28/11/2006
Alain et le passé
En ce moment, je lis un petit bouquin du philosophe Alain (Emile Chartier en vrai, mais il a cédé aux sirènes d’un nom vachement plusse pipole), ça s’appelle Propos sur le bonheur. Emi… Alain d’ailleurs, à écrit vachement de propos. Des Propos sur la religion, des Propos sur l’éducation, des Propos sur l’esthétique, vraiment les propos, c’était son truc.
Et dans ma lecture métronale (oui, c’est un barbarisme, mais je compte le faire valider par l’académie française avant ce soir) de ce matin j’ai trouvé cette petite chose qui m’a bien plût :
"Compter sur le passé est justement aussi fou que se plaindre du passé"
Une petite saveur stoïcienne dans cette phrase je trouve (non, il n’y a pas de virgule quand Yoda m’habite). Vraiment j’aime bien ce type de réflexion. Vous vous souvenez de la remarque faites par un internaute en réponse à la question posée dans les forums Yahoo sur le stress ? Il indiquait qu’il séparait les événements en trois catégories : ceux qui étaient de son ressort et qui étaient importants, ceux qui étaient de son ressort mais qui n’étaient pas importants, et enfin ceux qui n’étaient pas de son ressort.
Et bien le passé, fait en quelque sorte partie de la troisième catégorie. On ne peut pas agir sur le passé, on ne peut pas le modifier. Le passé n’est pas de notre ressort. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’en inspirer, l’analyser. Cela ne veut pas dire non plus qu’on doit chercher à découdre tous les points d’influence qu’il exerce sur nous (si vous tentez d’ailleurs, bon courage). Mais simplement, qu’il faut le gérer pour ce qu’il est, et ne pas lui accorder, par la force de la représentation que nous nous en faisons (Alain dirait plutôt par notre imagination), une importance excessive.
Pour ma part je dois reconnaître que pendant de nombreuses années j’ai été un grand ruminant du passé. Je me souvenais de chaque douleur, et notamment de tous les torts qu’on me faisait, j’enregistrais tout, ne disais à peu près rien, mais chacun avait sa note. Un sacré piège c’était.
Alors désormais, même si cette évolution est lente, j’apprends à ne plus grossir le passé. Je lui laisse une petite pièce à lui dans mon cerveau, que j’essaie de maintenir au chaud, mais il ne va plus déranger ses colocataires aussi souvent qu’avant. Et il m’arrive même de plus en plus souvent, seulement quelques microsecondes après un événement désagréable, de faire un grand sourire et de me dire : "C’est le passé, out. Et maintenant ?"
Pourrais-je conseiller ce petit remède aux "débatteurs" (je mets entre guillemets, parce que je ne suis pas sûr qu'ils soient vraiment en train de débattre) qui s’empoignent actuellement chez Embruns ?
17:58 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
27/10/2006
Bloguer diminue le stress
Il y a quelques temps déjà, j’ai reçu un mail d’Edgar dans lequel, parmi d’autres sujets, il indiquait que le blog était un outil de gestion du stress. Je n’y ai pas vraiment fait attention sur le moment, mais à bien y réfléchir, je me demande s’il n’a pas trouvé là une des raisons du succès des blogs.
En effet, et c’est désormais un poncif de le dire, le blog permet une modification de comportement, notamment vis-à-vis de l’information. Les blogs qui traitent de l’actualité en particulier, permettent à ceux qui les écrivent de ne plus subir crûment l’information, mais de s’exprimer à son sujet, de faire sortir le ressenti qu’ils en ont. Dans cette mesure, le blog est un outil de catharsis, qui permet de mettre des mots sur les maux.
On peut comprendre ce mécanisme de façon plus fine encore grâce à Laborit. Je l’ai déjà évoqué dans certains billets plus anciens, lorsqu’une personne se retrouve en inhibition de l’action, sans moyen de lutter ou de fuir face à l’événement qui l’angoisse, cela devient vite source de stress et de déséquilibre pour la personne. Son corps réagit alors en diminuant notablement sa capacité de se défendre, ce qui peut résulter in fine par la maladie.
Pour sortir de l’inhibition de l’action, il faut donc être en mesure d’agir. C’est en agissant que bien souvent on peut diminuer le stress ressenti dans une situation donnée. Un exemple très simple pourra illustrer ceci : un soldat non expérimenté sera probablement stressé avant d’aller à son premier combat, notamment parce qu’il va expérimenter quelque chose qui reste encore inconnu pour lui. Mais dés qu’il sera dans le feu de l’action, son stress disparaîtra. Parce qu’il aura mobilisé ses facultés pour se rendre efficace, et que cette mobilisation, qui se traduira notamment par une poussée d’adrénaline dans le cerveau, va diminuer l’attention qu’il portait sur cette situation inconnue.
Un autre exemple clair est celui des examens, sujet sur lequel la littérature est aussi développée que l’inquiétude est répandue. J’ai entendu parfois autour de moi des étudiants demander ce qu’ils pouvaient faire pour diminuer leur stress, dans l’attente fiévreuse d’une formule magique qui ne se contenterait pas seulement de faire disparaître leur stress, mais leur assurerait aussi de réussir leurs examens. D’ailleurs, on peut, lors d’une relaxation, ou lors de toute démarche qui crée un état de conscience modifiée chez la personne, suggérer le succès, et ainsi le faciliter.
Mais quelle erreur de croire qu’un simple murmure de thérapeute peut résoudre ses équations et rédiger sa dissertation de philosophie à sa place ! En réalité, et en s’appuyant sur l’idée que l’action est la meilleure méthode pour diminuer son stress, le seul vrai bon conseil que l’on peut donner à un étudiant qui est stressé par ses examens, c’est de les préparer ! Il doit bosser, se rendre actif pour s’apporter lui-même la solution à son problème. Si son stress est tel qu’il n’arrive pas à se mettre à son travail, on peut certes l’aider autrement, mais s’il ne révise pas, le jour de l’examen il sera pétrifié. Et il se plantera.
Agir donc, et pourquoi pas sur le mode de la rédaction d’un blog, est effectivement un très bon moyen pour diminuer son stress. Les blogueurs d’actualités peuvent ainsi évacuer l’angoisse que peut générer en eux l’information, et mieux que ça même, cela peut leur permettre, parce qu’ils émettent des jugements de valeur sur les événements, qu’ils se positionnent en faveur de ceci ou de cela, de penser qu’ils agissent réellement pour modifier le cours des choses. Informer, analyser, relayer, prendre parti, c’est déjà agir pour que les choses changent pense-t-on. Probablement n’est-ce pas tout à fait faux, mais ne nous leurrons pas trop tout de même sur ce point. La différence d’efficacité est forte entre dire et faire.
(et là je stresse tout le monde)
15:16 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
21/08/2006
Yahoo! veut savoir comment éviter le stress
Yahoo nous demande comment faire pour éviter le stress de la vie.
Rentrant de deux semaines de vacances (non annoncées ici, mes problèmes informatiques n’étant toujours pas résolus), je redécouvre petit à petit l’univers Internetien et bloguien qui m’entoure (et que je n’étais pas fâché de quitter, je ne vous le cache pas, j’aime bien couper les habitudes). Et que vois-je en tombant sur le portail de Yahoo ! ce matin ? (hin, que vois-je ?). En gros, en haut, à gauche (non, je n’ai rien perdu de ma précision descriptive) une question sur le stress, visiblement posée par une internaute en proie au taraudement (taraudage ? taraudation ? hem bref ,ça la taraude quoi) : Comment faire pour éviter le stress de la vie ?
