15/03/2007
Bayrou, Ségo, Sarko, et le perroquet
Il y a quelques jours, voter à gauche a produit un article assez rigolo au sujet des stratégies de vote pouvant être choisies par les électeurs. Cela fait en effet déjà quelques temps que certains électeurs naturels de la gauche envisagent plutôt de voter Bayrou que Royal au premier tour, parce que les sondages récents indiquent que le béarnais aurait plus de chance que la poitevine à remporter la palme au second tour.
Mais hop, les stratégies de ce type n'ayant aucune limite, il se pourrait que dans un savant jeu de billard à trois bandes, les électeurs naturels de Sarkozy votent plutôt Ségo que Nico au premier tour, afin d’être sûr que le second l'emporte face à la première. Evidemment on voit mal pourquoi s'arrêter en si bon chemin, et partis comme ça, pourquoi ne pas imaginer que, sachant que Bayrou gagnerait au second tour (toujours selon quelques récents sondages), ainsi que sarkozy (pour la même raison), les ségolistes appellent à voter en masse pour Marie-Georges ou Olivier, en espérant regrouper dans le même logique tous ceux qui souhaitent faire barrage à Sarkozy, et l’emporter au second tour face à un adversaire sans grande envergure ?
Ou comme le dirait notre défunt Louis, on pourrait aussi faire démissionner la vieille, demander au roi d'épouser le perroquet, le faire ensuite cocu par un moineau, le roi divorce, on épouse le perroquet, et nous voilà reine! Qu'est-ce que vous en pensez? (bon la citation est approximative, ok, mais l'esprit est proche, non?)
Donc bref, tout ça pour dire que les charmantes "pensées profondes" des stratèges en ci et ça pour nous expliquer pourquoi il faut toujours viser d’abord la bande pour espérer toucher la boule, moi je vous avoue, au risque de paraître naïf, que je n'en suis pas fan. Et qu'accessoirement, j'ose penser que si de tels procédés sont nécessaires, c'est qu'on a comme un problème avec notre système politique.
Ca me fait penser aux stratégies, assez similaires, qui étaient avancées parfois par les tenants du oui au referendum constitutionnel de 2005 (mince, le sujet à ne pas aborder), où l'on expliquait que si on votait non, alors on allait avoir Nice, et que comme Nice c'était pire, et bien il ne fallait pas voter non. Evidemment, je ne nie pas que ce raisonnement est cohérent, mais là où il me dérange profondément, c'est que procéder de cette façon c’est témoigner du problème d'offre que l'échéance propose, et faire simultanément mine d'ignorer ce problème.
Aujourd'hui, le vote Bayrou me semble assez similaire: il cristallise autour de lui une part importante de mécontent des deux grands partis, qui trouvent en Bayrou un choix qu'ils jugent suffisamment nouveau pour constituer une sorte de rébellion, et en même temps qui offre l'avantage de n'avoir pas le goût de souffre du vote Le Pen. Il montre donc, qu'il existe un vrai problème d'offre tant du côté de l'UMP que du côté du PS.
Et pour ma part, j’ai beau comprendre que la politique ne soit pas le domaine des idéaux tout roses, j’ai vraiment du mal à accepter que dans une démocratie, enfin, même si celle-ci reste terriblement jeune et immature, on reproche aux uns et aux autres de voter simplement en fonction de leurs envies (je n’écris pas conviction à cause de mon billet précédent, mais j’ai été tenté). Il faut tout de même bien le comprendre, une bonne fois pour toute : si le problème de l’offre politique « standard » est tel qu’il doit pousser les uns et les autres à réfléchir de façon aussi stratégique et alambiqué, c’est que nous ne sommes vraiment pas dans une démocratie adulte et sereine, mais qu’on en n’a qu’un ersatz.
Ou pour présenter les choses autrement, si Bayrou n’avait pas été propulsé troisième homme par les sondages, que ce rôle fut échu, une fois de plus, à Le Pen, qu’alors la question du vote utile fut sur toutes les lèvres, et que la réponse apportée fut d’effectivement « voter utile », et bien cela aurait déjà constitué une défaite pour les démocrates.
Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur ma position, je ne sais pas du tout si je vais voter pour Bayrou au premier tour, ou pour un autre. Mais cessons de mettre une épée de Damoclès au-dessus de la tête de personnes qui ne font rien d’autres par leur vote que leur devoir de simples citoyens, et qui ont le droit de préférer tel candidat à tel autre, et de le faire savoir par leur bulletin. Ne pas respecter cela, c’est faire bien peu de cas de l’expression de ces personnes, et ce n’est donc pas précisément se montrer démocrate.
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27/02/2007
Un ou deux trucs sur la récente enquête de l'IFOP
Comme le disait Le Monolècte récemment avec justesse, le premier parti de France reste aujourd'hui encore, et c'est bien navrant, l'abstentionnisme. C'est en tout cas ce qui ressortait clairement des résultats du premier tour lors de la dernière élection présidentielle. J'ai repensé à cette information lorsque j'ai lu la dernière enquête de l'IFOP qui témoignait entre autres choses de la montée en puissance du candidat Bayrou dans les intentions de vote.
Evidemment, je prends tout ça un peu en retard, mais après tout c'est déjà une habitude bien ancrée ici, et puis je peux faire chic en disant que j'ai ainsi pris le temps de prendre du recul face aux chiffres présentés.
L'info principale de ladite enquête donc, c'est que Bayrou, l'emporterait tant face à Royal que face à Sarkozy s'il était présent au second tour de l'élection. Ce résultat constitue tout de même une vraie surprise lorsqu'on constate simultanément qu'au premier tour, le même Bayrou serait devancé de 10 points ou plus par les deux mêmes candidats. Il me semble que l'on peut tirer quelques informations intéressantes de cet apparent paradoxe. Et même si je suis en retard sur ce coup, et qu'on ne m'attend franchement pas sur ce terrain, hop, je les tire.
Tout d'abord, on sait que le premier tour est celui de l'adhésion. C'est-à-dire celui où les électeurs se positionnent vers le candidat qui répond réellement de la façon la plus proche à leurs aspirations. Le deuxième rempli moins cette fonction et constitue plus un choix par défaut. C'est là où réside pour moi la véritable information des chiffres de l'IFOP. Bayrou ne réunit pas un nombre de votes d'adhésion suffisants pour prétendre au deuxième tour, et pourtant il l'emporterait dans toutes les configurations s'il y était. Le second tour ne serait donc pas pour Bayrou non plus un vote d'adhésion. Mais il serait bel et bien un vote de rejet de l'autre candidat.
Ce résultat montre que les personnes qui feraient alors pencher la balance en faveur de Bayrou sont clairement dans une stratégie d'opposition au candidat "mainstream" opposé, plus que dans une stratégie d'adhésion au leur. Ce qui n'est guère réjouissant et montre encore une fois, s'il était besoin, qu'il existe une vraie désaffection des personnes envers la politique telle qu'elle est menée dans notre pays. L'enquête du CEVIPOF de l'an dernier avait montré cela de façon très cru puisque 2/3 des personnes interrogées disaient alors leur divorce avec les deux grands partis. Cela conforte à mon avis le fait que leur position n'est pas une adhésion à celui pour lequel ils se déclarent favorables mais plus un rejet de celui d'en face.
Il me semble aussi que l'écart fort que l'on constate au premier tour entre Bayrou et les autres est dû pour une part significative à l'application du vote utile par une certaine frange d'électeurs: celle qui ne défend pas de façon militante l'un ou l'autre, et est encore sujette à un changement d'humeur, celle donc, qui au final décide du résultat de l'élection.
Les chiffres de l'enquête IFOP montrent visiblement que sur l'ensemble des personnes se prononçant, la grande majorité entend établir son choix sans prendre en compte le vote utile. Mais il me semble qu'une lecture fine indique que cette majorité est principalement constituée des électeurs ayant déjà fait un choix définitif de candidat, et que ceux qui restent en partie indécis, sont eux plus prêt à utiliser le vote utile. Ce qui signifie in fine que le vote utile aura bien un impact important sur cette élection.
