yeux quelques secondes, pour ainsi laisser le cerveau se reposer quelques instants et prendre le temps d’organiser les informations qu’il reçoit. Vous pouvez même le faire durant une réunion. Les gens ne s’en apercevront pas (je l’ai fait plusieurs fois et jamais personne n’a rien remarqué).

 

Faites une mini-relaxation.

Faisable absolument partout et dans presque n’importe quelle circonstance. Le plus profitable je trouve c’est de relaxer le visage. Je vais donc vous donner comme exemple une relaxation de celui-ci. Imaginons que vous êtes assis à votre poste. A partir de maintenant, lisez ce texte en imaginant ma voix. Ma voix est calme, lente, lente, lente, posée, monocorde. Posez d’abord votre respiration, pour la rendre plus régulière, plus calme, jusqu’à retrouver un rythme tout à fait apaisé. Ensuite détendez vos muscles un par un, en commençant par le haut. Vous commencez par le front. Vous le détendez pour qu’il devienne tout à fait plat, sans ride. Comme un lac au milieu des montagnes. Respirez doucement. Imaginez ce lac…

 

Puis vous détendez les muscles autour de vos yeux. Au besoin, vous les sollicitez en fermant les yeux et en faisant comme si vous regardiez successivement à droite puis à gauche. Vous prenez ainsi pleinement conscience de ces muscles et vous pouvez les détendre encore plus. Ensuite, vous détendez vos joues, et les muscles de votre mâchoire. Vous desserrez les dents en ouvrant légèrement la bouche, et en décollant votre langue de votre palais. Votre visage est maintenant parfaitement calme, serein, apaisé. Ce calme est un état naturel dont la connaissance s’installe durablement en vous. Et désormais, vous pourrez retrouver ce calme, cette détente, chaque fois que vous le souhaiterez.

 

Maintenant vous retrouvez votre tonus, tout en conservant ce calme. Voilà. Vous allez mieux ? Exercez-vous un peu et bientôt vous serez un champion en la matière.

 

Pour ceux qui veulent poursuivre : faites le test des sources de stress qui figure dans l’espace « entreprises » du site de gestion du stress (liens en haut à droite). Et encore mieux, pour ceux qui veulent faire une vraie relaxation, qui inclut tout le corps, un fichier audio est à votre disposition sur la page « friandises » de l’espace « particuliers » du même site. Je recommande fortement, c’est très agréable :o)

30/09/2005

La Turquie dans l'Europe? Ou l'identité vs l'ouverture

Lundi prochain, 3 octobre 2005, vont démarrer les négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’UE. Je suis conscient que ce billet sera une redite de choses déjà dites ailleurs, notamment sur Publius lors de la campagne référendaire, mais je souhaite tout de même tenter quelque chose de complet ne serait-ce que pour éclaircir mes propres idées sur le sujet.

 

Petit rappel chronologique pompé (en partie) sur Wikipedia :

 

1959 : Demande de la Turquie pour devenir membre associé de la CEE.

1963 : Signature d’un accord d’association avec la CEE.

1987 : Demande d’adhésion à l’UE.

Décembre 1989 : La commission européenne déclare la Turquie éligible à une candidature. Mais elle diffère l’examen du dossier.

1er janvier 1996 : l’union douanière entre la Turquie et l’UE entre en vigueur.

Décembre 1999 : L’Union Européenne accepte officiellement la candidature de la Turquie lors du sommet de Helsinki et souligne la « vocation européenne » de la Turquie, mais elle fixe des conditions à son entrée, que la Turquie accepte.

Octobre 2001 : La Turquie modifie sa constitution en profondeur afin de répondre aux critères exigés par l’Union Européenne.

Août 2002 : abolition de la peine de mort sauf en cas de guerre (cette restriction est levée depuis 2004).

29 Octobre 2004 : signature du protocole d’accord par lequel la Turquie reconnaît le TECE et s’engage en tant que candidat à respecter ses dispositions.

16 Décembre 2004 : le conseil européen décide l’ouverture des négociations d’adhésion.

2005 : Adoption d’un nouveau code pénal, accordant plus de libertés individuelles et plus conformes aux exigences européennes.

3 Octobre 2005 : ouverture des négociations d’adhésion.

 

Le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’UE soulève énormément de polémiques, et j’imagine pas qu’en France. J’avoue pour ma part avoir un avis un peu partagé, en tout cas en démarrant ce billet. Mais je souhaiterais analyser un peu précisément les raisons qui pourraient me pousser à un rejet de la Turquie dans l’UE.

 

Lors du débat sur le TECE, j’avais indiqué qu’un des points qui ont sans doute le plus fait de mal à l’UE était que les peuples européens (au pluriel car je ne crois pas qu’UN peuple européen ait encore émergé) ne savaient pas ou plus identifier clairement quelle était l’identité de l’Europe : qui elle est et qui elle entend devenir. Le travail politique permettant de clarifier cette question me semble absolument indispensable si l’on souhaite réconcilier (en France ce terme me paraît très approprié) les gens avec l’Europe. On a notamment beaucoup dit que l’adhésion des 10 derniers membres dans l’UE en 2004 avait renforcé le sentiment de flou sur l’identité européenne.