Evidemment attiré par le sujet, mon sang ne fait qu’un tour, et je me rue sur le clic gauche de ma souris, et puis finalement non, je me dis que le droit fera bien l’affaire, et qu’il m’offrira l’avantage d’avoir deux fenêtres Internet ouvertes pour le prix d’une, alors je vais pas me priver (misère, ça commence bien ce billet, avec des incises pareilles on n’est pas rendus). Evidemment (derechef), les courtes visites déjà faites sur les forums Yahoo ! m’ayant instruit de niveau de débat qu’on pouvait y trouver, je m’attends à des commentaires un peu bas de plafond. Et là, paf ! (non pas le chien), que nenni, y’en a des biens. Pas que, mais quand même y’en a. Suffisamment en tout cas pour me donner l’occasion de réveiller mon blog et pour vous en entretenir le temps de ce post, qui je vous préviens, s’annonce long, car je compte reprendre un certain nombre des commentaires y lus (y lus, waouh, c’est la grande forme !), les commenter chacun à leur tour, en les organisant en catégories, des plus intéressants aux moins conseillés.
Allons-y les amis, les garçons passent devant les filles, sinon va encore y avoir du chahut.
Les sages - Conseils à retenir et sur lesquels réfléchir !
« On ne peut pas l'éviter, mais on peut le gérer.
J'ai, pour des raisons de santé, dû un jour décider de mettre des priorités. Il y a plusieurs catégories de problèmes dans la vie: ceux qui sont suffisamment importants pour "mériter" mon stress, ceux qui ne sont pas suffisamment importants pour "mériter" mon stress, et ceux qui ne sont pas vraiment de mon ressort.
Je m'occupe des premiers (quitte a stresser) sans délai, je traite les seconds quand cela m'arrange et j'ignore les troisièmes.
De cette manière, je limite l'impact du stress sur ma santé. »
Mon avis : bravo ! En peu de mots, voilà l’essentiel résumé. D’abord il n’est pas question d’éviter le stress (ou alors je vous souhaite bonne chance), mais de le gérer. Et surtout quand on parvient à gérer les choses en posant des priorités, une très grande partie du chemin est faite. Je dois ajouter que j’éprouve un respect particulier pour ces personnes qui en ont bavé et sont sortis de leurs épreuves avec cette sagesse en plus, qui fait qu’enfin on traite ce qui est à traiter et qu’on remet tout le superflu à sa juste place : l’anecdotique. Il y a peu de chose qui m’agace autant que ces gens qui ne vivent que sur le mode du quotidien banal en lui accordant une valeur excessive ou pire, qui passent leur temps à se noyer dans un verre d’eau et qui attendent des autres qu’ils les en plaignent.
« AIMER..... »
« Bonjour,
c'est facile, écrire un mail ou téléphoner à celui ou celle que l'on aime ou s'investir dans une mission comme par exemple travailler pour la paix au Moyen-Orient. »
Amitiés »
Mon avis : j’aime bien ces deux messages. Ils peuvent paraître un peu hors-sujet, ou passe-partout, mais si on y réfléchit bien, je crois qu’ils voient très juste. Je me souviens d’un échange avec François du Swissroll, qui me disait qu’il avait découvert dans une lecture sur le stress cette idée qu’aider les autres était une des méthodes les plus efficaces pour lutter contre son stress. Je crois que c’est également le cas lorsque l’on se rattache au sentiment d’amour qu’on peut avoir pour les autres. Ces actions, ces sentiments, nous fondent d’une façon profondément positive. Ils orientent notre comportement sur ce qui compte vraiment, et donc sur nos priorités, même si celles-ci ne sont pas conscientisées. Ils nous font vivre en harmonie avec nous-même et avec les autres. Qui dit mieux ?
Les recettes « pratiques » - des trucs utiles sur le moment, pas plus.
Petit mot en préambule à cette rubrique. Les méthodes pratiques pour gérer le stress sont nombreuses : sport, yoga, musique, danse, méditation, sophrologie, blog, etc. Il s’agit toujours de proposer une activité au corps et/ou à l’esprit pour lui permettre d’évacuer et de s’évader. Le piège qui peut exister dans ces activités est qu’elles deviennent des fins en soi, et qu’elles finissent pas nous empêcher de régler les problèmes que nous avons en nous entraînant dans une fuite permanente (au hasard, le mari qui passe ses soirées devant son ordinateur et qui ne parle plus à sa femme). Avoir des activités extérieures au travail est à mon avis une très bonne chose, car cela diversifie nos centres d’intérêts, et, presque tout le temps, nous permet de faire une activité qui nous procure un vrai plaisir. Mais cela ne doit pas devenir un refuge d’autiste.
« Pourquoi vouloir éviter le stress? Le stress peut être un moteur pour bien des choses dans la vie professionnelle et même personnelle! Le tout est de savoir le canaliser! La meilleure chose est de prendre du recul par rapport aux choses.
Première étape:
- Repensez à une situation stressante que l'on a vécue. Que vous inspirent aujourd'hui cette situation? Cela vous fait peut être sourire, rire ... dans tous les cas vous avez aujourd'hui du recul sur cette situation et vous vous dîtes que cela n'en valait pas la peine.
Deuxième étape:
- Pensez à ce qui vous stresse aujourd'hui et dîtes vous que dans quelques temps, tout sera oublié! Vous aurez du recul par rapport à la situation présente et vous en sourirez probablement. Le fait de vous projeter dans le futur vous permettra de mieux gérer votre stress sans le faire disparaître car comme je l'ai dit, le stress vous permettra d'avancer et il serait dommage de le faire disparaître totalement. »
Mon avis : yup ! Nous fonctionnons trop le nez dans le guidon, et ne savons souvent plus réagir qu’à sang chaud aux situations, et ainsi nous les montons en épingles. C’est un truc simple et assez astucieux que d’imaginer dans une situation difficile ce que nous pourrons en penser un an plus tard. Souvent cela permet de faire retomber notre stress d’un étage.
« Le repos est primordial, il faut prendre le temps de se reposer, le sommeil est un facteur essentiel, après une journée chargée rien de tel qu'une bonne sieste. L'alimentation est également importante, se concocter quelques bons petits plats, sortir dans des endroits conviviaux aident à diminuer le stress de la vie quotidienne! Sans oublier les contacts avec les amis proches. »
Mon avis : re-yup ! Et même cette réponse aurait bien pu figurer dans la catégorie des sages. Des propositions simples : une bonne hygiène de vie par le repos et l’alimentation, et une idée clé : les contacts, les amis, bref, le lien social.
« Il faut essayer de faire des activités qu'on aime et qui détende.
Moi par exemple, j'aime bien faire une petite randonnée dans un belle forêt (ou de beaux paysages) ou alors m'allonger dans l'herbe la nuit et regarder les étoiles.
Comme dit plus haut, il y a aussi la musique (plutôt douce) qui détend. Moi je me rappelle à l'époque du bac (ça remonte a 6/7 ans), je regardais un jour avant pleins d'épisode de la série "Friands" pour me détendre et me déstresser. Car ça me faisait rire. Donc rire est important aussi dans la lutte contre le stress. »
Mon avis: de bonnes idées. En gros, c'est faire des choses qui plaisent et qui génèrent des émotions agréables. Ok.
« Bonjour,
Le stress de la vie est inévitable. Toutefois, pour atténuer ses effets il est possible d'utiliser des techniques de cohérence cardiaque. Dès que vous sentez le stress commencer à vous envahir:
- Concentrez vous sur la région du coeur et imaginez que vous inspirez et expirez à travers votre coeur
- Inspirez et expirez lentement et profondément pendant une trentaine de secondes
- Tout en continuant la respiration à travers le coeur essayez de vivre ou de revivre un sentiment positif: un endroit que vous aimez particulièrement, une expérience positive pendant laquelle vous vous êtes senti bien et en accord avec vous mêmes etc... »
Mon avis : la respiration et son contrôle, très bon pour apprendre à se maîtriser et retrouver le calme après un énervement. Ici il est assez proche de ce qu’on dirait lors d’une relaxation.