C'est probablement là que se situe la limite des chances de Bayrou, et en passant également de Le Pen, puisqu’ils vont bien devoir affronter l'obstacle de ce vote utile s'ils veulent être au deuxième tour.
Et pour en finir là dessus, je ne crois pas du tout à la présence de Le Pen au second tour cette année. Mais dans le fond, savoir qu'il fera encore un score d'environ 15%, même si cela est insuffisant pour créer un nouveau séisme, suffit déjà bien assez à m'assombrir.
aaah, ben nous voilà plus avancés là. On dit merci qui?
23:00 Publié dans Un peu d'actualité et de politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
14/02/2007
Deuxième tonte
Du côté des candidats d’abord, les choses sont plutôt décevantes. Ségolène Royal ne m’enchante guère, même si je dois reconnaître que je suis plutôt porté à voter à gauche. Je trouve qu’elle a trop tardé à apporter du fond à sa démarche, qu’elle a trop cherché à surfer sur la vague de l’image. Il y avait bien quelques souffles dans son discours de dimanche dernier, mais enfin j’en suis sorti sans vraiment savoir clairement où elle comptait aller. On trouvera peut-être la formule un peu méprisante, mais j’ai trouvé que ça faisait un peu programme de ménagère : un peu de sel par ci, un peu de laurier par là. Pas trop d’idée directrice, et donc un peu creux.
Sarkozy n’est pas franchement meilleur à mes yeux (sans doute en partie parce que comme je l’ai dit je suis plutôt naturellement tourné vers la gauche de l’échiquier politique). Il parvient au même sentiment de vide, mais avec des moyens inverses : la profusion de prises de position et de proposition, qui donne tellement l’image d’un package intenable et irréalisable qu’il s’effondre de lui-même. Il me semble être constamment dans la surenchère, il joue trop au monsieur plus. Bien sûr c’est le jeu de toute élection, mais qu’on ne me demande pas d’y croire.
Bayrou, bof aussi. Il a quelques idées c’est vrai, et peut-être plus de sincérité que les deux autres, absence de pouvoir et d’espoir de pouvoir oblige. Mais à trop jouer la carte du perdant magnifique, il se rend un peu inaudible. Je ne parle pas des extrêmes en sûr, ni des petits candidats qui dans le fond sont surtout là pour jouer le rôle d’apporteurs d’idées plus que pour se faire élire. Donc vous voyez, au final, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Et puis (il y a Frida ?), ce qui me désole le plus dans le fond, ce sont les militants. Je sais, je sais, être militant, c’est donner de son temps pour une cause en laquelle on croit, c’est avoir des convictions et les défendre en donnant son sel à la démocratie. Et blablabla. Mais être militant, c’est aussi choisir un camp, s’y assimiler, se mettre en jeu soi-même, et donc se fermer les portes, naturellement ajouterais-je, au reste. C’est cadenasser son positionnement. Pour moi c’est très clair, je n’irai pas former mon opinion sur les blogs militants, car je sais qu’ils ne sont pas capables d’être vraiment honnêtes dans leur présentation des choses. Quasiment par principe. Sinon ils ne seraient pas militants.
Vous dirais-je maintenant, qui sont les moutons ? Qui cherche à tout prix à se trouver un surfer d’argent, un champion magnifique, incarnant à la fois leurs prétendues valeurs et leur désir de soumission à l’être supérieur ? (ok j'en rajoute, je me défoule un peu que voulez-vous)
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22/01/2007
Peine crispée
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Nicolas Hulot n'en sera pas
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13/01/2007
Campagne au pathos
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08/01/2007
Les règles du débat
En ce début d’année électorale, et malgré le peu d’illusion que je me fais des chances que ma présente démarche exerce une quelconque influence sur le déroulement des choses, je voudrais proposer un petit rappel sur ce que sont, à mon avis, les règles de base d’un débat. Au moins je l’aurai dit, et pourrai, à l’occasion, renvoyer les contrevenants à la bienséance à cette lecture.