 

Je crois pour ma part qu’il est très important que l’on donne désormais un cap clair à l’UE. Sinon les échecs tels que celui connu avec le TECE se répèteront. Pour moi l’UE doit répondre aujourd’hui à deux questions pour éclaircir son objectif : quel est son projet politique, économique et social, et quels pays pourront à terme être membres de l’UE. C’est la réponse à ces deux questions qui indiquera quelle identité l’Europe compte se donner.

 

Et la question de l’adhésion de la Turquie renvoie très clairement à la notion d’identité de l’Europe. La Turquie est perçue par nombres de gens comme un pays trop différent des autres pays européens par sa culture pour pouvoir intégrer l’UE sans que cela soit un risque de dilution de l’identité de celle-ci. Et dans la mesure où je trouve important que l’Europe se dote d’une identité claire, je serais, à ce point de ma réflexion, assez réservé sur son adhésion.

 

Oui mais. Il y a une limite très importante au raisonnement en terme d’identité. C’est ce point qui m’intéresse en particulier sur ce sujet. En effet, plus l’identité d’un groupe, quel qu’il soit, gagne en précision, moins ce groupe peut être ouvert à l’accueil de nouveaux membres qui aient cette même identité. Si je veux m’inscrire dans un club de football masculin près de chez moi, pas de problème. En revanche si ce club n’accepte que les hommes de plus de 30 ans déjà j’ai un souci. Et tous les éléments qui viendront compléter ces exigences réduiront d’autant mes chances de pouvoir prétendre m’y inscrire. Donc les notions d’identité et d’ouverture ont en quelque sorte une tendance intrinsèque à tirer l’une et l’autre dans des sens opposés. Plus on va vouloir ajouter de critères constituants l’identité de l’UE, moins celle-ci pourra être ouverte à l’adhésion de nouveaux pays. Et plus l’ouverture à d’autres pays sera grande, plus son identité se diluera.

 

Il faut dès lors indiquer les aspects que l’on entend prendre en compte pour établir l’identité de l’Europe. Le premier qui vient à l’esprit est la culture. Je ne vais pas m’étendre ici sur la définition de ce qu’est la culture (on pourrait y passer des heures) mais je crois que dans le cas de la Turquie on peut raisonnablement cerner le sujet en se portant sur son histoire et sur la religion qui y est pratiquée.

 

Je commence par la question de la religion. La Turquie est essentiellement de confession musulmane. Certes l’essentiel des pays actuellement membres de l’UE sont catholiques  chrétiens (y en a-t-il qui ne le soient pas ? Je ne crois pas mais n’en serais pas absolument certain). Et alors ? Vraiment ce point me semble plus que fragile pour dire que la Turquie a une identité trop différente de la nôtre pour intégrer l’UE. Nous avons bien chez nous une part important de musulmans. Est-ce un problème pour notre présence dans l’UE ? Leur présence chez nous remettrait-elle en cause la légitimité de notre présence dans le club européen ? Evidemment non. Et je ne vois pas pourquoi si demain les catholiques devaient devenir minoritaires chez nous cela poserait le moindre problème. Ce point est donc pour moi absolument non pertinent.

 

La question de l’histoire plaide elle très clairement pour la Turquie, notamment de par les liens qu’elle a avec la Grèce et son influence sur les Balkans. Il ne reste donc pas grand-chose sur l’argument de l’identité pour rejeter la Turquie.

 

Ou plutôt à mon sens, le seul critère d’identité qui pourrait encore permettre de rejeter la Turquie raisonnablement, c’est le critère géographique. Et je me demande si ce critère ne devrait pas être en fait le seul à prendre en compte pour déterminer si une candidature (pas encore une adhésion) peut être acceptée. Il me semble absolument indispensable de le prendre en compte, car si l’on acceptait des pays qui géographiquement n’auraient rien à voir avec le continent européen, alors il serait tout à fait absurde de continuer à appeler ce groupe Union Européenne. Non pas que je condamnerais par principe la formation d’un groupe d’états plus étendus que l’UE. Mais alors il ne faudrait pas l’appeler UE. Les mots ont quand même un sens et si on ne respecte pas ça, alors on ne peut pas se plaindre que les gens aient parfois l’esprit confus.