« Ma recette contre le stress : réciter NAM MYOHO RENGUE KYO pendant le temps dont j'en ai besoin. Je suis bouddhiste depuis 9 ans, et expérimente toujours plus les bienfaits apparents et inapparents procurés par cette pratique. Cela permet notamment de se mettre en harmonie avec soi-même, donc si l'on change, notre environnement change. Cette pratique m'apporte plus de sagesse, de force et de courage, donc de calme face aux événements déstabilisants de la vie. J'ai donc, par expérience, un espoir immense quant à transformer positivement tout problème se présentant dans ma vie, ce qui me permet ensuite d'être plus forte ! »
Mon avis : la méditation est une méthode reine dans la gestion du stress. Mais tout de même ce message me laisse un peu perplexe. Cette récitation ressemble trop à un refuge que la personne utilise de façon systématique lorsqu’elle se sent stressée. Ces activités, aussi bienfaisantes soient-elles, ne doivent pas devenir des mécanismes qu’on ne sait plus remettre en cause. Il faut parvenir à rester maître d’elles.
« Perso je me pose devant une feuille blanche, je note tous les soucis et ensuite je trouve une solution à chaque problème et très souvent le fait de tout voir posé ça aide à trouver des solutions. Ensuite il suffit de rayer les soucis, dès la solution trouvée. Perso je fais ma petite fiche chaque matin et cela m'aide à ne rien oublier et à tout faire dans l'ordre. »
Mon avis : pas idiot. Ecrire son stress noir sur blanc, puis prendre les problèmes un à un. Pragmatique, lucide, sans doute efficace. Mais j'espère tout de même qu'il n'a pas vraiment tous les matins une liste complète à remplir. Ou il va finir par déprimer!
« Pratiquer le sexe, à volonté, pour moi c'est le remède efficace contre tout stress. »
Mon avis : si vous préférez cette activité physique à la course à pied, je vais pas vous l’interdire quand même.
Les demis ou faux sages – parfois du bon, mais des pièges à éviter
« Le stress? hmm grand et pressant problème.
J'ai à peu près les mêmes réponses que les autres.
Méditer: je suis croyante donc pour moi la méditation c'est de faire une prière; mais je pense que toute pensée positive: à la lumière, à un endroit de détente idéale, à l'être aime peut nous calmer
Réfléchir: ne jamais cesser de discerner entre les vrais problèmes et les problèmes mineurs; trouver des solution en accord avec soi même pour les premiers, se détacher des derniers
Music, danse, sport promenades et randonnées dans la nature
se dire: rien n'est vraiment si grave que cela a l'air »
Mon avis : bon début, mais la chute montre une erreur de perspective. La méditation et la prière ne traitent pas le fond, mais sont de bonnes méthodes. Je ne rejette pas la prière bien qu’étant non croyant, car je comprends tout à fait que pour des croyants cela soit quelque chose de très bénéfique, et je ne vois aucune bonne raison de les en priver au prétexte d’un quelconque cartésianisme. Le discernement devant les événements, les méthodes pratiques pour évacuer le stress, tout cela est également bon à prendre. Mais pas la fin. Il est mauvais de chercher à tout prix à se persuader que « rien n’est vraiment si grave… ». Parfois on peut être coupable d’angélisme.
« Relativiser en se disant qu'il y a pire à chaque épreuve rencontrée. Prendre du recul, sur soi et sur les autres, aide à ne pas se laisser atteindre par les problèmes que nous rencontrons, mais au contraire à en rire, pour mieux les appréhender! »
Mon avis : bon, ok, l’idée de prendre du recul peut être pas mal. Mais attention aux discours creux et trop faciles. Car qui comprend bien ce que ça signifie prendre du recul ? Combien, en fait de prendre du recul, ne font en réalité qu’esquiver les événements, les ignorer comme s’ils n’arrivaient pas ? Relativiser, ok, mais jusqu’à quel point ? Je me méfie de ce type de réponse car pour le coup je la trouve trop imprécise et que chacun va pouvoir y faire son marché d’une façon parfois efficace, parfois pas. La question n’est d’ailleurs pas de parvenir à ne pas être atteint par les problèmes, il ne s’agit pas de devenir un légume qui ne réagit plus à rien, mais plutôt de mettre les événements dans leur juste perspective, pour y apporter une réponse adaptée. Si un jour un parent est gravement malade, vous n’allez pas vous mettre à en rire pour mieux appréhender la situation, vous allez courir l’emmener à l’hôpital pour qu’on s’occupe de lui, et vous ferez bien.
« Il faut avant tout éviter de se prendre la tête sur tout et sur rien. Regarder ce qui est prioritaire et qui en vaut vraiment la peine. Bref relativiser car tout à une solution, peut être pas immédiate mais elle finira par surgir. Et au final toujours garder le sourire, pour soi et pour les autres car autrui n'a pas à connaître vos soucis qui sont d'ordre privé. »
Mon avis : en gros, idem que précédemment. Non, tout n’a pas une solution. Ces phrases toutes faites sont à bannir car elles poussent à des réactions et des comportements mécaniques qui, dans ces situations éminemment « humaines » sont parfaitement inadéquates.
Add du mardi 22/08: j'ai oublié de parler de la fin de ce commentaire. C'est un égarement total. Autrui n'étant pas nécessairement un intru, il n'y a aucun mal à lui faire part de notre vie privée. Si c'est un proche, cela peut même être fortement recommandé, tant que cela ne se fait pas en phagocytant son propre espace personnel.
« être insouciant, voila le secret, à moins d'avoir une maladie incurable tout le reste n'est que détail, regardons en bas, beaucoup n'ont même pas à manger, alors que pour notre majorité dans le pire des cas on ira pas au cinéma ce mois ci... »
Mon avis : dans les réponses des internautes, il y en a plusieurs qui appellent ainsi à la sagesse quant aux malheurs des autres, en particuliers des pauvres et des opprimés. Bon, sur le fond, je ne peux que souscrire, et appuyer encore sur l’idée qu’il y a un certain scandale dans nos complaintes de riches. Mais ces commentaires lointains des problèmes dont ils font mention me laissent toujours méfiant. Ca ressemble trop à des postures. D’autant que, s’il est vrai que nous ne souffrons pas tous de malnutrition ou de manque de liberté, il n’en reste pas moins que nous pouvons avoir d’autres difficultés à affronter, et que celles-ci ne doivent pas être ignorées sous prétexte qu’il y a pire. Il ne faut pas tomber dans l’excès inverse aux lamentations précédemment dénoncées.
« Pour moi, la seule façon de lutter contre les petits stress de la vie (petits ou grands d'ailleurs...) c'est d'adopter une philosophie grecque, très égoïste et très égocentrique... le stoïcisme! C'est simple : "rien ne peut m'atteindre"! Je me dis que si je ne laisse pas m'atteindre, ça me stressera beaucoup moins, et ça marche effectivement. Certes, ce n'est pas efficace à 100%, mais ça permet de diminuer la dose de stress! »
Mon avis : la philosophie stoïcienne propose quelques idées très intéressantes pour appréhender les événements, et donc parallèlement, pour gérer son stress. Notamment celle d’identifier ce qui dépend réellement de nous pour savoir sur quoi nous pouvons agir et sur quoi nous ne pouvons pas. C’est en partie ce qui est repris dans le premier commentaire cité dans ce post. Mais quel mauvais détournement celui-ci propose-t-il ! L’égoïsme ? « Rien ne peut m’atteindre ». Le premier est destructeur, et le deuxième est inapplicable.
Les mauvaises idées, les fuites
« Faites comme si rien ne se passe »
Mon avis : la fuite écrite noir sur blanc. En fonctionnant ainsi, on ne règle rien. Je voudrais tout de même évoquer une idée pour m’auto-critiquer sur ce coup. Je me souviens d’un article un peu ancien d’un numéro du Courrier International où il était question d’une étude faite par des psychologues pour évaluer l’impact des comportements d’évitement. L’étude cherchait à établir s’il existait un lien entre le niveau de stress des personnes étudiées et leur comportement qui était principalement d’ignorer les problèmes et d’être constamment en « fuite ». Et bien le résultat de cette étude était surprenant, puisqu’il indiquait que ces personnes montraient un niveau de stress bien inférieur aux autres, et que globalement elles étaient donc plus heureuses. Tout le problème est que cela ne me semble tenir que tant que ces personnes choisissent de poursuivre dans cette voie. Si un jour elles décident d’affronter enfin la réalité, rien ne garantit qu’elles ne fassent pas une bonne grosse crise.
