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24/10/2005

Mon rubik et moi

Quand je suis chez moi, une de mes occupations principales est… de m’occuper les mains. Peut-être est-ce là le signe d’un stress refoulé, mais toujours est-il que j’aime bien avoir quelque chose dans les mains à triturer, à tourner, à lancer, à attraper, etc. Pour satisfaire ce besoin, j’ai deux préférences nettes : mes balles de jonglage (ce que j’adore faire notamment c’est prendre deux balles dans une main et les faire tourner à la façon des boules chinoises (j’ai aussi des boules chinoises, mais je les trouve moins agréables à utiliser parce que trop petites et du coup la sensation du mouvement sur la main est moins chouette), et mon Rubik Cube (j’ai découvert le Rubik beaucoup plus récemment que le jonglage que je pratique déjà depuis plus de 10 ans, on trouve d’ailleurs tout ce qu’il faut pour le résoudre sur Internet). Mais je me lasse de plus en plus de ce dernier parce que maintenant que je sais assez bien comment le résoudre je répète toujours les mêmes choses. En plus il se fait un peu vieux et les faces ne tournent plus très bien.

 

Mais hier soir, son intérêt à été relancé un court instant quand tite nièce m’a présenté celui qu’elle avait récupéré à la boite de sa maman. Il présentait en effet une originalité puisque chacune de ses faces était agrémentée d’un décor : un mot en arabesque, un pub ou une image. Moi, faisant fi de ces détails, je m’en saisit : une première face, la couronne, les cubes côtés, un petit coup de d’h2dh2d’hdh, puis les coins et moins de deux minutes plus tard je jette nonchalamment l’objet vaincu sur la table, devant tite nièce ébahie.

 

Mais c’est alors que survient un phénomène étrange. Tite nièce, à peine s’est-elle emparée de l’objet lâche : « ah non il est pas bon ! ». Choqué de tant d’outrecuidance juvénile après ma pourtant brillante démonstration, mon sang ne fait qu’un tour et je réplique du tac o’ tac : « ah si il est bon, il ne peut pas ne pas être bon, puisque toutes les couleurs sont reconstituées. Le Rubik Cube répond à un algorithme mathématique intraitable avec l’imagination des petites filles de 8 ans, donc j’ai bon et c’est tout ». Et toc. Elle, étourdie par mon aplomb et encore sous le choc du coup de l’algorithme (ça vous case un gosse tranquille un truc comme ça), bredouille quand même : « ben si, pourtant moi je l’ai déjà vu avec les mots bien reconstitués ». « Non mais n’insiste pas » m’énervé-je « je te dis que c’est pas possible ». Elle abandonne la partie, mais tout de même intrigué, je me décide à le refaire pour voir si quelque chose change.

 

Et là chers lecteurs, après avoir résolu le Rubik une deuxième fois, mes certitudes commencent à vaciller, et le doute à me tarauder sans d'ailleurs le moindre égard pour l'homme d’une si grande sensibilité  que je suis (oui j’ai à peu près toutes les qualités, sauf peut-être celle qui permet de bricoler correctement. Ne me demandez jamais de venir chez vous-même pour monter un meuble Ikéa en kit, ce serait un désastre, d’ailleurs c’est pas la peine d’insister ce week-end là j’ai déjà quelque chose de prévu) : car il a changé ! Certains mots qui n’étaient pas bien écris la première fois le sont alors, et ceux qui étaient bien écris ne le sont plus. Mais que se passe-t-il ? Mais qu'est-ce qui se passe?

 

Au début, ne parvenant pas à me résoudre à l’effondrement si brutal et imprévu de mes connaissances rubikiennes, j’élabore une théorie que je lance à tite nièce pour preuve que je ne me trompe pas tout à fait : « en fait on peut alternativement reformer correctement certains mots, mais jamais tous ensembles ». Mais un détail me titille tout de même : l’image de la maison semble toujours correctement reconstituée. Pourquoi bénéficierait-elle d’un tel traitement de faveur ? me demandé-je de plus en plus interloqué. Tite nièce me rétorque que non, parfois elle n’est pas bien dessinée : moi toujours sourd à ses remarques pourtant avisées, je réponds rapidement que non, qu’elle est toujours bien dessinées et que donc y’a un problème quelque part.

 

Je recommence encore une fois le cube, et en regardant de plus près, je m’aperçois en effet que la maison n’est pas bien dessinée ! Je me suis en fait laissé berner par le dessin central qui est un peu confus et qui peut laisser croire qu’il est toujours dans le bon sens. Mais il ne l’est pas ! Constatant cela je comprends soudain d’où vient mon erreur. Toute l’organisation du Rubik est nécessairement figée… au niveau des couronnes, et seulement pour elles ! Evidemment les centres ne bougent pas par rapport aux autres cubes, mais en revanche ils peuvent tout à fait tourner sur eux-mêmes. Le Rubik sous sa forme classique ne fait pas apparaître cet aspect du jeu puisqu’on ne voit pas la rotation d’un cube de couleur uniforme. Mais avec un dessin le Rubik prend soudain une autre dimension.

 

Qu’il convient de résoudre pardi ! J’ai perdu la face par péché d’orgueil, il me faut maintenant réparer la chose en trouvant comment reconstitué ce Rubik d’un genre nouveau. Mais cela s’annonce d’emblée assez facile. En fait après avoir bien reconstitué la première face, il suffit de s’attaquer aux cubes centraux des faces latérales du cube (donc pas celle qui est située à l’opposé de la première reconstituée), et de faire tourner les centres un à un. Ensuite il ne reste qu’à tourner correctement le cube central de la face opposée, ce pour quoi la manipulation d’h2dh2d’hdh répétée plusieurs fois s’avère parfaite. Le reste n’est que répétition de la résolution d’un cube classique. Trouvé !

 

Je repars content, laissant tite nièce dormir, mais tout de même… saleté d’orgueil.

20/10/2005

Unilatéralisme vs Multilatéralisme

Chez Damien, il y a un débat très intéressant sur le rôle des Etats-Unis dans les processus de démocratisation des pays d’Europe de l’est (récemment l’Ukraine, la Kirghizie également, et d’autres avant). Ce débat naît notamment du récent documentaire diffusé sur Canal+ à ce sujet, réalisé par Manon Loizeau. Il y a à mon sens deux questions principales qui sont soulevées chez Damien, la seconde étant plus une réflexion sur une organisation géopolitique envisageable à l’échelle de la planète :

1. Que penser de l’action de « sponsoring » américaine dans ces processus de démocratisation?
2. Le multilatéralisme est-il préférable à l’unilatéralisme ?