La règle principale du débat, à mon sens, celle qui absolument nécessaire, même si elle n’est pas suffisante, pour le rendre possible, c’est qu’un débat ne doit à aucun moment tomber dans des considérations ad hominem. Dés qu’il quitte le terrain des arguments, pour se porter sur celui des évaluations de personnes, le débat n’existe plus, il disparaît. Bien souvent même, les chances pour qu’il réapparaisse, avec les mêmes intervenants, sont minces.
Le fond de cette règle, c’est celui auquel je renvoie désormais assez fréquemment, parce qu’il est une des bases les plus solides et les plus saines de nos comportements : nous ne sommes pas ce que nous faisons ni ce que nous avons (lien être faire et avoir). En particulier nous ne sommes pas ce que nous écrivons ou ce que nous disons. Le débat, donc, ne peut tomber dans les remarques personnelles sous peine de s’engager dans des errements aussi inutiles qu’infondés.
Je n’ignore pas pourtant que se tenir à cette règle, que je crois donc fondamentale, relève d’un effort très important. Pour une raison très simple, et qui explique en passant que les procédés d’attaques ad hominem comptent autant de disciples : ceux-ci permettent d’établir une dominance. J’ai déjà assez montré, en m’appuyant sur les travaux de Laborit, combien cette recherche relevait d’un processus naturel, et donc quasiment universel. Que son dépassement nous soit difficile est donc une évidence.
J’en vois déjà qui s’agacent de cette nouvelle référence à Laborit, et sur son concept qui remet le plus fortement en cause les grandes idées que nous aimerions pouvoir continuer de nous faire tranquillement sur nous-mêmes. Que ceux-là me disent alors, ce qui peut bien intervenir d’autres que le désir de dominance, lorsqu’on lance des attaques personnelles en fait d’arguments.
Je profite d’ailleurs de cette remarque pour faire un nouveau petit aparté sur le langage. On a vu déjà, que le langage, parce qu’il s’est incroyablement complexifié au fil des siècles, camoufle désormais une part importante des causes pour lesquelles il agit. Et qu’aujourd’hui, du moins est-ce le cas dans les sociétés développées et dites « modernes », il est l’outil le plus important du pouvoir. Ceux en effet qui possède la maîtrise de l’abstraction et de la rhétorique, sont aujourd’hui les dominants. Il n’est donc pas étonnant que les comportements de recherche de dominance interviennent aussi fréquemment dans un débat où s’affrontent la rhétorique des uns à celle des autres.
Pour en terminer avec des indications un peu moins théoriques, voici quatre points qui me semblent devoir être gardés à l’esprit lorsque l’on entend débattre avec quelqu’un :
- Refuser, pour soi, et en provenance des autres, tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l’agressivité ou à des menaces. Les attaques physiques bien sûr, mais également les insultes, sont absolument à proscrire. Elles ne sont acceptables dans aucun cas. De même que les comportements menaçants. Qu’il soit définitivement dit que je ne les accepterai jamais sur mon blog, même si elles venaient de quelque illustre blogueur qui perdrait momentanément les pédales. Et que tout commentaire qui s’y apparenterait sera systématiquement supprimé. Je note toutefois que ma faible notoriété m’expose peu à ce type de dérive. Et que mes rares commentateurs montrent au contraire une tenue dans leurs discussions dont je les remercie.
- Refuser, pour soi, et en provenance des autres, tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la moquerie, à des sarcasmes et à des persiflages prétentieux. Ils sont la plus pure expression de la recherche de dominance. C’est peu de dire que je les trouve ridicules et méprisables. Parce que ceux qui en usent ne se rendent même pas compte que ceux-ci leur servent plus à justifier leurs propres actions et donc leurs propres désirs que leurs arguments. Ils me font ainsi l’effet d’aveugles dressés fièrement sur leur rocher, et clamant avec un rictus en coin avoir une meilleure vue que quiconque à la ronde.