« La meilleure manière de vaincre le stress c'est de s'occuper ne jamais rester seul, et sans rien faire surtout. Dès que vous être libre, le stress vous agresse et s'installe au fur et à mesure ; il vous branche sur des questions qui vous tiennent à coeur : problèmes conjugaux, problèmes professionnels, sentimentaux, problèmes avec les enfants, etc.
Lisez, faites du sport, travaillez... »
Mon avis : idem. Plus argumenté à la première lecture, mais le fond est en réalité identique et passe en un message : n’affrontez pas vos problèmes, ignorez-les. Jusqu’à quand ?
« LA P.P.P. est la seule solution à notre vie tourmentée
Alors qu'est-ce que la P.P.P.????
??
La Pensée Positive Permanente » (et je vous ai épargné quelques dizaines de points d'interrogation)
Mon avis : aaaaah, Candy… le déni de réalité qui se donne des allures de vertus. Franchement je préfère encore le « faites comme si de rien n’était ».
« Augmenter ses divertissement!! »
Mon avis : l’hyperactivité est une réponse au stress qui a une réelle efficacité… pendant un certain temps. Après, le corps s’effondre, et il faut tout ramasser à la petite cuillère. Pourtant, c’est un mode de vie de plus en plus répandu.
« Avoir des projets, des projets, encore des projets ... Et bien sûr, s'y "projeter" quand le stress arrive. En ce moment, je prépare minutieusement un voyage qui n'aura lieu que dans 7 mois, je note dans un carnet tout ce qui s'y rapporte, les adresses de boutiques, les lieux que je veux voir etc. ... Et quand une contrariété arrive, je m'y plonge et ajoute un "bonus" à réaliser une fois sur place. »
Mon avis : l’hyperactivité dans l’onirisme. La fuite et l’aveuglement. Ca ne doit pas être facile de sortir d’un piège pareil quand on y est entré.
Les pires
« Un petit skiwy tous les soirs (juste un doigt) ça relaxe ! »
« Meilleur solution contre le stress, fumer des pétards!!! »
« La meilleure solution, de loin, c'est de fumer un bon pétard après la journée, juste avant de se coucher. Je suis certain qu'après les sportifs, un maximum de français optent pour cette solution. Qui en est vraiment une. Fini les médicaments, les remèdes soit disant médicaux et certifiés. »
Mon avis : est-il besoin de l’exprimer ? Oui, probablement, car ces « solutions » restent malheureusement très en vogue. C’est l’exemple extrême du comportement de fuite et de non responsabilité. Ces pièges sont redoutables, car aux mécanisme du comportement, qui sont déjà souvent très durs à défaire, ils ajoutent (parfois) la dépendance aux produits ingérés. D’ailleurs ces consommations, dans de nombreux cas, deviennent rapidement une source de stress, pas forcément pour les consommateurs, mais de façon très sûre pour leurs proches !
Les rigolos – pour le plaisir.
« Pour éviter le stress, faire de l'apnée afin de décompresser. »
Mon avis : jeu de mot très rigolo. Bon, il faut juste trouver une piscine pas loin de chez soi pour pouvoir le faire régulièrement. Sinon, se pincer le nez devant ses collègues, ça doit faire un effet moyen. Ceci dit, c’est personnellement quelque chose que j’apprécie beaucoup lorsque je nage, de pouvoir rester sous l’eau quelques temps. J’ai alors l’impression d’être très libre, un peu dans un autre monde.
« D'temps en temps, j'me mets à l'envers... »
Mon avis : huhu, j’adore ! Je me demande s’il fait le poirier souvent …
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26/07/2006
Dodo sous la canicule
En ce moment, c'est indéniable, il fait chaud. Si, si, pas la peine de nier ni de faire semblant, il fait chaud, voire même très chaud (osons). Et quand il fait chaud un des trucs les plus difficile à faire, c'est de dormir. On s'agite, on enlève la couette, on la remet, on la met à moitié, on l'enlève à nouveau, bref on dort mal et peu. Et rapidement ça agace, car le problème avec la chaleur, c'est qu'elle est plus difficile à combattre que le froid (enfin quand on a un niveau de vie décent).
Mais voilà, heureux fripons, j'ai une astuce à vous proposer pour parvenir à trouver le sommeil rapidement et profiter de vraies nuits pleinement réparatrices: vous endormir en faisant une relaxation. Pour ceux qui n'en connaissent pas, vous pouvez vous reporter à cette ancienne note ou à la relaxation qui est proposée sur mon site de gestion du stress dans la rubrique particuliers/friandises.
La relaxation est en effet très indiquée dans ce type de situation puisque son rôle est d'apaiser la personne en diminuant son niveau d'activité et en l'amenant à un état de "conscience modifiée" qui est très proche du sommeil. D'ailleurs, l'une des conséquences physiques de la relaxation est une faible diminution de la température corporelle, ce qui coincide bien avec l'effet recherché ici.
Pour vous convaincre de l'efficacité de cette méthode, je vous dirai simplement que j'avais donné ce conseil il y a quelques années à un ami qui devait se rendre au Cameroun en plein été pour y retrouver sa famille expatriée. Là-bas me dit-il, la température tutoie les 50° dans la journée, et ne descend guère dans le courant de la nuit. Et bien à son retour, il m'a dit avoir appliqué mon conseil, et que hop, ça avait magnifiquement fonctionné et qu'il avait ainsi pu profiter de vraies nuits.
Et pour continuer ma distribution de dragibus, j'en offre un vert à celui qui me donnera, sans s'aider du dictionnaire ni d'Internet, l'origine du mot canicule.
P.S: au fait, je m'aperçois que j'ai totalement oublié de fêter son anniversaire à mon blog. Dites-lui un petit mot, sinon il est fichu de me faire encore la tête pendant une semaine.
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13/07/2006
Le complexe du blogueur !
Parmi les affections qui peuvent toucher les blogueurs, outre la smsite aigue, qui transforme nos bons vieux azerty en kits à raccourcis, et la baronite espagnole (je mets cet adjectif juste parce qu’il fait joli, je ne vise personne, surtout pas un certain maître), qui pousse ceux qui en sont touchés à user d’un verbiage sentencieux pour annoncer qu’ils ont croisé leur concierge deux fois de suite en sortant les poubelles, il y a aussi le complexe du blogueur, un complexe qui n’épargne pas votre serviteur.
Mais d’abord, le complexe du blogueur, c’est quoi ?
A mon sens, c’est le sentiment d’être élevé de façon injustifiée à un rang qu’on ne pense pas mériter, et sentir que ce rang nous met dans une position où les attentes sont aussi fortes que les risques de les décevoir. Et surtout, que portés par ce rang, qui pour certains blogs ou collectifs de blogs est particulièrement élevé, ceux-ci étant parfois même perçus comme des institutions (je pense clairement que c’était le cas de Publius, et sans vouloir nous jeter des fleurs injustifiées, je crois que c’est la place que certains lecteurs donnent à lieu-commun), que portés par ce rang disais-je, et parfois contre notre gré, on se retrouve en haut d’une tour dont bon nombres de lecteurs finiront bien un jour par s’apercevoir qu’elle est en carton.
C’est donc craindre que les lecteurs finissent par percevoir dans notre démarche une forme d’imposture, d’usurpation de position, et que, après l’avoir porté haut, ils s’aperçoivent, comme me le disait François du Swissroll en mail, que le roi est nu. Ainsi, la reconnaissance qu’il aurait acquis auparavant se retournerait soudain contre lui pour fournir à ses détracteurs les armes les plus puissantes pour détruire son travail, en mettant en cause sa démarche même.
Car qui sont-ils ces blogueurs pour oser s’exprimer plus haut que les autres et se poser en références du débat sur Internet ? Pourquoi eux ? N’y a-t-il pas une injustice dans la formation de ces collectifs dont on peut soupçonner qu’une part importante des participants est là par cooptation et copinage plus que grâce à de réelles compétences ? Ces questions, les lecteurs se les posent certainement parfois, et on le voit d’ailleurs au travers de certaines réactions qui, je le dis sans sarcasme car je peux le comprendre, semblent parfois empruntes d’une certaines jalousie.