 

Donc la question principale que je me pose au final c’est : la Turquie est-elle un pays d’Europe ? Et là je fais très simple, j’ouvre mon encyclopédie à Turquie. Et je lis : « pays d’Europe et d’Asie mineure ». Petite moue dubitative. Pas sympa mon encyclopédie. Elle aurait pu trancher plus clairement. Wikipédia écrit : « situé en majeure partie en Asie ». Tu ne m’aides pas Wikipedia là. Mais enfin tout de même j’ai bien lu : « pays d’Europe ». Et je reviens maintenant sur le processus engagé déjà de puis de nombreuses années avec l’Europe. L’UE a reconnut à plusieurs reprises la validité de la demande d’adhésion turque, jusque à reconnaître même la « vocation européenne de la Turquie ». Alors j’aurais de plus en plus tendance à penser que sur le principe oui, la Turquie à sa place, toute sa place dans l’UE. Et pour finir, je note une dernière remarque : si l’UE devait finir par la rejeter de son club, après l’avoir tant fait mariner à ses portes, cela montrerait une maladresse politique assez énorme.

 

P.S : si des spécialistes passent par ici, qu’ils n’hésitent pas à corriger les imprécisions ou insuffisances de mon texte.

28/09/2005

La gratification et la concurrence

Aujourd’hui je propose une réflexion personnelle sur la notion de concurrence. Cette réflexion n’est pas vraiment arrêtée, et ce que je vous propose donc ici ne se veut pas une opinion définitive. C’est un domino en plus, que j’aimerais d’ailleurs parvenir à préciser. Peut-être vos commentaires m’y aideront-ils ?

 

Dans un billet récent, Paxatagore a rappelé certains des principes de base qui régissent selon lui l’activité humaine, notamment l’organisation de l’économie. Je le cite : « La mondialisation est un état de fait. La loi du marché semble la façon naturelle pour l'homme d'organiser son rapport à l'économie. Le capitalisme n'est que la résultante de la loi du marché, associée à des techniques juridiques somme toute anciennes (la société). » Je crois que Paxatagore aurait volontiers ajouté/précisé que la loi du marché est principalement que celui-ci fonctionne par la concurrence entre les entreprises. D’un premier abord, je crois que sauf à être excessivement idéaliste, on ne peut qu’être d’accord avec ces propos.

 

Pourtant, je voudrais proposer une réflexion « dissidente »  sur ce sujet. Un contre-feu. L’essentiel de l’idée que je propose se fonde sur des écris de Henri Laborit, encore lui, et notamment sur un extrait d’une conférence qu’il donna en 1992 à Nice.

 

Commençons par préciser le présupposé que l’on entend ici remettre en question. Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs Kant relève un paradoxe de notre comportement. Nous montrons à la fois un besoin de lien social : communiquer avec les autres, échanger des idées, jouer, rire, s’aimer, etc ; et une inclination naturelle à rechercher égoïstement la satisfaction de nos désirs propres. C’est ce que Kant appelle « l’insociable sociabilité ». Nous avons tous en nous une propension à agir de façon égoïste et individualiste pour la satisfaction de notre propre plaisir. A des degrés variables certes, mais enfin elle me semble tout de même universellement partagée. Et c’est cette propension que l’on voit à l’œuvre à travers « la loi du marché ». Partant, chercher à fonder un système tant politique qu’économique et social, qui ne prenne pas en compte cette réalité humaine semble dans le fond assez peu raisonnable et donc voué à l’échec. Le système actuel, malgré ses failles, étant probablement celui qui prend le plus en compte cette nature qui est la nôtre, semble donc le plus adapté.

 

Et pourtant.

 

Laborit montre dans ses travaux que le système de concurrence porte en lui le germe de la guerre. Laborit revient à l’âge des cavernes, au paléolithique pour être plus précis, lorsque pour la première fois la notion de propriété est née. A cette époque, les hommes se développent à tel point qu’ils commencent à mettre au point des stratégies de survie élaborées. Ils ne se contentent plus d’errer sur Terre à la recherche de nourriture en chassant. Ils se mettent à cultiver, et à stocker. Ce stock, cette nourriture toujours disponible en abondance, mais aussi toutes les autres richesses que le groupe saura produire et conserver sont ce que Laborit appelle des gratifications, c’est-à-dire des éléments qui permettent à l’homme de se sentir plus heureux, de se faire plaisir.

 

C’est important que ce point soit clair et je m’y attarde donc un peu. Laborit a démontré dans ses travaux que la source principale des problèmes que peut rencontrer un individu est le fait de se trouver en inhibition de l’action par rapport à la réalisation de ses envies. Chaque fois qu’un individu va se trouver en inhibition de l’action il va être déséquilibré intérieurement, et cela pourra entraîner du stress, des névroses, des maladies, etc. Laborit, un peu pour plaisanter disait : « Au départ lorsque j’étais chirurgien, j’étais tout content quand j’avais soigné un estomac, un utérus, etc. Maintenant je dis que plutôt de soigner l’estomac, on ferait mieux de tuer la belle-mère trois ans avant ! » Une autre situation qu’il décrit est celle de l’ouvrier que son patron ne peut pas encadrer, qui ne peut ni fuir (sous peine de perdre son boulot) ni taper sur son patron (idem + on lui amènerait les flics). Celui-ci se retrouve donc en inhibition de l’action. Ce sont ces classes sociales qui se font le moins plaisir et qui sont le plus en inhibition de l’action. On comprend l’envie de certains de se révolter. Ils n’ont pas assez de gratifications.