- Essayer, autant que possible, même si c’est là également un difficile exercice, d’abandonner sa carte, ou au moins d’entrer dans le débat en étant conscient que sa carte n’est pas le territoire, que notre représentation de la réalité n’est pas la réalité, mais seulement la représentation que nous-mêmes nous en faisons, et que cette représentation est très probablement différente chez les autres débatteurs. C’est cela qui permet de réellement écouter.
- Savoir se taire. Penser à toutes les fois où l’on s’est senti frustré d’être coupé alors que nous parlions ; songer à toutes ces autres où nous avons vu notre vis-à-vis n’avoir fait qu’attendre son tour pour enfin nous asséner sa vérité, sans avoir le moins du monde pris en compte ce que nous avions pu dire. S’appliquer à soi-même les conseils que nous voulions lui donner.
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30/11/2006
De la juste utilité du vote blanc
[note un peu remaniée pour corriger quelques coquilles]
Découvert hier soir lors de la 4ème république des blogs : le parti blanc, et son représentant, Mehdi, avec qui j’ai pu discuter quelques instants, ainsi qu’avec l’ami Hugues.
Pour ma part l’initiative de ce groupe me plaît pas mal, car comme beaucoup d’autres, je regrette que les votes blancs ne soient pas comptabilisés lors des différents votes qui ont lieu. Cela donne une image un peu faussée des résultats sortant des urnes, et surtout, cela fait proprement disparaître des dizaines de milliers d’électeurs, qui manifestent par ce vote leur insatisfaction devant le choix qui leur est proposé.
C’est d’ailleurs d’autant plus regrettable que les personnes qui votent blancs, contrairement aux abstentionnistes, manifestent leur intérêt pour la chose publique et montrent par leur démarche qu’ils ont un vrai sens civique. Une démocratie qui déconsidère ces personnes là se tire un peu une balle dans le pied, non ?
Mais en revanche, le « programme » proposé par le parti blanc me semble un peu étrange et pour tout dire assez hors sujet. Pour moi la seule bataille qu’ils ont à livrer c’est celle de la reconnaissance et du comptage des votes blancs. C’est déjà pas mal, mais ça s’arrête là.
Dans son introduction, et Mehdi a d’ailleurs fortement plaidé hier soir en ce sens, le parti blanc se donne pour mission de rétablir la confiance entre les citoyens et la classe politique. Et, prétend-il, cette confiance viendra lorsque les votes blancs seront comptabilisés. Là, je dois dire que je ne comprends pas la logique.
Je crois que l’argument qui serait présenté par le parti blanc pour justifier cette idée, c’est que lorsque les votes blancs seront comptabilisés, on pourra établir une règle disant qu’à partir d’un certain niveau de ceux-ci, le vote qui a eu lieu devra être reconnu comme nul. Et là s’engagerait une procédure de dialogue pour que les personnes qui ont voté blanc indiquent les raisons de leur choix. Et donc on aboutirait à une nouvelle offre politique lors d’un vote ultérieur.
Il y a à mon avis plusieurs erreurs dans ce raisonnement. D’abord, je serais surpris que le pourcentage de vote blanc dépasse fréquemment un plafond raisonnable pour annuler des élections. Leur niveau a été indiqué une ou deux fois, grâce à des sondages, lorsqu’ils semblaient particulièrement élevés : ils ne dépassaient pas les 5%. On comprend bien que c’est très insuffisant pour annuler quelque élection que ce soit.
Ensuite, parce que je serais encore plus surpris que l’on puisse trouver une véritable unité dans la démarche des votes blancs, si ce n’est celle d’avoir voté blanc. Les raisons de ce type de vote sont naturellement très diverses, et leur réconciliation serait à mon avis bien difficile.