 

Sur la deuxième question Damien finit son dernier commentaire ainsi : « Difficile question, je trouve, vraiment ». Il nous met ainsi en garde contre les simplifications auxquelles on pourrait être amenés, mais je l’interprète également comme un appel à la prudence pour ceux qui voudraient développer une argumentation prétendument savante alors que leurs compétences en matière géopolitique seraient bien faibles. Il a raison de me le rappeler, et c’est l’occasion pour moi d’une petite mise au point concernant ma démarche sur ce blog.

 

Je ne suis pas un grand connaisseur de la vie politique, ni d’ailleurs des sujets économiques et juridiques qui occupent une très grande part des blogs « sérieux » dans lesquels il m’arrive de débattre. Je n’ai à peu près aucune compétence pour les aborder en véritable connaissance de cause. Je ne réagis donc qu’en tant que simple personne, intéressée par les sujets qui sont soulevés par ces domaines, tentant de mieux comprendre certains enjeux qui me paraissent important pour le présent et le futur, conscient surtout que si je ne suis pas un expert dans ces disciplines, elles n’ont pas moins un impact important sur ma vie de tous les jours, en l’orientant, en lui donnant ses règles, en lui laissant son espace de liberté aussi. J’espère ne pas avoir suscité de confusion là-dessus. Je pense toutefois que les maîtres de ces blogs auront déjà remarqué cet état de fait me concernant, ma dernière inquiétude étant d’avoir peut-être parfois diminué le niveau du débat qui avait lieu ici ou là.

 

Je reviens maintenant sur le sujet de fond de ce billet, me permettant donc, vous l’aurez remarqué, de tenter une analyse des éléments du débat posé. Et en réfléchissant aux questions soulevées par Damien, il me semble qu’on peut proposer une réflexion intéressante en reprenant certaines des idées de Laborit que j’avais soulevées précédemment.

 

Doit-on craindre l’action américaine dans certains récents processus de démocratisation ?
Il y a à mon sens plusieurs raisons qui expliquent la réaction de défiance exprimée, notamment dans les médias français (voir la revue de presse d’Alain Hertoghe concernant l’action américaine dans les pays de l’est européen).
D’abord, une part indéniable d’anti-américanisme tout ce qu’il y a de primaire. Alain Hertoghe rapporte l’objectif premier du documentaire de la journaliste, en la citant : « [je pensais] faire un film sur le complot américain ». C’est assez édifiant sur le parti pris qui animait son intention de départ. Je crois qu’aujourd’hui, au-delà d’une simple jalousie, l’anti-américanisme se nourrit de deux choses.

 

D’abord de la peur vis-à-vis des actions souterraines ou perçues comme telles. Parce que, par définition, on ne peut pas comprendre comment elles se déroulent et ce qui s’y « trame ». On a besoin de voir et de savoir pour se sentir rassuré. Tout ce sur quoi on n’a pas de maîtrise est sujet au doute, et à l’inquiétude. Sur ce point, ce qui est frappant, et Damien le relève très pertinemment dans son billet c’est que précisément les acteurs américains soutenant les processus de démocratisations étudiés ne cherchent nullement à se cacher. Ils restent au grand jour et ne montrent pas de réticences à être filmés, interviewés, etc. Si comme je le pense, le mythe de l’action souterraine est un des piliers de l’anti-américanisme, dès lors que ce pilier s’effondre, les préjugés s’en trouvent affaiblis. Et c’est bien pour cela que la journaliste se met à douter, et qu’elle évolue au fur et à mesure de son reportage.

 

Deuxième élément, et qui va m’amener vers la seconde question du débat, la peur de la soumission. Je crois qu’en France nous avons peur de devenir un jour tout à fait soumis aux Etats-Unis, tant politiquement, économiquement que culturellement. C’est pour cela que chaque manifestation de la puissance des USA est une occasion chez nous de voir s’exprimer des critiques qui paraissent de plus en plus déplacées. Pour en revenir à Laborit, il n’est pas impossible qu’il y ait là une crainte de se retrouver un beau jour en inhibition de l’action. Souvenez-vous, l’inhibition de l’action est la situation, imposée par l’environnement (au sens large) qui empêche une personne de se faire plaisir, de s’offrir ses gratifications. A un certain terme, cette situation peut mener la personne à la maladie, parce qu’elle accumule un trop grand stress sans avoir de moyen pour l’évacuer ou l’éviter.

 

Dans un monde où un pays tient une place de plus en plus grande, sur l’essentiel des plans où s’exercent l’activité humaine, on peut s’inquiéter (je veux seulement dire ici que ça arrive) que les règles que ce pays s’est donné à lui-même pour son fonctionnement finissent par s’imposer ailleurs que chez lui, là où il exerce son influence. Plus cette influence augmente, plus on risque de s’en sentir prisonnier, et d’avoir de moins en moins de moyen d’y répondre. Par ce processus on devient progressivement moins libre de ses choix, et cela génère une frustration d’autant plus grande que les contraintes viennent de l’extérieur, ce ne sont pas des choses qu’on a choisit soi-même. C’est exactement le processus de l’inhibition de l’action. L’inquiétude ici ne vient plus de ce que les règles en question soient justes ou pas, mais de ce qu’elles soient modifiables par soi ou pas et par nous ou pas. A bien y réfléchir, je pense que les mouvements grandissants de contestations sociales se nourrissent en très grande partie de cela : on a l’impression d’être de moins en moins maître de sa vie, et on ne le tolère pas.

 

Unilatéralisme vs Multilatéralisme

 

Je crois que c’est en partie pour cela que l’unilatéralisme est dénoncé. Mais pour ma part j’y vois un autre défaut. Je vois un risque majeur dans l’unilatéralisme. C’est que si aujourd’hui on peut considérer, avec  tout de même une certaine raison, que les Etats-Unis sont un pays démocratique, et dont l’action n’est pas profondément inspirée par le grand Satan, rien, absolument rien ne peut garantir qu’il en sera toujours ainsi. Abdiquer à un pays, quel qu’il soit, et qu’elles que soient ses bonnes intentions aujourd’hui, la toute-puissance pour résoudre les problèmes de la planète est en cela extrêmement dangereux. C’est le même processus qui fait naître les tyrans. C’est en partie ce que je dénonçais dans mon billet sur le surfeur d’argent de Moebius. Le surfeur d’argent le disait lui-même (je cite en gros) : « Ils me célèbrent comme un héros et veulent me donner tous les pouvoirs pour que je sois leur guide éclairé. Ils ne se rendent pas compte qu’ils réclament au fond un nouveau tyran. » C’est à mon sens exactement le risque que fait encourir l’unilatéralisme.