 

Cette stratégie de production des biens rend possible la sédentarisation. Dès lors le territoire, avec ce qu’il contient, devient important. Il devient ce qui rend possible la survie, parce qu’on y a trouvé les conditions qui la permettent. Que se passe-t-il à partir de ce moment si d’aventure un groupe errant vient à découvrir ces terres et leur richesse ? Ils veulent eux aussi profiter des gratifications qu’offre ce territoire. Mais là, le premier groupe dit : « non, c’est à nous ». La notion de propriété naît. Et avec elle le conflit entre les deux groupes, chacun voulant bénéficier de ce qu’apporte le terrain. Tous les deux s’affrontent pour obtenir un même gain, une même gratification. Lequel des deux gagne ? Le plus fort. C’est la loi animale qui régit l’issue des affrontements.

 

Petit schéma très simple pour bien comprendre ce qui se passe.

 

medium_la_gratification.3.jpg

 

L’illustration est moche, certes, mais elle est claire. Ils sont deux pour une seule gratification. L’affrontement est inévitable ils la veulent autant l’un que l’autre.

 

Prenons quelques exemples simples et actuels pour illustrer encore cette idée. Imaginez deux amis d’enfance qui rencontrent ensemble une jeune fille dont ils tombent tous les deux amoureux. Chacun voudra parvenir à être l’élu de la demoiselle. Et pour cela il leur faudra entrer en concurrence l’un avec l’autre. Ils vont s’affronter, que ce soit verbalement ou physiquement (ou par tout autre moyen qu’ils souhaiteront). Leur amitié n’y résistera pas, pas si tous les deux sont vraiment amoureux de la jeune fille. Les exceptions doivent être bien rares.

 

Un autre exemple, et qui va me permettre de relier enfin tout ceci au monde de l’entreprise. Il y a quelques années j’avais postulé pour un stage dans une entreprise de crédit. Lors de l’entretien, celui qui eût été mon futur responsable m’indiqua qu’il avait pour habitude de mettre ses employés en concurrence afin de les stimuler à rendre de meilleurs résultats. Je n’ai pas été retenu pour le poste mais c’est un autre élève de mon école qui le fut, et il me raconta plus tard comment les choses s’étaient passées. L’ambiance de cette entreprise était calamiteuse. Chacun cherchait tous les jours à tirer dans les pattes de l’autre, toujours dans le dos, personne ne s’appréciait, les gens étaient tous très nerveux, etc. Bref, à tous rechercher la même gratifications (prime, plaire au patron, etc.) ils en étaient venu à se faire une guerre larvée, à mon avis aussi destructrice des gens que des intérêts de l’entreprise.

 

Car le principe de la concurrence est très exactement le même que celui que décrit Laborit dans son analyse. Deux entreprises sont en concurrence pour obtenir les faveurs d’une même clientèle (la gratification). C’est la plus forte de ces entreprises qui obtiendra sa gratification, et qui donc gagnera la bataille. Si l’on en croit Laborit, je crois que le terme de guerre économique n’est pas trop fort pour décrire les conséquences de la concurrence.

 

Prenons un peu de recul sur la situation actuelle du monde. Je ne vais pas faire une liste mais les conflits et les tensions sont nombreux et existent sur tous les continents : guerres entre pays, guerres civiles, terrorisme. Quelles raisons à ces affrontements ? Bien souvent ce ne sont que des luttes de pouvoirs, pour accéder aux territoires, aux richesses. Des luttes pour des gratifications. Que propose le système économique actuel ? Rien de très différent de ce que décrit Laborit il me semble. Pourtant il se pourrait bien qu’il y ait urgence. Kofi Annan lui-même déclarait récemment être extrêmement pessimiste sur l’état du monde et sur les chances de paix.

 

Alors quelle solution ? Et bien dans sa conférence Laborit n’en propose pas. Il ne sait pas et le confesse. Et pour ma part je ne sais pas non plus. Un système qui serait plus de type coopératif, donnant une place plus grande à la solidarité ?

27/09/2005

Jeu anti-stress

Compatissant quant aux durs affrontements qu'expérimentent régulièrement les accros de l'informatique avec leur cher et tendre matériel (il paraît que ça peut même arriver aux geeks, et même à Paxatagore !) je mets aujourd'hui à disposition sur le piki-blog un petit jeu sympa, pas long à télécharger, et qui permet de se défouler sans dommage contre son ordinateur. Il en existe d'autres d'ailleurs, que les curieux pourront s'amuser à chercher sur la toile.