Réponses sur ce paragraphe: pour la plupart nous ne sommes pas des personnes plus élevées que qui que ce soit, certains ont des compétences particulières pour aborder des sujets spécifiques (c’est évidemment le cas des juristes), d’autres pas. Et très peu des blogueurs qui participent aux débats de société se sont autoproclamés cerveaux d’or. Les meilleurs le plus souvent ont gardé une approche au contraire très humble, et ouverte à la critique, mais ce sont leurs lecteurs, reconnaissants leurs qualités, qui les ont élevés au rang de références. Qui les en blâmeraient ?
Pour illustrer cela, je voudrais aborder le cas de mon blog. C’est très clairement cette crainte, relevée plus haut, d’être perçu comme une sorte d’imposteur, qui a guidé la décision dont j’ai fait part avant-hier. Ce sentiment que les lecteurs qui passent sur lieu-commun, voyant mon blog et mes billets, ont un grand « pfff » intérieur en songeant à la vacuité de mes billets, un pfff qui signifierait en gros : « bon sang, mais qu’est-ce qu’il fiche ici celui-là ? ».
Plusieurs choses ont contribué à cette impression. D’abord la pression de participer à un collectif dans lequel j’admire quasiment tous les participants (je dis quasiment uniquement parce que certains me semblent au-dessus des autres et qu’en conséquence le degré de cette admiration varie un peu), et qui engendre la crainte d’être comparé à ces autres blogueurs, ce qui me semblerait difficilement pouvoir tourner à mon avantage.
En effet, figurent dans ce collectif quelques une des figures les plus respectées de la blogosphère : Eolas bien sûr, mais aussi Ceteris-Paribus, Econoclaste, Versac, je ne les cite pas tous, mais il y en a peu qui ne soient pas des pointures. Me trouver à leurs côtés est forcément intimidant car il est clair que je n’ai pas leur impact (ce dont je ne blâme évidemment personne).
Enfin, cela s’explique aussi par la place que certains internautes, de plus en plus nombreux, accordent aux blogs pour s’informer et réfléchir, place qui reste encore aujourd’hui, à mon avis, un peu surestimée. Je le vois parfois dans mes statistiques, j’ai des lecteurs qui viennent de ministères, de l’Assemblée Nationale, d’écoles prestigieuses comme Normale Sup ou Sciences Po, et à chaque fois je me dis « misère, que vont-ils penser de ce que j’écris ? Combien ont un sourire en coin en parcourant mes pages et hésitent à me brocarder en direct en pointant du doigt mes égarements ? »
Pour finir sur mon cas personnel, je suis revenu sur ma décision, plutôt rapidement d’ailleurs, car les commentaires que m’ont envoyé presque tous les participants de lieu-commun m’ont immédiatement fait remettre en perspective la vision que j’avais de ma place dans le collectif. J’ai compris que je m’étais fait une fausse image de la situation, et cela a suffit à me faire changer d’avis car c’était cette interprétation erronée des choses qui me faisait partir.
Alors maintenant, comment guérir de ce complexe, ou plutôt, comment faire en sorte de le gérer pour qu’il n’empêche pas le blogueur d’intervenir sur ce qui l’intéresse lorsqu’il en a envie ?
Oh pas de grande recette. En fait il s’agit juste de savoir trouver sa place, par rapport à ce que l’on veut pour soi, et par rapport à ce que l’on espère produire pour les autres. Cela passe par ne pas hésiter à dire quelles sont ses propres limites, sans pour autant les dramatiser. Et il faut sans doute accepter l’idée que ce sont les lecteurs en très grande partie qui font d’un blog ce qu’il est, en lui accordant une plus ou moins grande importance, et que c’est bien ainsi.
Je crois que dans cette idée il y a le fait de ne pas chercher le succès à tout prix. L’enjeu est ailleurs : produire du contenu, analytique, ou plus simplement humain et qui apporte en cela quelque chose aux autres. Ce contenu sera reconnu pour sa qualité s’il en a. Et si jamais malgré les efforts fournis il ne reçoit pas l’estime que l’on souhaite, et bien on peut garder en tête la « phrase magique » qu’on utilise en relaxation, pour prendre du recul face à cette situation : « Ce n’est pas grave, ça n’a aucune importance ». Ou faire sienne, une célèbre devise Shadock...
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29/05/2006
Je n'est pas un autre !
Oui je sais, écrit comme ça, au premier abord, ça fait bizarre, mais vous allez voir, y’a une explication. Notez au passage, que j’ai beau être en mode blogging de survie, c’est déjà le deuxième billet de la journée, et peut-être même qu’il y en aura un troisième plus tard (bande de veinards).
Je rebondis ici sur mon précédent post pour indiquer un détail de comportement de Joey Starr que je n’y ai pas relevé, un peu exprès pour le réserver pour ce billet. Il s’agit d’une utilisation un peu surprenante que le chanteur fit du « tu », alors qu’il était interrogé par Ardisson sur sa propre enfance. Je ne me souviens pas par cœur des termes exacts qu’il a utilisés, mais je vous rapporte en gros ce qu’il disait :
« T’as 10-12 ans, tu t’interroges, tu vois les autres de ton âge qui ont une vie de famille normale, avec leur père et leur mère, tu te poses des questions, tu te demandes, y’a des choses que tu comprends mal », etc.
Pourquoi diable Joey Starr a-t-il répondu à Ardisson en utilisant ce « tu » alors même qu’il parlait de lui-même ? Certains diront que c’est juste un usage, une façon de s’exprimer qu’ont certains, qui ne recouvre dans le fond aucun sens particulier, et ils lèvent déjà les yeux au ciel en priant que je ne leur inflige à nouveau ma psychologie de comptoir. Ils rêvent.
Cette utilisation du tu au lieu du je servais à Joey Starr à se protéger. En généralisant la question particulière qui lui est posée, il sort du cadre personnel qui est posé, il évite « l’humiliation » d’avoir à rendre compte de sa propre vie en public. Il ne répond plus pour lui, mais en général, et ainsi se met à distance des regards et des jugements. C’est une attitude de protection, d’évitement, qui n’a d’autre but que de détourner l’objet de la question initiale afin qu’elle ne touche pas exactement son but, car si elle le touchait, elle ferait mal. En d’autres termes, en répondant ainsi, Joey Starr a donné un autre signe, que j’ai trouvé très fort pour ma part, de la gêne qu’il avait face à l’histoire de son enfance, et très probablement également de la souffrance persistante que celle-ci faisait peser sur sa personne.
On découvre là que l’utilisation du je pose parfois de vrais difficultés. Je pense notamment à deux types de situations dans lesquelles il est fréquent d’entendre des personnes ne pas utiliser la première personne du singulier alors qu’ils devraient normalement le faire : pour établir une distance entre soi et son récit, et éviter ainsi, à l’instar de Joey Starr, que persiste la souffrance liée au récit, et pour atténuer voire supprimer la responsabilité que font porter sur nous certains propos.
Le deuxième cas est très fréquent, bien plus qu’on ne l’imagine, et pour être clair, je ne crois pas que qui que ce soit y a échappé. Je sais que je l’ai déjà fait moi-même. Quoi ? Vous protestez ? Les autres peut-être, mais vous sûrement pas ? Mais si voyons, vous savez bien : « On a souvent tendance à gonfler son salaire réel dans un entretien d’embauche. », « Parfois pour éviter une corvée on en rajoute un peu sur sa fatigue ou sur ce qu’on a déjà prévu de faire. », « On est toujours mal à l’aise quand il s’agit d’évoquer nos problèmes personnels devant les autres. », etc.