 

Et la solution logique qui se présente si l’on rejette l’unilatéralisme est évidemment le multilatéralisme. C’est une idée chère à Chirac, l’une des seules peut-être que j’ai trouvé vraiment intelligente venant de lui depuis qu’il est président. Construire un monde où plusieurs pôles viendraient se réguler les uns les autres, comme le mécanisme des pouvoirs et des contre-pouvoirs d’un état permet d’éviter les dérives des uns et des autres. Mais Damien a une réplique très intéressante à cette vision. Il souligne qu’un monde multipolaire, fondamentalement, est un monde où les pôles, pour se réguler, peuvent être amenés à s’affronter. Ainsi il dit : « la concurrence pourrait bien être un facteur de rivalités guerrières ». Incroyable ! Damien doit donc lire mon blog plus que je ne l’imagine ;o) ! Car c’est dans le fond exactement ce que je relevais il n’y a pas si longtemps. Il pourrait bien être un grand adepte de Laborit, peut-être même sans le savoir. Mais sa remarque est extrêmement intéressante et soulève un point très juste : la concurrence entre états n’est effectivement en rien garante d’équilibre et de paix. Loin s’en faut.

 

Je m’aperçois donc que brandir le multilatéralisme comme remède mondial est au mieux simpliste, au pire idiot. On remarquera d’ailleurs qu’il est pour le moins paradoxal si nos dirigeants craignent comme nous la toute puissance américaine qu’ils n’agissent pourtant en rien (ou si peu) pour donner à leurs états une plus grande part dans les grands évènements. Et cet étonnement est d’autant plus grand lorsqu’il s’agirait par ces actions de promouvoir la démocratie. Pour terminer sur la seconde question, plus que d’un multilatéralisme, ce qui est sans doute nécessaire c’est de développer les initiatives de coopérations (OTAN, ONU, UE) par lesquelles les intérêts de chaque participant est lié à ceux des autres (je n’invente ici vraiment rien).

18/10/2005

La reconnaissance

J’ai déjà abordé de façon un peu périphérique dans d’autres billets la notion de reconnaissance. Petit billet aujourd’hui pour indiquer de façon claire le rôle qu’elle remplit. La reconnaissance est un carburant pour chacun de nous. Un carburant presque vital. Elle exerce même une influence importante sur notre santé physique et mentale.

 

Petit schéma simple pour bien concevoir comment elle se traduit.

 

medium_reconnaissance.3.jpg

 

Le cas de la reconnaissance zéro, autrement dit de l’indifférence, est particulièrement intéressant à analyser. Il n’est pas du tout excessif de l’assimiler à la mort. Parce que lorsque vous êtes indifférent à une personne votre valeur aux yeux de celle-ci est parfaitement absente, de même qu’elle le serait si vous n’existiez pas. L’indifférence c’est en quelque sorte ne pas reconnaître que l’autre est en vie, c’est agir comme s’il n’existait pas. Pour bien percevoir ce que cela signifie je trouve que l’exemple d’un(e) prétendant(e) ignoré(e) par la personne aimée est très bon. Qu’y a-t-il de pire que de sentir qu’on existe pas pour celui ou celle qu'on aime ? Qu’y a-t-il de pire que le silence en réponse à un message (de quelque type que ce soit) ?

 

La reconnaissance fonctionne comme une boucle, où chacun renvoie à l’autre la reconnaissance qu’il lui accorde. La plupart du temps, cette reconnaissance est renvoyée en retour à celle que l’on reçoit, c’est-à-dire qu’elle « hérite » de ce que l’autre lui a envoyé, qu’elle est influencée par celle-ci. Mais elle hérite encore d’autre chose : de l’auto reconnaissance que l’on s’accorde à soi-même. On voit là tout à coup à quel point l’opinion que l’on peut avoir de soi influence celle que les autres ont de nous, ou pour être plus précis celle que l’on pense que les autres ont de nous (ce qui pour l’individu revient au même, d’ailleurs cette « impression » que nous construisons de l’opinion des autres est de nature à influencer au final cette dernière).

 

Les boucles de reconnaissance interactives peuvent se schématiser ainsi:

 

 

medium_boucles_de_reconnaissance.jpg

A bien analyser l’importance de la reconnaissance dans nos vies je me demande si l’on ne peut pas formuler une critique de la pyramide de Maslow. Oui je sais c’est gonflé de ma part, mais je me demande vraiment dans quelle mesure la reconnaissance n’intervient pas plus tôt dans les besoins que nous cherchons à satisfaire.

17/10/2005

Gaston est en couleurs

Petit post rapide pour indiquer que j'ai mis à jour le billet sur mon dessin de Gaston. La version coloriée est donc visible. Malheureusement il reste une ombre, sur le coin en haut à gauche cette fois-ci...

 

P.S: ah oui et il va y avoir une mise à jour du photoblog ce soir, suite à une ballade sympa dans Paris samedi dernier.

14/10/2005

Un vote oui, mais national?

Certains auront peut-être noté que mon blog a été en carafe pendant une grande partie de la journée, suite à une attaque subie par mon hébergeur. Les fonctionnalités d'édition restent d'ailleurs réduites à l'heure qu'il est (j'ai un joli écran sans plus aucune icône d'option, juste des petites croix rouges, et impossible de faire des liens) et je ne suis donc absolument pas sûr que cette note sera éditée. mais tentons.

 

Ce tombe presque bien car ma note d'aujourd'hui allait être courte. Je voulais revenir rapidement sur le résultats des élections allemandes. Après moults tractations, c'est finalement bien Angela Merkel qui sera chancelière, malgré un score plus qu'étriqué. Etriqué oui, mais meilleur que les autres, quoi qu'on en dise. L'attitude de Schröder m'avait beaucoup étonné au lendemain des résultats. Au mépris du vote des électeurs, et envers la tradition du pays qui veut, très logiquement, que ce soit le leader du parti remportant le plus de suffrages qui devienne chancelier, celui-ci avait annoncé qu'il devait rester à la chancellerie. J'ai lu dans le Courrier International de cette semaine que cette attitude a visiblement beaucoup agacé les citoyens allemands, même jusque dans les rangs de son propre parti. Finalement, et contrairement à certains pronostics, il ne sera même pas vice-chancelier. Les choses reviennent là un peu à la normale (en tout cas pour le fait qu'il ne reste pas chancelier - ce point est à tempérer puisque c'est Muntefering qui prend la place de vice-chancelier, et visiblement il y aura une inclination forte vers une "schröderisation" du nouveau gouvernement).