Et puis surtout, je trouve que cet un outil plutôt inefficace pour arriver à la fin, louable, que le parti blanc entend lui donner. Car tout de même, il existe d’autres façons, plus directe, pour réconcilier les gens avec la politique non ? Et le dialogue qu’on instaurerait après une annulation d’un vote, pourquoi on ne le fait pas avant ? Ce n’est pas parce qu’on va comptabiliser les votes blancs qu’on va réduire l’incompréhension qu’ont les gens de la politique ni les votes de sanctions.
Pour cela, il y a des démarches plus efficaces, de communication plus transparente des partis politiques, de participation plus facile des gens à la constitution des programmes, d’instauration de débats, que ce soit dans un espace public bien défini (les communes organisent souvent des débats dans les salles qu’elles ont à leur disposition), ou chez soi, via Internet et les blogs par exemple.
Et surtout, surtout, il y a la nécessaire implication de chacune et de chacun pour découvrir soi-même quelles sont les propositions des uns et des autres. Je l’avais déjà dis dans mon billet de synthèse sur le TCE (n’allez pas relire ça malheureux, c’est affreusement long, je ne l’indique que pour faire chic), on ne peut pas pester contre l’incompréhension que l’on a de telle ou telle position politique et de tel ou tel texte, si l’on ne fait pas déjà soi-même l’effort de s’informer et d’analyser les choses. C’est bien cela la démocratie, la responsabilité de chacun de la faire vivre en se donnant le maximum de chances de faire des choix éclairés. Et on ne peut pas attendre toujours que cet éclaircissement vienne des autres. Les politiques ont un devoir d’effort pour rendre leur démarche plus transparente. Les personnes qui se prétendent citoyennes ont un devoir d’effort pour s’informer de ces démarches.
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16/11/2006
Mon opinion sur le premier tour au PS
On ne me l’a pas demandé, donc comme c’est d’usage dans une telle situation, je vais donner mon avis sur le premier tour du vote des militants socialistes qui les invite à désigner leur champion. Comme il est d’usage sur ce blog, je commente tout cela un peu tard, mais bon. J’ai mon verre en main, le bistrotier semble d’accord pour me laisser sa dernière bouteille de Cognac, donc allons-y.
D’abord je dois dire que je trouve que la démarche adoptée par le parti socialiste pour désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle est plutôt positive. Le principe d’une primaire me plaît bien car elle donne une meilleure clarté et une meilleure transparence sur la démarche suivie par le PS, ce que la tenue des débats a encore renforcé. Evidemment on pourrait gloser des heures pour savoir si les débats, dont le fonctionnement amène naturellement à soulever des divergences parfois importantes, n’ont pas contribué à affaiblir dès le départ la position du candidat qui sera au final choisi. Mais si l’on accepte ce raisonnement, et que l’on craint un affaiblissement trop fort de nos différents favoris, alors il faut tout de suite cesser de débattre de quoi que ce soit et aussi oublier tout principe de vote dans nos élection. Ce n’est pas tant le problème de la qualité de nos candidats que cela poserait, mais bien plus celle de notre profondeur politique, à nous qui sommes appelés à voter.
D’ailleurs dans le fond, ces débats n’auront pas été bouleversifiants d’agressivité. Ils ont bien comporté leur lot de piques et de petites phrases vinaigrées, mais rien de vraiment regrettable, et la tenue de tout cela aura été à mon avis très correcte. En tout cas il n’y a là rien qui pourrait être insurmontable lorsqu’il sera question pour les uns et les autres de se rallier au choix des militants en abandonnant leur champion sur son strapontin.
Maintenant les candidats
Fabius
Franchement pour moi c’est le plus mauvais choix. Fabius ne m’inspire absolument aucune confiance, et je ne lui trouve aucune stature de chef d’état. Aucune confiance d’abord, parce que Fabius me fait l’impression du type qui s’est réveillé un jour en se disant : « je vais faire comme les autres, je vais être hypocrite et démago, il n’y a que ça qui marche », mais qui ne sait pas vraiment faire. Du coup il me semble toujours être en porte-à-faux, double. J’ai systématiquement le sentiment en l’écoutant qu’il n’est pas franc du collier, qu’il en cache la moitié, et qu’il n’a suivi que la moitié de ses cours du « sourire pour les nuls », ce qui expliquerait qu’ils soient toujours faits en décalage avec ses propos.