Essayez dès aujourd’hui de détecter chez les autres ces petits évitements quotidiens. Vous verrez rapidement qu’ils sont nombreux, et que quand on les détectent, on voit soudain les autres sous un autre jour, parce qu’on perçoit mieux quels sont leurs blocages, les choses qui les touchent et qu’ils ont plus de mal à dire ou à assumer. D’ailleurs, ce comportement est encore plus fréquent dans les discussions disons intimes. On voit alors ceux qui ne veulent pas se dévoiler se cacher derrière l’utilisation de pronoms parfaitement inadaptés, évidemment lorsqu’ils ne restent pas tout simplement silencieux.
Pour conclure ce billet (vous avez vu comme je fais des efforts pour raccourcir), une dernière petite remarque. En général, c’est le neutre qui l’emporte pour éviter le je. C’est le plus simple parce qu’il généralise, et aussi bien sûr parce qu’il nous inclus tout de même dans le lot, et ainsi ne donne pas une impression trop forte de décalage de langage et donc de gêne résultante. Mais quand la personne en vient à utiliser un tu, ou un il, bref un pronom qui par sa nature exclut le je du jeu, alors on peut être sûr qu’on touche à un gros nœud dans sa vie, à quelque chose de très sensible. Sinon elle n’aurait pas besoin d’établir une si grande distance entre ce qu’elle évoque et elle-même.
Et dans ce cas, il peut être bénéfique de faire prendre conscience à cette personne qu’elle devrait peut-être dire je. Cela lui sera sans doute difficile, mais ça pourra l’aider à reconnaître un problème enfouit, ou plus simplement à confier ce problème et à se faire aider.
16:45 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
01/05/2006
Tout, tout de suite !
Dans la rue, un marchant a sorti un étalage spécial où il vend des glaces de toutes sortes : chocolat, vanille, pistache, melon, mangue, café, orange, cookies, etc. Il y a tant de parfums qu’on ne sait où donner de la tête. Mieux encore, de multiples garnitures complémentaires sont suggérées pour accompagner ces glaces, augmentant le choix, déjà conséquent, qui s’offre aux clients.
Un petit garçon tenant sa maman par la main admire, l’air rêveur, le superbe étalage qui arbore ces mille délices.
- Maman, tu m’offres une glace ?
- Ah non mon chéri, on vient tout juste de sortir de table, et tu as pris deux fois du dessert.
- Maman, je veux une glace ! S’il te plaît !
- Ecoute, d’abord on se promène, et si tu es sage, je t’en achèterai peut-être une toute à l’heure.
- Non, je la veux tout de suite !
La mère, voyant qu’elle risque d’en être quitte pour une nouvelle bataille avec sa tendre progéniture, cède.
- Bon, tu veux quel parfum alors ?
- Je veux la plus grosse glace, avec 4 boules de parfums différents, et avec dessus de la chantilly et des copeaux de chocolat !
Cette scène, je ne l’ai pas vue pendant ce nouveau week-end pluvieux et occupé à mes travaux. Mais on l’imagine aisément, et sans doute y avons-nous tous plus ou moins assisté dans nos vies, d’autant qu’il en existe de nombreuses variantes. Le caprice que je décris répond à une tendance, une forme de volonté, qui est extrêmement répandue, et même oserais-je dire, que nous avons tous quelque part en nous, plus ou moins savamment cachée. Nous voulons tout, et tout de suite.
C’est d’abord un caractère éminemment enfantin. C’est lui qui est la source des caprices et des impatiences d’enfants. Mais on aurait tort d’imaginer que seuls les enfants en sont les porteurs. Nous autres adultes agissons bien souvent selon ses préceptes et cela prend une variété de formes qui nous étonnerait sans doute si l’on prenait le temps de s’y arrêter un peu.
Car voilà, nous ne savons pas attendre, et nous ne savons pas apprécier ce qui nous est donné lorsque ça l’est de façon seulement partielle. Non, il nous faut, à nous aussi, tout, et tout de suite. Cette tendance s’observe dans quasiment tous les domaines où nous agissons : au travail, où la culture du travail à long terme a quasiment disparu, sacrifiant ainsi la qualité à la rapidité ; à table, où l’on a vu proliférer les chaînes de fast food qui réalisent très exactement ce caprice d’enfant : un menu complet, avec sandwich, frite et boisson, prêt en 1 minute chrono et englouti en 2 ; même nos relations amoureuses en sont affectées.
On le voit au travers des nouveaux moyens utilisés pour entrer en relation : Internet et les sites comme Meetic qui permettent en une seule discussion, parfois courte, de « sortir ensemble », ou bien mieux, le speed dating (10 minutes d’entretien, emballé, c’est pesé, vous m’en mettrez pour deux semaines avec celui-là s’il vous plaît), de plus en plus d’artefacts de ce genre témoignent de notre impatience et de notre invariable caprice de gosse : on veut tout, tout de suite. Le grand amour ? Le bonheur ? On les veut là, entiers, sans défaut, et maintenant, pas demain. Parce que le bonheur, ça n’attend pas.
Dans le dossier que consacre Télérama cette semaine aux changements du paysage amoureux, j’ai relevé notamment ces mots dits par un notaire qui voit passer nombres de couples dans son étude :
« Je suis souvent obligé de rappeler à mes visiteurs qu’un acte notarié, c’est comme un enfant, on ne peut l’obtenir tout de suite. Dans les deux cas, il faut du temps et des précautions. Or les gens sont toujours surpris de réaliser que la loi ne s’adapte pas en temps réel à leurs actes ou à leurs décisions. L’amour c’est chaud, la loi c’est froid. Et la quête du bonheur, elle, n’attend pas. »
Les couples se font, se défont, parfois avec une rapidité confondante alors qu’on les entendait quelques jours plus tôt jurer au ciel que ça y est, ils avaient trouvé leur âme sœur, celle qu’ils ne pourront jamais quitter. Mais au premier nuage annonçant une imperfection dans le tableau idyllique qu’ils s’étaient fait, les amants se sont disputés, et aussitôt séparés, repartant chacun chercher l’être idéal qui répondrait sans délai à toutes leurs attentes.
En politique également, le tout, tout de suite, fait des ravages. On le voit avec les sondages qui jouent le rôle d'élections avant l'heure. Ils ont beau se multiplier, se contredire les uns les autres, finirent parfois par se contredire eux-mêmes, tout le monde continue de les lire et de les commenter, parce qu’ils comblent le vide laissé par l'année entière qui va précéder les prochaines élections importantes. Cela se fait au détriment d’un vrai débat de fond sur les propositions qu’il seraient intéressant d’analyser, les chiffres donnés à gauche et à droite parvenant même par moments à phagocyter totalement tout autre type d'information pourtant autrement plus importantes. Mais des chiffres prêts à consommer répondent mieux à nos caprices que de longs débats.
Dans le même ordre d'idée, on pourra également remarquer, du moins en France, cette tendance qui semble pathologique, à toujours rejeter à la première élection venue, le pouvoir que l’on vient de mettre en place, parce que celui-ci, n’a pas pu en un si petit laps de temps répondre à toutes les attentes exprimées, et qu’il ne le pourra d’ailleurs jamais.
Nos caprices d’enfant nous rattrapent partout, et aujourd’hui peut-être encore plus qu’hier, progrès technologique aidant, passant de nos connections haut débit à nos voitures toujours plus rapides, de nos formules complètes café compris à nos forfaits tout en un, téléphone, Internet, et télévision numérique. Ces caprices, ces impatiences d’enfants qui n’ont pas encore tout à fait grandi, nous empêchent de véritablement construire nos projets. Ils nous piègent en nous enfermant dans un cercle vicieux destructeur, où l’on ne pourra jamais être satisfait. Car pour construire nos vies, bâtir des fondations solides, il faut souvent accepter de prendre du temps, de se tromper, de recommencer, de se contenter d’un bien sans vouloir un mieux.
Vouloir tout, tout de suite, c’est vouloir vivre dans un rêve éternel, où tout est acquis d’avance, et où c’est notre environnement qui s’adapte à nous et non nous qui nous adaptons à lui. C’est pour cela que c’est destructeur : parce qu’ainsi nous mettons la barre de nos exigences de vie trop haut, à un niveau inaccessible, et de surcroît en s’en remettant en quelque sorte à un destin bienfaiteur pour atteindre ces objectifs, sans chercher véritablement à utiliser nos moyens, nos capacités personnelles pour y arriver.