 

Mais il me reste tout de même un sentiment d'incongruité après tous ces évènements concernant le système électoral allemand. Je trouve que le fait que les coalitions ne se décident qu'a posteriori a quelque chose de contradictoire avec le caractère éminemment national de ces élections. On le voit bien dans le cas présent. En votant les allemands ne savent pas nécessairement quel gouvernement ils peuvent faire émerger, et ici ils ne s'attendaient certainement pas à une nouvelle grande coalition. Du coup je trouve que ce processus réduit la portée de leur vote. Ou plus exactement la portée de l'intention de leur vote, puisqu'en élisant leurs représentants locaux ils n'ont pas d'assurance quant au gouvernement que celui-ci peut contribuer à faire émerger. Par ce processus ils agissent donc un peu en aveugles.

 

Je rejoins donc tout à fait Anthony Hamelle dans son dernier billet sur ce sujet, et trouve qu'au moins sur ce point, le système français est plus transparent, et donc préférable.

12/10/2005

Partie de billes

Hier soir, enfin un peu avant 20h00, j’ai fais une partie de billes avec ma petite nièce. Aaaah les billes. Cela faisait bien longtemps que je n’y avais plus joué, et je dois dire que je me suis plutôt pris au jeu. C’était un de mes jeux favoris quand j’étais petit. J’aimais bien passer du temps à les regarder, à observer leurs couleurs, leurs dessins. Il y en avait de toutes les sortes : je me souviens des porces, des hélices, des pépites, des terres (mes préférées), des araignées, des pétroles, des pamplemousses (j’en ai encore un gros calot), enfin plein quoi, et je crois que ça s’est encore développé

 

On jouait à deux types de jeu : la tiquette, et le trou qui avait ma préférence (il fallait y mettre toutes les billes en jeu pour les remporter). Je me souviens des parties autour des platanes du préau avec les copains. On était vraiment concentrés. Je garde aussi le souvenir d’un jour où j’avais ramené un gros sac de billes que me parents m’avaient offert. J’étais très fier de le montrer aux amis, mais je trouvais que ça m’en faisait presque trop, alors je me suis mis à en donner, de plus en plus, puis par poignées entières. Prenez, j’en ai trop je vous assure ! Tant et si bien que mon sac diminuait à vue d’œil. Tous les amis sont venus me voir en voyant que je distribuais de jolies billes neuves. Comment dire à ceux qui arrivaient, que j’en avais donné aux autres mais qu’ils n’en auraient pas ? Au bout d’un moment j’en avais tellement donné que je trouvai un peu idiot de garder le peu qui me restait. Du coup j’ai tout donné. Tout. J’étais assez triste de cet épisode et rentrai en classe avec le sentiment diffus de m’être fait avoir. Punaise, toutes mes billes y étaient passées !

 

Mais revenons à la partie d’hier soir. Elle me demande de jouer juste avant de se coucher. Bon ok, mais attention, il n’y aura pas de cadeau hein, on joue aux billes là, c’est du sérieux ! Je pars chercher mon sac de billes (oui je l’ai conservé dans ma chambre (…) et reviens dans la sienne, plus décidé que jamais à remporter la bataille. Les camps se dressent, chacun d’un côté de la chambre, et nous délimitons rapidement le terrain des affrontements.

 

Moi : Bon à chaque fois qu’une bille dépasse une limite on doit la remettre juste à l’endroit où elle l’a franchit.

Elle : Oui d’accord.

Moi : Chacun prend 1 calot, et sept billes.

Elle (arrangeante et comprenant bien que là il faut suivre mes directives parce que bon, c’est moi le grand) : d’accord.

Moi : et on prend une mini. Je veux dire, parmi les sept billes on prend chacun une mini.

Elle : bon d’accord (brave petite).

 

medium_billes.jpgDébute la partie. Evidemment nous faisons une tiquette, on ne va pas faire de trou dans le parquet quand même. Je suis extrêmement concentré, d’autant que j’ai sélectionné quelques unes de mes billes que je préférais quand j’étais gamin. Il y a notamment ma schtroumpf et mon calot terre. La défaite n’est donc pas permise. Dans les premiers temps, nous nous observons. Elle tique sa bille toujours très fort, la lançant fréquemment à l’autre bout du champs d’action, et dépassant régulièrement les limites du terrain, ou au contraire tiquant tout doucement faisant à peine bouger sa bille. Je prends tout juste mes marques, et rate un coup en tiquant trop faiblement ma bille qui reste à deux pouces de la sienne. Mince ! Bille perdue !

 

Nous continuons à nous observer durant quelques parties, et les forces en présence s’équilibre plutôt, jusqu’à je me décide à développer une vraie tactique pour la coincer. Puisqu’elle cherche toujours à être au bord du terrain, je vais moi occuper le centre, la forçant ainsi soit à tenter sa chance d’un peu loin, soit à devoir sans cesse passer devant moi pour atteindre la limite opposée du champ d’action. Je guette l’erreur en oiseau de proie, j’attends qu’elle manque son coup et se retrouve suffisamment près de moi pour la tiquer sans trop de risque. Ma technique donne rapidement ses fruits et je me retrouve vite à la tête d’une escadrille importante. Elle remporte bien encore une ou deux parties, mais progressivement je fais mon chemin, et bientôt je peux brandir les bras au ciel en signe de victoire définitive !

 

Evidemment nous avons joué pour de faux, je ne vais quand même pas lui piquer ses billes, mais ma fierté d’oncle est intacte, grandie même devant cet éclatant succès. Je bombe le torse, redresse la tête. Je suis un champion. Un modèle. Des oncles comme ça, on en fait plus. Pour faire durer un peu j’accepte qu’on échange quelques billes. Nous regardons chacun avec attention les valeurs que nous avons sous les yeux. Je dois vite reconnaître que dans la masse dont je dispose, il y a pas mal de billes moches. Des hélices cabossées (en plus ça vaut que 2 une hélice), des porces guère plus avenantes. Je n’ai plus que quelques jolies spécimens et l’échange s’annonce donc délicat. Mais nous prenons en fait le parti de faire ça simplement. C’est d’ailleurs elle la première qui décide de me donner une de ses billes : j’en ai plusieurs comme ça alors je m’en moque. Oui mais c’est une très jolie fumée bleue. Je n’en ai pas des comme ça. J’accepte le cadeau avec satisfaction. A mon tour donc de donner quelque chose : tiens un calot pétrole, j’en ai trois identiques, en voilà un pour toi. Puis nous échangeons deux très belles billes, elle me donnant une arc-en-ciel (je n’en ai pas non plus, chouette), contre une crème pépite très bien aussi. Nous refermons nos sacs (c’est le premier qui referme le sien qui a gagné, qui remporte cet épilogue selon vous ? hin ?)