 

medium_tuer_son_ordinateur.3.jpg

 

Cliquez ici pour le télécharger.

23/09/2005

Jeu d'instructions - La soluce

Voilà à quoi devrait donc ressembler votre feuille, une fois que vous aurez suivi toutes les indications de l'exercice.

 

1. Mettez-vous à l’œuvre aussitôt que possible, après avoir lu entièrement ces directives avec minutie et attention.

2. Inscrivez le jour et la date dans le coin droit supérieur de la feuille.

3. A 3 doigts du haut de la feuille, et au centre, écrivez : DIRECTIVES (en majuscules).

4. Tracez un cadre autour de ce titre.

5. Entourez d’un cercle le chiffre 4 ci-dessus.

6. Dans le coin opposez à votre signature, dessinez un 8 couché (symbole de l’infini).

7. Levez-vous et faites deux fois le tour de votre chaise. Rasseyez-vous ensuite.

8. Apposez votre signature en bas et à droite de la feuille.

9. Additionnez les chiffres des directives déjà accomplies, sans compter celle-ci, et indiquez le total ici : …

10. Tracez un trait horizontal au milieu de la feuille d’un bord à l’autre.

11. Grattez-vous le menton.

12. Additionnez tous les chiffres de votre date de naissance et inscrivez le total ici : …

13. A 3 centimètres sous le trait horizontal, et à 3 doigts du bord gauche, dessinez un gros point d’interrogation.

14. Dans cette consigne, il y a deux fautes d’ortographe : soulignez les endroits où elles se trouvent. Si vous ne les repérez pas, faites un croix sous le chiffre 12. Si vous n’en trouvez qu’une, soulignez ce nombre.

15. Entre le titre encadré et le trait horizontal, écrivez votre prénom en lettres majuscules.

16. Posez votre main non dominante sur la feuille et dessinez le contour de votre main.

17. Poussez un Ah ! sonore.

18. Vous avez maintenant lu presque toutes les directives, n’accomplissez que la huitième.

19. Ecrivez ci-après, le nom de la localité où vous habitez :……Paris…….

20. Au bas de cette feuille, écrivez votre nom à l’envers et en majuscules.

Pikipoki

 

IKOPIKIP (ou alors écrit avec la feuille tournée tête-bêche)

 

Un petit mot maintenant sur ce test. Il révèle notre capacité à être vraiment attentif et à ne pas agir de façon précipitée. Je m’en souviens qu’en cours, nos professeurs nous faisaient souvent remarqué que nous commettions des erreurs fautes d’avoir bien lu les énoncés. C’est souvent vrai. Ce test indique donc notre capacité à ne pas réagir trop vite, à être vraiment attentif aux éléments extérieurs qu’ils soient écris ou oraux. Ca évite de foncer tête baissée sans avoir pris le temps de bien comprendre les choses. Et puis je trouve qu’il est amusant, non? Si vous le faites faire à des amis, vous rigolerez bien en les voyant faire le tour de leurs chaises, pousser des grands Ah, etc. Vous pouvez même en rajouter dans les choses à accomplir, en veillant toutefois à ne pas trop éveiller les soupçons. La version originale dont je dispose ne présentait d’ailleurs pas autant d’instructions à accomplir.

 

 

A ceux qui ont fait le tour de leur chaise, merci de m’envoyer vos films pour que j’en profite. ;o)

Jeu d'instructions

J’ai retrouvé un test amusant que je voulais vous soumettre dans ma série sur l’écoute et la communication. Le voici. Je vous conseille pour le faire dans les meilleures conditions d’imprimer à nouveau le texte et de vous mettre à votre bureau pour le lire et répondre aux questions. L’objectif est de tester le niveau de votre attention et de votre précision dans l’exécution de directives simples.

 

SUIVEZ STRICTEMENT LES DIRECTIVES CI-DESSOUS A ACCOMPLIR LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE

 

1. Mettez-vous à l’œuvre aussitôt que possible, après avoir lu entièrement ces directives avec minutie et attention.

2. Inscrivez le jour et la date dans le coin droit supérieur de la feuille.

3. A 3 doigts du haut de la feuille, et au centre, écrivez : DIRECTIVES (en majuscules).

4. Tracez un cadre autour de ce titre.

5. Entourez d’un cercle le chiffre 4 ci-dessus.

6. Dans le coin opposez à votre signature, dessinez un 8 couché (symbole de l’infini).

7. Levez-vous et faites deux fois le tour de votre chaise. Rasseyez-vous ensuite.

8. Apposez votre signature en bas et à droite de la feuille.

9. Additionnez les chiffres des directives déjà accomplies, sans compter celle-ci, et indiquez le total ici : …

10. Tracez un trait horizontal au milieu de la feuille d’un bord à l’autre.

11. Grattez-vous le menton.

12. Additionnez tous les chiffres de votre date de naissance et inscrivez le total ici : …

13. A 3 centimètres sous le trait horizontal, et à 3 doigts du bord gauche, dessinez un gros point d’interrogation.

14. Dans cette consigne, il y a deux fautes d’ortographe : soulignez les endroits où elles se trouvent. Si vous ne les repérez pas, faites un croix sous le chiffre 12. Si vous n’en trouvez qu’une, soulignez ce nombre.