Pourtant, je dois confesser que cette exigence d’enfant, je la comprends un peu, et d’une certaine façon même, elle m’attendrit. Surtout dans le domaine amoureux. Parce qu’elle montre dans sa faiblesse un caractère profondément humain, une déraison dont nous sommes seuls capables, et qui contrairement à tant d’autres n’est pas fondée sur la méchanceté. Elle fait un peu parti de ces travers que nous ne saurons sans doute jamais corriger, mais qui nous définissent plus ou moins. (Que cet avis personnel que j’exprime en conclusion ne vous empêche pas de réfléchir à votre comportement personnel et à le modifier si besoin est).
Et maintenant que vous êtes arrivé à la fin de ce billet, j’exige que vous le commentiez TOUS et IMMEDIATEMENT !
23:25 Publié dans Un peu de développement personnel | Lien permanent | Commentaires (12) | Facebook |
11/04/2006
Réponse à Samantdi: l'authenticité dans la méthode ACP
Samantdi a laissé un commentaire pour le moins dubitatif sous mon dernier billet consacré à l'approche proposée par Carl Rogers dans la relation d'aide. J'ai d'abord commencé une réponse en commentaire, mais, et bien que pour l'instant le billet en question n'a attiré que peu de lecteurs, jugeant que les éléments de ma réponse étaient importants et éclaircissaient une idée que j'ai sans doute présentée de façon trop obscure, je préfère lui consacrer un billet pour leurs donner plus de lisibilité.
Pour bien répondre à Samantdi, il convient d'abord de présenter un peu Carl Rogers. C'est un psychologue américain, du XXè siècle, qui se rendit notamment célèbre dans son domaine par la création de la méthode ACP: Approche Centrée sur la Personne. Cette méthode, et là je reprends la très claire synthèse proposée par Wikipédia (lien ci-dessus), se base sur trois éléments principaux: l'authenticité, par laquelle le thérapeute va se montrer à son patient non pas sous un jour modifié, mais exactement tel qu'il est, l'empathie, et la chaleur, qui permet d'accueillir le patient tel qu'il est lui, sans jugement sur sa personne.
On voit très clairement avec le troisième point de cette méthode, qu’en aucun cas il n’est question d’établir le moindre rapport de supériorité ou de pouvoir avec le patient, ni d’attendre de lui qu’il s’abandonne à son thérapeute. En particulier lors d’une relaxation, à aucun moment la personne qui parle ne tente de prendre le contrôle de la personne à qui elle propose ses services. Bien au contraire, cette démarche repose avant tout sur la liberté de la personne à suivre le chemin qu’elle souhaite, et, si elle le veut, de refuser ce qui lui est proposé.
C’est d’ailleurs le même fonctionnement dans l’hypnose. Tous les hypnotiseurs vous diront que la vision du gourou qui contrôle les personnes par l’hypnose et leur fait faire ce qu’il veut est un fantasme sans fondement. Si ce qui est demandé à la personne lors de l’hypnose va à l’encontre de ses principes ou de ses valeurs, alors la personne refusera de s’exécuter. Il n’y a donc pas de mantra dans ces démarches, pas de prise de pouvoir, et à tout moment la personne qui les vit reste libre et non soumise.
Mais revenons au premier point de l’approche de Carl Rogers, sur l’authenticité, celui sur lequel j’ai souhaité m’arrêter dans mon précédent billet. J’insiste sur ce point parce que je le trouve extrêmement riche, que j’ai tenté personnellement ce type d’approche avec certaines personnes, et que j’ai alors senti à quel point il permettait une relation d’une sincérité, d’une profondeur et d’une chaleur humaine qu’on expérimente rarement.
L’idée de Rogers donc, est que le thérapeute est d’abord efficace en étant sincère avec son patient. Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Simplement qu’il croit que la démarche du thérapeute est d’autant plus bénéfique si celui-ci se comporte comme une personne « réelle », sans fard, sans artifice, sans faux-semblants, sans se parer des atours du thérapeute avec justement ce qu’ils peuvent véhiculer de supériorité d’expertise, de maîtrise, etc. Le thérapeute se présente alors devant son patient tel qu’il est, un être humain, semblable, très semblable à son patient.
C’est donc une relation d’égal à égal qui est établie, et de façon extrêmement libre. Le patient ne se sent pas maîtrisé par le thérapeute, mais invité, avec chaleur, avec empathie, à exprimer l’être humain qu’il est, lui aussi sans fard ni faux-semblants. Le thérapeute, par son comportement réel, et en traitant le patient d’égal à égal, offre ici une marche solide sur laquelle ce dernier peut s’appuyer : « je lui suis semblable, et lui s’accepte tel qu’il est, il n’y a donc pas de raison pour que je ne sache faire de même ». Voilà de façon très résumée ce vers quoi tend l’attitude du thérapeute.
Ici il est très possible que mon interprétation des choses soit un peu limitée et partielle, mais voilà comment personnellement je perçois ce message. L’un des premiers problèmes psychologiques à résoudre est l’acceptation de soi. Cela paraîtra sans doute à plusieurs d’entre vous être un de ces principes de psy de comptoir trop rabâché pour être vraiment sérieux. Et pourtant. Il s’en faut de beaucoup.
Lors de la formation que j’ai suivi, nous devions faire cet exercice simple : nous poser devant un grand miroir, dans lequel nous pouvions parfaitement bien nous voir, nous en approcher, et dire la chose suivante : « je t’aime et je t’accepte, tel que tu es, avec tes qualités et avec tes défauts. » Simple non ? Tu parles. Je ne suis jamais parvenu à le faire. Je ne sens rien quand je fais ça, ça ne passe pas. Signe que donc ça ne porte aucun sens ? Je ne crois pas. Je dirais plutôt que c’est le signe qu’il y a encore un chemin long à faire pour parvenir à se dire cela avec une vraie sincérité et en abandonnant ses mécanismes de défense.
A mon sens donc (et ça n’engage ici que moi), l’approche d’authenticité de Carl Rogers dit cela au patient : "Oui, je suis ton thérapeute, oui c’est moi qui dois t’aider à guérir, à surmonter certaines difficultés. Mais moi aussi j’ai des doutes, des failles qui restent ouvertes, des blessures mal refermées, je continue comme toi à affronter des peurs anciennes, à reculer devant des combats que je sais pourtant être nécessaires de mener, j’ai mes reculs, mes oublis coupables, mes évitements, toutes ces batailles qu’il faudra encore mener et qui me laissent parfois les épaules lourdes et le regard gris. Regarde-moi, je suis juste un homme, rien que ça. Mais aussi tout ça. Et c’est ça que je t’invite à être toi aussi, sans crainte vis-à-vis de ce que j’en penserais, car je ne vais pas te juger."
On abouti alors à une relation où l’on a retiré les parasites habituels que nous conservons malheureusement presque tous et presque tout le temps. Il ne reste plus que deux personnes réelles, telles qu’elles sont. Elles ne sont pas nues. Elles sont justes elles-mêmes.
Deux post-scriptum sur ce billet: le premier pour signaler que j'avais déjà évoqué les travaux de Carl Rogers dans l'ancienne série que j'avais consacré à la communication (lien vers le dernier billet de cette série). Le deuxième pour suggérer aux lecteurs qui le souhaitent de (re)découvrir le merveilleux poème de Colette Nyz Mazure copié sur ce blog, au tout début de son existence, qui reprend un peu l'idée personnelle que j'ai tenté d'esquisser ici.
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10/04/2006
La relation d'aide selon Carl Rogers
Je découvre un peu par hasard un texte très intéressant de Carl Rogers repris par l'association Expérience & Partage sur son site. Je conseille de lire l'intégralité du texte, mais pour susciter un peu l'envie, voici l'introduction, qui présente quelques unes des principales questions posées par Carl Rogers pour établir une relation d'aide (on se situe ici dans le cadre d'une aide psychologique).