 

Voilà, un petit bisou de tendresse supérieure sur le front, et dodo pour la jeune fille ébahie par tant de talent et de grandeur réunis dans un seul homme. Je saisis mon sac de billes par sa ficelle, et sors en prince du champ de bataille qui restera à jamais marqué par ces heures de gloire Pikipokiennes.

 

Aaah, les billes …

11/10/2005

La relaxation, comment ça marche ?

Suite au billet de la semaine dernière sur la relaxation au travail, je voudrais vous proposer aujourd’hui un texte plus complet de relaxation, que vous pourrez utiliser, cette fois-ci plutôt chez vous. Mais d’abord, quelques indications d’ordre général sur ce qu’est la relaxation et sur la manière de la mener si vous souhaitez qu’elle soit vraiment efficace.

 

La relaxation est probablement la technique reine de la gestion du stress. Elle se rapproche de démarches comme le yoga ou la méditation, mais elle est un peu plus que cela, car elle peut mettre à jour des nœuds personnels refoulés, des inhibitions, des traumatismes même. En effet, la relaxation opère en mettant la personne « relaxée » en état de conscience modifiée, un peu comme dans l’hypnose. Et dans cet état on peut découvrir ou redécouvrir au grand jour des éléments de notre vie personnelle que nous avons refoulé, et qui continuent d’affecter notre comportement de façon négative.

 

Dans cette éventualité, je conseille de toujours prévoir un temps après la relaxation pour parler de ce que la personne qui l’a faite a ressenti, de ce qu’elle a perçu. De façon apaisée, libre, sans contrainte. Pour la personne qui propose la relaxation on est là dans un moment délicat mais aussi très riche. Il s’agit de savoir ouvrir la porte de la parole, sans faire ressentir d’obligation, mais en tentant toutefois, si des nœuds sont apparus chez certains de les aider à en parler. Car faire ce pas leur apporterait sans doute beaucoup. Il faut donc savoir se montrer proche, avoir une voix calme, un peu basse (attention toutefois dans ces choses là à ne pas devenir « artificiel »), laisser les silences faire leur œuvre quand l’autre est dans le doute, revenir vers lui en posant une nouvelle question calme, lui dire qu’il a la liberté d’en parler ou de se taire, dans le fond lui montrer qu’il compte et qu’on est à sa disposition pour l’aider, pour parler. Une relaxation est en général un moment très agréable d’apaisement et de sérénité. Pour bien la faire il n’y a en fait qu’une grande règle : la faire dans l’objectif clair de faire du bien. Presque comme un don.

 

Mais une dernière remarque avant de commencer le texte. La relaxation reste une technique « de surface ». Elle ne fait que traiter des symptômes, apaiser après coup. En aucun cas elle ne peut remplacer le travail sur soi en profondeur qui peut être à mener. C’est important de ne pas lui donner une importance plus grande que celle qu’elle a, ainsi que toutes les autres techniques. Ca évite de jouer à l’aveugle trop longtemps.

 

Plusieurs textes de relaxation sont possibles, je vous en propose ici un qui est un peu long, il doit durer environ ½ heure, ¾ heure, à quoi il faut donc ajouter la phase où les participants vont chacun parler de leur ressenti durant la relaxation. Celui qui propose la relaxation pose sa voix, qui devient monocorde, apaisée, et assez lente. Il n’hésite pas à faire des pauses au milieu des phrases. Ces pauses constituent des points où les participants vont encore plus « tombés » en relaxation, où ils vont pouvoir se relâcher encore plus. Ils s’allongent de préférence (on peut le faire sur une chaise mais bof), soit par terre, soit sur un lit si vous êtes dans une chambre qui en a. Vous êtes prêts ? Allons-y.

 

Vous vous installez confortablement, vous vous allongez, en laissant vos bras le long de votre corps, et en évitant toute contrainte physique. Vous fermez les yeux, en signe de retrait du monde extérieur, et de concentration sur vous-même. Si vous le voulez bien, nous allons commencer par un exercice de relaxation dynamique (si vous passez par cette phase, vous pouvez faire remonter un peu votre voix, il va vous falloir parler de façon un peu rapide). Vous repliez vos bras contre votre thorax, vous serrez les jambes, puis vous contractez tous vos muscles rapidement, les muscles de votre visage, vos bras, vos poings, vos fesses, vos cuisses, vos jambes, tout votre corps est contracté, vous restez ainsi quelques secondes… Puis vous relâchez et vous soufflez… (laisser les corps se détendre pendant quelques secondes). Vous sentez vos muscles qui se détendent, qui s’apaisent. Vous profitez de cette sensation. (laissez quelques secondes). Vous repliez à nouveau vos bras contre vous, vous serrez les jambes, puis vous contractez tous vos muscles, le visage, le cou, le dos, les bras, le ventre, vos jambes, vous restez entièrement contractés pendant quelques secondes en retenant votre respiration. Vous tenez. Encore. Et vous relâchez… et vous soufflez…

 

Vous sentez que vos muscles se décrispent, se détendent. Vous sentez votre corps qui s’enfonce progressivement dans le sol (ou le lit)… progressivement, lentement, vous vous sentez un peu plus lourd, et plus calme. Maintenant, si vous le voulez bien, vous allez détendre encore plus chacun de vos muscles, un à un, en commençant par votre front. Votre front se décrispe totalement (prendre le temps sur ce type de mot de bien prononcer toutes les syllabes, sans en rajouter pour autant). Il devient parfaitement plat, sans aucune ride. Il est comme un lac au milieu des montagnes (laisser quelques instants pour qu’ils imaginent ce lac, on peut le leur suggérer, ce n’est pas obligatoire). Puis vous détendez les petits muscles qui sont autour de vos yeux. Au besoin, vous les sollicitez en faisant aller vos yeux de gauche à droite sous vos paupières, afin d’en prendre conscience pleinement, et ainsi de les détendre encore plus. Maintenant, vous détendez vos joues, vous libérez votre mâchoire en l’entrouvrant légèrement, et vous décollez votre langue de votre palais. Vous avez peut-être sur votre visage une sensation de chaleur, de lourdeur, de picotements (laisser quelques secondes de silence). Si vous ne le sentez pas, ce n’est pas grave, ça n’a aucune importance (cette phrase est importante, la dire provoque un relâchement très grand car il enlève la contrainte de « chercher » la sensation. Elle participe pour beaucoup à la relaxation, on va d’ailleurs la répéter par la suite).