15. Entre le titre encadré et le trait horizontal, écrivez votre prénom en lettres majuscules.

16. Posez votre main non dominante sur la feuille et dessinez le contour de votre main.

17. Poussez un Ah ! sonore.

18. Vous avez maintenant lu presque toutes les directives, n’accomplissez que la huitième.

19. Ecrivez ci-après, le nom de la localité où vous habitez :…………………..

20. Au bas de cette feuille, écrivez votre nom à l’envers et en majuscules.

 

Je posterai ce soir le résultat type que vous devriez obtenir.

Nos surfeurs d'argent

Il y a quelques années déjà, j’ai lu une BD de Mœbius qui s’appelle Le surfeur d’argent. Il y a je crois une bataille entre les aficionados du surfeur d’argent de Mœbius et ceux de la version des Marvel comics de Lee Stan et Buscema John, chacun arguant que son surfeur d’argent est le seul, le vrai. Mais là n’est pas l’objet de ce billet. Ce qui m’a intéressé dans cette BD c’est ce que dit le héros à la fin de l’histoire, une fois qu’il a battu Galactus, le méchant.

 

medium_surfeur_d_argent.jpgSi je me souviens bien de la scène, la bataille finale a lieu dans les airs, car le surfeur d’argent a, entre autres extraordinaires pouvoirs, la capacité de surfer dans l’air et, tel un faucon, de fendre la bise sur les vilains, qui passent eux aussi leur temps en sustentation. Pas très sympas avec Newton qu’ils sont les gars. Galactus perd lamentablement, et le surfeur d’argent, décidemment pas à l’aise sur la terre ferme, décide d’aller contempler sa victoire du haut d’une tour. La foule est en délire. Galactus, le tyran, gît sur le sol, broyé.

 

Mais ce spectacle de liesse populaire qui suit la victoire du bien contre le mal ne réjouit pas le surfeur d’argent, qui en plus d’être un super héros avec un super collant, est aussi un grand philosophe. Il est debout, à côté d’une sorte de docteur Watson à lui et lui dit environ: « Voyez donc ce qui se passe. Tous ces gens qui célèbrent ma victoire et mon héroïsme. Et entendez-les réclamer qu’après avoir défais l’infâme Galactus, je prenne moi-même les rênes du pouvoir. Ces fous, ils ne se rendent pas compte que ce qu’ils réclament c’est un nouveau dictateur. Un nouveau tyran. Qu’ils remplaceront plus tard encore par un autre. »  Dans une logique sans fin… Ca valait bien la peine que le surfeur d’argent se déplace et se batte pour eux tiens.

 

J’y trouve une idée très juste. Je m’explique. Il y a une certaine tendance populaire à rechercher des héros, dans tous les domaines, sportifs, politiques, scientifiques, philosophiques, et à ensuite se retrancher derrière ces héros pour l’analyse et la prise de décision que nécessitent les principaux évènements qui surviennent dans le monde. D’une certaine façon, ces héros servent eux aussi d’étendards. Ces héros sont transformés en leader d’opinion, parfois contre leur gré, et servent en quelque sorte de caution morale pour la population qui va adhérer à ce qu’ils disent, parfois beaucoup plus par facilité que par conviction.

 

Car je crois qu’une des inclinations les plus répandues chez les hommes, c’est de chercher à être en tout déchargés de responsabilités. De n’avoir aucun compte à rendre à personne. Et de pouvoir vivre ainsi de façon totalement « libre », déliée de ce contrôle des autres qui s’impose dès lors que l’on se rend responsable de ses actes. C’est de pouvoir vivre dans une forme de tranquillité parfaite semblable à une bulle légère, comme des bienheureux extraits du monde et de tous ses éternuements. 

 

Ainsi, en érigeant des héros, on leur attribue ces responsabilités dont on ne veut pas. Pourtant, et c’est là le joli paradoxe de la chose, pour que cette abdication ne soit pas totale et que l’on conserve ainsi notre fierté d’hommes de bien, on attribue à ces héros le devoir de ne jamais faillir dans leur exemplarité. C’est-à-dire que tout en refusant d’être responsable, on ne s’interdit pas pour autant de juger ceux qui le sont pour nous. Et puisque d’une certaine façon ils représentent les valeurs qu’on n’a pas eu le courage de représenter soi-même, il est indispensable qu’ils les représentent le plus parfaitement possible. Un faux-pas de leur part suffirait pour que l’opprobre s’abatte sur eux aussi fiévreusement qu’est venue la gloire.