Et puis, c’est un détail, mais qui m’a vraiment agacé, il y a sa proposition sur le SMIC à 1500 euros. Je ne suis pas opposé, bien au contraire, à réfléchir aux moyens d’améliorer les conditions de vie des gens à faibles salaires. Mais présenter une telle mesurette, comme un mantra majeur de son programme, est à mon avis une stupidité. L’augmentation des minima sociaux ne peut à mon avis pas être une mesure majeure, elle ne peut être qu’une mesure de correction, à vocation temporaire. Parce que l’objectif final que doit se donner une économie, n’est pas d’augmenter les minimas sociaux, mais bien de faire sortir le maximum de personnes de la nécessité de ces minimas. Que ces minimas existent est à mon avis une bonne chose, mais se focaliser dessus montre une erreur de perspective majeure, et une vision politique à très courte vue.
Royal
Je me souviens qu’avant que Ségolène Royal n’occupe le devant de la scène politique, ou plutôt des sondages hebdomadaires dans la presse qui n’a rien à dire, eviv avait annoncé sur un blog, je crois que c’était chez versac, que le PS s’apprêtait à mettre la belle du Poitou en première ligne. Sur le moment je n’avais accordé aucun crédit à cette information, tant Ségolène Royal m’apparaissait n’être qu’un second couteau de la famille socialiste, incapable de soulevé les foules. Mais quelques semaines seulement après l’annonce d’eviv, Ségolène occupait tous les médias, et semblait intouchable par les éléphants.
Je suis assez partagé la concernant. D’un côté, et à ce sujet on me trouvera probablement naïf et creux, mais en fait je trouve que le fait qu’elle soit une femme est un point positif. J’aime bien l’idée que mon prochain président soit une femme. Je trouve que ça aurait une certaine gueule, notamment à l’étranger, et puis, ce n’est peut-être qu’une apparence, mais tout de même pas si stupide que ça pour juger de l’ouverture d’esprit d’un peuple et de son niveau de démocratie. Evidemment ça ne constitue pas un argument en soi, mais enfin moi ça me plairait.
Mais d’un autre côté, je dois dire que je n’ai guère été convaincu par ses différentes interventions, et que comme à beaucoup d’autres, elle m’a laissé jusqu’ici une impression de flou, comme si elle ne faisait que survoler les sujets sans vraiment les connaître ni être capable de proposer autre choses que quelques formules de consultant pour les appréhender. Je ne la sens pas compétente pour traiter concrètement les problèmes à venir. Cependant, je crois bon d’ajouter quelque chose sur ce point de la crédibilité qu’on lui accorde. Nous sommes en France très habitués à un discours politique tenu par des hommes. Les femmes commencent certes à occuper une place grandissante dans les débats et les décisions, mais tout de même, les grandes figures des gouvernements que nous avons connu ces dernières décennies sont très majoritairement des hommes, et lorsqu’on évoque ceux qu’on aime à décrire comme des grands hommes, il n’y a pas de noms féminins qui soient évoqués. Les femmes politiques se sont intégrées à ce moule masculin, elles ont calqué leurs discours sur le mode d’expression des hommes. C’était leur seule façon d’exister politiquement. Mais il reste à certaines d’entre elle, et on ne peut que s’en réjouir, un mode d’expression qui n’est pas encore totalement formaté aux automatismes dont nous avons désormais l’habitude. Dès lors, et c’est bien normal, elles surprennent, elles décontenancent et donc elles suscitent la méfiance. Peut-être est-ce à nous de nous ouvrir à un nouveau type de discours ? Je ne dis pas que Ségolène Royal soit la meilleure représentante de ce que pourrait être un discours politique féminin, en fait je n’en sais rien, mais je me méfie de ma propre tendance à l’aveuglement face à une chose à laquelle je sais ne pas être habitué.