 

Votre visage est maintenant parfaitement détendu, calme, serein. Ce calme, que vous avez su obtenir, est un état naturel. Sa connaissance s’installe durablement en vous, et, désormais, vous saurez le retrouver lorsque vous en aurez besoin. Maintenant vous détendez votre cou, votre nuque, comme pour établir une large voie de communication entre votre corps, et votre esprit. Vous profitez de la détente du cou et de la nuque (s’arrêter quelques instants). Puis vous détendez vos épaules en les relâchant complètement, vous détendez vos bras, et vos avant-bras. Vous sentez peut-être au bout de vos mains une impression de chaleur, lourdeur, de picotements. Si vous ne la sentez pas, ce n’est pas grave, ça n’a aucune importance. Vous détendez maintenant votre thorax, vous libérez votre diaphragme, puis vos viscères qui se reposent tout a fait. Ensuite, vous détendez votre dos, en descendant progressivement le long de votre colonne vertébrale, et en détendant à chacune d’entre elles les muscles qui sont autour. Vous descendez… lentement… vertèbre après vertèbre. Puis vous remontez et refaite la même chose, pour détendre parfaitement vos muscles. Vous détendez ensuite votre bassin, vous desserrez les fesses, puis vous continuez, et vous détendez vos cuisses, vos mollets, vos chevilles et vos pieds. Vous sentez peut-être au niveau de vos pieds une sensation de chaleur, de lourdeur, de picotements. Sinon, ce n’est pas grave… ça n’a aucune importance.

 

Vous êtes maintenant parfaitement détendus, calme, apaisé. Tous vos muscles sont totalement relaxés. Vous sentez votre souffle, votre respiration, qui s’est ralentie, apaisée. Vous sentez chaque inspiration, et également, chaque expiration. Et à chaque inspiration, vous vous sentez entrez un peu plus en vous-même. A chaque inspiration. Vous entrez un peu plus en vous-même. Maintenant, si vous le voulez bien, vous allez venir devant votre escalier intérieur. Cet escalier, est composé de 7 marches, chacune de ces marches ayant une couleur différente. Il y a une porte devant l’escalier. Vous l’ouvrez, et vous avancez sur la première marche.

 

Cette marche est de couleur rouge. Le rouge, la couleur de la détende totale de votre corps. Vous sentez ce rouge vous envahir et vous traverser de part en part. Comme du coton qui viendrait se loger en vous. Vous sentez votre corps parfaitement calme, et détendu.

Vous avancez maintenant sur la deuxième marche. Cette marche est de couleur orange. C’est la couleur de vos émotions. Vous observez vos émotions en vous, elles passent devant vous, et vous les laissez s’évaporer et partir librement, sans contrainte.

Troisième marche, une marche de couleur jaune. La couleur de vos pensées. Là aussi, vous laissez vos pensées s’évaporer librement et partir de vous sans les retenir. Vous vous sentez de plus en plus détendu.

Vous avancez sur la quatrième marche. Elle est de couleur verte. C’est la couleur de la détente parfaite. Votre corps, ainsi que votre esprit, sont maintenant parfaitement détendus. Vous sentez en vous une profonde sérénité. Sé-ré-ni-té (entre chaque syllabe, attendre un peu plus longtemps, et faire tomber la dernière un peu au hasard, ce rythme contribue là encore à un relâchement plus grand).

Cinquième marche de votre escalier intérieur. Cette marche est de couleur bleue. C’est la couleur de l’amour. Vous sentez en vous le sentiment d’amour que vous portez pour les gens autour de vous. Votre famille, vos amis, tous vos proches. Et vous sentez également l’amour que tous ces gens vous portent. Vous pouvez profiter de ce sentiment bienfaisant librement pendant quelques secondes (ici laisser un peu de temps, en réalité on laissera une à deux minutes, voire un peu plus – les participants auront eux le sentiment de quelque chose de plus court).

Vous avancez maintenant sur la sixième marche. Vous imaginez un ciel d’été, au moment où l’on aperçoit les premières étoiles dans le ciel et où le soleil n’est pas encore tout à fait couché. Ce ciel est de couleur indigo. Vous vous enroulez dedans comme dans une cape. Et vous ne faites qu’un avec vous-même (appuyez un peu les mots ici, c’est une phase importante). Laisser encore quelques secondes.

Maintenant vous avancez sur la dernière marche. Elle est de couleur violette. La couleur du potentiel absolu. Rien ne vous est désormais impossible. Les seules limites que vous avez sont celles que vous vous imposerez. Vous pouvez tout entreprendre, en étant sûr de parvenir à vos objectifs.

 

Maintenant, vous vous imaginez vous vous transportez dans un lieu où vous vous plaisez. Un lieu où vous vous sentez en paix, heureux. Vous profitez du paysage qu’il offre. Peut-être êtes-vous près d’un océan, d’une montagne, d’un lac. Il y a peut-être des fleurs, sur lesquelles vous pouvez vous pencher pour sentir leur parfum (être assez lent sur ce passage, éventuellement ajouter des idées, pour que les participants puissent vraiment en profiter). Vous marchez librement, au gré de votre envie, de votre plaisir. Puis, au bout de quelques instants, vous débouchez dans une clairière. Une grande clairière. Au milieu, vous voyez un grand arbre très beau. Vous marchez jusqu’à arriver à lui. Là, vous remarquez un gros rocher au pied de l’arbre. Vous creusez sous ce rocher, et vous trouvez un petit coffret qui s’ouvre facilement. Dedans il y a un objet. Vous prenez cet objet, et vous allongez sur l’herbe avec votre objet. Vous invitez la personne de votre choix et vous parlez ensemble de l’objet (ce passage aide notamment ceux qui auraient un problème refoulé à le découvrir et à se donner une chance de le traiter ensuite – il sert de façon plus générale à identifier un élément important de leur vie, qui peut bien sûr être quelque chose de très positif). Laissez un peu de temps aux participants.

 

Maintenant, vous allez revenir vers votre escalier intérieur et remontez chaque marche (on peut se permettre d’aller un peu plus vite qu’à l’aller ici. L’objectif est maintenant de faire sortir progressivement les participants de la torpeur dans laquelle la relaxation les a plongés, et qu’ils se sentent à la fois le plus reposés et le plus en forme possible à la fin de la relaxation).

 

Vous arrivez d’abord sur la marche de couleur violette. La marche du potentiel absolu. Vous pouvez tout entreprendre et seules vos propres limites peuvent vous retenir.

La sixième marche, de couleur indigo. Vous ne faites qu’un avec vous-même. Vous êtes centré et vous sentez en harmonie avec vous-même, ainsi qu’avec le monde extérieur.

La cinquième marche. La couleur bleue de l’amour. Vous sentez ce sentiment qui grandit en vous, qui vous donne confiance et vous rend plus heureux.