 

Mais cette abdication a évidemment un vice majeur, que l’on observe assez clairement dans la vie politique de nos jours. On attend tout de ces héros que nous élisons. Nous attendons d’eux qu’ils soient des guides clairvoyants, des décideurs … décidés et avisés, bref des individus parfaits dont on n’acceptera pas la moindre erreur. En fait on se comporte comme si ces gens là n’étaient pas du même monde. Comme s’ils se résumaient à leur fonction et que dans cette mesure ils devaient la remplir sans fourvoiement. On oublie deux choses dans ce comportement : la première c’est bien sûr que ce ne sont que des hommes, et qu’ils sont donc faillibles comme nous. La deuxième, et là je ne parle que du point de vue politique, c’est que la démocratie ne se confie pas, fusse à des hommes suprêmement intelligents et bons pour qu’ils en prennent soin pour nous. Elle ne se gère pas par procuration. Par définition elle est l’affaire de tous. Ca ne signifie pas qu'on ne peut pas élire des gens pour la faire vivre, mais qu'il nous revient à tous d'être vigileants pour qu'elle perdure.

 

Cela rejoint je crois l’analyse que j’avais faite il y a déjà quelques temps. La démocratie vit parce que ceux qui l’ont voulu la font vivre. En confiant à un organe, l’état, les pouvoirs qui lui permettent de garantir de façon satisfaisante les droits et les libertés de chacun, et d’assurer un certain développement humain, et en restant vigilant sur la conduite qui est faite de la chose publique. C’est ainsi que l’état peut vraiment s’entendre au sens large, comme composé de tous ses membres, c’est-à-dire du peuple dans son intégralité. En d’autre terme, que des hommes soient élus pour gérer une nation ne nous rend pas moins responsables, au moins en partie, de la conduite de cette nation. On ne peut pas utiliser une élection comme bouclier pour dire quand on nous demande des comptes sur la gestion de l’état : « ce sont eux les responsables, nous n’y sommes pour rien. » Certes il revient à ces élus de gérer au mieux la chose publique, mais en aucun cas cela ne nous dédouane de toute responsabilité sur cette gestion. Dans une démocratie chacun est responsable.

 

Et je crois que cette inclination à chercher dans les hommes politiques des surfeurs d’argent est particulièrement sensible en France. Elle se manifeste notamment par la place particulière qu’a le président de la république, dont on dit d’ailleurs de plus en plus qu’il cumule des pouvoirs de façon presque monarchique. J’ai pour ma part un peu le sentiment que lors de l’élection présidentielle, la France s’arrête comme s’il s’agissait là d’un aboutissement, presque un aboutissement ultime. C’est très symptomatique d’une importance excessive que l’on donne à cette élection et au personnage que l’on y élit, ce dernier devenant à cette occasion une sorte de champion national.

 

On pourrait même pousser la comparaison un peu plus loin. La tendance assez prononcée en France à toujours rejeter les élus qu’on a mis en place me semble relever d’une attitude similaire à celle qui est fustigée dans la BD de Mœbius. Nous avons une relation très délicate avec le pouvoir (comme avec l’argent). Je caricature mais en gros chez nous, le pouvoir c’est sale. Et très souvent, de façon sans doute excessive, on voit dans les hommes de pouvoir des dictateurs en puissance. Simplement parce qu’ils ont le pouvoir. La tentation est alors forte de vouloir les remplacer, dans un réflexe presque maladif de lutte contre la tyrannie. C’est exactement le même comportement que celui de la foule dans la BD. Peut-être est-il temps de mener une vraie réflexion de fond sur la responsabilité qu’a chaque citoyen dans la vie politique de son pays, et sur le rapport que nous entretenons avec le pouvoir. Car à y regarder de près il me semble que ce comportement que nous avons en France est signe d’une démocratie qui n’est pas encore véritablement passée à l’âge adulte.

 

Et puis il faut ouvrir les yeux. Comment a-t-on pu confondre Chirac avec le surfeur d’argent ? Allons.

21/09/2005

L'optimisme volontaire

Lors de certaines discussions avec mes amis, nous avons parlé du changement que les uns et les autres nous sentions capables d’apporter à nos vies, à nos comportements surtout, à nos façons de faire et d’appréhender les choses. L’honnêteté nous obligeait bien souvent à reconnaître que sur l’essentiel nous nous sentions incapables d’évoluer, ou alors de façon très peu sensible. Bien sûr nous pouvons apprendre, progressivement, à être moins agressif avec telle ou telle personne, à mieux accepter la place que certains ont dans nos vies, à prendre la nôtre, ici de façon plus discrète, là de façon plus affirmée, etc. Mais si on cherchait vraiment au fond de nous quelle était notre capacité à nous changer en profondeur, à nous réformer en quelque sorte, celle-ci nous semblait bien réduite.