DSK
C’est mon candidat préféré. Le plus brillant intellectuellement, le plus didactique lorsqu’il s’exprime en public, le plus apte à avoir une vision claire et à la faire partager. Et à mon avis le plus fort dans l’exercice du débat politique, en particulier en face à face. On l’a déjà vu étriller Sarkozy, je ne doute pas qu’il soit capable de rééditer le même type de performance, même si le ministre de l’intérieur se sera très probablement très bien préparé pour les débats de la campagne officielle.
Mais DSK souffre à mon avis d’un défaut mortel à ce niveau : il n’a pas l’image d’un chef d’état. DSK c’est le bon opérationnel, le type de bureau travailleur qui résout les problèmes et qui sait ne pas sacrifier l’efficacité à l’idéologie. Mais voilà, il n’a pas la stature nécessaire pour accéder à la marche supérieure, et on l’imagine mal enfiler le collant du surfeur d’argent. Malheureusement pour lui, en France c’est d’abord ça que les électeurs attendent d’un candidat. Malheureusement aussi pour nous. Car peut-être le véritable changement serait-il d’accepter enfin un bonhomme qui ne casse pas la baraque par des déclarations fracassantes, mais qui n’en applique pas moins un vrai programme, modeste mais cohérent, qui donne quelques résultats tangibles, quitte à oublier nos rêves de danse du feu autour de la Bastille.
Je dois dire qu’au final aucun de ces trois candidat n’emporte réellement mon adhésion, en tout cas aucun ne soulève chez moi un grand enthousiasme. Et que je serais bien embêté au moment de glisser mon bulletin dans l’urne. Serais avec un s.
P.S : au fait, je pronostique des résultats plus serrés que prévu lors du premier tour, Ségolène Royal ne crevant pas les plafonds comme annoncé, DSK étant son second, et Fabius réalisant un score faible qui l’affaiblira beaucoup par la suite. Puis SR sera désignée au second tour.
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07/11/2006
24 heures contre la censure sur Internet
Je relaye l'information de la campagne lancée aujourd'hui par Reporter sans frontières contre la censure sur Internet.Un lira un bon billet concernant les détails de cette opération chez Versac.
Les blogs me semblent être un excellent endroit pour relayer ce type de démarche. Parce que précisément ce qui fait leur intérêt est l'ouverture au dialogue et au débat qu'ils permettent. C'est je crois l'intention principale que partagent les blogs de lieu-commun. Nous avons des opinions similaires sur certains sujets, différentes sur d'autres. Mais nous nous retrouvons toujours dans l'intention affichée de rester ouvert aux opinions contradictoires et d'admettre la remise en question. Evidemment, parfois c'est difficile.
On trouvera sans doute que ce petit commentaire que je fais est ridicule au regard de l'enjeu de la démarche de RSF. Ce qui est en cause ici ce sont des gens menacés ou emprisonnés pour leurs opinions, des pays où la liberté d'expression reste un horizon lointain. Mais que ferons-nous demain, après que soient terminées ces 24 heures? J'aurais posté mon billet tranquillou, obtenu quelques messages de soutien ou de remerciement, et puis zou.
On peut faire quoi concrètement, au quotidien, pour faire vivre ces idées? A notre niveau, en France, et malgré le bien vilain classement que nous donne RSF, nous avons la chance de ne pas vraiment souffrir de l'absence de liberté d'expression, que ce soit sur Internet ou ailleurs. On aura du mal à s'impliquer vraiment dans une action concrète qui aide à changer cette réalité. Mais elle existe pourquoi? Parce que certains hommes, qui ont le pouvoir, n'acceptent pas la remise en cause, la contestation, le défi.
Demandons-nous ce nous ferions nous-même avec notre propension à refuser le dialogue, si nous avions le pouvoir. Sommes-nous si sûrs que nous ne voudrions pas détourner celui-ci? Il n'est peut-être pas inutile, à notre petit niveau comme on dit, de réflechir avec un peu de sincérité sur ce problème, pour donner un peu plus de corps à ce type d'idées.
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