Quatrième marche, de couleur verte. Vous sentez la sérénité et le calme en vous. Cette sérénité et ce calme deviennent des états naturels, et vous saurez désormais les retrouver lorsque vous en aurez besoin.

Troisième marche de couleur jaune. Vos pensées reviennent doucement et progressivement en vous. Elles sont apaisées, rassérénées.

La deuxième marche de couleur orange. Vos émotions reviennent également en vous, de façon sereine, sans vous parasiter ou vous inhiber.

Enfin dernière marche (la voix parle de façon de plus en plus claire). De couleur rouge. Vous sentez votre corps qui est parfaitement détendu, calme et apaisé. Vous sentez ce bien-être en vous, qui s’installe de façon durable.

 

Maintenant, vous reprenez contact avec votre corps progressivement. Vos pieds d’abord, que vous pouvez remuer doucement, puis vos jambes, vos cuisses, vous bougez légèrement vos mains, puis vos bras. Vous sentez vos paupières qui deviennent légères, qui s’entrouvrent doucement. Vous ouvrez maintenant les yeux. Vous êtes en pleine forme (dire cette dernière phrase un peu haut, de façon appuyée, sans crier bien sûr, pour accompagner la dynamique voulue). La relaxation est terminée. Si vous l’avez faite pour votre ami(e) vous vous levez et vous allez lui faire un bisou. ;o)

 

N’oubliez pas la dernière phase. Demandez aux participants comment ils ont ressenti la relaxation. Demandez leur quel fut l’objet qu’il sont trouvé sous le gros cailloux au pied de l’arbre. Et quelle personne ont-ils invité pour en parler ? Qu’est-ce que cela leur a apporté ? D’une façon plus générale, comment se sentent-ils après la relaxation ? Sont-ils plus reposés, encore endormis, vifs ?

 

Et hop !

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10/10/2005

Gaston

Voilà le résultat de deux ou trois soirs passés à dessiner. Les connaisseurs reconnaîtront le Gaston de la couverture du n°10: Le géant de la Gaffe. Il ne s'agit donc guère que d'une copie (sinon je n'en resterai pas à bloguer par écrit), et qui a plusieurs défauts: le visage est trop applati, la main gauche trop longue et un peu tordue, le col du pull trop court, enfin bref.

 

Mais comme j'y ai passé du temps je trouve qu'il ne serait pas normal que je ne vous l'impose pas, d'ailleurs il prendra peut-être place dans la photo de mon profil, après tout. Dernière chose, la version coloriée arrivera la semaine prochaine, en fait elle est déjà réalisée mais je n'ai pas de scanner et je dois donc attendre de pouvoir repasser chez un pote pour l'obtenir. Le problème c'est que son scanner est un peu petit et le dessin y tient mal, d'où l'ombre en haut à droite qui vient plus d'une ondulation du papier dans le scanner que d'un mauvais gommage est arrivée. Hem et oui il reste une ombre ...

 

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07/10/2005

La perpétuité: pourquoi et comment?

Un débat intéressant a été soulevé chez Paxatagore sur la question de la peine de prison à perpétuité, au travers du cas de Lucien Léger, récemment mis sous liberté conditionnelle après 41 ans de détention (il avait été condamné pour le meurtre d’un enfant de 11 ans).

 

Ce débat a soulevé plusieurs points :
1. Faut-il adopter la perpétuité réelle ? Les remises de peine sont-elles acceptables ? Sont-elles utiles ?
2. La fonction de la prison est-elle punitive ou éducative ? Dans quelle mesure peut-elle être éducative ?
3. La peine à perpétuité, même dans la mesure où elle peut-être réduite, n’est-elle pas plus cruelle et plus hypocrite que la peine de mort et, partant, cette dernière ne serait-elle pas plus souhaitable ?

 

Ces questions appellent une analyse approfondie. Encore une fois un blog me semble peu adapté pour ce type d’approfondissement. Mais en revanche rien n’empêche de lancer quelques réflexions et de proposer quelques idées pour prendre position. En prenant ces questions dans l’ordre.

 

1. L’application réelle des peines, notamment de la perpétuité.

Le fondement de l’argument qui plaide pour que les peines soient appliquées telles qu’elles sont énoncées au tribunal, à mon sens, c’est en grande partie que ne pas faire la peine telle qu’indiquée c’est ne pas respecter entièrement la décision de justice prise alors, et donc l’esprit de justice que cette décision entendait faire valoir. En effet, pourquoi condamner une personne à une peine si c’est pour que cette peine ne soit jamais respectée ? Quelle valeur donne-t-on aux décisions de justice, et donc à la justice elle-même, si celles-ci sont foulées au pied de façon systématique ? A cela s’ajoute très probablement chez les victimes l’impression d’être flouées, trompées par le système. En réduisant la peine de leur agresseur dans le fond, ne remet-on pas en cause le niveau de leur souffrance ?

 

Ces arguments ont une pertinence indéniable. Mais leur grand défaut c’est qu’ils ne sont bons que jusqu’à ce que  la porte du tribunal se referme après la condamnation prononcée. Ils oublient que les choses ne s’arrêtent pas là. Après la peine doit être purgée. Et à partir de là l’application stricte de la fixité de la peine me semble montrer plusieurs défauts.

 

D'abord, la logique de réduction possible de la peine pour bonne conduite est un facteur d’apaisement qui rend la vie carcérale plus « acceptable », à la fois pour les détenus et pour les gardiens. Si les détenus savent qu’un bon comportement ne peut rien leur apporter, quelle motivation peut être la leur pour se conduire convenablement ? Sans cette carotte, on peut parier que les prisons seraient infernales à gérer.

 

Et surtout, cette perspective constitue un espoir, et cet espoir est à mon sens très important pour une raison fondamentale: il préserve la nature d’homme chez les détenus. Qu’est-ce qu’un détenu ? Que reste-t-il de l’homme chez celui qui a été condamné par sa société, par ses semblables ? La condamnation le stigmatise pour des défauts avérés qui sont, au moins en partie, une négation de sa nature humaine. Un assassin, lorsqu’il planifie puis exécute son forfait, se comporte en monstre, au mépris de ce qui fait de lui un homme. Fondamentalement, c’est ça le message de la condamnation. Mais aussi monstrueux soit son acte, l’individu n’en reste pas moins un homme. Cela rappelle un peu qu’il n’est pas ce qu’il fait. Le fait qu’une société se propose de donner ce message à ses détenus montre qu’elle se fonde par principe sur des valeurs humaines fortes.