 

Un exemple simple pour prendre conscience de ces limites c’est d’imaginer de faire la chose qui nous fait le plus peur. Ca peut être affronter une simple phobie, s’engager dans un projet qui nous a toujours semblé insurmontable, aller parler à une personne dont on a peur ou qui nous impressionne. Paradoxalement, je crois que ce qui fait que ces limites sont si fortes, si dures à franchir, c’est qu’elles sont auto-imposées. Elles ne viennent pas vraiment de l’extérieur, non. C’est nous qui nous les forgeons. Et ainsi on s’aperçoit que la solution pour s’affranchir de ces limites pourrait alors bien être plus simple que ce que l’on imagine. Je crois qu’elle l’est. Pour changer, il suffit de le décider.

 

Quand l’an dernier j’ai décidé pour la première fois de partir seul en voyage, cela a étonné les gens autour de moi, qui me perçoivent probablement, et assez justement je dois l’avouer, comme quelqu’un d’assez casanier. Un départ seul, de l’autre côté de l’océan avait donc de quoi surprendre, d’autant que mon programme était en partie de laisse faire l’improvisation. Et j’ai remis ça cette année, mais en partant cette fois-ci un mois complet, une grande partie de mon voyage se déroulant hors des villes, avec un équipement assez modeste (cette phrase ne sert qu’à refourguer le lien vers le billet sur mon voyage, car je trouve qu’il n’y a pas assez de monde qui va voir le site). Je me souviens encore du cri de surprise de R. lorsque je leur ai dis ce que j’allais faire (et hop ! je récidive). Alors comment en suis-je arrivé à entreprendre ces voyages et à ainsi briser le comportement si peu aventureux qui était le mien ? Ben un jour je me suis dis : « allez ». Et hop ! – voilà, le paragraphe de mes fabuleuses potentialités est terminé, si vous aussi vous êtes ébahis devant tant de qualités et que voulez une photo de moi dédicacée, envoyez votre demande par mail, j’y répondrai avec plaisir –

 

Cette idée est également applicable, dans une certaine mesure, au bonheur et à l’optimisme. Vous voulez être heureux ? Soyez-le ! L’optimisme est quelque chose qui peut se décider. Au moins en partie. Attention sur ce point. Il ne s’agit bien sûr pas de s’illusionner sur les difficultés que nous pouvons rencontrer et de seulement « faire comme si ». L’erreur serait importante car alors on s’empêcherait de résoudre les problèmes qui demandent toujours d’être pris en compte pour ce qu’ils sont, et surtout pas moins sous peine de douloureuses désillusions. Qu’on se souvienne des réticences que j’ai envers les comportements béats et on comprendra mieux ce que j’entends par un optimisme volontaire. C’est en fait choisir de se tourner vers ce qui dans nos vies est positif.  Et c’est apprendre à le cultiver, à le développer.

 

medium_malchance.3.jpgOn en voit beaucoup qui ont une tendance maladive à s’approprier toutes les malchances du monde. Ils se trompent, c’est toujours sur moi qu’elles tombent. Sérieusement, combien de fois entend-on : « évidemment c’est chez nous qu’il pleut le plus », « forcément, il fallait que ce soit notre caissière qui ait un problème d’article », « et voilà, bien sûr c’est notre train qui est en retard », etc. etc. Ils sont rares ceux qui savent mieux se souvenir des fois où ils ont eu de la chance que des menus pépins qu’occasionne la vie de tous les jours. Ce n’est pourtant pas si difficile. Pour le faire, il faut d’abord savoir se recentrer sur ses priorités (ça permet de mesurer la futilité de certains pépins), et pratiquer un peu d’optimisme volontaire que je qualifierais, de bon sens. Ainsi on se donne de l’air à soi-même, et par ricochet, on en donne aux autres.

 

Et puisque j’aime bien ponctuer ce type d’idée d’éléments pratiques, je vous propose un petit exercice, tiré du livre Ne vous noyez pas dans un verre d’eau de Richard Carlson. Le matin, alors que vous êtes encore dans votre lit sur le point de vous lever, envoyez à quelqu’un une pensée agréable. Ca peut être à un proche, à un membre de votre famille, à un ami, ou plus simplement à un collègue, voire même à un inconnu croisé la veille et dont le visage vous revient. Envoyez-lui une pensée du type : « je te souhaite une excellente journée, pleine de joie ». Ainsi vous orienterez votre journée de façon positive et vous vous conditionnerez à être plus optimistes. Je trouve pour ma part que c’est une forme de sagesse de savoir orienter sa vie ainsi.

 

Et s'il y a autant de liens vers mes propres billets dans ce post, c'est que l’optimisme volontaire, c’est aussi savoir s’auto-congratuler. ;o)

20/09/2005

Sursis

Elle tendit ses mains fébriles et agitées,

en dernier appel, en dernier don.

 

Voyant cela, la solitude, en gage, déposa ses armes.