"J'ai un peu peur de lui, de pénètrer ses pensées qui sont en lui, comme j'ai un peu peur des profondeurs qui sont en moi.
Pourtant, en l'écoutant, je commence à éprouver un certain respect pour lui, à sentir que nous sommes parents.
Je devine combien son univers lui paraît terrifiant, quelle tension il met à essayer de le contrôler.
Je voudrais sentir ses impressions, qu'il sache que je le comprends.
Je voudrais qu'il me sache près de lui, dans son petit univers compact et resséré, capable de regarder cet univers sans trop de frayeur.
Je puis peut-être le lui rendre moins dangereux.
J'aimerais que mes sentiments dans ce rapport avec lui soient aussi clairs et évidents que possible, afin qu'il les reçoive comme une réalité discernable à laquelle il pourra retourner sans cesse.Je voudrais entreprendre avec lui cet effrayant voyage en lui-même, au sein de la peur ancrée en lui, de la haine, de l'amour qu'il n'a jamais réussi à laisser l'envahir.
Je reconnais que c'est un voyage très humain, et imprévisible pour moi, aussi bien que pour lui, et je risque, sans même savoir que j'ai peur, de me rétracter en moi-même devant certains des sentiments qu'il découvre.
Je sais que celà imposera des limites dans ma capacité à l'aider.Je me rends compte que ses propres craintes peuvent par moment l'amener à voir en moi un intrus, indifférent et repoussant, quelqu'un qui ne comprend pas.
Je veux accepter pleinement ses sentiments en lui, tout en espérant que mes propres sentiments éclateront si clairement dans leur réalité qu'avec le temps, il ne pourra manquer de les percevoir.
Et surtout, je veux qu'il rencontre en moi une personne réelle.
Je n'ai pas à me demander avec gêne si mes propres sentiments sont "thérapeutiques".
Ce que je suis et ce que je sens peut parfaitement servir de base à une thérapie, si je sais "être" ce que je suis et ce que je sens, dans mes rapports avec lui de façon limpide.
Alors il arrivera peut-être à être ce qu'il est, ouvertement et sans crainte."
Il y a beaucoup de choses à glaner dans ce texte, qui est d'ailleurs peut-être un peu trop synthétique pour les lecteurs qui ne se sont jamais penchés sur ce type de problématique. Je retiens un point essentiel, qui est à mon sens le fondement de toute relation d'appui psychologique (tant qu'on n'est pas dans un démarche médicale en psychiatrie): on aide l'autre en travaillant sur soi.
Cela signifie que pour parvenir à véritablement aider l'autre, il n'y a rien de mieux que de lui montrer, par l'exemple de soi, la voie qu'il peut suivre. C'est cette phrase qui l'exprime le mieux dans le texte cité plus haut: "Ce que je suis et ce que je sens peut parfaitement servir de base à une thérapie". En effet, si l'on souhaite aider la personne à retrouver un état de sérénité et une bonne solidité psychologique, il n'y a rien de tel que de lui faire sentir ce que sont cette sérénité et cette solidité par son comportement.
Cette idée s'appuie à mon avis sur une observation que l'on peut faire assez souvent dans ses relations avec les autres: on agit toujours plus ou moins comme des miroirs les uns avec les autres. C'est pour cela que nous ne sommes pas tout à fait les mêmes avec notre famille, avec nos amis, avec nos collègues de bureau, etc, et que nous développons souvent des personnalités différentes pour nous adapter aux situations auxquelles nous sommes amenés à nous confronter.
Ce jeu de miroir peut être mis à profit dans le cadre de la relation d'aide, et c'est je crois là-dessus que l'on peut s'appuyer pour mettre en oeuvre ce que suggère ici Carl Rogers. C'est d'ailleurs un peu ce qui se passe lors d'une relaxation. En effet, une grande partie de la relaxation s'appuie sur le comportement de la personne qui parle. C'est sa voix monocorde, son ton chaud, calme et serein, qui est le premier agent de notre détente.
Et bien c'est un peu le même ressort que l'on peut utiliser dans le cadre d'une relation d'aide psychologique. En présentant à l'autre, par son visage, son regard, sa voix, son attitude corporelle, un comportement de sérénité, de solidité et d'attention, on lui ouvre la porte pour que lui-même emprunte le même chemin. En lui montrant ce qu'est ce chemin on l'aide à le suivre car on l'en rapproche.
Il ne s'agit évidemment pas d'imposer à l'autre de suivre les mêmes choix que soi, mais plutôt que celui-ci puisse suivre son propre chemin armé des mêmes atouts que soi. On y parvient notamment en éliminant les gestes parasites qui peuvent laisser croire à une ambiguité de sentiment, à une fausseté de comportement, en restant calme et concentré, sans être pertubateur ni intrusif, et surtout sans adopter une attitude supérieure. On dit beaucoup par ce langage corporel, on offre beaucoup, et l'on est parfois bien plus efficace qu'avec des mots.
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05/04/2006
Il n'y a pas de calculatrice pour le stress
C'est étrange, aujourd'hui et d'une façon très soudaine, beaucoup pas mal de plusieurs personnes sont venues sur mon blog, presqu'au même moment, après avoir tapé la requête Google: calculer son stress. Google les a alors renvoyé sur ce billet écrit il y a quelques temps et qui traitait du manque important qu'il y avait dans l'échelle de Holmes et Rahe, celle-là même qui prétendait aider les gens à "calculer" leur stress.
Je ne reviens pas sur ma critique, que je crois toujours fondée, mais je voudrais apporter une petite aide à ces personnes semblant tout à coup perdues (que s'est-il passé pour qu'elles arrivent toutes en même temps ici?).
Accoler un chiffre à côté de la notion de stress est dans le fond absurde et un peu ridicule. On n'est pas dans un concours pour savoir lequel à le plus gros stress, et toute méthode qui prétendrait mesurer ceci me semble d'emblée devoir être rejettée, parce qu'elle fausserait complètement la vision des personnes et les empêcherait très probablement de prendre les bonnes décisions pour remédier à leurs problèmes.
Le stress est protéiforme, il change d'une personne à l'autre, d'un environnement à un autre, d'une époque à une autre, etc. Bref on ne peut pas le saisir en mesurant des points sur une échelle, et surtout, surtout, même si l'on parvenait à le mesurer, la vérité c'est que cela ne servirait à rien. Car la question n'est pas de savoir quel est notre niveau de stress, mais comment nous le gérons, ce que nous en faisons. Certaines personnes gèrent moins bien un niveau de stress faible alors que d'autres, aguérries à un stress chronique, savent mieux le canaliser. Dans le fond, le stress n'est qu'un symptôme, et on ne guérit pas un symptôme, c'est aux causes qu'il faut s'attaquer.
Ces points rapides étant posés, je voudrais tout de même apporter quelques idées pour découvrir son stress et évaluer son impact sur notre comportement, afin de ne pas laisser ces nouveaux lecteurs dans la panade, car je crains pas mal qu'ils se fient trop à l'échelle de Holmes et Rahe vers laquelle Google va très probablement les emmener (quoique, pas en première page apparemment). Si vous souhaitez faire le point sur votre stress, prenez le temps de vous arrêter sur quelques éléments centraux:
- Vos relations avec les autres: sont-elles satisfaisantes? Consomment-elles votre énergie ou au contraire vous en donnent-elles?
- Votre forme générale: Où en êtes-vous de votre fatigue? de votre alimentation?
- Votre comportement: Vous sentez-vous nerveux(se)? Neurasthénique? Hypocondriaque? Voyez-vous les choses en noir ou en rose?
- Vos projets, vos loisirs: trouvez-vous du temps à y consacrer? Parvenez-vous à prendre du temps pour vous-même? Pour lire ce qui vous plaît? Avez-vous découvert toutes les archives du piki-blog ?
- etc.
Autant de questions essentielles qui vous éviteront de prendre de fausses routes aux allures de pain béni.
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