 

2. La fonction de la prison est-elle punitive ou éducative ? Dans quelle mesure peut-elle être éducative ?
Disons les choses clairement. Si l’on assigne à la prison une fonction exclusivement punitive, alors c’est que notre processus relève du principe de vengeance. Et quelle peut bien être l’utilité de la vengeance pour la justice d’un pays, si ce n’est éventuellement la catharsis qu’elle permettrait ? Il me semble que la fonction punitive n’est donc acceptable que dans la mesure où on lui reconnaît une dimension éducative. A l’école, quand on a fait une bêtise, par exemple en parlant à son voisin au lieu d’écouter le professeur, on se fait punir. Mais cette punition à pour but de faire prendre conscience de la faute commise et de la mesure de cette faute. Plus la faute est grande, plus il y a de lignes à recopier. C’est cette intention mise dans la punition qui la rend « efficace ». Si elle ne porte pas en elle cette dimension, alors elle ne crée que des rancoeurs supplémentaires, et donc elle engendre une situation encore plus risquée.

 

Le problème qui se pose concernant les peines de prison est qu’il est difficile d’entrevoir en quoi la privation de liberté et l’humiliation d’être privé de sa nature d’homme peut être éducatif. La prison porte en elle une limite intrinsèque par le traumatisme qu’elle représente. Dans un monde idéal, il faudrait être en mesure de « soigner » les criminels afin de s’assurer qu’ils ne répètent pas leurs crimes. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Et nous ne sommes pas capables aujourd’hui de « soigner » tous les dysfonctionnements qui peuvent amener un homme à se mettre hors-la-loi. L’écartement de ceux-ci apparaît donc comme une solution, entre d’autres. Je crois pour ma part, que cette punition permet en partie, et peut-être souvent, de faire prendre conscience aux condamnés la mesure de leur faute, et donc que ce seul enfermement les éduque en partie. On peut également ajouter le fait que la plupart des pensionnaires de prison ont sans doute peu envie d’en refaire l’expérience. Et comment l’éviter ? En se mettant en conformité avec les règles de la société. N’est-ce pas là aussi un élément « éducatif « ?

 

3. La peine à perpétuité, même dans la mesure où elle peut-être réduite, n’est-elle pas plus cruelle et moins hypocrite que la peine de mort et, partant (mon ajout au débat), cette dernière ne serait-elle pas plus souhaitable ?

C’est le point du débat le plus important à mes yeux.
Sur quoi s’appuierait cet opinion? D’abord sur la cruauté, très réelle, de la peine à perpétuité. Lucien léger est resté 41 ans en prison. C’est une forme de violence exceptionnelle que l’administration judiciaire a exercé contre lui. Que peut-il rester d’un homme après qu’il a passé si longtemps en prison ? Un autre argument est avancé, très intéressant, qui relève l’hypocrisie qu’il peut y avoir à condamner à perpétuité afin de ne pas se donner la mauvaise conscience d’avoir tuer un homme, sans pour autant lui offrir une condition plus enviable que la mort. Je serais pour ma part presque d’accord avec cet argument si la peine de perpétuité était réelle et que, comme certains le suggèrent, les condamnés à perpétuité mourraient effectivement en prison.

 

Mais je ne le suis pas. Outre certains arguments pragmatiques, comme le fait que la peine de prison, notamment de perpétuité, est réversible, ce que n’est évidemment pas la peine de mort, je trouve principalement à cela une raison absolument fondamentale, de principe, que je vais tenter d’exposer le plus précisément possible.
J’ai des lectures un peu réduites, mais certaines me fournissent déjà beaucoup d’éléments de réflexions, et je les utilise donc de façon un peu récurrentes. On m’excusera donc de citer à nouveau les Fondements de la métaphysique des mœurs de kant. Je cite un passage de la deuxième section de ce livre : « L’homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ses actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d’autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme fin »[…] « Ainsi je ne puis disposer en rien de l’homme en ma personne, soit pour le mutiler, soit pour l’endommager, soit pour le tuer ».

 

L’homme est une fin en soi. Voilà une notion qui, si elle était plus présente à l’esprit des gens, permettrait d’améliorer bien des choses. Elle permet entre autre de comprendre que, par principe, la peine de mort est inacceptable. Car elle pose la valeur d’une vie humaine comme relative. Ce qu’elle n’est pas, en aucun cas, même pour ce qui concerne les pires criminels. Il n’y a pas de hiérarchie dans la valeur de la vie des hommes. Ce qui peut être hiérarchisé ce sont éventuellement les actions de ceux-ci, mais en aucun cas leurs vies qui ont toutes une valeur identiquement respectable et qu’il convient de défendre avec la plus grande conviction.

 

Il y a une chose que les partisans de la peine de mort oublient (aux rangs desquels je ne range pas les débatteurs chez Paxatagore, je déborde un peu ici de la question qui était discutée chez lui). Si l’on pose comme principe acceptable qu’on peut ôter la vie d’un homme par voie de justice en condamnation d’un acte criminel de sa part, fondamentalement on envoie à tous les hommes le message que leur propre vie a elle aussi une valeur toute relative, que d’une certaine manière on ne peut pas lui rattacher de dignité puisqu’on peut opposer à sa valeur un « prix » qui serait le calme social (la dignité, toujours selon kant, étant ce à quoi on ne peut pas opposer d’équivalent, comme un prix). Dans La liste de Schindler, le film de Spielberg, on entend une phrase extraite du Talmud : « tout homme qui sauve une vie, sauve l’humanité toute entière ».Mais il y est aussi écrit : « Tout homme qui tue une vie, tue l’humanité toute entière ». C’est exactement ça. Une société qui accepte de tuer pour le « bien social » se tue elle-même. Elle se dit à elle-même qu’elle n’est pas pourvue de dignité.

 

Et pour ma part, pour clore cette dernière question, je dirais que ma surprise serait très grande si, questionnés sur la possibilité de choisir entre la prison à perpétuité, fut-ce avec une peine réelle, et la mort, les condamnés étaient nombreux à choisir la mort. Je suis absolument certain qu’on ne trouverait que quelques très rares exceptions qui demandent à être exécutés.

 

Add: je m'aperçois ce matin que le simple lien que j'avais mis vers le billet de Paxatagore s'est transformé en trackback chez lui. Ne me demandez pas comment, je n'en ai aucune idée! J'avais souhaité ne faire qu'un simple lien pour ne pas me faire une publicité que je juge un peu imméritée, si certains lecteurs ont le même sentiment, qu'ils m'en excusent donc.

06/10/2005

Ac(c)ro

 

 

Tricote tricote lierre d’antan.

Enlace les troncs, tortue sur les toits,

Mêle tes grappins têtus. Et patient,

Porte la sève morte à tous tes doigts,

Scellant l’oeuvre de celui qu’on n’entend.